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Issu d'un soulèvement antimonarchique, le gouvernement provisoire fait tout pour éviter une intervention de la [[w:Sainte-Alliance|Sainte-Alliance]] (l'accord réactionnaire de 1815 entre monarchies européennes pour restaurer l'ordre d'[[Ancien régime]] après [[Révolution française|1789]] et les [[Guerres napoléoniennes|guerres de Napoléon]]). Dès le 4 mars, Lamartine, ministre des Affaires étrangères, annonce que la France a des intentions pacifiques. Mais cela cause des dissensions : les républicains radicaux veulent venir en aide aux démocrates des autres pays qui se soulèvent. Ledru-Rollin laisse se constituer une légion belge, qui intervient sans succès en Belgique (30 mars), dont le roi [[w:Léopold Ier de Belgique|Léopold <abbr>I<sup>er</sup></abbr>]] est le gendre de Louis-Philippe et demande une intervention contre la France. Il en est de même dans les Alpes où les [[Voraces lyonnais]] tentent vainement d'envahir la Savoie appartenant au Roi de Piémont (3 avril).
 
Issu d'un soulèvement antimonarchique, le gouvernement provisoire fait tout pour éviter une intervention de la [[w:Sainte-Alliance|Sainte-Alliance]] (l'accord réactionnaire de 1815 entre monarchies européennes pour restaurer l'ordre d'[[Ancien régime]] après [[Révolution française|1789]] et les [[Guerres napoléoniennes|guerres de Napoléon]]). Dès le 4 mars, Lamartine, ministre des Affaires étrangères, annonce que la France a des intentions pacifiques. Mais cela cause des dissensions : les républicains radicaux veulent venir en aide aux démocrates des autres pays qui se soulèvent. Ledru-Rollin laisse se constituer une légion belge, qui intervient sans succès en Belgique (30 mars), dont le roi [[w:Léopold Ier de Belgique|Léopold <abbr>I<sup>er</sup></abbr>]] est le gendre de Louis-Philippe et demande une intervention contre la France. Il en est de même dans les Alpes où les [[Voraces lyonnais]] tentent vainement d'envahir la Savoie appartenant au Roi de Piémont (3 avril).
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Le 8 avril, sur proposition de Louis Blanc, [[Commission du Luxembourg#La question des ouvriers étrangers|un décret facilitant la naturalisation des ouvriers étrangers est adopté]], pour contrer des manifestations de xénophobie y compris dans la classe ouvrière.
    
== Une II<sup>e</sup> République aussitôt sous tension ==
 
== Une II<sup>e</sup> République aussitôt sous tension ==
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Le grand nombre d'ouvriers au chômage au moment de la révolution, et leur rôle dans l'insurrection, obligeait le gouvernement provisoire à faire quelque chose. Dès le 25 février des décrets sur le « [[droit au travail]] » sont pris, et le 26, pour le mettre en oeuvre, sont créés les  [[ateliers nationaux]]. Il s'agit principalement de [[grands travaux]] ingrats de type terrassements, conçus à la va-vite et sans utilité majeure.
 
