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[[File:Trotski et l'Armée Rouge.jpg|398x253px|Trotski haranguant l'Armée Rouge|alt=|vignette]]  
 
La '''guerre civile russe''', successive à la [[Révolution_d’Octobre|Révolution d’Octobre]] a duré exactement cinq ans, du 29 octobre 1917 au 25 octobre 1922. Causant entre 8 et 20 millions, elle s'est conclue par la victoire de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], sur les [[Armées_blanches|armées blanches]] (soutenues par des forces impérialistes) et les [[Armées_vertes|armées vertes]], mais au prix d'une [[Bureaucratisation_soviétique|bureaucratisation]] très forte du régime.{{AjoutDates|29/10/1917|25/10/1922}}
 
La '''guerre civile russe''', successive à la [[Révolution_d’Octobre|Révolution d’Octobre]] a duré exactement cinq ans, du 29 octobre 1917 au 25 octobre 1922. Causant entre 8 et 20 millions, elle s'est conclue par la victoire de l'[[Armée_rouge|Armée rouge]], sur les [[Armées_blanches|armées blanches]] (soutenues par des forces impérialistes) et les [[Armées_vertes|armées vertes]], mais au prix d'une [[Bureaucratisation_soviétique|bureaucratisation]] très forte du régime.{{AjoutDates|29/10/1917|25/10/1922}}
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Sur une population d'environ 160 millions, la [[Première_Guerre_mondiale|guerre mondiale]] avait tué plus de 3 millions de Russes. Les souffrances des soldats et les horeurs vécues ont engendré une brutalisation de la société qui a élevé le niveau de violence. La guerre avait aussi ruiné ce pays déjà peu développé économiquement, et qui avait dû s'endetter fortement pour l'effort de guerre.
 
Sur une population d'environ 160 millions, la [[Première_Guerre_mondiale|guerre mondiale]] avait tué plus de 3 millions de Russes. Les souffrances des soldats et les horeurs vécues ont engendré une brutalisation de la société qui a élevé le niveau de violence. La guerre avait aussi ruiné ce pays déjà peu développé économiquement, et qui avait dû s'endetter fortement pour l'effort de guerre.
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La haine du régime tyrannique des tsars dans les classes populaires russes était également très forte. Elle avait déjà conduit à la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]]. Mais le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire bourgeois]] ne prenait aucune mesure radicale, ne répondait pas aux besoins sociaux, et surtout, prolongeait la guerre. Dans cette situation d'entre-deux, le camp des révolutionnaires ([[Bolchéviks|bolchéviks]]) se renforçait, en parallèle du renforcement de la [[Contre-révolution|contre-révolution]]. Comme le souligne [[Trotsky|Trotsky]] :
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La haine du régime tyrannique des tsars dans les classes populaires russes était également très forte. Elle avait déjà conduit à la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]]. Mais le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire bourgeois]] ne prenait aucune mesure radicale, ne répondait pas aux besoins sociaux, et surtout, prolongeait la guerre. Dans cette situation d'entre-deux, le camp des révolutionnaires ([[Bolchéviks|bolchéviks]]) se renforçait, en parallèle du renforcement de la [[Contre-révolution|contre-révolution]]. Comme le souligne [[Trotski|Trotski]] :
<blockquote>"Ou bien Kornilov, ou bien Lénine" - c'est ainsi que Milioukov posait l'alternative. Lénine, de son côté, écrivait&nbsp;: "Ou bien le pouvoir des soviets, ou bien le kornilovisme. Il n'y a pas de milieu." C'est à ce point que Milioukov et Lénine coïncidaient dans leur jugement sur la situation, et non point par hasard&nbsp;: en contrepoids aux héros de la phrase conciliatrice c'étaient deux représentants sérieux des classes fondamentales de la société. Déjà la Conférence d'État de Moscou avait clairement montré, d'après les termes mêmes de Milioukov, que "le pays se partageait en deux camps entre lesquels il ne pouvait y avoir de conciliation ni d'accord sur le fond". Mais là où, entre deux camps de la société, il ne peut y avoir d'accord, l'affaire se résout par la guerre civile. <ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref></blockquote>  
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<blockquote>"Ou bien Kornilov, ou bien Lénine" - c'est ainsi que Milioukov posait l'alternative. Lénine, de son côté, écrivait&nbsp;: "Ou bien le pouvoir des soviets, ou bien le kornilovisme. Il n'y a pas de milieu." C'est à ce point que Milioukov et Lénine coïncidaient dans leur jugement sur la situation, et non point par hasard&nbsp;: en contrepoids aux héros de la phrase conciliatrice c'étaient deux représentants sérieux des classes fondamentales de la société. Déjà la Conférence d'État de Moscou avait clairement montré, d'après les termes mêmes de Milioukov, que "le pays se partageait en deux camps entre lesquels il ne pouvait y avoir de conciliation ni d'accord sur le fond". Mais là où, entre deux camps de la société, il ne peut y avoir d'accord, l'affaire se résout par la guerre civile. <ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref></blockquote>  
 
