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'''Jules Bazile''' dit '''Jules Guesde''', né à Paris le 11 novembre 1845 et mort à Saint-Mandé (Seine) le 28 juillet 1922, est un [[Socialiste|socialiste]] français.
 
'''Jules Bazile''' dit '''Jules Guesde''', né à Paris le 11 novembre 1845 et mort à Saint-Mandé (Seine) le 28 juillet 1922, est un [[Socialiste|socialiste]] français.
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Il était le principal dirigeant du premier parti « marxiste » français ([[Parti ouvrier français|POF]]), bien que ses positions aient été rétrospectivement critiquées durement par de nombreux marxistes.<ref name=":1">La Commune, ''[https://www.lacommune.org/Parti-des-travailleurs/archives/France/La-Charte-d-Amiens-un-acquis-a-defendre-i710.html La Charte d'Amiens : un acquis à défendre]'',  2 novembre 2010</ref> En 1914, il se rallie à l'[[Union sacrée (1914)|Union sacrée]] et devient ministre...
    
==BIOGRAPHIE==
 
==BIOGRAPHIE==
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À cette fin, il lance avec [[Paul_Lafargue|Paul Lafargue]] le journal ''L'Égalité'' (qui parait avec quelques interruptions de 1877 à 1883), qui diffuse en France des idées se voulant [[Marxisme|marxistes]] mais à l'évidence traversées par diverses influences françaises, de [[Louis_Auguste_Blanqui|Blanqui]] à [[Jean-Jacques_Rousseau|Rousseau]]. En effet, [[Friedrich_Engels|Engels]] rapporte sans négation que ''«&nbsp;Ce que l'on appelle «&nbsp;marxisme&nbsp;» en France est certes un article tout spécial, au point que Marx a dit à Lafargue&nbsp;: «&nbsp;Ce qu'il y a de certain, c'est que moi je ne suis pas marxiste &nbsp;».&nbsp;»''<ref>[http://marx.org/francais/engels/works/1882/11/fe18821102.htm Friedrich Engels, ''Lettre à E. Bernstein'', 2 novembre 1882]</ref>
 
À cette fin, il lance avec [[Paul_Lafargue|Paul Lafargue]] le journal ''L'Égalité'' (qui parait avec quelques interruptions de 1877 à 1883), qui diffuse en France des idées se voulant [[Marxisme|marxistes]] mais à l'évidence traversées par diverses influences françaises, de [[Louis_Auguste_Blanqui|Blanqui]] à [[Jean-Jacques_Rousseau|Rousseau]]. En effet, [[Friedrich_Engels|Engels]] rapporte sans négation que ''«&nbsp;Ce que l'on appelle «&nbsp;marxisme&nbsp;» en France est certes un article tout spécial, au point que Marx a dit à Lafargue&nbsp;: «&nbsp;Ce qu'il y a de certain, c'est que moi je ne suis pas marxiste &nbsp;».&nbsp;»''<ref>[http://marx.org/francais/engels/works/1882/11/fe18821102.htm Friedrich Engels, ''Lettre à E. Bernstein'', 2 novembre 1882]</ref>
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Le groupe ''«&nbsp;collectiviste&nbsp;»'' dirigé par Guesde réussit à obtenir la majorité au congrès ouvrier de Marseille de 1879, prélude à la fondation en 1882 du [[Parti_ouvrier_français|Parti Ouvrier]]. Le PO est ensuite dénommé [[Parti_ouvrier_français|Parti ouvrier français]] en 1893 pour éviter les calomnies de la propagande nationaliste et revancharde. Le POF reste et restera jusqu'au bout dans la vision [[Internationalisme|internationaliste]].
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Le groupe ''«&nbsp;collectiviste&nbsp;»'' dirigé par Guesde réussit à obtenir la majorité au congrès ouvrier de Marseille de 1879, prélude à la fondation en 1882 du [[Parti_ouvrier_français|Parti Ouvrier]]. Le PO est ensuite dénommé [[Parti_ouvrier_français|Parti ouvrier français]] en 1893 pour éviter les calomnies de la propagande nationaliste et revancharde. Une adaptation chauvine selon certains.<ref name=":1" />
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Très vite, apparaissent des divergences entre les dirigeants concernant les conditions de la prise du pouvoir et les relations du parti avec la jeune République. Pour les ''«&nbsp;[[Possibilistes|possibilistes]]&nbsp;»'' menés par [[Paul_Brousse|Brousse]] et [[Jean_Allemane|Allemane]], il convient de faire, au plus tôt, les ''«&nbsp;réformes possibles&nbsp;»'' plutôt que d'attendre une révolution dont la réalisation, liée à une hypothétique [[Grève_générale|grève générale]], apparaît alors moins que probable.
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Très vite, apparaissent des divergences entre les dirigeants concernant les conditions de la prise du pouvoir et les relations du parti avec la jeune République. Pour les ''«&nbsp;[[Possibilistes|possibilistes]]&nbsp;»'' menés par [[Paul_Brousse|Brousse]] et [[Jean_Allemane|Allemane]], il convient de faire, au plus tôt, les ''«&nbsp;réformes possibles&nbsp;»'' plutôt que d'attendre une révolution hypothétique. Dans les syndicats se développe aussi l'idée d'une révolution basée sur la [[Grève_générale|grève générale]], ce que les guesdistes railleront comme une chimère.
    
