Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
789 octets ajoutés ,  17 avril 2020 à 16:49
aucun résumé des modifications
Ligne 2 : Ligne 2 :  
La '''jeunesse''' tient une place importante dans la pratique politique des [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]], en tant que potentielle force d'entraînement de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]].
 
La '''jeunesse''' tient une place importante dans la pratique politique des [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]], en tant que potentielle force d'entraînement de la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]].
   −
== Généralités ==
+
==Généralités==
   −
=== Formation de la jeunesse ===
+
===Formation de la jeunesse===
    
Avant le [[capitalisme|capitalisme]], la jeunesse ne constituait pas un âge distinct. Ce qui fait émerger la jeunesse comme couche sociale, c’est l’institution scolaire. Avant le capitalisme, les futurs producteurs sont formés directement au contact des adultes dans le cadre de l’apprentissage. La nécessité d’inculquer une qualification même élémentaire à un grand nombre de futurs travailleurs sépare les jeunes des adultes dans le cadre de l’école. La jeunesse naît dans un mouvement de séparation institutionnelle, de « mise en quarantaine ». C’est la racine du fait que les jeunes vivent « dans leur propre monde » comme le disait Trotsky. L’école joue le rôle décisif, mais autres institutions pour encadrer la jeunesse : l’église, l’armée...
 
Avant le [[capitalisme|capitalisme]], la jeunesse ne constituait pas un âge distinct. Ce qui fait émerger la jeunesse comme couche sociale, c’est l’institution scolaire. Avant le capitalisme, les futurs producteurs sont formés directement au contact des adultes dans le cadre de l’apprentissage. La nécessité d’inculquer une qualification même élémentaire à un grand nombre de futurs travailleurs sépare les jeunes des adultes dans le cadre de l’école. La jeunesse naît dans un mouvement de séparation institutionnelle, de « mise en quarantaine ». C’est la racine du fait que les jeunes vivent « dans leur propre monde » comme le disait Trotsky. L’école joue le rôle décisif, mais autres institutions pour encadrer la jeunesse : l’église, l’armée...
Ligne 10 : Ligne 10 :  
Malgré cette tendance à avoir des repères communs, la jeunesse n'est pas une [[Classe_sociale|classe sociale]]. Un jeune employé de caisse n'a pas du tout les mêmes intérêts que le jeune adjoint au PDG de sa chaîne d'hypermarché. Une jeune fonctionnaire n'a pas du tout les mêmes intérêts que la jeune adjointe d'un cabinet ministériel qui applique l'[[Austérité|austérité]], etc.
 
Malgré cette tendance à avoir des repères communs, la jeunesse n'est pas une [[Classe_sociale|classe sociale]]. Un jeune employé de caisse n'a pas du tout les mêmes intérêts que le jeune adjoint au PDG de sa chaîne d'hypermarché. Une jeune fonctionnaire n'a pas du tout les mêmes intérêts que la jeune adjointe d'un cabinet ministériel qui applique l'[[Austérité|austérité]], etc.
   −
=== Radicalité ===
+
===Radicalité===
    
Plusieurs facteurs expliquent que la jeunesse est généralement plus radicale :
 
Plusieurs facteurs expliquent que la jeunesse est généralement plus radicale :
   −
*Les jeunes sont soit en dehors de l’appareil de production, soit exploités depuis peu de temps. Ils/elles sont beaucoup moins exposé·es aux effets aliénants du travail, moins résigné·es, et ont moins de charges (  
+
*Les jeunes sont soit en dehors de l’appareil de production, soit exploités depuis peu de temps. Ils/elles sont beaucoup moins exposé·es aux effets aliénants du travail, moins résigné·es, et ont moins de charges (
*Ils et elles ne sont pas encore pleinement intégré·es à la société bourgeoise : le couple, les crédits etc ne pèsent pas encore sur les jeunes, qui sont libres de tout engagement (les jeunes scolarisés ne perdent pas de salaire quand ils font grève, les JT n’ont généralement pas de famille à nourrir).  
+
*Ils et elles ne sont pas encore pleinement intégré·es à la société bourgeoise : le couple, les crédits etc ne pèsent pas encore sur les jeunes, qui sont libres de tout engagement (les jeunes scolarisés ne perdent pas de salaire quand ils font grève, les JT n’ont généralement pas de famille à nourrir).
*Le poids des défaites du passé ne repose pas sur eux (mais l'aspect négatif et que les expériences du passé leur manquent également parfois).  
+
*Le poids des défaites du passé ne repose pas sur eux (mais l'aspect négatif et que les expériences du passé leur manquent également parfois).
    
