Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 : −
[[Fichier:Algérie-1962.png|vignette|Célébration de l'indépendance algérienne (1962)]]
+
[[Fichier:Bulletin de référendum.jpg|vignette|Bulletin de vote du référendum du 1er juillet 1962]]
 
Le '''droit des peuples à disposer d'eux-mêmes''', ou '''droit à l’autodétermination''', est un principe affirmé théoriquement par le [[Libéralisme|libéralisme]] bourgeois et régulièrement piétiné... pour préserver les intérêts des bourgeoisies [[Impérialistes|impérialistes]].
 
Le '''droit des peuples à disposer d'eux-mêmes''', ou '''droit à l’autodétermination''', est un principe affirmé théoriquement par le [[Libéralisme|libéralisme]] bourgeois et régulièrement piétiné... pour préserver les intérêts des bourgeoisies [[Impérialistes|impérialistes]].
   Ligne 16 : Ligne 16 :  
==Attitude des classes dominantes==
 
==Attitude des classes dominantes==
   −
Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est un principe qui a été revendiqué par des démocrates, notamment au 19<sup>e</sup> siècle lorsque la [[Question_nationale|question nationale]] a secoué le continent européen. Face à la difficulté à définir a priori des frontières "objectives" de nations, la volonté populaire est pour les progressistes le meilleur critère.<blockquote>«&nbsp;Une nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer ou retenir un pays malgré lui. Le vœu des nations est en définitive le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir […]. Pour disposer des populations, il faut préalablement avoir leur avis […]. Au-dessus de la langue, de la race, des frontières naturelles, de la géographie, nous plaçons le consentement des populations.&nbsp;»<ref>Ernest Renan, ''Qu’est-ce qu’une nation ?'', 1882</ref></blockquote>Même s'il a été de plus en plus affirmé théoriquement par le libéralisme bourgeois, ce principe est régulièrement piétiné... pour préserver les intérêts des bourgeoisies [[Impérialistes|impérialistes]].
+
Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est un principe qui a été revendiqué par des démocrates, notamment au 19<sup>e</sup> siècle lorsque la [[Question_nationale|question nationale]] a secoué le continent européen. Face à la difficulté à définir a priori des frontières "objectives" de nations, la volonté populaire est pour les progressistes le meilleur critère.
 +
<blockquote>
 +
«&nbsp;Une nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer ou retenir un pays malgré lui. Le vœu des nations est en définitive le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir […]. Pour disposer des populations, il faut préalablement avoir leur avis […]. Au-dessus de la langue, de la race, des frontières naturelles, de la géographie, nous plaçons le consentement des populations.&nbsp;»<ref>Ernest Renan, ''Qu’est-ce qu’une nation ?'', 1882</ref>
 +
</blockquote>
 +
Même s'il a été de plus en plus affirmé théoriquement par le libéralisme bourgeois, ce principe est régulièrement piétiné... pour préserver les intérêts des bourgeoisies [[Impérialistes|impérialistes]].
    
A l'inverse, certaines puissances n'hésitent pas à instrumentaliser le droit à l'auto-détermination nationale pour nuire à d'autres pays ([[Pays impérialistes et pays dominés|dominés ou impérialistes]]). [[Karl Marx|Marx]] et [[Friedrich Engels|Engels]] dénonçaient déjà la façon dont Napoléon III utilisait le principe des nationalités pour attaquer les intérêts de la Saint-Alliance et les frontières issues du Congrès de Vienne (1815), ou la façon dont la Russie promouvait le panslavisme dans les Balkans<ref name=":0">Friedrich Engels, [https://www.marxists.org/francais/engels/works/1849/02/fe18490214.htm ''Le panslavisme démocratique''], 14 février 1849</ref> ou les droits des Lapons de Scandinavie<ref>Friedrich Engels, ''En quoi la Pologne concerne-t-elle la classe ouvrière ?'', 1866</ref>. Pendant la guerre civile russe, la [[Question nationale en Russie|question nationale]] a aussi été fréquemment instrumentalisée par les réactionnaires.
 
A l'inverse, certaines puissances n'hésitent pas à instrumentaliser le droit à l'auto-détermination nationale pour nuire à d'autres pays ([[Pays impérialistes et pays dominés|dominés ou impérialistes]]). [[Karl Marx|Marx]] et [[Friedrich Engels|Engels]] dénonçaient déjà la façon dont Napoléon III utilisait le principe des nationalités pour attaquer les intérêts de la Saint-Alliance et les frontières issues du Congrès de Vienne (1815), ou la façon dont la Russie promouvait le panslavisme dans les Balkans<ref name=":0">Friedrich Engels, [https://www.marxists.org/francais/engels/works/1849/02/fe18490214.htm ''Le panslavisme démocratique''], 14 février 1849</ref> ou les droits des Lapons de Scandinavie<ref>Friedrich Engels, ''En quoi la Pologne concerne-t-elle la classe ouvrière ?'', 1866</ref>. Pendant la guerre civile russe, la [[Question nationale en Russie|question nationale]] a aussi été fréquemment instrumentalisée par les réactionnaires.
Ligne 39 : Ligne 43 :  
Marx et Engels considérait que les mouvements démocratiques bourgeois visant à constituer les nations européennes étaient [[progressistes]], et que les revendications comme le droit à l'auto-détermination faisaient partie d'un démocratisme conséquent. Cependant, ils tendaient à restreindre ce droit aux grandes nations, et à en écarter ce qu'ils appelaient les « peuples sans histoire » (Tchèques, Ukrainiens, Slaves des Balkans<ref name=":0" />...). Cette position fut critiquée par le marxiste [[Roman Rosdolsky]].<ref>Roman Rosdolsky, ''[https://www.marxists.org/francais/rosdolsky/works/1948/00/rosdolsky-engels-table.htm Friedrich Engels et le problème des peuples « sans histoire »]'', 1948</ref>
 
