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| Ainsi, les deux congrès corporatifs de Paris (1893) et de Nantes (1894) voient un essor du syndicalisme. A Nantes sont représentés 1 662 syndicats, un record pour l’époque, et la grève générale est au cœur des débats. Lorsque la question est mise aux voix, la position favorable à la grève générale l’emporte par 65 voix contre 37 et 9 abstentions. Des provocateurs comme [[Henri Clément Girard|Girard]] (on apprendra après sa mort sa qualité d’indicateur de Police<ref>[https://maitron.fr/spip.php?article80884 Fiche Maîtron Henri Clément Girard]</ref>) et [[Aristide Briand]] en rajoutent pour souffler sur les braises de la division. Les guesdistes quittent la séance et scissionnent de fait, décidant de maintenir une FNS réduite à la portion congrue comme un appendice de leur parti. | | Ainsi, les deux congrès corporatifs de Paris (1893) et de Nantes (1894) voient un essor du syndicalisme. A Nantes sont représentés 1 662 syndicats, un record pour l’époque, et la grève générale est au cœur des débats. Lorsque la question est mise aux voix, la position favorable à la grève générale l’emporte par 65 voix contre 37 et 9 abstentions. Des provocateurs comme [[Henri Clément Girard|Girard]] (on apprendra après sa mort sa qualité d’indicateur de Police<ref>[https://maitron.fr/spip.php?article80884 Fiche Maîtron Henri Clément Girard]</ref>) et [[Aristide Briand]] en rajoutent pour souffler sur les braises de la division. Les guesdistes quittent la séance et scissionnent de fait, décidant de maintenir une FNS réduite à la portion congrue comme un appendice de leur parti. |
− | ===Fondation (1895) et Charte d'Amiens (1906)=== | + | ===Fondation (1895) === |
| [[Fichier:CGT-Lyon-1919.jpg|vignette|Affiche popularisant l'organisation parallèle des fédérations de métier et des branches locales]] | | [[Fichier:CGT-Lyon-1919.jpg|vignette|Affiche popularisant l'organisation parallèle des fédérations de métier et des branches locales]] |
| En 1895, les deux fédérations tiennent un congrès commun à Limoges, et se mettent d'accord pour fonder la ''Confédération générale du travail''. Le courant qui est alors dominant en son sein est le [[syndicalisme révolutionnaire]] (SR), tandis que les guesdistes s'en tiennent à l'écart. Proche de l'[[anarchisme]], ses principaux leaders voient le syndicat comme l'[[auto-organisation]] de la classe ouvrière, et l'outil qui conduira à la [[Grève générale insurrectionnelle|grève générale]] et l'[[Abolition du travail salarié|abolition du salariat]]. Elle s'oppose à toute idée d'[[arbitrage obligatoire]]. | | En 1895, les deux fédérations tiennent un congrès commun à Limoges, et se mettent d'accord pour fonder la ''Confédération générale du travail''. Le courant qui est alors dominant en son sein est le [[syndicalisme révolutionnaire]] (SR), tandis que les guesdistes s'en tiennent à l'écart. Proche de l'[[anarchisme]], ses principaux leaders voient le syndicat comme l'[[auto-organisation]] de la classe ouvrière, et l'outil qui conduira à la [[Grève générale insurrectionnelle|grève générale]] et l'[[Abolition du travail salarié|abolition du salariat]]. Elle s'oppose à toute idée d'[[arbitrage obligatoire]]. |
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| + | En 1902, la fondation de la CGT a été parachevée par l’intégration pleine et entière de la Fédération des bourses du travail, et l’adoption de statuts dont l’article 1<sup>er</sup> proclame : |
| + | <blockquote> |
| + | La confédération générale du travail, régie par les présents statuts, a pour objet |
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| + | ''1° Le groupement des salariés pour la défense de leurs intérêts moraux et matériels, économiques et professionnels ;'' |
| + | ''2° Elle groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du Salariat et du Patronat'' |
| + | 3° ''Nul syndicat ne pourra faire partie de la confédération s’il n’est fédéré nationalement et adhérent à une Bourse du travail ou à une Union locale de syndicats locale, départementale ou régionale de corporations diverses'' |
| + | </blockquote> |
| + | Le principe retenu est celui de la double-affiliation de chaque syndicat à une fédération de branche et à une union interprofessionnelle locale, départementale ou régionale. Cette double-affiliation est un garde-fou au verticalisme : le syndicat cloisonné dans sa branche et, de fait, perméable au [[corporatisme]]. |
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| + | L’élan est donné : en 1902, 1 403 syndicats, 30 fédérations et 86 Bourses du travail sont affiliés à la CGT. En 1906, ce sont 2 399 syndicats, 52 fédérations et 109 Bourses du travail. Plus de 200 000 cotisants. Cet effectif sera multiplié par quatre au 1<sup>er</sup> janvier 1914 : 839 331 syndiqués sur 7 630 000 salariés de l’industrie.<ref>Chiffres extraits de : Histoire du mouvement syndical en France. René Garmy. Page 159. Bibliothèque du mouvement ouvrier 1970.</ref> |
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| La CGT doit affronter non seulement le patronat, mais aussi certains ouvriers minoritaires qui forment des [[syndicats jaunes]], ainsi que les idéologies paternalistes et [[Corporatisme (idéologie)|corporatistes]] qui font tout pour étouffer la lutte des classes. Par exemple en 1899 la [[w:Schneider et Cie|compagnie Schneider]] inflige un revers décisif à la CGT dans les mines du Creusot, réussissant à liquider le syndicat et à licencier 2000 ouvriers syndiqués.<ref>JP Le Crom, ''[https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00191101/document L'introuvable démocratie salariale Le droit de la représentation du personnel dans l'entreprise]'' (1890-2002)</ref> Ce danger pouvait venir aussi de faux amis socialistes. Ainsi le premier socialiste à [[Ministérialisme|entrer dans un gouvernement]] (bourgeois), [[Alexandre Millerand|Millerand]], dépose en 1900 un projet de loi d'inspiration corporatiste (qui sera enterré) visant à instaurer un arbitrage obligatoire des conflits du travail. | | La CGT doit affronter non seulement le patronat, mais aussi certains ouvriers minoritaires qui forment des [[syndicats jaunes]], ainsi que les idéologies paternalistes et [[Corporatisme (idéologie)|corporatistes]] qui font tout pour étouffer la lutte des classes. Par exemple en 1899 la [[w:Schneider et Cie|compagnie Schneider]] inflige un revers décisif à la CGT dans les mines du Creusot, réussissant à liquider le syndicat et à licencier 2000 ouvriers syndiqués.<ref>JP Le Crom, ''[https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00191101/document L'introuvable démocratie salariale Le droit de la représentation du personnel dans l'entreprise]'' (1890-2002)</ref> Ce danger pouvait venir aussi de faux amis socialistes. Ainsi le premier socialiste à [[Ministérialisme|entrer dans un gouvernement]] (bourgeois), [[Alexandre Millerand|Millerand]], dépose en 1900 un projet de loi d'inspiration corporatiste (qui sera enterré) visant à instaurer un arbitrage obligatoire des conflits du travail. |
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| + | === Charte d'Amiens (1906) === |
| {{See also|Charte d'Amiens}} | | {{See also|Charte d'Amiens}} |
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