L'influence que parvient à avoir un parti dans la jeunesse est lié à sa radicalité. C'est ce qui faisait dire à [[Lénine|Lénine]] le parti ouvrier serait toujours le parti de la jeunesse :
 
L'influence que parvient à avoir un parti dans la jeunesse est lié à sa radicalité. C'est ce qui faisait dire à [[Lénine|Lénine]] le parti ouvrier serait toujours le parti de la jeunesse :
Ligne 22 : Ligne 22 :  
[[Trotsky|Trotsky]] faisait aussi le lien avec les "générations" :
 
[[Trotsky|Trotsky]] faisait aussi le lien avec les "générations" :
 
<blockquote>«&nbsp;''Quand s’use un programme ou une organisation, s’use aussi la génération qui les a portés sur ses épaules. La rénovation du mouvement se fait par la jeunesse, libre de toute responsabilité pour le passé''&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/trans/tran.htm Programme de transition], chapitre XX.</ref></blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;''Quand s’use un programme ou une organisation, s’use aussi la génération qui les a portés sur ses épaules. La rénovation du mouvement se fait par la jeunesse, libre de toute responsabilité pour le passé''&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, [https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/trans/tran.htm Programme de transition], chapitre XX.</ref></blockquote>  
=== Récupération de la classe dominante ===
+
===Récupération de la classe dominante===
    
La [[classe_dirigeante|classe dirigeante]], qui génère l'[[idéologie_dominante|idéologie dominante]], s'efforce de gommer l’affrontement entre classes sociales qui est au cœur des processus révolutionnaires. Elle cherche souvent à gommer les affrontements de classe (par exemple en occultant la grève générale dans Mai 68), et à réduire les mouvements de jeunesse à des révoltes morales, culturelles, etc. On essaie de les présenter comme un conflit générationnel, une révolution de la jeunesse pour plus de liberté. L’intérêt de présenter les choses ainsi pour les [[médias_bourgeois|médias bourgeois]], c’est qu’ainsi il ne peut s’agir que de révolutions dont l’objectif fondamental est une simple modernisation de la société capitaliste.
 
La [[classe_dirigeante|classe dirigeante]], qui génère l'[[idéologie_dominante|idéologie dominante]], s'efforce de gommer l’affrontement entre classes sociales qui est au cœur des processus révolutionnaires. Elle cherche souvent à gommer les affrontements de classe (par exemple en occultant la grève générale dans Mai 68), et à réduire les mouvements de jeunesse à des révoltes morales, culturelles, etc. On essaie de les présenter comme un conflit générationnel, une révolution de la jeunesse pour plus de liberté. L’intérêt de présenter les choses ainsi pour les [[médias_bourgeois|médias bourgeois]], c’est qu’ainsi il ne peut s’agir que de révolutions dont l’objectif fondamental est une simple modernisation de la société capitaliste.
   −
== Historique des organisations de jeunesse socialistes ==
+
==Historique des organisations de jeunesse socialistes==
   −
=== Fondation ===
+
===Fondation===
 +
Au moment de la légalisation du SPD, certains militants refusent de faire un tournant dans la façon de militer et de se concentrer sur la bataille électorale, le groupe dit des Jeunes ([[Die Jungen]]). Formé au printemps et à l'été 1890, il était dirigé par d'anciens étudiants universitaires: jeunes lettrés et éditeurs de journaux du parti, ainsi que des dirigeants de syndicats et de partis d'organisations locales. Leurs dirigeants étaient [[Paul Ernst]], [[Paul Kampffmeyer]], [[Hans Müller]], [[Bruno Wille]], [[Wilhelm Werner]], [[Carl Wildberger]] et d'autres. Ils se lancèrent dans une campagne de dénonciation du Conseil exécutif (Vorstand) du parti, qu'ils accusaient d'être corrompu, [[opportuniste]] et [[Démocratie interne|anti-démocratique]]. En octobre 1891, les dirigeants des Jeunes sont expulsés du Parti.
    
Au sein de la social-démocratie allemande, [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]] s'engagea pour que les jeunes puissent être militants à part entière.
 
