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=== Pression populaire sur l'Hôtel de Ville ===
 
=== Pression populaire sur l'Hôtel de Ville ===
 
Un cri retentit : ''«À l'Hôtel de Ville !».'' C'est ainsi qu'un petit groupe de républicains, à l'instigation de [[w:Alexandre Ledru-Rollin|Ledru-Rollin]] et du vieux poète [[w:Alphonse de Lamartine|Lamartine]] (58 ans), gagne le lieu mythique de la Révolution de 1789. Lamartine, Ledru-Rollin, [[w:François Arago|Arago]], [[w:Jacques Charles Dupont de l'Eure|Dupont de l'Eure]] et [[w:Pierre Marie de Saint-Georges|Marie]] se mettent d'abord et avant tout à se répartir les portefeuilles de ministres, plutôt qu'à prendre des mesures de portée politique générale.
 
Un cri retentit : ''«À l'Hôtel de Ville !».'' C'est ainsi qu'un petit groupe de républicains, à l'instigation de [[w:Alexandre Ledru-Rollin|Ledru-Rollin]] et du vieux poète [[w:Alphonse de Lamartine|Lamartine]] (58 ans), gagne le lieu mythique de la Révolution de 1789. Lamartine, Ledru-Rollin, [[w:François Arago|Arago]], [[w:Jacques Charles Dupont de l'Eure|Dupont de l'Eure]] et [[w:Pierre Marie de Saint-Georges|Marie]] se mettent d'abord et avant tout à se répartir les portefeuilles de ministres, plutôt qu'à prendre des mesures de portée politique générale.
[[Fichier:Lithograph; portrait of F. V. Raspail, Wellcome L0012675.jpg|vignette|177x177px|[[w:François-Vincent Raspail|Raspail]]]]
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[[Fichier:Lithograph; portrait of F. V. Raspail, Wellcome L0012675.jpg|vignette|225x225px|[[w:François-Vincent Raspail|Raspail]]]]
 
Le 25 février vers midi, la République n'est toujours pas proclamée. Une délégation avec [[w:François-Vincent Raspail|Raspail]] à sa tête arrive à l'Hôtel de Ville de Paris pour réclamer l'établissement d'une [[république]], donnant au gouvernement deux heures pour la proclamer, sans quoi les ouvriers parisiens reprendraient la révolte. Dès 15 heures, la [[w:IIe République|II<sup>e</sup> République]] est proclamée par Lamartine.
 
Le 25 février vers midi, la République n'est toujours pas proclamée. Une délégation avec [[w:François-Vincent Raspail|Raspail]] à sa tête arrive à l'Hôtel de Ville de Paris pour réclamer l'établissement d'une [[république]], donnant au gouvernement deux heures pour la proclamer, sans quoi les ouvriers parisiens reprendraient la révolte. Dès 15 heures, la [[w:IIe République|II<sup>e</sup> République]] est proclamée par Lamartine.
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Partout souffle le vent de la fraternité si caractéristique des premières semaines de « l’Ère nouvelle » ouverte en février 1848. On plante des arbres de la liberté sur les places publiques, on organise des banquets fraternels. Une sensibilité romantique et un fort sentiment chrétien animent toutes ces manifestations.
 
Partout souffle le vent de la fraternité si caractéristique des premières semaines de « l’Ère nouvelle » ouverte en février 1848. On plante des arbres de la liberté sur les places publiques, on organise des banquets fraternels. Une sensibilité romantique et un fort sentiment chrétien animent toutes ces manifestations.
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Beaucoup s'attendaient à ce que le clivage républicains/monarchistes soit très fort, mais c'est une sorte d'unanimisme républicain qui apparaît. On parlait alors de ''républicains de la veille'' pour désigner ceux qui militaient pour la république depuis longtemps, malgré la censure, et de ''républicains du lendemain'' pour ceux qui acceptaient soudain la république. Et ils étaient nombreux :  des légitimistes comme le [[w:Henri de La Rochejaquelein (1805-1867)|marquis de La Rochejaquelein]] ou le [[w:Alfred de Falloux|comte de Falloux]], des [[w:Orléanistes|orléanistes]] du centre gauche et de l'[[w:Opposition dynastique|opposition dynastique]] remontés contre Guizot...  Les magistrats, les enseignants, les ministres de cultes deviennent en masse « républicains ». Les fonctionnaires d'autorité (les préfets et les maires) sont remplacés par des personnalités moins compromises avec la monarchie ou par des républicains locaux. Mais les poursuites contre le personnel politique de la [[w:Monarchie de Juillet|Monarchie de Juillet]] sont menées mollement. Le remplacement des préfets est surtout favorable aux modérés et rares sont les départements qui obtiennent un commissaire du gouvernement pris parmi les ''républicains de la veille'' (c'est le cas de [[w:Frédéric Deschamps|Frédéric Deschamps]] à Rouen, de [[w:Charles Delescluze|Charles Delescluze]] à Lille, d'[[w:Emmanuel Arago|Emmanuel Arago]] à Lyon).
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Beaucoup s'attendaient à ce que le clivage républicains/monarchistes soit très fort, mais c'est une sorte d'unanimisme républicain qui apparaît. On parlait alors de ''républicains de la veille'' pour désigner ceux qui militaient pour la république depuis longtemps, malgré la censure, et de ''républicains du lendemain'' pour ceux qui acceptaient soudain la république. Et ils étaient nombreux :  des légitimistes comme le [[w:Henri de La Rochejaquelein (1805-1867)|marquis de La Rochejaquelein]] ou le [[w:Alfred de Falloux|comte de Falloux]], des [[w:Orléanistes|orléanistes]] du centre gauche et de l'[[w:Opposition dynastique|opposition dynastique]] remontés contre Guizot...  Les magistrats, les enseignants, les ministres de cultes deviennent en masse « républicains ». Les fonctionnaires d'autorité (les préfets et les maires) sont remplacés par des personnalités moins compromises avec la monarchie ou par des républicains locaux. Mais les poursuites contre le personnel politique de la [[w:Monarchie de Juillet|Monarchie de Juillet]] sont menées mollement. Le remplacement des préfets est surtout favorable aux [[w:Républicains modérés (Deuxième République)|modérés]] et rares sont les départements qui obtiennent un commissaire du gouvernement pris parmi les ''républicains de la veille'' (c'est le cas de [[w:Frédéric Deschamps|Frédéric Deschamps]] à Rouen, de [[w:Charles Delescluze|Charles Delescluze]] à Lille, d'[[w:Emmanuel Arago|Emmanuel Arago]] à Lyon).
    
