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L''''armée russe en 1917''' était en guerre contre les Empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman) aux côtés des Alliés, lorsque la [[Révolution_de_Février_1917|révolution]] a éclaté. Elle a alors connu un rapide processus de décomposition, à mesure que les soldats contestaient de plus en plus la [[Première_Guerre_mondiale|guerre]] que le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]] leur ordonnait de continuer. L'agitation bolchévique a progressivement gagné de l'influence dans l'armée, jusqu'à la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]]. Au cours de la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]] qui a suivi, une [[Armée_rouge|Armée rouge]] a été créée sur les ruines de l'ancienne armée.
 
L''''armée russe en 1917''' était en guerre contre les Empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman) aux côtés des Alliés, lorsque la [[Révolution_de_Février_1917|révolution]] a éclaté. Elle a alors connu un rapide processus de décomposition, à mesure que les soldats contestaient de plus en plus la [[Première_Guerre_mondiale|guerre]] que le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]] leur ordonnait de continuer. L'agitation bolchévique a progressivement gagné de l'influence dans l'armée, jusqu'à la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]]. Au cours de la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]] qui a suivi, une [[Armée_rouge|Armée rouge]] a été créée sur les ruines de l'ancienne armée.
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== Contexte ==
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==Contexte==
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=== En 1905 ===
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===En 1905===
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Dans la [[Révolution_de_1905|révolution de 1905]], l'armée (et les Cosaques en particulier) restent de solides appuis du régime.
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Dans la [[Révolution_de_1905|révolution de 1905]], la question militaire fut un facteur qui joua dans le même sens qu'en 1917, bien que sur une échelle beaucoup plus réduite. La Russie était aussi [[Guerre russo-japonaise|en guerre, contre le Japon]], et sa position de défaite contribua à l'impopularité du gouvernement.
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=== Pendant la guerre de 1914 ===
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Néanmoins cela ne fut pas suffisant et l'armée (les [[Cosaques]] en particulier) restèrent de solides appuis du régime.
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L'implantation et l'audience des révolutionnaires était beaucoup plus réduite. Vers la fin 1906, des désaccords eurent lieu entre menchéviks et bolchéviks sur le travail dans l'armée :
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* les menchéviks s'adressaient plutôt aux officiers de rang inférieurs, qu'ils essyaient de convaincre d'une ligne démocratique minimale ;
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* les bolchéviks s'adressaient plutôt aux soldats du rang.<ref>Harold Walter Nelson, ''Leon Trotsky and the Art of Insurrection 1905-1917'', 1988</ref>
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Un clivage qui se reproduira encore plus nettement en 1917, ces tentatives d'implantation réussissant à grande échelle.
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===Pendant la guerre de 1914===
    
Malgré quelques succès des troupes russes en août 1914, la situation tourne rapidement en défaveur de la Russie, qui n'est pas capable de soutenir un effort de guerre moderne, avec son [[Industrie|industrie]] insuffisante, ses [[Transports|transports]] lacunaires et son très mauvais ravitaillement.
 
Malgré quelques succès des troupes russes en août 1914, la situation tourne rapidement en défaveur de la Russie, qui n'est pas capable de soutenir un effort de guerre moderne, avec son [[Industrie|industrie]] insuffisante, ses [[Transports|transports]] lacunaires et son très mauvais ravitaillement.
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L'expérience de la guerre qui a brassé des millions d'hommes, a arraché des paysans à leur vie cyclique, a énormément politisé le petit peuple russe, comme en témoigne par exemple ce soldat&nbsp;:
 
L'expérience de la guerre qui a brassé des millions d'hommes, a arraché des paysans à leur vie cyclique, a énormément politisé le petit peuple russe, comme en témoigne par exemple ce soldat&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;''C’est qu’avant je ne savais pas à quel point les riches vivaient bien. Ici [au front] on a commencé à nous loger dans des maisons réquisitionnées et j’ai vu à quel point c’était bien; j’ai vu par terre et sur les murs toutes sortes de choses qu’ils possèdent&nbsp;; partout dans la maison, il y a des choses chères, belles et qui ne servent à rien. Maintenant je vivrai de cette façon et pas avec les cafards''&nbsp;» <ref>Cité par Eric Aunoble dans La révolution russe, une histoire française, op. cit., p. 183.</ref></blockquote>  
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== 1917&nbsp;: décomposition et insoumission dans l'armée ==
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«&nbsp;''C’est qu’avant je ne savais pas à quel point les riches vivaient bien. Ici [au front] on a commencé à nous loger dans des maisons réquisitionnées et j’ai vu à quel point c’était bien; j’ai vu par terre et sur les murs toutes sortes de choses qu’ils possèdent&nbsp;; partout dans la maison, il y a des choses chères, belles et qui ne servent à rien. Maintenant je vivrai de cette façon et pas avec les cafards''&nbsp;» <ref>Cité par Eric Aunoble dans La révolution russe, une histoire française, op. cit., p. 183.</ref>
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==1917&nbsp;: décomposition et insoumission dans l'armée==
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=== Février à Petrograd ===
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===Février à Petrograd===
    
