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[[File:Trotski et l'Armée Rouge.jpg|398x253px|Trotski haranguant l'Armée Rouge|alt=|vignette]]  
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La '''guerre civile russe''', successive à la [[Révolution_d’Octobre|Révolution d’Octobre]] a duré exactement cinq ans, du 29 octobre 1917 au 25 octobre 1922. Causant entre 8 et 20 millions, elle s'est conclue par la victoire de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], sur les [[Armées_blanches|armées blanches]] (soutenues par des forces impérialistes) et les [[Armées_vertes|armées vertes]], mais au prix d'une [[Bureaucratisation_soviétique|bureaucratisation]] très forte du régime.{{AjoutDates|29/10/1917|25/10/1922}}
 
La '''guerre civile russe''', successive à la [[Révolution_d’Octobre|Révolution d’Octobre]] a duré exactement cinq ans, du 29 octobre 1917 au 25 octobre 1922. Causant entre 8 et 20 millions, elle s'est conclue par la victoire de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], sur les [[Armées_blanches|armées blanches]] (soutenues par des forces impérialistes) et les [[Armées_vertes|armées vertes]], mais au prix d'une [[Bureaucratisation_soviétique|bureaucratisation]] très forte du régime.{{AjoutDates|29/10/1917|25/10/1922}}
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La haine du régime tyrannique des tsars dans les classes populaires russes était également très forte. Elle avait déjà conduit à la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]]. Mais le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire bourgeois]] ne prenait aucune mesure radicale, ne répondait pas aux besoins sociaux, et surtout, prolongeait la guerre. Dans cette situation d'entre-deux, le camp des révolutionnaires ([[Bolchéviks|bolchéviks]]) se renforçait, en parallèle du renforcement de la [[Contre-révolution|contre-révolution]]. Comme le souligne [[Trotski|Trotski]] :
 
La haine du régime tyrannique des tsars dans les classes populaires russes était également très forte. Elle avait déjà conduit à la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]]. Mais le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire bourgeois]] ne prenait aucune mesure radicale, ne répondait pas aux besoins sociaux, et surtout, prolongeait la guerre. Dans cette situation d'entre-deux, le camp des révolutionnaires ([[Bolchéviks|bolchéviks]]) se renforçait, en parallèle du renforcement de la [[Contre-révolution|contre-révolution]]. Comme le souligne [[Trotski|Trotski]] :
<blockquote>"Ou bien Kornilov, ou bien Lénine" - c'est ainsi que Milioukov posait l'alternative. Lénine, de son côté, écrivait&nbsp;: "Ou bien le pouvoir des soviets, ou bien le kornilovisme. Il n'y a pas de milieu." C'est à ce point que Milioukov et Lénine coïncidaient dans leur jugement sur la situation, et non point par hasard&nbsp;: en contrepoids aux héros de la phrase conciliatrice c'étaient deux représentants sérieux des classes fondamentales de la société. Déjà la Conférence d'État de Moscou avait clairement montré, d'après les termes mêmes de Milioukov, que "le pays se partageait en deux camps entre lesquels il ne pouvait y avoir de conciliation ni d'accord sur le fond". Mais là où, entre deux camps de la société, il ne peut y avoir d'accord, l'affaire se résout par la guerre civile. <ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref></blockquote>  
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"Ou bien Kornilov, ou bien Lénine" - c'est ainsi que Milioukov posait l'alternative. Lénine, de son côté, écrivait&nbsp;: "Ou bien le pouvoir des soviets, ou bien le kornilovisme. Il n'y a pas de milieu." C'est à ce point que Milioukov et Lénine coïncidaient dans leur jugement sur la situation, et non point par hasard&nbsp;: en contrepoids aux héros de la phrase conciliatrice c'étaient deux représentants sérieux des classes fondamentales de la société. Déjà la Conférence d'État de Moscou avait clairement montré, d'après les termes mêmes de Milioukov, que "le pays se partageait en deux camps entre lesquels il ne pouvait y avoir de conciliation ni d'accord sur le fond". Mais là où, entre deux camps de la société, il ne peut y avoir d'accord, l'affaire se résout par la guerre civile. <ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref>
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Néanmoins presque personne ne «&nbsp;souhaitait&nbsp;» la guerre civile au sens de conflit sanglant. Les [[Conciliateurs|conciliateurs]] agitaient ce spectre jusqu'au dernier moment pour condamner toute rupture franche avec la bourgeoisie. Les bolchéviks insistaient au contraire sur le fait que plus le camp révolutionnaire serait résolu, moins il y aurait de violence. A de nombreuses reprises ils ont [[Interpellation|interpellé]] les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] dans ce sens.
 