À cette époque, Guesde incarne la ligne dure du militantisme ouvrier, opposée à tout compromis avec les ''«&nbsp;forces bourgeoises&nbsp;»''. Tout au long de cette genèse de la Gauche française, il incarne un archétype, celui du militant pauvre, incorruptible, qui voyage sans répit pour faire connaître dans toute la France le socialisme révolutionnaire. Guesde, outre son activité inlassable – il publie beaucoup de livres, brochures, articles et anime au premier rang en dépit de sa santé incertaine les nombreux meetings socialistes – se révèle bon organisateur. Il structure rigoureusement son parti selon une logique pyramidale d’une grande efficacité, chaque niveau étant animé par des militants, souvent d’origine ouvrière, totalement dévoués, sinon soumis, à la célèbre ''«&nbsp;discipline guesdiste&nbsp;»'', qui étonne par sa rigidité partisans et adversaires. Par ailleurs, le Parti ouvrier est internationaliste, ses liens sont étroits avec les partis étrangers, notamment la [[Parti_social-démocrate_d'Allemagne|social-démocratie allemande]] qui est à l'époque le principal parti socialiste dans le monde.
 
À cette époque, Guesde incarne la ligne dure du militantisme ouvrier, opposée à tout compromis avec les ''«&nbsp;forces bourgeoises&nbsp;»''. Tout au long de cette genèse de la Gauche française, il incarne un archétype, celui du militant pauvre, incorruptible, qui voyage sans répit pour faire connaître dans toute la France le socialisme révolutionnaire. Guesde, outre son activité inlassable – il publie beaucoup de livres, brochures, articles et anime au premier rang en dépit de sa santé incertaine les nombreux meetings socialistes – se révèle bon organisateur. Il structure rigoureusement son parti selon une logique pyramidale d’une grande efficacité, chaque niveau étant animé par des militants, souvent d’origine ouvrière, totalement dévoués, sinon soumis, à la célèbre ''«&nbsp;discipline guesdiste&nbsp;»'', qui étonne par sa rigidité partisans et adversaires. Par ailleurs, le Parti ouvrier est internationaliste, ses liens sont étroits avec les partis étrangers, notamment la [[Parti_social-démocrate_d'Allemagne|social-démocratie allemande]] qui est à l'époque le principal parti socialiste dans le monde.
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Les succès du Parti Ouvrier sont rapides. Comptant à peine 2000 membres en 1889, il gagne en audience – 20000 militants en 1902 – et conquiert ensuite plusieurs grandes municipalités, notamment Roubaix qui reste le sanctuaire du guesdisme – la ''«&nbsp;Rome du Socialisme&nbsp;»'' – jusqu’en 1914. Le PO atteint son point haut électoral aux législatives de 1893. Très populaire dans le Nord, bastion d’un POF soutenu par les ouvriers du textile et de l’industrie, profitant d'une influence moins forte et moins durable dans le ''«&nbsp;Midi rouge&nbsp;»'', Guesde entre à la chambre des députés une première fois en 1893 pour la circonscription de Roubaix en s’affirmant ''«&nbsp;collectiviste, internationaliste et révolutionnaire&nbsp;»''. Battu en 1898 et 1902, il est réélu en 1906. Il conserve son siège jusqu'à sa mort en 1922.
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Les succès du Parti Ouvrier sont rapides. Comptant à peine 2000 membres en 1889, il gagne en audience – 20000 militants en 1902 – et conquiert ensuite plusieurs grandes municipalités, notamment Roubaix qui reste le sanctuaire du guesdisme – la ''«&nbsp;Rome du Socialisme&nbsp;»'' – jusqu’en 1914. Le PO atteint son point haut électoral aux législatives de 1893.  
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Très populaire dans le Nord, bastion d’un POF soutenu par les ouvriers du textile et de l’industrie, profitant d'une influence moins forte et moins durable dans le ''«&nbsp;Midi rouge&nbsp;»'', Guesde entre à la chambre des députés une première fois en 1893 pour la circonscription de Roubaix en s’affirmant ''«&nbsp;collectiviste, internationaliste et révolutionnaire&nbsp;»''. Battu en 1898 et 1902, il est réélu en 1906. Il conserve son siège jusqu'à sa mort en 1922.
    
==L'unification des socialistes en France, l'entrée au gouvernement==
 
==L'unification des socialistes en France, l'entrée au gouvernement==
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===Les deux méthodes===
 
===Les deux méthodes===
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Sous l’impulsion de Guesde, le PO est un des fondateurs en France des journées du [[1er_Mai|1er_Mai]], dites ''«&nbsp;fêtes du travail&nbsp;»'', à partir de 1889 qui vise à obtenir pour les ouvriers des avantages précis et immédiats, comme la réduction de la journée de travail. La loi de 1892 limite à 11 heures par jour le temps de travail des femmes et des enfants de 16 à 18 ans. Il faut attendre 1919 pour voir votée la journée de 8 heures.
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Sous l’impulsion de Guesde, le PO est un des fondateurs en France des journées du [[1er_Mai|1er Mai]], dites ''«&nbsp;fêtes du travail&nbsp;»'', à partir de 1889 qui vise à obtenir pour les ouvriers des avantages précis et immédiats, comme la réduction de la journée de travail. La loi de 1892 limite à 11 heures par jour le temps de travail des femmes et des enfants de 16 à 18 ans. Il faut attendre 1919 pour voir votée la journée de 8 heures.
    
