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Il a globalement suivi les mêmes évolutions politiques que le [[Soviet_de_Petrograd|soviet de Petrograd]], avec un léger retard. Après Petrograd, Moscou était l'enjeu principal de la lutte pour l'hégémonie politique. Moscou ayant été une ancienne capitale sous les tsars, on appelait couramment Moscou et Petrograd ''« les deux capitales »''.
 
Il a globalement suivi les mêmes évolutions politiques que le [[Soviet_de_Petrograd|soviet de Petrograd]], avec un léger retard. Après Petrograd, Moscou était l'enjeu principal de la lutte pour l'hégémonie politique. Moscou ayant été une ancienne capitale sous les tsars, on appelait couramment Moscou et Petrograd ''« les deux capitales »''.
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== Pendant la révolution de 1905 ==
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==Pendant la révolution de 1905==
    
Le soviet de Moscou apparu après celui de Petrograd, de même que certains autres en province. Son existence commença formellement le 22 novembre, mais l’idée de sa création avait déjà germé en septembre, pendant la grève des typos qui provoqua un puissant mouvement de solidarité dans la classe ouvrière de Moscou, avec des manifestations, des meetings, des affrontements avec la troupe et des barricades. Les typos élirent un comité qui fut en réalité l’embryon du futur soviet. En effet, ce comité de grève se transforma en un organisme révolutionnaire qui mit en pratique la liberté de réunion et de parole et organisa des assemblées dans les lieux publics, obtenant ensuite la légalisation et présentant alors une série de revendications à caractère politique. Au début, chaque atelier élut un député pour vingt ouvriers. Le comité de typos se transforma à travers les événements en soviet de Moscou. Les derniers jours de son existence, il comptait 200 députés qui représentaient plus de 100.000 ouvriers, autrement dit la majorité écrasante de la classe ouvrière de Moscou.
 
Le soviet de Moscou apparu après celui de Petrograd, de même que certains autres en province. Son existence commença formellement le 22 novembre, mais l’idée de sa création avait déjà germé en septembre, pendant la grève des typos qui provoqua un puissant mouvement de solidarité dans la classe ouvrière de Moscou, avec des manifestations, des meetings, des affrontements avec la troupe et des barricades. Les typos élirent un comité qui fut en réalité l’embryon du futur soviet. En effet, ce comité de grève se transforma en un organisme révolutionnaire qui mit en pratique la liberté de réunion et de parole et organisa des assemblées dans les lieux publics, obtenant ensuite la légalisation et présentant alors une série de revendications à caractère politique. Au début, chaque atelier élut un député pour vingt ouvriers. Le comité de typos se transforma à travers les événements en soviet de Moscou. Les derniers jours de son existence, il comptait 200 députés qui représentaient plus de 100.000 ouvriers, autrement dit la majorité écrasante de la classe ouvrière de Moscou.
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Le soviet jouissait, comme à Petersbourg, d’un grand prestige parmi les masses travailleuses. Aux élections des députés, toute la classe travailleuse de Moscou participait ; elle accompagnait ensuite les députés à la première réunion, dans un enthousiasme délirant. Pour se faire une idée de l’enthousiasme des travailleurs et de leur participation aux élections, on peut rappeler les paroles prononcées par un vieux fondeur de Lefortova élu par ses camarades :
 
