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L''''entrisme''' est une stratégie politique révolutionnaire qui consiste à faire entrer de manière concertée des membres d'une organisation militante dans une autre organisation ouvrière ([[syndicat]], [[parti ouvrier]] [[réformiste]], etc...). L'objectif est variable : cela peut aller du recrutement de nouveaux membres se radicalisant, à des tentatives d'influer sur l'orientation de l'organisation ciblée pour parvenir à infléchir la stratégie de l'ensemble de l'organisation. Il existe deux types d'entrisme : officiel (que [[Léon Trotsky]] appelle « à drapeaux déployés ») et clandestin.
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L''''entrisme''' est une stratégie politique révolutionnaire qui consiste à faire entrer de manière concertée des membres d'une organisation militante dans une autre organisation ouvrière ([[syndicat]], [[parti ouvrier]] [[réformiste]], etc...). L'objectif est variable : cela peut aller du recrutement de nouveaux membres se radicalisant, à des tentatives d'influer sur l'orientation de l'organisation ciblée pour parvenir à infléchir la stratégie de l'ensemble de l'organisation. Il existe deux types d'entrisme : officiel (que [[Léon Trotski]] appelle « à drapeaux déployés ») et clandestin.
    
==Histoire==
 
==Histoire==
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Après une dure répression du mouvement ouvrier et du jeune [[Parti communiste chinois]] en 1923, les dirigeants du parti et de l’[[Internationale Communiste|Internationale]] décident  un virage stratégique, sous la forme d’une alliance avec le [[Kuomintang]]. L’idée est de s’appuyer sur ce parti bourgeois nationaliste progressiste pour développer le parti communiste à la fois en soutenant la cause de la révolution nationale et démocratique chinoise, en bénéficiant d’une certaine « couverture » pour protéger les militants communistes et pour nouer des liens avec les membres les plus progressistes du Kuomintang. De leur côté, les dirigeants de ce parti sont en train d’essayer de conquérir par les armes le pays, dont la plus grande partie leur échappe et est en proie aux exactions des « seigneurs de la guerre » ; ils ont donc un besoin impérieux d’argent et d’armes pour lancer leurs offensives militaires ; dès lors, ils voient dans l’alliance avec les communistes une opportunité pour se développer dans les villes grâce à des militants qu’ils savent dévoués et efficaces, et surtout pour bénéficier d’un appui politique, financier et militaire de la part de l’État soviétique.
 
Après une dure répression du mouvement ouvrier et du jeune [[Parti communiste chinois]] en 1923, les dirigeants du parti et de l’[[Internationale Communiste|Internationale]] décident  un virage stratégique, sous la forme d’une alliance avec le [[Kuomintang]]. L’idée est de s’appuyer sur ce parti bourgeois nationaliste progressiste pour développer le parti communiste à la fois en soutenant la cause de la révolution nationale et démocratique chinoise, en bénéficiant d’une certaine « couverture » pour protéger les militants communistes et pour nouer des liens avec les membres les plus progressistes du Kuomintang. De leur côté, les dirigeants de ce parti sont en train d’essayer de conquérir par les armes le pays, dont la plus grande partie leur échappe et est en proie aux exactions des « seigneurs de la guerre » ; ils ont donc un besoin impérieux d’argent et d’armes pour lancer leurs offensives militaires ; dès lors, ils voient dans l’alliance avec les communistes une opportunité pour se développer dans les villes grâce à des militants qu’ils savent dévoués et efficaces, et surtout pour bénéficier d’un appui politique, financier et militaire de la part de l’État soviétique.
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Les dirigeants du Kuomintang ne sont pas sots : ils soumettent l’alliance envisagée à une condition impérative ; les communistes ne pourront entrer qu’à titre individuel dans le parti nationaliste, et n’auront pas le droit d’y faire de la propagande communiste. Les dirigeants de l’Internationale communiste, dont le président est Zinoviev (alors allié à Staline dans la lutte contre Trotsky, qui vient de commencer), et qui tend déjà à fonctionner de plus en plus comme un instrument au service de l’État soviétique, demandent au PCC d’accepter la condition imposée par le Kuomintang. L’alliance est donc scellée en janvier 1924, et des accords entre Sun-Yat-Sen et l’État soviétique sont signés (les « accords Sun-Joffé »).
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Les dirigeants du Kuomintang ne sont pas sots : ils soumettent l’alliance envisagée à une condition impérative ; les communistes ne pourront entrer qu’à titre individuel dans le parti nationaliste, et n’auront pas le droit d’y faire de la propagande communiste. Les dirigeants de l’Internationale communiste, dont le président est Zinoviev (alors allié à Staline dans la lutte contre Trotski, qui vient de commencer), et qui tend déjà à fonctionner de plus en plus comme un instrument au service de l’État soviétique, demandent au PCC d’accepter la condition imposée par le Kuomintang. L’alliance est donc scellée en janvier 1924, et des accords entre Sun-Yat-Sen et l’État soviétique sont signés (les « accords Sun-Joffé »).
    
