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===Pays semi-féodal et autocratique===
 
===Pays semi-féodal et autocratique===
La Russie connaît un développement des [[forces productives]] [[Capitalisme|capitalistes]] très lent, et est encore à cette époque un pays économiquement  arriéré.<ref>« Sur 128 millions d'habitants en Russie, on ne compte pas plus d'ouvriers que dans l'Amérique du Nord où la population n'est que de 76 millions d'habitants. Cela vient de ce que la Russie est, du tout au tout, économiquement arriérée. » [[Léon Trotsky]] in [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905_2.htm 1905]</ref> Le train de vie du Tsar et de son [[Aristocratie|aristocratie]] contraste nettement la situation difficile de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] et de la [[Paysannerie|paysannerie]] pauvre. La [[bourgeoisie]] se développe, mais elle est extrêmement servile envers le [[Empire russe|tsarisme]], sa frange [[Libéralisme|libérale]] étant très modérée.
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La Russie connaît un développement des [[forces productives]] [[Capitalisme|capitalistes]] très lent, et est encore à cette époque un pays économiquement  arriéré.<ref>« Sur 128 millions d'habitants en Russie, on ne compte pas plus d'ouvriers que dans l'Amérique du Nord où la population n'est que de 76 millions d'habitants. Cela vient de ce que la Russie est, du tout au tout, économiquement arriérée. » [[Léon Trotski]] in [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905_2.htm 1905]</ref> Le train de vie du Tsar et de son [[Aristocratie|aristocratie]] contraste nettement la situation difficile de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] et de la [[Paysannerie|paysannerie]] pauvre. La [[bourgeoisie]] se développe, mais elle est extrêmement servile envers le [[Empire russe|tsarisme]], sa frange [[Libéralisme|libérale]] étant très modérée.
    
Sur le plan politique, le [[Tsarisme|régime]] est d'un [[Autoritarisme|autoritarisme]] ferme. Les libertés publiques sont inexistantes et l'[[Okhrana|Okhrana]], [[Police_politique|police politique]], surveille les révolutionnaires.  
 
Sur le plan politique, le [[Tsarisme|régime]] est d'un [[Autoritarisme|autoritarisme]] ferme. Les libertés publiques sont inexistantes et l'[[Okhrana|Okhrana]], [[Police_politique|police politique]], surveille les révolutionnaires.  
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Ils  lancent alors une campagne, utilisant les organes locaux de gouvernement (''[[Zemstvo|zemstvos]]''), réunissant une conférence nationale des délégués des zemstvos en novembre. Puis, ils lancèrent des banquets bourgeois inspirés de la ''[[campagne des banquets]]''. Des discours interminables furent prononcés, des plans de réforme [[Constitution|constitutionnelle]] discutés, des protestations étalées au grand jour. [[Pierre Struve|Strouvé]] écrivait encore : « Tout libéral sincère et réfléchi de Russie exige une révolution. »<ref name=":1">M.N. Pokrovsky, [http://sergeyhry.narod.ru/txt/rus_hists_042.htm Русская История в самом сжатом очерке], 1933</ref>   
 