Néanmoins presque personne ne «&nbsp;souhaitait&nbsp;» la guerre civile au sens de conflit sanglant. Les [[Conciliateurs|conciliateurs]] agitaient ce spectre jusqu'au dernier moment pour condamner toute rupture franche avec la bourgeoisie. Les bolchéviks insistaient au contraire sur le fait que plus le camp révolutionnaire serait résolu, moins il y aurait de violence. A de nombreuses reprises ils ont [[Interpellation|interpellé]] les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] dans ce sens.
 
Néanmoins presque personne ne «&nbsp;souhaitait&nbsp;» la guerre civile au sens de conflit sanglant. Les [[Conciliateurs|conciliateurs]] agitaient ce spectre jusqu'au dernier moment pour condamner toute rupture franche avec la bourgeoisie. Les bolchéviks insistaient au contraire sur le fait que plus le camp révolutionnaire serait résolu, moins il y aurait de violence. A de nombreuses reprises ils ont [[Interpellation|interpellé]] les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] dans ce sens.
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[[Lénine|Lénine]] écrivait en septembre que ''«&nbsp;seule la transmission immédiate de tout le pouvoir aux soviets rendrait la guerre civile impossible en Russie&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170929.htm La révolution russe et la guerre civile]'', 9 septembre 1917</ref>. Il parlait d'une transmission du pouvoir aux soviets qui serait soutenue par l'ensemble des socialistes, c'est-à-dire une très large majorité du peuple. La nuit même de l'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection bolchévique]] (24-25 octobre a.s), [[Trotsky|Trotsky]] lançait devant des délégués du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]]&nbsp;: ''«&nbsp;Si vous ne tremblez pas il n'y aura pas de guerre civile, les ennemis capituleront sur-le-champ, et vous occuperez la place qui vous appartient de droit, celle de maîtres de la terre russe.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr45.htm Histoire de la révolution russe - 45. La prise de la capitale]'', 1930</ref>''
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[[Lénine|Lénine]] écrivait en septembre que ''«&nbsp;seule la transmission immédiate de tout le pouvoir aux soviets rendrait la guerre civile impossible en Russie&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170929.htm La révolution russe et la guerre civile]'', 9 septembre 1917</ref>. Il parlait d'une transmission du pouvoir aux soviets qui serait soutenue par l'ensemble des socialistes, c'est-à-dire une très large majorité du peuple. La nuit même de l'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection bolchévique]] (24-25 octobre a.s), [[Trotski|Trotski]] lançait devant des délégués du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]]&nbsp;: ''«&nbsp;Si vous ne tremblez pas il n'y aura pas de guerre civile, les ennemis capituleront sur-le-champ, et vous occuperez la place qui vous appartient de droit, celle de maîtres de la terre russe.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr45.htm Histoire de la révolution russe - 45. La prise de la capitale]'', 1930</ref>''
    
Mais l'initiative révolutionnaire des bolchéviks a de fait déclenché la guerre civile. Elle a d'un côté stimulé comme jamais la participation des masses populaires, [[Révolutions_de_1917_à_1923|y compris à l'échelle mondiale]], et de l'autre a lancé toutes les forces [[Réactionnaires|réactionnaires]] dans un assaut enragé contre le nouveau pouvoir.
 
Mais l'initiative révolutionnaire des bolchéviks a de fait déclenché la guerre civile. Elle a d'un côté stimulé comme jamais la participation des masses populaires, [[Révolutions_de_1917_à_1923|y compris à l'échelle mondiale]], et de l'autre a lancé toutes les forces [[Réactionnaires|réactionnaires]] dans un assaut enragé contre le nouveau pouvoir.
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En prenant le pouvoir en Russie, les [[Bolcheviks|bolcheviks]] avaient l'espoir d'un soulèvement révolutionnaire en Europe, plus que d'une paix signée entre la Russie révolutionnaire et les Etats impérialistes. Mais l'échec de la [[Vague_révolutionnaire_de_1917-1923|contagion révolutionnaire]] les obligea à se rabattre sur cette option.
 