En 1899, il s'oppose à [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]] quant à la participation d’[[Alexandre_Millerand|Alexandre Millerand]] au ministère ''«&nbsp;bourgeois&nbsp;»'' de [[Pierre_Waldeck-Rousseau|Waldeck-Rousseau]]. Lors d'une conférence contradictoire avec Jaurès, le 26 novembre 1900, il lui répond sur ''«&nbsp;la vérité, au point de vue historique de leurs divergences&nbsp;»'', qui sera rapporté sous le titre ''Les deux méthodes''.<ref name="LesDeuxM">Guesde-Jaurès, ''[http://www.marxists.org/francais/guesde/works/1900/11/guesde_19001126.htm Les deux méthodes]'', 1900</ref>
 
En 1899, il s'oppose à [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]] quant à la participation d’[[Alexandre_Millerand|Alexandre Millerand]] au ministère ''«&nbsp;bourgeois&nbsp;»'' de [[Pierre_Waldeck-Rousseau|Waldeck-Rousseau]]. Lors d'une conférence contradictoire avec Jaurès, le 26 novembre 1900, il lui répond sur ''«&nbsp;la vérité, au point de vue historique de leurs divergences&nbsp;»'', qui sera rapporté sous le titre ''Les deux méthodes''.<ref name="LesDeuxM">Guesde-Jaurès, ''[http://www.marxists.org/francais/guesde/works/1900/11/guesde_19001126.htm Les deux méthodes]'', 1900</ref>
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«&nbsp;Le socialisme ne peut accepter une parcelle du pouvoir, il faut qu'il attende le pouvoir tout entier. Nous pouvons collaborer à des réformes partielles et nous y collaborons en effet; mais un parti qui se propose la réforme totale de la société, la substitution d'un principe de propriété et de vie à un autre principe ne peut accepter que l'intégralité du pouvoir. S'il en a seulement une part, il n'a rien&nbsp;: car cette influence partielle est neutralisée par les principes dominants de la société présente. Les grands intérêts ennemis prennent peur sans qu'on puisse les frapper&nbsp;: l'idéal nouveau n'est point réalisé, mais compromis, et il y a une crise capitaliste dont le socialisme ne sort pas.&nbsp;»
 
«&nbsp;Le socialisme ne peut accepter une parcelle du pouvoir, il faut qu'il attende le pouvoir tout entier. Nous pouvons collaborer à des réformes partielles et nous y collaborons en effet; mais un parti qui se propose la réforme totale de la société, la substitution d'un principe de propriété et de vie à un autre principe ne peut accepter que l'intégralité du pouvoir. S'il en a seulement une part, il n'a rien&nbsp;: car cette influence partielle est neutralisée par les principes dominants de la société présente. Les grands intérêts ennemis prennent peur sans qu'on puisse les frapper&nbsp;: l'idéal nouveau n'est point réalisé, mais compromis, et il y a une crise capitaliste dont le socialisme ne sort pas.&nbsp;»
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===Les problèmes bourgeois aux bourgeois===
 
===Les problèmes bourgeois aux bourgeois===
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Cependant, en dépit de ces succès partisans, le courant réformiste de [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]], ''«&nbsp;socialiste indépendant&nbsp;»'', gagne inexorablement du terrain en France. En 1905, le Parti socialiste de France et le [[Parti_socialiste_français_(1902)|Parti socialiste français]] fusionnent pour fonder la [[Section_française_de_l'Internationale_ouvrière|Section française de l'Internationale ouvrière]] (SFIO).
 
Cependant, en dépit de ces succès partisans, le courant réformiste de [[Jean_Jaurès|Jean Jaurès]], ''«&nbsp;socialiste indépendant&nbsp;»'', gagne inexorablement du terrain en France. En 1905, le Parti socialiste de France et le [[Parti_socialiste_français_(1902)|Parti socialiste français]] fusionnent pour fonder la [[Section_française_de_l'Internationale_ouvrière|Section française de l'Internationale ouvrière]] (SFIO).
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La fusion du POF dans la SFIO était liée au refus, validé par la nouvelle organisation, du ''«&nbsp;participationnisme&nbsp;»''. Pourtant, en dépit de ce succès tactique, le déclin du courant représenté par Guesde devient rapidement une évidence. Si les ''«&nbsp;guesdistes&nbsp;»'' apportent à la SFIO leur capacité militante, leurs publications et leur appareil doctrinal, ils connaissent un déclin inexorable sans doute accentué par l'état de santé de Guesde, de plus en plus précaire, qui l'empêche de jouer un rôle décisif.
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La fusion du POF dans la SFIO était liée au refus, validé par la nouvelle organisation, du ''«&nbsp;[[Ministérialisme|participationnisme]]&nbsp;»''. Pourtant, en dépit de ce succès tactique, le déclin du courant représenté par Guesde devient rapidement une évidence. Si les ''«&nbsp;guesdistes&nbsp;»'' apportent à la SFIO leur capacité militante, leurs publications et leur appareil doctrinal, ils connaissent un déclin inexorable sans doute accentué par l'état de santé de Guesde, de plus en plus précaire, qui l'empêche de jouer un rôle décisif.
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Son courant est isolé - les amis d'[[Edouard_Vaillant|Edouard Vaillant]] ne le soutiennent plus - notamment sur les questions internationales mais plus encore sur la direction des syndicats. L'adoption en 1906 de la [[Charte_d'Amiens|Charte d'Amiens]], qui défend le principe de l'indépendance vis-à-vis des organisations politiques, fruit de la mise en minorité des guesdistes au congrès, à la fois par les révolutionnaires et les réformistes, consacre la rupture définitive de la CGT avec la Fédération syndicale internationale.
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Son courant est isolé - les amis d'[[Edouard_Vaillant|Edouard Vaillant]] ne le soutiennent plus - notamment sur les questions internationales mais plus encore sur la direction des syndicats. L'adoption en 1906 de la [[Charte_d'Amiens|Charte d'Amiens]], qui défend le principe de l'indépendance vis-à-vis des organisations politiques, fruit de la mise en minorité des guesdistes au congrès, à la fois par les [[syndicalistes révolutionnaires]] et les [[Réformisme|réformistes]]. Alors que les guesdistes avaient à l'origine la direction du [[Syndicalisme français|syndicalisme français naissant]], ils s'y retrouvent marginalisés.
    
