Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
11 218 octets ajoutés ,  7 décembre 2020 à 15:56
Chap la vie mentale (croisons les doigts)
Ligne 22 : Ligne 22 :  
Il est le premier auteur à avoir utilisé dans une publication en langue française les termes de «&nbsp;[[Matérialisme_dialectique|matérialisme dialectique]]&nbsp;» et de «&nbsp;dialectique matérialiste&nbsp;» en 1935 et 1937<ref>Cf ''Origine de l'expression, sa négation et négation de la négation'' sur [[matérialisme dialectique]]</ref>.
 
Il est le premier auteur à avoir utilisé dans une publication en langue française les termes de «&nbsp;[[Matérialisme_dialectique|matérialisme dialectique]]&nbsp;» et de «&nbsp;dialectique matérialiste&nbsp;» en 1935 et 1937<ref>Cf ''Origine de l'expression, sa négation et négation de la négation'' sur [[matérialisme dialectique]]</ref>.
   −
Il adhère au [[Parti Communiste Français|PCF]] en 1942 suite à l'exécution de [[Georges Politzer]] et [[Jacques Solomon]]&nbsp;: «&nbsp;''Deux jeunes ont été assassinés. Il faut combler les vides ...''&nbsp;»<ref>Zazzo, R. (1983). Henri Wallon alias Hubert (p.229-231). In Renée Zazzo. ''Où en est la psychologie de l'enfant?''. Mediations.</ref>.
+
Il adhère au [[Parti Communiste Français|PCF]] en 1942 suite à l'exécution de [[Georges Politzer]] et [[Jacques Solomon]]&nbsp;: «&nbsp;''Deux jeunes ont été assassinés. Il faut combler les vides ...''&nbsp;»<ref>Zazzo, R. (1983). Henri Wallon alias Hubert (p.229-231). In [[René Zazzo]]. ''Où en est la psychologie de l'enfant?''. Mediations.</ref>.
    
Bien qu'il se sentait au service des enfants, il fut obligé de quitter son laboratoire à contre cœur sur l'ordre de la Résistance afin qu'il ne soit arrêté et incarcéré comme le fut [[Paul_Langevin|Paul Langevin]].
 
Bien qu'il se sentait au service des enfants, il fut obligé de quitter son laboratoire à contre cœur sur l'ordre de la Résistance afin qu'il ne soit arrêté et incarcéré comme le fut [[Paul_Langevin|Paul Langevin]].
   −
Cependant, après s'être caché anonymement chez une famille pendant quelques jours, il est rentré avec sa femme à son domicile de la rue de la Pompe à Paris, sans réintégrer son laboratoire. Il estimait que ce n'était pas à lui de quitter Paris, mais aux Allemands. Il est rentré dans la Résistance sans la moindre clandestinité. <ref>Zazzo, R. (1983). Henri Wallon alias Hubert (p.229-231). In[[ Renée Zazzo]]. ''Où en est la psychologie de l'enfant?''. Mediations.</ref>.
+
Cependant, après s'être caché anonymement chez une famille pendant quelques jours, il est rentré avec sa femme à son domicile de la rue de la Pompe à Paris, sans réintégrer son laboratoire. Il estimait que ce n'était pas à lui de quitter Paris, mais aux Allemands. Il est rentré dans la Résistance sans la moindre clandestinité. <ref>Zazzo, R. (1983). Henri Wallon alias Hubert (p.229-231). In [[René Zazzo]]. ''Où en est la psychologie de l'enfant?''. Mediations.</ref>.
    
En 1944, il fait partie jusqu'au 9 septembre 1944 du Gouvernement provisoire de la République française présidé par Charles de Gaulle en tant que secrétaire général de l'Éducation nationale.
 
