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'''Henri Wallon''' (15 juin 1879 - 1<sup>er</sup> Décembre 1962) est le plus grand psychologue français. Il est avec Arnold Gesell et [[Jean Piaget]] une des grandes références de la ''psychologie complexe'' de l'enfance auxquelles il faut ajouter aujourd'hui [[Lev Vygotski]].{{AjoutDates|15/06/1879|01/12/1962}}
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Contrairement aux trois autres cités, les écrits d'Henri Wallon n'ont pas été traduit aux États-Unis<ref>À part quelques textes traduits en 1984 : [https://www.marxists.org/archive/wallon/index.htm Henri Wallon Archive]</ref> - centre hégémonique des publications mondiales de la recherche scientifique et philosophique<ref>Selon [[Émile Jalley]], les états-unis produisent et diffusent seulement 5% de la psychologie mondiale contre 68% pour la France. Cependant, l'empire de l'hyper-empirisme et de l'ultra-pragamtisme, détient 65% des revues psychologiques. C'est du même ordre pour les revues scientifiques.</ref> - bien qu'il y eut une tentative par [[René Zazzo]] aux débuts des années 80<ref>Mais, le projet abandonné suite au décès du traducteur.</ref>.
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Cependant,
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« Henri Wallon while rarely heard of in the United States offers the reader an important glimpse of what a Marxist Psychology might look like. A psychology where we cannot attempt to understand the genesis of the individual without placing a strong emphasis on the social and cultural forms that makes it possible. »<ref>[https://www.marxists.org/archive/wallon/comments/index.htm Henri Wallon] in les archives de marxists.org</ref>
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Soit,
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« Henri Wallon bien que rarement entendu parler aux États-Unis, offre au lecteur un aperçu important de ce à quoi pourrait ressembler une psychologie marxiste. Une psychologie où l'on ne saurait comprendre la genèse de l'individu sans mettre un fort accent sur les formes sociales et culturelles qui la rendent possible. »
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=='''BIOGRAPHIE'''==
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==Engagements politiques et scientifiques==
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===La Résistance===
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Il adhère en 1931 à la [[Section française de l'Internationale ouvrière|SFIO]].
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Il est le premier auteur à avoir utilisé dans une publication en langue française les termes de «&nbsp;[[Matérialisme_dialectique|matérialisme dialectique]]&nbsp;» et de «&nbsp;dialectique matérialiste&nbsp;» en 1935 et 1937<ref>Cf ''Origine de l'expression, sa négation et négation de la négation'' sur [[matérialisme dialectique]]</ref>.
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Il adhère au [[Parti Communiste Français|PCF]] en 1942 suite à l'exécution de [[Georges Politzer]] et [[Jacques Solomon]]&nbsp;: «&nbsp;''Deux jeunes ont été assassinés. Il faut combler les vides ...''&nbsp;»<ref>Zazzo, R. (1983). Henri Wallon alias Hubert (p.229-231). In [[René Zazzo]]. ''Où en est la psychologie de l'enfant?''. Mediations.</ref>.
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Bien qu'il se sentait au service des enfants, il fut obligé de quitter son laboratoire à contre cœur sur l'ordre de la Résistance afin qu'il ne soit arrêté et incarcéré comme le fut [[Paul_Langevin|Paul Langevin]].
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Cependant, après s'être caché anonymement chez une famille pendant quelques jours, il est rentré avec sa femme à son domicile de la rue de la Pompe à Paris, sans réintégrer son laboratoire. Il estimait que ce n'était pas à lui de quitter Paris, mais aux Allemands. Il est rentré dans la Résistance sans la moindre clandestinité. <ref>Zazzo, R. (1983). Henri Wallon alias Hubert (p.229-231). In [[René Zazzo]]. ''Où en est la psychologie de l'enfant?''. Mediations.</ref>.
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En 1944, il fait partie jusqu'au 9 septembre 1944 du Gouvernement provisoire de la République française présidé par Charles de Gaulle en tant que secrétaire général de l'Éducation nationale.
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En février 1945, il est appelé à siéger à l'Assemblée consultative provisoire en remplacement de [[Frédéric Joliot-Curie]].
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Il est ensuite élu député du Parti communiste français (octobre 1945-1946).
