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* l'émergence de [[Mouvement ouvrier|mouvements ouvriers]], souvent défensifs, mais susceptibles d'être réceptifs aux idées socialistes.
 
* l'émergence de [[Mouvement ouvrier|mouvements ouvriers]], souvent défensifs, mais susceptibles d'être réceptifs aux idées socialistes.
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L'héritage d'anciennes [[corporations]], [[Société amicale|amicales]] ou du [[compagnonnage]] a joué un rôle dans la culture de la [[solidarité]], mais a aussi été une source de [[corporatisme]] et de [[passéisme]].
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L'héritage d'anciennes [[corporations]], [[Société amicale|amicales]] ou du [[compagnonnage]] a joué un rôle dans la culture de la [[solidarité]], mais a aussi été une source de [[corporatisme]] et de [[passéisme]]. Les mouvements ouvriers et socialistes ont aussi été fortement marqué par des formes de [[christianisme social]].
    
[[Friedrich Engels]] définissait le [[socialisme]] moderne comme l’expression d’une double prise de conscience :
 
[[Friedrich Engels]] définissait le [[socialisme]] moderne comme l’expression d’une double prise de conscience :
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===Premiers socialistes et communistes===
 
===Premiers socialistes et communistes===
 
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{{See also|Socialisme utopique|Socialisme|Communisme}}
 
====Angleterre====
 
====Angleterre====
{{See also|Mouvement ouvrier et socialisme au Royaume-Uni}}Lorsque le terme de [[socialisme]] commence à être employé en Angleterre, dans les années 1830, il est synonyme de owenisme. [[Robert Owen]] était à la fois un des premiers industriels à succès, et un homme sincèrement préoccupé de la [[question sociale]]. A la tête de la principale filature du pays, moderne et rentable, il réinvestit les [[profits]] pour améliorer les conditions de vie et [[Conditions de travail|de travail]] de ses ouvrier·ères. Mais il ne veut pas se limiter à son usine, il voit le système actuel comme « le plus antisocial, le plus malvenu, le plus irrationnel qui se puisse concevoir ». Il cherche alors à promouvoir des [[communautés idéales]], et lui et ses partisans essaieront à plusieurs reprises de passer à la pratique, en Angleterre et aux États-Unis. Cette quête des entreprises idéales faisant tâche d'huile, mais qui en fait connaîtront toutes l'échec, fait d'Owen un des représentants de ce qui sera appelé a posteriori le [[socialisme utopique]].  
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{{See also|Mouvement ouvrier et socialisme au Royaume-Uni}}
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[[Fichier:Robert Owen by William Henry Brooke.jpg|vignette|291x291px|[[Robert Owen|Owen]] fut le premier socialiste à proprement parler en Angleterre]]
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Lorsque le terme de [[socialisme]] commence à être employé en Angleterre, dans les années 1830, il est synonyme de owenisme. [[Robert Owen]] était à la fois un des premiers industriels à succès, et un homme sincèrement préoccupé de la [[question sociale]]. A la tête de la principale filature du pays, moderne et rentable, il réinvestit les [[profits]] pour améliorer les conditions de vie et [[Conditions de travail|de travail]] de ses ouvrier·ères. Mais il ne veut pas se limiter à son usine, il voit le système actuel comme « le plus antisocial, le plus malvenu, le plus irrationnel qui se puisse concevoir ». Il cherche alors à promouvoir des [[communautés idéales]], et lui et ses partisans essaieront à plusieurs reprises de passer à la pratique, en Angleterre et aux États-Unis. Cette quête des entreprises idéales faisant tâche d'huile, mais qui en fait connaîtront toutes l'échec, fait d'Owen un des représentants de ce qui sera appelé a posteriori le [[socialisme utopique]].  
    
