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[[File:Thomas Robert Malthus Wellcome L0069037 -crop.jpg|right|alt=|sans_cadre]]Le '''malthusianisme''' est une politique prônant la restriction démographique, inspirée par les travaux de l'économiste britannique [[Thomas_Malthus|Thomas Malthus]] (1766–1834). Le terme est utilisé pour la première fois par [[Pierre-Joseph_Proudhon|Pierre-Joseph Proudhon]] en 1849.
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[[File:Thomas Robert Malthus Wellcome L0069037 -crop.jpg|alt=|vignette|402x402px|[[w:Thomas Malthus|Thomas Malthus]]]]Le '''malthusianisme''' est une politique prônant la restriction démographique, inspirée par les travaux de l'économiste britannique [[w:Thomas Malthus|Thomas Malthus]] (1766–1834). Le terme est utilisé pour la première fois par [[Pierre-Joseph_Proudhon|Proudhon]] en 1849.
    
Le mot « malthusianisme » est aussi employé par extension pour désigner toute attitude pessimiste devant la [[Surpopulation|surpopulation]].
 
Le mot « malthusianisme » est aussi employé par extension pour désigner toute attitude pessimiste devant la [[Surpopulation|surpopulation]].
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===Lois de la population===
 
===Lois de la population===
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Sur la base des récits de voyages de son époque — en particulier ceux de [[James_Cook|James Cook]] — Malthus a tiré une loi naturelle des sociétés naturelles : la population tend à croître plus rapidement que ses ressources. Les ressources auraient une croissance "arithmétique", tandis que la population aurait une croissance "géométrique".
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Sur la base des récits de voyages de son époque — en particulier ceux de [[w:James Cook|James Cook]] — Malthus a tiré une loi naturelle des sociétés naturelles : la population tend à croître plus rapidement que ses ressources. Les ressources auraient une croissance "arithmétique", tandis que la population aurait une croissance "géométrique".
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La croissance de la population vient donc se heurter régulièrement à des freins ou des limites (nommés ''checks''). Ces derniers font régresser la population à un niveau supportable pour assurer la nourriture de l'ensemble. Ces obstacles — ou ''checks —'' sont de deux natures&nbsp;: d'une part, les «&nbsp;obstacles répressifs&nbsp;» (ou «&nbsp;obstacle malthusien&nbsp;»<ref>[http://fr-ii.demopaedia.org/wiki/Obstacle_r%C3%A9pressif Dictionnaire démographique multilingue, seconde édition unifiée, volume français] sur Demopaedia. Dernière consultation le 12 novembre 2013.</ref>) qui s'imposent de l'extérieur de façon brutale, comme les famines ou les épidémies&nbsp;; d'autre part les «&nbsp;obstacles préventifs&nbsp;»<ref>''Ibid.''</ref> qui désignent les décisions conscientes prises en connaissance de cause pour freiner la croissance démographique<ref name="Minois-14-64">[[Georges Minois]], ''Le poids du nombre : l’obsession du surpeuplement dans l’histoire'', Paris, Perrin, coll. Pour l’histoire, 2011, p. 14-64.</ref>&nbsp;: [[Avortement|avortement]], [[Contrôle_des_naissances|contrôle des naissances]], célibat entre autres. D'après Malthus, même chez les peuples dits primitifs, les obstacles préventifs existent. Ainsi, la difficulté de se procurer de la nourriture dans les tribus d'[[Indiens_d'Amérique|Indiens d'Amérique]] les obligent à vivre à de grandes distances les unes des autres, à défendre leur territoire de chasse, et afin d'éviter le peuplement, ils se reproduisent peu&nbsp;: un ou deux enfants par famille. Malthus s'appuie notamment sur les écrits de James Cook qui s'étonne du peu d'ardeur amoureuse dans ces tribus<ref name="Minois-14-64" />.
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La croissance de la population vient donc se heurter régulièrement à des freins ou des limites (nommés ''checks''). Ces derniers font régresser la population à un niveau supportable pour assurer la nourriture de l'ensemble. Ces obstacles — ou ''checks —'' sont de deux natures&nbsp;: d'une part, les «&nbsp;obstacles répressifs&nbsp;» (ou «&nbsp;obstacle malthusien&nbsp;»<ref>[http://fr-ii.demopaedia.org/wiki/Obstacle_r%C3%A9pressif Dictionnaire démographique multilingue, seconde édition unifiée, volume français] sur Demopaedia. Dernière consultation le 12 novembre 2013.</ref>) qui s'imposent de l'extérieur de façon brutale, comme les famines ou les épidémies&nbsp;; d'autre part les «&nbsp;obstacles préventifs&nbsp;»<ref>''Ibid.''</ref> qui désignent les décisions conscientes prises en connaissance de cause pour freiner la croissance démographique<ref name="Minois-14-64">[[Georges Minois]], ''Le poids du nombre : l’obsession du surpeuplement dans l’histoire'', Paris, Perrin, coll. Pour l’histoire, 2011, p. 14-64.</ref>&nbsp;: [[Avortement|avortement]], [[Contrôle_des_naissances|contrôle des naissances]], célibat entre autres. D'après Malthus, même chez les peuples dits primitifs, les obstacles préventifs existent. Ainsi, la difficulté de se procurer de la nourriture dans les tribus d'[[w:Indiens d'Amérique|Indiens d'Amérique]] les obligent à vivre à de grandes distances les unes des autres, à défendre leur territoire de chasse, et afin d'éviter le peuplement, ils se reproduisent peu&nbsp;: un ou deux enfants par famille. Malthus s'appuie notamment sur les écrits de James Cook qui s'étonne du peu d'ardeur amoureuse dans ces tribus<ref name="Minois-14-64" />.
    