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A la mort de [[Paul Langevin]] le 19 décembre 1946, il lui succède à la présidence de ''la commission de réforme de l'enseignement'' dont le rapport de juin 1947 est connu sous le nom de ''Plan Langevin-Wallon''.
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===Pavlov, Decroly, Lyssenko : des erreurs de Wallon ?===
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Après avoir soutenu le globalisme d'[[Ovide Decroly]] et de sa [[Méthode globale|méthode globale]], [[Henri Wallon]] semble défendre vers la fin de sa vie l'associationnisme de Pavlov :
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*1955 : Pavlovisme et Psychologie. In: ''Enfance'', tome 16, n°1-2, 1963. Henri Wallon. Buts et méthodes de la psychologie. pp. 79-85. DOI : https://doi.org/10.3406/enfan.1963.2313 URL : [https://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2313 www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2313]
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*1962 :  L'associationnisme de Pavlov. In: ''Enfance'', tome 16, n°1-2, 1963. Henri Wallon. Buts et méthodes de la psychologie. pp. 51-58. DOI : https://doi.org/10.3406/enfan.1963.2309 [https://www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2309 www.persee.fr/doc/enfan_0013-7545_1963_num_16_1_2309]
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Or, pour Liliane Lurçat, ces textes sur Pavlov sont un désavœux d'Henri Wallon sur la [[méthode globale]] d'[[Ovide Decroly]] et la pédagogie nouvelle.
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Cependant,
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pour Liliane Maury<ref name=":0">Maury Liliane, « L’enfant », dans : , ''Wallon. Autoportrait d’une époque''. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Psychologie d'aujourd'hui », 1995, p. 61-78. URL : [https://www.cairn.info/wallon--9782130471240-page-61.htm Sur Cairn non  libre]</ref>, [[Henri Wallon]] utilise en fait la conception matérialiste de Pavlov afin de mettre à mal l'idéalisme ambiant. De la même manière, il critique le matérialisme par la dialectique (Descartes, Hegel) que l'on considère généralement comme un produit de l'idéalisme. 
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Ainsi,
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'''Henri Wallon reste dans une démarche dialectique jusque dans les débats scientifiques.'''
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Il n'y a pas lieu de faire table rase de la [[Méthode globale|méthode globale]] en pédagogie dont les procès intègrent le rapport de la commission Langevin-Wallon qui restent encore d'actualité ou plutôt qui resteront toujours et encore actualisable avec une politique émancipatrice de l'enseignement. 
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Par ailleurs, Henri Wallon se réfère naturellement aux chercheurs de son époque dont Pavlov, prix Nobel de 1904. 
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*Il s'appuie dans sa thèse ''L'enfant turbulent'', édité en 1924, sur les travaux réalisés par Pavlov sur les '''réflexes conditionnés'''.
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*Dans l'''Origine des caractères'', édité en 1936, il se sert de Pavlov pour critiquer les travaux de Köhler sur les schimpanzés et les travaux des époux Kellogs sur le « dressage », dont il n'a aucune estimes.
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Cependant,
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'''''Henri Wallon utilise les travaux de Pavlov selon un regard cartésien plutôt que d'un point de vue pavlovien.'''''
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Cette prise de position sur Pavlov n'a donc rien à voir avec une soumission au Parti, ni même  avec son [[marxisme]] de cœur et de tête, ni avec son [[matérialisme dialectique]] qui sont tout deux bien antérieurs à son adhésion au PCF. '''Cette position sur Pavlov est une position à la fois philosophique et scientifique.'''
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« En effet Wallon a eut recours à Pavlov, bien avant d'adhérer au communisme. Il se réfère  au système de réflexe conditionnel dans sa thèse, et il reprend la même explication dans Les Origines du caractère. Mais cette réfèrence, est, il le faut le reconnaître est plus cartésienne que pavlovienne. Elle est bien résumé dans ce texte, a propos de l'expérience des époux Kellog, pour laquelle il a si peu d'estime. Il s'agit d'un dressage.
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C'est ce que fait Pavlov de façon systématique.