Mais l'unanimisme masque en réalité une redéfinition des clivages en cours. Les [[Classe dominante|classes dominantes]], parmi lesquelles la [[bourgeoisie]] a désormais l'hégémonie, peuvent facilement accepter l'idée républicaine, à condition qu'elle ne soit pas trop « sociale ». Or, du côté des masses populaires, on espère que cette « Ère nouvelle » sera celle de l'égalité. Dans les villes industrielles comme Lille, Limoges, Lyon, Reims, Rouen il y a des manifestations ouvrières pour réclamer des augmentations de [[salaire]], parfois des faits de [[luddisme]] (destruction des machines). Les campagnes connaissent aussi des troubles. Dans les régions montagneuses des Alpes, du Jura ou des Pyrénées les agents des Eaux et Forêts qui restreignent les droits de pacage des chèvres et des moutons sont pris à partie. En Isère et dans le Var, les paysans les moins aisés demandent le rétablissement des droits d'usage qui ont disparu devant les pratiques agricoles modernes mais individualistes des riches paysans. Les salariés agricoles très nombreux réclament des augmentations de salaire. Cette contestation sociale commence à faire peur aux possédants qui redoutent les « partageux », les « rouges », les « communistes ».
 
Mais l'unanimisme masque en réalité une redéfinition des clivages en cours. Les [[Classe dominante|classes dominantes]], parmi lesquelles la [[bourgeoisie]] a désormais l'hégémonie, peuvent facilement accepter l'idée républicaine, à condition qu'elle ne soit pas trop « sociale ». Or, du côté des masses populaires, on espère que cette « Ère nouvelle » sera celle de l'égalité. Dans les villes industrielles comme Lille, Limoges, Lyon, Reims, Rouen il y a des manifestations ouvrières pour réclamer des augmentations de [[salaire]], parfois des faits de [[luddisme]] (destruction des machines). Les campagnes connaissent aussi des troubles. Dans les régions montagneuses des Alpes, du Jura ou des Pyrénées les agents des Eaux et Forêts qui restreignent les droits de pacage des chèvres et des moutons sont pris à partie. En Isère et dans le Var, les paysans les moins aisés demandent le rétablissement des droits d'usage qui ont disparu devant les pratiques agricoles modernes mais individualistes des riches paysans. Les salariés agricoles très nombreux réclament des augmentations de salaire. Cette contestation sociale commence à faire peur aux possédants qui redoutent les « partageux », les « rouges », les « communistes ».
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Dans l'effervescence démocratique, un grand nombre de clubs politiques se forment : plus de 250 à Paris. Les plus caractéristiques sont celui de la ''Société Républicaine Centrale'' de [[Louis-Auguste Blanqui|Blanqui]] ; elle est concurrencée par la ''Société fraternelle centrale'' de [[Étienne Cabet|Cabet]] et le ''Club des Amis du Peuple'' de [[w:François-Vincent Raspail|Raspail]]. La presse, qui jouit désormais de la liberté totale, se développe. [[w:Félicité de La Mennais|Lammenais]] crée ''le Peuple constituant'', [[Pierre-Joseph Proudhon|Proudhon]] collabore au ''[[Le Représentant du peuple|Représentant du Peuple]]'', [[w:Henri Lacordaire|Lacordaire]] publie ''L'Ère nouvelle'', dont le titre est emblématique de l'état d'esprit dominant au début du printemps 1848.
 
Dans l'effervescence démocratique, un grand nombre de clubs politiques se forment : plus de 250 à Paris. Les plus caractéristiques sont celui de la ''Société Républicaine Centrale'' de [[Louis-Auguste Blanqui|Blanqui]] ; elle est concurrencée par la ''Société fraternelle centrale'' de [[Étienne Cabet|Cabet]] et le ''Club des Amis du Peuple'' de [[w:François-Vincent Raspail|Raspail]]. La presse, qui jouit désormais de la liberté totale, se développe. [[w:Félicité de La Mennais|Lammenais]] crée ''le Peuple constituant'', [[Pierre-Joseph Proudhon|Proudhon]] collabore au ''[[Le Représentant du peuple|Représentant du Peuple]]'', [[w:Henri Lacordaire|Lacordaire]] publie ''L'Ère nouvelle'', dont le titre est emblématique de l'état d'esprit dominant au début du printemps 1848.
 
