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Il était le principal dirigeant du premier parti « marxiste » français ([[Parti ouvrier français|POF]]), bien que ses positions aient été rétrospectivement critiquées durement par de nombreux marxistes.<ref name=":1">La Commune, ''[https://www.lacommune.org/Parti-des-travailleurs/archives/France/La-Charte-d-Amiens-un-acquis-a-defendre-i710.html La Charte d'Amiens : un acquis à défendre]'',  2 novembre 2010</ref> En 1914, il se rallie à l'[[Union sacrée (1914)|Union sacrée]] et devient ministre...
 
Il était le principal dirigeant du premier parti « marxiste » français ([[Parti ouvrier français|POF]]), bien que ses positions aient été rétrospectivement critiquées durement par de nombreux marxistes.<ref name=":1">La Commune, ''[https://www.lacommune.org/Parti-des-travailleurs/archives/France/La-Charte-d-Amiens-un-acquis-a-defendre-i710.html La Charte d'Amiens : un acquis à défendre]'',  2 novembre 2010</ref> En 1914, il se rallie à l'[[Union sacrée (1914)|Union sacrée]] et devient ministre...
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==BIOGRAPHIE==
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==Biographie==
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==Premiers pas dans le journalisme militant==
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===Premiers pas dans le journalisme militant===
    
Fils d’un professeur d’institution privée, Jules Bazile, après avoir suivi des études classiques et obtenu son bac en 1863, entre à la préfecture de Paris comme expéditionnaire-traducteur à la direction de la presse. Il collabore très tôt à des journaux républicains, se signalant par son audace contre le régime impérial, choisissant alors comme nom de plume le patronyme de sa mère, Eléonor Guesde.
 
Fils d’un professeur d’institution privée, Jules Bazile, après avoir suivi des études classiques et obtenu son bac en 1863, entre à la préfecture de Paris comme expéditionnaire-traducteur à la direction de la presse. Il collabore très tôt à des journaux républicains, se signalant par son audace contre le régime impérial, choisissant alors comme nom de plume le patronyme de sa mère, Eléonor Guesde.
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Réfugié en Suisse puis en Italie, à Milan, où il survit en donnant des leçons de littérature, il entre alors en contact avec des militants de l'[[Association_internationale_des_travailleurs|Association internationale des travailleurs]] (Première Internationale), mouvement fondé entre autres par [[Karl_Marx|Karl Marx]] en 1864. D’abord hostile au philosophe, Guesde se rapproche peu à peu de ce dernier. Sans pour autant adopter toutes les idées de Marx, il en défend vigoureusement le concept de prise de pouvoir par le [[Prolétariat|prolétariat]].
 
Réfugié en Suisse puis en Italie, à Milan, où il survit en donnant des leçons de littérature, il entre alors en contact avec des militants de l'[[Association_internationale_des_travailleurs|Association internationale des travailleurs]] (Première Internationale), mouvement fondé entre autres par [[Karl_Marx|Karl Marx]] en 1864. D’abord hostile au philosophe, Guesde se rapproche peu à peu de ce dernier. Sans pour autant adopter toutes les idées de Marx, il en défend vigoureusement le concept de prise de pouvoir par le [[Prolétariat|prolétariat]].
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==Le chef du parti «&nbsp;collectiviste&nbsp;»==
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===Le chef du parti «&nbsp;collectiviste&nbsp;»===
    
De retour en France en 1876, Guesde vise deux objectifs. D'abord reconstituer le [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] décapité par la répression de la Commune de Paris, et ensuite convaincre l’élite de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] française du bien-fondé des doctrines du [[Socialisme_scientifique|socialisme scientifique]].
 
De retour en France en 1876, Guesde vise deux objectifs. D'abord reconstituer le [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] décapité par la répression de la Commune de Paris, et ensuite convaincre l’élite de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] française du bien-fondé des doctrines du [[Socialisme_scientifique|socialisme scientifique]].
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Très vite, apparaissent des divergences entre les dirigeants concernant les conditions de la prise du pouvoir et les relations du parti avec la jeune République. Pour les ''«&nbsp;[[Possibilistes|possibilistes]]&nbsp;»'' menés par [[Paul_Brousse|Brousse]] et [[Jean_Allemane|Allemane]], il convient de faire, au plus tôt, les ''«&nbsp;réformes possibles&nbsp;»'' plutôt que d'attendre une révolution hypothétique. Dans les syndicats se développe aussi l'idée d'une révolution basée sur la [[Grève_générale|grève générale]], ce que les guesdistes railleront comme une chimère.
 
