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Le congrès élut aussi un  Comité central avec trois proches de Lénine  ([[Friedrich Lengnik|Lengnik]], [[Vladimir Noskov|Noskov]] et [[Krjijanovski]]).
 
Le congrès élut aussi un  Comité central avec trois proches de Lénine  ([[Friedrich Lengnik|Lengnik]], [[Vladimir Noskov|Noskov]] et [[Krjijanovski]]).
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===Le revirement de Plékhanov===
 
===Le revirement de Plékhanov===
 
[[File:Georgi Plekhanov.jpg|right|201x201px|Georgi Plekhanov.jpg]]  
 
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===Intenses luttes fractionnelles===
 
===Intenses luttes fractionnelles===
En 1904, Lénine développe son point de vue dans une brochure, ''Un pas en avant, deux pas en arrière''.<ref name="UnPasEnAvant">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1904/05/vil19040500.htm Un pas en avant, deux pas en arrière]'', 1904</ref> [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|Rosa Luxemburg publie une critique de Lénine]], ''Questions d'organisation de la social-démocratie russe''.<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/francais/luxembur/c_et_d/c_et_d_1.htm Questions d'organisation de la social-démocratie russe]'', 1904</ref> En guise de compte-rendu du congrès, Trotski publie le ''Rapport de la délégation sibérienne'' dans lequel il s'attaque à Lénine, le comparant à [[Maximilien_de_Robespierre|Robespierre]], l'accusant de mettre le parti ''«&nbsp;dans un état de siège&nbsp;»'', de lui ''«&nbsp;imposer sa poigne de fer&nbsp;»'', et de transformer ''«&nbsp;son modeste comité central en comité de salut public&nbsp;»''.<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/archive/trotsky/1903/xx/siberian.htm Report of the Siberian Delegation]'', 1903</ref> Il continue à collaborer à l'''Iskra'', contrôlée par les mencheviks,  pour une courte période, avant que les désaccords ne soient trop forts. Une comparaison que Trotski n'était pas seul à faire. En assistant à la détermination de Lénine pendant le congrès, Plékhanov dit à [[Axelrod|Axelrod]]&nbsp;: ''«&nbsp;C'est de cette pâte que l'on fait les Robespierre&nbsp;»''.<ref name="MaVie12">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv14.htm Ma vie, 12. Le congrès du parti et la scission]'', 1930</ref>
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En 1904, Lénine développe son point de vue dans une brochure, ''Un pas en avant, deux pas en arrière''.<ref name="UnPasEnAvant">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1904/05/vil19040500.htm Un pas en avant, deux pas en arrière]'', 1904</ref> [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|Rosa Luxemburg publie une critique de Lénine]], ''Questions d'organisation de la social-démocratie russe''.<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/francais/luxembur/c_et_d/c_et_d_1.htm Questions d'organisation de la social-démocratie russe]'', 1904</ref> En guise de compte-rendu du congrès, [[Léon Trotsky|Trotski]] publie le ''Rapport de la délégation sibérienne'' dans lequel il s'attaque à Lénine, le comparant à [[Maximilien_de_Robespierre|Robespierre]], l'accusant de mettre le parti ''«&nbsp;dans un état de siège&nbsp;»'', de lui ''«&nbsp;imposer sa poigne de fer&nbsp;»'', et de transformer ''«&nbsp;son modeste comité central en comité de salut public&nbsp;»''.