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==Histoire==
 
==Histoire==
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===Chez l'Internationale Communiste===
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===Internationale Communiste===
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====1921 : Une question de survie pour le Parti Communiste de Grande-Bretagne====
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====1921 : Une question de survie pour le PC de Grande-Bretagne====
 
En 1921, la situation en Angleterre apparaît contradictoire. Dans le contexte de la [[Vague révolutionnaire de 1917-1923|crise européenne]] après la fin de la [[Première guerre mondiale|guerre mondiale]], les ouvriers se radicalisent. La structuration du mouvement ouvrier britannique, autour du syndicat-parti qu'est le Labour ([[Parti travailliste (Royaume-Uni)|Parti Travailliste]]), permet néanmoins aux réformistes de garder la main, et même de soutenir l'intervention coloniale britannique en Irlande sans remous. Au second congrès de l'[[Internationale Communiste]] en 1921, celle-ci voit dans cette situation un danger pouvant compromettre les liens du Parti Communiste de Grande-Bretagne avec la classe ouvrière. Le congrès vote dans ces circonstances la décision de demander l'affiliation du Parti Communiste au Parti Travailliste afin de ne pas se couper des masses, et en cas de refus d'exposer les errements de la direction du Parti Travailliste. Celui-ci refuse cette demande d'affiliation, tout comme celle qui vont suivre, ce qui va forcer le [[Parti communiste de Grande-Bretagne|Parti communiste]] (CPGB) à une existence indépendante.
 
En 1921, la situation en Angleterre apparaît contradictoire. Dans le contexte de la [[Vague révolutionnaire de 1917-1923|crise européenne]] après la fin de la [[Première guerre mondiale|guerre mondiale]], les ouvriers se radicalisent. La structuration du mouvement ouvrier britannique, autour du syndicat-parti qu'est le Labour ([[Parti travailliste (Royaume-Uni)|Parti Travailliste]]), permet néanmoins aux réformistes de garder la main, et même de soutenir l'intervention coloniale britannique en Irlande sans remous. Au second congrès de l'[[Internationale Communiste]] en 1921, celle-ci voit dans cette situation un danger pouvant compromettre les liens du Parti Communiste de Grande-Bretagne avec la classe ouvrière. Le congrès vote dans ces circonstances la décision de demander l'affiliation du Parti Communiste au Parti Travailliste afin de ne pas se couper des masses, et en cas de refus d'exposer les errements de la direction du Parti Travailliste. Celui-ci refuse cette demande d'affiliation, tout comme celle qui vont suivre, ce qui va forcer le [[Parti communiste de Grande-Bretagne|Parti communiste]] (CPGB) à une existence indépendante.
    