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Dans ce texte d'ailleurs, Wallon échange sa position personnelle avec celle de Pavlov. C'est lui, Wallon qui se sert de Pavlov, pour critiquer l'idéalisme de Köhler [école du Gestald]. Voilà la raison profond de Wallon au pavlovisme : '''sa lutte contre l'idéalisme, ou et cela revient au même son soucis de rationalisme ou de matérialisme'''. '''C'est là un avatar de la dialectique.''' »<ref name=":0" />
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De la même manière, si les premières études les plus connu de Pavlov ressemble à du dressage, sa recherche va mettre en avant l'importance du milieu comme le montre les textes de Wallon de 1955 et 1962 donné en début de ce chapitre.
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De ce fait, Henri Wallon n'est pas conditionné suite à son adhésion au Parti Communisme. 
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En effet, en 1936, si la plupart des auteurs de ''À la lumière du marxisme'' (1935-1936) ont été vivement pris à parti à cause de ce “conditionnement” par un « gentilhomme russe »<ref>Ohayon Annick, « Entre Pavlov, Freud et Janet, itinéraire d'un gentilhomme russe émigré en France : Wladimir Drabovitch (1885-1943) », ''Bulletin de psychologie'', 2012/5 (Numéro 521), p. 479-485. DOI : 10.3917/bupsy.521.0479. URL : <nowiki>https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2012-5-page-479.htm</nowiki>                                                    </ref> qui vit en France, celui-ci ne pouvait rien dire sur les textes d'Henri Wallon, ni ceux de [[Paul Langevin]].
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Ils n'usent effectivement pas de la phraséologie soviétique qui génère une caricature du  [[matérialisme dialectique]] par l'emploi à outrance<ref>Cf [[Bibliographie sur le matérialisme dialectique#Origine socio-historique et d.C3.A9passement psycho-sociologique]]</ref>  de l'expression. Cette sur-exploitation est d'autant plus flagrante chez les personnes qui découvrent la dialectique ou qui ne sont pas très habile à représenter par le langage les procès  dialectiques. Le langage complexe de Copernic qui permet de représenter l'héliocentrisme est nébuleux et difficile à comprendre contrairement au langage réaliste et clair du géocentrisme. Et pourtant, la terre tourne autour du soleil. La clâreté du langage et de l'expression ne fait pas vérité et encore moins [https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation] du réel dans sa complexité. Ni le parfait, ni le bien ne font le réel, ni le vrai. Par ailleurs, selon [[Alexandre Zinoviev]] sous cette phraséologie idéologique rebutante pour un occidental se cache la science que l'on ne trouve pas dans les textes des libéraux comme Hayek. Les méthodes dialectiques manquent de sens pratique dans sa forme linguistique purement phonétique. D'où l'importance de la [[Méthode globale|méthode globale]] qui permet par son mode opératoire figuratif d'être plus efficace dans les [https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation]<nowiki/>s dialectiques.
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Contrairement aux « savants néo-marxistes », Wladimir Drabovitch (1885-1943) n'a pas compris que les principes dialectiques n'émergeaient pas de la tête de Marx, d'Engels, ni de Lénine mais de la nature elle-même mis en lumière par les études scientifiques comme le rappelle Engels<ref>Cf [[Bibliographie sur le matérialisme dialectique#La fondation]]</ref>.
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Ce médecin et journaliste pavlovien, leur reproche cependant de ne pas connaître la situation politique en URSS comme la fermeture de nombreux domaines (dont la pédologie, la psychanalyse...) ou les emprisonnements de scientifiques.
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Cependant, Henri Wallon a été tenu succinctement au courant notamment par [[Alexandre Luria]] à la fin des années 30<ref>Guillain André, « Un psychologue au pays des soviets.  À propos d'une correspondance entre Henri Wallon et Alexandre R. Luria », ''Bulletin de psychologie'', 2013/4 (Numéro 526), p. 341-351. DOI : 10.3917/bupsy.526.0341. URL : https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2013-4-page-341.htm                                                    </ref>, peu après le décès prématuré de [[Lev Vygotski]]. 
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Dans sa précipitation de vouloir créer une psychologie sociale contre la montée des dictatures, Drabovitch  plaque les conceptions scientifiques de Pavlov et de Janet sur la politique. Ce qui lui a valu des critiques négatives de Janet. Il fait avec Pavlov et Janet ce que Spencer et Galton font avec Darwin, ce que les soviétiques font avec Marx et Lénine sans prendre la peine de les évaluer/juger logiquement avec le concret réel. Il fait ce qu'il reproche aux autres.
