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La pression des matelots et des soldats était tellement irrésistible qu'à Helsingfors (aujours'hui Helsinki) même le comité des [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]] (SR) se prononça contre la [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|coalition]], en suite de quoi tous les organes soviétiques de la flotte et de l'armée, en Finlande, exigèrent unanimement que le [[Comité_exécutif_central_panrusse|comité exécutif central]] prit le pouvoir en main. Pour appuyer leur revendication, les hommes de la Baltique étaient prêts à avancer, à n'importe quel moment, vers l'estuaire de la Neva ; ce qui les retenait, cependant, c'était la crainte d'affaiblir la ligne de défense maritime et de faciliter à la flotte allemande une attaque sur Cronstadt et Petrograd.
 
La pression des matelots et des soldats était tellement irrésistible qu'à Helsingfors (aujours'hui Helsinki) même le comité des [[Socialistes-révolutionnaires|socialistes-révolutionnaires]] (SR) se prononça contre la [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|coalition]], en suite de quoi tous les organes soviétiques de la flotte et de l'armée, en Finlande, exigèrent unanimement que le [[Comité_exécutif_central_panrusse|comité exécutif central]] prit le pouvoir en main. Pour appuyer leur revendication, les hommes de la Baltique étaient prêts à avancer, à n'importe quel moment, vers l'estuaire de la Neva ; ce qui les retenait, cependant, c'était la crainte d'affaiblir la ligne de défense maritime et de faciliter à la flotte allemande une attaque sur Cronstadt et Petrograd.
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La dure répression qui s'ensuivit. Le 7 juillet, le gouvernement décide de dissoudre le Tsentrobalt (Direction des soviets de la flotte de la Baltique). Mais cette répression, ainsi que le travail d'explication des bolchéviks, fit beaucoup progresser le niveau de conscience politique et organisationnelle des marins. [[Trotsky|Trotsky]] cite par exemple ce rapport du délégué d'Helsingfors (aujourd'hui Helsinki) à la fin de juillet : 
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La dure répression qui s'ensuivit. Le 7 juillet, le gouvernement décide de dissoudre le Tsentrobalt (Direction des soviets de la flotte de la Baltique). Mais cette répression, ainsi que le travail d'explication des bolchéviks, fit beaucoup progresser le niveau de conscience politique et organisationnelle des marins. [[Trotski|Trotski]] cite par exemple ce rapport du délégué d'Helsingfors (aujourd'hui Helsinki) à la fin de juillet : 
<blockquote>''«&nbsp;Sur les petites unités navales, c'est l'influence des socialistes-révolutionnaires qui prédomine&nbsp;; mais sur les grands vaisseaux de guerre, croiseurs et cuirassés, tous les matelots sont ou bien des bolcheviks ou bien des sympathisants. Tel était (et précédemment aussi) l'état d'esprit des matelots sur le Pétropavlovsk et sur le République, et après les 3-5 juillet, sont venus à nous le Gangout, le Sébastopol, le Rurik, l'Andreï Pervozvanny, le Diana, le Gromoboï, l'India. Ainsi nous avons dans les mains une formidable force de combat… Les événements du 3 au 5 juillet ont beaucoup appris aux matelots, leur montrant qu'il ne suffisait pas d'être dans un certain état d'esprit pour atteindre le but.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr35.htm Histoire de la révolution russe - 35. Les masses exposées aux coups]'', 1930</ref>''</blockquote>  
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<blockquote>''«&nbsp;Sur les petites unités navales, c'est l'influence des socialistes-révolutionnaires qui prédomine&nbsp;; mais sur les grands vaisseaux de guerre, croiseurs et cuirassés, tous les matelots sont ou bien des bolcheviks ou bien des sympathisants. Tel était (et précédemment aussi) l'état d'esprit des matelots sur le Pétropavlovsk et sur le République, et après les 3-5 juillet, sont venus à nous le Gangout, le Sébastopol, le Rurik, l'Andreï Pervozvanny, le Diana, le Gromoboï, l'India. Ainsi nous avons dans les mains une formidable force de combat… Les événements du 3 au 5 juillet ont beaucoup appris aux matelots, leur montrant qu'il ne suffisait pas d'être dans un certain état d'esprit pour atteindre le but.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr35.htm Histoire de la révolution russe - 35. Les masses exposées aux coups]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
=== Putsch de Kornilov ===
 
