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[[File:FusilladeRueDamremond.jpg|right|437x552px|FusilladeRueDamremond.jpg]]La '''fusillade de la rue Damrémont''', du 23 avril 1925, est un [[Violence|violent]] conflit entre le jeune [[Parti_communiste_français|parti communiste français]] et des militants de droite.{{#set:Date=23/04/1925}}
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[[File:FusilladeRueDamremond.jpg|right|437x552px|FusilladeRueDamremond.jpg]]La '''fusillade de la rue Damrémont''', du 23 avril 1925, est un [[Violence|violent]] conflit entre le jeune [[Parti_communiste_français|parti communiste français]] et des militants de droite.{{AjoutDates|23/04/1925|
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La fusillade s’inscrit dans un cycle de tensions marquée, un an auparavant, par d’autres échauffourées contre des anarchistes [[Fusillade_de_la_Grange-aux-Belles|lors d’un meeting à la Grange-aux-Belles]], le 11 janvier 1924. Le jeune Parti communiste veut à la fois montrer sa détermination ''« antifasciste »'' et faire sa place, par la force, au sein de l’[[Extrême-gauche|extrême-gauche]].
 
La fusillade s’inscrit dans un cycle de tensions marquée, un an auparavant, par d’autres échauffourées contre des anarchistes [[Fusillade_de_la_Grange-aux-Belles|lors d’un meeting à la Grange-aux-Belles]], le 11 janvier 1924. Le jeune Parti communiste veut à la fois montrer sa détermination ''« antifasciste »'' et faire sa place, par la force, au sein de l’[[Extrême-gauche|extrême-gauche]].
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Certains ont aussi parlé d'un effet de « brutalisation des sociétés » par la [[Guerre_de_1914-1918|guerre de 1914-1918]] (dans laquelle l’ensemble de la société française est mobilisée pendant 4 ans).
 
Certains ont aussi parlé d'un effet de « brutalisation des sociétés » par la [[Guerre_de_1914-1918|guerre de 1914-1918]] (dans laquelle l’ensemble de la société française est mobilisée pendant 4 ans).
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== Les faits ==
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==Les faits==
    
Le 23 avril 1925, Raoul Sabatier, candidat de droite aux élections municipales dans le 18<sup>e</sup> arrondissement de Paris, tient une réunion électorale au 113 de la rue Championnet. La salle est pleine à craquer, plus de 300 personnes se massent à l’extérieur.
 
Le 23 avril 1925, Raoul Sabatier, candidat de droite aux élections municipales dans le 18<sup>e</sup> arrondissement de Paris, tient une réunion électorale au 113 de la rue Championnet. La salle est pleine à craquer, plus de 300 personnes se massent à l’extérieur.
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C’est alors que des coups de feu éclatent, trois militants des JP sont tués et plusieurs blessés. Selon le rapport de police, les communistes auraient déclenché un «&nbsp;feu de salve&nbsp;». Un groupe de militants autour de Pierre Taittinger, qui se dirige à la fin du meeting vers la station Simplon, est également pris à partie et des bagarres éclatent autour de la station. La soirée se solde par un lourd bilan&nbsp;: quatre tués et de nombreux blessés. Tout s’est passé très vite, entre 23h30 et minuit. Deux hommes sont arrêtés sur les lieux. L’absence de blessés communistes désigne le parti comme responsable.
 
C’est alors que des coups de feu éclatent, trois militants des JP sont tués et plusieurs blessés. Selon le rapport de police, les communistes auraient déclenché un «&nbsp;feu de salve&nbsp;». Un groupe de militants autour de Pierre Taittinger, qui se dirige à la fin du meeting vers la station Simplon, est également pris à partie et des bagarres éclatent autour de la station. La soirée se solde par un lourd bilan&nbsp;: quatre tués et de nombreux blessés. Tout s’est passé très vite, entre 23h30 et minuit. Deux hommes sont arrêtés sur les lieux. L’absence de blessés communistes désigne le parti comme responsable.
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== Conséquences ==
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==Conséquences==
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=== Renforcement de l'anticommunisme ===
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===Renforcement de l'anticommunisme===
    
La fusillade fait la une de tous les journaux du lendemain. La presse accuse les communistes d’avoir organisé une véritable embuscade. De ''La Liberté'' (24 avril) au journal de la gauche bourgeoise ''Le Radical'' (25 avril), on évoque même un «&nbsp;attentat terroriste&nbsp;». On peut aussi lire dans différents journaux ce témoignage qui accable les communistes&nbsp;: ''«&nbsp;les commandements entendus étaient les suivants&nbsp;: “première centurie&nbsp;: Feu&nbsp;!”&nbsp;; “deuxième centurie&nbsp;: Feu”&nbsp;»'', qui est à nouveau repris en 1926 lors du procès (article de Roland Tapie dans L’Express du Midi, 13 avril 1926).
 