En 1944, il fait partie jusqu'au 9 septembre 1944 du Gouvernement provisoire de la République française présidé par Charles de Gaulle en tant que secrétaire général de l'Éducation nationale.
Ligne 161 : Ligne 161 :  
Déjà bien des difficultés collectivement surmontées par les groupes sociaux ont permis à beaucoup d'entre elles de se manifester. La civilisation aidant, d'autres élargissements de la raison et de la sensibilité ne sont-ils pas en puissance chez l'enfant&nbsp;?&nbsp;»
 
Déjà bien des difficultés collectivement surmontées par les groupes sociaux ont permis à beaucoup d'entre elles de se manifester. La civilisation aidant, d'autres élargissements de la raison et de la sensibilité ne sont-ils pas en puissance chez l'enfant&nbsp;?&nbsp;»
 
</blockquote>
 
</blockquote>
 +
 +
===La vie mentale : Émotion - affectivité===
 +
 +
'''=> Extrait d'[[Émile Jalley]]. (1982). ''Introduction à la Vie mentale'' (p.68-73). In Henri Wallon, La vie mentale. Édition sociale.'''
 +
 +
«
 +
 +
p.68 >
 +
 +
'''0. Début de la sociabilité'''
 +
 +
Nous étudions à présent le chapitre III portant sur les débuts de la sociabilité, dont la première forme consiste dans les ''rapports affectifs'' : les émotions.
 +
 +
Le milieu social devient pour l'espèce humaine un moyen d'action sur le milieu naturel. Du fait de son impéritie, les rapport de sociabilité précèdent chez l'enfant les rapports avec le monde physique. À cet égard, le comportement humain est très spécifique.
 +
 +
Par rapport à ses besoins, le nourrisson n'est capable que de mouvement à dominance tonique, relevant de centres nerveux sous-corticaux et mésencéphaliques.
 +
 +
p. 69 >
 +
 +
C'est la base sur laquelle se développent les émotions identifiable vers six mois.
 +
 +
'''1. Nature des émotions'''
 +
 +
'''La nature des émotions''' a été un problème très discuté. Selon Cannon, elles consisteraient dans ''l'accroissement des possibilités énergétiques''.
 +
 +
MAIS les émotions, objecte Wallon, dépendent, à l'inverse des [[Automatisme (psychologie)|automatisme]] utiles qu'elles accompagnent, des seules fonctions neuro-végétatives.
 +
 +
Pour Lapicque, les émotions se réduiraient à de simples 'troubles fonctionnels'.
 +
 +
MAIS, objecte encore Wallon, les manifestations viscérales et motrices de l'émotion
 +
 +
*ne se produisent pas au hasard,
 +
*elles forment des systèmes,
 +
*sont des réactions organisées,
 +
*dépendent de certains centres nerveux.
 +
 +
-|| '''En fait, ''l'émotion'' est une ''forme spéciale d'activité'', de l'ordre des manifestations expressives plutôt que l'action sur le monde extérieur.''' ||-
 +
 +
Elle paraît pure incohérence, tant qu'on la réfère au plan des « [[Automatisme (psychologie)|automatismes]] à objectif extérieur ».
 +
 +
'''2. Origines et mécanisme'''
 +
 +
'''Les origines et le mécanisme''' de l'émotion apparaissent par exemple dans la réaction du jeune enfant au chatouillement. Il s'agit d'une conduite reliée à la sensibilité proprioceptive, et dont les effets, au lieu de se manifester à la source de l'excitation, s'amplifient de manière diffuse.
 +
 +
''L'excitation'' continue du 'tonus' musculaire aboutit au 'spasme'. Ceci s'explique par l'étroite réciprocité existant entre la sensibilité organique et l'activité tonique : « L'effet ne cesse de se multiplier par lui-même. » À terme, l'hypertonie nécessite une décharge, par exemple par le rire : telle est l'émotion. Mais si l'excitation tonigène persiste, du rire on asse aux larmes. C'est note Wallon, « un bel exemple de variation quantitative se muant en variation qualitative, suivant la formule d'Hegel reprise par Engels » p.208)
 +
 +
'''3. Unité et diversité'''
 +
 +
'''L'unité et la diversité des émotions''' s'expliquent par « la manière dont le tonus se forme, se consomme et se conserve »
 +
 +
*'''Le plaisir''' consiste toujours dans la liquidation de spasmes.
 +
 +
*'''La joie''' résulte d'un exact équilibre et d'une action réciproque entre le tonus et le mouvement.