En prenant le pouvoir en Russie, les [[Bolcheviks|bolcheviks]] avaient l'espoir d'un soulèvement révolutionnaire en Europe, plus que d'une paix signée entre la Russie révolutionnaire et les Etats impérialistes. Mais l'échec de la [[Vague_révolutionnaire_de_1917-1923|contagion révolutionnaire]] les obligea à se rabattre sur cette option.
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Un armistice est signé le 15 décembre et des pourparlers de paix commencent le 22 décembre, la délégation russe étant conduite par [[Trotski|Trotski]], qui a fait publier dans l'intervalle tous les traités secrets et les plans de partage conclus entre puissances. Les exigences allemandes sont énormes&nbsp;: la Pologne, la Lituanie, et la Biélorussie doivent rester sous occupation allemande. Un débat fait rage au sein du parti&nbsp;bolchevik où trois positions s'affrontent. Certains, comme [[Boukharine|Boukharine]] défendent la nécessité d'une guerre révolutionnaire, [[Lénine|<span class="mw-redirect">Lénine</span>]] pense qu'il faut céder le couteau sous la gorge, et Trotsky, qui l'emporte par 9 voix contre 7, propose de déclarer la fin de la guerre tout en refusant de signer une paix d'annexion.
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Un armistice est signé le 15 décembre et des pourparlers de paix commencent le 22 décembre, la délégation russe étant conduite par [[Trotski|Trotski]], qui a fait publier dans l'intervalle tous les traités secrets et les plans de partage conclus entre puissances. Les exigences allemandes sont énormes&nbsp;: la Pologne, la Lituanie, et la Biélorussie doivent rester sous occupation allemande. Un débat fait rage au sein du parti&nbsp;bolchevik où trois positions s'affrontent. Certains, comme [[Boukharine|Boukharine]] défendent la nécessité d'une guerre révolutionnaire, [[Lénine|<span class="mw-redirect">Lénine</span>]] pense qu'il faut céder le couteau sous la gorge, et Trotski, qui l'emporte par 9 voix contre 7, propose de déclarer la fin de la guerre tout en refusant de signer une paix d'annexion.
    
En réaction l'armée allemande lance une offensive le 17 janvier, qui avance rapidement en Ukraine. La position de <span class="mw-redirect">Lénine</span> pour la signature immédiate de la paix l'emporte alors le 18 janvier dans le parti, mais les conditions exigées par les Allemands se sont encore aggravées. Le 3 mars 1918, les bolcheviks signent le traité de Brest-Litovsk qui ampute la Russie de 26&nbsp;% de sa population, 27&nbsp;% de sa surface cultivée, 75&nbsp;% de sa production d'acier et de fer. La situation économique de la jeune république soviétique, déjà ravagée par une guerre meurtrière de quatre ans, semble désespérée.
 
En réaction l'armée allemande lance une offensive le 17 janvier, qui avance rapidement en Ukraine. La position de <span class="mw-redirect">Lénine</span> pour la signature immédiate de la paix l'emporte alors le 18 janvier dans le parti, mais les conditions exigées par les Allemands se sont encore aggravées. Le 3 mars 1918, les bolcheviks signent le traité de Brest-Litovsk qui ampute la Russie de 26&nbsp;% de sa population, 27&nbsp;% de sa surface cultivée, 75&nbsp;% de sa production d'acier et de fer. La situation économique de la jeune république soviétique, déjà ravagée par une guerre meurtrière de quatre ans, semble désespérée.
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Ce sont des Américains qui prennent en Russie les premiers contacts avec les groupes opposés à la Révolution, en particulier par Maddin Summers, leur consul général à Moscou, qui a épousé la fille d’un grand seigneur. Leur activité consiste particulièrement à obtenir des subsides pour les armées blanches.
 
Ce sont des Américains qui prennent en Russie les premiers contacts avec les groupes opposés à la Révolution, en particulier par Maddin Summers, leur consul général à Moscou, qui a épousé la fille d’un grand seigneur. Leur activité consiste particulièrement à obtenir des subsides pour les armées blanches.
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Au départ, le gouvernement bolchévique est particulièrement inquiet et prêt à de grandes concessions. Le 4 février 1919, il annonce par radio à tous les gouvernements capitalistes les propositions suivantes s'ils cessent leur [[Intervention_alliée_pendant_la_guerre_civile_russe|intervention militaire]]&nbsp;:<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/11/lt19221114.htm La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale]'', 14 novembre 1922</ref>
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Au départ, le gouvernement bolchévique est particulièrement inquiet et prêt à de grandes concessions. Le 4 février 1919, il annonce par radio à tous les gouvernements capitalistes les propositions suivantes s'ils cessent leur [[Intervention_alliée_pendant_la_guerre_civile_russe|intervention militaire]]&nbsp;:<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/11/lt19221114.htm La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale]'', 14 novembre 1922</ref>
    
#Reconnaissance des dettes contractées par les précédents gouvernements de la Russie.
 