Quand la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] éclate à Petrograd, la police, particulièrement haïe par la population ouvrière, est vite débordée. Les régiments de soldats stationnés dans la ville sont appelés pour réprimer. La garnison de Pétrograd, composée de bataillons de réserve ou chargés de l’entraînement des nouvelles recrues, représente une formidable concentration de troupes, de 215 000 à 300 000 soldats (selon les moments et les estimations).
 
Quand la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] éclate à Petrograd, la police, particulièrement haïe par la population ouvrière, est vite débordée. Les régiments de soldats stationnés dans la ville sont appelés pour réprimer. La garnison de Pétrograd, composée de bataillons de réserve ou chargés de l’entraînement des nouvelles recrues, représente une formidable concentration de troupes, de 215 000 à 300 000 soldats (selon les moments et les estimations).
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Fait significatif, les [[Cosaques|cosaques]], d’ordinaire à la pointe de la répression, laissent tranquille les manifestants, et certains discutent avec eux et se font ovationner par la foule. Beaucoup de cosaques étaient usés et voulaient avant tout rentrer chez eux, dans leurs terres aux marges de l'Empire russe. La 4<sup>e</sup> compagnie du régiment Pavlovski a même ouvert le feu sur la police montée.
 
Fait significatif, les [[Cosaques|cosaques]], d’ordinaire à la pointe de la répression, laissent tranquille les manifestants, et certains discutent avec eux et se font ovationner par la foule. Beaucoup de cosaques étaient usés et voulaient avant tout rentrer chez eux, dans leurs terres aux marges de l'Empire russe. La 4<sup>e</sup> compagnie du régiment Pavlovski a même ouvert le feu sur la police montée.
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Des ouvrières interpellaient les troupes, s’agrippaient aux fusils et demandaient aux soldats de les rejoindre. Une scène décrite par [[Trotski|Trotski ]]: ''« Les soldats s’émeuvent, se sentent tout penauds, s’entre-regardent avec anxiété, hésitent encore ; l’un d’eux, enfin, se décide avant les autres et les baïonnettes se relèvent dans un mouvement de repentir au-dessus des épaules des assaillants, le barrage s’ouvre, l’air retentit de hourras joyeux et reconnaissants, les soldats sont entourés, de toutes parts s’élèvent des discussions, des reproches, des appels. »''
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Des ouvrières interpellaient les troupes, s’agrippaient aux fusils et demandaient aux soldats de les rejoindre. Une scène décrite par [[Trotski|Trotski]]: ''« Les soldats s’émeuvent, se sentent tout penauds, s’entre-regardent avec anxiété, hésitent encore ; l’un d’eux, enfin, se décide avant les autres et les baïonnettes se relèvent dans un mouvement de repentir au-dessus des épaules des assaillants, le barrage s’ouvre, l’air retentit de hourras joyeux et reconnaissants, les soldats sont entourés, de toutes parts s’élèvent des discussions, des reproches, des appels. »''
    
En revanche des [[Junkers|junkers]] (élèves officiers) ont tiré sur la foule, faisant de nombreux morts.
 
En revanche des [[Junkers|junkers]] (élèves officiers) ont tiré sur la foule, faisant de nombreux morts.
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Néanmoins une première friction survient à propos de l'exigence du soviet que l'armée soit désormée organisée sur ''«&nbsp;une base d’auto-administration&nbsp;»''. Le Comité de la Douma répond qu'il est impossible de mettre en place en temps de guerre un type d’organisation qui n’a encore été introduit dans aucune armée au monde. Le compromis trouvé fut ''«&nbsp;maintien d’une stricte discipline militaire pour les soldats en opérations, abandon des limitations à l’exercice des droits civiques pour tout le reste du temps&nbsp;»''.
 
