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Trotski est nommé Commissaire des  Affaires Militaires  après  Brest-Litvosk. La peine de mort pour désobéissance pendant le combat est  rétablie. Et aussi, plus graduellement, le salut, les titres, les casernements séparés et autres privilèges pour les officiers. Les formes  démocratiques  d'organisation,  y  compris  l'élection  des  officiers sont rapidement supprimées.  ''«  La  méthode  de  l'élection    est  politiquement  sans  intérêt  et techniquement  inopportune,  et  en  plus  elle  a  déjà  été  condamnée  par  décret  »''<ref>L. Trotski, « Travail, Discipline, Ordre »,  Sochineniya,  XVII, p. 171-172.</ref>.  [[Krylenko]], un des commissaires adjoints aux affaires militaires nommé après la Révolution d'Octobre, donna sa démission du Département de la Défense pour protester contre ces mesures.
 
Trotski est nommé Commissaire des  Affaires Militaires  après  Brest-Litvosk. La peine de mort pour désobéissance pendant le combat est  rétablie. Et aussi, plus graduellement, le salut, les titres, les casernements séparés et autres privilèges pour les officiers. Les formes  démocratiques  d'organisation,  y  compris  l'élection  des  officiers sont rapidement supprimées.  ''«  La  méthode  de  l'élection    est  politiquement  sans  intérêt  et techniquement  inopportune,  et  en  plus  elle  a  déjà  été  condamnée  par  décret  »''<ref>L. Trotski, « Travail, Discipline, Ordre »,  Sochineniya,  XVII, p. 171-172.</ref>.  [[Krylenko]], un des commissaires adjoints aux affaires militaires nommé après la Révolution d'Octobre, donna sa démission du Département de la Défense pour protester contre ces mesures.
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Le service militaire est rendu obligatoire de 18 à 40 ans, par le décret du 29 mai 1918 et on crée des commissaires militaires ou ''voenkomat'' pour encadrer cette mobilisation. Pour pallier le manque d'expérience des cadres, on leur adjoint des spécialistes militaires ou ''voenspetsy'', sélectionnés par une commission spéciale dirigée par [[Lev_Glezarov|Lev Glezarov]]. Ces adjoints sont souvent recrutés parmi les anciens officiers de l'armée impériale russe, libérés à cet effet, mais dont on s'assure de la loyauté par une étroite mise sous tutelle et sous contrôle de commissaires politiques. On estime que 30% des anciens officiers ont fini par être recyclés dans l'armée rouge. Un de ceux qui a joué un rôle important dans la défection de plusieurs d'entre eux fut le général Mikhail Bontch-Brouïevitch, lorsque son frère [[Vladimir_Bontch-Brouïevitch|Vladimir Bontch-Brouïevitch]] (un proche de [[Lénine|Lénine]]), lui fit la proposition.
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Le service militaire est rendu obligatoire de 18 à 40 ans, par le décret du 29 mai 1918 et on crée des commissaires militaires ou ''voenkomat'' pour encadrer cette mobilisation. Pour pallier le manque d'expérience des cadres, on leur adjoint des spécialistes militaires ou ''voenspetsy'', sélectionnés par une commission spéciale dirigée par [[Lev_Glezarov|Lev Glezarov]].  
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Ces adjoints sont souvent recrutés parmi les anciens officiers de l'armée impériale russe, libérés à cet effet, mais dont on s'assure de la loyauté par une étroite mise sous tutelle et sous contrôle de commissaires politiques (là encore cela avait existé pendant la [[Révolution française]]). Kérenski avait déjà nommé des commissaires aux armées. Mais jusqu’ici les commissaires n’avaient été attachés qu’aux postes supérieurs de commandement et leur rôle avait été assez vague. Trotski en nomma à tous les degrés de la hiérarchie militaire, du commandant de compagnie au général en chef. Il s’efforça aussi de définir les responsabilités et les devoirs respectifs du commandant militaire et du commissaire… Aucun ordre militaire n’était valable s’il n’était signé par les deux… Les officiers étaient révoltés par le contrôle des commissaires, et les commissaires refusaient de se plier aux directives qui faisaient des généraux et des colonels leurs inférieurs sur le plan politique et leurs supérieurs sur le plan militaire...
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On estime que 30% des anciens officiers ont fini par être recyclés dans l'armée rouge. Un de ceux qui a joué un rôle important dans la défection de plusieurs d'entre eux fut le général Mikhaïl Bontch-Brouïevitch, lorsque son frère [[Vladimir_Bontch-Brouïevitch|Vladimir Bontch-Brouïevitch]] (un proche de [[Lénine|Lénine]]), lui fit la proposition.
    