#Reconnaissance des dettes contractées par les précédents gouvernements de la Russie.
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A l'été 1918,&nbsp;les bolcheviks ne contrôlent plus qu'un territoire encerclé et réduit en gros à l'ancien grand-duché de Moscovie. Mais ils ont l'avantage d'un bloc territorial cohérent, bien pourvu en routes et en voies ferrées stratégiques, face à des armées blanches dispersées et qui ne seront jamais capables de coordonner leurs offensives. Ils restent toujours maîtres des deux capitales.
 
A l'été 1918,&nbsp;les bolcheviks ne contrôlent plus qu'un territoire encerclé et réduit en gros à l'ancien grand-duché de Moscovie. Mais ils ont l'avantage d'un bloc territorial cohérent, bien pourvu en routes et en voies ferrées stratégiques, face à des armées blanches dispersées et qui ne seront jamais capables de coordonner leurs offensives. Ils restent toujours maîtres des deux capitales.
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Sillonnant le pays à bord de son [[Train_blindé_de_Trotski|train blindé]] devenu vite légendaire, [[Trotsky|Trotsky]] va d'un front à l'autre redresser la situation militaire, organiser les troupes et galvaniser les énergies. Dès l'été 1918, Trotsky reprend l'important nœud de Kazan. Puis l'Armée rouge défait une à une les armées blanches en commençant par Ioudenitch qui échoue dans sa marche sur Pétrograd en octobre 1919, puis presque simultanément à la mi-novembre Koltchak et Denikine.
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Sillonnant le pays à bord de son [[Train_blindé_de_Trotski|train blindé]] devenu vite légendaire, [[Trotski|Trotski]] va d'un front à l'autre redresser la situation militaire, organiser les troupes et galvaniser les énergies. Dès l'été 1918, Trotski reprend l'important nœud de Kazan. Puis l'Armée rouge défait une à une les armées blanches en commençant par Ioudenitch qui échoue dans sa marche sur Pétrograd en octobre 1919, puis presque simultanément à la mi-novembre Koltchak et Denikine.
    
Les rouges devaient également faire face à des révoltes de paysans contre les réquisitions et la conscription (''«&nbsp;[[Armées_vertes|armées vertes]]&nbsp;»''). Enfin, au milieu d'un pays en plein chaos, de nombreux groupes se livraient à des actes de banditisme et de pillage hors de tout contrôle et de toute idéologie.
 
Les rouges devaient également faire face à des révoltes de paysans contre les réquisitions et la conscription (''«&nbsp;[[Armées_vertes|armées vertes]]&nbsp;»''). Enfin, au milieu d'un pays en plein chaos, de nombreux groupes se livraient à des actes de banditisme et de pillage hors de tout contrôle et de toute idéologie.
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La situation compliquée de la guerre civile souleva de nombreux débats dans le parti bolchévik. Trotski cite dans Ma vie quatre épisodes dans lequel il s'est retrouvé en désaccord avec Lénine :
 
La situation compliquée de la guerre civile souleva de nombreux débats dans le parti bolchévik. Trotski cite dans Ma vie quatre épisodes dans lequel il s'est retrouvé en désaccord avec Lénine :
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*au sujet de la situation sur le front de l'Est (été 1919)<ref name="MaVie37">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv39.htm Ma vie - 37. Dissensions sur la stratégie de la guerre]'', 1930</ref>
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*au sujet de la situation sur le front de l'Est (été 1919)<ref name="MaVie37">Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv39.htm Ma vie - 37. Dissensions sur la stratégie de la guerre]'', 1930</ref>
 
*au sujet de la situation sur le front du Sud (été 1919)<ref name="MaVie37" />
 
*au sujet de la situation sur le front du Sud (été 1919)<ref name="MaVie37" />
*au sujet de l'abandon de Petrograd (été 1919)<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv37.htm Ma vie - 35. La défense de Petrograd]'', 1930</ref>
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*au sujet de l'abandon de Petrograd (été 1919)<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv37.htm Ma vie - 35. La défense de Petrograd]'', 1930</ref>
 
*au sujet de la guerre avec la Pologne (été 1920)
 
*au sujet de la guerre avec la Pologne (été 1920)
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L'Armée rouge est la seule véritable armée unifiée durant la guerre civile. Cependant, elle n'a pas existé d'emblée, et a dû être constituée dans l'action. A l'origine, la prise de pouvoir par les partisans bolchéviks s'est faite par un haut niveau d'[[Auto-organisation|auto-organisation]], avec des ''«&nbsp;[[Gardes_rouges|gardes rouges]]&nbsp;»'' dans les principales villes, c'est-à-dire des milices ouvrières [[Autogestion|autogérées]]. Face aux dangers des forces contre-révolutionnaires, les bolchéviks ont estimé que la seule voie de salut était dans le renforcement de la coordination et donc de la centralisation du commandement, dans une spécialisation des soldats (armée de métier) et des cadres (utilisation d'anciens officiers, surveillés par des commissaires politiques), et dans l'instauration d'une forte [[Discipline|discipline]].
 
