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Mais le racisme à grande échelle (celui qui continue le plus à marquer notre présent) se développe à l'époque moderne, parallèlement à la [[colonisation]] européenne. Non pas que celle-ci ait été la première vague de colonisation, mais elle prenait un caractère bien plus massif et systématique, du fait des avantages techniques et économiques créant un rapport de force croissant en faveur de l'Europe ([[wen:Great divergence|Great divergence]]).
 
Mais le racisme à grande échelle (celui qui continue le plus à marquer notre présent) se développe à l'époque moderne, parallèlement à la [[colonisation]] européenne. Non pas que celle-ci ait été la première vague de colonisation, mais elle prenait un caractère bien plus massif et systématique, du fait des avantages techniques et économiques créant un rapport de force croissant en faveur de l'Europe ([[wen:Great divergence|Great divergence]]).
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Du 16<sup>e</sup> au 18<sup>e</sup> siècle le [[capital marchand]] amorce une première phase de [[mondialisation]], au prix de la mise en [[esclavage]] de plusieurs dizaines de millions d’Africains, qui étaient «&nbsp;importés&nbsp;» en Amérique, dans les plantations. Cette force de travail coûtait beaucoup moins cher qu’un salarié occidental. Pour justifier cette déshumanisation en masse, il fallait développer les théories racistes. Les premiers responsables de l'élaboration de ces théories ont été les classes dominantes et leurs [[intellectuels]] (à une époque où la masse de la population européenne n'était pas en contact de la masse des populations dominées).
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Du 16<sup>e</sup> au 18<sup>e</sup> siècle le [[capital marchand]] amorce une première phase de [[mondialisation]], au prix de la mise en [[esclavage]] de plusieurs dizaines de millions d’Africains, qui étaient «&nbsp;importés&nbsp;» en Amérique, dans les plantations. Cette force de travail coûtait beaucoup moins cher qu’un salarié occidental. Pour justifier cette déshumanisation en masse, il fallait développer les théories racistes. Les premiers responsables de l'élaboration de ces théories ont été les classes dominantes et leurs [[intellectuels]] (à une époque où la masse de la population européenne n'était pas en contact de la masse des populations dominées). Le racisme, en tant qu'élément au service de l'[[accumulation primitive du capital]], a contribué à l'essor du capitalisme, qui lui même entretient le racisme.
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Le racisme actuel, qui traverse les sociétés européennes blanches, envers les peuples d’Afrique par exemple, et plus largement envers les non-blanc·hes, n’est pas qu’un reste du temps colonial. Il trouve notamment ses sources dans l’[[impérialisme]] économique actuel : les mécanismes de marché qui maintiennent le transfert de richesse Sud-Nord ne sont pas visibilisés, et permettent des discours méprisants et infantilisants sur la misère. Par ailleurs l’[[islamophobie]] est très présente dans la justification des interventions militaires depuis les années 2000.
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Le racisme actuel, qui traverse les sociétés européennes blanches, envers les peuples d’Afrique par exemple, et plus largement envers les non-blanc·hes, n’est pas qu’un reste du temps colonial. Il s'entretient aussi de par l’[[impérialisme]] économique : les mécanismes de marché qui maintiennent le transfert de richesse Sud-Nord ne sont pas visibilisés, et permettent des discours méprisants et infantilisants sur la misère, qui permettent aussi de justifier du maintien de bases militaires dans le monde. Par ailleurs l’[[islamophobie]] est très présente dans la justification des interventions militaires depuis les années 2000, pour « apporter la démocratie » (en fait essentiellement maintenir l'ordre pour protéger des intérêts stratégiques).
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L'[[immigration]] est fortement liée au système [[impérialiste]] : chaque puissance  a puisé des ressources et de la main d’œuvre dans ses anciennes colonies, et continue de le faire depuis les [[Décolonisation|décolonisations]]. L'immigration a une conséquence directe en terme de classe : l'immigré·e venant d'un [[pays dominé]] est presque automatiquement déclassé·e, se retrouvant presque toujours tout en bas de la hiérarchie sociale du pays d'arrivée. Même dans les cas où il ou elle a des [[Qualification|qualifications]], elles sont rarement reconnues. Inévitablement, dans des conditions d'exploitation de la force de travail et de concurrence entre salarié·es, cette situation tend à générer du racisme envers les immigré·es (même lorsqu'ils sont blanc·hes, comme les Irlandais·ses en Angleterre au 19<sup>e</sup> s.).
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Les politiques des [[État bourgeois|États]] sur l'immigration varient en fonction des [[Cycle économique|cycles économiques]]. Dans l'[[après-guerre]], l'immigration était autorisée en masse (forte [[croissance]]), elle est devenue toujours plus criminalisée depuis le [[tournant néolibéral]] des années 1980. Cette criminalisation a l'effet de créer une couche de [[sans-papiers]] avec très peu de droits, qui est [[Surexploitation|sur-exploitée]] par les [[patrons]] dans certains secteurs. Les mêmes politiciens hypocrites qui attisent le racisme à demi-mots (il suffit de déclamer contre « les immigrés clandestins » pour que le message subliminal soit compris), savent très bien que leurs amis capitalistes ont en fait besoin de ces sans-papiers.
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Les périodes de crise du capitalisme ont tendance à renforcer les clivages racistes, à la fois :
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* par des effets directs : renforcement de la concurrence entre travailleur.ses ou entre États, ce qui peut renforcer les discours violemment racistes
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* par des effets idéologiques : les politiciens bourgeois, qui ne peuvent capter de la popularité par des mesures sociales profitant à tous.tes, tendent à avoir recours aux boucs émissaires.
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Dans certains cas, le racisme est quasiment confondu avec le [[mépris de classe]], comme en Afrique du Sud, où la classe dominante est très majoritairement blanche et le prolétariat très majoritairement noir.
    