Très vite, apparaissent des divergences entre les dirigeants concernant les conditions de la prise du pouvoir et les relations du parti avec la jeune République. Pour les ''«&nbsp;[[Possibilistes|possibilistes]]&nbsp;»'' menés par [[Paul_Brousse|Brousse]] et [[Jean_Allemane|Allemane]], il convient de faire, au plus tôt, les ''«&nbsp;réformes possibles&nbsp;»'' plutôt que d'attendre une révolution hypothétique. Dans les syndicats se développe aussi l'idée d'une révolution basée sur la [[Grève_générale|grève générale]], ce que les guesdistes railleront comme une chimère.
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À cette époque, Guesde incarne la ligne dure du militantisme ouvrier, opposée à tout compromis avec les ''«&nbsp;forces bourgeoises&nbsp;»''. Tout au long de cette genèse de la Gauche française, il incarne un archétype, celui du militant pauvre, incorruptible, qui voyage sans répit pour faire connaître dans toute la France le socialisme révolutionnaire. Guesde, outre son activité inlassable – il publie beaucoup de livres, brochures, articles et anime au premier rang en dépit de sa santé incertaine les nombreux meetings socialistes – se révèle bon organisateur. Il structure rigoureusement son parti selon une logique pyramidale d’une grande efficacité, chaque niveau étant animé par des militants, souvent d’origine ouvrière, totalement dévoués, sinon soumis, à la célèbre ''«&nbsp;discipline guesdiste&nbsp;»'', qui étonne par sa rigidité partisans et adversaires. Par ailleurs, le Parti ouvrier est internationaliste, ses liens sont étroits avec les partis étrangers, notamment la [[Parti_social-démocrate_d'Allemagne|social-démocratie allemande]] qui est à l'époque le principal parti socialiste dans le monde.
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À cette époque, Guesde incarne la ligne dure du militantisme ouvrier, opposée à tout compromis avec les ''«&nbsp;forces bourgeoises&nbsp;»''. Tout au long de cette genèse de la [[gauche]] française, il incarne un archétype, celui du militant pauvre, incorruptible, qui voyage sans répit pour faire connaître dans toute la France le socialisme révolutionnaire. Guesde, outre son activité inlassable – il publie beaucoup de livres, brochures, articles et anime au premier rang en dépit de sa santé incertaine les nombreux meetings socialistes – se révèle bon organisateur. Il structure rigoureusement son parti selon une logique pyramidale d’une grande efficacité, chaque niveau étant animé par des militants, souvent d’origine ouvrière, totalement dévoués, sinon soumis, à la célèbre ''«&nbsp;discipline guesdiste&nbsp;»'', qui étonne par sa rigidité partisans et adversaires. Par ailleurs, le Parti ouvrier se revendique internationaliste, ses liens sont étroits avec les partis étrangers, notamment la [[Parti_social-démocrate_d'Allemagne|social-démocratie allemande]] qui est à l'époque le principal parti socialiste dans le monde.
    
Les succès du Parti Ouvrier sont rapides. Comptant à peine 2000 membres en 1889, il gagne en audience – 20000 militants en 1902 – et conquiert ensuite plusieurs grandes municipalités, notamment Roubaix qui reste le sanctuaire du guesdisme – la ''«&nbsp;Rome du Socialisme&nbsp;»'' – jusqu’en 1914. Le PO atteint son point haut électoral aux législatives de 1893.  
 
Les succès du Parti Ouvrier sont rapides. Comptant à peine 2000 membres en 1889, il gagne en audience – 20000 militants en 1902 – et conquiert ensuite plusieurs grandes municipalités, notamment Roubaix qui reste le sanctuaire du guesdisme – la ''«&nbsp;Rome du Socialisme&nbsp;»'' – jusqu’en 1914. Le PO atteint son point haut électoral aux législatives de 1893.  
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Très populaire dans le Nord, bastion d’un POF soutenu par les ouvriers du textile et de l’industrie, profitant d'une influence moins forte et moins durable dans le ''«&nbsp;Midi rouge&nbsp;»'', Guesde entre à la chambre des députés une première fois en 1893 pour la circonscription de Roubaix en s’affirmant ''«&nbsp;collectiviste, internationaliste et révolutionnaire&nbsp;»''. Battu en 1898 et 1902, il est réélu en 1906. Il conserve son siège jusqu'à sa mort en 1922.
 