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Or, nous sommes en plein milieu d'une crise historique (1914-1945) - qui engendre deux visions du monde opposées. En occident, elle est conduite par le sélectionnisme (Spencer, Galton) soit un darwinisme social et en URSS par le lyssenkisme soit un lamarckisme social. Cette période ambivalente génère des caricatures et des reconstructions idéologiques des concepts scientifiques dans le sens de la nature sociologique des sociétés.
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Quand Wallon soutient Lyssenko, c'est essentiellement pour son '''darwinisme non mendelien''' qui prend le contrepied au néo-darwinisme et à la toute puissance de la sélection naturelle<ref>Cf l'origine du néo-darwinisme in [[Stephen Jay Gould#3 Pas d.27Allmacht sans hi.C3.A9rarchie : Weismann et la s.C3.A9lection germinale]]</ref>.
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Or, ce regard scientifique est trop souvent confondu avec le lyssenkisme dont fait partie entre autres la théorie des deux sciences - une actualisation de la vision idéaliste d'[[Alexandre Bogdanov]] critiquée par [[Lénine]] dans [[Matérialisme et empirio-criticisme|''Matérialisme et empirio-criticisme'']]. 
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Au XX, la vision néo-darwinnienne (Weissman) a été vivement critiquée par les néo-lamarckiens comme Herbert Spencer. Le paradoxe de Spencer est que d'un point de vue scientifique, son cadre théorique est de type lamarckien tandis que d'un point de vue idéologique, il est sélectionniste. Herbert Spencer, un des patriarche du néolibéralisme avec Frédéric Bastiat, est le père de la sociobiologie.
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Ainsi, Henri Wallon remet en cause :
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*la pédologie pour sa méthodologie purement empirique et formelle, son dogmatisme et sa vision mécaniste entre le physique et le psychique<ref>Cf [[Lev Vygotski]] sur l'histoire de la pédologie in Bernard Schneuwly, et al (2018). ''La science du développement de l'enfant: Textes pédologiques 1931-1934 de L.S. Vygotskij''. Genève. Peter Lang AG, Internationaler Verlag der Wissenschaften. (Exploration t. 184).</ref>. Si [[Lev Vygotski]] reste dans le cadre méthodologique matérialiste et dialectique, la mesure apriori et son sélectionnisme (sociobiologie, psychotechnique) font foi en occident de manière général, et dans l'URSS des années 20;
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*les conclusions de [[Jean Piaget]], pour sa réduction de l'[[intelligence]] au cognitif jusque dans les années 50; et peut-être par ailleurs pour son lamarckisme scientifique bien que supérieur à la psychologie évolutive (sociobiologie);
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Les accusations de [[Pensée petite-bourgeoise|conceptions bourgeoises]] par Henri Wallon ne rentrent donc pas dans le mouvement du lyssenkisme de la « théorie des deux sciences ».
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Elles rentrent dans le cadre de ses études scientifiques qui mettent en lumière la dialectique<ref>Cf [[Henri Wallon#La dialectique mise en .C5.93uvre en psychologie]]</ref>, et, cela depuis le début de sa carrière comme le rappelle [[Émile Jalley]] même si il n'emploie pas la terminologie dite « marxiste »<ref>Émile Jalley (2006). ''Wallon et Piaget - Pour une critique de la psychologie contemporaine'', Émile Jalley, éd. L'Harmattan.</ref>.
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D'ailleurs, contrairement à [[Jean Piaget]], il utilise très peu dans toute sa carrière les termes de « dialectique » (49 fois) et de « matérialisme dialectique » (24 fois) <ref>[[Émile Jalley]], ''Wallon et Piaget : pour une critique de la psychologie contemporaine'' (p.237), Paris, L'Harmattan, coll. « Questions contemporaines », 2006</ref>. 
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Henri Wallon ne prend donc pas part au Lyssenkisme ni dans les années 30, ni dans les années 50 où le lyssenkisme se fait jour en occident. 
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'''Henri Wallon n'est pas plus lyssenkiste qu'il est pavlovien.'''
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À ce « démocrate libéral et humaniste » franco-russe, Henri Wallon lui rappelle simplement que l'URSS a réalisé de remarquables progrès dont en matière de science. Ce que mettent en avant les auteurs de ''À la lumière du marxisme'' qui déplaît au pavlovien Drabovitch. Cette progression rapide est liée à la reconnaissance immédiate de la dialectique matérialiste quand bien même caricaturé à outrance en URSS au summum de la crise historique.