=== Affrontements entre nationalismes ===
 
=== Affrontements entre nationalismes ===
 
Les idées racistes peuvent aussi servir à justifier l'affrontement avec d'autres [[Nationalisme|nationalismes]]. Il s'agit alors de formes de racismes inter-impérialistes différentes. Il est alors attisé par des politiciens pour cimenter la nation, voire préparer les mentalités à la [[guerre]].
 
Les idées racistes peuvent aussi servir à justifier l'affrontement avec d'autres [[Nationalisme|nationalismes]]. Il s'agit alors de formes de racismes inter-impérialistes différentes. Il est alors attisé par des politiciens pour cimenter la nation, voire préparer les mentalités à la [[guerre]].
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Là encore, ce racisme est avant tout une idéologie de sa classe dominante, même si celle-ci se diffuse dans les autres classes. C'est "l'élite" de la nation française qui encourageait la haine du "boche" en préparation de la [[Première guerre mondiale]], bien plus qu'un racisme qui aurait spontanément surgit parmi les [[travailleurs|travailleur·ses]].
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Là encore, ce racisme est avant tout une idéologie de sa classe dominante, même si celle-ci se diffuse dans les autres classes. C'est le tsar Nicolas II qui déclare qu'il va écraser ces ''«&nbsp;insolents macaques&nbsp;»'' au début de la [[Guerre russo-japonaise|guerre contre le Japon]] en 1904 (avant de subir une défaite cuisante qui choquera durablement les racistes blancs). C'est "l'élite" de la nation française qui encourageait la haine du "boche" en préparation de la [[Première guerre mondiale|Guerre de 1914-1918]].
    
En particulier les régimes [[fascistes]] dans les années 1930 développent à une échelle sans précédant la vision raciste du monde, distillant des idéologies [[Impérialisme|de conquête]] et de domination des ''[[w:Untermenschen|Untermenschen]]'' (« sous-hommes »). Plus généralement pendant la [[Seconde guerre mondiale]], le racisme explose. Aux États-Unis la [[w:Sentiment antijaponais aux États-Unis#Seconde%20Guerre%20mondiale|minorité japonaise est stigmatisée]] et parquée dans des camps, en Russie [[Question nationale en Russie#Allemands|la minorité allemande est ciblée]]...
 