Au sein de la social-démocratie allemande, [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]] s'engagea pour que les jeunes puissent être militants à part entière.
Ligne 34 : Ligne 35 :  
L'''Union Internationale des Organisations de Jeunesse Socialiste'' (UIOJS) fut fondée les 24-27 avril 1907 à Stuttgart, par 20 délégués jeunes représentant 13 pays, en tant que section de jeunesse de la [[Deuxième_Internationale|<span class="mw-redirect">Deuxième Internationale</span>]]. Le bureau international fut basé à Vienne (l'Union internationale de la jeunesse socialiste occupe toujours ces locaux depuis). Dirigée par [[Hendrik_de_Man|<span class="mw-redirect">Hendrik de Man</span>]] au moment de sa fondation, l’UIOJS est ensuite présidée de 1908 à 1925 par [[Robert_Danneberg|Robert Danneberg]], un militant autrichien alors proche de l’[[Antimilitarisme|antimilitarisme]] radical de [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]]. Participèrent aussi à la fondation [[Angelica_Balabanova|Angelica Balabanova]] (pour les traductions) et [[Henriette_Roland_Holst|Henriette Roland Holst]].
 
L'''Union Internationale des Organisations de Jeunesse Socialiste'' (UIOJS) fut fondée les 24-27 avril 1907 à Stuttgart, par 20 délégués jeunes représentant 13 pays, en tant que section de jeunesse de la [[Deuxième_Internationale|<span class="mw-redirect">Deuxième Internationale</span>]]. Le bureau international fut basé à Vienne (l'Union internationale de la jeunesse socialiste occupe toujours ces locaux depuis). Dirigée par [[Hendrik_de_Man|<span class="mw-redirect">Hendrik de Man</span>]] au moment de sa fondation, l’UIOJS est ensuite présidée de 1908 à 1925 par [[Robert_Danneberg|Robert Danneberg]], un militant autrichien alors proche de l’[[Antimilitarisme|antimilitarisme]] radical de [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]]. Participèrent aussi à la fondation [[Angelica_Balabanova|Angelica Balabanova]] (pour les traductions) et [[Henriette_Roland_Holst|Henriette Roland Holst]].
   −
=== La Première guerre mondiale ===
+
===La Première guerre mondiale===
    
En 1914, le déclenchement de la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]] met un terme au travail de l’UIOJS. Le conflit et le soutien apporté par les différents partis socialistes des pays belligérants à leurs gouvernements ([[Union_sacrée|Union sacrée]]) empêchent en effet toute coopération internationale et l’UIOJS cesse d’exister dans les faits.
 
En 1914, le déclenchement de la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]] met un terme au travail de l’UIOJS. Le conflit et le soutien apporté par les différents partis socialistes des pays belligérants à leurs gouvernements ([[Union_sacrée|Union sacrée]]) empêchent en effet toute coopération internationale et l’UIOJS cesse d’exister dans les faits.
Ligne 42 : Ligne 43 :  
En 1918, toutes les organisations de jeunesse socialistes d’Europe – à l’exception des allemands, français et néerlandais – avaient adhéré à l’UIOJS reconstituée.
 
En 1918, toutes les organisations de jeunesse socialistes d’Europe – à l’exception des allemands, français et néerlandais – avaient adhéré à l’UIOJS reconstituée.
   −
=== L'impact de la révolution d'Octobre ===
+
===L'impact de la révolution d'Octobre===
    
Bien qu’antimilitariste, l’UIOJS reconstituée est néanmoins partagée sur la manière de mettre fin au conflit. La faction [[centriste|centriste]] souhaite l'établissement d'un arbitrage contraignant tandis que l’aile gauche, influencée par la <span class="mw-redirect">révolution russe</span> de 1917, appelle à une révolution internationale pour combattre la guerre capitaliste. Cette division est à mettre en parallèle avec les divergences apparues lors de la [[Conférence_de_Zimmerwald|Conférence de Zimmerwald]] entre une majorité pacifiste et une gauche révolutionnaire.
 
Bien qu’antimilitariste, l’UIOJS reconstituée est néanmoins partagée sur la manière de mettre fin au conflit. La faction [[centriste|centriste]] souhaite l'établissement d'un arbitrage contraignant tandis que l’aile gauche, influencée par la <span class="mw-redirect">révolution russe</span> de 1917, appelle à une révolution internationale pour combattre la guerre capitaliste. Cette division est à mettre en parallèle avec les divergences apparues lors de la [[Conférence_de_Zimmerwald|Conférence de Zimmerwald]] entre une majorité pacifiste et une gauche révolutionnaire.
Ligne 48 : Ligne 49 :  
La moyenne d’âge du [[parti_bolchévik|parti bolchévik]] est de 19 ans en 1917. En Russie, le rôle des jeunes (en particulier des étudiants) dans la fondation des partis révolutionnaires a également été prépondérant à la fin du 19<sup>e</sup> et début du 20<sup>e</sup> siècle.
 