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Dans ces conditions de guerres civiles mondialisées, ni un [[Henri Wallon]], ni un [[Paul Langevin]] ne pouvaient pas ne pas prendre parti quand bien même à l'ombre du Parti dans le combat contre le nazisme (1914-1945) et le capitalisme impérial (1952-1984) contrairement aux petit-bourgeois sans parti (ni de gauche, ni de droite) qui font feu de tout bois encore aujourd'hui ou contrairement aux pays comme la Suisse qui restent neutre sauf quand les intérêts capitalistes sont mis en jeu.
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==La dialectique mise en œuvre en psychologie==
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===L'évolution psychologique===
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'''=> Extrait de ''L'évolution psychologique de l'enfant'' (1941). édition Armand Colin de 2012 avec la préface d'[[Émile Jalley. p54 :'''
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1_ Globalité&nbsp;:
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«&nbsp;... observer l'enfant dans son développement, en le prenant pour point de départ, à le suivre au cours de ses âges successifs et à étudier les stades correspondants sans les soumettre à la censure préalable de nos définitions logiques.
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Pour qui les envisage chacun dans sa totalité, leur succession apparait comme discontinue; le passage de l'un à l'autre n'est pas qu'une simple amplification, mais un remaniement; des activités prépondérantes dans le premier sont réduites et parfois supprimés en apparence dans le suivant.&nbsp;»
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2_ Crise&nbsp;:
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«&nbsp;Entre les deux, il semble souvent que s'ouvre une crise dont la conduite de l'enfant peut-être visiblement affectée. Des conflits ponctuent donc la croissance, comme s'il y a avait à choisir entre un ancien et un nouveau type d'activité. Celle des deux qui subit la loi de l'autre doit se transformer, et elle perd dans la suite son pouvoir de régler utilement le comportement du sujet. Mais la manière dont le conflit se résout n'est pas absolue ni nécessairement uniforme chez tous. Et elle marque chacun de son empreinte.&nbsp;»
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3_ Dissolution spontanée&nbsp;:
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«&nbsp;De ces conflits, certains ont été résolus par l'espèce, c'est à dire que le seul fait de sa croissance amène l'individu à les résoudre aussi. ... [cependant] le conflit n'est jamais tout à fait réglé&nbsp;: ainsi entre l'émotion et l'activité intellectuelle, qui répondent manifestement à deux étages distincts des centres nerveux et à deux étapes successives de l'évolution mentale.&nbsp;»
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4_ Dissolution volitive&nbsp;:
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«&nbsp;Pour d'autres conflits, il appartient à l'individu lui-même de les résoudre. Tantôt leur objet est d'importance si fondamentale qu'une seule issue est normale, tantôt au contraire il est plus contingents et la solution plus facultatif.
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Les élevant à une sorte de généralité mythique, Freud les ramène essentiellement à un conflit entre l'instinct de l'espèce qui se traduit en chacun par le désir sexuel ou 'libido' et les exigences de la vie en société. Refoulements d'une part, subterfuges de l'autre pour tromper la vigilance de la censure, feront de la vie psychologique un drame continue. Toute l'évolution mentale de l'enfant sera commandée par les fixations successives de la libido sur les objets à sa portée. Elle aura donc à se détacher des premiers rencontrés pour progresser vers d'autre.&nbsp;»
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5_ Négation de la négation, possibilité/potentialité
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«&nbsp;Choix qui ne va pas sans souffrance, sans regret ni sans régression éventuelle. Choix qu'il n'est pas d'ailleurs nécessaire d'imputer à l'instinct sexuel dont il s'observe bien des indices chez l'enfant. En dépit du choix, rien n'est détruit de ce qui est abandonné, rien même n'est sans action de ce qui est dépassé. A chaque étape franchie, l'enfant laisse derrière lui des possibilités qui ne sont pas mortes.&nbsp;»
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6_ Réalisation et lutte/contraintes
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«&nbsp;La réalisation, par l'enfant, de l'adulte qu'il doit devenir ne suit donc pas un tracé sans traverses, bifurcations, ni détours. Les orientations maitresses auxquelles il obéit normalement n'en sont pas moins une occasion fréquente d'incertitudes et d'hésitations.