Vers 1811 apparaît un mouvement d'ouvriers (« [[Luddisme|luddites]] ») qui détruisent clandestinement des machines, dont l'introduction provoque une brutale dégradation sociale ([[chômage]], [[Qualification|déqualification]] et baisse des [[salaires]]...). La peur de mouvements clandestins et donc trop explosifs pousse l'État à autoriser les syndicats en 1824. Des « ''[[trades unions]]'' » commencent alors à se former. Mais ils sont encore surtout limités à des ouvriers [[Qualification|qualifiés]], défendant leurs traditions.  
 
Vers 1811 apparaît un mouvement d'ouvriers (« [[Luddisme|luddites]] ») qui détruisent clandestinement des machines, dont l'introduction provoque une brutale dégradation sociale ([[chômage]], [[Qualification|déqualification]] et baisse des [[salaires]]...). La peur de mouvements clandestins et donc trop explosifs pousse l'État à autoriser les syndicats en 1824. Des « ''[[trades unions]]'' » commencent alors à se former. Mais ils sont encore surtout limités à des ouvriers [[Qualification|qualifiés]], défendant leurs traditions.  
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====France====
 
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{{See also|Mouvement ouvrier et socialisme en France}}
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{{See also|Mouvement ouvrier et socialisme en France}}[[File:Louis auguste blanqui.jpg|alt=|vignette|[[Louis-Auguste Blanqui|Blanqui]], toujours en train de conspirer pour prendre le pouvoir, passa la plupart de sa vie en prison|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Louis_auguste_blanqui.jpg|275x275px]]En France, le foisonnement d'écoles socialistes  fut particulièrement important. D'abord les grands utopistes. [[Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon|Saint-Simon]] exaltait l'[[industrialisation]] et y voyait l'[[abondance]] pour tous à portée de main, à condition que les « industriels » l'emportent sur l'[[aristocratie terrienne]] « oisive », et que la production soit stimulée par le [[crédit]], une [[planification]] efficace... Il ne voyait pas d'opposition majeure entre patrons et ouvriers. [[Charles Fourier|Fourier]] fut un écrivain prolixe contre la société bourgeoise, et défendait un avenir « [[École sociétaire|sociétaire]] » dans lequel le travail serait fait en commun et ne serait plus [[Aliénation du travail|aliéné]]. Pour lui le moyen d'y parvenir serait la mise en place de communautés de vie et de travail bien organisées ([[phalanstères]]), qui montreraient l'exemple et feraient tâche d'huile.  
[[Louis-Auguste_Blanqui|Blanqui]] était un républicain communiste et, pour lui, la [[république]] devait aboutir à l'[[égalité]] réelle. Il rejetait les chimères des « systèmes sortis tout équipés, de cervelles fantaisistes », marquant par une rupture avec le [[socialisme utopique]] du début du siècle. Mais il faisait l'erreur fondamentale de croire qu'une insurrection de quelques hommes bien préparés suffirait à aboutir à une [[révolution socialiste]], ignorant la nécessité de l'auto-organisation des travailleurs.
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Louis Blanc
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[[Louis-Auguste_Blanqui|Blanqui]] était un républicain visant le [[communisme]]. Mais sa stratégie était celle d'une [[insurrection]] de quelques hommes bien préparés, mettant en place une dictature transitoire au nom du peuple. [[Louis Blanc]] était également un républicain, beaucoup plus modéré, qui visait une généralisation [[Gradualisme|graduelle et pacifique]] des [[Associationnisme|associations]] ouvrières avec le soutien initial de l'État. A la faveur de la [[Révolution de 1848 (France)|Révolution de 1848]], il parvient à être nommé à la tête d'une « [[Commission du Luxembourg|commission pour les travailleurs]] » (quasiment sans moyens). [[Pierre-Joseph Proudhon|Proudhon]] se fait connaître par une critique radicale de la propriété (« [[La propriété c'est le vol|la propriété, c'est le vol]] »), mais a vite limité sa critique à l'[[État]], tandis qu'il prônait une société de petits propriétaires.
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Ces penseurs inspirèrent des disciples relativement nombreux (sans se lier réellement au mouvement ouvrier qui naissait), mais leur stratégie connut l'impasse. Les [[saint-simoniens]] devinrent soit des bourgeois soit évoluèrent vers des positions plus socialistes. Les [[fouriéristes]] et autres partisans de [[Communautés idéales|communautés]] ([[Victor Considerant|Considerant]], [[Étienne Cabet|Cabet]]...) firent plusieurs tentatives, mais leurs [[Communautés idéales|colonies idéales]] ont toutes sombré (ou perdu tout idéalisme) au lui de faire tâche d'huile. Blanqui, manquant d'implantation de masse, échoua dans ses [[Coup d'État|coups d'État]] et passa la plupart de sa vie en prison. Proudhon eut une influence assez durable sur un monde ouvrier encore très artisanal, mais avec l'[[industrialisation]], ses idées finirent par disparaître au profit des visions [[Collectivisme|collectivistes]] du socialisme.
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Progressivement, les socialistes issus de ces différents courants se mélangent, s'harmonisent, se lient au [[Mouvement ouvrier et socialisme en France|mouvement ouvrier]]. Vers la fin du 19<sup>e</sup> siècle, c'est le [[marxisme]] qui commence à être considéré comme la théorie et la stratégie adaptée au socialisme.
    
