| En 1920, [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] raconte au sujet de son voyage en Russie : ''« Les bolcheviques sont partout les adversaires de l’autogestion dans l’industrie, parce qu’elle a échoué en Russie, et parce que leur amour-propre national les empêche de reconnaître que l’échec est dû au fait que la Russie est un pays arriéré. »'' Quant à lui, il défend : ''« L’autogestion dans l’industrie me paraît être le moyen le plus sûr permettant à l’Angleterre de parvenir au socialisme. Je suis sûr que les chemins de fer et les mines, après un peu de pratique, pourraient être mieux exploités par les ouvriers, en vue d’une meilleure production, qu’ils ne le sont actuellement par les capitalistes. »'' <span></span>''<ref>Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span></span> | | En 1920, [[Bertrand_Russel|Bertrand Russel]] raconte au sujet de son voyage en Russie : ''« Les bolcheviques sont partout les adversaires de l’autogestion dans l’industrie, parce qu’elle a échoué en Russie, et parce que leur amour-propre national les empêche de reconnaître que l’échec est dû au fait que la Russie est un pays arriéré. »'' Quant à lui, il défend : ''« L’autogestion dans l’industrie me paraît être le moyen le plus sûr permettant à l’Angleterre de parvenir au socialisme. Je suis sûr que les chemins de fer et les mines, après un peu de pratique, pourraient être mieux exploités par les ouvriers, en vue d’une meilleure production, qu’ils ne le sont actuellement par les capitalistes. »'' <span></span>''<ref>Bertrand Russell, [https://bibdig.biblioteca.unesp.br/bitstream/handle/10/6534/la-pratique-et-la-theorie-du-bolchevisme.pdf ''Pratique et théorie du bolchevisme''], 1920</ref>''<span></span> |
| + | L'autre exemple historique d'autogestion exercée à grande échelle est la [[révolution espagnole]]. Il s'agissait à la fois d'une [[guerre civile]] contre les [[Fascisme|fascistes]], et d'une tentative de [[révolution sociale]] dans les territoires contrôlés par le camp républicain. Parmi ce dernier, les fractions démocrates de la bourgeoisie, les [[staliniens]] du [[Parti communiste d'Espagne|PCE]] et les socialistes du [[PSOE]] tentaient de limiter le mouvement à un cadre capitaliste normal, mais d'immenses forces populaires, dirigées principalement par les [[libertaires]] de la [[Confederación Nacional del Trabajo|CNT]], [[Collectivisme|collectivisaient]] les entreprises et [[Socialisation|socialisaient]] parfois des pans entiers de la production.<ref name=":0">''[https://www.youtube.com/watch?v=_KcY2PPuMEM&t=1209s Espagne 36 Révolution Autogestionnaire (EJC REDHIC 1978)]'' (vidéo)</ref> |
| « Si le monde capitaliste est bien celui du fétichisme intégral où les relations d'homme à homme disparaissent derrière des rapports de choses, il se fait précisément que dans le moment où les masses laborieuses s'insurgent contre ce monde, elles transpercent l'écran tabou des choses pour s'en prendre directement aux hommes qu'elles avaient respectés jusque-là au nom du fétiche sacro-saint de la propriété privée ». Le spécialiste, le directeur ou le capitaliste apparaissent alors aux ouvriers, quelles que soient leurs relations techniques ou personnelles avec l'entreprise, comme l'incarnation de l'exploitation, comme les ennemis, comme ceux qu'il faut à tout prix expulser de leur vie. Demander aux ouvriers à ce moment là d'avoir une attitude plus équilibrée, de ne voir dans l'ancien patron que le nouveau « directeur technique », l’« indispensable spécialiste », « revient en quelque sorte — à l'heure où ils viennent soudain de prendre conscience de leur rôle historique et de leur puissance sociale, d'affirmer leur autonomie, à l'heure où ils ont enfin confiance en eux-mêmes, en leurs propres forces — à exiger des ouvriers qu'ils confessent leur incompétence, leur faiblesse, leur insuffisance en un domaine qui leur est sensible au plus haut degré car il embrasse leur vie quotidienne depuis l'enfance, celui de la production. »<ref>Didier L. Limon, « Lénine et le contrôle ouvrier », dans le N° 4, déc. 1967, d'Autogestion (publ. orig. dans les N° 4 et 5, avril et mai 1946, de La Revue Internationale].</ref> | | « Si le monde capitaliste est bien celui du fétichisme intégral où les relations d'homme à homme disparaissent derrière des rapports de choses, il se fait précisément que dans le moment où les masses laborieuses s'insurgent contre ce monde, elles transpercent l'écran tabou des choses pour s'en prendre directement aux hommes qu'elles avaient respectés jusque-là au nom du fétiche sacro-saint de la propriété privée ». Le spécialiste, le directeur ou le capitaliste apparaissent alors aux ouvriers, quelles que soient leurs relations techniques ou personnelles avec l'entreprise, comme l'incarnation de l'exploitation, comme les ennemis, comme ceux qu'il faut à tout prix expulser de leur vie. Demander aux ouvriers à ce moment là d'avoir une attitude plus équilibrée, de ne voir dans l'ancien patron que le nouveau « directeur technique », l’« indispensable spécialiste », « revient en quelque sorte — à l'heure où ils viennent soudain de prendre conscience de leur rôle historique et de leur puissance sociale, d'affirmer leur autonomie, à l'heure où ils ont enfin confiance en eux-mêmes, en leurs propres forces — à exiger des ouvriers qu'ils confessent leur incompétence, leur faiblesse, leur insuffisance en un domaine qui leur est sensible au plus haut degré car il embrasse leur vie quotidienne depuis l'enfance, celui de la production. »<ref>Didier L. Limon, « Lénine et le contrôle ouvrier », dans le N° 4, déc. 1967, d'Autogestion (publ. orig. dans les N° 4 et 5, avril et mai 1946, de La Revue Internationale].</ref> |