Néanmoins une première friction survient à propos de l'exigence du soviet que l'armée soit désormée organisée sur ''«&nbsp;une base d’auto-administration&nbsp;»''. Le Comité de la Douma répond qu'il est impossible de mettre en place en temps de guerre un type d’organisation qui n’a encore été introduit dans aucune armée au monde. Le compromis trouvé fut ''«&nbsp;maintien d’une stricte discipline militaire pour les soldats en opérations, abandon des limitations à l’exercice des droits civiques pour tout le reste du temps&nbsp;»''.
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=== Février sur le front ===
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===Février sur le front===
    
Les hommes de la contre-révolution sont encore là, partout, dans l'appareil militaire, dans les hautes sphères politiques. Le général Alexeiev, chef d’état-major des armées depuis août 1915 et perçu comme un « démocrate » par beaucoup de politiciens, est maintenu à ce poste par le gouvernement provisoire (il dirigera des [[Armées_blanches|armées blanches]] après [[Révolution_d'Octobre_1917|Octobre]]). Alexeiev donne le 3&nbsp;mars l’ordre à ses troupes de ''« capturer et, dès que possible, assigner devant une cour martiale dont les sentences seront immédiatement exécutoires »'' les délégations de soldats de Pétrograd qui se rendent sur le front pour étendre la révolution.
 
Les hommes de la contre-révolution sont encore là, partout, dans l'appareil militaire, dans les hautes sphères politiques. Le général Alexeiev, chef d’état-major des armées depuis août 1915 et perçu comme un « démocrate » par beaucoup de politiciens, est maintenu à ce poste par le gouvernement provisoire (il dirigera des [[Armées_blanches|armées blanches]] après [[Révolution_d'Octobre_1917|Octobre]]). Alexeiev donne le 3&nbsp;mars l’ordre à ses troupes de ''« capturer et, dès que possible, assigner devant une cour martiale dont les sentences seront immédiatement exécutoires »'' les délégations de soldats de Pétrograd qui se rendent sur le front pour étendre la révolution.
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Le témoignage d'un capitaine permet de saisir un aperçu de la lutte de classe sur front&nbsp;:
 
Le témoignage d'un capitaine permet de saisir un aperçu de la lutte de classe sur front&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;''Entre nous et les soldats, l’abîme est insondable. Pour eux, nous sommes et resteront des barines [maîtres]. Pour eux, ce qui vient de se passer, ce n’est pas une révolution politique, mais une révolution sociale, dont ils sont les vainqueurs et nous sommes les vaincus. Ils nous disent, maintenant qu’ils ont leur comité&nbsp;: «&nbsp;Avant, vous étiez les barines, maintenant c’est à notre tour de l’être!&nbsp;». Ils ont l’impression de tenir enfin leur revanche après des siècles de servitude..''.&nbsp;»<ref>Cité par Nicolas Werth dans 1917. La Russie en révolution, Paris, Gallimard, 1997, p. 52.</ref></blockquote>  
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=== Le double pouvoir ===
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«&nbsp;''Entre nous et les soldats, l’abîme est insondable. Pour eux, nous sommes et resteront des barines [maîtres]. Pour eux, ce qui vient de se passer, ce n’est pas une révolution politique, mais une révolution sociale, dont ils sont les vainqueurs et nous sommes les vaincus. Ils nous disent, maintenant qu’ils ont leur comité&nbsp;: «&nbsp;Avant, vous étiez les barines, maintenant c’est à notre tour de l’être!&nbsp;». Ils ont l’impression de tenir enfin leur revanche après des siècles de servitude..''.&nbsp;»<ref>Cité par Nicolas Werth dans 1917. La Russie en révolution, Paris, Gallimard, 1997, p. 52.</ref>
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===Le double pouvoir===
    
Les comités de régiment devaient bien être tolérés par les officiers, comme les [[Comités_d'usine|comités d'usine]] par les patrons, ou les [[Soviets|soviets]] par les [[Doumas_municipales|Douma]]. Le rapport de force était trop en leur faveur. Parmi les soldats, qui sont en majorité des paysans [[Conscription|conscrits]], ce sont les [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]] (SR) qui sont hégémoniques. Les délégués SR des différents comités de régiment élisent des comités d'armée, avec lesquels l'Etat-major est obligé de composer.
 