Marx et Engels considérait que les mouvements démocratiques bourgeois visant à constituer les nations européennes étaient [[progressistes]], et que les revendications comme le droit à l'auto-détermination faisaient partie d'un démocratisme conséquent. Cependant, ils tendaient à restreindre ce droit aux grandes nations, et à en écarter ce qu'ils appelaient les « peuples sans histoire » (Tchèques, Ukrainiens, Slaves des Balkans<ref name=":0" />...). Cette position fut critiquée par le marxiste [[Roman Rosdolsky]].<ref>Roman Rosdolsky, ''[https://www.marxists.org/francais/rosdolsky/works/1948/00/rosdolsky-engels-table.htm Friedrich Engels et le problème des peuples « sans histoire »]'', 1948</ref>
   −
Au congrès de la [[Deuxième Internationale]] tenu à Londres en 1896, ses deux organisations polonaises s’affrontent sur la question de l’indépendance de la Pologne. Le [[Parti socialiste polonais]] (fondé en 1892 et dont le dirigeant le plus connu est Pilsudski) est pour, la [[Social-démocratie du royaume de Pologne et de Lituanie|SDKPiL]] est contre. [[Karl Kautsky|Kautsky]] fait adopter une résolution qui fait office de compromis (mais qui a été peu discutée), laquelle ne se prononce pas sur l'indépendance de la Pologne, mais affirme :<blockquote>« Le congrès proclame qu’il s’affirme pour le droit complet de libre disposition de toutes les nations ; et il exprime sa sympathie aux ouvriers de tout pays qui souffre à l’heure actuelle sous le joug de l’absolutisme militaire, national ou autre : le congrès appelle les ouvriers de tous ces pays à rejoindre les rangs des ouvriers conscients du monde entier, afin de lutter avec eux pour vaincre le capitalisme international et réaliser les objectifs de la social-démocratie internationale. »</blockquote>Plus généralement, les social-démocrates russes ont beaucoup plus débattu que d'autres du droit à l'autodétermination, en raison du [[Question nationale en Russie|grand nombre de peuples opprimés sous le tsarisme]]. Pour les territoires considérés comme des colonies, il y avait unanimité (excepté parmi les social-chauvins) pour revendiquer leur indépendance (il faisait peu de doute que c'était la façon dont s'autodétermineraient ces populations si elles en avait la possibilité). Mais pour Lénine, il n'y avait pas de raison de ne pas appliquer le même droit à l'autodétermination aux peuples d'Europe.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/07/19160700g.htm Bilan d'une discussion sur le droit des nations à disposer d'elles-mêmes, Partie 6]'', 1916</ref>
+
Au congrès de la [[Deuxième Internationale]] tenu à Londres en 1896, ses deux organisations polonaises s’affrontent sur la question de l’indépendance de la Pologne. Le [[Parti socialiste polonais]] (fondé en 1892 et dont le dirigeant le plus connu est Pilsudski) est pour, la [[Social-démocratie du royaume de Pologne et de Lituanie|SDKPiL]] est contre. [[Karl Kautsky|Kautsky]] fait adopter une résolution qui fait office de compromis (mais qui a été peu discutée), laquelle ne se prononce pas sur l'indépendance de la Pologne, mais affirme :
 +
<blockquote>
 +
« Le congrès proclame qu’il s’affirme pour le droit complet de libre disposition de toutes les nations ; et il exprime sa sympathie aux ouvriers de tout pays qui souffre à l’heure actuelle sous le joug de l’absolutisme militaire, national ou autre : le congrès appelle les ouvriers de tous ces pays à rejoindre les rangs des ouvriers conscients du monde entier, afin de lutter avec eux pour vaincre le capitalisme international et réaliser les objectifs de la social-démocratie internationale. »
 +
</blockquote>
 +
Plus généralement, les social-démocrates russes ont beaucoup plus débattu que d'autres du droit à l'autodétermination, en raison du [[Question nationale en Russie|grand nombre de peuples opprimés sous le tsarisme]]. Pour les territoires considérés comme des colonies, il y avait unanimité (excepté parmi les social-chauvins) pour revendiquer leur indépendance (il faisait peu de doute que c'était la façon dont s'autodétermineraient ces populations si elles en avait la possibilité). Mais pour Lénine, il n'y avait pas de raison de ne pas appliquer le même droit à l'autodétermination aux peuples d'Europe.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/07/19160700g.htm Bilan d'une discussion sur le droit des nations à disposer d'elles-mêmes, Partie 6]'', 1916</ref>
    
Les principales thèses qu'ont défendu [[Lénine|Lénine]], [[Trotski|Trotski]] et les révolutionnaires des débuts de l'[[Internationale communiste]] sont&nbsp;:
 
Les principales thèses qu'ont défendu [[Lénine|Lénine]], [[Trotski|Trotski]] et les révolutionnaires des débuts de l'[[Internationale communiste]] sont&nbsp;:

Menu de navigation