Le soviet jouissait, comme à Petersbourg, d’un grand prestige parmi les masses travailleuses. Aux élections des députés, toute la classe travailleuse de Moscou participait ; elle accompagnait ensuite les députés à la première réunion, dans un enthousiasme délirant. Pour se faire une idée de l’enthousiasme des travailleurs et de leur participation aux élections, on peut rappeler les paroles prononcées par un vieux fondeur de Lefortova élu par ses camarades :
<blockquote>«&nbsp;camarades, disait-il, je comprend seulement maintenant la force que peut représenter l’union de la classe ouvrière. J’ai vu qu’avec l’action collective dans la lutte contre nos ennemis, les bourgeois, nous pouvons obtenir tous les droits et toutes les libertés. Moi qui suit déjà vieux, je ne rêvais même pas d’être élu pour défendre nos droits ouvriers et porter le titre glorieux de représentant du soviet des députés ouvriers&nbsp;; mais je crois que nous ne pourrons pas nous passer d’une lutte sanglante contre nos oppresseurs, c’est pourquoi nous, vos élus, vous demandons de soutenir les armes à la main vos soviets de députés ouvriers.&nbsp;»</blockquote>  
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«&nbsp;camarades, disait-il, je comprend seulement maintenant la force que peut représenter l’union de la classe ouvrière. J’ai vu qu’avec l’action collective dans la lutte contre nos ennemis, les bourgeois, nous pouvons obtenir tous les droits et toutes les libertés. Moi qui suit déjà vieux, je ne rêvais même pas d’être élu pour défendre nos droits ouvriers et porter le titre glorieux de représentant du soviet des députés ouvriers&nbsp;; mais je crois que nous ne pourrons pas nous passer d’une lutte sanglante contre nos oppresseurs, c’est pourquoi nous, vos élus, vous demandons de soutenir les armes à la main vos soviets de députés ouvriers.&nbsp;»
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Sans les soviets, l’organisation du parti n’aurait pas pu conduire les masses à la lutte armée ni créer cette atmosphère de combat et de solidarité qui anima l’immense masse ouvrière.
 
Sans les soviets, l’organisation du parti n’aurait pas pu conduire les masses à la lutte armée ni créer cette atmosphère de combat et de solidarité qui anima l’immense masse ouvrière.
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== Pendant la révolution de 1917 ==
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{{See also|Insurrection de Moscou de décembre 1905}}
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==Pendant la révolution de 1917==
    
Jusqu'en octobre 1917, les [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]] avaient une audience de masse parmi les ouvriers de Moscou, alors que leur influence sur les travailleurs de Pétrograd était pratiquement nulle.
 
Jusqu'en octobre 1917, les [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]] avaient une audience de masse parmi les ouvriers de Moscou, alors que leur influence sur les travailleurs de Pétrograd était pratiquement nulle.
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Lénine avait envisagé de commencer l'insurrection par Moscou<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171029.htm La crise est mûre]'', 29 septembre 1917</ref><ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171001b.htm Lettre au comité central, au comité de Moscou, au comité de Pétrograd, aux membres bolchéviks des Soviets de Pétrograd et de Moscou]'', écrit le 1er  octobre 1917</ref><ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171007.htm Lettre à la conférence de la ville de Pétrograd]'', écrit le 7 octobre 1917</ref> (moins défendue), pour porter un coup imprévu. Mais il s'agissait de l'avis de beaucoup d'une mauvaise idée.
 
Lénine avait envisagé de commencer l'insurrection par Moscou<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171029.htm La crise est mûre]'', 29 septembre 1917</ref><ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171001b.htm Lettre au comité central, au comité de Moscou, au comité de Pétrograd, aux membres bolchéviks des Soviets de Pétrograd et de Moscou]'', écrit le 1er  octobre 1917</ref><ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171007.htm Lettre à la conférence de la ville de Pétrograd]'', écrit le 7 octobre 1917</ref> (moins défendue), pour porter un coup imprévu. Mais il s'agissait de l'avis de beaucoup d'une mauvaise idée.
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=== Prise de Moscou ===
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===Prise de Moscou===
    
La prise de Moscou fut plus violente, et dura du 28 octobre au 2 novembre. Les bolchéviks occupent le Kremlin puis la direction locale hésite et signe une trêve avec les autorités [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] locales avant d’évacuer le bâtiment. Les troupes gouvernementales en profitent alors pour abattre à la mitrailleuse 300 [[Gardes_rouges|gardes rouges]] désarmés, sous les ordres du maire [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] [[Vadim_Roudnev|Roudnev]]. Les SR s'associent à des monarchistes pour mener une sanglante répression. Il faudra une semaine de combats acharnés avant que les bolcheviks, conduits par [[Boukharine|Boukharine]], ne s’emparent finalement de la ville.
 