 +
 +
p. 70 >
 +
 +
*'''La colère''' survient quand il y a excès de l'excitation sur les possibilités de liquidation. Ainsi chez le chien trop caressé, l'enfant trop câliné, l'idiot qui se balance, [peut-être aussi un amour trop passionné sans vie extériorisée].  note 59 : Bel exemple d'application de la méthode comparée chez Wallon. Les rapport avec l'entourage, source de l'excitation et obstacle à sa détente, en sont l'occasion fréquence. La colère peut comporter des manifestations de type opposé : explosion en mouvements, ou généralisation de la contracture.
 +
 +
*'''L'angoisse''' est à l'opposé de l'axe plaisir-souffrance. Elle consiste dans une généralisation du spasme à tout l'appareil organique, et s'accompagne à la limite d'une sorte d'insensibilité. Car il y a antagonisme entre l'hypertonie et la sensibilité même douloureuse, que suscitent les excitations extérieures. Dans l'algophilie, la douleur est recherchée pour liquider l'angoisse. D'une autre façon, l'orgasme vénérien peut aider à la résolution du tonus anxieux.
 +
 +
*'''La peur''' est parente de l'angoisse lorsqu'elle est liée à l'attente, c'est la peur hypertonique ou anxiété. Elle peut alors se résoudre en plaisir, par exemple dans bien des jeux d'enfant. MAIS la peur peut aussi résulter de l'imprévu. Dans telles occasions, il y a rapport inverse entre l'[[Automatisme (psychologie)|automatisme]] utile qui dissout la peur, et l'émotion qui paralyse l'[[Automatisme (psychologie)|automatisme]]. Ce type de peur hypotonique se traduit par le désarroi des fonctions posturales, par « l'impuissance de prendre position et de retrouver son équilibre ».
 +
 +
*'''La timidité''' est « la peur vis-à-vis des personnes... un peur relative à son propre " soi " vis-à-vis des autres », elle consiste dans l'effondrement des réactions de prestance. La 'fonction de prestance' concerne les « dispositions réflexes qu'éveille la présence d'un autre... Un état de vigilance d'où résulte le contact des êtres psychiques entre eux (p. 213). Note 60 : Il y a un rapport entre la fonction de prestance et l'instance que Lacan appelle l'Imaginaire et qui tire son origine du stade miroir.
 +
 +
Cette sensibilité à la présence de l'autre s'observe même chez l'animal.
 +
 +
p. 71 >
 +
 +
'''4. Transdisciplinarité'''
 +
 +
On remarque que cette descriptions des émotions est menée par Wallon sur le terrain commun de la psychologie de l'enfant et la psychologie générale. Les références à la pathologie mentale sont nombreuses.
 +
 +
*'''Le rôle des émotions dans la vie psychique''' tient à leur origine tonico-posturale, c'est à dire à leur lien avec la fonction des attitudes.
 +
 +
*'''Le rôle du tonus''' consiste à « assurer, avec l'équilibre du corps en chacune de ses parties, le point d'appui nécessaire à l'exécution de l'immobilité active : il s'est différencié du mouvement, de manière à s'y opposer en lui substituant une attitude. Mais par le biais de ''l'attitude'', l'[[Automatisme (psychologie)|automatisme]] cède déjà le pas à la ''[https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation]''.
 +
 +
La [https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation] ne dérive ni de la seule impression sensible, ni de la seule attitude; elle suppose aussi le langage. Mais l'émotion, comme modelage du facteur affectif par l'attitude, par l'expressivité, de ce fait introduit des « motifs de conscience ».
 +
 +
-|| La racine de la conscience , donc de la [https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation], est à rechercher non dans l'activité extéroceptive, mais dans l'activité proprioceptive. ||-
 +
 +
Note 61 : On touche ici vraiment du doigt la raison du désaccord insurmontable avec Piaget.
 +
 +
*'''La valeur fonctionnelle des émotions''' tient à ce qu'elles superposent, au plan des [[Automatisme (psychologie)|automatisme]]<nowiki/>s, la diversité des réactions affectives, comme moyens d'expression.
 +
 +
