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==Le régime stalinien==
 
==Le régime stalinien==
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===Culte de la personnalité de Lénine et Staline===
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[[Fichier:Abécédaire soviétique 1921.jpg|vignette|363x363px|Poster de 1921 représentant l'alphabet, avec Lénine et Trotski.]]
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Juste après [[Révolution d'Octobre|Octobre 1917]], le prestige de [[Lénine]] est immense, mais il n'y a pas de [[culte de la personnalité]] au sens strict. Déjà, il n'était pas encore très bien connu dans les régions reculées de l'ex [[Empire russe|empire Russe]]. Ensuite, il était loin d'être le seul dirigeant inspirant le respect pour sa conduite dans la révolution : [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], bon orateur, disposait d'une aura à Petrograd, [[Nikolaï Boukharine|Boukharine]] à Mouscou... Par ailleurs, [[Léon Trotsky|Trotski]] jouissait d'un immense prestige également, en particulier pour son rôle dans l'organisation de l'[[Armée rouge]]. Pendant les années 1918-1921, il était très courant d'entendre désigner le parti bolchévik par l'expression « parti de Lénine et Trotski », aussi bien en Russie qu'à l'étranger.
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Dans les matériels éducatifs et de propagande, il était bien plus souvent question d'idées et d'accomplissements collectifs que de « grands hommes », mais si des dirigeants bolchéviks étaient mis en avant, c'était fréquemment Lénine et Trotski. Staline est  absent des matériels à destination du grand public dans toute cette période, et il n'est connu que des cadres du parti.
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Ce n'est que la puissance de l'appareil du parti devenu machine bureaucratique contrôlant l'État qui permettra  à Staline de  réécrire l'histoire au fil des années, et d'instaurer un véritable [[culte de la personnalité]] autour de Lénine et de lui-même.
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Dans les années 1930 l'imagerie étatique consistait essentiellement en de lourdes répétitions de messages du type « Marx-Engels-Lénine-Staline », afin de présenter Staline comme l'héritier direct de ses illustres prédécesseurs.
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En ce qui concerne Lénine, la propagande officielle du régime va en faire une figure surhumaine, réécrivant largement l'histoire pour cela. Par exemple, une biographie officielle de Lénine publiée à Moscou en 1960  décrit le père de Lénine comme un éducateur radical progressiste et sa maison de Simbirsk comme une espèce de club révolutionnaire. « Le ton était donné par Alexandre » (le [[Alexandre Oulianov|frère aîné de Lénine]]), et Vladimir lui-même « participait fréquemment à la discussion avec un grand succès. » En réalité, Alexandre cachait ses idées politiques à la maison, et son père était un fonctionnaire de rang noble, et conservateur. Cette même biographie fait comme si Lénine avait presque dès son enfance été un révolutionnaire, et qu'il avait compris dès l'exécution de son frère (impliqué dans une tentative d'assassinat [[Narodniki|narodnik]]), la supériorité du [[marxisme]]. En réalité cela prit encore de longues années d'études à Lénine.
 
===Calomnies et falsifications===
 
===Calomnies et falsifications===
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Cette propagande anti-trotskiste se poursuivra dans l'après-guerre. Par exemple en 1969 paraissent aux Editions de Moscou ''Le parti des bolchéviks en lutte contre le trotskisme'', et ''Le Trotskisme, cet antiléninisme''.
 
Cette propagande anti-trotskiste se poursuivra dans l'après-guerre. Par exemple en 1969 paraissent aux Editions de Moscou ''Le parti des bolchéviks en lutte contre le trotskisme'', et ''Le Trotskisme, cet antiléninisme''.
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===Culte de la personnalité de Staline===
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[[Fichier:Abécédaire soviétique 1921.jpg|vignette|363x363px|Poster de 1921 représentant l'alphabet, avec Lénine et Trotski.]]
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Juste après Octobre 1917, le prestige de [[Lénine]] est immense, mais il n'y a pas de [[culte de la personnalité]] au sens strict. Déjà, il n'était pas encore très bien connu dans les régions reculées de l'ex [[Empire russe|empire Russe]]. Ensuite, il était loin d'être le seul dirigeant inspirant le respect pour sa conduite dans la révolution : [[Grigori Zinoviev|Zinoviev]], bon orateur, disposait d'une aura à Petrograd, [[Nikolaï Boukharine|Boukharine]] à Mouscou... Par ailleurs, Trotski jouissait d'un immense prestige également, en particulier pour son rôle dans l'organisation de l'Armée rouge. Pendant les années 1918-1921, il était très courant d'entendre désigner le parti bolchévik par l'expression « parti de Lénine et Trotski », aussi bien en Russie qu'à l'étranger.
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Dans les matériels éducatifs et de propagande, il était bien plus souvent question d'idées et d'accomplissements collectifs que de « grands hommes », mais si des dirigeants bolchéviks étaient mis en avant, c'était fréquemment Lénine et Trotski. Staline est  absent des matériels à destination du grand public dans toute cette période, et il n'est connu que des cadres du parti.
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Ce n'est que la puissance de l'appareil du parti devenu machine bureaucratique contrôlant l'État qui permettra  à Staline de  réécrire l'histoire au fil des années, et d'instaurer un véritable [[culte de la personnalité]] autour de sa personne.
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Dans les années 1930 l'imagerie étatique consistait essentiellement en de lourdes répétitions de messages du type « Marx-Engels-Lénine-Staline », afin de présenter Staline comme l'héritier direct de ses illustres prédécesseurs.
   