====1924-1927 : Entrisme des communistes chinois dans le Kuomintang====
 
====1924-1927 : Entrisme des communistes chinois dans le Kuomintang====
Après une dure répression du mouvement ouvrier et du jeune [[Parti communiste chinois]] en 1923, les dirigeants du parti et de l’[[Internationale Communiste|Internationale]] décident  un virage stratégique, sous la forme d’une alliance avec le [[Kuomintang]]. L’idée est de s’appuyer sur ce parti bourgeois nationaliste progressiste pour développer le parti communiste à la fois en soutenant la cause de la révolution nationale et démocratique chinoise, en bénéficiant d’une certaine « couverture » pour protéger les militants communistes et pour nouer des liens avec les membres les plus progressistes du Kuomintang. De leur côté, les dirigeants de ce parti sont en train d’essayer de conquérir par les armes le pays, dont la plus grande partie leur échappe et est en proie aux exactions des « seigneurs de la guerre » ; ils ont donc un besoin impérieux d’argent et d’armes pour lancer leurs offensives militaires ; dès lors, ils voient dans l’alliance avec les communistes une opportunité pour se développer dans les villes grâce à des militants qu’ils savent dévoués et efficaces, et surtout pour bénéficier d’un appui politique, financier et militaire de la part de l’État soviétique.
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Après une dure répression du mouvement ouvrier et du jeune [[Parti communiste chinois]] (PCC) en 1923, les dirigeants du parti et de l’[[Internationale Communiste|Internationale]] décident  un virage stratégique, sous la forme d’une alliance avec le [[Kuomintang]] (KMT). L’idée est de s’appuyer sur ce parti bourgeois nationaliste progressiste pour développer le PCC à la fois en soutenant la cause de la révolution nationale et démocratique chinoise, en bénéficiant d’une certaine « couverture » pour protéger les militants communistes et pour nouer des liens avec les membres les plus progressistes du KMT. Sun Yat-Sen, le dirigeant du parti, tient alors des propos socialisants.
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Les dirigeants du Kuomintang ne sont pas sots : ils soumettent l’alliance envisagée à une condition impérative ; les communistes ne pourront entrer qu’à titre individuel dans le parti nationaliste, et n’auront pas le droit d’y faire de la propagande communiste. Les dirigeants de l’Internationale communiste, dont le président est Zinoviev (alors allié à Staline dans la lutte contre Trotski, qui vient de commencer), et qui tend déjà à fonctionner de plus en plus comme un instrument au service de l’État soviétique, demandent au PCC d’accepter la condition imposée par le Kuomintang. L’alliance est donc scellée en janvier 1924, et des accords entre Sun-Yat-Sen et l’État soviétique sont signés (les « accords Sun-Joffé »).
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L'objectif principal du KMT est alors de  conquérir l'ensemble du pays, qui depuis 1911 est morcelé et contrôlé par différents « seigneurs de la guerre ». ils ont donc un besoin impérieux d’argent et d’armes pour lancer leurs offensives militaires ; dès lors, ils voient dans l’alliance avec les communistes une opportunité pour se développer dans les villes grâce à des militants qu’ils savent dévoués et efficaces, et surtout pour bénéficier d’un appui politique, financier et militaire de la part de l’État soviétique.
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Dès lors, la plupart des militants communistes seront investis à temps plein dans la construction loyale du Kuomintang. Le PCC comme tel, dont les organismes sont formellement maintenus, perd rapidement toute visibilité. Une pareille stratégie ne peut conduire qu’à la décomposition. Et à la catastrophe.
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Les dirigeants du KMT  soumettent l’alliance envisagée à une condition impérative ; les communistes ne pourront entrer qu’à titre individuel dans le parti nationaliste, et n’auront pas le droit d’y faire de la propagande communiste. Les dirigeants de l’Internationale communiste, dont le président est [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], demandent au PCC d’accepter la condition imposée par le Kuomintang. L’alliance est donc scellée en janvier 1923, et des accords entre Sun Yat-Sen et l’État soviétique sont signés (les « [[wen:Sun–Joffe Manifesto|accords Sun-Joffé]] »).
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===Chez l'Opposition de Gauche===
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Dès lors, la plupart des militants communistes seront investis à temps plein dans la construction du KMT. Pendant ces premières années, ils se construisent rapidement, et dominent l'aile gauche du KMT. Cependant, la situation change à la mort de Sun Yat-Sen (1925), qui est remplacé par Tchang Kaï-chek, hostile aux communistes. Tandis que la tension augmente, la direction de l'IC (Zinoviev et Staline faisant bloc contre Trotski) insiste pour que le PCC donne de plus en plus de gages d'obéissance. Jusqu'à la catastrophe : en 1927, l'avant-garde des ouvriers communistes est [[Massacre de Shanghai|massacrée par le KMT]].
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Trotski était contre l'entrée dans le KMT depuis le début. Cependant, il dira rétrospectivement : « l’entrée en elle-même, en 1922, n’était pas un crime, peut-être même pas une erreur, surtout dans le Sud, si on admet que le Guomindang avait, à cette époque, nombre d’ouvriers et que le jeune parti communiste était faible et composé surtout entièrement d’intellectuels (c’est vrai pour 1922). »<ref>Léon Trotski, [[:fr:Lettre à Harold Isaacs, 1er novembre 1937|Lettre à Harold Isaacs, 1er novembre 1937]]</ref> Il votera la politique en Chine à plusieurs reprises, et cela fut un cheval de bataille de l'[[Opposition de gauche]] (même si, lors de la tentative de [[Opposition unifiée|bloc avec les zinoviévistes]], ce point de désaccord fut mis de côté)<ref>Leon Trotsky, [[:en:Letter to Max Shachtman, December 10, 1930|Letter to Max Shachtman, December 10, 1930]]</ref>.
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===Opposition de Gauche===
    
====1934 : l’entrisme comme tactique de court terme====
 
====1934 : l’entrisme comme tactique de court terme====
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La section belge (LCI), qui a déjà une implantation dans les entreprises, publie son programme en 1935 avant d’entrer dans le Parti ouvrier belge jusqu’en 1936 (renforcée, elle fonde le Parti Socialiste Révolutionnaire).
 