<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/archive/trotsky/1903/xx/siberian.htm Report of the Siberian Delegation]'', 1903</ref> Il continue à collaborer à l'''Iskra'', contrôlée par les mencheviks,  pour une courte période, avant que les désaccords ne soient trop forts. Une comparaison que Trotski n'était pas seul à faire. En assistant à la détermination de Lénine pendant le congrès, Plékhanov dit à [[Axelrod|Axelrod]]&nbsp;: ''«&nbsp;C'est de cette pâte que l'on fait les Robespierre&nbsp;»''.<ref name="MaVie12">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv14.htm Ma vie, 12. Le congrès du parti et la scission]'', 1930</ref>
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Formellement, les bolchéviks étaient bien sortis majoritaires du congrès de 1903. Mais dans la période qui suit, la lutte [[fractionnelle]] provoqua un déclin des effectifs et de l'activité (très peu de tracts).<ref name=":0">D. Lane, ''The Roots of Russian Communism'', Assen 1969</ref> Les [[Mencheviks|menchéviks]] deviennent plus nombreux que les bolchéviks, mais sont eux aussi en difficulté. ''« Toutes les forces du parti étaient absorbées dans cette [lutte interne] et à l’hiver 1903-1904 l’activité de l’organisation tomba au point mort. »''<ref>J. Martov, ''Geschichte der russischen Sozialdemokratie'', Berlin 1926</ref> Dans un district de Saint-Pétersbourg, le nombre des cercles mencheviks passa de 15 ou 20 au début de 1904 à seulement quatre ou cinq en décembre.<ref name=":0" />
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Formellement, les bolchéviks étaient bien sortis majoritaires du congrès de 1903. Mais dans la période qui suit, la lutte [[fractionnelle]] provoqua un déclin des effectifs et de l'activité (très peu de tracts).<ref name=":0">D. Lane, ''The Roots of Russian Communism'', Assen 1969</ref> Les [[Mencheviks|menchéviks]] deviennent plus nombreux que les bolchéviks, mais sont eux aussi en difficulté. ''« Toutes les forces du parti étaient absorbées dans cette [lutte interne] et à l’hiver 1903-1904 l’activité de l’organisation tomba au point mort. »''<ref>J. Martov, ''Geschichte der russischen Sozialdemokratie'', Berlin 1926</ref> Dans un district de Saint-Pétersbourg, le nombre des cercles mencheviks passa de 15 ou 20 au début de 1904 à seulement quatre ou cinq en décembre.<ref name=":0" /> En 1905, il y a 8000 bolcheviks dans les organisations clandestines et 12000 mencheviks.
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En 1905, il y a 8000 bolcheviks dans les organisations clandestines et 12000 mencheviks.
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Lénine était aussi très contesté par de nombreux bolchéviks qui lui demandaient de laisser tomber sa lutte pour un nouveau congrès. Le comité central élu au 2<sup>e</sup> congrès lui échappa, et reconnut l'''[[Iskra]]'' menchévique comme [[organe central]]. Lénine sortit nettement des statuts et recréa un réseau parallèle de comités, à partir desquels il organisa l'appel à un congrès.
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Fin décembre 1904, les bolchéviks lancent leur propre journal, ''[[Vperiod]]''. Dans le premier numéro, Lénine accuse les minoritaires menchéviks d'avoir un rôle désorganisateur et secrètement fractionniste.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/01/vil_19050104c.htm Il est temps d'en finir]'', Vpériod, n° 1 du 4 janvier 1905</ref>
    
