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[[Fichier:Viva a montanha! Revolução Francesa. .jpg|vignette|493x493px|« Vive la Montagne ; Vive la République une et indivisible » ]]
 
[[Fichier:Viva a montanha! Revolução Francesa. .jpg|vignette|493x493px|« Vive la Montagne ; Vive la République une et indivisible » ]]
La '''Montagne''' est le nom donné au groupe [[politique]] [[bourgeois]] le plus radical parmi les députés actifs pendant la [[Révolution française]]. Ce nom de '''montagnards''' vient du  fait qu'ils occupaient les bancs les plus élevés de la salle où se réunissait la [[w:Convention nationale|Convention nationale]].  
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La '''Montagne''' est le nom donné au groupe [[politique]] [[bourgeois]] le plus radical parmi les députés actifs pendant la [[Révolution française]] (Danton, Marat, [[Robespierre]]...). Ce nom de '''montagnards''' vient du  fait qu'ils occupaient les bancs les plus élevés de la salle où se réunissait la [[w:Convention nationale|Convention nationale]].  
    
Beaucoup se réunissaient au [[Club des Jacobins]], ce qui fait que montagnard est devenu synonyme de [[jacobin]].  
 
Beaucoup se réunissaient au [[Club des Jacobins]], ce qui fait que montagnard est devenu synonyme de [[jacobin]].  
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Ils furent le groupe politique moteur de la [[Terreur]], qui renforça la [[w:Première République|République]] face aux ennemis de l'intérieur et de l'extérieur, mais finit aussi par se retourner contre les mouvements populaires. Une fois les principaux dangers passés et l'énergie révolutionnaire retombée, la base pour leur [[dictature]] disparut. Ils se divisèrent violemment entre eux et perdirent un à un leurs soutiens. 
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Leur chute est suivie par une [[Réaction thermidorienne|vague réactionnaire]]. Mais sur le plan économique et social, le [[capitalisme]] avait désormais le champ libre en France. 
    
== Origines ==
 
== Origines ==
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*Le jacobinisme conservateur de [[w:Antoine Barnave|Barnave]] en 1790,
 
*Le jacobinisme conservateur de [[w:Antoine Barnave|Barnave]] en 1790,
 
*le jacobinisme ''mixte'' de 1792 où dominèrent [[w:Jacques Pierre Brissot|Brissot]] et les [[Girondins]],
 
*le jacobinisme ''mixte'' de 1792 où dominèrent [[w:Jacques Pierre Brissot|Brissot]] et les [[Girondins]],
*le jacobinisme de 1793, celui des [[Montagne (Révolution française)|Montagnards]] (Danton, Marat, Robespierre...).
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*le jacobinisme de 1793, celui des Montagnards (Danton, Marat, Robespierre...).
 
Les événements historiques ont fait que le terme de Jacobins est devenu associé à la période de la Montagne, et plus particulièrement à celle du leadership de Robespierre, le paroxysme de la radicalité atteinte par l'[[État]] révolutionnaire avant la [[réaction thermidorienne]].
 
Les événements historiques ont fait que le terme de Jacobins est devenu associé à la période de la Montagne, et plus particulièrement à celle du leadership de Robespierre, le paroxysme de la radicalité atteinte par l'[[État]] révolutionnaire avant la [[réaction thermidorienne]].
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Le 5 juillet 1792 l'Assemblée déclare la nation « en danger ». Tous les citoyens en mesure de prendre les armes et de servir dans la Garde nationale sont placés en service actif. Des piques sont distribuées à ceux qui ne peuvent se procurer d'armes, et des drapeaux sont placés dans les espaces publics, avec ces mots : « Citoyens ! La Patrie est en danger ! » Des volontaires affluaient de tout le pays vers Paris pour s'enrôler.
 
Le 5 juillet 1792 l'Assemblée déclare la nation « en danger ». Tous les citoyens en mesure de prendre les armes et de servir dans la Garde nationale sont placés en service actif. Des piques sont distribuées à ceux qui ne peuvent se procurer d'armes, et des drapeaux sont placés dans les espaces publics, avec ces mots : « Citoyens ! La Patrie est en danger ! » Des volontaires affluaient de tout le pays vers Paris pour s'enrôler.
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Dans le même temps montait la suspicion de trahison contre le roi et la haute noblesse, notamment les généraux. Une ambiance [[Insurrection|insurrectionnelle]] gagne Paris. Les Montagnards s'appuient alors sur la radicalité spontanée des sans-culottes (ceux de Paris et ceux de province venus comme volontaires), organisés dans la [[Commune de Paris (1789-1795)|Commune de Paris]].
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Dans le même temps montait la suspicion de trahison contre le roi et la haute noblesse, notamment les généraux. Une ambiance [[Insurrection|insurrectionnelle]] gagne Paris. Les Montagnards s'appuient alors sur la radicalité spontanée des [[sans-culottes]] (ceux de Paris et ceux de province venus comme volontaires), organisés dans la [[Commune de Paris (1789-1795)|Commune de Paris]]. Cette radicalité était exacerbée par la situation de disette, car le prix du pain atteignait des sommets.
 