=== Putsch de Kornilov ===
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Après l'échec du [[Putsch_de_Kornilov|putsch de Kornilov]], la vague réactionnaire laisse la place à un nouveau flux révolutionnaire. Le gouvernement est forcé de faire des concessions. Les ministres de la Guerre et de la Marine et les socialistes [[Conciliateurs|conciliateurs]] du [[Comité_exécutif_central_panrusse|Comité exécutif soviétique]] décident d'envoyer une délégation à la flotte de la Baltique, où l'énervement est à son comble et des lynchages ont lieu. Les conciliateurs insistèrent pour que des bolchéviks et surtout [[Trotsky|Trotsky]] en fassent partie, seul moyen d'avoir l'écoute des matelots. Trotsky refusa&nbsp;:
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Après l'échec du [[Putsch_de_Kornilov|putsch de Kornilov]], la vague réactionnaire laisse la place à un nouveau flux révolutionnaire. Le gouvernement est forcé de faire des concessions. Les ministres de la Guerre et de la Marine et les socialistes [[Conciliateurs|conciliateurs]] du [[Comité_exécutif_central_panrusse|Comité exécutif soviétique]] décident d'envoyer une délégation à la flotte de la Baltique, où l'énervement est à son comble et des lynchages ont lieu. Les conciliateurs insistèrent pour que des bolchéviks et surtout [[Trotski|Trotski]] en fassent partie, seul moyen d'avoir l'écoute des matelots. Trotski refusa&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Nous repoussons résolument la forme de collaboration avec le gouvernement qu'a défendue Tsérételli… Le gouvernement mène une politique radicalement fausse, antipopulaire et incontrôlée&nbsp;; et lorsque cette politique tombe dans une impasse ou aboutit à une catastrophe, les organisations révolutionnaires ont l'ingrat devoir de remédier aux conséquences inévitables… Une des tâches de cette délégation, comme vous la formulez, est de mener une enquête dans les garnisons sur " les forces obscures ", c'est-à-dire sur les provocateurs et les espions… Avez-vous donc oublié que moi-même je suis cité en justice d'après l'article 108 du code&nbsp;?… Dans la lutte contre les lynchages, nous marchons par nos propres voies… non point la main dans la main avec le procureur et le contre-espionnage, mais comme parti révolutionnaire qui persuade, organise et éduque.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref>''</blockquote>  
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<blockquote>''«&nbsp;Nous repoussons résolument la forme de collaboration avec le gouvernement qu'a défendue Tsérételli… Le gouvernement mène une politique radicalement fausse, antipopulaire et incontrôlée&nbsp;; et lorsque cette politique tombe dans une impasse ou aboutit à une catastrophe, les organisations révolutionnaires ont l'ingrat devoir de remédier aux conséquences inévitables… Une des tâches de cette délégation, comme vous la formulez, est de mener une enquête dans les garnisons sur " les forces obscures ", c'est-à-dire sur les provocateurs et les espions… Avez-vous donc oublié que moi-même je suis cité en justice d'après l'article 108 du code&nbsp;?… Dans la lutte contre les lynchages, nous marchons par nos propres voies… non point la main dans la main avec le procureur et le contre-espionnage, mais comme parti révolutionnaire qui persuade, organise et éduque.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
=== Jusqu'à l'insurrection ===
 
=== Jusqu'à l'insurrection ===
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Les matelots de la Baltique combattirent courageusement, s'efforçant de couvrir la route de Petrograd. Mais ils étaient dans une&nbsp; contradiction en tant qu'avant-garde de la révolution et participants forcés de la guerre impérialiste, et ils le comprenaient parfaitement. Par les radios de leurs vaisseaux, ils lançaient un appel à l'aide révolutionnaire internationale vers les quatre coins de l'horizon&nbsp;:
 