L'Armée rouge est la seule véritable armée unifiée durant la guerre civile. Cependant, elle n'a pas existé d'emblée, et a dû être constituée dans l'action. A l'origine, la prise de pouvoir par les partisans bolchéviks s'est faite par un haut niveau d'[[Auto-organisation|auto-organisation]], avec des ''«&nbsp;[[Gardes_rouges|gardes rouges]]&nbsp;»'' dans les principales villes, c'est-à-dire des milices ouvrières [[Autogestion|autogérées]]. Face aux dangers des forces contre-révolutionnaires, les bolchéviks ont estimé que la seule voie de salut était dans le renforcement de la coordination et donc de la centralisation du commandement, dans une spécialisation des soldats (armée de métier) et des cadres (utilisation d'anciens officiers, surveillés par des commissaires politiques), et dans l'instauration d'une forte [[Discipline|discipline]].
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[[Trotsky|Trotsky]] fut celui qui dirigea ce processus de création de l'Armée rouge. Fondée dès le <time datetime="1918-02-23" class="nowrap date-lien">23 février 1918, elle comporte</time> près d'un million d'hommes à la fin de l'année 1918, et plus de 5 millions deux années plus tard, volontaires ou conscrits.
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[[Trotski|Trotski]] fut celui qui dirigea ce processus de création de l'Armée rouge. Fondée dès le <time datetime="1918-02-23" class="nowrap date-lien">23 février 1918, elle comporte</time> près d'un million d'hommes à la fin de l'année 1918, et plus de 5 millions deux années plus tard, volontaires ou conscrits.
    
===Les «&nbsp;armées vertes&nbsp;»===
 
===Les «&nbsp;armées vertes&nbsp;»===
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Il suffit de lire le compte rendu de quelques batailles décisives pour se convaincre de l’importance de la conviction politique dans ces victoires remportées par l’Armée rouge.
 
Il suffit de lire le compte rendu de quelques batailles décisives pour se convaincre de l’importance de la conviction politique dans ces victoires remportées par l’Armée rouge.
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Trotsky disait&nbsp;: ''«&nbsp;Ce n’est pas par la terreur que l’on fait des armées (...). Pour notre armée, le ciment le plus fort, ce furent les idées d’Octobre.&nbsp;»''. Ou encore&nbsp;: ''«&nbsp;Le communisme ne sera instauré que par la persuasion et par l’exemple.&nbsp;»'' (1919)
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Trotski disait&nbsp;: ''«&nbsp;Ce n’est pas par la terreur que l’on fait des armées (...). Pour notre armée, le ciment le plus fort, ce furent les idées d’Octobre.&nbsp;»''. Ou encore&nbsp;: ''«&nbsp;Le communisme ne sera instauré que par la persuasion et par l’exemple.&nbsp;»'' (1919)
    
Pourtant la situation matérielle était extrêmement difficile. Quand [[Victor_Serge|Victor Serge]] arrive à Petrograd en janvier 1919, il témoigne&nbsp;:
 
Pourtant la situation matérielle était extrêmement difficile. Quand [[Victor_Serge|Victor Serge]] arrive à Petrograd en janvier 1919, il témoigne&nbsp;:
 
<blockquote>''«&nbsp;Nous entrions dans un monde mortellement glacé. [...] Nous reçûmes dans un centre d’accueil de minimes rations de pain noir et de poisson sec. Jamais nul d’entre nous n’avait connu de si misérable nourriture. Des jeunes femmes en bandeau rouge et des jeunes agitateurs à lunettes nous résumaient l’état des choses: “famine, typhus et contre révolution partout”. Mais la révolution mondiale va nous sauver.&nbsp;»''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Nous entrions dans un monde mortellement glacé. [...] Nous reçûmes dans un centre d’accueil de minimes rations de pain noir et de poisson sec. Jamais nul d’entre nous n’avait connu de si misérable nourriture. Des jeunes femmes en bandeau rouge et des jeunes agitateurs à lunettes nous résumaient l’état des choses: “famine, typhus et contre révolution partout”. Mais la révolution mondiale va nous sauver.&nbsp;»''</blockquote>  
Un vieux dissident soviétique, Grigori Pomerants, raconte dans la revue russe ''Novy Mir'' d’août 2001 l’épisode suivant, très révélateur. En 1950, il avait comme voisin au Goulag un paysan «&nbsp;devenu antisoviétique&nbsp;», mais, dit-il, ''«&nbsp;en 1920, après avoir entendu un discours de Trotsky ou de Zinoviev, il était prêt à partir à l’assaut du ciel. Et pas seulement lui, son régiment tout entier (...). Les rouges étaient prêts à donner leur vie pour le monde des soviets, pour un monde sans mendiants et sans infirmes.&nbsp;»'' Il ajoute ''«&nbsp;Croyez-en un soldat de la guerre&nbsp;: aucune bataille n’a jamais été gagnée par la terreur. La terreur est un moyen auxiliaire dans le combat&nbsp;; le facteur décisif, c’est l’enthousiasme.&nbsp;»''
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Un vieux dissident soviétique, Grigori Pomerants, raconte dans la revue russe ''Novy Mir'' d’août 2001 l’épisode suivant, très révélateur. En 1950, il avait comme voisin au Goulag un paysan «&nbsp;devenu antisoviétique&nbsp;», mais, dit-il, ''«&nbsp;en 1920, après avoir entendu un discours de Trotski ou de Zinoviev, il était prêt à partir à l’assaut du ciel. Et pas seulement lui, son régiment tout entier (...). Les rouges étaient prêts à donner leur vie pour le monde des soviets, pour un monde sans mendiants et sans infirmes.&nbsp;»'' Il ajoute ''«&nbsp;Croyez-en un soldat de la guerre&nbsp;: aucune bataille n’a jamais été gagnée par la terreur. La terreur est un moyen auxiliaire dans le combat&nbsp;; le facteur décisif, c’est l’enthousiasme.&nbsp;»''
    