[[Fichier:Assemblée législative 1792.svg|vignette|{{legend|#FF0000|Montagnards: 200 sièges}} {{legend|#CC706E|Girondins: 160 sièges}} {{legend|#BFBFBF|Marais: 389 sièges}}]]
 
[[Fichier:Assemblée législative 1792.svg|vignette|{{legend|#FF0000|Montagnards: 200 sièges}} {{legend|#CC706E|Girondins: 160 sièges}} {{legend|#BFBFBF|Marais: 389 sièges}}]]
 
Cela éclate dans l'[[w:Journée du 10 août 1792|insurrection du 10 août 1792]], qui oblige les Girondins à suspendre le roi (remplacé par un [[w:Conseil exécutif (Révolution française)|Conseil exécutif provisoire]]), et qui sera bientôt suivie des [[w:Massacres de septembre|massacres de septembre]], durant laquelle la foule tue massivement des suspects dans les prisons. Les [[w:Élections législatives françaises de 1792|élections législatives de septembre 1792]] se font pour la première fois au [[suffrage universel]] masculin (malgré de nombreuses limitations). Les Montagnards passent devant les Girondins.
 
Cela éclate dans l'[[w:Journée du 10 août 1792|insurrection du 10 août 1792]], qui oblige les Girondins à suspendre le roi (remplacé par un [[w:Conseil exécutif (Révolution française)|Conseil exécutif provisoire]]), et qui sera bientôt suivie des [[w:Massacres de septembre|massacres de septembre]], durant laquelle la foule tue massivement des suspects dans les prisons. Les [[w:Élections législatives françaises de 1792|élections législatives de septembre 1792]] se font pour la première fois au [[suffrage universel]] masculin (malgré de nombreuses limitations). Les Montagnards passent devant les Girondins.
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Les 16-17 janvier, ils font [[w:Votes sur la mort de Louis XVI|voter la mort de Louis Capet]], et déjoueront toutes les [[Manœuvre|manœuvres]] de  la Gironde ou de la Plaine visant à le sauver, telles que l'appel au peuple et le sursis, jusqu'à [[w:Exécution de Louis XVI|son exécution le 21 janvier 1793]].
 
Les 16-17 janvier, ils font [[w:Votes sur la mort de Louis XVI|voter la mort de Louis Capet]], et déjoueront toutes les [[Manœuvre|manœuvres]] de  la Gironde ou de la Plaine visant à le sauver, telles que l'appel au peuple et le sursis, jusqu'à [[w:Exécution de Louis XVI|son exécution le 21 janvier 1793]].
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Le 6 avril 1793, les députés se mettent d'accord pour créer un [[w:Comité de salut public|Comité de salut public]], organe  
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Le 6 avril 1793, les députés se mettent d'accord pour créer un [[w:Comité de salut public|Comité de salut public]], organe explicitement conçu pour exercer un pouvoir [[Dictature|dictatorial]] temporaire, face aux ennemis de l'intérieur et de l'extérieur. La [[Terreur]] commence. Dans un premier temps, elle conduit surtout à éliminer les modérés : les Girondins sont exclus du pouvoir le 2 juin 1793. 
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Le gouvernement révolutionnaire écarta sans ménagement une grande partie de l'ancien [[appareil d'État]] (dont des généraux de l'armée), des individus suspectés de trahison ou pas assez convaincus par la révolution pour être énergiques. Il sut édifier à la place une nouvelle administration plus [[Centralisme|centralisée]] et efficace que celle héritée de la [[monarchie absolue]]. Pour écraser la résistance intérieure et mener la guerre, les Montagnards s'appuyèrent largement sur l'énergie des masses [[sans-culottes]], qui tendaient souvent à agir spontanément, et qu'ils s’efforçaient ensuite de canaliser. 
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=== Succès militaires, divisions internes ===
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En conséquence, le gouvernement remporta d'immenses succès, surtout militaires. 
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Mais aussitôt émergent des divisions internes, notamment autour de deux pôles :
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* Les [[w:Indulgents|Indulgents]] autour de [[w:Georges Jacques Danton|Danton]] voulaient mettre rapidement fin à la Terreur, en signant la paix avec les monarchies coalisées.
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* Les partisans de [[Robespierre]] voulaient approfondir la transformation politique en prolongeant la Terreur, prêts pour cela à faire plus de compromis avec les mouvements populaires.
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Par ailleurs, quelques députés montagnards étaient proches des [[Enragés]] de [[Jacques Roux]] ou des [[hébertistes]]. Cette [[extrême gauche]] poussait radicalement dans le sens de la Terreur, mais était plus proche de la [[Commune de Paris (1789-1795)|Commune de Paris]] et des sans-culottes. Les [[Enragés]] poussaient dans le sens de plus de [[démocratie directe]] et de [[Réformes sociales|mesures sociales]] en faveur des pauvres : [[Loi du Maximum|limitation des prix]], lutte contre les « [[accapareurs]] » et [[nationalisation]] de la [[distribution]]... La crise économique était à son comble, notamment parce que les troubles révolutionnaires désorganisaient le commerce, et qu'une partie des gros [[paysans]] et [[marchands]] [[Spéculation|spéculaient]] sur le prix des denrées (puisque les prix montaient en flèche, autant attendre un peu avant de vendre, ce qui diminuait l'offre, accentuant encore l'augmentation des prix...).
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Le 4 mai 1793 une « [[Loi du Maximum|loi du maximum]] » est votée, pour limiter les prix du grain. C'était à la fois une concession à la pression populaire, et une nécessité pour nourrir les soldats. Le 29 septembre 1793, le gouvernement va plus loin avec la [[loi du maximum général]] qui concerne aussi les biens de consommation courante et les [[salaires]].
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Mais au même moment commence la répression contre les [[Enragés]], pour qui cela n'était pas suffisant. La Terreur commence à frapper à gauche du gouvernement.
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En février 1794, les Montagnards se réconcilient temporairement autour du [[w:Décret d'abolition de l'esclavage du 4 février 1794|vote de l'abolition de l'esclavage colonial]]. 
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Ils parvinrent même à éliminer les Girondins du pouvoir le 2 juin 1793. Dominant la Convention et le Comité de Salut public, ils imposèrent une politique de [[Terreur]], qui remporta d'immenses succès, et créa les conditions de l'essor du [[capitalisme]] en France, et facilitant son expansion en Europe. Mais une fois ces succès passés, la nécessité de leur dictature disparut. Ils se divisèrent rapidement et perdirent un à un leurs soutiens.  
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Les hébertistes appelant à une nouvelle [[insurrection]] et les tentatives d'apaisement ayant échoué, le gouvernement révolutionnaire fit arrêter, dans la nuit du <time datetime="1794-03-13" class="date-lien">13</time> au <time class="nowrap date-lien" datetime="1794-03-14">14 mars 1794</time>, Hébert et les principales figures du [[w:Club des cordeliers|Club des cordeliers]]. Tous furent condamnés à mort et exécutés dix jours plus tard.Tout cela contribua à démobiliser la base sans-culotte.
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Par la suite, ce fut au tour des [[w:Indulgents|indulgents]], qui menaient campagne pour renverser le gouvernement, mettre fin à la Terreur et négocier une paix rapide avec les monarchies coalisées, d'être éliminés. Arrêtés, ils sont condamnés à mort le 24 mars 1794 et guillotinés, dont [[w:Georges Jacques Danton|Danton]] et [[w:Camille Desmoulins|Desmoulins]].  
    