Les matelots de la Baltique combattirent courageusement, s'efforçant de couvrir la route de Petrograd. Mais ils étaient dans une&nbsp; contradiction en tant qu'avant-garde de la révolution et participants forcés de la guerre impérialiste, et ils le comprenaient parfaitement. Par les radios de leurs vaisseaux, ils lançaient un appel à l'aide révolutionnaire internationale vers les quatre coins de l'horizon&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Attaquée par des forces allemandes supérieures, notre flotte périt dans une lutte inégale. Pas un de nos vaisseaux n'esquivera le combat. La flotte calomniée, stigmatisée, remplira son devoir... non sur l'ordre d'un quelconque misérable Bonaparte russe régnant grâce à la longue patience de la révolution… non pas au nom des traités de nos dirigeants avec les alliés qui passent les menottes aux mains de la Liberté russe. Non, mais au nom de la défense des approches du foyer de la révolution, Petrograd. A l'heure où les flots de la Baltique sont rougis du sang de nos frères, lorsque les eaux se referment sur leurs cadavres, nous élevons la voix&nbsp;: Opprimés du monde entier, levez l'étendard de la révolte&nbsp;!&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr41.htm Histoire de la révolution russe - 41. Sortie du préparlement et lutte pour le congrès des soviets]'', 1930</ref>''</blockquote>  
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<blockquote>''«&nbsp;Attaquée par des forces allemandes supérieures, notre flotte périt dans une lutte inégale. Pas un de nos vaisseaux n'esquivera le combat. La flotte calomniée, stigmatisée, remplira son devoir... non sur l'ordre d'un quelconque misérable Bonaparte russe régnant grâce à la longue patience de la révolution… non pas au nom des traités de nos dirigeants avec les alliés qui passent les menottes aux mains de la Liberté russe. Non, mais au nom de la défense des approches du foyer de la révolution, Petrograd. A l'heure où les flots de la Baltique sont rougis du sang de nos frères, lorsque les eaux se referment sur leurs cadavres, nous élevons la voix&nbsp;: Opprimés du monde entier, levez l'étendard de la révolte&nbsp;!&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr41.htm Histoire de la révolution russe - 41. Sortie du préparlement et lutte pour le congrès des soviets]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
En septembre, le congrès des marins s'adresse au [[Comité_exécutif_central_pan-russe|Comité exécutif central]] et lui demande d'éliminer [[Kerensky|Kerensky]] des rangs du gouvernement provisoire, ''«&nbsp;un personnage qui déshonorait et ruinait par son chantage politique éhonté la grande révolution&nbsp;»''. Le comité régional de l'armée, de la flotte et des ouvriers russes en Finlande, agissant comme un pouvoir, mit l’embargo sur les chargements gouvernementaux. Kérensky menaça de faire arrêter les commissaires des soviets. La réponse&nbsp;: ''«&nbsp;Le comité régional accepte avec calme le défi du gouvernement provisoire.&nbsp;»'' Kérensky ne répondit rien. La flotte de la Baltique se trouvait déjà en état d'insurrection.
 
En septembre, le congrès des marins s'adresse au [[Comité_exécutif_central_pan-russe|Comité exécutif central]] et lui demande d'éliminer [[Kerensky|Kerensky]] des rangs du gouvernement provisoire, ''«&nbsp;un personnage qui déshonorait et ruinait par son chantage politique éhonté la grande révolution&nbsp;»''. Le comité régional de l'armée, de la flotte et des ouvriers russes en Finlande, agissant comme un pouvoir, mit l’embargo sur les chargements gouvernementaux. Kérensky menaça de faire arrêter les commissaires des soviets. La réponse&nbsp;: ''«&nbsp;Le comité régional accepte avec calme le défi du gouvernement provisoire.&nbsp;»'' Kérensky ne répondit rien. La flotte de la Baltique se trouvait déjà en état d'insurrection.
  

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