Très populaire dans le Nord, bastion d’un POF soutenu par les ouvriers du textile et de l’industrie, profitant d'une influence moins forte et moins durable dans le ''«&nbsp;Midi rouge&nbsp;»'', Guesde entre à la chambre des députés une première fois en 1893 pour la circonscription de Roubaix en s’affirmant ''«&nbsp;collectiviste, internationaliste et révolutionnaire&nbsp;»''. Battu en 1898 et 1902, il est réélu en 1906. Il conserve son siège jusqu'à sa mort en 1922.
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==L'unification des socialistes en France, l'entrée au gouvernement==
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=== Rendez-vous manqué avec les syndicats ===
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Lorsque la [[Fédération nationale des syndicats|Fédération Nationale des Syndicats]] (FNS) est créée en 1886, elle est majoritairement influencée par les [[Jules Guesde|guesdistes]]. Mais ceux-ci perdent peu à peu la prépondérance, à la fois dans la FNS et dans une nouvelle fédération qui se créé en 1892, la fédération des [[bourses du Travail]]. Finalement, la [[CGT (France)|CGT]], fondée en 1895, sera dominée par le courant [[Syndicalisme révolutionnaire|syndicaliste révolutionnaire]] et les guesdites s'en tiendront à l'écart. Cela a été le fruit d'une sorte de [[Front unique ouvrier|front commun]] des diverses forces opposées aux guesdistes ([[Jean Allemane|allemanistes]], [[blanquistes]], [[Anarchisme|anarchistes]]...), mais cela a été grandement facilité par la position sectaire et erronnée des guesdistes sur la [[grève générale]].
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===Les deux méthodes===
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Si à l'origine ils étaient plutôt pour, ils se divisent ensuite, et finissent par se radicaliser dans une posture critique. Au congrès de Nantes (1894), ils sont mis en minorité sur cette question. Refusant de se soumettre à la majorité, les guesdistes quittent la salle.
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Sous l’impulsion de Guesde, le PO est un des fondateurs en France des journées du [[1er_Mai|1er Mai]], dites ''«&nbsp;fêtes du travail&nbsp;»'', à partir de 1889 qui vise à obtenir pour les ouvriers des avantages précis et immédiats, comme la réduction de la journée de travail. La loi de 1892 limite à 11 heures par jour le temps de travail des femmes et des enfants de 16 à 18 ans. Il faut attendre 1919 pour voir votée la journée de 8 heures.
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Guesde a par ailleurs défendu des positions allant dans le sens d'un encadrement par l'État des modalités de la grève, ce qui soulevait légitiment des oppositions dans la frange des syndicats la plus attachée à l'indépendance de classe. Ainsi Guesde déposait le 8 février 1894 devant la Chambre des députés une proposition de loi dont l’exposé des motifs  expliquait :
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En 1899, il s'oppose à [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]] quant à la participation d’[[Alexandre_Millerand|Alexandre Millerand]] au ministère ''«&nbsp;bourgeois&nbsp;»'' de [[Pierre_Waldeck-Rousseau|Waldeck-Rousseau]]. Lors d'une conférence contradictoire avec Jaurès, le 26 novembre 1900, il lui répond sur ''«&nbsp;la vérité, au point de vue historique de leurs divergences&nbsp;»'', qui sera rapporté sous le titre ''Les deux méthodes''.<ref name="LesDeuxM">Guesde-Jaurès, ''[http://www.marxists.org/francais/guesde/works/1900/11/guesde_19001126.htm Les deux méthodes]'', 1900</ref>
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''« La loi a reconnu, a dû reconnaître le droit de grève que ceux-là mêmes sont obligés d'admettre en théorie, qui s'efforcent de l'annuler dans la pratique. Mais elle ne l'a pas organisé ; et c'est à sa non-organisation, à l'état d'anarchie dans lequel il a été systématiquement laissé que doivent être attribués tous les désordres, toutes les violences auxquelles, du dedans et du dehors, il donne lieu ou sert de prétexte. Qui dit grève dit action ou inaction collective. On ne fait pas grève individuellement : un travailleur isolé qui se refuse au travail n'est pas un gréviste. La grève, c'est le refus collectif du travail, qu'il résulte des réclamations des salariés non satisfaits par les salariants ou des exigences des salariants non acceptées par les salariés. Elle est le droit collectif. (…) lorsque éclate un différend entre les ouvriers d'une usine, d'une concession minière, d'un chantier, et leurs employeurs, une réunion générale ait lieu de ces associés de fait dans le travail : travail commun, misère commune, ne permettant qu'une défense commune : que le cas leur soit soumis et qu'après délibération, si la grève est déclarée votée à bulletins secrets, elle devienne, de par la loi des majorités, obligatoire pour tous... La marche ou la continuation de la grève, du conflit désormais pacifique, sera réglée, comme sa fin, de la même façon, par le même procédé organique : la volonté de la majorité demandée au scrutin...'' »<ref>Cité dans : Histoire du mouvement ouvrier ** 1871-1920. Edouard Dolléans. Page 26. Armand Colin. 1967</ref>
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La proposition de Jules Guesde fut critiquée par certaines fédérations ouvrières, acceptée par d'autres et notamment par la Fédération des Mineurs.
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Millerand, qu'il critiquera durement 5 ans plus tard, proposera lui-même un projet de loi inspiré de celui-ci.
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===L'unification des socialistes en France, l'entrée au gouvernement===
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====Les deux méthodes====
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Sous l’impulsion de Guesde, le PO est un des fondateurs en France des journées du [[1er_Mai|1<sup>er</sup> Mai]] à partir de 1889 qui vise à obtenir pour les ouvriers des avantages précis et immédiats, comme la réduction de la journée de travail. La loi de 1892 limite à 11 heures par jour le temps de travail des femmes et des enfants de 16 à 18 ans. Il faut attendre 1919 pour voir votée la [[journée de 8 heures]].
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En 1899, il s'oppose à [[Jean Jaurès]] quant à la [[Participation aux gouvernements bourgeois|participation]] d’[[Alexandre Millerand]] au ministère bourgeois de [[w:Pierre Waldeck-Rousseau|Waldeck-Rousseau]]. Lors d'une conférence contradictoire avec Jaurès, le 26 novembre 1900, il lui répond sur ''«&nbsp;la vérité, au point de vue historique de leurs divergences&nbsp;»'', qui sera rapporté sous le titre ''Les deux méthodes''.<ref name="LesDeuxM">Guesde-Jaurès, ''[http://www.marxists.org/francais/guesde/works/1900/11/guesde_19001126.htm Les deux méthodes]'', 1900</ref>
    