La fusillade fait la une de tous les journaux du lendemain. La presse accuse les communistes d’avoir organisé une véritable embuscade. De ''La Liberté'' (24 avril) au journal de la gauche bourgeoise ''Le Radical'' (25 avril), on évoque même un «&nbsp;attentat terroriste&nbsp;». On peut aussi lire dans différents journaux ce témoignage qui accable les communistes&nbsp;: ''«&nbsp;les commandements entendus étaient les suivants&nbsp;: “première centurie&nbsp;: Feu&nbsp;!”&nbsp;; “deuxième centurie&nbsp;: Feu”&nbsp;»'', qui est à nouveau repris en 1926 lors du procès (article de Roland Tapie dans L’Express du Midi, 13 avril 1926).
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L’affaire accentue l’anticommunisme fort depuis la [[Révolution_russe_(1917)|révolution d’octobre 1917]] et la fin de la [[Grande_guerre|Grande_guerre]]. Le dessin publié en Une du Petit Journal le 10 mai 1925 reprend tous les stéréotypes de la violence communiste et populaire&nbsp;: ''«&nbsp;des salopards en casquette&nbsp;»'' qui ont sorti leurs couteaux, un ouvrier immigré d’Afrique du Nord reconnaissable avec sa chechia qui fait feu, voire des têtes patibulaires avec des lunettes noires en pleine nuit, rappelant les figures qui hantent la société, celle de l’imaginaire des bas-fonds selon l’expression de l’historien Dominique Khalifa. La presse reprend le discours même de Taittinger qui évoque des «&nbsp;silhouettes grimaçantes, vomissant les pires insultes et les pires menaces&nbsp;»<ref>Discours qu’il utilise à nouveau en 1936 lorsqu’il évoque les événements de la rue Damrémont contre le Front populaire dans Le National, 22 août 1936 (voir également sa déposition lors du procès en avril 1926).</ref>. Face à eux, les JP se dressent comme les défenseurs de l’ordre et de la société respectable.
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L’affaire accentue l’anticommunisme fort depuis la [[Révolution_russe_(1917)|révolution d’octobre 1917]] et la fin de la [[Grande_guerre|Grande guerre]]. Le dessin publié en Une du Petit Journal le 10 mai 1925 reprend tous les stéréotypes de la violence communiste et populaire&nbsp;: ''«&nbsp;des salopards en casquette&nbsp;»'' qui ont sorti leurs couteaux, un ouvrier immigré d’Afrique du Nord reconnaissable avec sa chechia qui fait feu, voire des têtes patibulaires avec des lunettes noires en pleine nuit, rappelant les figures qui hantent la société, celle de l’imaginaire des bas-fonds selon l’expression de l’historien Dominique Khalifa. La presse reprend le discours même de Taittinger qui évoque des «&nbsp;silhouettes grimaçantes, vomissant les pires insultes et les pires menaces&nbsp;»<ref>Discours qu’il utilise à nouveau en 1936 lorsqu’il évoque les événements de la rue Damrémont contre le Front populaire dans Le National, 22 août 1936 (voir également sa déposition lors du procès en avril 1926).</ref>. Face à eux, les JP se dressent comme les défenseurs de l’ordre et de la société respectable.
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=== Risque d'interdiction du parti communiste ===
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===Risque d'interdiction du parti communiste===
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Des voix s’élèvent pour demander l’interdiction du parti communiste. À la Chambre des députés, Charles Reibel, Pierre Taittinger et Jean Ybarnégaray exigent des réactions sévères de la part du [[Cartel_des_gauches|Cartel_des_gauches]], alors que [[Marcel_Cachin|Marcel Cachin]] dénie toute préméditation. Aux obsèques des victimes, [[Alexandre_Millerand|Alexandre Millerand]], Taittinger et le général de Castelnau prennent la parole.
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Des voix s’élèvent pour demander l’interdiction du parti communiste. À la Chambre des députés, Charles Reibel, Pierre Taittinger et Jean Ybarnégaray exigent des réactions sévères de la part du [[Cartel_des_gauches|Cartel des gauches]], alors que [[Marcel_Cachin|Marcel Cachin]] dénie toute préméditation. Aux obsèques des victimes, [[Alexandre_Millerand|Alexandre Millerand]], Taittinger et le général de Castelnau prennent la parole.
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Le procès débute devant la cour d’assises de la Seine le 18 avril 1926. L’événement est bien documenté dans les archives<ref>http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9025351r.r=Assassinat+de+la+rue+Damr%C3%A9mont.langFR</ref>. Le député [[Paul_Vaillant-Couturier|Paul_Vaillant-Couturier]], éditorialiste à [[L’Humanité|''L’Humanité'']] intervient comme témoin. Le 20 février 1926, ''L’Humanité'' titre ''«&nbsp;L’affaire de la rue Damrémont&nbsp;: la justice est-elle aux ordres du fascisme&nbsp;?&nbsp;»'' Puis, le quotidien communiste suit le procès tout au long de ses travaux d’avril à mai 1926. La conclusion est que les communistes sont bien responsables de l'offensive, mais qu'il n'y a pas eu de préméditation du parti.
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Le procès débute devant la cour d’assises de la Seine le 18 avril 1926. L’événement est bien documenté dans les archives<ref>http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9025351r.r=Assassinat+de+la+rue+Damr%C3%A9mont.langFR</ref>. Le député [[Paul_Vaillant-Couturier|Paul Vaillant-Couturier]], éditorialiste à ''[[L’Humanité|L’Humanité]]'' intervient comme témoin. Le 20 février 1926, ''L’Humanité'' titre ''«&nbsp;L’affaire de la rue Damrémont&nbsp;: la justice est-elle aux ordres du fascisme&nbsp;?&nbsp;»'' Puis, le quotidien communiste suit le procès tout au long de ses travaux d’avril à mai 1926. La conclusion est que les communistes sont bien responsables de l'offensive, mais qu'il n'y a pas eu de préméditation du parti.
    