=== Écrasés par Thermidor ===
 
=== Écrasés par Thermidor ===
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Les partisans de Robespierre avaient fait le vide autour d'eux, et avaient coupé le lien entre eux et les masses sans-culottes qui les avaient portées jusqu'ici. Par ailleurs leur dictature n'était plus nécessaire pour la bourgeoisie, qui en était venue à détester cette clique qui les effrayait par ses concessions sociales. 
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Le <time class="nowrap date-lien" datetime="1794-07-27">27 juillet 1794</time>, ces « [[w:Crêtois|montagnards de l'an III]] » (terme qui les distingue des montagnards « dantonistes », qui s'étaient alliés aux modérés du Marais), appelés aussi Crêtois, sont renversés. Ce fut le tour de Robespierre de monter sur l'échafaud.
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Robespierre tenta de manœuvrer quelque temps entre [[Exagérés|Exagérés]] et [[w:Indulgents|Indulgents]], faisant exécuter chaque opposant tour à tour. Mais il perdit peu à peu sa base [[sans-culotte|sans-culotte]], qu'il avait contribué à démobiliser, et par suite, ce fut son tour de monter sur l'échafaud, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794).
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Par une grande ironie de l'histoire, s'ils avaient servi héroïquement la [[bourgeoisie]], et créé des conditions propices pour que par la suite le [[capitalisme]] se développe sans entrave en France, ils tombaient néanmoins victimes de la [[réaction]].
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Après la chute de Robespierre et de ses partisans, les « [[w:Crêtois|Crêtois]] » ou « montagnards de l'an III » (que l'on nomme ainsi pour les distinguer des montagnards «&nbsp;dantonistes&nbsp;», qui s'étaient alliés aux modérés du Marais), de moins en moins nombreux, tentèrent de s’opposer à la Convention thermidorienne mais en vain. Ils furent en grande partie éliminés après les insurrections de germinal et de prairial. Par une grande ironie de l'histoire, s'ils avaient servi héroïquement la [[bourgeoisie|bourgeoisie]], ils se retrouvaient néanmoins victime de la [[réaction|réaction]].
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Certains tentèrent plusieurs insurrections en [[w:Insurrection_du_12_germinal_an_III|germinal]] (1er avril 1795) et [[w:Insurrection_du_1er_prairial_an_III|prairial]] (20 mai 1795), mais en vain. Sans l'énergie des masses, la Montagne s'écroulait.  
    
== Courants minoritaires  ==
 
== Courants minoritaires  ==

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