Trotski raconte à quel point, au niveau des formes, la nouvelle armée a en grande partie consisté à rebâtir la discipline détruite dans l'ancienne armée :
 
Trotski raconte à quel point, au niveau des formes, la nouvelle armée a en grande partie consisté à rebâtir la discipline détruite dans l'ancienne armée :
 
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''«&nbsp;Les comités, dans les vieux régiments, s'étaient formés comme des incarnations de la révolution même, du moins dans la première étape. Dans les nouveaux régiments, le principe même des comités ne pouvait être toléré, en tant que principe de décomposition. Les malédictions envoyées à l'adresse de la vieille discipline retentissaient encore que déjà nous commencions à en établir une nouvelle. Après avoir recouru aux volontaires, il fallut, à bref délai, en revenir à la conscription forcée ; après les détachements de partisans, il fallut avoir une organisation militaire exacte. &nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv38.htm Ma vie, 36. L'opposition militaire]'', 1930</ref>''
 
''«&nbsp;Les comités, dans les vieux régiments, s'étaient formés comme des incarnations de la révolution même, du moins dans la première étape. Dans les nouveaux régiments, le principe même des comités ne pouvait être toléré, en tant que principe de décomposition. Les malédictions envoyées à l'adresse de la vieille discipline retentissaient encore que déjà nous commencions à en établir une nouvelle. Après avoir recouru aux volontaires, il fallut, à bref délai, en revenir à la conscription forcée ; après les détachements de partisans, il fallut avoir une organisation militaire exacte. &nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv38.htm Ma vie, 36. L'opposition militaire]'', 1930</ref>''
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La constitution d'une Armée centralisée utilisant des ''«&nbsp;spécialistes&nbsp;»'' issus de l'[[Empire_russe|ancien régime]] engendre une [[Opposition_militaire|opposition militaire]] en 1918-1919. Celle-ci est menée par [[Vladimir_Smirnov|Smirnov]], [[Vorochilov|Vorochilov]], [[Piatakov|Piatakov]], [[Mezhlauk|Mezhlauk]], [[Staline|Staline]]<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/archive/trotsky/1923/12/faction.htm Bureaucratism and Factional Groups]'', décembre 1923</ref>... Le 8<sup>e</sup> Congrès du PCR (20 mars 1919) donne raison à [[Trotski|Trotski]] et [[Lénine|Lénine]].
 
La constitution d'une Armée centralisée utilisant des ''«&nbsp;spécialistes&nbsp;»'' issus de l'[[Empire_russe|ancien régime]] engendre une [[Opposition_militaire|opposition militaire]] en 1918-1919. Celle-ci est menée par [[Vladimir_Smirnov|Smirnov]], [[Vorochilov|Vorochilov]], [[Piatakov|Piatakov]], [[Mezhlauk|Mezhlauk]], [[Staline|Staline]]<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/archive/trotsky/1923/12/faction.htm Bureaucratism and Factional Groups]'', décembre 1923</ref>... Le 8<sup>e</sup> Congrès du PCR (20 mars 1919) donne raison à [[Trotski|Trotski]] et [[Lénine|Lénine]].
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Deutscher fait l'appréciation suivante de la politique de Trotski :
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« Dans l’ensemble, son plan, tout en provoquant des frictions, donna des résultats satisfaisants ; de toute façon, il n’y avait aucune solution de rechange à proposer. Confiée sans contrôle à l’autorité des anciens officiers, l’Armée Rouge se serait effondrée politiquement ; laissée sous le commandement des amateurs bolcheviks, elle aurait sombré sur les champs de bataille. Et personne ne rendit au système de Trotski un hommage aussi éclatant et involontaire que le général blanc Dénikine, qui en fut la victime : « Le gouvernement des Soviets peut être fier de l’habileté avec laquelle il a embrigadé la volonté et l’intelligence des généraux et des officiers russes, dont il a fait, malgré leur répugnance, ses instruments dociles… » (Dénikine, Ocherki Russkoi, vol III, p. 146). »<ref>Isaac Deutscher, Trotsky, le prophète armé, 1954</ref>
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==L'Armée rouge dans la guerre civile==
 