Sur les deux militants communistes jugés lors de ce procès, Bernardon est acquitté et Clerc est condamné à trois ans de prison, ce qui souligne, comme l’enquête l’avait montré, qu’il n’y avait pas eu de complot, d’action préméditée, mais un débordement incontrôlé dans une période tendue. Sans complot, la dissolution du parti communiste n’est donc plus à l’ordre du jour.
 
Sur les deux militants communistes jugés lors de ce procès, Bernardon est acquitté et Clerc est condamné à trois ans de prison, ce qui souligne, comme l’enquête l’avait montré, qu’il n’y avait pas eu de complot, d’action préméditée, mais un débordement incontrôlé dans une période tendue. Sans complot, la dissolution du parti communiste n’est donc plus à l’ordre du jour.
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== Réaction du parti et dans le parti ==
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==Réaction du parti et dans le parti==
    
Le parti ne réagit que le 25 avril 1925 dans ''L’Humanité'', où il présente la fusillade comme une réaction de défense des ouvriers contre les attaques des JP. Mais dans la direction du parti on est bien conscient de la responsabilité des communistes, puisque le bureau politique ouvre rapidement une enquête pour chercher qui a donné aux militants l'ordre de tirer.
 
Le parti ne réagit que le 25 avril 1925 dans ''L’Humanité'', où il présente la fusillade comme une réaction de défense des ouvriers contre les attaques des JP. Mais dans la direction du parti on est bien conscient de la responsabilité des communistes, puisque le bureau politique ouvre rapidement une enquête pour chercher qui a donné aux militants l'ordre de tirer.
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Ces violences se reproduiront en 1929-1930, lors de la ligne «&nbsp;classe contre classe&nbsp;» ([[Internationale_Communiste#.C2.ABClasse_contre_classe.C2.BB_.281928-1935.29|''Troisième periode'']]).
 
Ces violences se reproduiront en 1929-1930, lors de la ligne «&nbsp;classe contre classe&nbsp;» ([[Internationale_Communiste#.C2.ABClasse_contre_classe.C2.BB_.281928-1935.29|''Troisième periode'']]).
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== Notes et sources ==
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==Notes et sources==
    
*Aurelia Vasile, [http://anrpaprika.hypotheses.org/1222 Le sang coule à Paris&nbsp;: la fusillade de la rue Damrémont], ''ANR PAPRIK@2F'', 24 novembre 2013
 
*Aurelia Vasile, [http://anrpaprika.hypotheses.org/1222 Le sang coule à Paris&nbsp;: la fusillade de la rue Damrémont], ''ANR PAPRIK@2F'', 24 novembre 2013
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[[Catégorie:Histoire]] [[Catégorie:France]] [[Catégorie:Mouvement ouvrier]]
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[[Catégorie:Mouvement ouvrier]]

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