Parmi les paysans la haine de la noblesse était également très puissante. Dans les siècles passés, la Russie avait déjà connu des soulèvements populaires immenses ([[Stenka_Razine|Razine]], [[Emelian_Pougatchev|Pougatchev]]...) terminés par des exécutions par milliers. Une fois la révolution d’Octobre lancée, la seule solution pour les pauvres consistait à aller jusqu’au bout. Ainsi un monarchiste et industriel disait&nbsp;: ''«&nbsp;Des profondeurs des masses paysannes montait quelque chose d’effrayant, qui réveillait le souvenir des révoltes populaires vécues par nos aïeux.&nbsp;»'' De même un banquier&nbsp;: ''«&nbsp;En Russie éclate un incendie à côté duquel la révolte de Pougatchev, les jacqueries, 1793 apparaîtront comme des troubles insignifiants.&nbsp;»''
 
Parmi les paysans la haine de la noblesse était également très puissante. Dans les siècles passés, la Russie avait déjà connu des soulèvements populaires immenses ([[Stenka_Razine|Razine]], [[Emelian_Pougatchev|Pougatchev]]...) terminés par des exécutions par milliers. Une fois la révolution d’Octobre lancée, la seule solution pour les pauvres consistait à aller jusqu’au bout. Ainsi un monarchiste et industriel disait&nbsp;: ''«&nbsp;Des profondeurs des masses paysannes montait quelque chose d’effrayant, qui réveillait le souvenir des révoltes populaires vécues par nos aïeux.&nbsp;»'' De même un banquier&nbsp;: ''«&nbsp;En Russie éclate un incendie à côté duquel la révolte de Pougatchev, les jacqueries, 1793 apparaîtront comme des troubles insignifiants.&nbsp;»''
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Dans le prolongement de leur bataillon contre les Blancs, les troupes bolchéviques s'avancent vers la Pologne en 1920. La direction bolchévique est divisée sur la question&nbsp;: la majorité derrière [[Lénine|Lénine]] veut foncer, tandis que [[Trotsky|Trotsky]] et [[Radek|Radek]] prônent la prudence.
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Dans le prolongement de leur bataillon contre les Blancs, les troupes bolchéviques s'avancent vers la Pologne en 1920. La direction bolchévique est divisée sur la question&nbsp;: la majorité derrière [[Lénine|Lénine]] veut foncer, tandis que [[Trotski|Trotski]] et [[Radek|Radek]] prônent la prudence.
    
La guerre est aussi idéologique. <span class="reference-text">3700 affiches sont ainsi créées pendant la guerre civile.</span>
 
La guerre est aussi idéologique. <span class="reference-text">3700 affiches sont ainsi créées pendant la guerre civile.</span>
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Or la seule discipline n'est pas inébranlable, surtout vis-à-vis d’officiers issus du tsarisme qui conservaient toutes leur attitude de privilégiés, par exemple dans les troupes de [[Koltchak|Koltchak]].
 