En particulier les régimes [[fascistes]] dans les années 1930 développent à une échelle sans précédant la vision raciste du monde, distillant des idéologies [[Impérialisme|de conquête]] et de domination des ''[[w:Untermenschen|Untermenschen]]'' (« sous-hommes »). Plus généralement pendant la [[Seconde guerre mondiale]], le racisme explose. Aux États-Unis la [[w:Sentiment antijaponais aux États-Unis#Seconde%20Guerre%20mondiale|minorité japonaise est stigmatisée]] et parquée dans des camps, en Russie [[Question nationale en Russie#Allemands|la minorité allemande est ciblée]]...
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Plus récemment, la montée des tensions entre le bloc des vieux pays impérialistes d'un côté, la Chine et la Russie de l'autre, s'accompagne d'une montée de formes de mépris sinon de racisme. Comme les déclarations anti  
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Pendant la [[guerre froide]], la « [[red scare]] » aux États-Unis s'apparente très souvent à une russophobie essentialisante.
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Plus récemment, la montée des tensions entre le bloc des vieux [[pays impérialistes]] d'un côté, la Chine et la Russie de l'autre, s'accompagne d'une montée de formes de mépris sinon de racisme<ref>Wikipedia, ''[[wen:Anti-Chinese sentiment in the United States|Anti-Chinese sentiment in the United States]], [[wen:Anti-Western sentiment in China|Anti-Western sentiment in China]]'', ''[[w:Russophobie|Russophobie]]''</ref>. Comme les déclarations anti-chinoises de Trump<ref>Le Matin, ''[https://www.lematin.ch/story/le-kung-flu-de-trump-namuse-pas-la-chine-552553935359 Le «Kung Flu» de Trump n'amuse pas la Chine]'', 2020</ref>.
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L'hystérie réactionnaire peut être particulièrement forte lorsque des politiciens alimentent des discours contre un « ennemi extérieur » et un « ennemi intérieur » formant une [[w:Cinquième colonne|cinquième colonne]] (les russes dehors et les communistes dedans, les Japonais et les immigrés japonais...).
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=== Les diasporas et le complotisme ===
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D’autres facteurs matériels peuvent jouer, comme les circonstances historiques qui ont créé des [[w:Diaspora|diasporas]].
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En Europe la présence des Juif·ves dans plusieurs pays européens a favorisé le discours [[complotiste]] contre les « riches-cosmopolites-dirigeant-le-monde ». Une prose qui prend son essor en particulier au 19<sup>e</sup> siècle, alors que des idéologies (qui tendent à être de plus en plus étroites) sur les [[États-nations]] émergent, mais que les Juif·ves ne rentrent pas dans les cases.  Ces discours antisémites ont à la fois été élaborés par des nationalistes et des socialistes, créant des passerelles confusionnistes entre la réaction et une vision faussée de l'anticapitalisme (qui serait une dénonciation d'une finance insaisissable, plutôt que de la bourgeoisie)…<ref>''[https://revuesocialisme.pagesperso-orange.fr/s13dreyfus.html L’affaire Dreyfus et l’antisémitisme en France à la fin du 19e siècle]'', Socialisme International n° 13, été 2005</ref> C'est pourquoi l'antisémitisme a été appelé « le socialisme des imbéciles ».
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La communauté arménienne a elle aussi subi des formes de rejets racistes extrêmes proches de ceux visant la communauté juive.
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Donald Trump fait par exemple souvent des déclarations anti-chinoises teintées de racisme, comme lorsqu'il désigne le Covid-19 de « kung flu »<ref>Le Matin, ''[https://www.lematin.ch/story/le-kung-flu-de-trump-namuse-pas-la-chine-552553935359 Le «Kung Flu» de Trump n'amuse pas la Chine]'', 2020</ref>.
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Dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, les minorités chinoises sont dans une situation qui présente de nombreux points communs.<ref>Bali Autrement, ''[http://www.baliautrement.com/chinoisindonesie.htm La longue marche des chinois d'Indonésie]''</ref>
    
=== Diviser pour mieux régner ===
 
=== Diviser pour mieux régner ===
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Par exemple au 17<sup>e</sup> siècle aux États-Unis, certaines révoltes mêlaient blancs pauvres et esclaves noirs, ce qui terrifiait les possédants. A cette époque, les possédants ont contre-attaqué en mettant beaucoup en avant le racisme, pour diviser.<ref>https://en.wikipedia.org/wiki/An_act_concerning_Servants_and_Slaves</ref><ref>Ibram X. Kendi, ''[[wen:Stamped from the Beginning|Stamped from the Beginning: The Definitive History of Racist Ideas in America]]'', Nation Books, 2016, p. 53-54, 67-68</ref> Hypocritement, ils prônaient l'unité des blancs alors même qu'ils avaient abondamment dénigré comme « [[w:White trash|white trash]] » les plus miséreux. Dans les dernières décennies en France, c'est souvent le racisme anti-maghrébins et l'[[islamophobie]] qui ont été attisés pour diviser.
 
Par exemple au 17<sup>e</sup> siècle aux États-Unis, certaines révoltes mêlaient blancs pauvres et esclaves noirs, ce qui terrifiait les possédants. A cette époque, les possédants ont contre-attaqué en mettant beaucoup en avant le racisme, pour diviser.<ref>https://en.wikipedia.org/wiki/An_act_concerning_Servants_and_Slaves</ref><ref>Ibram X. Kendi, ''[[wen:Stamped from the Beginning|Stamped from the Beginning: The Definitive History of Racist Ideas in America]]'', Nation Books, 2016, p. 53-54, 67-68</ref> Hypocritement, ils prônaient l'unité des blancs alors même qu'ils avaient abondamment dénigré comme « [[w:White trash|white trash]] » les plus miséreux. Dans les dernières décennies en France, c'est souvent le racisme anti-maghrébins et l'[[islamophobie]] qui ont été attisés pour diviser.
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Ce type d'utilisation politicienne est chronique dans le cadre du capitalisme, au point qu'on peut dire qu'elle est structurelle, et fait partie des ressorts des idéologies bourgeoises, aux côtés du [[nationalisme]] qui joue un rôle très proche. Car le sentiment de faire partie du même « bloc national-racial » que la majorité des capitalistes de son pays est de nature à désamorcer la [[lutte de classe]]. A l'inverse, la [[conscience de classe]] (complète) suppose par définition que tou·tes les travailleur·ses d'un pays se sentent solidaires, et antagoniques aux capitalistes (indépendamment de toute considération ethnique).
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Ce type d'utilisation politicienne est chronique dans le cadre du capitalisme, au point qu'on peut dire qu'elle est structurelle, et fait partie des ressorts des idéologies bourgeoises, aux côtés du [[nationalisme]] qui joue un rôle très proche. Car le sentiment de faire partie du même « bloc national-racial » que la majorité des capitalistes de son pays est de nature à désamorcer la [[lutte de classe]]. A l'inverse, la [[conscience de classe]] (complète) suppose par définition que tou·tes les travailleur·ses d'un pays se sentent solidaires, et antagoniques aux capitalistes (indépendamment de toute considération ethnique).<ref>''[https://www.contretemps.eu/bonnes-feuilles-race-et-capitalisme-coordonne-par-felix-boggio-ewanje-epee-et-stella-magliani-belkacem/ Ce que pourrait être une gauche antiraciste]'', Revue Contretemps, juin 2012</ref>
    