Ils  lancent alors une campagne, utilisant les organes locaux de gouvernement (''[[Zemstvo|zemstvos]]''), réunissant une conférence nationale des délégués des zemstvos en novembre. Puis, ils lancèrent des banquets bourgeois inspirés de la ''[[campagne des banquets]]''. Des discours interminables furent prononcés, des plans de réforme [[Constitution|constitutionnelle]] discutés, des protestations étalées au grand jour. [[Pierre Struve|Strouvé]] écrivait encore : « Tout libéral sincère et réfléchi de Russie exige une révolution. »<ref name=":1">M.N. Pokrovsky, [http://sergeyhry.narod.ru/txt/rus_hists_042.htm Русская История в самом сжатом очерке], 1933</ref>   
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Les mencheviks étaient euphorisés par ces banquets, et centraient leur politique dessus, appelant surtout les ouvriers à ne pas effrayer la bourgeoisie, au nom du fait que la révolution à venir serait une [[révolution bourgeoise]]<ref>Martynov, [http://iskra-research.org/Trotsky/Permanent/chapter12.shtml Две диктатуры] (Deux dictatures), Genève 1904.</ref>. Les socialistes ne devaient pas pousser le mouvement vers la gauche, car cela risquait de faire le jeu de la [[contre-révolution]].<ref>''Iskra'', 1<sup>er</sup> novembre 1904 ([https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1904/11/vil19041100.htm cité par Lénine])</ref>  
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Les mencheviks étaient euphorisés par ces banquets, et centraient leur politique dessus, appelant surtout les ouvriers à ne pas effrayer la bourgeoisie, au nom du fait que la révolution à venir serait une [[révolution bourgeoise]]<ref>Martynov, [http://iskra-research.org/Trotski/Permanent/chapter12.shtml Две диктатуры] (Deux dictatures), Genève 1904.</ref>. Les socialistes ne devaient pas pousser le mouvement vers la gauche, car cela risquait de faire le jeu de la [[contre-révolution]].<ref>''Iskra'', 1<sup>er</sup> novembre 1904 ([https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1904/11/vil19041100.htm cité par Lénine])</ref>  
 
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« Comme force autonome nous n’existons pas, et c’est pourquoi nous devons soutenir, encourager la bourgeoisie libérale et ne l’effrayer en aucun cas par des revendications purement prolétariennes. »<ref>G. Zinoviev, ''[https://www.marxists.org/francais/zinoviev/works/1924/03/histoire4.htm Histoire du Parti Bolchevik]'', 1924</ref>  
 
« Comme force autonome nous n’existons pas, et c’est pourquoi nous devons soutenir, encourager la bourgeoisie libérale et ne l’effrayer en aucun cas par des revendications purement prolétariennes. »<ref>G. Zinoviev, ''[https://www.marxists.org/francais/zinoviev/works/1924/03/histoire4.htm Histoire du Parti Bolchevik]'', 1924</ref>  
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===Grève générale d'octobre===
 
===Grève générale d'octobre===
Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la [[Grève_générale|grève générale]] d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. «&nbsp;À bas la monarchie tsariste&nbsp;! Vive la République démocratique&nbsp;! Vive la révolte armée&nbsp;!&nbsp;» Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de [[Soviet|soviets]]. <span class="mw-redirect">L'année révolutionnaire de 1905</span> fait apparaître  un pic très net du nombre de grévistes.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr03.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>
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Telle est l’atmosphère d’espérance révolutionnaire et de rejet de l’autocratie qui explique la [[Grève_générale|grève générale]] d’octobre. Le mouvement atteint en effet son apogée au cours de l’automne 1905. Environ un million de personnes sont en grève en octobre. «&nbsp;À bas la monarchie tsariste&nbsp;! Vive la République démocratique&nbsp;! Vive la révolte armée&nbsp;!&nbsp;» Tels sont les mots d’ordre à travers la Russie de dizaines de [[Soviet|soviets]]. <span class="mw-redirect">L'année révolutionnaire de 1905</span> fait apparaître  un pic très net du nombre de grévistes.<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr03.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>
    
Au début, une partie des patrons libéraux soutiennent le mouvement de grève, espérant que quelques sacrifices suffiraient à obtenir des gains politiques de l'action de la classe ouvrière. [[Gueorgui Khroustalev-Nossar|Khroustalev-Nossar]] témoigna :
 
Au début, une partie des patrons libéraux soutiennent le mouvement de grève, espérant que quelques sacrifices suffiraient à obtenir des gains politiques de l'action de la classe ouvrière. [[Gueorgui Khroustalev-Nossar|Khroustalev-Nossar]] témoigna :
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===Les socialistes et les soviets===
 