===Malthusianisme économique===
 
===Malthusianisme économique===
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==Courants néo-malthusiens==
 
==Courants néo-malthusiens==
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===Certains économistes===
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Certains économistes du 19<sup>e</sup> siècle reviennent aux conclusions malthusiennes, comme [[w:Charles Dunoyer|Charles Dunoyer]] :
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« Je n’exagère rien en disant qu’on est moins prévoyant et qu’on s’en fait gloire dans la multiplication des hommes que dans celle des plantes et des animaux. »
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===Anarchistes antinatalistes===
 
===Anarchistes antinatalistes===
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A la fin du 19ème siècle, des théoriciens [[Anarchistes|anarchistes]] comme [[Paul_Robin|Paul Robin]] développent en France des thèses néomalthusiennes, que l'écrivain et journaliste [[Octave_Mirbeau|Octave Mirbeau]] s'emploie à populariser dans la grande presse<ref>Mirbeau proclame dès 1890 le droit à l'avortement, dans son dialogue [http://www.scribd.com/doc/2338945/Octave-Mirbeau-Les-Dialogues-tristes-Consultation-1890 « Consultation »] et mène, en 1900, une grande campagne néomalthusienne dans les colonnes du ''[[Le Journal|Journal]]'', dans une série d'articles intitulés [http://www.scribd.com/doc/11333578/Octave-Mirbeau-Depopulation-I- « Dépopulation »]. Voir [[Pierre Michel (écrivain)|Pierre Michel]], [http://www.scribd.com/doc/50875170/Pierre-Michel-%C2%AB-Octave-Mirbeau-et-le-Neo-malthusianisme-%C2%BB « Octave Mirbeau et le néomalthusianisme »], ''[[Cahiers Octave Mirbeau]]'', n° 16, 2009, pp. 215-259. </ref>, à contre-courant des thèses natalistes et populationnistes en vigueur au nom de la «&nbsp;Revanche&nbsp;». Rares sont alors les syndicalistes et les socialistes à se joindre aux militants anarchistes néomalthusiens.
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A la fin du 19<sup>e</sup> siècle, des théoriciens [[anarchistes]] comme [[w:Paul Robin|Paul Robin]] développent en France des thèses néomalthusiennes, que l'écrivain et journaliste [[w:Octave Mirbeau|Octave Mirbeau]] s'emploie à populariser dans la grande presse<ref>Mirbeau proclame dès 1890 le droit à l'avortement, dans son dialogue [http://www.scribd.com/doc/2338945/Octave-Mirbeau-Les-Dialogues-tristes-Consultation-1890 « Consultation »] et mène, en 1900, une grande campagne néomalthusienne dans les colonnes du ''[[Le Journal|Journal]]'', dans une série d'articles intitulés [http://www.scribd.com/doc/11333578/Octave-Mirbeau-Depopulation-I- « Dépopulation »]. Voir [[Pierre Michel (écrivain)|Pierre Michel]], [http://www.scribd.com/doc/50875170/Pierre-Michel-%C2%AB-Octave-Mirbeau-et-le-Neo-malthusianisme-%C2%BB « Octave Mirbeau et le néomalthusianisme »], ''[[Cahiers Octave Mirbeau]]'', n° 16, 2009, pp. 215-259. </ref>, à contre-courant des thèses natalistes et populationnistes en vigueur au nom de la «&nbsp;Revanche&nbsp;». Rares sont alors les syndicalistes et les socialistes à se joindre aux militants anarchistes néomalthusiens.
    