==L'Armée rouge dans la guerre civile==
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Considérant la composition sociale et la base sociale de l'armée rouge, [[Trotski|Trotski]] écrit en 1920&nbsp;:
 
Considérant la composition sociale et la base sociale de l'armée rouge, [[Trotski|Trotski]] écrit en 1920&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Le nombre de soldats que nous avons mobilisés pour l'Armée Rouge ces deux dernières années atteint presque le nombre des syndiqués en Russie. Mais les syndiqués sont des ouvriers, et ceux-ci ne représentent que 15&nbsp;% environ de l'armée, le reste étant constitué par la masse paysanne. Et pourtant, nous savons pertinemment que le véritable organisateur et "militarisateur" de l'Armée Rouge, c'est l'ouvrier d'avant-garde désigné par les organisations syndicales et le parti.&nbsp;»<ref name="TetC10">Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref>''</blockquote>  
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''«&nbsp;Le nombre de soldats que nous avons mobilisés pour l'Armée Rouge ces deux dernières années atteint presque le nombre des syndiqués en Russie. Mais les syndiqués sont des ouvriers, et ceux-ci ne représentent que 15&nbsp;% environ de l'armée, le reste étant constitué par la masse paysanne. Et pourtant, nous savons pertinemment que le véritable organisateur et "militarisateur" de l'Armée Rouge, c'est l'ouvrier d'avant-garde désigné par les organisations syndicales et le parti.&nbsp;»<ref name="TetC10">Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref>''
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L'Armée rouge comprenait aussi beaucoup de minorités nationales, comme des chinois ou des musulmans. Les soldats tatars constituaient plus de 50&nbsp;% des troupes sur le front de l’Est et dans le Turkestan pendant la guerre civile.
 
L'Armée rouge comprenait aussi beaucoup de minorités nationales, comme des chinois ou des musulmans. Les soldats tatars constituaient plus de 50&nbsp;% des troupes sur le front de l’Est et dans le Turkestan pendant la guerre civile.
    
Après la défaite de l’Armée Rouge face à la Pologne en 1920, le menchévik [[Fiodor_Dan|Fiodor Dan]] écrivit sur les causes politiques de cet échec (reconnaissant en même sa force politique dans la guerre civile en général)&nbsp;:
 
Après la défaite de l’Armée Rouge face à la Pologne en 1920, le menchévik [[Fiodor_Dan|Fiodor Dan]] écrivit sur les causes politiques de cet échec (reconnaissant en même sa force politique dans la guerre civile en général)&nbsp;:
<blockquote>«Pour défendre la terre qu’il a prise contre le retour potentiel du propriétaire terrien, le paysan de l’Armée Rouge fera preuve du plus grand héroïsme et du plus grand enthousiasme. Il s’avancera à mains nues contre des canons, des tanks, et son ardeur révolutionnaire infectera et désorganisera les troupes les plus splendides et les plus disciplinées, comme on l’a vu des Allemands, des Britanniques et des Français en égale mesure… Mais l’idée du communisme bolchevique lui est si étrangère voire contraire, qu’il ne peut ni s’en infecter lui-même, ni en infecter d’autres. La perspective d’une guerre pour convertir une société capitaliste en société communiste ne peut exercer sur lui aucun attrait, et c’est bien la limite du potentiel de l’Armée Rouge pour les bolcheviques.»</blockquote>  
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«Pour défendre la terre qu’il a prise contre le retour potentiel du propriétaire terrien, le paysan de l’Armée Rouge fera preuve du plus grand héroïsme et du plus grand enthousiasme. Il s’avancera à mains nues contre des canons, des tanks, et son ardeur révolutionnaire infectera et désorganisera les troupes les plus splendides et les plus disciplinées, comme on l’a vu des Allemands, des Britanniques et des Français en égale mesure… Mais l’idée du communisme bolchevique lui est si étrangère voire contraire, qu’il ne peut ni s’en infecter lui-même, ni en infecter d’autres. La perspective d’une guerre pour convertir une société capitaliste en société communiste ne peut exercer sur lui aucun attrait, et c’est bien la limite du potentiel de l’Armée Rouge pour les bolcheviques.»
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Le philosophe anglais [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] racontait après son voyage en Russie en 1920&nbsp;:
 