===Les socialistes et les soviets===
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Ce sont les menchéviks qui ont le plus soutenu la création des soviets à l'origine. Mais la plupart y voyaient seulement un moyen de créer un parti de masse ou des syndicats à l'allemande, et en aucun cas des organes de pouvoir durables. Les mencheviks de Saint-Pétersbourg sous l'influence de [[Trotsky|Trotsky]], agissent en contradiction avec la ligne des dirigeants de l'émigration.
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Ce sont les menchéviks qui ont le plus soutenu la création des soviets à l'origine. Mais la plupart y voyaient seulement un moyen de créer un parti de masse ou des syndicats à l'allemande, et en aucun cas des organes de pouvoir durables. Les mencheviks de Saint-Pétersbourg sous l'influence de [[Trotski|Trotski]], agissent en contradiction avec la ligne des dirigeants de l'émigration.
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Les bolcheviks ont été beaucoup plus réticents à l'égard des soviets&nbsp;&nbsp;: certains y voient une tentative de dresser un organisme informe et irresponsable en rival de l'autorité du parti. En témoigne un article paru le 7&nbsp;novembre 1905 dans la ''Novaïa Jizn'', le quotidien officiel du parti, qui expliquait leur défiance envers les soviets en arguant que ''«&nbsp; seul un parti rigoureusement de classe est à même de diriger le mouvement politique du prolétariat et de veiller à la pureté de ses mots d’ordre et non ce fatras politique, cette organisation politique confuse et hésitante. »'' Les bolcheviks de Saint-Pétersbourg commencent par refuser de participer en tant que tels au soviet des délégués ouvriers et il faudra, pour les y décider, toute l'insistance de [[Trotsky|Trotsky]] auprès de [[Krassine|Krassine]], représentant du comité central. De manière générale, ceux qui sont les plus favorables aux soviets ne consentent à y voir, dans le meilleur des cas, que des auxiliaires du parti.
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Les bolcheviks ont été beaucoup plus réticents à l'égard des soviets&nbsp;&nbsp;: certains y voient une tentative de dresser un organisme informe et irresponsable en rival de l'autorité du parti. En témoigne un article paru le 7&nbsp;novembre 1905 dans la ''Novaïa Jizn'', le quotidien officiel du parti, qui expliquait leur défiance envers les soviets en arguant que ''«&nbsp; seul un parti rigoureusement de classe est à même de diriger le mouvement politique du prolétariat et de veiller à la pureté de ses mots d’ordre et non ce fatras politique, cette organisation politique confuse et hésitante. »'' Les bolcheviks de Saint-Pétersbourg commencent par refuser de participer en tant que tels au soviet des délégués ouvriers et il faudra, pour les y décider, toute l'insistance de [[Trotski|Trotski]] auprès de [[Krassine|Krassine]], représentant du comité central. De manière générale, ceux qui sont les plus favorables aux soviets ne consentent à y voir, dans le meilleur des cas, que des auxiliaires du parti.
    
C'est ainsi qu'après la dissolution du soviet de Pétersbourg, Lénine approuve les [[Bolcheviks|bolcheviks]] qui s'y sont opposés à l'admission des [[Anarchistes_russes|anarchistes]]&nbsp;&nbsp;: à ses yeux, le soviet n'est «&nbsp;ni un parlement ouvrier, ni un organe d'auto gouvernement prolétarien&nbsp;», mais seulement une «&nbsp;organisation de combat pour atteindre des buts définis&nbsp;». En 1907, il admet qu'il faudrait étudier scientifiquement la question de savoir si les soviets constituent vraiment «&nbsp;un pouvoir révolutionnaire&nbsp;». En janvier 1917, dans une conférence sur la révolution de 1905, il ne mentionne les soviets qu'en passant, les définissant comme des «&nbsp;organes de lutte&nbsp;». C'est seulement au cours des semaines suivantes qu'il modifiera son analyse, sous l'influence de [[Boukharine|Boukharine]], de [[Pannekoek|Pannekoek]], et surtout du rôle joué par les nouveaux [[Soviets|soviets]] russes.
 