En 1902, son parti fusionne avec le [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(France)|Parti socialiste révolutionnaire]] d'[[Edouard_Vaillant|Edouard Vaillant]] (blanquiste) pour former le [[Parti_socialiste_de_France_(guesdiste)|Parti socialiste de France]]. La revendication de Guesde, que cette unité se fasse sur la base de la condamnation de toute tactique ''«&nbsp;participationniste&nbsp;»'', est adoptée puis confortée en 1904, lors du [[Internationale_ouvrière|Congrès socialiste international]] d'Amsterdam. Le débat fait rage entre Jaurès et ses adversaires. [[August_Bebel|August Bebel]], qui est favorable à Guesde déplore que ''«&nbsp;les fatales querelles (…) dont la démocratie socialiste française souffre tant, persistent encore&nbsp;»''. L’orateur cite alors les paroles de Jaurès six ans plus tôt et qu’il reprend à son compte&nbsp;:
 
En 1902, son parti fusionne avec le [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(France)|Parti socialiste révolutionnaire]] d'[[Edouard_Vaillant|Edouard Vaillant]] (blanquiste) pour former le [[Parti_socialiste_de_France_(guesdiste)|Parti socialiste de France]]. La revendication de Guesde, que cette unité se fasse sur la base de la condamnation de toute tactique ''«&nbsp;participationniste&nbsp;»'', est adoptée puis confortée en 1904, lors du [[Internationale_ouvrière|Congrès socialiste international]] d'Amsterdam. Le débat fait rage entre Jaurès et ses adversaires. [[August_Bebel|August Bebel]], qui est favorable à Guesde déplore que ''«&nbsp;les fatales querelles (…) dont la démocratie socialiste française souffre tant, persistent encore&nbsp;»''. L’orateur cite alors les paroles de Jaurès six ans plus tôt et qu’il reprend à son compte&nbsp;:
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===Les problèmes bourgeois aux bourgeois===
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====Les problèmes bourgeois aux bourgeois====
    
Guesde a campé jusqu'en 1914 sur son positionnement de non-conciliation avec la bourgeoisie.
 