===Le POSDR pendant la Révolution russe de 1905===
 
===Le POSDR pendant la Révolution russe de 1905===
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Début janvier 1905, le [[Révolution_russe_de_1905|mouvement révolutionnaire]] qui éclate surprend toutes les composantes du POSDR. Un vaste mouvement de grève naît sous l'influence du pope [[Gueorgui Gapon|Gapone]], les social-démocrates se méfiant de ce courant confus. Les menchéviks sont les premiers à sortir de leur torpeur et s'investir dans le mouvement.
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Le [[Révolution_russe_de_1905|mouvement révolutionnaire de 1905]] surprend toutes les composantes du POSDR. Les menchéviks voient dans les évènements de 1905 et l'apparition des [[Soviets|soviets]] le moyen de construire enfin le large et véritable parti social-démocrate, les comités ouvriers étant appelés dans l'avenir à se transformer en syndicats.
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Lénine poussait les bolchéviks à se montrer moins sectaires, d'autant plus qu'il sentait qu'ils manquaient des occasions de se construire. Il disait en mars  : ''« Les mencheviks sont en ce moment plus forts que nous, il faut une lutte à outrance, une lutte de longue durée. »''<ref>Lénine, Lettre à Goussev, 11 mars 1905</ref> Régulièrement, il se plaignait de ce que les menchéviks étaient plus efficaces pour tirer parti de leur investissement dans le mouvement.  
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Les dirigeants bolchéviks étaient au départ méfiants envers ces organes&nbsp;apparus spontanément. Ils n'y étaient pas à l'aise, et fixaient la tâche de ''«&nbsp;convaincre ces organisations d'accepter le programme du parti social-démocrate comme étant le seul conforme aux vrais intérêts du prolétariat&nbsp;»''. [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]] fera évoluer ces positions en favorisant le travail dans les soviets.
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Après la révolution, pendant un bref instant, il était possible de mener une activité politique au grand jour, et donc [[Démocratie interne|d'organiser plus démocratiquement le parti]] qu'en période clandestine. Par ailleurs dans les deux courants, il y a un phénomène similaire : les cadres militants [[intellectuels]] qui dirigeaient les comités (les ''[[comitards]]'') avaient des réticences à s'ouvrir soudainement à de nombreux ouvriers peu formés.
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En janvier, Lénine accuse les minoritaires menchéviks d'avoir un rôle désorganisateur et secrètement fractionniste.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/01/vil_19050104c.htm Il est temps d'en finir]'', Vpériod, n° 1 du 4 janvier 1905</ref> [[Trotsky|Trotsky]] se tenait à ce moment-là ''«&nbsp;hors fraction&nbsp;»'', dans les ''«&nbsp;[[Comité_Interrayons|comités interrayons]]&nbsp;»''.
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Malgré tout, les social-démocrates recrutent largement cette année-là, et dans la pratique, l'écart entre les deux fractions tend à se réduire, en particulier parce que l'aile droite des menchéviks se fait plus silencieuse.
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Mais surtout, la révolution montre que la bourgeoisie préfère se jeter dans les bras de la [[Réaction|réaction]] plutôt que de risquer de tout perdre dans une [[Lutte_de_classe|lutte de classe]] trop intense. Le POSDR se divise en deux attitudes radicalement différentes&nbsp;:
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En 1905 apparaissent également les  [[Soviets|soviets]], et en particulier le [[Soviet de Saint-Pétersbourg]] en octobre. Les cadres bolchéviks étaient au départ très sectaires envers ces organes, qu'ils sommaient d'accepter le programme social-démocrate.
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Un groupe menchévik dirigé par [[Léon Trotsky|Trotski]] (qui était alors plus un électron-libre qu'un menchévik) gagne rapidement une influence dominante sur le Soviet, et Trotski devient président du Soviet. La plupart des menchéviks soutenaient les soviets, parce qu'ils y voyaient un embryon de [[Syndicalisme|mouvement syndical]] large, voué à donner naissance à un mouvement ouvrier davantage calqué sur celui d'Europe de l'Ouest. Trotski en revanche, poussait le plus en avant possible la radicalité des masses, et voyait dans les soviets des embryons de pouvoir révolutionnaire.
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Mais rapidement, la révolution montre que la bourgeoisie préfère se jeter dans les bras de la [[Réaction|réaction]] plutôt que de risquer de tout perdre dans une [[Lutte_de_classe|lutte de classe]] trop intense. Le POSDR se divise en deux attitudes radicalement différentes&nbsp;:
    
*les menchéviks prônent le ralliement du prolétariat à la bourgeoisie, et donc l'autolimitation des revendications ouvrières pour ne pas dissuader les libéraux bourgeois,
 
*les menchéviks prônent le ralliement du prolétariat à la bourgeoisie, et donc l'autolimitation des revendications ouvrières pour ne pas dissuader les libéraux bourgeois,
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===3<sup>e</sup> congrès (1905)&nbsp;: le congrès bolchévik===
 