À l'analyse de Malthus, les [[Libertaires|libertaires]] néomalthusiens ajoutent deux éléments fondamentaux&nbsp;: d'une part, il serait monstrueux de produire massivement la chair à canon dont les [[Bourgeoisie|bourgeoisies]] industrielles ont besoin pour les prochaines boucheries (ils s'opposent donc aux politiques natalistes mises en œuvre afin de préparer la guerre programmée dans les meilleures conditions, grâce à l'abondance de l'infanterie), la chair à travail (qui facilite l'exploitation patronale), la chair à plaisir (qui alimente la prostitution). Ils appellent à la «&nbsp;grève des ventres&nbsp;».
 
À l'analyse de Malthus, les [[Libertaires|libertaires]] néomalthusiens ajoutent deux éléments fondamentaux&nbsp;: d'une part, il serait monstrueux de produire massivement la chair à canon dont les [[Bourgeoisie|bourgeoisies]] industrielles ont besoin pour les prochaines boucheries (ils s'opposent donc aux politiques natalistes mises en œuvre afin de préparer la guerre programmée dans les meilleures conditions, grâce à l'abondance de l'infanterie), la chair à travail (qui facilite l'exploitation patronale), la chair à plaisir (qui alimente la prostitution). Ils appellent à la «&nbsp;grève des ventres&nbsp;».
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D'autre part, ils réclament un contrôle des naissances grâce aux [[Contraception|moyens contraceptifs]] en usage et à l'[[Avortement|avortement]]. Poursuivant ce but, Paul Robin fonde en 1896 la [[Ligue_de_la_Régénération_humaine|Ligue de la Régénération humaine]]. Opposée à la propagande nataliste, elle diffuse des moyens contraceptifs au nom de la libération des femmes: elles devaient échapper à leur destin de génitrices<ref>Albert Jacquard,''Le compte à rebours a-t-il commencé?'',Editions Stock, 2009, p62.</ref>. Elle sera dissoute en 1908. [[Eugène_Humbert|Eugène]] et [[Jeanne_Humbert|Jeanne Humbert]], devenus les principaux animateurs du mouvement, créent ''Génération consciente'' et poursuivent leur propagande après son interdiction par la loi de 1920, qui interdit toute propagande antinataliste. Leur activité militante leur vaut plusieurs séjours en prison.
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D'autre part, ils réclament un contrôle des naissances grâce aux [[Contraception|moyens contraceptifs]] en usage et à l'[[Avortement|avortement]]. Poursuivant ce but, Paul Robin fonde en 1896 la [[w:Ligue de la Régénération humaine|Ligue de la Régénération humaine]]. Opposée à la propagande nataliste, elle diffuse des moyens contraceptifs au nom de la libération des femmes: elles devaient échapper à leur destin de génitrices<ref>Albert Jacquard,''Le compte à rebours a-t-il commencé?'',Editions Stock, 2009, p62.</ref>. Elle sera dissoute en 1908. [[w:Eugène Humbert|Eugène]] et [[w:Jeanne Humbert|Jeanne Humbert]], devenus les principaux animateurs du mouvement, créent ''Génération consciente'' et poursuivent leur propagande après son interdiction par la loi de 1920, qui interdit toute propagande antinataliste. Leur activité militante leur vaut plusieurs séjours en prison.
    
Durant l'entre-deux-guerres, il n'y pas de «&nbsp;rencontre historique du [[Féminisme|féminisme]] et du néomalthusianisme&nbsp;»<ref>Laurence Klejman et Florence Rochefort, ''L'Égalité en marché. Le féminisme sous la Troisième République'', PFNSP et Éditions des femmes, Paris, p. 336.</ref>. La majorité des féministes réformatrices se rangent en effet derrière la bannière populationniste pour tenter de gagner de nouveaux droits pour les mères. Les militantes féministes pour un contrôle des naissances — [[Nelly_Roussel|Nelly Roussel]], [[Madeleine_Pelletier|Madeleine Pelletier]] ou [[Berty_Albrecht|Berty Albrecht]] — sont rares<ref>Sylvie Chaperon, ''Les années Beauvoir. 1945-1970'', Fayard, Paris, 2000, p. 162.</ref>.
 