Dès lors, la plupart des militants communistes seront investis à temps plein dans la construction loyale du Kuomintang. Le PCC comme tel, dont les organismes sont formellement maintenus, perd rapidement toute visibilité. Une pareille stratégie ne peut conduire qu’à la décomposition. Et à la catastrophe.
 
Dès lors, la plupart des militants communistes seront investis à temps plein dans la construction loyale du Kuomintang. Le PCC comme tel, dont les organismes sont formellement maintenus, perd rapidement toute visibilité. Une pareille stratégie ne peut conduire qu’à la décomposition. Et à la catastrophe.
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====1934 : l’entrisme comme tactique de court terme====
 
====1934 : l’entrisme comme tactique de court terme====
C'est sur ce précédent que se fonde Trotsky pour définir sa politique sur l'entrisme dans le contexte de l’entre-deux-guerres, marqué par les dangers fasciste d’un côté, staliniste de l’autre. L’époque est déroutante y compris pour le mouvement trotskyste. C’est ainsi que, selon Daniel Bensaïd, « les recommandations de Trotsky pendant les années 30 épousent au mois près les fluctuations d'une situation mouvante ». La stratégie va donc varier, et l’entrisme correspond à l’une de ses orientations au cours de l’année 1934, Trotsky publiant le premier article à ce sujet, dans La Vérité, le 10 juillet 1934, sans toutefois le signer. Le 3 août 1934, Raymond Molinier, dirigeant de la Ligue communiste, signe lui aussi un texte intitulé « Unité organique? Oui! » dans lequel il va jusqu'à envisager la fusion entre la SFIO et le PCF.
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C'est sur ce précédent que se fonde Trotski pour définir sa politique sur l'entrisme dans le contexte de l’entre-deux-guerres, marqué par les dangers fasciste d’un côté, staliniste de l’autre. L’époque est déroutante y compris pour le mouvement trotskyste. C’est ainsi que, selon Daniel Bensaïd, « les recommandations de Trotski pendant les années 30 épousent au mois près les fluctuations d'une situation mouvante ». La stratégie va donc varier, et l’entrisme correspond à l’une de ses orientations au cours de l’année 1934, Trotski publiant le premier article à ce sujet, dans La Vérité, le 10 juillet 1934, sans toutefois le signer. Le 3 août 1934, Raymond Molinier, dirigeant de la Ligue communiste, signe lui aussi un texte intitulé « Unité organique? Oui! » dans lequel il va jusqu'à envisager la fusion entre la SFIO et le PCF.
    
Cette année est en effet marquée par l’émergence de courants mettant en danger la direction de la sociale-démocratie. En Autriche, l’insurrection ouvrière est brutalement réprimée tandis que les émeutes du 6 février 1934 à Paris déstabilisent la Troisième République. Face à cela, des ailes gauches actives apparaissent au sein des partis socialistes, ce qui crée des opportunités en Europe.
 
Cette année est en effet marquée par l’émergence de courants mettant en danger la direction de la sociale-démocratie. En Autriche, l’insurrection ouvrière est brutalement réprimée tandis que les émeutes du 6 février 1934 à Paris déstabilisent la Troisième République. Face à cela, des ailes gauches actives apparaissent au sein des partis socialistes, ce qui crée des opportunités en Europe.
    
======En France======
 
======En France======
La Ligue communiste, sur les conseils de Trotsky, entre dans la SFIO en 1934, et se regroupe autour de la tendance Bolchévique-léniniste (BL). Trotsky écrit à Marceau Pivert, représentant de la tendance Gauche Révolutionnaire de la SFIO :
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La Ligue communiste, sur les conseils de Trotski, entre dans la SFIO en 1934, et se regroupe autour de la tendance Bolchévique-léniniste (BL). Trotski écrit à Marceau Pivert, représentant de la tendance Gauche Révolutionnaire de la SFIO :
    
« Les Bolcheviques-léninistes se considèrent comme une fraction de l’Internationale qui se bâtit. Ils sont prêts à travailler la main dans la main avec les autres fractions réellement révolutionnaires. »
 
« Les Bolcheviques-léninistes se considèrent comme une fraction de l’Internationale qui se bâtit. Ils sont prêts à travailler la main dans la main avec les autres fractions réellement révolutionnaires. »
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======En Espagne======
 