C'est ainsi qu'après la dissolution du soviet de Pétersbourg, Lénine approuve les [[Bolcheviks|bolcheviks]] qui s'y sont opposés à l'admission des [[Anarchistes_russes|anarchistes]]&nbsp;&nbsp;: à ses yeux, le soviet n'est «&nbsp;ni un parlement ouvrier, ni un organe d'auto gouvernement prolétarien&nbsp;», mais seulement une «&nbsp;organisation de combat pour atteindre des buts définis&nbsp;». En 1907, il admet qu'il faudrait étudier scientifiquement la question de savoir si les soviets constituent vraiment «&nbsp;un pouvoir révolutionnaire&nbsp;». En janvier 1917, dans une conférence sur la révolution de 1905, il ne mentionne les soviets qu'en passant, les définissant comme des «&nbsp;organes de lutte&nbsp;». C'est seulement au cours des semaines suivantes qu'il modifiera son analyse, sous l'influence de [[Boukharine|Boukharine]], de [[Pannekoek|Pannekoek]], et surtout du rôle joué par les nouveaux [[Soviets|soviets]] russes.
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Sur cette question aussi, [[Trotsky|Trotsky]] fait figure d'isolé et de précurseur. Placé au cœur de l'expérience du soviet de Pétersbourg, il en dégage les leçons et conclut&nbsp;&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'y a aucun doute qu'à la prochaine explosion révolutionnaire, de tels conseils ouvriers se formeront dans tout le pays. Un soviet pan-russe des ouvriers, organisé par un congrès national, [...] assurera la direction.&nbsp;» '' Trotsky dit haut et fort, même devant ses juges, que le soviet, ''«&nbsp;organisation-type de la révolution&nbsp;»'', parce qu' ''«&nbsp;organisation même du prolétariat&nbsp;»'' serait l'''«&nbsp;organe du pouvoir du prolétariat.&nbsp;»''<ref>Trotsky, ''Discours devant le tribunal'', 19 sept. 1906 », cité par Fourth International, mars 1942, p. 85. </ref> Trotsky écrira dans son [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm ''1905''] que les soviets avaient constitué ''« le premier embryon d’un pouvoir révolutionnaire » ''et qu’ils pouvaient représenter une alternative à la démocratie parlementaire, en expliquant que les soviets ''«&nbsp; c’est la véritable démocratie, non falsifiée, sans les deux Chambres, sans bureaucratie professionnelle, conservant aux électeurs le droit de remplacer quand ils le veulent leurs députés. »''
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Sur cette question aussi, [[Trotski|Trotski]] fait figure d'isolé et de précurseur. Placé au cœur de l'expérience du soviet de Pétersbourg, il en dégage les leçons et conclut&nbsp;&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'y a aucun doute qu'à la prochaine explosion révolutionnaire, de tels conseils ouvriers se formeront dans tout le pays. Un soviet pan-russe des ouvriers, organisé par un congrès national, [...] assurera la direction.&nbsp;» '' Trotski dit haut et fort, même devant ses juges, que le soviet, ''«&nbsp;organisation-type de la révolution&nbsp;»'', parce qu' ''«&nbsp;organisation même du prolétariat&nbsp;»'' serait l'''«&nbsp;organe du pouvoir du prolétariat.&nbsp;»''<ref>Trotski, ''Discours devant le tribunal'', 19 sept. 1906 », cité par Fourth International, mars 1942, p. 85. </ref> Trotski écrira dans son [http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm ''1905''] que les soviets avaient constitué ''« le premier embryon d’un pouvoir révolutionnaire » ''et qu’ils pouvaient représenter une alternative à la démocratie parlementaire, en expliquant que les soviets ''«&nbsp; c’est la véritable démocratie, non falsifiée, sans les deux Chambres, sans bureaucratie professionnelle, conservant aux électeurs le droit de remplacer quand ils le veulent leurs députés. »''
    