===3<sup>e</sup> congrès (1905)&nbsp;: le congrès bolchévik===
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Le Comité central  avait voté contre l'appel au congrès le 7 février 1905, et voté l'exclusion de Lénine. Mais deux jours plus tard, 9 des 11 membres de ce comité étaient arrêtés. Des membres du Comité central, [[Leonid_Krassine|Krassine]] et [[Alexeï Lioubimov|Lioubimov]], prennent contact avec les léninistes et signent un accord avec [[Sergueï Goussev|Goussev]] et [[Piotr Roumiantsev|Roumiantsev]] pour la préparation du [[3e congrès du POSDR|3<sup>e</sup> congrès]]. Celui-ci se tient à Londres du 25 avril au 10 mai 1905, mais n'est pas reconnu par les menchéviks, à part une poignée d'entre eux qui se rendent au congrès. Le congrès nomme [[Krassine|Krassine]] et [[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]] au Bureau russe du Comité central, chargé de réunifier les 2 fractions.
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Le [[3e_congrès_du_POSDR|3<sup>e</sup> congrès]] se tient à Londres du 25 avril au 10 mai 1905. Sa préparation déclencha un conflit de légitimité.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/01/vil_19050104d.htm Conférence des comités]'', 1905</ref> Le Comité central menchévik avait voté contre l'appel au congrès le 7 février 1905, et voté l'exclusion de Lénine. Mais deux jours plus tard, 9 des 11 membres de ce comité sont arrêtés. Des membres du Comité central, [[Leonid_Krassine|Leonid Krassine]] et [[Alexei_Lyubimov|Alexei Lyubimov]], prennent contact avec les [[Bolchéviks|bolchéviks]] et signent un accord pour la tenue du 3<sup>e</sup> congrès avec [[Sergei_Gusev|Sergei Gusev]] et [[Piotr_Rumyantsev|Piotr Rumyantsev]].
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Les menchéviks  organisent de leur côté une conférence  à Genève, en avril-mai 1905. La conférence adopte une résolution intitulée ''Sur la conquête du pouvoir et la participation au gouvernement provisoire'', qui déclarait que la révolution étant de nature bourgeoise, son résultat serait un gouvernement provisoire qui serait obligé
 
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Seule une poignée de menchéviks se rend au congrès, les autres organisant une conférence alternative à Genève.
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… non seulement de poursuivre le développement de la révolution mais aussi de combattre ceux de ses facteurs qui menacent les fondations du système capitaliste.
 
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Le [[3e_congrès_du_POSDR|3<sup>e</sup> congrès]] nomme [[Krassine|Krassine]] et [[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]] au Bureau russe du Comité central, chargé de réunifier les 2 fractions.
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Après la révolution, pendant un bref instant, il était possible de mener une activité politique légale, dont la possibilité de participer à des élections, et de profiter du droit de réunion pour organiser plus démocratiquement le parti qu'en période clandestine.
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Cela étant, la social-démocratie doit entreprendre de préserver tout au long de la révolution une position qui lui permettra de poursuivre au mieux la révolution, qui ne l’entravera pas dans son combat contre la politique inconsistante et égoïste des partis bourgeois, et qui l’empêchera de se dissoudre dans la démocratie bourgeoise. Par conséquent la social-démocratie ne doit pas se donner comme but de partager le pouvoir au sein du gouvernement provisoire mais doit rester le parti de la position révolutionnaire extrême.
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Dans la ligne de cette conclusion, une conférence des mencheviks du Caucase déclarait :
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La conférence est persuadée que la formation d’un gouvernement provisoire par les social-démocrates, ou leur entrée dans un tel gouvernement, mènerait, d’une part, à ce que les masses prolétariennes, déçues par le parti social-démocrate, ne l’abandonnent, parce que les social-démocrates, malgré la prise du pouvoir, ne pourraient pas satisfaire les besoins pressants de la classe ouvrière, y compris la construction du socialisme… et, d’autre part, amènerait les classes bourgeoises à se détourner de la révolution, diminuant ainsi son envergure.<ref>F. Dan, ''The Origins of Bolshevism'', New York 1964.</ref>
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La conférence menchévique appelait aussi formellement à la réunification du parti, largement réclamée par la base militante.
    
===4<sup>e</sup> congrès (1906)&nbsp;: réunification des fractions===
 
===4<sup>e</sup> congrès (1906)&nbsp;: réunification des fractions===

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