== Le Printemps des peuples ==
 
== Le Printemps des peuples ==
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{{See also|Printemps des peuples}}
 
La France n'est pas le seul pays révolutionnaire en 1848. La révolution avait déjà commencé [[Révolution sicilienne|en janvier en Sicile]], mais il est clair que la nouvelle de la chute de la monarchie à Paris va avoir un énorme impact dans le vieux continent. La contagion révolutionnaire gagne [[Révolution allemande (1848)|Berlin]], [[Révolution autrichienne de 1848|Vienne]], [[Révolutions de 1848 dans les États italiens|Turin]], [[Révolution hongroise de 1848|Budapest]]... Les motivations sont des revendications [[Démocratie|démocratiques]] entremêlées avec l'essor des [[Nationalisme|nationalismes]]. C'est le [[Printemps des peuples]].
 
La France n'est pas le seul pays révolutionnaire en 1848. La révolution avait déjà commencé [[Révolution sicilienne|en janvier en Sicile]], mais il est clair que la nouvelle de la chute de la monarchie à Paris va avoir un énorme impact dans le vieux continent. La contagion révolutionnaire gagne [[Révolution allemande (1848)|Berlin]], [[Révolution autrichienne de 1848|Vienne]], [[Révolutions de 1848 dans les États italiens|Turin]], [[Révolution hongroise de 1848|Budapest]]... Les motivations sont des revendications [[Démocratie|démocratiques]] entremêlées avec l'essor des [[Nationalisme|nationalismes]]. C'est le [[Printemps des peuples]].
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=== Formation du gouvernement ===
 
=== Formation du gouvernement ===
 
[[Fichier:Les membres du Gouvernement provisoire - dédié aux gardes nationales de France.jpg|vignette|264x264px|Les membres du [[w:Gouvernement provisoire de 1848|Gouvernement provisoire de 1848]].]]Le 25 février vers 20 heures, le [[w:Gouvernement provisoire de 1848|gouvernement républicain provisoire]] est finalisé. Son centre de gravité est autour du ''[[w:Le National (France)|National]]'' ([[w:Pierre Marie de Saint-Georges|Marie]], [[w:François Arago|Arago]], [[w:Jacques Charles Dupont de l'Eure|Dupont de l'Eure]], [[w:Armand Marrast|Marrast]], [[w:Louis-Antoine Garnier-Pagès|Garnier-Pagès]]), auxquels s'ajoutent  [[w:Adolphe Crémieux|Crémieux]] (député [[w:Orléaniste|orléaniste]] mais défenseur de la presse) et [[w:Alphonse Lamartine|Lamartine]] (poète célèbre sans consistance politique) contraints d'accepter quelques membres de la ''[[w:La Réforme (journal, 1843)|Réforme]]'' ([[Louis Blanc|Blanc]], [[Ferdinand Flocon|Flocon]], [[Alexandre Martin|Martin]]).
 