Guesde a campé jusqu'en 1914 sur son positionnement de non-conciliation avec la bourgeoisie.
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La même distance sera marquée en 1892-1893 lorsque éclatera l'[[Scandale_de_Panama|affaire de Panama]].
 
La même distance sera marquée en 1892-1893 lorsque éclatera l'[[Scandale_de_Panama|affaire de Panama]].
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===La SFIO===
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====La SFIO====
    
Cependant, en dépit de ces succès partisans, le courant réformiste de [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]], ''«&nbsp;socialiste indépendant&nbsp;»'', gagne inexorablement du terrain en France. En 1905, le Parti socialiste de France et le [[Parti_socialiste_français_(1902)|Parti socialiste français]] fusionnent pour fonder la [[Section_française_de_l'Internationale_ouvrière|Section française de l'Internationale ouvrière]] (SFIO).
 
Cependant, en dépit de ces succès partisans, le courant réformiste de [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]], ''«&nbsp;socialiste indépendant&nbsp;»'', gagne inexorablement du terrain en France. En 1905, le Parti socialiste de France et le [[Parti_socialiste_français_(1902)|Parti socialiste français]] fusionnent pour fonder la [[Section_française_de_l'Internationale_ouvrière|Section française de l'Internationale ouvrière]] (SFIO).
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Par ailleurs, Guesde est opposé à la [[Franc-maçonnerie|franc-maçonnerie]], qu'il considère comme ''«&nbsp;alliée à la bourgeoisie&nbsp;»'' et ''«&nbsp;nuisible de la classe ouvrière&nbsp;»'', comme il le rappela lors du Congrès socialiste de Limoges en 1906. Pour autant, de nombreux francs-maçons étaient adhérents du POF au point d'apparaître constituer un courant au sein du mouvement.
 
Par ailleurs, Guesde est opposé à la [[Franc-maçonnerie|franc-maçonnerie]], qu'il considère comme ''«&nbsp;alliée à la bourgeoisie&nbsp;»'' et ''«&nbsp;nuisible de la classe ouvrière&nbsp;»'', comme il le rappela lors du Congrès socialiste de Limoges en 1906. Pour autant, de nombreux francs-maçons étaient adhérents du POF au point d'apparaître constituer un courant au sein du mouvement.
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===La guerre pour la Révolution===
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====La guerre pour la Révolution====
    
Trois jours après la mort de [[Jaurès|Jaurès]], il se rallie à ''«&nbsp;l’[[Union_Sacrée|Union Sacrée]]&nbsp;»'' de tous les partis dans la [[Guerre_de_1914|guerre de 1914]]. Selon lui, il agit en accord avec le manifeste du POF de 1893<ref>Jules Guesde et Paul Lafargue, [http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1893/01/pl18930123.htm Socialisme et patriotisme], 23 janvier 1893.</ref>, où il affirmait son combat pour la paix, mais pas à n'importe quel prix<ref>E.Melmoux, T. Mitzinmacker, ''100 personnages qui ont fait l'histoire de France''éd Bréal, p. 189 [http://books.google.fr/books?id=Z1KqEd4j79oC&pg=PA188&lpg=PA188&dq=Jules+Guesde+L%27Egalit%C3%A9&source=web&ots=OF4AGSz_EG&sig=9emSxkEo6XwJFl9UY8FVFVy3CgA&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=4&ct=result#PPA189,M1 (lire en ligne)].</ref>: ''«&nbsp;l'internationaliste n'est ni l'abaissement ni le sacrifice de la patrie&nbsp;»'', et ''«&nbsp;La France n'aura pas de plus ardents défenseurs que les socialistes du mouvement ouvrier.&nbsp;»''. Pourtant ce type d'argument de ''«&nbsp;défense de la patrie&nbsp;»'', qui pouvait être défendu y compris par Marx et Engels, ne valait pas dans le cas d'un [[Guerre_impérialiste|conflit entre impérialistes]] comme la Première guerre mondiale...
 