Dans ce sens il est juste de dire que le racisme est exploité par les dominants pour diviser. Mais il est faux de le réduire à cela dans une vision purement fonctionnaliste (« le racisme est juste un discours créé pour diviser »). Les divisions « raciales » (au sens sociologique) sont structurelles et matérielles, avec de nombreux effets sur les conditions de vie. Ce sont ces divisions matérielles qui sont le terreau des discours racistes. Elles ne peuvent pas cesser avec de simples changements de discours, et nécessitent d'aller vers des luttes de classes unifiantes.
 
Dans ce sens il est juste de dire que le racisme est exploité par les dominants pour diviser. Mais il est faux de le réduire à cela dans une vision purement fonctionnaliste (« le racisme est juste un discours créé pour diviser »). Les divisions « raciales » (au sens sociologique) sont structurelles et matérielles, avec de nombreux effets sur les conditions de vie. Ce sont ces divisions matérielles qui sont le terreau des discours racistes. Elles ne peuvent pas cesser avec de simples changements de discours, et nécessitent d'aller vers des luttes de classes unifiantes.
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C'est de cette matrice que sont sorties les fanatismes comme le [[nazisme]].
 
C'est de cette matrice que sont sorties les fanatismes comme le [[nazisme]].
==="Choc des civilisations" ===
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===Après-guerre ===
Les racialismes s'appuyant soi-disant sur la science étant de plus en plus discrédités, une idée de plus en plus défendue par les réactionnaires ces dernières années est celle du choc des cultures. Aux États-Unis, le conservateur Samuel Huntington publie en 1996 ''Le choc des civilisations'', dans lequel il prétend expliquer l'ordre géopolitique mondial par les différences de valeurs entre un Occident judéo-chrétien éclairé et un Orient musulman moyenâgeux...
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Les formes les plus haineuses de racisme reculent dans l'[[après-guerre]]. C'est l'effet du traumatisme des horreurs du nazisme et de la guerre en général, mais surtout de la [[croissance]] sans précédant qu'a connu le capitalisme dans les [[Trente Glorieuses|décennies 1945-1975]]. Malgré les inégalités, les populations dans leur ensemble voient leur niveau de vie augmenter. De larges pans des populations anciennement immigrées se voient plus acceptées et assimilées. Et en dehors de l'affrontement larvé entre les deux blocs pendant la [[guerre froide]], il n'y plus d'affrontement direct entre puissances impérialistes, et au contraire une tendance à l'intégration économique et politique ([[Union Européenne|Union européenne]], [[OMC]]...). Par ailleurs, les progrès des sciences rendent plus difficile pour les intellectuels réactionnaires de continuer à spéculer sur une  « inégalité biologique des races ».
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Dans ce contexte, les théories racistes semblent reculer. Il reste néanmoins de forts relents de racisme, moins assumé chez les [[politiciens]] [[libéraux]] (de gauche et de droite), plus assumé dans l'[[extrême droite]], et globalement diffus dans la population. Pour la première fois cependant, des mouvements [[anti-racistes]] de masse apparaissent en occident.
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Le [[Ralentissement économique des années 1970|ralentissement économique à partir des années 1970]], suivi du [[tournant néolibéral]], est cependant en train de refermer ces conditions relativement favorables aux idées égalitaires.
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==="Choc des civilisations" et 11 septembre ===
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Les racialismes s'appuyant soi-disant sur la science étant de plus en plus discrédités, une idée de plus en plus défendue par les réactionnaires ces dernières années est celle du choc des cultures. Aux États-Unis, le conservateur Samuel Huntington publie en 1996 ''[[w:Le Choc des civilisations|Le Choc des civilisations]]'', dans lequel il prétend expliquer l'ordre géopolitique mondial par les différences de valeurs entre un Occident judéo-chrétien éclairé et un Orient musulman moyenâgeux...
    
Cette idée gagne malheureusement des supporters à mesure que certains courants islamistes réactionnaires récupèrent la détresse des classes populaires pour mettre en place des théocraties ou mener des attentats. Les États-Unis, dont la politique impérialiste les rend premiers responsables de bien des situations de misère au Moyen-Orient, sont le foyer de ces idéologies racialistes. Et lorsqu'après les attentions de 2001 à New York G.W. Bush évoque le terme de "croisade" pour décrire sa guerre pétrolière, on n'est pas loin de retomber jusqu'aux justifications religieuses...
 