Durant l'entre-deux-guerres, il n'y pas de «&nbsp;rencontre historique du [[Féminisme|féminisme]] et du néomalthusianisme&nbsp;»<ref>Laurence Klejman et Florence Rochefort, ''L'Égalité en marché. Le féminisme sous la Troisième République'', PFNSP et Éditions des femmes, Paris, p. 336.</ref>. La majorité des féministes réformatrices se rangent en effet derrière la bannière populationniste pour tenter de gagner de nouveaux droits pour les mères. Les militantes féministes pour un contrôle des naissances — [[Nelly_Roussel|Nelly Roussel]], [[Madeleine_Pelletier|Madeleine Pelletier]] ou [[Berty_Albrecht|Berty Albrecht]] — sont rares<ref>Sylvie Chaperon, ''Les années Beauvoir. 1945-1970'', Fayard, Paris, 2000, p. 162.</ref>.
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===Courants écologistes===
 
===Courants écologistes===
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Les préoccupations [[Écologie|écologiques]] donnent aujourd'hui un nouvel élan à des pensées d'inspiration malthusiennes. Il faut bien préciser que la plupart des écologistes ne considèrent pas la population humaine en soi comme la cause du déséquilibre écologique. La plupart, à la suite du [[Club_de_Rome|Club de Rome]], considèrent avant tout qu'il faut réduire l'empreinte écologique des sociétés et des individus, et que cela peut se faire sans autoritarisme ni ascétisme.
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Les préoccupations [[Écologie|écologiques]] donnent aujourd'hui un nouvel élan à des pensées d'inspiration malthusiennes. Il faut bien préciser que la plupart des écologistes ne considèrent pas la population humaine en soi comme la cause du déséquilibre écologique. La plupart, à la suite du [[w:Club de Rome|Club de Rome]], considèrent avant tout qu'il faut réduire l'empreinte écologique des sociétés et des individus, et que cela peut se faire sans autoritarisme ni ascétisme.
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Parmi ceux qui pointent la surpopulation comme un problème, il y a des personnes diverses, comme le commandant Cousteau ou le scientifique [[Paul_Ralph_Ehrlich|Paul Ralph Ehrlich]], connu pour son livre polémique de 1968, ''The population bomb''. Ehrlich y faisait de nombreuses prévisions qui se sont avérées fausses. ''«&nbsp;Si la tendance actuelle persiste, Calcutta aura 66 millions d’habitants en l’an 2000&nbsp;»'', (Calcultta comptait 4,5 millions d'habitants en 2000). Surtout, Ehrlich prône des solutions autoritaristes pour limiter la population humaine comme «&nbsp;incorporer des stérilisants provisoires dans l’alimentation en eau ou dans le bifteck quotidien&nbsp;» ou «&nbsp;alimenter toute la population en hormones mâles puissantes&nbsp;» pour «&nbsp;masculiniser et rendre stériles les femmes&nbsp;». Ou encore adopter «&nbsp;le concept de triage, emprunté à la médecine militaire&nbsp;» en supprimant toute aide alimentaire, notamment à destination de l’Inde.
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Parmi ceux qui pointent la surpopulation comme un problème, il y a des personnes diverses, comme le commandant Cousteau ou le scientifique [[w:Paul Ralph Ehrlich|Paul Ralph Ehrlich]], connu pour son livre polémique de 1968, ''The population bomb''. Ehrlich y faisait de nombreuses prévisions qui se sont avérées fausses. ''«&nbsp;Si la tendance actuelle persiste, Calcutta aura 66 millions d’habitants en l’an 2000&nbsp;»'', (Calcutta comptait 4,5 millions d'habitants en 2000). Surtout, Ehrlich prône des solutions autoritaristes pour limiter la population humaine comme «&nbsp;incorporer des stérilisants provisoires dans l’alimentation en eau ou dans le bifteck quotidien&nbsp;» ou «&nbsp;alimenter toute la population en hormones mâles puissantes&nbsp;» pour «&nbsp;masculiniser et rendre stériles les femmes&nbsp;». Ou encore adopter «&nbsp;le concept de triage, emprunté à la médecine militaire&nbsp;» en supprimant toute aide alimentaire, notamment à destination de l’Inde.
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Le mouvement écologiste Sea Shepherd est fortement imprégéné de malthuasianisme<ref>http://www.lesenrages.antifa-net.fr/sea-shepherd-reactionnaire-mon-cher-watson/</ref>.
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Le mouvement écologiste [[w:Sea Shepherd|Sea Shepherd]] est fortement imprégné de malthusianisme<ref>http://www.lesenrages.antifa-net.fr/sea-shepherd-reactionnaire-mon-cher-watson/</ref>.
    