Trois jours après la mort de [[Jaurès|Jaurès]], il se rallie à ''«&nbsp;l’[[Union_Sacrée|Union Sacrée]]&nbsp;»'' de tous les partis dans la [[Guerre_de_1914|guerre de 1914]]. Selon lui, il agit en accord avec le manifeste du POF de 1893<ref>Jules Guesde et Paul Lafargue, [http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1893/01/pl18930123.htm Socialisme et patriotisme], 23 janvier 1893.</ref>, où il affirmait son combat pour la paix, mais pas à n'importe quel prix<ref>E.Melmoux, T. Mitzinmacker, ''100 personnages qui ont fait l'histoire de France''éd Bréal, p. 189 [http://books.google.fr/books?id=Z1KqEd4j79oC&pg=PA188&lpg=PA188&dq=Jules+Guesde+L%27Egalit%C3%A9&source=web&ots=OF4AGSz_EG&sig=9emSxkEo6XwJFl9UY8FVFVy3CgA&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=4&ct=result#PPA189,M1 (lire en ligne)].</ref>: ''«&nbsp;l'internationaliste n'est ni l'abaissement ni le sacrifice de la patrie&nbsp;»'', et ''«&nbsp;La France n'aura pas de plus ardents défenseurs que les socialistes du mouvement ouvrier.&nbsp;»''. Pourtant ce type d'argument de ''«&nbsp;défense de la patrie&nbsp;»'', qui pouvait être défendu y compris par Marx et Engels, ne valait pas dans le cas d'un [[Guerre_impérialiste|conflit entre impérialistes]] comme la Première guerre mondiale...
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Guesde et [[Marcel_Sembat|Sembat]] vont également s'opposer en conseils des ministres à l'arrestation des «&nbsp;défaitistes&nbsp;» que demandent les autorités civiles ou militaires<ref name="Willard_p103s" />.
 
Guesde et [[Marcel_Sembat|Sembat]] vont également s'opposer en conseils des ministres à l'arrestation des «&nbsp;défaitistes&nbsp;» que demandent les autorités civiles ou militaires<ref name="Willard_p103s" />.
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===La vieille maison===
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====La vieille maison====
    
Après l'armistice, le [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|Congrès de Tours]] le voit choisir la ''«&nbsp;vieille maison&nbsp;»'' SFIO à la suite de [[Léon_Blum|Léon Blum]] et [[Jean_Longuet|Jean Longuet]], contre la majorité qui crée la [[Section_française_de_l'Internationale_communiste|Section française de l'Internationale communiste]]. Pourtant, ses dernières réflexions politiques s'adressent à la révolution bolchevique alors encore incertaine en Russie, même s'il est en désaccord avec la [[Révolution_d'octobre_1917|révolution d'octobre]] contrairement à celle de février. Il dira&nbsp;:  
 
Après l'armistice, le [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|Congrès de Tours]] le voit choisir la ''«&nbsp;vieille maison&nbsp;»'' SFIO à la suite de [[Léon_Blum|Léon Blum]] et [[Jean_Longuet|Jean Longuet]], contre la majorité qui crée la [[Section_française_de_l'Internationale_communiste|Section française de l'Internationale communiste]]. Pourtant, ses dernières réflexions politiques s'adressent à la révolution bolchevique alors encore incertaine en Russie, même s'il est en désaccord avec la [[Révolution_d'octobre_1917|révolution d'octobre]] contrairement à celle de février. Il dira&nbsp;:  
 
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'''''«&nbsp;Veillez sur la révolution russe.&nbsp;»'''''
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''«&nbsp;Veillez sur la révolution russe.&nbsp;»''
 
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Malade, Guesde meurt à Saint-Mandé le 28 juillet 1922. Ses cendres reposent au cimetière du Père-Lachaise, (case 6323 du columbarium).
 
Malade, Guesde meurt à Saint-Mandé le 28 juillet 1922. Ses cendres reposent au cimetière du Père-Lachaise, (case 6323 du columbarium).
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Plusieurs rues Jules-Guesde dans différentes villes de France lui sont dédiées.
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Plusieurs rues Jules Guesde dans différentes villes de France lui sont dédiées.
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==Guesde et le marxisme==
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===Guesde et le marxisme===
    
Enfin, sur le plan théorique, quoique «&nbsp;''marxiste''&nbsp;», le mouvement guesdiste n'a jamais défini sa politique sur une base théorique ou philosophique, mais sur des critères concrets.
 