[[Fichier:Les membres du Gouvernement provisoire - dédié aux gardes nationales de France.jpg|vignette|264x264px|Les membres du [[w:Gouvernement provisoire de 1848|Gouvernement provisoire de 1848]].]]Le 25 février vers 20 heures, le [[w:Gouvernement provisoire de 1848|gouvernement républicain provisoire]] est finalisé. Son centre de gravité est autour du ''[[w:Le National (France)|National]]'' ([[w:Pierre Marie de Saint-Georges|Marie]], [[w:François Arago|Arago]], [[w:Jacques Charles Dupont de l'Eure|Dupont de l'Eure]], [[w:Armand Marrast|Marrast]], [[w:Louis-Antoine Garnier-Pagès|Garnier-Pagès]]), auxquels s'ajoutent  [[w:Adolphe Crémieux|Crémieux]] (député [[w:Orléaniste|orléaniste]] mais défenseur de la presse) et [[w:Alphonse Lamartine|Lamartine]] (poète célèbre sans consistance politique) contraints d'accepter quelques membres de la ''[[w:La Réforme (journal, 1843)|Réforme]]'' ([[Louis Blanc|Blanc]], [[Ferdinand Flocon|Flocon]], [[Alexandre Martin|Martin]]).
Ce gouvernement est  [[collégial]], parce que provisoire, mais aussi parce que les républicains sont encore nombreux à cette époque à se méfier de la concentration des pouvoirs et la présidence de la république ne va pas encore de soi. On y trouve le républicain « socialiste » [[Louis Blanc]] et son ami [[Alexandre Martin]], que tout le monde appelle « l'ouvrier Albert » (premier homme d'origine ouvrière dans un gouvernement français). Mais il est clair d'emblée que le gouvernement refuse la direction proposée par les  républicains les plus radicaux. Le 25 février, dans un discours célèbre, Lamartine s'oppose à l'adoption du [[drapeau rouge]] (devenu très populaire dans les foules parisiennes) et obtient le maintien du drapeau tricolore comme emblème national.
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Ce gouvernement est  [[collégial]], parce que provisoire, mais aussi parce que les républicains sont encore nombreux à cette époque à se méfier de la concentration des pouvoirs et la présidence de la république ne va pas encore de soi. On y trouve le républicain « [[socialiste]] » [[Louis Blanc]] et son ami [[Alexandre Martin]], que tout le monde appelle « l'ouvrier Albert » (premier homme d'origine ouvrière dans un gouvernement français). Mais il est clair d'emblée que le gouvernement refuse la direction proposée par les  républicains les plus radicaux. Le 25 février, dans un discours célèbre, Lamartine s'oppose à l'adoption du [[drapeau rouge]] (devenu très populaire dans les foules parisiennes) et obtient le maintien du drapeau tricolore comme emblème national.
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Les fonctions gouvernementales sont réparties entre des membres du gouvernement et des personnalités extérieures. Dupont de l'Eure est président du conseil ; Lamartine obtient les Affaires étrangères, Ledru-Rollin l'Intérieur. La Marine échoit à [[w:François Arago|Arago]], les Travaux publics à Marie et la Justice à Crémieux. Garnier-Pagès prend la mairie de Paris. Louis Blanc, qui aurait souhaité un ministère du Travail, doit se contenter de présider la Commission du gouvernement pour les travailleurs. Le général baron [[w:Jacques-Gervais Subervie|Jacques-Gervais Subervie]], ancien officier du Premier Empire, reçoit la Guerre. Les Finances sont confiées au banquier [[w:Michel Goudchaux|Goudchaux]], l'Agriculture et le Commerce à l'avocat [[w:Eugène Bethmont|Bethmont]]. [[w:Lazare Hippolyte Carnot|Carnot]] est chargé de l'Instruction publique. Le général [[w:Louis Eugène Cavaignac|Cavaignac]] est nommé gouverneur général de l'Algérie et le vicomte de Courtais, officier de cavalerie en retraite, devient commandant de la Garde nationale.
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Les fonctions gouvernementales sont réparties entre des membres du gouvernement et des personnalités extérieures. Dupont de l'Eure est président du conseil ; Lamartine obtient les Affaires étrangères, Ledru-Rollin l'Intérieur. La Marine échoit à [[w:François Arago|Arago]], les Travaux publics à Marie et la Justice à Crémieux. Garnier-Pagès prend la mairie de Paris. Louis Blanc, qui aurait souhaité un ministère du Travail, doit se contenter de présider une Commission pour les travailleurs, sans budget. Le général baron [[w:Jacques-Gervais Subervie|Jacques-Gervais Subervie]], ancien officier du Premier Empire, reçoit la Guerre. Les Finances sont confiées au banquier [[w:Michel Goudchaux|Goudchaux]], l'Agriculture et le Commerce à l'avocat [[w:Eugène Bethmont|Bethmont]]. [[w:Lazare Hippolyte Carnot|Carnot]] est chargé de l'Instruction publique. Le général [[w:Louis Eugène Cavaignac|Cavaignac]] est nommé gouverneur général de l'Algérie et le vicomte de Courtais, officier de cavalerie en retraite, devient commandant de la Garde nationale.
    
=== Premières mesures ===
 
=== Premières mesures ===
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Dans le domaine politique, les changements sont importants. La [[liberté de la presse]] et celle de [[Liberté de réunion|réunion]] sont proclamées le 4 mars. Le 5 mars le gouvernement institue le [[suffrage universel]] masculin, en remplacement du [[suffrage censitaire]] en vigueur depuis 1815 (le corps électoral passe soudain de 250 000 à 9 millions d'électeurs). La [[Garde nationale]], jusque-là réservée aux notables, aux boutiquiers, est ouverte à tous les citoyens (mesure qui indispose une partie des anciens Gardes nationaux qui manifesteront leur mécontentement le 15 mars). Toute une frange de la [[jeunesse]] ouvrière de Paris se retrouve soudain enrôlée, non sans fierté, mais cela contribuera vite (d'autant plus que les chefs sont de la bourgeoisie) à en faire une force de [[police]] utilisable contre leurs camarades de classe.  
 