======En Espagne======
En 1931 la monarchie espagnole a été renversée. Cette situation fait que les organisations ouvrières espagnoles se renforcent, notamment les groupes de l’opposition de gauche.  La section espagnole joue un rôle important dans la constitution des alliances ouvrière en 1933-34. Mais elle rompt avec Trotsky pour former le POUM, alors que celui-ci demandait un travail au sein de Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, et surtout de ses jeunesses, qui se radicalisait à ce moment. Le POUM fini par rejoindre le Bureau de Londres.  
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En 1931 la monarchie espagnole a été renversée. Cette situation fait que les organisations ouvrières espagnoles se renforcent, notamment les groupes de l’opposition de gauche.  La section espagnole joue un rôle important dans la constitution des alliances ouvrière en 1933-34. Mais elle rompt avec Trotski pour former le POUM, alors que celui-ci demandait un travail au sein de Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, et surtout de ses jeunesses, qui se radicalisait à ce moment. Le POUM fini par rejoindre le Bureau de Londres.  
    
======Au Royaume-Uni======
 
======Au Royaume-Uni======
L’entrisme n’est pas dans ce pays proposé par Trotsky au début des années 30 vers un parti social-démocrate au sens propre, mais vers l’Independant Labour Party, un parti que Trotsky qualifie de centriste, c’est-à-dire oscillant entre position révolutionnaire et réformiste. Le but est de gagner assez de militants de ce parti au trotskysme afin d’en faire un véritable parti révolutionnaire. Malgré ces efforts, la majorité de l’ILP se range du côté du Bureau de Londres pendant la guerre d’Espagne, rompant ainsi avec le trotskysme. A partir de 1936, les groupes trotskystes britannique se tournent plutôt vers un travail entriste au sein du Parti Travailliste.
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L’entrisme n’est pas dans ce pays proposé par Trotski au début des années 30 vers un parti social-démocrate au sens propre, mais vers l’Independant Labour Party, un parti que Trotski qualifie de centriste, c’est-à-dire oscillant entre position révolutionnaire et réformiste. Le but est de gagner assez de militants de ce parti au trotskysme afin d’en faire un véritable parti révolutionnaire. Malgré ces efforts, la majorité de l’ILP se range du côté du Bureau de Londres pendant la guerre d’Espagne, rompant ainsi avec le trotskysme. A partir de 1936, les groupes trotskystes britannique se tournent plutôt vers un travail entriste au sein du Parti Travailliste.
    
======Aux Etats-Unis======
 
======Aux Etats-Unis======
Des résultats plus probants furent obtenus aux Etats-Unis. En 1934, la Communist League, trotskyste, avait fusionné avec l’American Workers Party pour créer le Workers Party. Au début de 1936, ce parti suivi les conseils de Trotsky d’entrer dans le Parti Socialiste pour y gagner les éléments les plus à gauche. Ce travail eu lieu tout au long de l’année 1937, via la parution du bulletin trotskyste Socialist Appeal. Quand le Parti Socialiste pris la décision d’expulser le groupe, qui avait réuni la plupart de la gauche du PS autour de lui, en décembre 1937, les trotskystes avaient gagnés la majorité des YPSL, les Jeunesses Socialistes. Ces gains militants soutinrent la création du Socialist Workers Party au début de 1938.
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Des résultats plus probants furent obtenus aux Etats-Unis. En 1934, la Communist League, trotskyste, avait fusionné avec l’American Workers Party pour créer le Workers Party. Au début de 1936, ce parti suivi les conseils de Trotski d’entrer dans le Parti Socialiste pour y gagner les éléments les plus à gauche. Ce travail eu lieu tout au long de l’année 1937, via la parution du bulletin trotskyste Socialist Appeal. Quand le Parti Socialiste pris la décision d’expulser le groupe, qui avait réuni la plupart de la gauche du PS autour de lui, en décembre 1937, les trotskystes avaient gagnés la majorité des YPSL, les Jeunesses Socialistes. Ces gains militants soutinrent la création du Socialist Workers Party au début de 1938.
    
======En Belgique======
 
======En Belgique======
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==Notes et sources==
 
==Notes et sources==
Daniel Bensaïd, Les Trotskysmes, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2002.
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Daniel Bensaïd, Les Trotskismes, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2002.
    
Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002
 
Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002
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Edwy Plenel, Secrets de jeunesse, Paris, Stock, 2001.
 
Edwy Plenel, Secrets de jeunesse, Paris, Stock, 2001.
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Jean Jacques Marie, Le Trotskysme et les trotskystes, Armand Colin, 2002.{{...}}
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Jean Jacques Marie, Le Trotskisme et les trotskystes, Armand Colin, 2002.{{...}}
    
[[Catégorie:Mouvement ouvrier]]  
 
[[Catégorie:Mouvement ouvrier]]  

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