Le philosophe anglais [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] racontait après son voyage en Russie en 1920&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Il est incontestable qu’à l’heure actuelle, Trotski et l’Armée rouge disposent de l’appui d’un très grand nombre de nationalistes. Les opérations ayant pour but de reconquérir la Russie d’Asie ont même ravivé chez ces derniers un sentiment impérialiste, quoiqu’il soit certain que beaucoup d’entre ceux chez qui j’ai cru reconnaître ce sentiment s’en défendraient avec indignation.&nbsp;»''<span>​</span>''<ref>Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span>​</span></blockquote>  
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''«&nbsp;Il est incontestable qu’à l’heure actuelle, Trotski et l’Armée rouge disposent de l’appui d’un très grand nombre de nationalistes. Les opérations ayant pour but de reconquérir la Russie d’Asie ont même ravivé chez ces derniers un sentiment impérialiste, quoiqu’il soit certain que beaucoup d’entre ceux chez qui j’ai cru reconnaître ce sentiment s’en défendraient avec indignation.&nbsp;»''<span>​</span>''<ref>Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span>​</span>
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Au sujet de la [[Conscription|conscription]] obligatoire, il écrit&nbsp;:
 
Au sujet de la [[Conscription|conscription]] obligatoire, il écrit&nbsp;:
 
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''«&nbsp;Les Tolstoïens, dont j’ai vu les chefs, sont tenus par leur foi de résister à toute espèce de mobilisation&nbsp;; mais quelques-uns ont trouvé des compromis. La loi concernant les réfractaires de conscience au service militaire est en somme la même que la nôtre, et son application dépend de la sévérité du tribunal devant lequel l’on comparait. À tel endroit, certains réfractaires ont été fusillés&nbsp;; ailleurs, ils ont obtenu une exemption complète.&nbsp;»''
 
''«&nbsp;Les Tolstoïens, dont j’ai vu les chefs, sont tenus par leur foi de résister à toute espèce de mobilisation&nbsp;; mais quelques-uns ont trouvé des compromis. La loi concernant les réfractaires de conscience au service militaire est en somme la même que la nôtre, et son application dépend de la sévérité du tribunal devant lequel l’on comparait. À tel endroit, certains réfractaires ont été fusillés&nbsp;; ailleurs, ils ont obtenu une exemption complète.&nbsp;»''
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Les bolchéviks ont également utilisé des soldats pour les affecter directement à des tâches productives, lorsque les circonstances ne permettaient pas de les envoyer au front. Des opposants [[Menchéviks|menchéviks]] ([[Raphaël_Abramovitch|Abramovitch]]...) critiquent alors cette décision comme vouée à l'échec, car l'armée serait structurellement inefficace pour réaliser des tâches dont elle n'a pas l'habitude et qu'elle n'a pas choisi. Trotski défend ces mesures de [[Militarisation_du_travail|militarisation du travail]] comme allant dans le sens de la [[Planification_économique|planification]], et tout en reconnaissant les difficultés, il pointe les progrès réalisés.<ref name="TetC10" />
 