Néanmoins presque personne ne «&nbsp;souhaitait&nbsp;» la guerre civile au sens de conflit sanglant. Les [[Conciliateurs|conciliateurs]] agitaient ce spectre jusqu'au dernier moment pour condamner toute rupture franche avec la bourgeoisie. Les bolchéviks insistaient au contraire sur le fait que plus le camp révolutionnaire serait résolu, moins il y aurait de violence. A de nombreuses reprises ils ont [[Interpellation|interpellé]] les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] dans ce sens.
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''«&nbsp;Je crois que tous ceux qui sont allés en Russie ces temps derniers sont convaincus que le gouvernement actuel est stable. Il pourra subir des modifications internes et pourrait facilement, sans Lénine, devenir une autocratie militaire bonapartiste. Mais ce serait là un changement émanant de l’intérieur – changement qui peut-être ne serait pas très grand – et qui ne ferait sans doute pas grand-chose pour modifier le système économique.&nbsp;»'' <span>​</span>''<ref name="Russel1920">Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span>​</span>
 
''«&nbsp;Je crois que tous ceux qui sont allés en Russie ces temps derniers sont convaincus que le gouvernement actuel est stable. Il pourra subir des modifications internes et pourrait facilement, sans Lénine, devenir une autocratie militaire bonapartiste. Mais ce serait là un changement émanant de l’intérieur – changement qui peut-être ne serait pas très grand – et qui ne ferait sans doute pas grand-chose pour modifier le système économique.&nbsp;»'' <span>​</span>''<ref name="Russel1920">Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span>​</span>
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===Derniers combats===
 
===Derniers combats===
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En juillet 1919, [[Lénine|Lénine]] fait une déclaration pleine d'optimisme&nbsp;:
 
En juillet 1919, [[Lénine|Lénine]] fait une déclaration pleine d'optimisme&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Ce mois de juillet est le dernier mois de juillet difficile. Le prochain mois de juillet, nous saluerons la victoire de la République internationale des Soviets et cette victoire sera irréversible et totale&nbsp;»<ref>Lénine, Rapport sur la situation intérieure et extérieure de la République, Conférence du P.C. de Russie (bolchevik) pour la région de Moscou, 12 juillet 1919</ref></blockquote>  
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«&nbsp;Ce mois de juillet est le dernier mois de juillet difficile. Le prochain mois de juillet, nous saluerons la victoire de la République internationale des Soviets et cette victoire sera irréversible et totale&nbsp;»<ref>Lénine, Rapport sur la situation intérieure et extérieure de la République, Conférence du P.C. de Russie (bolchevik) pour la région de Moscou, 12 juillet 1919</ref>
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Toutefois, l’atmosphère turbulente qui menaçait le capitalisme ne dura pas longtemps. A la fin mai, la république soviétique bavaroise, isolée même en Allemagne, tombait. Elle fut suivie en août par la république soviétique hongroise qui succombait à cause de disputes internes et face à l’armée roumaine appuyée par les Alliés. A l’automne, la menace Blanche, en Russie, atteignait son maximum. Youdenitch était aux portes de Petrograd, Koltchak arrivait de Sibérie et Denikine d’Ukraine. En octobre et novembre 1919, la survie du régime ne tenait qu’à un fil.
 