==== Allemagne ====
 
==== Allemagne ====
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===Le socialisme scientifique===
 
===Le socialisme scientifique===
{{See also|Socialisme utopique|Socialisme scientifique|Marxisme}}
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{{See also|Socialisme scientifique|Marxisme}}
Au début du 19<sup>e</sup> siècle, se manifestent des penseurs qui sont révoltés par l’organisation [[Capitalisme|capitaliste]] , généralisée par la [[Révolution industrielle]]. Bien que leur critiques du mode de production actuel aient fortement contribué au socialisme, ils avaient en commun de prôner non pas réellement des actions politiques contre le pouvoir existant, mais la création de communautés à l'intérieur du système, pour montrer l'exemple d'une vie harmonieuse et saine. Ce sont principalement Saint-Simon, Owen et Fourier, que l'on appelle les [[Socialisme_utopique|socialistes utopiques]] .
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[[Marx]] et [[Engels]], tout en reconnaissant pour leur propre vision du monde l’importance de l’œuvre passée des utopistes et de leurs critiques impitoyables du [[capitalisme]], ont développé des analyses ([[matérialisme historique]]) et une vision stratégique essentielles pour le [[Socialisme_scientifique|socialisme moderne]]. Le socialisme n'est plus une vision rêvée subjective, mais un stade de la société possible à atteindre sur la base des conditions héritées du capitalisme (industrie efficace, [[classe ouvrière]] aux intérêts communs...) et de ses [[Contradictions du capitalisme|contradictions]] ([[Crise économique|crises]], révoltes contre l'[[exploitation]]...). Le moyen d'aller vers le socialisme n'est plus le prêche moralisateur ou le [[volontarisme]] insurrectionnel, mais l'accroissement de l'[[auto-organisation des prolétaires]], jusqu'à la [[révolution socialiste]], c'est-à-dire la prise du pouvoir politique et économique par la classe majoritaire et exploitée.
 
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Les socialistes utopistes comme les philosophes des Lumières avant eux, se donnaient pour ambition, non pas de libérer une classe opprimée, mais d’affranchir l’humanité entière, d’établir presque d’emblée une harmonie universelle fondée sur la «&nbsp;Raison&nbsp;» et la «&nbsp;Justice&nbsp;» éternelles en régénérant la société. [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]], tout en reconnaissant pour leur propre vision du monde l’importance de l’œuvre passée des utopistes et de leurs critiques impitoyables du capitalisme, fondèrent le [[Socialisme_scientifique|socialisme moderne]] en en faisant la théorie défendant les intérêts bien réels de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] en lutte, fondée sur l’étude de l’histoire et de l’économie capitaliste. Ils défendire un [[Matérialisme_dialectique|matérialisme dialectique]], c’est-à-dire une philosophie selon laquelle les contradictions font partie de la vie réelle. On ne peut donc pas abolir les contradictions sociales d’un coup de baguette magique, ou en construisant d’emblée une nouvelle société idéale. Ces contradictions ne peuvent être résolues qu’au travers des conflits réels, des [[Lutte_de_classe|lutte de classe]] et des [[Révolution|révolutions]].
      