===Donner une direction===
 
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Il est intéressant de noter que parmi ces ''«&nbsp;détails de l'appréciation des événements&nbsp;»'', Lénine cite celle-ci&nbsp;: ''«&nbsp;Le [[Natchalo|Natchalo]] penchait vers la dictature du prolétariat. La [[Novaïa_Jizn|Novaïa Jizn]] s'en tenait au point de vue de la dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie.&nbsp;»'' L'expérience de 1905 fut en effet la matière principale à partir de laquelle [[Parvus|Parvus]] et [[Trotsky|Trotsky]] vont élaborer la théorie de la [[Révolution_permanente|révolution permanente]].
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Il est intéressant de noter que parmi ces ''«&nbsp;détails de l'appréciation des événements&nbsp;»'', Lénine cite celle-ci&nbsp;: ''«&nbsp;Le [[Natchalo|Natchalo]] penchait vers la dictature du prolétariat. La [[Novaïa_Jizn|Novaïa Jizn]] s'en tenait au point de vue de la dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie.&nbsp;»'' L'expérience de 1905 fut en effet la matière principale à partir de laquelle [[Parvus|Parvus]] et [[Trotski|Trotski]] vont élaborer la théorie de la [[Révolution_permanente|révolution permanente]].
    
Les bolchéviks et les menchéviks fusionnèrent formellement lors du [[4e congrès du POSDR|congrès d'unification du POSDR]] qui eut lieu en avril 1906.
 
Les bolchéviks et les menchéviks fusionnèrent formellement lors du [[4e congrès du POSDR|congrès d'unification du POSDR]] qui eut lieu en avril 1906.
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Plus globalement, la révolution de 1905 provoque un regain de confiance des révolutionnaires et un recul de l'assurance des [[Réformistes|réformistes]] dans la [[Social-démocratie|social-démocratie]] européenne. Son leader [[Karl_Kautsky|Karl Kautsky]] salue avec enthousiasme cette révolution<ref>Karl Kautsky, [https://www.marxists.org/francais/kautsky/works/1905/05/kautsky_19050503.htm ''1789-1889-1905''], ''Le Socialiste'', 3 mai 1905</ref>, qui commente ainsi&nbsp;: ''«&nbsp;Ce qui promet de s’ouvrir c’est (...) une ère de révolutions européennes, qui aboutiront à la dictature du prolétariat, à la mise en train de la société socialiste.&nbsp;»''<ref>Karl Kautsky, [https://www.marxists.org/francais/kautsky/works/1905/12/kautsky_19051209.htm ''Ancienne et nouvelle Révolution''], ''Le Socialiste'', 9 décembre 1905</ref> De nombreux débats avaient lieu à cette époque sur l'importance de la [[Grève|grève]] de masse dans la stratégie social-démocrate.
 
Plus globalement, la révolution de 1905 provoque un regain de confiance des révolutionnaires et un recul de l'assurance des [[Réformistes|réformistes]] dans la [[Social-démocratie|social-démocratie]] européenne. Son leader [[Karl_Kautsky|Karl Kautsky]] salue avec enthousiasme cette révolution<ref>Karl Kautsky, [https://www.marxists.org/francais/kautsky/works/1905/05/kautsky_19050503.htm ''1789-1889-1905''], ''Le Socialiste'', 3 mai 1905</ref>, qui commente ainsi&nbsp;: ''«&nbsp;Ce qui promet de s’ouvrir c’est (...) une ère de révolutions européennes, qui aboutiront à la dictature du prolétariat, à la mise en train de la société socialiste.&nbsp;»''<ref>Karl Kautsky, [https://www.marxists.org/francais/kautsky/works/1905/12/kautsky_19051209.htm ''Ancienne et nouvelle Révolution''], ''Le Socialiste'', 9 décembre 1905</ref> De nombreux débats avaient lieu à cette époque sur l'importance de la [[Grève|grève]] de masse dans la stratégie social-démocrate.
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Mais cela n'aura été qu'un moment insuffisant pour enrayer la montée de l'[[Opportunisme|opportunisme]] (politique de [[Collaboration_de_classe|collaboration de classe]] de plus en plus poussée) et du [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionnisme croissant depuis les années 1890]]. Trotsky dira plus tard&nbsp;:
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Mais cela n'aura été qu'un moment insuffisant pour enrayer la montée de l'[[Opportunisme|opportunisme]] (politique de [[Collaboration_de_classe|collaboration de classe]] de plus en plus poussée) et du [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionnisme croissant depuis les années 1890]]. Trotski dira plus tard&nbsp;:
 