Les comités de régiment devaient bien être tolérés par les officiers, comme les [[Comités_d'usine|comités d'usine]] par les patrons, ou les [[Soviets|soviets]] par les [[Doumas_municipales|Douma]]. Le rapport de force était trop en leur faveur. Parmi les soldats, qui sont en majorité des paysans [[Conscription|conscrits]], ce sont les [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]] (SR) qui sont hégémoniques. Les délégués SR des différents comités de régiment élisent des comités d'armée, avec lesquels l'Etat-major est obligé de composer.
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Mais les socialistes [[Conciliateurs|conciliateurs]] ([[Menchéviks|menchéviks]] et [[Parti_SR|SR]]) faisaient tout pour calmer les esprits. La majorité d'entre eux soutiennent désormais l'effort de guerre&nbsp;: il s'agit, maintenant que le pays est démocratique, de ''«&nbsp;défendre la révolution&nbsp;»'' contre le monarchisme allemand. La [[Paix_de_Brest-Litovsk|revendication de la paix immédiate]] devient le trait distinctif des bolchéviks.
 
Mais les socialistes [[Conciliateurs|conciliateurs]] ([[Menchéviks|menchéviks]] et [[Parti_SR|SR]]) faisaient tout pour calmer les esprits. La majorité d'entre eux soutiennent désormais l'effort de guerre&nbsp;: il s'agit, maintenant que le pays est démocratique, de ''«&nbsp;défendre la révolution&nbsp;»'' contre le monarchisme allemand. La [[Paix_de_Brest-Litovsk|revendication de la paix immédiate]] devient le trait distinctif des bolchéviks.
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=== Les Organisations militaires ===
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===Les Organisations militaires===
    
Après Février, chacun des grands partis a constitué une « organisation militaire », chargée de sa propagande politique auprès des troupes. [[Organisation_militaire_du_parti_bolchevik|Celle des bolcheviks]] a pour principaux dirigeants deux&nbsp; militants expérimentés, représentants de l’aile la plus à gauche du parti, [[Vladimir_Nevsky|Vladimir Nevsky]] et [[Nicolas_Podvoïsky|Nicolas Podvoïsky]]. Nevsky&nbsp; écrira que le travail des bolcheviks en direction de l’armée avait deux objectifs fondamentaux : gagner au parti les forces armées indispensables afin de pouvoir renverser la bourgeoisie ; développer les idées du bolchevisme auprès des paysans-soldats de façon à prendre pied à la campagne.
 
Après Février, chacun des grands partis a constitué une « organisation militaire », chargée de sa propagande politique auprès des troupes. [[Organisation_militaire_du_parti_bolchevik|Celle des bolcheviks]] a pour principaux dirigeants deux&nbsp; militants expérimentés, représentants de l’aile la plus à gauche du parti, [[Vladimir_Nevsky|Vladimir Nevsky]] et [[Nicolas_Podvoïsky|Nicolas Podvoïsky]]. Nevsky&nbsp; écrira que le travail des bolcheviks en direction de l’armée avait deux objectifs fondamentaux : gagner au parti les forces armées indispensables afin de pouvoir renverser la bourgeoisie ; développer les idées du bolchevisme auprès des paysans-soldats de façon à prendre pied à la campagne.
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[[Lénine|Lénine]] prend la parole le 20&nbsp;juin. Il affirme que ''« nous devons être très attentifs et prudents (…) ne pas tomber dans des provocations (…) Dans leur majorité, les masses hésitent mais croient toujours dans les SR et les mencheviks (…) Pour conquérir le pouvoir sérieusement, pas avec des méthodes blanquistes, le parti prolétarien doit lutter afin de gagner en influence de l’intérieur des soviets, en expliquant aux masses jour après jour en quoi leurs illusions petite-bourgeoises sont erronées. » ''Il rappelle que la situation en province et sur le front ne correspond pas à celle qui semble prévaloir à Pétrograd, que dans leur majorité les masses n’ont pas achevé leur expérience avec les réformistes, que pour prendre le pouvoir il est indispensable d’être soutenu par une majorité. Une participante, [[Maria_Sulimova|Sulimova]], note que''« ses positions ont désappointé et même mécontenté une grande partie de la conférence »,'' ont été reçues par ces ''« têtes brûlées »'' comme un ''« seau d’eau froide ».''
 
[[Lénine|Lénine]] prend la parole le 20&nbsp;juin. Il affirme que ''« nous devons être très attentifs et prudents (…) ne pas tomber dans des provocations (…) Dans leur majorité, les masses hésitent mais croient toujours dans les SR et les mencheviks (…) Pour conquérir le pouvoir sérieusement, pas avec des méthodes blanquistes, le parti prolétarien doit lutter afin de gagner en influence de l’intérieur des soviets, en expliquant aux masses jour après jour en quoi leurs illusions petite-bourgeoises sont erronées. » ''Il rappelle que la situation en province et sur le front ne correspond pas à celle qui semble prévaloir à Pétrograd, que dans leur majorité les masses n’ont pas achevé leur expérience avec les réformistes, que pour prendre le pouvoir il est indispensable d’être soutenu par une majorité. Une participante, [[Maria_Sulimova|Sulimova]], note que''« ses positions ont désappointé et même mécontenté une grande partie de la conférence »,'' ont été reçues par ces ''« têtes brûlées »'' comme un ''« seau d’eau froide ».''
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=== Cronstadt ===
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===Cronstadt===
    