Enfin, sur le plan théorique, quoique «&nbsp;''marxiste''&nbsp;», le mouvement guesdiste n'a jamais défini sa politique sur une base théorique ou philosophique, mais sur des critères concrets.
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N. McInnes déclare que Guesde n'avait pas compris le marxisme, et que sa «&nbsp;mixture&nbsp;» avec le [[Blanquisme|blanquisme]] «&nbsp;favorisait l'incompréhension&nbsp;» du marxisme. Il note d'ailleurs que «&nbsp;Guesde ne s'est jamais fait passer pour un théoricien marxiste&nbsp;»<ref>N. McInnes, ''Les débuts du marxisme théorique en France et en Italie (1880-1897)'', Études de Marxologie n°3, juin 1960.</ref>. Cependant comme le fait remarquer Jean-Numa Ducange :
 
N. McInnes déclare que Guesde n'avait pas compris le marxisme, et que sa «&nbsp;mixture&nbsp;» avec le [[Blanquisme|blanquisme]] «&nbsp;favorisait l'incompréhension&nbsp;» du marxisme. Il note d'ailleurs que «&nbsp;Guesde ne s'est jamais fait passer pour un théoricien marxiste&nbsp;»<ref>N. McInnes, ''Les débuts du marxisme théorique en France et en Italie (1880-1897)'', Études de Marxologie n°3, juin 1960.</ref>. Cependant comme le fait remarquer Jean-Numa Ducange :
 
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'''« Le marxisme de Jules Guesde est oral, ce qui est important quand on veut s’adresser au peuple »'''<ref name=":0">Entrevue de Jean-Nuca Ducange par Damien Dole, [https://www.liberation.fr/debats/2019/02/22/le-marxisme-de-jules-guesde-est-oral-ce-qui-est-important-quand-on-veut-s-adresser-au-peuple_1710131 « Le marxisme de Jules Guesde est oral, ce qui est important quand on veut s’adresser au peuple »]. Libération (22 févier 2019).</ref>
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« Le marxisme de Jules Guesde est oral, ce qui est important quand on veut s’adresser au peuple »<ref name=":0">Entrevue de Jean-Nuca Ducange par Damien Dole, [https://www.liberation.fr/debats/2019/02/22/le-marxisme-de-jules-guesde-est-oral-ce-qui-est-important-quand-on-veut-s-adresser-au-peuple_1710131 « Le marxisme de Jules Guesde est oral, ce qui est important quand on veut s’adresser au peuple »]. Libération (22 févier 2019).</ref>
 
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Dans l'après guerre, les attaques contre Jules Guesdes viennent principalement   
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Dans l'après guerre, les attaques contre Jules Guesde viennent principalement   
 
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« des personnes de la «deuxième gauche» comme Jacques Julliard ou Michel Rocard [qui] considèrent que le très discrédité courant de Guy Mollet, le mollétisme, c’est le guesdisme. L’assimilation systématique négative autour de Guesde date de cette époque-là. '''Pour les rocardiens, le guesdisme, c’est le mal, le «vieux monde»'''. Même s’il y a des résistances, par exemple dans le Nord, Jaurès reviendra en odeur de sainteté. Althusser ou les marxistes du PS comme Chevènement, eux, veulent «rénover» le marxisme. '''Donc tout le monde est d’accord pour déconsidérer Jules Guesde.''' Dans les changements structurels de la gauche, il va servir de repoussoir.  
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« des personnes de la «deuxième gauche» comme Jacques Julliard ou Michel Rocard [qui] considèrent que le très discrédité courant de Guy Mollet, le mollétisme, c’est le guesdisme. L’assimilation systématique négative autour de Guesde date de cette époque-là. '''Pour les rocardiens, le guesdisme, c’est le mal, le «vieux monde»'''. Même s’il y a des résistances, par exemple dans le Nord, Jaurès reviendra en odeur de sainteté. Althusser ou les marxistes du PS comme Chevènement, eux, veulent «rénover» le marxisme. '''Donc tout le monde est d’accord pour déconsidérer Jules Guesde.''' Dans les changements structurels de la gauche, il va servir de repoussoir. Mais quand on considère ses traces dans l’histoire, Jules Guesde reste bien plus important que ce qu’en disent ses détracteurs dans les dernières décennies. Et aujourd’hui, on voit par exemple son empreinte chez Jean-Luc Mélenchon. » <ref name=":0" />.
Mais quand on considère ses traces dans l’histoire, Jules Guesde reste bien plus important que ce qu’en disent ses détracteurs dans les dernières décennies. Et aujourd’hui, on voit par exemple son empreinte chez Jean-Luc Mélenchon. » <ref name=":0" />.
   