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''«&nbsp;La Révolution russe de 1905 a été le premier grand événement qui, trente-cinq ans après la Commune de Paris, remua l'atmosphère stagnante d'Europe. Le «tempo» si rapide du développement de la classe ouvrière et la vigueur inattendue de son action révolutionnaire firent une énorme impression et causèrent une aggravation des heurts de classes. Cette Révolution accéléra, en Angleterre, la création d'un Parti indépendant ouvrier. En Autriche, grâce à des circonstances exceptionnelles, elle fit obtenir le droit de vote. En France, elle eut comme écho le syndicalisme qui souligna les tendances révolutionnaires jusqu'alors «en veilleuse». Enfin, en Allemagne, l'influence de la Révolution russe conduisit à la formation d'une «aile gauche» du Parti en accord avec le «centre-droit» et à l'isolation du révisionnisme. La question du droit de vote en Prusse prit un tour plus aigu, car c'était l'accès aux positions tenues par les Junkers. Une méthode générale d'action révolutionnaire fut approuvée de principe. Mais le mouvement interne fut trop faible pour pousser le Parti sur le chemin d'une offensive politique. Selon la bonne vieille tradition du Parti, l'affaire se termina en discussions et en résolutions platoniques.&nbsp;»<ref>Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1914/10/lt19141031a.htm ''La guerre et l'Internationale''], 31 octobre 1914</ref>''
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''«&nbsp;La Révolution russe de 1905 a été le premier grand événement qui, trente-cinq ans après la Commune de Paris, remua l'atmosphère stagnante d'Europe. Le «tempo» si rapide du développement de la classe ouvrière et la vigueur inattendue de son action révolutionnaire firent une énorme impression et causèrent une aggravation des heurts de classes. Cette Révolution accéléra, en Angleterre, la création d'un Parti indépendant ouvrier. En Autriche, grâce à des circonstances exceptionnelles, elle fit obtenir le droit de vote. En France, elle eut comme écho le syndicalisme qui souligna les tendances révolutionnaires jusqu'alors «en veilleuse». Enfin, en Allemagne, l'influence de la Révolution russe conduisit à la formation d'une «aile gauche» du Parti en accord avec le «centre-droit» et à l'isolation du révisionnisme. La question du droit de vote en Prusse prit un tour plus aigu, car c'était l'accès aux positions tenues par les Junkers. Une méthode générale d'action révolutionnaire fut approuvée de principe. Mais le mouvement interne fut trop faible pour pousser le Parti sur le chemin d'une offensive politique. Selon la bonne vieille tradition du Parti, l'affaire se termina en discussions et en résolutions platoniques.&nbsp;»<ref>Trotski, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1914/10/lt19141031a.htm ''La guerre et l'Internationale''], 31 octobre 1914</ref>''
 
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*Pierre Broué, ''[http://www.marxists.org/francais/broue/works/1963/00/broue_pbolch.htm Le parti bolchevik]'', 1963
 
*Pierre Broué, ''[http://www.marxists.org/francais/broue/works/1963/00/broue_pbolch.htm Le parti bolchevik]'', 1963
*Trotsky, ''[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm 1905], Ecrit en 1905-1909''
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*Trotski, ''[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905somm.htm 1905], Ecrit en 1905-1909''
*Trotsky, ''[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/bilanp/bpsomm.htm Bilan et perspectives]'', 1906
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*Trotski, ''[http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/bilanp/bpsomm.htm Bilan et perspectives]'', 1906
 
*François-Xavier Coquin, ''La révolution russe manquée'', 1985
 
*François-Xavier Coquin, ''La révolution russe manquée'', 1985
 
*Marcel Liebman, ''Le léninisme sous Lénine'', 1973
 
*Marcel Liebman, ''Le léninisme sous Lénine'', 1973

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