Cette idée gagne malheureusement des supporters à mesure que certains courants islamistes réactionnaires récupèrent la détresse des classes populaires pour mettre en place des théocraties ou mener des attentats. Les États-Unis, dont la politique impérialiste les rend premiers responsables de bien des situations de misère au Moyen-Orient, sont le foyer de ces idéologies racialistes. Et lorsqu'après les attentions de 2001 à New York G.W. Bush évoque le terme de "croisade" pour décrire sa guerre pétrolière, on n'est pas loin de retomber jusqu'aux justifications religieuses...
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Plus généralement, l'usage des statistiques de façon peu rigoureuse peut servir à légitimer des thèses racistes. On peut trouver des corrélations entre plusieurs variables... mais corrélation n'est pas explication&nbsp;! Par exemple, la criminalité est plus fréquente chez les "gens" de plus de 1m75... tout simplement parce que la criminalité est plus fréquente chez les hommes, et que les "gens" de plus de 1m75 sont très majoritairement des hommes. De même, la criminalité est plus fréquente chez les jeunes et les pauvres... Or les immigrés sont plus souvent des hommes, jeunes, et pauvres...<ref>André Kuhn, [http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2012/10/06/andre-kuhn-comment-sexplique-la-surrepresentation-des-etrangers-dans-la-criminalite/ Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité ?], 2012</ref>
 
Plus généralement, l'usage des statistiques de façon peu rigoureuse peut servir à légitimer des thèses racistes. On peut trouver des corrélations entre plusieurs variables... mais corrélation n'est pas explication&nbsp;! Par exemple, la criminalité est plus fréquente chez les "gens" de plus de 1m75... tout simplement parce que la criminalité est plus fréquente chez les hommes, et que les "gens" de plus de 1m75 sont très majoritairement des hommes. De même, la criminalité est plus fréquente chez les jeunes et les pauvres... Or les immigrés sont plus souvent des hommes, jeunes, et pauvres...<ref>André Kuhn, [http://www.asile.ch/vivre-ensemble/2012/10/06/andre-kuhn-comment-sexplique-la-surrepresentation-des-etrangers-dans-la-criminalite/ Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité ?], 2012</ref>
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La racialisation se fait sur des critères apparents, mais qui vont bien au-delà de la couleur de peau (croyances, habits, langue, traits culturels…).
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Mais il faut souligner que les idéologies ont une importance réelle. Aucun discours raciste concret n’est donc le produit d’un seul facteur matériel. Quelles que soient les bases matérielles des « races sociales », une fois l'idéologie autonomisée, ses manifestations touchent plus largement que les rapports de classe. Par exemple :
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* Une vague d’antisémitisme touche les nombreux Juif·ves pauvres qui viennent d’Europe de l’Est vers la fin du 19e siècle. Les Juif·ves intégrés à la bourgeoisie française prennent eux-mêmes part à cette vague en les traitant de « barbares » … mais ils se retrouveront visés aussi par l’antisémitisme.
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* Une Noir ou une Arabe a plus de chance de subir une discrimination qu’une Blanche de même classe sociale. Un rappeur noir même riche subira aussi le racisme omniprésent, par exemple en étant victime de contrôle au faciès. Même si le racisme particulièrement fort qu’ils subissent provient en dernière analyse des rapports coloniaux et de classe, le racisme agit d’abord comme racisme, avec des nuances suivant les classes.
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* Bien que différemment, l’islamophobie peut toucher tou·te·s les musulman·es quelle que soit leur classe ou pays d’origine.
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Les mécanismes du racisme structurel peuvent être :
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* Discrimination à l’embauche et ségrégation sociale (par exemple sur les chantiers, en général les gros travaux sont faits par les Noirs, les travaux plus techniques par les Arabes, et les contremaîtres sont blancs).
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* Discrimination au logement, ségrégation géographique
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* Contrôle au faciès et violences policières
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* Jugements pénaux réguliers, incarcération massive…
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Il y a bien un rapport de domination qui apporte certains bénéfices au groupe dominant en tant que tel : quand une personne du groupe dominé est discriminée au logement ou à l’emploi, c'est à l’inverse une personne du groupe dominant qui a plus de chances d’être prise. Cependant on ne peut pas parler véritablement de rapports d’exploitation entre les « races ». La relation, médiée, fait intervenir la classe dominante qui a de fait une responsabilité particulière : le propriétaire ou le patron qui discrimine, l’institution policière…
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==La lutte contre le racisme==
 
==La lutte contre le racisme==
    
=== Hypocrisie et instrumentalisation ===
 
=== Hypocrisie et instrumentalisation ===
 
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Lors de la [[Guerre russo-japonaise|guerre contre le Japon]] en 1904-1905, le tsar Nicolas II déclare qu'il va écraser ces ''«&nbsp;insolents macaques&nbsp;»'' (avant de subir une défaite cuisante qui choquera durablement les racistes blancs).
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Lors de la création de la [[Société des Nations]] en 1919 (ancêtre de l'[[Organisation des nations unies|ONU]]), le Japon propose le « [[w:Principe de l'égalité des races|principe de l'égalité des races]] ». Il ne s'agissait que d'un voile [[Idéologie|idéologique]] :  le Japon n'avait aucune intention de défendre une position de principe sincère (il [[Impérialisme japonais|colonisait lui-même d'autres nations asiatiques]]), mais utilisait seulement ce thème pour justifier auprès des puissances occidentales un statut de « grande puissance non-blanche mais néanmoins égale ».<ref>Naoko Shimazu, ''Japan, Race and Equality'', Routledge, 1998, 255 <abbr>p.</abbr> <small>(<nowiki>ISBN 0-415-17207-1</nowiki>)</small></ref>
 