Toutefois, l’atmosphère turbulente qui menaçait le capitalisme ne dura pas longtemps. A la fin mai, la république soviétique bavaroise, isolée même en Allemagne, tombait. Elle fut suivie en août par la république soviétique hongroise qui succombait à cause de disputes internes et face à l’armée roumaine appuyée par les Alliés. A l’automne, la menace Blanche, en Russie, atteignait son maximum. Youdenitch était aux portes de Petrograd, Koltchak arrivait de Sibérie et Denikine d’Ukraine. En octobre et novembre 1919, la survie du régime ne tenait qu’à un fil.
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Pourtant la situation matérielle était extrêmement difficile. Quand [[Victor_Serge|Victor Serge]] arrive à Petrograd en janvier 1919, il témoigne&nbsp;:
 
Pourtant la situation matérielle était extrêmement difficile. Quand [[Victor_Serge|Victor Serge]] arrive à Petrograd en janvier 1919, il témoigne&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Nous entrions dans un monde mortellement glacé. [...] Nous reçûmes dans un centre d’accueil de minimes rations de pain noir et de poisson sec. Jamais nul d’entre nous n’avait connu de si misérable nourriture. Des jeunes femmes en bandeau rouge et des jeunes agitateurs à lunettes nous résumaient l’état des choses: “famine, typhus et contre révolution partout”. Mais la révolution mondiale va nous sauver.&nbsp;»''</blockquote>  
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''«&nbsp;Nous entrions dans un monde mortellement glacé. [...] Nous reçûmes dans un centre d’accueil de minimes rations de pain noir et de poisson sec. Jamais nul d’entre nous n’avait connu de si misérable nourriture. Des jeunes femmes en bandeau rouge et des jeunes agitateurs à lunettes nous résumaient l’état des choses: “famine, typhus et contre révolution partout”. Mais la révolution mondiale va nous sauver.&nbsp;»''
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Un vieux dissident soviétique, Grigori Pomerants, raconte dans la revue russe ''Novy Mir'' d’août 2001 l’épisode suivant, très révélateur. En 1950, il avait comme voisin au Goulag un paysan «&nbsp;devenu antisoviétique&nbsp;», mais, dit-il, ''«&nbsp;en 1920, après avoir entendu un discours de Trotski ou de Zinoviev, il était prêt à partir à l’assaut du ciel. Et pas seulement lui, son régiment tout entier (...). Les rouges étaient prêts à donner leur vie pour le monde des soviets, pour un monde sans mendiants et sans infirmes.&nbsp;»'' Il ajoute ''«&nbsp;Croyez-en un soldat de la guerre&nbsp;: aucune bataille n’a jamais été gagnée par la terreur. La terreur est un moyen auxiliaire dans le combat&nbsp;; le facteur décisif, c’est l’enthousiasme.&nbsp;»''
 
Un vieux dissident soviétique, Grigori Pomerants, raconte dans la revue russe ''Novy Mir'' d’août 2001 l’épisode suivant, très révélateur. En 1950, il avait comme voisin au Goulag un paysan «&nbsp;devenu antisoviétique&nbsp;», mais, dit-il, ''«&nbsp;en 1920, après avoir entendu un discours de Trotski ou de Zinoviev, il était prêt à partir à l’assaut du ciel. Et pas seulement lui, son régiment tout entier (...). Les rouges étaient prêts à donner leur vie pour le monde des soviets, pour un monde sans mendiants et sans infirmes.&nbsp;»'' Il ajoute ''«&nbsp;Croyez-en un soldat de la guerre&nbsp;: aucune bataille n’a jamais été gagnée par la terreur. La terreur est un moyen auxiliaire dans le combat&nbsp;; le facteur décisif, c’est l’enthousiasme.&nbsp;»''
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Le 22 octobre 1919, alors que Petrograd est soumise à l’offensive de l’Armée Blanche de [[Ioudenitch|Ioudenitch]], soutenu par le gouvernement britannique, et risque de tomber, Trotski publie l’ordre du jour n°&nbsp;158 exigeant le respect de la vie des prisonniers&nbsp;:
 