A 25 km face à Petrograd là, sur une île du golfe de Finlande, les 20 000 marins de la base navale de [[Cronstadt|Cronstadt]] constituent un foyer permanent d’agitation révolutionnaire. Selon [[Trotski|Trotski]] ils forment ''« une sorte d’Ordre militant de la révolution »''.
 
A 25 km face à Petrograd là, sur une île du golfe de Finlande, les 20 000 marins de la base navale de [[Cronstadt|Cronstadt]] constituent un foyer permanent d’agitation révolutionnaire. Selon [[Trotski|Trotski]] ils forment ''« une sorte d’Ordre militant de la révolution »''.
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En mai, ils déclarent le soviet de Cronstadt seule autorité légitime, emprisonnent&nbsp;80 officiers coupables de mauvais traitements, et refusent de les remettre au gouvernement provisoire. Une médiation de Trotski dénoue alors une situation qui menaçait de tourner à l’affrontement armé.
 
En mai, ils déclarent le soviet de Cronstadt seule autorité légitime, emprisonnent&nbsp;80 officiers coupables de mauvais traitements, et refusent de les remettre au gouvernement provisoire. Une médiation de Trotski dénoue alors une situation qui menaçait de tourner à l’affrontement armé.
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=== Insoumissions et fraternisations ===
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===Insoumissions et fraternisations===
    
Les actes d'insubordination face aux officiers se multiplient sur le front, avec des rythmes différents selon les zones. Pour déployer le front, il fallait fréquemment envoyer les [[Cosaques|cosaques]] contre les récalcitrants. Comme du temps du tsar, sauf que maintenant ils étaient dirigés par des ''«&nbsp;socialistes&nbsp;»''...
 
Les actes d'insubordination face aux officiers se multiplient sur le front, avec des rythmes différents selon les zones. Pour déployer le front, il fallait fréquemment envoyer les [[Cosaques|cosaques]] contre les récalcitrants. Comme du temps du tsar, sauf que maintenant ils étaient dirigés par des ''«&nbsp;socialistes&nbsp;»''...
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Le 4 juin, moins de 15 jours avant le début de l'[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]], le chef d'état-major du Grand Quartier Général envoyait ce rapport&nbsp;:
 
Le 4 juin, moins de 15 jours avant le début de l'[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]], le chef d'état-major du Grand Quartier Général envoyait ce rapport&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Le front Nord se trouve encore en état de fermentation, la fraternisation avec l'ennemi continue, l'attitude de l'infanterie à l'égard de l'offensive est négative... Sur le front Ouest, la situation est indéterminée. Sur le front Sud-Ouest, on note une certaine amélioration de l'état d'esprit... Sur le front roumain, on n'observe pas d'améliorations particulières, l'infanterie ne veut pas marcher…&nbsp;»''</blockquote>  
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''«&nbsp;Le front Nord se trouve encore en état de fermentation, la fraternisation avec l'ennemi continue, l'attitude de l'infanterie à l'égard de l'offensive est négative... Sur le front Ouest, la situation est indéterminée. Sur le front Sud-Ouest, on note une certaine amélioration de l'état d'esprit... Sur le front roumain, on n'observe pas d'améliorations particulières, l'infanterie ne veut pas marcher…&nbsp;»''
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Le 11 juin 1917, le colonel commandant le 61<sup>e</sup>&nbsp;régiment écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Il ne nous reste, à moi et aux officiers, qu'à nous sauver, étant donné que, de Pétrograd, est arrivé un soldat de la 5ecompagnie, un léniniste... Beaucoup des meilleurs soldats et officiers se sont déjà enfuis.&nbsp;»'' Ceux que les officiers appelaient des ''«&nbsp;léninistes&nbsp;»'' étaient souvent seulement des gens qui osaient contester ouvertement l'offensive, et cela rencontrer directement l'appui des autres parce que la fermentation avait déjà eu lieu.
 