Lors de la création de la [[Société des Nations]] en 1919 (ancêtre de l'[[Organisation des nations unies|ONU]]), le Japon propose le « [[w:Principe de l'égalité des races|principe de l'égalité des races]] ». Il ne s'agissait que d'un voile [[Idéologie|idéologique]] :  le Japon n'avait aucune intention de défendre une position de principe sincère (il [[Impérialisme japonais|colonisait lui-même d'autres nations asiatiques]]), mais utilisait seulement ce thème pour justifier auprès des puissances occidentales un statut de « grande puissance non-blanche mais néanmoins égale ».<ref>Naoko Shimazu, ''Japan, Race and Equality'', Routledge, 1998, 255 <abbr>p.</abbr> <small>(<nowiki>ISBN 0-415-17207-1</nowiki>)</small></ref>
    
=== Humanisme bourgeois et antiracisme moral ===
 
=== Humanisme bourgeois et antiracisme moral ===
 
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===Antiracisme politique et « race sociale »===
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Certains courants, souvent regroupés sous le nom d'[[antiracisme politique]], utilisent le concept de ''race sociale'' dans leur militantisme. Il ne s'agit pas de races biologiques (comme l'immense majorité des antiracistes ils considèrent que parler de races humaines au sens biologique n'est pas pertinent scientifiquement). Les races sociales sont des catégories comme les classes sociales, qui n'ont pas une origine biologique mais qui ont quand même une réalité sociale : il y a des groupes dominants et des groupes dominés, avec des conséquences très concrètes.
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Ainsi l'antiracisme politique considère qu'il ne faut pas se contenter de dénoncer des discours racistes explicites, mais qu'il faut analyser et comprendre l'ensemble de la division de la société en races sociales pour la dénoncer en tant que système. Il s'agit donc d'une dénonciation qui se veut bien plus radicale, et qui dénonce souvent des milieux politiques (y compris des organisations de gauche, antiracistes, etc.) comme participant à reproduire le racisme systémique. L'explication (se voulant matérialiste) étant le plus souvent que ces organisations (accusées de faire de «l'antiracisme moral») sont majoritairement composées de militant·e·s blanc·he·s). Dans cette vision, le fait d'appartenir à la catégorie des Blancs ("blanchité") apporte des privilèges (en moyenne), au delà de la classe sociale. L'origine de la construction des races sociales serait essentiellement le [[colonialisme]] et l'[[impérialisme]] (le champ théorique associé à cette vision est ainsi appelé ''études post-coloniales'').
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Comme les classes sociales, les études post-coloniales ont un objet d'étude qui est évolutif en fonction des lieux et des époques. Par exemple, étant donné la variété d'ethnies et de cultures différentes des juif·ves, il serait peu pertinent d'étudier l'histoire à l'aide de la notion de «peuple juif». Cependant, les idéologies antisémites du 20<sup>e</sup> siècle d'une part, et le sionisme d'autre part, ont créé une sorte de catégorie "juif", péjorative ou méliorative selon qui l'utilise, qui prend de fait le dessus sur des identités plus anciennes. Il y a un processus similaire en ce qui concerne la «négritude». Il est évident qu'historiquement, sur des milliers d'années, les différentes cultures (parfois antagoniques) se sont développées en Afrique, comme en Europe. Mais le racisme négrophobe développé par les puissances européennes a créé une image commune «des Noirs», «des Africains», et à la faveur des luttes d'émancipation contre l'esclavage, la décolonisation, etc, de nombreux Africains (dont des théoriciens comme Césaire) sont partis de cette identité noire (la négritude), de cette communauté de destin, pour définir leur lutte.
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En France on retrouve dans ce courant le MWASI, la Brigade anti-négrophobie, le Collectif Stop le contrôle au faciès, le Parti des Indigènes de la République (PIR)...<ref>Indigènes TV, [https://www.youtube.com/watch?v=CkEzbn93dQI L'invention de la « race blanche »], 2014</ref>
    
===Mouvement ouvrier / socialiste===
 
===Mouvement ouvrier / socialiste===
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Le racisme a été et reste plus que jamais un obstacle majeur à la constitution d'une conscience de classe véritable. Comprendre les manifestations du [[Racisme dans le mouvement socialiste|racisme dans le socialisme et le mouvement ouvrier]] est donc d'une importance capitale pour les communistes.
 