Le 22 octobre 1919, alors que Petrograd est soumise à l’offensive de l’Armée Blanche de [[Ioudenitch|Ioudenitch]], soutenu par le gouvernement britannique, et risque de tomber, Trotski publie l’ordre du jour n°&nbsp;158 exigeant le respect de la vie des prisonniers&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Camarades soldats de l’Armée rouge&nbsp;! Épargnez les prisonniers&nbsp;! Recevez amicalement les transfuges. Dans l’armée blanche, les ennemis vénaux, corrompus, sans honneur, les ennemis du peuple travailleur sont une insignifiante minorité. La majorité écrasante est faite d’hommes dupés ou mobilisés de force. Une part importante même des officiers de la Garde Blanche combat contre la Russie soviétique sous la menace de la trique, ou parce qu’elle a été trompée par les agents des financiers russes et anglo-français et des propriétaires.&nbsp;» Et Trotski souligne plus loin que son appel «&nbsp;ne s’adresse pas seulement aux simples soldats, mais aussi aux officiers&nbsp;».&nbsp;''</blockquote>  
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''«&nbsp;Camarades soldats de l’Armée rouge&nbsp;! Épargnez les prisonniers&nbsp;! Recevez amicalement les transfuges. Dans l’armée blanche, les ennemis vénaux, corrompus, sans honneur, les ennemis du peuple travailleur sont une insignifiante minorité. La majorité écrasante est faite d’hommes dupés ou mobilisés de force. Une part importante même des officiers de la Garde Blanche combat contre la Russie soviétique sous la menace de la trique, ou parce qu’elle a été trompée par les agents des financiers russes et anglo-français et des propriétaires.&nbsp;» Et Trotski souligne plus loin que son appel «&nbsp;ne s’adresse pas seulement aux simples soldats, mais aussi aux officiers&nbsp;».&nbsp;''
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Les armées envoyées pour combattre la révolution russe n’étaient pas immunisées contre les troubles&nbsp;: à Arkhangelsk, les troupes française, britannique et américaine refusèrent de se battre, et des forces françaises durent être évacuées d’Odessa et d’autres ports de la mer Noire après des mutineries.<ref>E. H. CARR, La Révolution bolchevique, 1917-1923, vol. 3, trad. de l’anglais par M. Pouteau, Éditions de Minuit, Paris, 1974, p. 139.</ref>
 
Les armées envoyées pour combattre la révolution russe n’étaient pas immunisées contre les troubles&nbsp;: à Arkhangelsk, les troupes française, britannique et américaine refusèrent de se battre, et des forces françaises durent être évacuées d’Odessa et d’autres ports de la mer Noire après des mutineries.<ref>E. H. CARR, La Révolution bolchevique, 1917-1923, vol. 3, trad. de l’anglais par M. Pouteau, Éditions de Minuit, Paris, 1974, p. 139.</ref>
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Le pouvoir prive les réactionnaires de droits politiques et suspend leurs journaux. Les mesures d'interdiction s'étendent de plus en plus à d'autres types d'opposants, comme les [[Menchéviks|menchéviks]], les [[Socialistes-Révolutionnaires|SR]] et les [[Anarchisme_russe|anarchistes]]. Il s'agissait, comme l'écrivait Lénine, de mesures ''«&nbsp;essentiellement russes&nbsp;»''&nbsp;: des mesures d'exception, de légitime défense. Trotski écrivait également&nbsp;:
 
Le pouvoir prive les réactionnaires de droits politiques et suspend leurs journaux. Les mesures d'interdiction s'étendent de plus en plus à d'autres types d'opposants, comme les [[Menchéviks|menchéviks]], les [[Socialistes-Révolutionnaires|SR]] et les [[Anarchisme_russe|anarchistes]]. Il s'agissait, comme l'écrivait Lénine, de mesures ''«&nbsp;essentiellement russes&nbsp;»''&nbsp;: des mesures d'exception, de légitime défense. Trotski écrivait également&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;''Aux époques difficiles de la vie des peuples et des classes correspondent des mesures sévères. ''Plus nous avancerons, plus ce sera facile, plus chaque citoyen se sentira libre, et moins se fera sentir la force de coercition de l'Etat prolétarien. Peut-être autoriserons-nous alors les journaux mencheviks, en admettant qu'à cette époque il y ait encore des mencheviks.&nbsp;»''<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme - 9. Les questions d'organisation du travail]'', 1920</ref></blockquote>  
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''«&nbsp;''Aux époques difficiles de la vie des peuples et des classes correspondent des mesures sévères. ''Plus nous avancerons, plus ce sera facile, plus chaque citoyen se sentira libre, et moins se fera sentir la force de coercition de l'Etat prolétarien. Peut-être autoriserons-nous alors les journaux mencheviks, en admettant qu'à cette époque il y ait encore des mencheviks.&nbsp;»''<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme - 9. Les questions d'organisation du travail]'', 1920</ref>
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En août 1918, [[Martov|Martov]] publie une brochure à Moscou pour dénoncer l'utilisation de la peine de mort par les bolchéviks, qui l'avaient toujours combattue dans l'opposition.<ref>Julius Martov, ''[https://www.marxists.org/francais/martov/works/1918/08/martov_19180800.htm A bas la peine de mort !]'', 1918</ref>
 