Les bolchéviks ont également utilisé des soldats pour les affecter directement à des tâches productives, lorsque les circonstances ne permettaient pas de les envoyer au front. Des opposants [[Menchéviks|menchéviks]] ([[Raphaël_Abramovitch|Abramovitch]]...) critiquent alors cette décision comme vouée à l'échec, car l'armée serait structurellement inefficace pour réaliser des tâches dont elle n'a pas l'habitude et qu'elle n'a pas choisi. Trotski défend ces mesures de [[Militarisation_du_travail|militarisation du travail]] comme allant dans le sens de la [[Planification_économique|planification]], et tout en reconnaissant les difficultés, il pointe les progrès réalisés.<ref name="TetC10" />
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''«&nbsp;Les cellules paysannes et militaires pourraient être menacées d’une influence (...) directe et même d’une pénétration de la part des koulaks. Néanmoins, la différenciation de la paysannerie représente un facteur susceptible de contrecarrer cette influence. L’inadmission des koulaks dans l’armée (y compris les divisions territoriales) doit non seulement rester une règle intangible, mais encore devenir une mesure importante d’éducation politique de la jeunesse rurale, des unités militaires et particulièrement des cellules militaires.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/coursnouveau/cn6.html Cours Nouveau]'', 1923</ref>''
 
''«&nbsp;Les cellules paysannes et militaires pourraient être menacées d’une influence (...) directe et même d’une pénétration de la part des koulaks. Néanmoins, la différenciation de la paysannerie représente un facteur susceptible de contrecarrer cette influence. L’inadmission des koulaks dans l’armée (y compris les divisions territoriales) doit non seulement rester une règle intangible, mais encore devenir une mesure importante d’éducation politique de la jeunesse rurale, des unités militaires et particulièrement des cellules militaires.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/coursnouveau/cn6.html Cours Nouveau]'', 1923</ref>''
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==Les décorations==
 
==Les décorations==
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''«&nbsp;Au bureau politique, il fut décidé dé me décerner l'ordre du Drapeau rouge pour la défense de Pétrograd. Cette décision me mit dans une situation très délicate. J'avais admis la création d'une décoration révolutionnaire non sans hésiter: il n'y avait pas si long temps que nous avions aboli les ordres chevaleresques de l'ancien régime. En instituant un ordre nouveau, je songeais à donner un stimulant de plus à ceux pour lesquels il ne suffit pas d'avoir conscience de leur devoir révolutionnaire. Lénine m'avait soutenu. La nouvelle décoration fut bien adoptée. Du moins, en ces années-là, la donnait-on pour de véritables services rendus dans la bataille, sous le feu. Maintenant on me l'accordait. Je ne pouvais pas la refuser sans disqualifier un insigne que j'avais tant de fois distribué moi-même. Il ne me restait qu'à accepter ce qui était conventionnel.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv37.htm Ma vie, 35. La défense de Petrograd]'', 1930</ref>''
 
''«&nbsp;Au bureau politique, il fut décidé dé me décerner l'ordre du Drapeau rouge pour la défense de Pétrograd. Cette décision me mit dans une situation très délicate. J'avais admis la création d'une décoration révolutionnaire non sans hésiter: il n'y avait pas si long temps que nous avions aboli les ordres chevaleresques de l'ancien régime. En instituant un ordre nouveau, je songeais à donner un stimulant de plus à ceux pour lesquels il ne suffit pas d'avoir conscience de leur devoir révolutionnaire. Lénine m'avait soutenu. La nouvelle décoration fut bien adoptée. Du moins, en ces années-là, la donnait-on pour de véritables services rendus dans la bataille, sous le feu. Maintenant on me l'accordait. Je ne pouvais pas la refuser sans disqualifier un insigne que j'avais tant de fois distribué moi-même. Il ne me restait qu'à accepter ce qui était conventionnel.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv37.htm Ma vie, 35. La défense de Petrograd]'', 1930</ref>''
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==Evolution de la théorie sur l'armée==
 
==Evolution de la théorie sur l'armée==
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Par exemple, dans une conférence faite à la Société des Sciences Militaires de Moscou en juillet 1924, [[Trotski|Trotski]] soutient que la prise du pouvoir doit marquer un point d'inflexion, le passage d'une guerre de partisans (les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] ou les régiments politisés plein d'esprit d'initiative) à une armée centralisée et [[Discipline|disciplinée]]&nbsp;:
 