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Mais combien d'autres occasions plus fortuites viennent aussi l'obliger à choisir entre l'effort ou le renoncement&nbsp;! Elle surgissent du milieu, milieu des personnes et milieu des choses. Sa mère, ses proches, ses rencontres habituelles ou insolites, l'école&nbsp;: autant de contacts, de relation et structures diverses, d'institutions par lesquelles il doit s'émailler, de grè ou de force, dans la société.
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Le langage interpose entre lui et ses désirs, entre lui et les gens un obstacle ou un instrument qu'il peut être tenté soit de tourner, soit de maîtriser. Les objets, et d'abord les proches de lui, les objets façonnés, son bol, sa cuiller, son pot, ses vêtement, l'électricité, la radio, les techniques les plus ancestrales comme les lus récentes sont pour lui gêne, problème ou aide, le rebutent ou l'attirent, et façonnent son activité.&nbsp;»
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7_ Milieu, configuration, interpénétration, écart, interactions
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«&nbsp;C'est en définitif le monde des adultes que le milieu lui impose, et il en résulte, à chaque époque, une certaine uniformité de formation mentale. Mais, il ne s'ensuit pas pour l'adulte le droit de ne connaître dans l'enfant que ce qu'il y met. Et d'abord la manière dont l'enfant se l'assimile peut n'avoir aucune ressemblance avec a manière dont l'adulte lui-même en use.
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Si l'adulte dépasse l'enfant, l'enfant à sa manière dépasse l'adulte.
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Il a des disponibilités psychiques qu'un autre milieu utiliserait autrement.
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Déjà bien des difficultés collectivement surmontées par les groupes sociaux ont permis à beaucoup d'entre elles de se manifester. La civilisation aidant, d'autres élargissements de la raison et de la sensibilité ne sont-ils pas en puissance chez l'enfant&nbsp;?&nbsp;»
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===La vie mentale : Émotion - affectivité===
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'''=> Extrait d'[[Émile Jalley]]. (1982). ''Introduction à la Vie mentale'' (p.68-73). In Henri Wallon, La vie mentale. Édition sociale.'''
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«
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p.68 >
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'''0. Début de la sociabilité'''
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Nous étudions à présent le chapitre III portant sur les débuts de la sociabilité, dont la première forme consiste dans les ''rapports affectifs'' : les émotions.
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Le milieu social devient pour l'espèce humaine un moyen d'action sur le milieu naturel. Du fait de son impéritie, les rapport de sociabilité précèdent chez l'enfant les rapports avec le monde physique. À cet égard, le comportement humain est très spécifique.
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Par rapport à ses besoins, le nourrisson n'est capable que de mouvement à dominance tonique, relevant de centres nerveux sous-corticaux et mésencéphaliques.
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p. 69 >
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C'est la base sur laquelle se développent les émotions identifiable vers six mois.
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'''1. Nature des émotions'''
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'''La nature des émotions''' a été un problème très discuté. Selon Cannon, elles consisteraient dans ''l'accroissement des possibilités énergétiques''.
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MAIS les émotions, objecte Wallon, dépendent, à l'inverse des [[Automatisme (psychologie)|automatisme]] utiles qu'elles accompagnent, des seules fonctions neuro-végétatives.
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Pour Lapicque, les émotions se réduiraient à de simples 'troubles fonctionnels'.
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MAIS, objecte encore Wallon, les manifestations viscérales et motrices de l'émotion
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*ne se produisent pas au hasard,
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*elles forment des systèmes,
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*sont des réactions organisées,
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*dépendent de certains centres nerveux.
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-|| '''En fait, ''l'émotion'' est une ''forme spéciale d'activité'', de l'ordre des manifestations expressives plutôt que l'action sur le monde extérieur.''' ||-
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Elle paraît pure incohérence, tant qu'on la réfère au plan des « [[Automatisme (psychologie)|automatismes]] à objectif extérieur ».
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'''2. Origines et mécanisme'''
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'''Les origines et le mécanisme''' de l'émotion apparaissent par exemple dans la réaction du jeune enfant au chatouillement. Il s'agit d'une conduite reliée à la sensibilité proprioceptive, et dont les effets, au lieu de se manifester à la source de l'excitation, s'amplifient de manière diffuse.