===Domination sociale===
 
===Domination sociale===
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La période stalinienne entraînera dans les domaines artistiques, scientifiques et culturels une véritable chape de plomb. Toute production intellectuelle (comme manuelle) est mise au pas au service du régime. Ceux qui étaient reconnus dans leur domaine sont souvent mis à l'écart, même ceux qui avaient percé dans la période de la fin des années 1920 déjà bureaucratisée. Staline se méfie d'eux parce que leur poste et leur influence n'est pas totalement subordonnée à lui, ou parce que les créations ou recherches qu'ils ont développées ne sont pas parfaitement adaptées à la propagande de l'Etat. Ainsi les recherches novatrices sur l'écologie sont mises de côté, les thèses de l'historien [[Pokrovsky|Pokrovsky]] sont rejetées... Le symbole le plus caricatural de la ''« science »'' manipulée (et donc non scientifique) est la doctrine de [[Affaire_Lyssenko|Lyssenko]], qui conduira au rejet pendant plusieurs années de la [[Génétique|génétique]], considérée comme ''« bourgeoise »''.
 
La période stalinienne entraînera dans les domaines artistiques, scientifiques et culturels une véritable chape de plomb. Toute production intellectuelle (comme manuelle) est mise au pas au service du régime. Ceux qui étaient reconnus dans leur domaine sont souvent mis à l'écart, même ceux qui avaient percé dans la période de la fin des années 1920 déjà bureaucratisée. Staline se méfie d'eux parce que leur poste et leur influence n'est pas totalement subordonnée à lui, ou parce que les créations ou recherches qu'ils ont développées ne sont pas parfaitement adaptées à la propagande de l'Etat. Ainsi les recherches novatrices sur l'écologie sont mises de côté, les thèses de l'historien [[Pokrovsky|Pokrovsky]] sont rejetées... Le symbole le plus caricatural de la ''« science »'' manipulée (et donc non scientifique) est la doctrine de [[Affaire_Lyssenko|Lyssenko]], qui conduira au rejet pendant plusieurs années de la [[Génétique|génétique]], considérée comme ''« bourgeoise »''.
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=== Le « diamat » et le « marxisme » officiel ===
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===Le « diamat » et le « marxisme » officiel===
 
Dans la doctrine officielle de l'Etat soviétique, le [[matérialisme dialectique]] (abrégé ''« diamat »'' en russe) est devenu un [[dogme]]. On professait comme un prêt à penser les « trois lois de la dialectique » évoquées par Engels dans ''Dialectique de la nature'' , et il fallait impérativement voir la dialectique en œuvre dans toute science. Même des [[Science|scientifiques]] reconnus dans leur discipline furent purgés parce qu'ils ne montraient pas assez qu'ils appliquaient le ''« diamat »''. Cela pouvait aller jusqu'à l'incompétence flagrante et même la contradiction frontale avec le savoir scientifique accumulé jusque là.  
 
Dans la doctrine officielle de l'Etat soviétique, le [[matérialisme dialectique]] (abrégé ''« diamat »'' en russe) est devenu un [[dogme]]. On professait comme un prêt à penser les « trois lois de la dialectique » évoquées par Engels dans ''Dialectique de la nature'' , et il fallait impérativement voir la dialectique en œuvre dans toute science. Même des [[Science|scientifiques]] reconnus dans leur discipline furent purgés parce qu'ils ne montraient pas assez qu'ils appliquaient le ''« diamat »''. Cela pouvait aller jusqu'à l'incompétence flagrante et même la contradiction frontale avec le savoir scientifique accumulé jusque là.  
  

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