Dans le domaine politique, les changements sont importants. La [[liberté de la presse]] et celle de [[Liberté de réunion|réunion]] sont proclamées le 4 mars. Le 5 mars le gouvernement institue le [[suffrage universel]] masculin, en remplacement du [[suffrage censitaire]] en vigueur depuis 1815 (le corps électoral passe soudain de 250 000 à 9 millions d'électeurs). La [[Garde nationale]], jusque-là réservée aux notables, aux boutiquiers, est ouverte à tous les citoyens (mesure qui indispose une partie des anciens Gardes nationaux qui manifesteront leur mécontentement le 15 mars). Toute une frange de la [[jeunesse]] ouvrière de Paris se retrouve soudain enrôlée, non sans fierté, mais cela contribuera vite (d'autant plus que les chefs sont de la bourgeoisie) à en faire une force de [[police]] utilisable contre leurs camarades de classe.  
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La situation économique est très préoccupante. Si les épargnants sont (provisoirement) républicains, ils craignent tout de même pour leurs  intérêts. Ils retirent leurs économies des caisses d'épargne et des [[banques]], qui ne peuvent faire face à leurs échéances et ne peuvent soutenir le [[crédit]] aux entreprises et au commerce. De nombreux établissements de crédit et de nombreuses entreprises font faillite. Aussi le gouvernement prend-il des mesures pour relancer l'activité. Le 7 mars, il permet la fondation du [[w:Comptoir national d'escompte de Paris|Comptoir national d'escompte de Paris]], de même que dans les grandes villes, pour favoriser le financement du petit commerce. Le 15 mars, pour faire face à l'effondrement de l'encaisse-or de la Banque de France, il décrète le cours forcé du billet de banque et fait imprimer des billets de 100 francs, pour permettre les transactions importantes. Le 16 mars, pour faire face aux difficultés de trésorerie de l'État, le ministre des Finances, Garnier-Pagès, institue l'impôt additionnel de 45 centimes (soit une augmentation de 45 % !) qui frappe les revenus. Le mécontentement est tel que le gouvernement doit accepter des dégrèvements et renonce à percevoir l'impôt avant les élections du 23 avril.
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La situation économique est très préoccupante. Si les épargnants sont (provisoirement) républicains, ils craignent tout de même pour leurs  intérêts. Ils retirent leurs économies des caisses d'épargne et des [[banques]], qui ne peuvent faire face à leurs échéances et ne peuvent soutenir le [[crédit]] aux entreprises et au commerce. De nombreux établissements de crédit et de nombreuses entreprises font faillite. Le gouvernement s'efforce alors de relancer l'économie en redonnant confiance à la bourgeoisie. Le 7 mars, il permet la fondation du [[w:Comptoir national d'escompte de Paris|Comptoir national d'escompte de Paris]], de même que dans les grandes villes, pour favoriser le financement du petit commerce. Le 15 mars, pour faire face à l'effondrement de l'encaisse-or de la Banque de France, il décrète le cours forcé du billet de banque et fait imprimer des billets de 100 francs, pour permettre les transactions importantes. Le gouvernement renonce à l'[[impôt progressif]], mesure phare des républicains radicaux. Le 16 mars, pour faire face aux difficultés de trésorerie de l'État, le ministre des Finances, [[w:Louis-Antoine Garnier-Pagès|Garnier-Pagès]], institue « l'impôt des 45 centimes » (une augmentation de 45 % au titre de quatre contributions directes : contributions foncière, mobilière, patentes et portes et fenêtres) qui frappe surtout la [[paysannerie]]. Le mécontentement est tel que le gouvernement doit accepter des dégrèvements et renonce à percevoir l'impôt avant les élections du 23 avril.
    
Dans le domaine social, le gouvernement est obligé de faire des gestes envers les ouvriers parisiens et leurs relais socialistes. Cela donnera lieu en particulier à la création des [[Ateliers nationaux]] dès le 26 février, qui deviendront un des noeuds de la lutte de classe et du destin de la II<sup>e</sup> République.  
 
Dans le domaine social, le gouvernement est obligé de faire des gestes envers les ouvriers parisiens et leurs relais socialistes. Cela donnera lieu en particulier à la création des [[Ateliers nationaux]] dès le 26 février, qui deviendront un des noeuds de la lutte de classe et du destin de la II<sup>e</sup> République.  
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=== Paris et les ateliers nationaux ===
 