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''L'excitation'' continue du 'tonus' musculaire aboutit au 'spasme'. Ceci s'explique par l'étroite réciprocité existant entre la sensibilité organique et l'activité tonique : « L'effet ne cesse de se multiplier par lui-même. » À terme, l'hypertonie nécessite une décharge, par exemple par le rire : telle est l'émotion. Mais si l'excitation tonigène persiste, du rire on asse aux larmes. C'est note Wallon, « un bel exemple de variation quantitative se muant en variation qualitative, suivant la formule d'Hegel reprise par Engels » p.208)
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'''3. Unité et diversité'''
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'''L'unité et la diversité des émotions''' s'expliquent par « la manière dont le tonus se forme, se consomme et se conserve »
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*'''Le plaisir''' consiste toujours dans la liquidation de spasmes.
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*'''La joie''' résulte d'un exact équilibre et d'une action réciproque entre le tonus et le mouvement.
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p. 70 >
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*'''La colère''' survient quand il y a excès de l'excitation sur les possibilités de liquidation. Ainsi chez le chien trop caressé, l'enfant trop câliné, l'idiot qui se balance, [peut-être aussi un amour trop passionné sans vie extériorisée].  note 59 : Bel exemple d'application de la méthode comparée chez Wallon. Les rapport avec l'entourage, source de l'excitation et obstacle à sa détente, en sont l'occasion fréquence. La colère peut comporter des manifestations de type opposé : explosion en mouvements, ou généralisation de la contracture.
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*'''L'angoisse''' est à l'opposé de l'axe plaisir-souffrance. Elle consiste dans une généralisation du spasme à tout l'appareil organique, et s'accompagne à la limite d'une sorte d'insensibilité. Car il y a antagonisme entre l'hypertonie et la sensibilité même douloureuse, que suscitent les excitations extérieures. Dans l'algophilie, la douleur est recherchée pour liquider l'angoisse. D'une autre façon, l'orgasme vénérien peut aider à la résolution du tonus anxieux.
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*'''La peur''' est parente de l'angoisse lorsqu'elle est liée à l'attente, c'est la peur hypertonique ou anxiété. Elle peut alors se résoudre en plaisir, par exemple dans bien des jeux d'enfant. MAIS la peur peut aussi résulter de l'imprévu. Dans telles occasions, il y a rapport inverse entre l'[[Automatisme (psychologie)|automatisme]] utile qui dissout la peur, et l'émotion qui paralyse l'[[Automatisme (psychologie)|automatisme]]. Ce type de peur hypotonique se traduit par le désarroi des fonctions posturales, par « l'impuissance de prendre position et de retrouver son équilibre ».
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*'''La timidité''' est « la peur vis-à-vis des personnes... un peur relative à son propre " soi " vis-à-vis des autres », elle consiste dans l'effondrement des réactions de prestance. La 'fonction de prestance' concerne les « dispositions réflexes qu'éveille la présence d'un autre... Un état de vigilance d'où résulte le contact des êtres psychiques entre eux (p. 213). Note 60 : Il y a un rapport entre la fonction de prestance et l'instance que Lacan appelle l'Imaginaire et qui tire son origine du stade miroir.
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Cette sensibilité à la présence de l'autre s'observe même chez l'animal.
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p. 71 >
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'''4. Transdisciplinarité'''
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On remarque que cette descriptions des émotions est menée par Wallon sur le terrain commun de la psychologie de l'enfant et la psychologie générale. Les références à la pathologie mentale sont nombreuses.
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*'''Le rôle des émotions dans la vie psychique''' tient à leur origine tonico-posturale, c'est à dire à leur lien avec la fonction des attitudes.
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*'''Le rôle du tonus''' consiste à « assurer, avec l'équilibre du corps en chacune de ses parties, le point d'appui nécessaire à l'exécution de l'immobilité active : il s'est différencié du mouvement, de manière à s'y opposer en lui substituant une attitude. Mais par le biais de ''l'attitude'', l'[[Automatisme (psychologie)|automatisme]] cède déjà le pas à la ''[https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation]''.
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La [https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation] ne dérive ni de la seule impression sensible, ni de la seule attitude; elle suppose aussi le langage. Mais l'émotion, comme modelage du facteur affectif par l'attitude, par l'expressivité, de ce fait introduit des « motifs de conscience ».