Quelques coups d'éclats sont encore toutefois à l'initiative de Guesde. Ainsi en mars 1910, en accord ponctuel avec la [[Confédération_générale_du_travail|CGT]], il est le seul député SFIO à voter contre la loi des retraites ouvrières et paysannes, qualifiée par lui, à cause du prélèvement opéré sur les salaires pour les financer, de ''«&nbsp;vol législatif&nbsp;»'' ajouté ''«&nbsp;au vol patronal&nbsp;»''. Il dénonce ''«&nbsp;cet article 2 qui, en instituant un prélèvement sur les salaires ouvriers, aggrave la misère ouvrière, rend plus pénible aux travailleurs le poids du jour et réduit les ressources familiales déjà insuffisantes.&nbsp;»'', comme l'avait fait [[Paul_Lafargue|Paul Lafargue]] au congrès de la SFIO de 1910<ref>Paul Lafargue [http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1910/00/lafargue_19100000.htm Intervention contre la loi des retraites]</ref>.
 
Quelques coups d'éclats sont encore toutefois à l'initiative de Guesde. Ainsi en mars 1910, en accord ponctuel avec la [[Confédération_générale_du_travail|CGT]], il est le seul député SFIO à voter contre la loi des retraites ouvrières et paysannes, qualifiée par lui, à cause du prélèvement opéré sur les salaires pour les financer, de ''«&nbsp;vol législatif&nbsp;»'' ajouté ''«&nbsp;au vol patronal&nbsp;»''. Il dénonce ''«&nbsp;cet article 2 qui, en instituant un prélèvement sur les salaires ouvriers, aggrave la misère ouvrière, rend plus pénible aux travailleurs le poids du jour et réduit les ressources familiales déjà insuffisantes.&nbsp;»'', comme l'avait fait [[Paul_Lafargue|Paul Lafargue]] au congrès de la SFIO de 1910<ref>Paul Lafargue [http://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1910/00/lafargue_19100000.htm Intervention contre la loi des retraites]</ref>.
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Lors du Congrès de Stuttgart (1907) de la [[Internationale_ouvrière|2<sup>e</sup> internationale]], Guesde disait s'opposer à une guerre entre puissance européenne (dont tout le monde voyait le risque), comme l'ensemble des socialistes. Mais alors que les délégués français étaient en faveur d'appels à la grève générale pour s'y opposer, Guesde était parmi les seuls à s'y opposer, avec une argumentation d'apparence orthodoxe&nbsp;: il avançait que la grève générale serait plus efficace dans les pays les plus développés où le mouvement ouvrier était plus organisé, et que donc elle affaiblirait plus ces pays par rapport aux pays plus arriérés...
 
Lors du Congrès de Stuttgart (1907) de la [[Internationale_ouvrière|2<sup>e</sup> internationale]], Guesde disait s'opposer à une guerre entre puissance européenne (dont tout le monde voyait le risque), comme l'ensemble des socialistes. Mais alors que les délégués français étaient en faveur d'appels à la grève générale pour s'y opposer, Guesde était parmi les seuls à s'y opposer, avec une argumentation d'apparence orthodoxe&nbsp;: il avançait que la grève générale serait plus efficace dans les pays les plus développés où le mouvement ouvrier était plus organisé, et que donc elle affaiblirait plus ces pays par rapport aux pays plus arriérés...
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Guesde devient ministre d'État de 1914 à 1916 (cabinets [[René_Viviani|Viviani]] et [[Aristide_Briand|Briand]]). Il adopte des positions patriotiques comme le firent les Jacobins à leur époque&nbsp;: <blockquote>
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Guesde devient ministre d'État de 1914 à 1916 (cabinets [[René_Viviani|Viviani]] et [[Aristide_Briand|Briand]]). Il adopte des positions patriotiques comme le firent les Jacobins à leur époque&nbsp;:  
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''«&nbsp;Je n'ai pas la même crainte de l'avenir. La guerre est mère de révolution&nbsp;»''<ref name="Willard_p103s">Claude Willard, ''Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Les éditions ouvrières, coll. la part des hommes, 1991, p. 103-113.</ref> (1914).
 
''«&nbsp;Je n'ai pas la même crainte de l'avenir. La guerre est mère de révolution&nbsp;»''<ref name="Willard_p103s">Claude Willard, ''Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Les éditions ouvrières, coll. la part des hommes, 1991, p. 103-113.</ref> (1914).
</blockquote>Jules Guesde pensait en effet que la guerre accoucherait d'une révolution sociale en France comme sous la Révolution française et serait ainsi le point de départ d'une révolution internationale&nbsp;; ''«&nbsp;Pour cette renaissance sociale, il faut vaincre, si lente qu'elle puisse être à venir et quelque sang qu'elle doive couler&nbsp;»''<ref name="Willard_p103s" /> (novembre 1915). À ce prix, il y eut effectivement des révolutions, notamment en Russie ([[Révolution_russe_(1917)|Révolutions de février et d'octobre 1917]]) et en Allemagne ([[Révolte_spartakiste_de_Berlin|Révolution Spartakiste]] en 1919).
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Jules Guesde pensait en effet que la guerre accoucherait d'une révolution sociale en France comme sous la Révolution française et serait ainsi le point de départ d'une révolution internationale&nbsp;; ''«&nbsp;Pour cette renaissance sociale, il faut vaincre, si lente qu'elle puisse être à venir et quelque sang qu'elle doive couler&nbsp;»''<ref name="Willard_p103s" /> (novembre 1915). À ce prix, il y eut effectivement des révolutions, notamment en Russie ([[Révolution_russe_(1917)|Révolutions de février et d'octobre 1917]]) et en Allemagne ([[Révolte_spartakiste_de_Berlin|Révolution Spartakiste]] en 1919).
    