En août 1918, [[Martov|Martov]] publie une brochure à Moscou pour dénoncer l'utilisation de la peine de mort par les bolchéviks, qui l'avaient toujours combattue dans l'opposition.<ref>Julius Martov, ''[https://www.marxists.org/francais/martov/works/1918/08/martov_19180800.htm A bas la peine de mort !]'', 1918</ref>
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«&nbsp;Si mes études et mes observations de jeunesse ne m’avaient pas convertie à la philosophie matérialiste, ma vie en cette période de «&nbsp;communisme de guerre&nbsp;» aurait suffi à le faire. Je pus constater à quel point, du jour au lendemain, les besoins matériels pouvaient transformer – et défigurer – les êtres humains, et rogner les ailes de la révolution elle-même. (…) J’ai vu des individus qui avaient lutté de toutes leurs forces pour l’abolition de la propriété privée courir chez eux avec un peu de farine ou un morceau de hareng en prenant bien soin de les camoufler sous leur manteau pour éviter les regards d’envie de camarades affamés.&nbsp;»<ref>A. Balabanova, ''Ma vie de rebelle'', 1938</ref>
 
«&nbsp;Si mes études et mes observations de jeunesse ne m’avaient pas convertie à la philosophie matérialiste, ma vie en cette période de «&nbsp;communisme de guerre&nbsp;» aurait suffi à le faire. Je pus constater à quel point, du jour au lendemain, les besoins matériels pouvaient transformer – et défigurer – les êtres humains, et rogner les ailes de la révolution elle-même. (…) J’ai vu des individus qui avaient lutté de toutes leurs forces pour l’abolition de la propriété privée courir chez eux avec un peu de farine ou un morceau de hareng en prenant bien soin de les camoufler sous leur manteau pour éviter les regards d’envie de camarades affamés.&nbsp;»<ref>A. Balabanova, ''Ma vie de rebelle'', 1938</ref>
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La guerre civile, à la suite de la [[Guerre_de_1914-1918|guerre de 1914-1917]], avait ruiné le pays, paralysé son industrie et ses transports. La production industrielle était seulement d’un cinquième de celle de 1913 et la production agricole était descendue de moitié. L’économiste bolchevik L Kritsman décrivait la situation comme un effondrement ''«&nbsp;sans équivalent dans l’histoire de l’humanité&nbsp;»''. Le [[Marché_noir|marché noir]] est florissant, et la [[Monnaie|monnaie]] qui ne vaut plus rien a presque disparu et on assiste au retour du [[Troc|troc]].
 
La guerre civile, à la suite de la [[Guerre_de_1914-1918|guerre de 1914-1917]], avait ruiné le pays, paralysé son industrie et ses transports. La production industrielle était seulement d’un cinquième de celle de 1913 et la production agricole était descendue de moitié. L’économiste bolchevik L Kritsman décrivait la situation comme un effondrement ''«&nbsp;sans équivalent dans l’histoire de l’humanité&nbsp;»''. Le [[Marché_noir|marché noir]] est florissant, et la [[Monnaie|monnaie]] qui ne vaut plus rien a presque disparu et on assiste au retour du [[Troc|troc]].
  

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