=== Synthèses extra-européennes ===
 
=== Synthèses extra-européennes ===
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C'est ainsi que le [[socialisme japonais]] a par exemple puisé à la fois son inspiration des idées européennes, et de certains penseurs confucianistes revisités.  
 
C'est ainsi que le [[socialisme japonais]] a par exemple puisé à la fois son inspiration des idées européennes, et de certains penseurs confucianistes revisités.  
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En Chine, le concept confucéen de Datong a été abondamment cité. [[Sun Yat-sen]], leader socialisant du parti nationaliste ([[Kuomintang]]), écrivait :
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En [[Luttes des classes en Chine|Chine]], le concept confucéen de Datong a été abondamment cité. [[Sun Yat-sen]], leader socialisant du parti nationaliste ([[Kuomintang]]), écrivait :
 
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Quand le peuple aura tout mis en commun au sujet de l’État, on aura vraiment réalisé l'objectif du « bien-être du peuple » ; on aura réalisé ce monde de datong souhaité par Confucius. (Trois principes du peuple, quatorzième leçon.)
 
Quand le peuple aura tout mis en commun au sujet de l’État, on aura vraiment réalisé l'objectif du « bien-être du peuple » ; on aura réalisé ce monde de datong souhaité par Confucius. (Trois principes du peuple, quatorzième leçon.)
 
La nouvelle culture européenne, l'anarchisme et le communisme, dont on parle tant aujourd'hui, ce sont dans notre Chine de vieilles théories qui datent de plusieurs millénaires; ainsi, les théories de Huangdi et de Laozi (deux « Pères » taoïstes) sont de l'anarchisme, et le royaume de Huaxushi, duquel Liezi dit que ses habitants n'ont ni chef ni loi, c'est l'état de nature pur, n'est-ce pas de l'anarchisme? (Ibid., quatrième leçon.)
 
La nouvelle culture européenne, l'anarchisme et le communisme, dont on parle tant aujourd'hui, ce sont dans notre Chine de vieilles théories qui datent de plusieurs millénaires; ainsi, les théories de Huangdi et de Laozi (deux « Pères » taoïstes) sont de l'anarchisme, et le royaume de Huaxushi, duquel Liezi dit que ses habitants n'ont ni chef ni loi, c'est l'état de nature pur, n'est-ce pas de l'anarchisme? (Ibid., quatrième leçon.)
 
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[[Mao Zedong]] en parle également [[wen:On the People's Democratic Dictatorship|dans un discours de 1949]], au moment où son parti prend le pouvoir.
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En revanche, les traditions orientales « présocialistes » ont pu être utilisées, surtout au 20<sup>e</sup> siècle, comme une machine de guerre contre le socialisme marxiste, auquel était opposé un socialisme plus enraciné et religieux. Une telle utilisation a été importante dans les pays d'Islam (par exemple le « socialisme islamique » de l'Algérien Tijani, d'inspiration directement antimarxiste) et dans les pays bouddhiques du « Petit Véhicule », dans l'Asie du Sud-Est, en particulier en Birmanie et au Cambodge.
 
En revanche, les traditions orientales « présocialistes » ont pu être utilisées, surtout au 20<sup>e</sup> siècle, comme une machine de guerre contre le socialisme marxiste, auquel était opposé un socialisme plus enraciné et religieux. Une telle utilisation a été importante dans les pays d'Islam (par exemple le « socialisme islamique » de l'Algérien Tijani, d'inspiration directement antimarxiste) et dans les pays bouddhiques du « Petit Véhicule », dans l'Asie du Sud-Est, en particulier en Birmanie et au Cambodge.
  

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