Or la seule discipline n'est pas inébranlable, surtout vis-à-vis d’officiers issus du tsarisme qui conservaient toutes leur attitude de privilégiés, par exemple dans les troupes de [[Koltchak|Koltchak]].
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Le 22 octobre 1919, alors que Petrograd est soumise à l’offensive de l’Armée Blanche de [[Ioudenitch|Ioudenitch]], soutenu par le gouvernement britannique, et risque de tomber, Trotsky publie l’ordre du jour n°&nbsp;158 exigeant le respect de la vie des prisonniers&nbsp;:
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Le 22 octobre 1919, alors que Petrograd est soumise à l’offensive de l’Armée Blanche de [[Ioudenitch|Ioudenitch]], soutenu par le gouvernement britannique, et risque de tomber, Trotski publie l’ordre du jour n°&nbsp;158 exigeant le respect de la vie des prisonniers&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Camarades soldats de l’Armée rouge&nbsp;! Épargnez les prisonniers&nbsp;! Recevez amicalement les transfuges. Dans l’armée blanche, les ennemis vénaux, corrompus, sans honneur, les ennemis du peuple travailleur sont une insignifiante minorité. La majorité écrasante est faite d’hommes dupés ou mobilisés de force. Une part importante même des officiers de la Garde Blanche combat contre la Russie soviétique sous la menace de la trique, ou parce qu’elle a été trompée par les agents des financiers russes et anglo-français et des propriétaires.&nbsp;» Et Trotsky souligne plus loin que son appel «&nbsp;ne s’adresse pas seulement aux simples soldats, mais aussi aux officiers&nbsp;».&nbsp;''</blockquote>  
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<blockquote>''«&nbsp;Camarades soldats de l’Armée rouge&nbsp;! Épargnez les prisonniers&nbsp;! Recevez amicalement les transfuges. Dans l’armée blanche, les ennemis vénaux, corrompus, sans honneur, les ennemis du peuple travailleur sont une insignifiante minorité. La majorité écrasante est faite d’hommes dupés ou mobilisés de force. Une part importante même des officiers de la Garde Blanche combat contre la Russie soviétique sous la menace de la trique, ou parce qu’elle a été trompée par les agents des financiers russes et anglo-français et des propriétaires.&nbsp;» Et Trotski souligne plus loin que son appel «&nbsp;ne s’adresse pas seulement aux simples soldats, mais aussi aux officiers&nbsp;».&nbsp;''</blockquote>  
 
Les armées envoyées pour combattre la révolution russe n’étaient pas immunisées contre les troubles&nbsp;: à Arkhangelsk, les troupes française, britannique et américaine refusèrent de se battre, et des forces françaises durent être évacuées d’Odessa et d’autres ports de la mer Noire après des mutineries.<ref>E. H. CARR, La Révolution bolchevique, 1917-1923, vol. 3, trad. de l’anglais par M. Pouteau, Éditions de Minuit, Paris, 1974, p. 139.</ref>
 
Les armées envoyées pour combattre la révolution russe n’étaient pas immunisées contre les troubles&nbsp;: à Arkhangelsk, les troupes française, britannique et américaine refusèrent de se battre, et des forces françaises durent être évacuées d’Odessa et d’autres ports de la mer Noire après des mutineries.<ref>E. H. CARR, La Révolution bolchevique, 1917-1923, vol. 3, trad. de l’anglais par M. Pouteau, Éditions de Minuit, Paris, 1974, p. 139.</ref>
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Pour faire face aux difficultés, le gouvernement bolchévik prend de plus en plus de mesures de centralisation du pouvoir, de restriction des libertés publiques, de surveillance et de répression, regroupées sous le terme de [[Terreur_rouge|terreur rouge]].
 
Pour faire face aux difficultés, le gouvernement bolchévik prend de plus en plus de mesures de centralisation du pouvoir, de restriction des libertés publiques, de surveillance et de répression, regroupées sous le terme de [[Terreur_rouge|terreur rouge]].
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Il organise d'abord la fusion des groupes de [[Gardes_rouges|gardes rouges]] largement spontanés en une puissante [[Armée_rouge|Armée rouge]], dirigée par [[Trotsky|Trotsky]].
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Il organise d'abord la fusion des groupes de [[Gardes_rouges|gardes rouges]] largement spontanés en une puissante [[Armée_rouge|Armée rouge]], dirigée par [[Trotski|Trotski]].
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Le pouvoir prive les réactionnaires de droits politiques et suspend leurs journaux. Les mesures d'interdiction s'étendent de plus en plus à d'autres types d'opposants, comme les [[Menchéviks|menchéviks]], les [[Socialistes-Révolutionnaires|SR]] et les [[Anarchisme_russe|anarchistes]]. Il s'agissait, comme l'écrivait Lénine, de mesures ''«&nbsp;essentiellement russes&nbsp;»''&nbsp;: des mesures d'exception, de légitime défense. Trotsky écrivait également&nbsp;:
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Le pouvoir prive les réactionnaires de droits politiques et suspend leurs journaux. Les mesures d'interdiction s'étendent de plus en plus à d'autres types d'opposants, comme les [[Menchéviks|menchéviks]], les [[Socialistes-Révolutionnaires|SR]] et les [[Anarchisme_russe|anarchistes]]. Il s'agissait, comme l'écrivait Lénine, de mesures ''«&nbsp;essentiellement russes&nbsp;»''&nbsp;: des mesures d'exception, de légitime défense. Trotski écrivait également&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;''Aux époques difficiles de la vie des peuples et des classes correspondent des mesures sévères. ''Plus nous avancerons, plus ce sera facile, plus chaque citoyen se sentira libre, et moins se fera sentir la force de coercition de l'Etat prolétarien. Peut-être autoriserons-nous alors les journaux mencheviks, en admettant qu'à cette époque il y ait encore des mencheviks.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme - 9. Les questions d'organisation du travail]'', 1920</ref></blockquote>  
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<blockquote>''«&nbsp;''Aux époques difficiles de la vie des peuples et des classes correspondent des mesures sévères. ''Plus nous avancerons, plus ce sera facile, plus chaque citoyen se sentira libre, et moins se fera sentir la force de coercition de l'Etat prolétarien. Peut-être autoriserons-nous alors les journaux mencheviks, en admettant qu'à cette époque il y ait encore des mencheviks.&nbsp;»''<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme - 9. Les questions d'organisation du travail]'', 1920</ref></blockquote>  
 