Par exemple, dans une conférence faite à la Société des Sciences Militaires de Moscou en juillet 1924, [[Trotski|Trotski]] soutient que la prise du pouvoir doit marquer un point d'inflexion, le passage d'une guerre de partisans (les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] ou les régiments politisés plein d'esprit d'initiative) à une armée centralisée et [[Discipline|disciplinée]]&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;L'insurgé combat en règle générale en observant les méthodes de la «petite guerre», c'est-à-dire au moyen de détachements de partisans ou de demi-partisans cimentés beaucoup plus par la discipline politique et par la claire conscience de l'unité du but à atteindre que par n'importe quelle discipline hiérarchique. Après la prise du pouvoir la situation se modifie complètement. La lutte de la révolution victorieuse pour assurer sa défense et son développement se transforme aussitôt en lutte pour l'organisation de l'appareil gouvernemental centralisé. Les détachements de partisans, dont l'apparition au moment de la lutte pour la prise du pouvoir est aussi inévitable que nécessaire, peuvent être, après la conquête du pouvoir, une cause de graves dangers susceptibles d'ébranler l'Etat révolutionnaire en formation. C'est alors qu'on doit procéder à l'organisation d'une armée rouge régulière.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/07/lt19240729.htm Les problèmes de la guerre civile]'', juillet 1924</ref>''</blockquote>  
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''«&nbsp;L'insurgé combat en règle générale en observant les méthodes de la «petite guerre», c'est-à-dire au moyen de détachements de partisans ou de demi-partisans cimentés beaucoup plus par la discipline politique et par la claire conscience de l'unité du but à atteindre que par n'importe quelle discipline hiérarchique. Après la prise du pouvoir la situation se modifie complètement. La lutte de la révolution victorieuse pour assurer sa défense et son développement se transforme aussitôt en lutte pour l'organisation de l'appareil gouvernemental centralisé. Les détachements de partisans, dont l'apparition au moment de la lutte pour la prise du pouvoir est aussi inévitable que nécessaire, peuvent être, après la conquête du pouvoir, une cause de graves dangers susceptibles d'ébranler l'Etat révolutionnaire en formation. C'est alors qu'on doit procéder à l'organisation d'une armée rouge régulière.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/07/lt19240729.htm Les problèmes de la guerre civile]'', juillet 1924</ref>''
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Plus loin, il insiste sur le fait que l'esprit d'initiative est non seulement inévitable en temps de révolution, mais nécessaire pour l'emporter. Pour autant il réaffirme qu'aussitôt l'insurrection accomplie, ces [[Partisans|partisans]] doivent être incorporés dans une armée centralisée&nbsp;:
 
Plus loin, il insiste sur le fait que l'esprit d'initiative est non seulement inévitable en temps de révolution, mais nécessaire pour l'emporter. Pour autant il réaffirme qu'aussitôt l'insurrection accomplie, ces [[Partisans|partisans]] doivent être incorporés dans une armée centralisée&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Autrement, ces détachements de partisans deviendraient indubitablement des facteurs de désordre susceptibles de dégénérer en bandes armées au service des éléments petits-bourgeois anarchisants insurgés contre l'Etat prolétarien. Nous en avons pas mal d'exemples. Il est vrai que, parmi les partisans rebelles à l'organisation militaire régulière, il y eut aussi des héros. On a cité les noms de Siverss et de Kikvidsé Je pourrais en nommer beaucoup d'autres. (...) Mais à ce moment, il était indispensable de combattre tout ce qu'il y avait en eux de négatif. A ce prix seulement, nous pouvions arriver à organiser l'armée rouge et à la mettre à même de remporter des victoires décisives.&nbsp;»''</blockquote>
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''«&nbsp;Autrement, ces détachements de partisans deviendraient indubitablement des facteurs de désordre susceptibles de dégénérer en bandes armées au service des éléments petits-bourgeois anarchisants insurgés contre l'Etat prolétarien. Nous en avons pas mal d'exemples. Il est vrai que, parmi les partisans rebelles à l'organisation militaire régulière, il y eut aussi des héros. On a cité les noms de Siverss et de Kikvidsé Je pourrais en nommer beaucoup d'autres. (...) Mais à ce moment, il était indispensable de combattre tout ce qu'il y avait en eux de négatif. A ce prix seulement, nous pouvions arriver à organiser l'armée rouge et à la mettre à même de remporter des victoires décisives.&nbsp;»''
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==Les femmes dans l'Armée rouge==
 
==Les femmes dans l'Armée rouge==

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