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==Famille==
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Sa fille Louise Bazile sera la mère de Lilian Louise Hélène Volpert, artiste (1902-1982), qui épousera le riche industriel [[Charles_Schneider_(industriel)|Charles Schneider]] (1898-1960).
 
Sa fille Louise Bazile sera la mère de Lilian Louise Hélène Volpert, artiste (1902-1982), qui épousera le riche industriel [[Charles_Schneider_(industriel)|Charles Schneider]] (1898-1960).
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[[Jean-Marie_Benoist|Jean-Marie Benoist]] (1942-1990), écrivain, philosophe et universitaire, figure également au nombre de ses descendants.
 
[[Jean-Marie_Benoist|Jean-Marie Benoist]] (1942-1990), écrivain, philosophe et universitaire, figure également au nombre de ses descendants.
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==PUBLICATIONS==
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==Publications==
 
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==Écrits de Jules Guesdes==
   
Sur wikisource : https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Jules_Guesde
 
Sur wikisource : https://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Jules_Guesde
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==CITATIONS==
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==L'Égalité==
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===L'Égalité===
 
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Si c’est être autoritaire, en effet, que de ne pas vouloir comme certains orateurs de Montmartre “la liberté pour les capitalistes comme pour les travailleurs”, — alors oui, nous sommes autoritaires.
 
Si c’est être autoritaire, en effet, que de ne pas vouloir comme certains orateurs de Montmartre “la liberté pour les capitalistes comme pour les travailleurs”, — alors oui, nous sommes autoritaires.
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==Brochure du Parti ouvrier (1876)==
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===Brochure du Parti ouvrier (1876)===
 
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Nous ne comptons pas, nous n'avons jamais compté que sur le bien-être accru des travailleurs, sur la liberté relative conquise par eux jour par jour, pour les amener à devenir les instruments conscients et capables de leur émancipation intégrale et définitive. La misère, la surmisère surtout, elle ne fait que des mendiants ou des anarchistes. Le mieux-être, les courtes journées de travail, voilà ce qui fait les socialistes, et j'ajouterai les révolutionnaires
 
Nous ne comptons pas, nous n'avons jamais compté que sur le bien-être accru des travailleurs, sur la liberté relative conquise par eux jour par jour, pour les amener à devenir les instruments conscients et capables de leur émancipation intégrale et définitive. La misère, la surmisère surtout, elle ne fait que des mendiants ou des anarchistes. Le mieux-être, les courtes journées de travail, voilà ce qui fait les socialistes, et j'ajouterai les révolutionnaires
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==En Garde !==
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===Une formule prétendue communiste===
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====Une formule prétendue communiste====
 
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Quant à la société communiste, qui ne deviendra une réalité vivante que lorsque les produits consommables existeront en quantité telle que la consommation des uns ne puisse ni entraver ni restreindre la consommation des autres, et qui sortira de l'ordre collectiviste avec des producteurs ou des hommes transformés par les conditions nouvelles du travail, elle n'aura pas d'autre devise que celle inscrite par Rabelais à la porte de son abbaye de Thélème : ''fais ce que vouldras''.
 
Quant à la société communiste, qui ne deviendra une réalité vivante que lorsque les produits consommables existeront en quantité telle que la consommation des uns ne puisse ni entraver ni restreindre la consommation des autres, et qui sortira de l'ordre collectiviste avec des producteurs ou des hommes transformés par les conditions nouvelles du travail, elle n'aura pas d'autre devise que celle inscrite par Rabelais à la porte de son abbaye de Thélème : ''fais ce que vouldras''.
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===Transformisme et socialisme===
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====Transformisme et socialisme====
 
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la concurrence vitale en tant que concurrence intestine, entre hommes, n'est pas fatale ; qu'elle n'est pas productrice de progrès, et que le progrès dans la société humaine est en raison inverse de la concurrence vitale humaine.
 
la concurrence vitale en tant que concurrence intestine, entre hommes, n'est pas fatale ; qu'elle n'est pas productrice de progrès, et que le progrès dans la société humaine est en raison inverse de la concurrence vitale humaine.
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[[Catégorie:France]]  
 
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[[Catégorie:Marxistes]]
 
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