=== Paris et les ateliers nationaux ===
 
{{See also|Ateliers nationaux}}
 
{{See also|Ateliers nationaux}}
Le grand nombre d'ouvriers au chômage au moment de la révolution, et leur rôle dans l'insurrection, obligeait le gouvernement provisoire à faire quelque chose. Dès le 25 février des décrets sur le « [[droit au travail]] » sont pris, et le 26, pour le mettre en oeuvre, sont créés les  [[ateliers nationaux]]. Il s'agit principalement de [[grands travaux]] ingrats de type terrassements, conçus à la va-vite et sans utilité majeure.
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Le grand nombre d'ouvriers au chômage au moment de la révolution, et leur rôle dans l'insurrection, obligeait le gouvernement provisoire à faire quelque chose. Dès le 25 février des décrets sur le « [[droit au travail]] » sont pris, et le 26, pour le mettre en oeuvre, sont créés les  [[ateliers nationaux]]. Il s'agit principalement de [[grands travaux]] ingrats de type terrassements ou plantations d'arbres, conçus à la va-vite et sans utilité majeure.
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Le prolétariat parisien réclamait bien plus. Le 28 février, les ouvriers parisiens du bâtiment manifestent pour réclamer la [[Temps de travail|journée de 10 heures]], la fin de la pratique « esclavagiste » du [[w:Délit de marchandage en droit du travail français|marchandage]] et la création d'un ministère du Travail. Le 2 mars, [[w:Loi des 10 heures|un décret]] accède partiellement à ces demandes. Mais les bourgeois au gouvernement refusent de créer un vrai ministère du Travail. A la place, ils acceptent la création d'une « [[Commission du Luxembourg|Commission pour les travailleurs]] », sans budget ni pouvoir exécutif. Elle se réunit au Palais du Luxembourg et est présidée par [[Louis Blanc]]. En acceptant cette mascarade, Louis Blanc apportait une caution « sociale » inoffensive au gouvernement provisoire, aidant à canaliser le mouvement ouvrier dans une impasse.
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Le prolétariat parisien réclamait bien plus. Le 28 février, les ouvriers parisiens du bâtiment [[Manifestation du 28 février 1848|manifestent]] pour réclamer la [[Temps de travail|journée de 10 heures]], la fin de la pratique « esclavagiste » du [[w:Délit de marchandage en droit du travail français|marchandage]] et la création d'un ministère du Travail. Le 2 mars, [[w:Loi des 10 heures|un décret]] accède partiellement à ces demandes. Mais les bourgeois au gouvernement refusent de créer un vrai ministère du Travail. A la place, ils acceptent la création d'une « [[Commission du Luxembourg|Commission pour les travailleurs]] », sans budget ni pouvoir exécutif. Elle se réunit au Palais du Luxembourg et est présidée par [[Louis Blanc]]. En acceptant cette mascarade, Louis Blanc apportait une caution « sociale » inoffensive au gouvernement provisoire, aidant à canaliser le mouvement ouvrier dans une impasse.
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Louis Blanc était connu pour avoir théorisé l'''[[Organisation du travail (livre)|Organisation du travail]]'' dans des [[ateliers sociaux]] impulsés par l'État. Les dirigeants comme Lamartine entendaient laisser Louis Blanc disserter autant qu'il voulait depuis le Luxembourg sur des ateliers sociaux (sans budget), tandis que les [[ateliers nationaux]] étaient mis en place, dans une logique plus proche, elle, des institutions de charité comme [[w:Ateliers de charité|celles de l'Ancien régime]] ou comme les ''[[Workhouse|workhouses]]'' anglaises. Selon [[Karl Marx|Marx]], les conservateurs au pouvoir jouaient sciemment sur la confusion des termes pour que les ateliers nationaux soient vus comme le produit du [[socialisme]] de Louis Blanc, afin de détourner sur lui l'hostilité des [[bourgeois]] et [[petit-bourgeois]]. En effet, de nombreuses diatribes [[réactionnaires]] circulaient contre « ces fainéants de prolétaires que des rouges paient à ne rien faire ».[[Fichier:Ouvriers bourgeois 1848.jpg|centré|vignette|760x760px|Caricature de 1848]]
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Louis Blanc était connu pour avoir théorisé l'''[[Organisation du travail (livre)|Organisation du travail]]'' dans des [[ateliers sociaux]], sortes de [[coopératives]] ouvrières impulsés par l'État. Les dirigeants comme Lamartine entendaient laisser Louis Blanc disserter autant qu'il voulait depuis le Luxembourg sur des ateliers sociaux (sans budget), tandis que les [[ateliers nationaux]] étaient mis en place, dans une logique plus proche, elle, des institutions de charité comme [[w:Ateliers de charité|celles de l'Ancien régime]] ou comme les ''[[Workhouse|workhouses]]'' anglaises. Le gouvernement avait plusieurs motivations : celle de pouvoir fidéliser une masse d'ouvriers pour défendre le régime, et jouer sur la confusion des termes pour que les ateliers nationaux soient vus comme le produit du [[socialisme]] de Louis Blanc, afin de détourner sur lui l'hostilité des [[bourgeois]] et [[petit-bourgeois]]. En effet, de nombreuses diatribes [[réactionnaires]] circulaient contre « ces fainéants de prolétaires que des rouges paient à ne rien faire ».[[Fichier:Ouvriers bourgeois 1848.jpg|centré|vignette|760x760px|Caricature de 1848]]
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=== Elections pour la Constituante ===
 
=== Elections pour la Constituante ===
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[[Fichier:Haguenau-Urne 1848.jpg|vignette|267x267px|Une urne utilisée en 1848]]
 
Aussitôt après la révolution, le gouvernement provisoire annonce un processus d'[[w:Assemblée nationale constituante (Deuxième République)|Assemblée constituante]], pour définir le nouveau régime. Les élections destinées à désigner les membres d'une assemblée constituante sont prévues pour le 9 avril.
 
Aussitôt après la révolution, le gouvernement provisoire annonce un processus d'[[w:Assemblée nationale constituante (Deuxième République)|Assemblée constituante]], pour définir le nouveau régime. Les élections destinées à désigner les membres d'une assemblée constituante sont prévues pour le 9 avril.
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=== Tournant conservateur suite au 23 avril ===
 
=== Tournant conservateur suite au 23 avril ===
Les élections du 23 avril donnent une majorité aux modérés du ''[[w:Le National (France)|National]]'' (monarchistes camouflés et républicains modérés). Les républicains « avancés » sont nettement battus   (285 sur 800 élus).
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[[Fichier:Assemblée législative 1848.svg|vignette|Rouge : [[Montagne (1849)|Montagne]] (88), Vert : [[w:Républicains modérés (Deuxième République)|Modérés]] (600), Bleu : [[w:Parti de l'Ordre|Parti de l'Ordre]] (200)]]
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Les élections du 23 avril donnent une majorité aux [[w:Républicains modérés (Deuxième République)|modérés]] du ''[[w:Le National (France)|National]]'' et à des républicains du lendemain qui les rejoignent. Les républicains « avancés » sont nettement battus. Les nouveaux élus sont presque tous des bourgeois et des nobles. Il n'y a aucun paysan et les ouvriers et artisans ne sont qu'une quinzaine sur 800 élus.  
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La nouvelle assemblée se réunit le 4 mai. Elle proclame la République et met fin à l'existence du gouvernement provisoire. Elle élit une [[w:Commission exécutive (1848)|Commission exécutive]] de 5 membres dont sont exclus les éléments les plus progressistes, en premier lieu les « socialistes » tels [[Louis Blanc]] et [[Alexandre Martin|Albert]]. Même Ledru-Rollin, jugé trop radical par la majorité des députés ne doit son maintien  qu'à l'insistance de Lamartine qui avertit l’Assemblée que l'évincer serait trop risqué politiquement.
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La [[w:Assemblée nationale constituante (Deuxième République)|nouvelle assemblée]] se réunit le 4 mai. Elle proclame la République et met fin à l'existence du gouvernement provisoire. Elle élit une [[w:Commission exécutive (1848)|Commission exécutive]] de 5 membres dont sont exclus les éléments les plus progressistes, en premier lieu les « socialistes » tels [[Louis Blanc]] et [[Alexandre Martin|Albert]]. Même [[w:Alexandre Ledru-Rollin|Ledru-Rollin]], jugé trop radical par la majorité des députés ne doit son maintien  qu'à l'insistance de Lamartine qui avertit l’Assemblée que l'évincer serait trop risqué politiquement.
    