Guesde et [[Marcel_Sembat|Sembat]] vont également s'opposer en conseils des ministres à l'arrestation des «&nbsp;défaitistes&nbsp;» que demandent les autorités civiles ou militaires<ref name="Willard_p103s" />.
 
Guesde et [[Marcel_Sembat|Sembat]] vont également s'opposer en conseils des ministres à l'arrestation des «&nbsp;défaitistes&nbsp;» que demandent les autorités civiles ou militaires<ref name="Willard_p103s" />.
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===La vieille maison===
 
===La vieille maison===
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Après l'armistice, le [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|Congrès de Tours]] le voit choisir la ''«&nbsp;vieille maison&nbsp;»'' SFIO à la suite de [[Léon_Blum|Léon Blum]] et [[Jean_Longuet|Jean Longuet]], contre la majorité qui crée la [[Section_française_de_l'Internationale_communiste|Section française de l'Internationale communiste]]. Pourtant, ses dernières réflexions politiques s'adressent à la révolution bolchevique alors encore incertaine en Russie, même s'il est en désaccord avec la [[Révolution_d'octobre_1917|révolution d'octobre]] contrairement à celle de février. Il dira&nbsp;: <blockquote>
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Après l'armistice, le [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|Congrès de Tours]] le voit choisir la ''«&nbsp;vieille maison&nbsp;»'' SFIO à la suite de [[Léon_Blum|Léon Blum]] et [[Jean_Longuet|Jean Longuet]], contre la majorité qui crée la [[Section_française_de_l'Internationale_communiste|Section française de l'Internationale communiste]]. Pourtant, ses dernières réflexions politiques s'adressent à la révolution bolchevique alors encore incertaine en Russie, même s'il est en désaccord avec la [[Révolution_d'octobre_1917|révolution d'octobre]] contrairement à celle de février. Il dira&nbsp;:  
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'''''«&nbsp;Veillez sur la révolution russe.&nbsp;»'''''
 
'''''«&nbsp;Veillez sur la révolution russe.&nbsp;»'''''
</blockquote>Malade, Guesde meurt à Saint-Mandé le 28 juillet 1922. Ses cendres reposent au cimetière du Père-Lachaise, (case 6323 du columbarium).
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Malade, Guesde meurt à Saint-Mandé le 28 juillet 1922. Ses cendres reposent au cimetière du Père-Lachaise, (case 6323 du columbarium).
    
Plusieurs rues Jules-Guesde dans différentes villes de France lui sont dédiées.
 
Plusieurs rues Jules-Guesde dans différentes villes de France lui sont dédiées.
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''«&nbsp;''Le collectivisme ne se distingue pas du communisme scientifique, tel qui est sorti de la critique maîtresse de Karl Marx. Si cette appellation a prévalu en France, c’est que, pour les besoins de notre propagande, il y avait lieu de nous distinguer des divers systèmes communistes qui, forgés de toutes pièces par des hommes de plus ou moins de bonne volonté ou de génie, versaient tous dans l’utopie.''&nbsp;»''<ref>Jules Guesde, [http://www.marxists.org/francais/guesde/works/1894/03/guesde_18940307.htm Le collectivisme], 7 mars 1894</ref>
 
''«&nbsp;''Le collectivisme ne se distingue pas du communisme scientifique, tel qui est sorti de la critique maîtresse de Karl Marx. Si cette appellation a prévalu en France, c’est que, pour les besoins de notre propagande, il y avait lieu de nous distinguer des divers systèmes communistes qui, forgés de toutes pièces par des hommes de plus ou moins de bonne volonté ou de génie, versaient tous dans l’utopie.''&nbsp;»''<ref>Jules Guesde, [http://www.marxists.org/francais/guesde/works/1894/03/guesde_18940307.htm Le collectivisme], 7 mars 1894</ref>
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Les discours de Guesde, comme la plupart de ses articles, restent très peu influencés par les théories de Marx, sinon dans quelques mots d'ordre qui paraissent relever de slogans plutôt que d'une réflexion profonde. Jules Guesde se veut pédagogue d'abord pour la masse prolétarienne, puis depuis la chambre des députés pour l'opposition et le peuple en général.
 
Les discours de Guesde, comme la plupart de ses articles, restent très peu influencés par les théories de Marx, sinon dans quelques mots d'ordre qui paraissent relever de slogans plutôt que d'une réflexion profonde. Jules Guesde se veut pédagogue d'abord pour la masse prolétarienne, puis depuis la chambre des députés pour l'opposition et le peuple en général.
    
Des intellectuels socialistes de premier plan, dont [[Lucien_Herr|Lucien Herr]] ou [[Charles_Andler|Charles Andler]], ont pu être rebutés par des simplifications incapables d'aboutir à des apports théoriques majeurs, hors cette espérance quasi messianique, entretenue et incarnée par le chef du POF, de la sortie prochaine des prolétaires du ''«&nbsp;bagne capitaliste&nbsp;»''.
 