Le grand nombre d'ouvriers au chômage au moment de la révolution, et leur rôle dans l'insurrection, obligeait le gouvernement provisoire à faire quelque chose. Dès le 25 février des décrets sur le « [[droit au travail]] » sont pris, et le 26, pour le mettre en oeuvre, sont créés les  [[ateliers nationaux]]. Il s'agit principalement de [[grands travaux]] ingrats de type terrassements, conçus à la va-vite et sans utilité majeure.
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Le prolétariat parisien réclamait bien plus. Le 28 février, les ouvriers parisiens du bâtiment manifestent pour réclamer la [[Temps de travail|journée de 10 heures]], la fin de la pratique « esclavagiste » du [[w:Délit de marchandage en droit du travail français|marchandage]] et la création d'un ministère du Travail. Le 2 mars, [[w:Loi des 10 heures|un décret]] accède partiellement à ces demandes. Mais les bourgeois au gouvernement refusent de créer un vrai ministère du Travail. A la place, ils acceptent la création d'une « [[Commission du Luxemburg|Commission pour les travailleurs]] », sans budget ni pouvoir exécutif. Elle se réunit au Palais du Luxembourg et est présidée par [[Louis Blanc]]. En acceptant cette mascarade, Louis Blanc apportait une caution « sociale » inoffensive au gouvernement provisoire, aidant à canaliser le mouvement ouvrier dans une impasse.
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Le prolétariat parisien réclamait bien plus. Le 28 février, les ouvriers parisiens du bâtiment manifestent pour réclamer la [[Temps de travail|journée de 10 heures]], la fin de la pratique « esclavagiste » du [[w:Délit de marchandage en droit du travail français|marchandage]] et la création d'un ministère du Travail. Le 2 mars, [[w:Loi des 10 heures|un décret]] accède partiellement à ces demandes. Mais les bourgeois au gouvernement refusent de créer un vrai ministère du Travail. A la place, ils acceptent la création d'une « [[Commission du Luxembourg|Commission pour les travailleurs]] », sans budget ni pouvoir exécutif. Elle se réunit au Palais du Luxembourg et est présidée par [[Louis Blanc]]. En acceptant cette mascarade, Louis Blanc apportait une caution « sociale » inoffensive au gouvernement provisoire, aidant à canaliser le mouvement ouvrier dans une impasse.
    
Louis Blanc était connu pour avoir théorisé l'''[[Organisation du travail (livre)|Organisation du travail]]'' dans des [[ateliers sociaux]] impulsés par l'État. Les dirigeants comme Lamartine entendaient laisser Louis Blanc disserter autant qu'il voulait depuis le Luxembourg sur des ateliers sociaux (sans budget), tandis que les [[ateliers nationaux]] étaient mis en place, dans une logique plus proche, elle, des institutions de charité comme [[w:Ateliers de charité|celles de l'Ancien régime]] ou comme les ''[[Workhouse|workhouses]]'' anglaises. Selon [[Karl Marx|Marx]], les conservateurs au pouvoir jouaient sciemment sur la confusion des termes pour que les ateliers nationaux soient vus comme le produit du [[socialisme]] de Louis Blanc, afin de détourner sur lui l'hostilité des [[bourgeois]] et [[petit-bourgeois]]. En effet, de nombreuses diatribes [[réactionnaires]] circulaient contre « ces fainéants de prolétaires que des rouges paient à ne rien faire ».[[Fichier:Ouvriers bourgeois 1848.jpg|centré|vignette|760x760px|Caricature de 1848]]
 
Louis Blanc était connu pour avoir théorisé l'''[[Organisation du travail (livre)|Organisation du travail]]'' dans des [[ateliers sociaux]] impulsés par l'État. Les dirigeants comme Lamartine entendaient laisser Louis Blanc disserter autant qu'il voulait depuis le Luxembourg sur des ateliers sociaux (sans budget), tandis que les [[ateliers nationaux]] étaient mis en place, dans une logique plus proche, elle, des institutions de charité comme [[w:Ateliers de charité|celles de l'Ancien régime]] ou comme les ''[[Workhouse|workhouses]]'' anglaises. Selon [[Karl Marx|Marx]], les conservateurs au pouvoir jouaient sciemment sur la confusion des termes pour que les ateliers nationaux soient vus comme le produit du [[socialisme]] de Louis Blanc, afin de détourner sur lui l'hostilité des [[bourgeois]] et [[petit-bourgeois]]. En effet, de nombreuses diatribes [[réactionnaires]] circulaient contre « ces fainéants de prolétaires que des rouges paient à ne rien faire ».[[Fichier:Ouvriers bourgeois 1848.jpg|centré|vignette|760x760px|Caricature de 1848]]

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