Le 10 mai la Constituante refuse la proposition de Louis Blanc de créer un ministère du Progrès destiné à améliorer le sort des classes populaires. Le 12, elle interdit à des délégations des clubs de présenter leurs pétitions à l'Assemblée (une pratique de pouvoir populaire reprise des [[Sans-culotte|sans-culottes]]).
 
Le 10 mai la Constituante refuse la proposition de Louis Blanc de créer un ministère du Progrès destiné à améliorer le sort des classes populaires. Le 12, elle interdit à des délégations des clubs de présenter leurs pétitions à l'Assemblée (une pratique de pouvoir populaire reprise des [[Sans-culotte|sans-culottes]]).
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=== La manifestation-insurrection du 15 mai ===
 
=== La manifestation-insurrection du 15 mai ===
 
{{See also|Manifestation du 15 mai 1848}}
 
{{See also|Manifestation du 15 mai 1848}}
Le 15 mai 1848, une manifestation en faveur des [[w:Insurrection de Grande-Pologne (1848)|insurgés polonais]] dégénère en [[insurrection]] [[aventuriste]]. La réaction en profite  pour se débarrasser des chefs républicains radicaux, [[Auguste Blanqui|Blanqui]], [[w:François-Vincent Raspail|Raspail]], [[w:Armand Barbès|Barbès]], [[Alexandre Martin|Albert]], [[w:Aloysius Huber|Huber]].
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Le 15 mai 1848, une manifestation en faveur des [[w:Insurrection de Grande-Pologne (1848)|insurgés polonais]] dégénère en [[insurrection]] [[aventuriste]]. La réaction en profite  pour se débarrasser des chefs républicains radicaux, [[Auguste Blanqui|Blanqui]], [[w:François-Vincent Raspail|Raspail]], [[w:Armand Barbès|Barbès]], [[Alexandre Martin|Albert]], [[w:Aloysius Huber|Huber]]. [[Louis Blanc]] est inquiété (accusé, faussement, par [[w:Jules Favre|Jules Favre]] d'avoir participé à la manifestation), mais protégé un temps par le président de l'Assemblée [[w:Philippe Buchez|Buchez]]. Le 16 mai, la [[Commission du Luxembourg]] est dissoute.
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Un rapport parlementaire proposant la nationalisation des compagnies de chemin de fer est présenté le 16 mai et signé par Lamartine, Arago, Ledru-Rollin et Garnier-Pagès.<ref name=":0" />
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Les députés s'alarment surtout de la participation des ouvriers des [[Ateliers nationaux]] à la manifestation. Mais ils reprennent confiance en constatant que des [[gardes nationaux]] de province ont fait mouvement vers Paris pour aider les forces de l'ordre parisiennes. La Constituante profite de cet échec populaire pour remplacer à des postes clés les ''républicains de la veille''. [[w:Marc Caussidière|Caussidière]] est démis de ses fonctions de préfet de police de Paris et remplacé par le banquier [[w:Ariste Jacques Trouvé-Chauvel|Trouvé-Chauvel]]. Le général [[w:De Courtais|De Courtais]], qui avait marqué une certaine sympathie pour les insurgés du 15 mai, est emprisonné et remplacé à la tête de la Garde nationale par le général [[w:Clément-Thomas|Clément-Thomas]].  
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Les députés s'alarment de la participation des ouvriers des [[Ateliers nationaux]] à la manifestation alors que le gouvernement pensait en faire une force d'opposition au prolétariat parisien. Mais ils reprennent confiance en constatant que des gardes nationaux de province ont fait mouvement vers Paris pour aider les forces de l'ordre parisiennes. La Constituante profite de cet échec populaire pour remplacer à des postes clés les "républicains de la veille". [[w:Marc Caussidière|Caussidière]] est démis de ses fonctions de préfet de police de Paris et remplacé par le banquier [[w:Ariste Jacques Trouvé-Chauvel|Trouvé-Chauvel]]. Le général [[w:De Courtais|De Courtais]], qui avait marqué une certaine sympathie pour les insurgés du 15 mai, est emprisonné et remplacé à la tête de la Garde nationale par le général [[w:Clément-Thomas|Clément-Thomas]]. [[Louis Blanc]] est inquiété et accusé, faussement, par [[w:Jules Favre|Jules Favre]] d'avoir participé à la manifestation. Le président de l'Assemblée [[w:Philippe Buchez|Buchez]], s'étant montré incapable face aux insurgés qui avaient envahi la salle de réunion de l'assemblée, est remplacé par l'ex-procureur rouennais Sénard. Le directeur des [[Ateliers nationaux]] [[w:Émile Thomas (ingénieur)|Émile Thomas]] est remplacé.
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[[w:Philippe Buchez|Buchez]], s'étant montré incapable face aux insurgés qui avaient envahi la salle de réunion de l'assemblée, est remplacé par l'ex-procureur rouennais Sénard. Le directeur des [[Ateliers nationaux]] [[w:Émile Thomas (ingénieur)|Émile Thomas]] est remplacé.
    