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-|| La racine de la conscience , donc de la [https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation], est à rechercher non dans l'activité extéroceptive, mais dans l'activité proprioceptive. ||-
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Note 61 : On touche ici vraiment du doigt la raison du désaccord insurmontable avec Piaget.
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*'''La valeur fonctionnelle des émotions''' tient à ce qu'elles superposent, au plan des [[Automatisme (psychologie)|automatisme]]<nowiki/>s, la diversité des réactions affectives, comme moyens d'expression.
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-|| Les émotions ne relèvent pas du milieu purement physique, mais du milieu des êtres vivants, celui des rapports interindividuels. ||-
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Tirant sa source du cercle de la fonction tonique, où spasme et sensation s'entretiennent réciproquement, l'émotion est à la fois attitude expressive et conscience immédiate d'une telle attitude. Elle-même constitue un cercle où posture et conscience se différencient réciproquement, « en séries qui deviennent de plus en plus distinctes »
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p. 72 >
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'''5. Dualité : organe-mental'''
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'''L'insuffisance des théories intellectuelles et périphériques''' résulte de leur échec à intégrer l'apparente dualité du plan viscéral et du plan mental propre à l'émotion.
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Or celle-ci est « oscillation constante entre le physique et le psychique ».
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Le facteur affectif qui l'a constitue implique l'action réciproque , la généralisation des effets d'un domaine à l'autre. Celle-ci se développe sous forme d'autosensibilisation, de complaisance, de narcissisme émotif.
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La fonction de signe propre à l'émotion se manifeste par son caractère à la fois circulaire et spectaculaire.
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-|| De ce fait, l'homme social n'a jamais fait qu'un avec l'homme physiologique. L'émotion est un « complexe affectivo-moteur » qui se diffuse par « une sorte de contagion mimétique » (P.218). ||-
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Les émotions entrainent ''l'uniformité d'attitude et l'unité de conscience'' à l'intérieur du groupe , mais aussi bien la diversification des conduites individuelles. Formant « un système d'incitations interindividuelles... Elles sont devenues comme une institution », liés à tout ensemble de simulacres et de rituels.
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''Ainsi le rôle des émotions dans la vie sociale'' a dû être marquant dans les premiers groupes humains. Elle est alors le facteur assurant la cohésion de communautés encore indigentes en ressources technique. C'est de la même façon que l'enfant, totalement démuni de moyens réclame l'assistance
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'''[6]. Dynamique « vie intellectuelle <> vie émotionnelle »'''
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Enfin l'émotion comporte des rapports de '''la vie intellectuelle'''. « La vie émotionnelle, premier terrain des relations interindividuelles de conscience... est au point de départ de la vie représentative. »
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Mais la parole a aussi rapport avec la fonction tonico-posturale. Cependant, la filiation tonus-émotion-parole n'est peut-être pas unilinéaire.
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-|| En fait, l'émotion est encore loin d'être un langage. En outre, il y a antagonisme entre le caractère démonstratif de l'émotion et le caractère réflexif de la représentation.
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-|| La nature des émotions met en évidence le rôle des ''conflits dialectiques'' dans l'organisation du psychisme.
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« Situées entre l'[[automatisme (psychologie)|automatisme]] des réactions et l'[[intelligence|activité intellectuelle]], les émotions sont avec l'un et l'autre dans un double rapport de filiation et d'opposition » (p.221). '''Même réprimées, « elles n'en subsistent pas moins à l'état plus ou moins latent, comme le fondement nécessaire des rapport entre individus''' ».
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p.73 >
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Les contradictions entre auteurs qui ont traité de l'émotion reflètent le caractère contradictoire de la réalité elle-même. La vie psychiques s'explique par la genèse d'étapes différenciées :
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-||'''« Entre elles il n'y a pas simple succession, mais conflit. Par ce conflit, la vie psychique atteint à un équilibre nouveau et elle réagit par des enrichissements nouveaux »''' (p. 222). ||-
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(note 62 : Conception de l'équilibre radicalement différente de celle de Piaget. Le schémas filiation-opposition explique que même ''dépassée'', une fonction ''conserve'' un rôle dans la structure nouvelle, caractérisé par un nouveau type d'équilibre)
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-|| '''À l'envers d'une logique mécaniste, un conception dialectique des choses commence par accepter les oppositions du réel'''. »
 
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