-|| Les émotions ne relèvent pas du milieu purement physique, mais du milieu des êtres vivants, celui des rapports interindividuels. ||-
 +
 +
Tirant sa source du cercle de la fonction tonique, où spasme et sensation s'entretiennent réciproquement, l'émotion est à la fois attitude expressive et conscience immédiate d'une telle attitude. Elle-même constitue un cercle où posture et conscience se différencient réciproquement, « en séries qui deviennent de plus en plus distinctes »
 +
 +
p. 72 >
 +
 +
'''5. Dualité : organe-mental'''
 +
 +
'''L'insuffisance des théories intellectuelles et périphériques''' résulte de leur échec à intégrer l'apparente dualité du plan viscéral et du plan mental propre à l'émotion.
 +
 +
Or celle-ci est « oscillation constante entre le physique et le psychique ».
 +
 +
Le facteur affectif qui l'a constitue implique l'action réciproque , la généralisation des effets d'un domaine à l'autre. Celle-ci se développe sous forme d'autosensibilisation, de complaisance, de narcissisme émotif.
 +
 +
La fonction de signe propre à l'émotion se manifeste par son caractère à la fois circulaire et spectaculaire.
 +
 +
-|| De ce fait, l'homme social n'a jamais fait qu'un avec l'homme physiologique. L'émotion est un « complexe affectivo-moteur » qui se diffuse par « une sorte de contagion mimétique » (P.218). ||-
 +
 +
Les émotions entrainent ''l'uniformité d'attitude et l'unité de conscience'' à l'intérieur du groupe , mais aussi bien la diversification des conduites individuelles. Formant « un système d'incitations interindividuelles... Elles sont devenues comme une institution », liés à tout ensemble de simulacres et de rituels.
 +
 +
''Ainsi le rôle des émotions dans la vie sociale'' a dû être marquant dans les premiers groupes humains. Elle est alors le facteur assurant la cohésion de communautés encore indigentes en ressources technique. C'est de la même façon que l'enfant, totalement démuni de moyens réclame l'assistance
 +
 +
'''[6]. Dynamique « vie intellectuelle <> vie émotionnelle »'''
 +
 +
Enfin l'émotion comporte des rapports de '''la vie intellectuelle'''. « La vie émotionnelle, premier terrain des relations interindividuelles de conscience... est au point de départ de la vie représentative. »
 +
 +
Mais la parole a aussi rapport avec la fonction tonico-posturale. Cependant, la filiation tonus-émotion-parole n'est peut-être pas unilinéaire.
 +
 +
-|| En fait, l'émotion est encore loin d'être un langage. En outre, il y a antagonisme entre le caractère démonstratif de l'émotion et le caractère réflexif de la [https://mapetiteencyclopedie.monsite-orange.fr/page-5f897ef275566.html représentation].
 +
 +
-|| La nature des émotions met en évidence le rôle des ''conflits dialectiques'' dans l'organisation du psychisme.
 +
 +
« Situées entre l'[[automatisme (psychologie)|automatisme]] des réactions et l'[[intelligence|activité intellectuelle]], les émotions sont avec l'un et l'autre dans un double rapport de filiation et d'opposition » (p.221). '''Même réprimées, « elles n'en subsistent pas moins à l'état plus ou moins latent, comme le fondement nécessaire des rapport entre individus''' ».
 +
 +
p.73 >
 +
 +
Les contradictions entre auteurs qui ont traité de l'émotion reflètent le caractère contradictoire de la réalité elle-même. La vie psychiques s'explique par la genèse d'étapes différenciées :
 +
 +
-||'''« Entre elles il n'y a pas simple succession, mais conflit. Par ce conflit, la vie psychique atteint à un équilibre nouveau et elle réagit par des enrichissements nouveaux »''' (p. 222). ||-
 +
 +
(note 62 : Conception de l'équilibre radicalement différente de celle de Piaget. Le schémas filiation-opposition explique que même ''dépassée'', une fonction ''conserve'' un rôle dans la structure nouvelle, caractérisé par un nouveau type d'équilibre)
 +
 +
-|| '''À l'envers d'une logique mécaniste, un conception dialectique des choses commence par accepter les oppositions du réel'''. »
Utilisateur anonyme

Menu de navigation