=== Les journées de Juin ===
 
=== Les journées de Juin ===
 
{{See also|Journées de Juin}}
 
{{See also|Journées de Juin}}
Le 24 mai, le ministre [[w:Ulysse Trélat|Ulysse Trélat]], cédant aux attaques des conservateurs comme le [[w:Comte de Falloux|comte de Falloux]], demande la dissolution des ateliers nationaux, mais la Commission exécutive temporise. Cependant, les élections complémentaires à l'Assemblée constituante, conduisent au renforcement du parti conservateur ([[w:Adolphe Thiers|Adolphe Thiers]] élu dans quatre départements redevient député). Le prétendant bonapartiste [[w:Louis-Napoléon Bonaparte|Louis-Napoléon Bonaparte]], bien qu'en exil en Angleterre, est élu dans quatre départements et, même s'il renonce à siéger, constitue une menace. Par contre, les Parisiens élisent des républicains avancés comme [[Pierre-Joseph Proudhon|Proudhon]] et [[Pierre Leroux|Leroux]]. Aussi le 21 juin, les conservateurs obtiennent la dissolution effective des [[Ateliers Nationaux]]. Le 22 au matin, les ouvriers conduits par Pujol se réunissent place du Panthéon, et envoient une délégation pour rencontrer Marie qui les menace d'employer la force s'ils n'obéissent pas. Le 23 juin, les premières barricades s'élèvent près de la Porte Saint-Denis, les gardes nationaux envoyés pour dégager les rues tirent ; c'est le début de l'insurrection des journées de juin. Le 24 au matin, l'assemblée démet la Commission exécutive, décrète l’état de siège et confie tous les pouvoirs au général Louis Eugène Cavaignac qui maintient les ministres à leur poste et prend le commandement des troupes qui écrasent les insurgés parisiens.[[Fichier:Honoré Daumier - The Uprising (L'Emeute) - Google Art Project.jpg|vignette|267x267px|''L'Émeute'', après 1848. [[w:Honoré Daumier|Honoré Daumier]]]]
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Le 24 mai, le ministre [[w:Ulysse Trélat|Trélat]] demande la dissolution des ateliers nationaux, mais la Commission exécutive temporise. Cependant, les élections complémentaires à l'[[w:Assemblée nationale constituante (Deuxième République)|Assemblée constituante]] (4-5 juin), conduisent au renforcement du [[w:Parti de l'Ordre|parti conservateur]] ([[w:Adolphe Thiers|Thiers]] et [[w:Louis-Napoléon Bonaparte|Louis-Napoléon Bonaparte]] sont élus), même si les [[démocs-socs]] progressent aussi un peu (à Paris où sont élus  [[Pierre-Joseph Proudhon|Proudhon]] et [[Pierre Leroux|Leroux]]). Aussi le 21 juin, les conservateurs obtiennent la dissolution effective des [[Ateliers Nationaux|ateliers nationaux]]. Le 23 juin, les premières barricades s'élèvent, les gardes nationaux tirent ; c'est le début de l'insurrection des journées de juin. Le 24 au matin, l'assemblée démet la Commission exécutive, décrète l’état de siège et confie tous les pouvoirs au général [[w:Louis Eugène Cavaignac|Cavaignac]] qui maintient les ministres à leur poste et prend le commandement des troupes qui écrasent les insurgés parisiens (entre 3000 et 5000 morts).[[Fichier:Honoré Daumier - The Uprising (L'Emeute) - Google Art Project.jpg|vignette|267x267px|''L'Émeute'', après 1848. [[w:Honoré Daumier|Honoré Daumier]]]]
 
Cette répression, qui a été dirigée par les représentants (bourgeois) du "peuple", élus au suffrage universel, a été le marqueur de la rupture entre [[mouvement ouvrier]] et mouvement bourgeois-républicain. C'est pourquoi Marx considérait dans ''[[Les Luttes de classes en France|Les luttes de classes en France]]'' que la révolution de 1848 a été une défaite, mais en même temps une condition nécessaire à l'émergence de la [[conscience de classe]].
 
Cette répression, qui a été dirigée par les représentants (bourgeois) du "peuple", élus au suffrage universel, a été le marqueur de la rupture entre [[mouvement ouvrier]] et mouvement bourgeois-républicain. C'est pourquoi Marx considérait dans ''[[Les Luttes de classes en France|Les luttes de classes en France]]'' que la révolution de 1848 a été une défaite, mais en même temps une condition nécessaire à l'émergence de la [[conscience de classe]].
  

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