La prise de Moscou fut plus violente, et dura du 28 octobre au 2 novembre. Les bolchéviks occupent le Kremlin puis la direction locale hésite et signe une trêve avec les autorités [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] locales avant d’évacuer le bâtiment. Les troupes gouvernementales en profitent alors pour abattre à la mitrailleuse 300 [[Gardes_rouges|gardes rouges]] désarmés, sous les ordres du maire [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] [[Vadim_Roudnev|Roudnev]]. Les SR s'associent à des monarchistes pour mener une sanglante répression. Il faudra une semaine de combats acharnés avant que les bolcheviks, conduits par [[Boukharine|Boukharine]], ne s’emparent finalement de la ville.
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Mais il y avait aussi une certaine irrésolution de la part de la direction locale. [[Boukharine|Boukharine]] suivit la même ligne que [[Lénine|Lénine]] et [[Trotski|Trotski]], alors que [[Noguine|Noguine]] et [[Rykov|Rykov]] étaient irrésolus. Ce ne fut que le 25 octobre qu'un [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] fut établi à Moscou. A plusieurs reprises, on passa des opérations militaires aux pourparlers pour revenir ensuite à la lutte armée. Le [[Bolchévik|bolchévik]] [[Nikolaï_Mouralov|Mouralov]] témoigne&nbsp;:
 
Mais il y avait aussi une certaine irrésolution de la part de la direction locale. [[Boukharine|Boukharine]] suivit la même ligne que [[Lénine|Lénine]] et [[Trotski|Trotski]], alors que [[Noguine|Noguine]] et [[Rykov|Rykov]] étaient irrésolus. Ce ne fut que le 25 octobre qu'un [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] fut établi à Moscou. A plusieurs reprises, on passa des opérations militaires aux pourparlers pour revenir ensuite à la lutte armée. Le [[Bolchévik|bolchévik]] [[Nikolaï_Mouralov|Mouralov]] témoigne&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Dans l'ardeur de ce travail nous n'étions pas toujours fermes et résolus en tous points. Disposant d'une supériorité numérique écrasante - dix fois le chiffre de l'adversaire - nous fîmes traîner les combats toute une semaine, par suite de notre peu d'habileté à diriger les masses combattantes, par suite du manque de discipline de ces dernières et de l'ignorance complète de la tactique des combats de rues, tant du côté des chefs que du côté des soldats.&nbsp;»''</blockquote>  
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=== Après Octobre ===
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''«&nbsp;Dans l'ardeur de ce travail nous n'étions pas toujours fermes et résolus en tous points. Disposant d'une supériorité numérique écrasante - dix fois le chiffre de l'adversaire - nous fîmes traîner les combats toute une semaine, par suite de notre peu d'habileté à diriger les masses combattantes, par suite du manque de discipline de ces dernières et de l'ignorance complète de la tactique des combats de rues, tant du côté des chefs que du côté des soldats.&nbsp;»''
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===Après Octobre===
    
En mars 1918, les bolchéviks déplacèrent la capitale (et donc le [[Sovnarkom|Sovnarkom]]) de Petrograd à Moscou.
 
En mars 1918, les bolchéviks déplacèrent la capitale (et donc le [[Sovnarkom|Sovnarkom]]) de Petrograd à Moscou.
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En 1920, [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] raconte après son voyage en Russie que les Mencheviks ont réussi à obtenir environ 40 sièges sur les 1 500 que comporte le Soviet de Moscou, parce qu’ils étaient connus dans certaines grandes usines où la campagne électorale pouvait s’effectuer de vive voix. Les publications papier étaient quasiment impossibles car toutes les imprimeries étaient aux mains de l'appareil d'Etat, qui avait progressivement interdit les autres forces politiques. <span>​</span>''<ref name="Russel1920">Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span>​</span>
 
En 1920, [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] raconte après son voyage en Russie que les Mencheviks ont réussi à obtenir environ 40 sièges sur les 1 500 que comporte le Soviet de Moscou, parce qu’ils étaient connus dans certaines grandes usines où la campagne électorale pouvait s’effectuer de vive voix. Les publications papier étaient quasiment impossibles car toutes les imprimeries étaient aux mains de l'appareil d'Etat, qui avait progressivement interdit les autres forces politiques. <span>​</span>''<ref name="Russel1920">Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span>​</span>
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== Notes et sources ==
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==Notes et sources==
    
Andreu Nin, [https://www.marxists.org/francais/nin/works/1932/00/soviets.htm ''Les Soviets&nbsp;: leur origine, leur développement et leurs fonctions''], 1932
 
Andreu Nin, [https://www.marxists.org/francais/nin/works/1932/00/soviets.htm ''Les Soviets&nbsp;: leur origine, leur développement et leurs fonctions''], 1932
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<references />
 
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[[Catégorie:Histoire]] [[Catégorie:Russie]]
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[[Catégorie:Russie]]

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