La section belge (LCI), qui a déjà une implantation dans les entreprises, publie son programme en 1935 avant d’entrer dans le Parti ouvrier belge jusqu’en 1936 (renforcée, elle fonde le Parti Socialiste Révolutionnaire).
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====1952 - 1953 : l'entrisme sui generi et la dispersion durable====
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====1952 - 1953 : entrisme sui generi et dispersion durable====
Les années 1950 correspondent à une cristallisation de la situation de guerre froide. Les trotskystes se sentent plus que jamais impuissants dans le jeu politique mondial qui semble polarisé entre les deux blocs. C’est alors qu’une partie de leurs dirigeants sont tentés par la stratégie d'entrisme, cette fois tournée vers les partis communistes alignés sur Moscou, ce qui implique à l'époque une clandestinité forcée. Le principal promoteur de cette stratégie est Michel Raptis, dit Pablo. Il constate que « la réalité sociale objective […] est composée essentiellement du régime capitaliste et du monde stalinien » et que la troisième guerre mondiale est imminente. Il en déduit que le seul moyen pour les trotskystes d’influer réellement sur le cours de l’histoire est de se confronter aux travailleurs et aux partis qui les représentent. C’est-à-dire aux puissants partis communistes des pays occidentaux, présenté comme l’extension de la bureaucratie russe, progressiste face aux impérialismes occidentaux. Il précise que « cette intégration doit commencer par les organisations périphériques pour arriver jusqu'au parti communiste même ». Selon Pablo, le militant doit « mettre tout à fait à l'arrière-plan sa qualité de trotskyste si les directions bureaucratiques l’exigent, et si nous-mêmes arrivons à la conclusion que c’est là la condition pour faciliter notre intégration ».
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Les années 1950 correspondent à une cristallisation de la situation de [[guerre froide]]. Les trotskystes se sentent plus que jamais impuissants dans le jeu politique mondial qui semble polarisé entre les deux blocs. C’est alors qu’une partie de leurs dirigeants sont tentés par la stratégie d'entrisme, cette fois tournée vers les partis communistes alignés sur Moscou, ce qui implique à l'époque une clandestinité forcée. Le principal promoteur de cette stratégie est Michel Raptis, dit Pablo. Il constate que « la réalité sociale objective […] est composée essentiellement du régime capitaliste et du monde stalinien » et que la troisième guerre mondiale est imminente. Il en déduit que le seul moyen pour les trotskystes d’influer réellement sur le cours de l’histoire est de se confronter aux travailleurs et aux partis qui les représentent. C’est-à-dire aux puissants partis communistes des pays occidentaux, présenté comme l’extension de la bureaucratie russe, progressiste face aux impérialismes occidentaux. Il précise que « cette intégration doit commencer par les organisations périphériques pour arriver jusqu'au parti communiste même ». Selon Pablo, le militant doit « mettre tout à fait à l'arrière-plan sa qualité de trotskyste si les directions bureaucratiques l’exigent, et si nous-mêmes arrivons à la conclusion que c’est là la condition pour faciliter notre intégration ».
    
Il préconise également l’entrisme sui generi dans les organisations nationalistes des pays arriéré, dans la même optique de soutien au mouvement progressiste.
 
Il préconise également l’entrisme sui generi dans les organisations nationalistes des pays arriéré, dans la même optique de soutien au mouvement progressiste.
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==Notes et sources==
 
==Notes et sources==
Daniel Bensaïd, Les Trotskismes, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2002.
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Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002
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Michel Lequenne, Le trotskisme, une histoire sans fard, 2005
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Edwy Plenel, Secrets de jeunesse, Paris, Stock, 2001.
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Jean Jacques Marie, Le Trotskisme et les trotskystes, Armand Colin, 2002.{{...}}
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* Daniel Bensaïd, Les Trotskismes, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2002.
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* Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002
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* Michel Lequenne, Le trotskisme, une histoire sans fard, 2005
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* Edwy Plenel, Secrets de jeunesse, Paris, Stock, 2001.
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* Jean Jacques Marie, Le Trotskisme et les trotskystes, Armand Colin, 2002.
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[[Catégorie:Mouvement ouvrier]]  
 
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[[Catégorie:Trotskisme]]  
 
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[[Catégorie:Théorie]]
 
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