Des intellectuels socialistes de premier plan, dont [[Lucien_Herr|Lucien Herr]] ou [[Charles_Andler|Charles Andler]], ont pu être rebutés par des simplifications incapables d'aboutir à des apports théoriques majeurs, hors cette espérance quasi messianique, entretenue et incarnée par le chef du POF, de la sortie prochaine des prolétaires du ''«&nbsp;bagne capitaliste&nbsp;»''.
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N. McInnes déclare que Guesde n'avait pas compris le marxisme, et que sa «&nbsp;mixture&nbsp;» avec le [[Blanquisme|blanquisme]] «&nbsp;favorisait l'incompréhension&nbsp;» du marxisme. Il note d'ailleurs que «&nbsp;Guesde ne s'est jamais fait passer pour un théoricien marxiste&nbsp;»<ref>N. McInnes, ''Les débuts du marxisme théorique en France et en Italie (1880-1897)'', Études de Marxologie n°3, juin 1960.</ref>. Cependant comme le fait remarquer Jean-Numa Ducange :<blockquote>
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N. McInnes déclare que Guesde n'avait pas compris le marxisme, et que sa «&nbsp;mixture&nbsp;» avec le [[Blanquisme|blanquisme]] «&nbsp;favorisait l'incompréhension&nbsp;» du marxisme. Il note d'ailleurs que «&nbsp;Guesde ne s'est jamais fait passer pour un théoricien marxiste&nbsp;»<ref>N. McInnes, ''Les débuts du marxisme théorique en France et en Italie (1880-1897)'', Études de Marxologie n°3, juin 1960.</ref>. Cependant comme le fait remarquer Jean-Numa Ducange :
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'''« Le marxisme de Jules Guesde est oral, ce qui est important quand on veut s’adresser au peuple »'''<ref name=":0">Entrevue de Jean-Nuca Ducange par Damien Dole, [https://www.liberation.fr/debats/2019/02/22/le-marxisme-de-jules-guesde-est-oral-ce-qui-est-important-quand-on-veut-s-adresser-au-peuple_1710131 « Le marxisme de Jules Guesde est oral, ce qui est important quand on veut s’adresser au peuple »]. Libération (22 févier 2019).</ref>
 
'''« Le marxisme de Jules Guesde est oral, ce qui est important quand on veut s’adresser au peuple »'''<ref name=":0">Entrevue de Jean-Nuca Ducange par Damien Dole, [https://www.liberation.fr/debats/2019/02/22/le-marxisme-de-jules-guesde-est-oral-ce-qui-est-important-quand-on-veut-s-adresser-au-peuple_1710131 « Le marxisme de Jules Guesde est oral, ce qui est important quand on veut s’adresser au peuple »]. Libération (22 févier 2019).</ref>
</blockquote>Dans l'après guerre, les attaques contre Jules Guesdes viennent principalement  <blockquote>
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Dans l'après guerre, les attaques contre Jules Guesdes viennent principalement   
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« des personnes de la «deuxième gauche» comme Jacques Julliard ou Michel Rocard [qui] considèrent que le très discrédité courant de Guy Mollet, le mollétisme, c’est le guesdisme. L’assimilation systématique négative autour de Guesde date de cette époque-là. '''Pour les rocardiens, le guesdisme, c’est le mal, le «vieux monde»'''. Même s’il y a des résistances, par exemple dans le Nord, Jaurès reviendra en odeur de sainteté. Althusser ou les marxistes du PS comme Chevènement, eux, veulent «rénover» le marxisme. '''Donc tout le monde est d’accord pour déconsidérer Jules Guesde.''' Dans les changements structurels de la gauche, il va servir de repoussoir.  
 
« des personnes de la «deuxième gauche» comme Jacques Julliard ou Michel Rocard [qui] considèrent que le très discrédité courant de Guy Mollet, le mollétisme, c’est le guesdisme. L’assimilation systématique négative autour de Guesde date de cette époque-là. '''Pour les rocardiens, le guesdisme, c’est le mal, le «vieux monde»'''. Même s’il y a des résistances, par exemple dans le Nord, Jaurès reviendra en odeur de sainteté. Althusser ou les marxistes du PS comme Chevènement, eux, veulent «rénover» le marxisme. '''Donc tout le monde est d’accord pour déconsidérer Jules Guesde.''' Dans les changements structurels de la gauche, il va servir de repoussoir.  
 
Mais quand on considère ses traces dans l’histoire, Jules Guesde reste bien plus important que ce qu’en disent ses détracteurs dans les dernières décennies. Et aujourd’hui, on voit par exemple son empreinte chez Jean-Luc Mélenchon. » <ref name=":0" />.
 
Mais quand on considère ses traces dans l’histoire, Jules Guesde reste bien plus important que ce qu’en disent ses détracteurs dans les dernières décennies. Et aujourd’hui, on voit par exemple son empreinte chez Jean-Luc Mélenchon. » <ref name=":0" />.
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==L'Égalité==
 