Le 11 juin 1917, le colonel commandant le 61<sup>e</sup>&nbsp;régiment écrit&nbsp;: ''«&nbsp;Il ne nous reste, à moi et aux officiers, qu'à nous sauver, étant donné que, de Pétrograd, est arrivé un soldat de la 5ecompagnie, un léniniste... Beaucoup des meilleurs soldats et officiers se sont déjà enfuis.&nbsp;»'' Ceux que les officiers appelaient des ''«&nbsp;léninistes&nbsp;»'' étaient souvent seulement des gens qui osaient contester ouvertement l'offensive, et cela rencontrer directement l'appui des autres parce que la fermentation avait déjà eu lieu.
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La flotte de la mer Noire, qui se trouvait sous la direction des SR, était considérée, au contraire de [[Cronstadt|Cronstadt]], comme la citadelle du patriotisme. Dès la fin d'avril elle envoya à travers le pays une délégation spéciale de 300 hommes, ayant à leur tête l'étudiant Batkine, qui se déguisait en matelot. Ils prêchaient dans toute l'armée la guerre jusqu'à la victoire, mais ils rencontraient de plus en plus d'hostilité. A l'inverse, une délégation de la [[Flotte_de_la_Baltique|Baltique]] arriva à Sébastopol pour prêcher la paix. Comme le résume Trotski, ''«&nbsp;les hommes du Nord eurent plus de succès dans le Midi que ceux du Midi n'en eurent dans le Nord&nbsp;»''. Sous l'influence des matelots de Cronstadt, ceux de Sébastopol entreprirent, le 8 juin, de désarmer le commandement et d'arrêter les officiers les plus détestés.
 
La flotte de la mer Noire, qui se trouvait sous la direction des SR, était considérée, au contraire de [[Cronstadt|Cronstadt]], comme la citadelle du patriotisme. Dès la fin d'avril elle envoya à travers le pays une délégation spéciale de 300 hommes, ayant à leur tête l'étudiant Batkine, qui se déguisait en matelot. Ils prêchaient dans toute l'armée la guerre jusqu'à la victoire, mais ils rencontraient de plus en plus d'hostilité. A l'inverse, une délégation de la [[Flotte_de_la_Baltique|Baltique]] arriva à Sébastopol pour prêcher la paix. Comme le résume Trotski, ''«&nbsp;les hommes du Nord eurent plus de succès dans le Midi que ceux du Midi n'en eurent dans le Nord&nbsp;»''. Sous l'influence des matelots de Cronstadt, ceux de Sébastopol entreprirent, le 8 juin, de désarmer le commandement et d'arrêter les officiers les plus détestés.
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=== L'offensive de juin ===
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===L'offensive de juin===
    
{{Article détaillé|Offensive Kerenski}}
 
{{Article détaillé|Offensive Kerenski}}
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Mais l'offensive déboucha sur une débâcle, les Russes devant finaler reculer et abandonner de larges territoires aux troupes allemandes. La décomposation de l'armée s'en trouva renforcée, et à Petrograd cela provoqua les [[Journées_de_juillet_1917|journées de juillet]].
 
Mais l'offensive déboucha sur une débâcle, les Russes devant finaler reculer et abandonner de larges territoires aux troupes allemandes. La décomposation de l'armée s'en trouva renforcée, et à Petrograd cela provoqua les [[Journées_de_juillet_1917|journées de juillet]].
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=== Mutinerie de la Courtine ===
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===Mutinerie de la Courtine===
    
{{Article détaillé|Mutinerie des soldats russes à La Courtine}}
 
{{Article détaillé|Mutinerie des soldats russes à La Courtine}}
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En 1916, à la demande de la France, le tsar accepte d'envoyer des milliers de soldats russe se battre côté français. Mais très vite après Février 1917, ceux-ci veulent prendre part au processus révolutionnaire qui touche leur pays. Ils forment des soviets, refusent de se battre... Craignant une contagion de leur esprit de rebellion au reste de la troupe, l'état major français les envoie le plus loin possible, dans la camp de la Courtine dans la Creuse. Pendant l'été, les soldats y formeront une sorte de petite république des soviets, avant de se mutiner ouvertement en septembre et de subir la répression.
 
En 1916, à la demande de la France, le tsar accepte d'envoyer des milliers de soldats russe se battre côté français. Mais très vite après Février 1917, ceux-ci veulent prendre part au processus révolutionnaire qui touche leur pays. Ils forment des soviets, refusent de se battre... Craignant une contagion de leur esprit de rebellion au reste de la troupe, l'état major français les envoie le plus loin possible, dans la camp de la Courtine dans la Creuse. Pendant l'été, les soldats y formeront une sorte de petite république des soviets, avant de se mutiner ouvertement en septembre et de subir la répression.
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=== Menaces allemandes sur Petrograd ===
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===Menaces allemandes sur Petrograd===
    
Le 3 septembre, les troupes allemandes prennent Riga (Lettonie, alors territoire russe). Cela provoque un sursaut de chauvinisme que l'état major exploite abondamment. Le jour même, la conférence des commissaires (du gouvernement) du front Nord et des représentants des organisations d'armée décida d'appliquer plus systématiquement des mesures de répression. Des hommes furent fusillés pour avoir fraternisé avec les Allemands. Beaucoup de commissaires couvraient cela d'un discours évoquant la discipline appliquée dans l'armée pendant la [[Révolution_française|révolution française]].
 