==Critiques==
 
==Critiques==
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Dans son étude des lois de l'économie capitaliste, [[Marx|Marx]] a montré<ref>Voir notamment ''Le Capital, Livre 1, Chapitre 23, ''</ref> comment l'accumulation capitaliste conduit tendanciellement à rejeter toute une partie de la classe ouvrière dans l'inactivité (création d'une surpopulation ouvrière, cette [[Armée_de_réserve_industrielle|armée de réserve industrielle]] qui fait baisser le niveau des salaires), en parallèle d'un besoin de nouvelles forces pour assurer l'élargissement de l'accumulation capitaliste. Il montre ainsi que les "lois démographiques", qu'il appelle plutôt "lois tendancielles", sont dérivées des lois socio-économiques du mouvement propre au capital. Par là, il critique notamment la naturalisation de ces lois à laquelle procède Malthus. Au contraire, il affirme que «&nbsp;''chaque mode de production historique a ses propres lois de population, valables historiquement dans ses propres limites''&nbsp;».
 
Dans son étude des lois de l'économie capitaliste, [[Marx|Marx]] a montré<ref>Voir notamment ''Le Capital, Livre 1, Chapitre 23, ''</ref> comment l'accumulation capitaliste conduit tendanciellement à rejeter toute une partie de la classe ouvrière dans l'inactivité (création d'une surpopulation ouvrière, cette [[Armée_de_réserve_industrielle|armée de réserve industrielle]] qui fait baisser le niveau des salaires), en parallèle d'un besoin de nouvelles forces pour assurer l'élargissement de l'accumulation capitaliste. Il montre ainsi que les "lois démographiques", qu'il appelle plutôt "lois tendancielles", sont dérivées des lois socio-économiques du mouvement propre au capital. Par là, il critique notamment la naturalisation de ces lois à laquelle procède Malthus. Au contraire, il affirme que «&nbsp;''chaque mode de production historique a ses propres lois de population, valables historiquement dans ses propres limites''&nbsp;».
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Dans ses notes sur le salaire ouvrier (1847), Marx développe une critique vigoureuse de la théorie malthusienne, par exemple dans ''[[Travail salarié et capital|Travail salarié et Capital]]''. Dans le ''[[Le Capital|Capital]]'' (Livre I),  Marx relevait que le grand succès que rencontre [[Malthusianisme|Malthus]] en Angleterre était purement idéologique. En effet, il ne produisait rien de nouveau sur le plan des idées, mais permettait à l'oligarchie anglaise de critiquer les aspirations égalitaires, à un moment où la [[Révolution française]] suscitait de la sympathie chez les progressistes anglais.
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Dans ses notes sur le salaire ouvrier (1847), Marx développe une critique vigoureuse de la théorie malthusienne, par exemple dans ''[[Travail salarié et capital|Travail salarié et Capital]]''. Dans le ''[[Le Capital|Capital]]'' (Livre I),  Marx relevait que le grand succès que rencontre Malthus en Angleterre était purement idéologique. En effet, il ne produisait rien de nouveau sur le plan des idées, mais permettait à l'oligarchie anglaise de critiquer les aspirations égalitaires, à un moment où la [[Révolution française]] suscitait de la sympathie chez les progressistes anglais.
 