En août 1918, [[Martov|Martov]] publie une brochure à Moscou pour dénoncer l'utilisation de la peine de mort par les bolchéviks, qui l'avaient toujours combattue dans l'opposition.<ref>Julius Martov, ''[https://www.marxists.org/francais/martov/works/1918/08/martov_19180800.htm A bas la peine de mort !]'', 1918</ref>
 
En août 1918, [[Martov|Martov]] publie une brochure à Moscou pour dénoncer l'utilisation de la peine de mort par les bolchéviks, qui l'avaient toujours combattue dans l'opposition.<ref>Julius Martov, ''[https://www.marxists.org/francais/martov/works/1918/08/martov_19180800.htm A bas la peine de mort !]'', 1918</ref>
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[[Kautsky|Kautsky]] reproche au pouvoir bolchevique d'être une dictature plus [[Blanquiste|blanquiste]] que marxiste, dont il estime la politique arbitraire et anti-démocratique. Deux de ses livres anti-bolchéviks conduisent à des contre-attaques notables&nbsp;: en 1918 Lénine écrit [[La_Révolution_prolétarienne_et_le_renégat_Kautsky|''La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky'']] et en 1920 Trotsky écrit [[Terrorisme_et_communisme|''Terrorisme et communisme'']]<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref> (sous-titré ''L'Anti-Kautsky'').
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[[Kautsky|Kautsky]] reproche au pouvoir bolchevique d'être une dictature plus [[Blanquiste|blanquiste]] que marxiste, dont il estime la politique arbitraire et anti-démocratique. Deux de ses livres anti-bolchéviks conduisent à des contre-attaques notables&nbsp;: en 1918 Lénine écrit [[La_Révolution_prolétarienne_et_le_renégat_Kautsky|''La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky'']] et en 1920 Trotski écrit [[Terrorisme_et_communisme|''Terrorisme et communisme'']]<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref> (sous-titré ''L'Anti-Kautsky'').
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Un certain nombre de calomnies circulent sur les bolchéviks, et Kautsky n'hésite pas à les reprendre. Trotsky montre par exemple comment une accusation de ''«&nbsp;socialisation des femmes&nbsp;»'' par des soldats de l'Armée rouge est de toute évidence un faux.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_9.htm Terrorisme et communisme - 8. La classe ouvrière et sa politique soviétique]'', 1920</ref>
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Un certain nombre de calomnies circulent sur les bolchéviks, et Kautsky n'hésite pas à les reprendre. Trotski montre par exemple comment une accusation de ''«&nbsp;socialisation des femmes&nbsp;»'' par des soldats de l'Armée rouge est de toute évidence un faux.<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_9.htm Terrorisme et communisme - 8. La classe ouvrière et sa politique soviétique]'', 1920</ref>
    
L'Église orthodoxe, qui s'est souvent rangée activement du côté de la réaction (des popes délateurs peuvent même çà et là être responsables de nombreuses exécutions sommaires), doit subir des milliers d'arrestations, d'exécutions, de spoliations et de destructions, le but étant à terme l'éradication non seulement de sa puissance antérieure, mais aussi des croyances religieuses.
 
L'Église orthodoxe, qui s'est souvent rangée activement du côté de la réaction (des popes délateurs peuvent même çà et là être responsables de nombreuses exécutions sommaires), doit subir des milliers d'arrestations, d'exécutions, de spoliations et de destructions, le but étant à terme l'éradication non seulement de sa puissance antérieure, mais aussi des croyances religieuses.

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