Le racisme a été et reste plus que jamais un obstacle majeur à la constitution d'une conscience de classe véritable. Comprendre les manifestations du [[Racisme dans le mouvement socialiste|racisme dans le socialisme et le mouvement ouvrier]] est donc d'une importance capitale pour les communistes.
===Antiracisme politique et « race sociale »===
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Certains courants, souvent regroupés sous le nom d'[[antiracisme politique]], utilisent le concept de ''race sociale'' dans leur militantisme. Il ne s'agit pas de races biologiques (comme l'immense majorité des antiracistes ils considèrent que parler de races humaines au sens biologique n'est pas pertinent scientifiquement). Les races sociales sont des catégories comme les classes sociales, qui n'ont pas une origine biologique mais qui ont quand même une réalité sociale : il y a des groupes dominants et des groupes dominés, avec des conséquences très concrètes.
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Ainsi l'antiracisme politique considère qu'il ne faut pas se contenter de dénoncer des discours racistes explicites, mais qu'il faut analyser et comprendre l'ensemble de la division de la société en races sociales pour la dénoncer en tant que système. Il s'agit donc d'une dénonciation qui se veut bien plus radicale, et qui dénonce souvent des milieux politiques (y compris des organisations de gauche, antiracistes, etc.) comme participant à reproduire le racisme systémique. L'explication (se voulant matérialiste) étant le plus souvent que ces organisations (accusées de faire de «l'antiracisme moral») sont majoritairement composées de militant·e·s blanc·he·s). Dans cette vision, le fait d'appartenir à la catégorie des Blancs ("blanchité") apporte des privilèges (en moyenne), au delà de la classe sociale. L'origine de la construction des races sociales serait essentiellement le [[colonialisme]] et l'[[impérialisme]] (le champ théorique associé à cette vision est ainsi appelé ''études post-coloniales'').
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Comme les classes sociales, les études post-coloniales ont un objet d'étude qui est évolutif en fonction des lieux et des époques. Par exemple, étant donné la variété d'ethnies et de cultures différentes des juif·ves, il serait peu pertinent d'étudier l'histoire à l'aide de la notion de «peuple juif». Cependant, les idéologies antisémites du 20<sup>e</sup> siècle d'une part, et le sionisme d'autre part, ont créé une sorte de catégorie "juif", péjorative ou méliorative selon qui l'utilise, qui prend de fait le dessus sur des identités plus anciennes. Il y a un processus similaire en ce qui concerne la «négritude». Il est évident qu'historiquement, sur des milliers d'années, les différentes cultures (parfois antagoniques) se sont développées en Afrique, comme en Eruope. Mais le racisme négrophobe développé par les puissances européennes a créé une image commune «des Noirs», «des Africains», et à la faveur des luttes d'émancipation contre l'esclavage, la décolonisation, etc, de nombreux Africains (dont des théoriciens comme Césaire) sont partis de cette identité noire (la négritude), de cette communauté de destin, pour définir leur lutte.
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En France on retrouve dans ce courant le MWASI, la Brigade anti-négrophobie, le Collectif Stop le contrôle au faciès, le Parti des Indigènes de la République (PIR)...<ref>Indigènes TV, [https://www.youtube.com/watch?v=CkEzbn93dQI L'invention de la « race blanche »], 2014</ref> La notion de race sociale soulève de nombreuses polémiques dans les milieux militants.<ref>LMSI, [http://lmsi.net/Vous-avez-dit-race-sociale ''Vous avez dit « race sociale » ?''], 2015</ref>
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La notion de race sociale soulève de nombreuses polémiques parmi les communistes.<ref>LMSI, [http://lmsi.net/Vous-avez-dit-race-sociale ''Vous avez dit « race sociale » ?''], 2015</ref> Il s'agit de désaccords dans l'analyse de ce qu'est le racisme (structurel ? si oui quelle est l'autonomie par rapport à la lutte des classes ?), mais aussi, de façon liée, de désaccords sur l'attitude à avoir vis-à-vis de mouvements extérieurs au mouvement ouvrier, ou de groupes spécifiques au sein du mouvement ouvrier, voire de groupes non mixtes.
 
==Exemples==
 
==Exemples==
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{{Voir|Racisme en France}}
 
{{Voir|Racisme en France}}
{{See also|Racisme,_mouvement_ouvrier_et_socialisme#France{{!}}Racisme dans le mouvement ouvrier en France}}
   
[[File:TintinAuCongo.jpg|right|300px|TintinAuCongo.jpg]]Il est particulièrement important pour les militants communistes français d'étudier l'histoire du racisme en France et son actualité brûlante.
 
[[File:TintinAuCongo.jpg|right|300px|TintinAuCongo.jpg]]Il est particulièrement important pour les militants communistes français d'étudier l'histoire du racisme en France et son actualité brûlante.
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===États-Unis===
 
===États-Unis===
{{See also|w:Racisme aux États-Unis{{!}}Racisme aux États-Unis}}
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{{See also|w:Racisme aux États-Unis{{!}}Racisme aux États-Unis (Wikipédia)}}
 
{{See also|Racisme,_mouvement_ouvrier_et_socialisme#.C3.89tats-Unis{{!}}Racisme dans le mouvement ouvrier aux États-Unis}}
 
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Les oppositions entre nationalités ont été un obstacle majeur à l'unité de classe aux États-Unis, avec plus qu'ailleurs une histoire de violences inscrites dans la durée, d'abord dans l'[[esclavage]], puis [[wen:Nadir of American race relations|entre les années 1870 et 1920]].
 