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« ''l'Essai sur la Population »,'' publié en 1798, (...) n'est qu'une déclamation d'écolier sur des textes empruntés à Defoë; Franklin, Wallace, Sir James Stewart, Townsend, etc. Il n'y a ni une recherche ni une idée du cru de l'auteur. La grande sensation que fit ce pamphlet juvénile n'était due qu'à l'esprit de parti. La Révolution française avait trouvé des défenseurs chaleureux de l'autre côté de la Manche, et « le principe de population », peu à peu élaboré dans le XVIII° siècle, puis, au milieu d'une grande crise sociale, annoncé à coups de grosse caisse comme l'antidote infaillible des doctrines de Condorcet, etc., fut bruyamment acclamé par l'oligarchie anglaise comme l'éteignoir de toutes les aspirations au progrès humain. Malthus, tout étonné de son succès, se mit dès lors à fourrer sans cesse dans l'ancien cadre de nouveaux matériaux superficiellement compilés.<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-25-1.htm Le Capital, Livre I, Chapitre XXV : Loi générale de l’accumulation capitaliste, I.]'', 1867</ref>
 
« ''l'Essai sur la Population »,'' publié en 1798, (...) n'est qu'une déclamation d'écolier sur des textes empruntés à Defoë; Franklin, Wallace, Sir James Stewart, Townsend, etc. Il n'y a ni une recherche ni une idée du cru de l'auteur. La grande sensation que fit ce pamphlet juvénile n'était due qu'à l'esprit de parti. La Révolution française avait trouvé des défenseurs chaleureux de l'autre côté de la Manche, et « le principe de population », peu à peu élaboré dans le XVIII° siècle, puis, au milieu d'une grande crise sociale, annoncé à coups de grosse caisse comme l'antidote infaillible des doctrines de Condorcet, etc., fut bruyamment acclamé par l'oligarchie anglaise comme l'éteignoir de toutes les aspirations au progrès humain. Malthus, tout étonné de son succès, se mit dès lors à fourrer sans cesse dans l'ancien cadre de nouveaux matériaux superficiellement compilés.<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-25-1.htm Le Capital, Livre I, Chapitre XXV : Loi générale de l’accumulation capitaliste, I.]'', 1867</ref>
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===Droit de disposer de son corps===
 
===Droit de disposer de son corps===
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Dans les dernières décennies du 20ème siècle, la natalité a fortement diminué dans les pays capitalistes centraux. Cela n'a pas été le fruit d'une politique d'État (même si la propagande nataliste a nettement reculé), mais d'une plus grande capacité/liberté des femmes à disposer de leur propre corps&nbsp;: lutte pour leur droit de n'avoir que des enfants désirés&nbsp;: fondation du [[Planning_familial|Planning familial]], création du M.L.A.C. (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception) en 1972, ce qui aboutit à la loi Veil de janvier 1975 légalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) pour motif de détresse de la mère.
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Dans les dernières décennies du 20<sup>e</sup> siècle, la natalité a fortement diminué dans les pays capitalistes centraux. Cela n'a pas été le fruit d'une politique d'État (même si la propagande [[nataliste]] a nettement reculé), mais d'une plus grande capacité/liberté des femmes à disposer de leur propre corps&nbsp;: lutte pour leur droit de n'avoir que des enfants désirés&nbsp;: fondation du [[w:Planning familial|Planning familial]], création du [[w:Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception|Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception]] (MLAC) en 1972, ce qui aboutit à la loi Veil de janvier 1975 légalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) pour motif de détresse de la mère.
    
==Notes et références==
 
==Notes et références==
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===Bibliographie===
 
===Bibliographie===
   −
*[[Thomas_Malthus|Malthus]], ''Essai sur le principe de population'', 1798 ([http://classiques.uqac.ca/classiques/maltus_thomas_robert/malthus.html version en ligne])
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*Malthus, ''[http://classiques.uqac.ca/classiques/maltus_thomas_robert/malthus.html Essai sur le principe de population]'', 1798
*[[Alfred_Sauvy|Alfred Sauvy]], ''Théorie générale de la population'' (2 volumes), PUF, Paris 1956
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*Alfred Sauvy, ''Théorie générale de la population'' (2 volumes), PUF, Paris 1956
 
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===Articles connexes===
  −
 
  −
*Démographie&nbsp;:
  −
**[[Populationnisme|Populationnisme]]
  −
**[[Décroissance_démographique|Décroissance démographique]]
  −
 
  −
*Économie&nbsp;:
  −
**[[Sophisme_d'une_masse_fixe_de_travail|Sophisme d'une masse fixe de travail]] 
  −
 
   
[[Catégorie:Théorie]]
 
[[Catégorie:Théorie]]

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