==L'Égalité==
Si c’est être autoritaire, en effet, que de ne pas vouloir comme certains orateurs de Montmartre “la liberté pour les capitalistes comme pour les travailleurs”, — alors oui, nous sommes autoritaires.
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Si c’est être autoritaire, en effet, que de ne pas vouloir comme certains orateurs de Montmartre “la liberté pour les capitalistes comme pour les travailleurs”, — alors oui, nous sommes autoritaires.
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*« Les Autoritaires », Jules Guesde, ''L’Égalité'', nº 4, 1<small><sup>er</sup></small> janvier 1882 (lire en ligne)
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« Les Autoritaires », Jules Guesde, ''L’Égalité'', nº 4, 1<small><sup>er</sup></small> janvier 1882 (lire en ligne)
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… contre nos conclusions collectivistes ou communistes, il est plus facile de trouver des juges et des geôliers que des arguments.
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… contre nos conclusions collectivistes ou communistes, il est plus facile de trouver des juges et des geôliers que des arguments.
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<small>Jules Guesde, ''le Collectivisme au Collège de France'', in avertissement, ''Leçons à un professeur'' (réédition d'article de 1881-1882 de ''L'Égalité'' pour l'économiste libéral Paul Leroy-Beaulieu), à la Prison Sainte-Pélagie, le 10 août 1883, 3 brochures.</small>
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*<small>Jules Guesde, ''le Collectivisme au Collège de France'', in avertissement, ''Leçons à un professeur'' (réédition d'article de 1881-1882 de ''L'Égalité'' pour l'économiste libéral Paul Leroy-Beaulieu), à la Prison Sainte-Pélagie, le 10 août 1883, 3 brochures.</small>
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''in Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991  <small>(<nowiki>ISBN 2-7082-2889-7</nowiki>)</small>, p. 47
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Les socialistes d'aujourd'hui se sont mis  à l'école des faits : ils ne prophétisent pas, ils observent et concluent. (1896)
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*''in Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991  <small>(<nowiki>ISBN 2-7082-2889-7</nowiki>)</small>, p. 47
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''in Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991  <small>(<nowiki>ISBN 2-7082-2889-7</nowiki>)</small>, p. 0 (couverture)
 
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Les socialistes d'aujourd'hui se sont mis  à l'école des faits : ils ne prophétisent pas, ils observent et concluent. (1896)
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*''in Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991  <small>(<nowiki>ISBN 2-7082-2889-7</nowiki>)</small>, p. 0 (couverture)
      
==Brochure du Parti ouvrier (1876)==
 
==Brochure du Parti ouvrier (1876)==
Nous ne comptons pas, nous n'avons jamais compté que sur le bien-être accru des travailleurs, sur la liberté relative conquise par eux jour par jour, pour les amener à devenir les instruments conscients et capables de leur émancipation intégrale et définitive. La misère, la surmisère surtout, elle ne fait que des mendiants ou des anarchistes. Le mieux-être, les courtes journées de travail, voilà ce qui fait les socialistes, et j'ajouterai les révolutionnaires
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Nous ne comptons pas, nous n'avons jamais compté que sur le bien-être accru des travailleurs, sur la liberté relative conquise par eux jour par jour, pour les amener à devenir les instruments conscients et capables de leur émancipation intégrale et définitive. La misère, la surmisère surtout, elle ne fait que des mendiants ou des anarchistes. Le mieux-être, les courtes journées de travail, voilà ce qui fait les socialistes, et j'ajouterai les révolutionnaires
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*''in Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991  <small>(<nowiki>ISBN 2-7082-2889-7</nowiki>)</small>, p. 70
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''in Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991  <small>(<nowiki>ISBN 2-7082-2889-7</nowiki>)</small>, p. 70
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Pas de spoliation, mais au contraire, maintien de la propriété réellement personnelle existante, ou création pour les sans-propriété d'aujourd'hui, de la copropriété de demain. Nous sommes aujourd'hui le seul parti plus que défenseurs, créateur de la propriété pour tous.
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Pas de spoliation, mais au contraire, maintien de la propriété réellement personnelle existante, ou création pour les sans-propriété d'aujourd'hui, de la copropriété de demain. Nous sommes aujourd'hui le seul parti plus que défenseurs, créateur de la propriété pour tous.
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''in Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991  <small>(<nowiki>ISBN 2-7082-2889-7</nowiki>)</small>, p. 70
 
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*''in Jules Guesde, l'apôtre et la loi'', Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. « La part des hommes », 1991  <small>(<nowiki>ISBN 2-7082-2889-7</nowiki>)</small>, p. 70
      
==En Garde !==
 
==En Garde !==
    
===Une formule prétendue communiste===
 
===Une formule prétendue communiste===
Quant à la société communiste, qui ne deviendra une réalité vivante que lorsque les produits consommables existeront en quantité telle que la consommation des uns ne puisse ni entraver ni restreindre la consommation des autres, et qui sortira de l'ordre collectiviste avec des producteurs ou des hommes transformés par les conditions nouvelles du travail, elle n'aura pas d'autre devise que celle inscrite par Rabelais à la porte de son abbaye de Thélème :
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''fais ce que vouldras''.
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Quant à la société communiste, qui ne deviendra une réalité vivante que lorsque les produits consommables existeront en quantité telle que la consommation des uns ne puisse ni entraver ni restreindre la consommation des autres, et qui sortira de l'ordre collectiviste avec des producteurs ou des hommes transformés par les conditions nouvelles du travail, elle n'aura pas d'autre devise que celle inscrite par Rabelais à la porte de son abbaye de Thélème : ''fais ce que vouldras''.
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*« Une formule prétendue communiste », Jules Guesde, ''L'Egalité'', 14 mai 1882, p. 1 (texte intégral sur Wikisource)
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« Une formule prétendue communiste », Jules Guesde, ''L'Egalité'', 14 mai 1882, p. 1 (texte intégral sur Wikisource)
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*''En Garde !'' (article de ''L'Egalité'' du 14 mai 1882), Jules Guesde, éd. Jules Rouff et <abbr class="abbr" title="compagnie">C<small><sup>ie</sup></small></abbr>, 1911, partie Contrefaçons et Mirages, chap. Une formule prétendue communiste - Un vieux cliché, p. 110 ([https://fr.wikisource.org/wiki/Une_formule_pr%C3%A9tendue_communiste texte intégral sur Wikisource])
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''En Garde !'' (article de ''L'Egalité'' du 14 mai 1882), Jules Guesde, éd. Jules Rouff et <abbr class="abbr" title="compagnie">C<small><sup>ie</sup></small></abbr>, 1911, partie Contrefaçons et Mirages, chap. Une formule prétendue communiste - Un vieux cliché, p. 110 ([https://fr.wikisource.org/wiki/Une_formule_pr%C3%A9tendue_communiste texte intégral sur Wikisource])
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===Transformisme et socialisme===
 