Les oppositions entre nationalités ont été un obstacle majeur à l'unité de classe aux États-Unis, avec plus qu'ailleurs une histoire de violences inscrites dans la durée, d'abord dans l'[[esclavage]], puis [[wen:Nadir of American race relations|entre les années 1870 et 1920]].
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===Royaume-Uni===
 
===Royaume-Uni===
{{See also|w:Racisme au Royaume-Uni{{!}}Racisme au Royaume-Uni}}
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{{See also|w:Racisme au Royaume-Uni{{!}}Racisme au Royaume-Uni (Wikipédia)}}
 
{{See also|Racisme,_mouvement_ouvrier_et_socialisme#Royaume-Uni{{!}}Racisme dans le mouvement ouvrier au Royaume-Uni}}
 
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La domination britannique sur l'Irlande a engendré un racisme structurel des Anglais à l'encontre des Irlandais. De nombreux et nombreuses Irlandais·es émigrent vers les cités industrielles anglaises, et s'y retrouvent tout en bas de l'échelle, souvent méprisés par les ouvriers anglais eux-mêmes. Le journal Punch disait des Irlandais qu'ils étaient le « chaînon manquant entre le singe et le Nègre ».
 
La domination britannique sur l'Irlande a engendré un racisme structurel des Anglais à l'encontre des Irlandais. De nombreux et nombreuses Irlandais·es émigrent vers les cités industrielles anglaises, et s'y retrouvent tout en bas de l'échelle, souvent méprisés par les ouvriers anglais eux-mêmes. Le journal Punch disait des Irlandais qu'ils étaient le « chaînon manquant entre le singe et le Nègre ».
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L’islamophobie s’enracine dans l’histoire des Croisades menées à l’époque médiévale par les Etats européens. Elle s’appuie ensuite sur le refoulement des origines arabes et islamiques de la culture européennes. Il n’y aurait pas eu de développement des Lumières, de la culture occidentale et du capitalisme sans l’apport de la civilisation musulmane et de l’Islam qui font partie des bases de notre culture. Mais la culture bourgeoise européenne s’est développée depuis cette période en refoulant ce lien avec la culture musulman, ce qui participait de l’idée de la supériorité de l’occident sur le reste du monde. L’islamophobie n’est donc pas un phénomène isolé aujourd’hui. C’est une forme de racisme qui permet de justifier des politiques discriminatoires en France, aux Etats Unis et de multiplier des interventions contre «&nbsp;le soi-disant axe du Mal&nbsp;». C’est pourquoi il nous faut lutter en permanence contre toutes les discriminations islamophobes et plus largement contre toutes les formes de racisme en mettant en avant les intérêts communs des travailleurs, qu’ils soient blancs, noirs, chrétiens, musulmans... face à ceux qui nous dominent.
 
L’islamophobie s’enracine dans l’histoire des Croisades menées à l’époque médiévale par les Etats européens. Elle s’appuie ensuite sur le refoulement des origines arabes et islamiques de la culture européennes. Il n’y aurait pas eu de développement des Lumières, de la culture occidentale et du capitalisme sans l’apport de la civilisation musulmane et de l’Islam qui font partie des bases de notre culture. Mais la culture bourgeoise européenne s’est développée depuis cette période en refoulant ce lien avec la culture musulman, ce qui participait de l’idée de la supériorité de l’occident sur le reste du monde. L’islamophobie n’est donc pas un phénomène isolé aujourd’hui. C’est une forme de racisme qui permet de justifier des politiques discriminatoires en France, aux Etats Unis et de multiplier des interventions contre «&nbsp;le soi-disant axe du Mal&nbsp;». C’est pourquoi il nous faut lutter en permanence contre toutes les discriminations islamophobes et plus largement contre toutes les formes de racisme en mettant en avant les intérêts communs des travailleurs, qu’ils soient blancs, noirs, chrétiens, musulmans... face à ceux qui nous dominent.
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les politiciens bourgeois, qui ne peuvent capter de la popularité par des mesures sociales profitant à tous.tes, tendent à avoir recours aux boucs émissaires.
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En France dans les années 1980, le discours contre le « péril musulman » a notamment été initié par le PS au moment-même où il décevait les espoirs ouvriers, et avait besoin de boucs émissaires<ref>Libération, ''[https://www.liberation.fr/france/2017/01/03/l-usine-psa-d-aulnay-sous-influence-islamiste-un-argument-qui-remonte-a-1983_1519221/ L'usine PSA d'Aulnay sous influence islamiste ? Un argument qui remonte à 1983]'', 2017</ref>.
    
===Antisémitisme===
 
===Antisémitisme===

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