Le 3 septembre, les troupes allemandes prennent Riga (Lettonie, alors territoire russe). Cela provoque un sursaut de chauvinisme que l'état major exploite abondamment. Le jour même, la conférence des commissaires (du gouvernement) du front Nord et des représentants des organisations d'armée décida d'appliquer plus systématiquement des mesures de répression. Des hommes furent fusillés pour avoir fraternisé avec les Allemands. Beaucoup de commissaires couvraient cela d'un discours évoquant la discipline appliquée dans l'armée pendant la [[Révolution_française|révolution française]].
<blockquote>''«&nbsp;Ils ne comprenaient pas que les commissaires jacobins s'étaient appuyés sur la base, n'avaient pas épargné les aristocrates et les bourgeois et que, seule, l'autorité plébéienne les armait implacablement pour implanter dans les troupes une rigoureuse discipline. Les commissaires de Kérensky n'avaient aucune base populaire sous les pieds, aucune auréole morale sur la tête. Ils étaient, aux yeux des soldats, des agents de la bourgeoisie, des fourriers de l'Entente, tout simplement.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr35.htm Histoire de la révolution russe, Les masses exposées aux coups]'', 1932</ref>''</blockquote>  
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''«&nbsp;Ils ne comprenaient pas que les commissaires jacobins s'étaient appuyés sur la base, n'avaient pas épargné les aristocrates et les bourgeois et que, seule, l'autorité plébéienne les armait implacablement pour implanter dans les troupes une rigoureuse discipline. Les commissaires de Kérensky n'avaient aucune base populaire sous les pieds, aucune auréole morale sur la tête. Ils étaient, aux yeux des soldats, des agents de la bourgeoisie, des fourriers de l'Entente, tout simplement.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr35.htm Histoire de la révolution russe, Les masses exposées aux coups]'', 1932</ref>''
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En septembre-octobre, la menance allemande sur le nord de la Russie est réelle. Le gouvernement envisage même à moment donné de s'installer à Moscou (Rodzianko assumant même que cela permettrait de détruire ce maudit foyer révolutionnaire), mais doit reculer face aux protestations populaires.
 
En septembre-octobre, la menance allemande sur le nord de la Russie est réelle. Le gouvernement envisage même à moment donné de s'installer à Moscou (Rodzianko assumant même que cela permettrait de détruire ce maudit foyer révolutionnaire), mais doit reculer face aux protestations populaires.
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=== La vague d'octobre ===
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===La vague d'octobre===
    
Dans le courant d'octobre, il y eut dans l'armée de nouvelles élections de comités, partout avec un changement marqué dans le sens des bolcheviks. Dans le corps cantonné sous Dvinsk, ''«&nbsp;les vieux soldats raisonnables&nbsp;»'' se trouvèrent tous blackboulés aux élections pour les comités de régiment et de compagnie; leurs places furent occupées par des soldats combattifs. Le baron Budberg (un chef militaire) les décrivait comme ''«&nbsp;de sombres et ignares sujets aux yeux irrités, étincelants, aux gueules de loups (...)&nbsp;Partout ont lieu de nouvelles élections de comités et partout sont élus seulement des bolcheviks et des défaitistes.&nbsp;»'' Il enrageait de devoir faire des concessions&nbsp;:&nbsp; ''«&nbsp;On ne peut tenir tête à un ramassis d'hyènes, de chacals et de moutons en jouant du violon. Le salut n'est que dans la possibilité d'une application très large du fer rouge.&nbsp;»'' Mais il se lamente&nbsp;: ''«&nbsp;Ce fer manque et l'on ne sait où le prendre.&nbsp;»''
 