===Transformisme et socialisme===
la concurrence vitale en tant que concurrence intestine, entre hommes, n'est pas fatale ; qu'elle n'est pas productrice de progrès, et que le progrès dans la société humaine est en raison inverse de la concurrence vitale humaine.
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la concurrence vitale en tant que concurrence intestine, entre hommes, n'est pas fatale ; qu'elle n'est pas productrice de progrès, et que le progrès dans la société humaine est en raison inverse de la concurrence vitale humaine.
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*''En Garde !'' (article de ''La Révolution Française'' de mai 1879), Jules Guesde, éd. Jules Rouff et <abbr class="abbr" title="compagnie">C<small><sup>ie</sup></small></abbr>, 1911, partie Polémiques, chap. Ernest Haeckel, p. 373 ([https://fr.wikisource.org/wiki/Transformisme_et_socialisme texte intégral sur Wikisource])
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''En Garde !'' (article de ''La Révolution Française'' de mai 1879), Jules Guesde, éd. Jules Rouff et <abbr class="abbr" title="compagnie">C<small><sup>ie</sup></small></abbr>, 1911, partie Polémiques, chap. Ernest Haeckel, p. 373 ([https://fr.wikisource.org/wiki/Transformisme_et_socialisme texte intégral sur Wikisource])
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la concurrence vitale intestine ou intérieure ne s'impose pas à l'homme sociable ou que ce dernier puisse s'en affranchir, c'est ce que suffirait à établir la société même créée par l'homme. Qui dit société dit rapports fondés sur la communauté des intérêts. C'est la solidarité "l'aidons-nous les uns les autres" qui, se substitué à l'antagonisme, au "tue-moi ou je te tue" de l'homme a permis à l'homme devenu social de triompher dans la lutte — celle-ci nécessaire — qu'il lui a fallu soutenir contre tout ce qui n'était pas lui, contre les forces organiques et inorganiques de la nature ennemie.
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la concurrence vitale intestine ou intérieure ne s'impose pas à l'homme sociable ou que ce dernier puisse s'en affranchir, c'est ce que suffirait à établir la société même créée par l'homme. Qui dit société dit rapports fondés sur la communauté des intérêts. C'est la solidarité "l'aidons-nous les uns les autres" qui, se substitué à l'antagonisme, au "tue-moi ou je te tue" de l'homme a permis à l'homme devenu social de triompher dans la lutte — celle-ci nécessaire — qu'il lui a fallu soutenir contre tout ce qui n'était pas lui, contre les forces organiques et inorganiques de la nature ennemie.
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''En Garde !'' (article de ''La Révolution Française'' de mai 1879), Jules Guesde, éd. Jules Rouff et <abbr class="abbr" title="compagnie">C<small><sup>ie</sup></small></abbr>, 1911, partie Polémiques, chap. Ernest Haeckel, p. 373-374 ([https://fr.wikisource.org/wiki/Transformisme_et_socialisme texte intégral sur Wikisource])
 
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*''En Garde !'' (article de ''La Révolution Française'' de mai 1879), Jules Guesde, éd. Jules Rouff et <abbr class="abbr" title="compagnie">C<small><sup>ie</sup></small></abbr>, 1911, partie Polémiques, chap. Ernest Haeckel, p. 373-374 ([https://fr.wikisource.org/wiki/Transformisme_et_socialisme texte intégral sur Wikisource])
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Et lorsque le socialisme entend substituer à l'antagonisme des intérêts la solidarité absolue des intérêts et supprimer la lutte pour l'existence entre les hommes pour activer la "lutte pour l'existence" de l'humanité contre les forces de la nature domptés et mise au service de tous par l'association des efforts musculaires et cérébraux de tous, loin d'être hors de la science, en contradiction avec la science, le socialisme travaille à y faire rentrer la société.
Et lorsque le socialisme entend substituer à l'antagonisme des intérêts la solidarité absolue des intérêts et supprimer la lutte pour l'existence entre les hommes pour activer la "lutte pour l'existence" de l'humanité contre les forces de la nature domptés et mise au service de tous par l'association des efforts musculaires et cérébraux de tous, loin d'être hors de la science, en contradiction avec la science, le socialisme travaille à y faire rentrer la société.
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*''En Garde !'' (article de ''La Révolution Française'' de mai 1879), Jules Guesde, éd. Jules Rouff et <abbr class="abbr" title="compagnie">C<small><sup>ie</sup></small></abbr>, 1911, partie Polémiques, chap. Ernest Haeckel, p. 375-376 ([https://fr.wikisource.org/wiki/Transformisme_et_socialisme texte intégral sur Wikisource])
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''En Garde !'' (article de ''La Révolution Française'' de mai 1879), Jules Guesde, éd. Jules Rouff et <abbr class="abbr" title="compagnie">C<small><sup>ie</sup></small></abbr>, 1911, partie Polémiques, chap. Ernest Haeckel, p. 375-376 ([https://fr.wikisource.org/wiki/Transformisme_et_socialisme texte intégral sur Wikisource])
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[[Catégorie:Marxistes]]
 
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