Dans le courant d'octobre, il y eut dans l'armée de nouvelles élections de comités, partout avec un changement marqué dans le sens des bolcheviks. Dans le corps cantonné sous Dvinsk, ''«&nbsp;les vieux soldats raisonnables&nbsp;»'' se trouvèrent tous blackboulés aux élections pour les comités de régiment et de compagnie; leurs places furent occupées par des soldats combattifs. Le baron Budberg (un chef militaire) les décrivait comme ''«&nbsp;de sombres et ignares sujets aux yeux irrités, étincelants, aux gueules de loups (...)&nbsp;Partout ont lieu de nouvelles élections de comités et partout sont élus seulement des bolcheviks et des défaitistes.&nbsp;»'' Il enrageait de devoir faire des concessions&nbsp;:&nbsp; ''«&nbsp;On ne peut tenir tête à un ramassis d'hyènes, de chacals et de moutons en jouant du violon. Le salut n'est que dans la possibilité d'une application très large du fer rouge.&nbsp;»'' Mais il se lamente&nbsp;: ''«&nbsp;Ce fer manque et l'on ne sait où le prendre.&nbsp;»''
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Comme les cavaliers, les motocyclistes, originaires de familles paysannes cossues et riches, ou de la moyenne bourgeoisie des villes, constituent les éléments les plus conservateurs de l'armée.
 
Comme les cavaliers, les motocyclistes, originaires de familles paysannes cossues et riches, ou de la moyenne bourgeoisie des villes, constituent les éléments les plus conservateurs de l'armée.
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== Le commandement militaire ==
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==Le commandement militaire==
    
Le poste de généralissime (commandant suprême de l'armée) fut occupé successivement par&nbsp;:
 
Le poste de généralissime (commandant suprême de l'armée) fut occupé successivement par&nbsp;:
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*le général Alexeïev, à partir de [[Révolution_de_Février_1917|février 1917]]  
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*le général Alexeïev, à partir de [[Révolution_de_Février_1917|février 1917]]
*le général Broussilov, à partir de mai (Alexeïev avait émis des réserves sur l'[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]]),  
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*le général Broussilov, à partir de mai (Alexeïev avait émis des réserves sur l'[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]]),
*le général Kornillov, à partir du 19 juillet, suite à l'échec de l'[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]],  
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*le général Kornillov, à partir du 19 juillet, suite à l'échec de l'[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]],
*le général Klembovsky, à partir du 27 août<span>​</span><ref>''[http://personal.ashland.edu/~jmoser1/kerensky.htm Décret de Kerenski dénonçant Kornilov]'', 27 août 1917</ref><span>​, suite à l'[[Affaire_Kornilov|affaire Kornilov]],</span>  
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*le général Klembovsky, à partir du 27 août<span>​</span><ref>''[http://personal.ashland.edu/~jmoser1/kerensky.htm Décret de Kerenski dénonçant Kornilov]'', 27 août 1917</ref><span>​, suite à l'[[Affaire_Kornilov|affaire Kornilov]],</span>
*[[Kerenski|Kerenski]], à partir du 9 septembre,  
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*[[Kerenski|Kerenski]], à partir du 9 septembre,
*le général Doukhonine, de facto, lors de la fuite de Kerenski le [[Insurrection_d'octobre_1917|24 octobre]],  
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*le général Doukhonine, de facto, lors de la fuite de Kerenski le [[Insurrection_d'octobre_1917|24 octobre]],
*[[Krylenko|Krylenko]].  
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*[[Krylenko|Krylenko]].
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== La guerre civile ==
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==La guerre civile==
    
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=== Armées blanches et interventions étrangères ===
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===Armées blanches et interventions étrangères===
    
{{Article détaillé|Intervention alliée pendant la guerre civile russe}}
 
{{Article détaillé|Intervention alliée pendant la guerre civile russe}}
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=== D'une armée milicienne à l'armée rouge ===
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===D'une armée milicienne à l'armée rouge===
    
{{Article détaillé|Armée rouge}}
 
{{Article détaillé|Armée rouge}}
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== Voir aussi ==
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==Voir aussi==
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*[[Cosaques|Cosaques]]  
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*[[Cosaques|Cosaques]]
*[[Junkers|Junkers]]  
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*[[Junkers|Junkers]]
*[[Bataillons_de_femmes|Bataillons de femmes]]  
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*[[Bataillons_de_femmes|Bataillons de femmes]]
*[[Armées_blanches|Armées blanches]]  
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*[[Armées_blanches|Armées blanches]]
*[[Armée_rouge|Armée rouge]]  
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*[[Armée_rouge|Armée rouge]]
*[[Armées_vertes|Armées vertes]]  
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*[[Armées_noires|Armées noires]]  
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== Notes ==
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==Notes==
    
<references />
 
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[[Catégorie:Histoire]] [[Catégorie:Russie]]
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