La moyenne d’âge du [[parti_bolchévik|parti bolchévik]] est de 19 ans en 1917. En Russie, le rôle des jeunes (en particulier des étudiants) dans la fondation des partis révolutionnaires a également été prépondérant à la fin du 19<sup>e</sup> et début du 20<sup>e</sup> siècle.
   −
=== L'Internationale des Jeunes Communistes ===
+
===L'Internationale des Jeunes Communistes===
 
[[File:InternationaleJeunesCommunistes.png|right|157px|InternationaleJeunesCommunistes.png]]  
 
[[File:InternationaleJeunesCommunistes.png|right|157px|InternationaleJeunesCommunistes.png]]  
 
En mars 1919, l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] est créée à Moscou à l’initiative de [[Lénine|Lénine]]. Le 20 novembre 1919, l’UIOJS tient sa première conférence d’après-guerre à Berlin. La conférence se tient clandestinement dans une brasserie (l’interdiction du parti communiste en Allemagne ne sera levée qu’en décembre) et réunie 19 délégués représentant 14 pays. La décision est prise au cours de ce congrès de renommer l’organisation «&nbsp;Internationale des jeunes communistes&nbsp;» (IJC). Le congrès de Berlin est ainsi de fait le dernier de l’UIOJS et le premier de l’IJC.
 
En mars 1919, l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] est créée à Moscou à l’initiative de [[Lénine|Lénine]]. Le 20 novembre 1919, l’UIOJS tient sa première conférence d’après-guerre à Berlin. La conférence se tient clandestinement dans une brasserie (l’interdiction du parti communiste en Allemagne ne sera levée qu’en décembre) et réunie 19 délégués représentant 14 pays. La décision est prise au cours de ce congrès de renommer l’organisation «&nbsp;Internationale des jeunes communistes&nbsp;» (IJC). Le congrès de Berlin est ainsi de fait le dernier de l’UIOJS et le premier de l’IJC.
Ligne 68 : Ligne 69 :  
À la sortie de la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], les vainqueurs réunissent en novembre 1945 à Londres une «&nbsp;conférence mondiale de la jeunesse&nbsp;». Elle débouche sur la création le 8 novembre de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), organisation à laquelle adhèrent les mouvements de jeunesse communistes mais que les staliniens essaient de rendre le plus large possible. La FMJD se veut une organisation «&nbsp;anti-impérialiste de gauche&nbsp;». Son siège est à Paris, et son président, un Français, [[Guy_de_Boysson|Guy de Boysson]], jeune communiste futur dirigeant de la banque soviétique en France. Mais lors du début de la [[Guerre_froide|guerre froide]] en 1947 puis du [[Coup_de_Prague|coup de Prague]] (1948), beaucoup d'organisations pro-américaines se sont retirés de la FMJD.
 
À la sortie de la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], les vainqueurs réunissent en novembre 1945 à Londres une «&nbsp;conférence mondiale de la jeunesse&nbsp;». Elle débouche sur la création le 8 novembre de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), organisation à laquelle adhèrent les mouvements de jeunesse communistes mais que les staliniens essaient de rendre le plus large possible. La FMJD se veut une organisation «&nbsp;anti-impérialiste de gauche&nbsp;». Son siège est à Paris, et son président, un Français, [[Guy_de_Boysson|Guy de Boysson]], jeune communiste futur dirigeant de la banque soviétique en France. Mais lors du début de la [[Guerre_froide|guerre froide]] en 1947 puis du [[Coup_de_Prague|coup de Prague]] (1948), beaucoup d'organisations pro-américaines se sont retirés de la FMJD.
   −
=== L'Internationale des Jeunes Socialistes ===
+
===L'Internationale des Jeunes Socialistes===
    
Deux organisations fondées en 1921, le ''Groupe de travail international des jeunes socialistes'' et l'''<span class="new">I</span>nternationale de la jeunesse ouvrière'' de tendance [[Sociale-démocrate|sociale-démocrate]] fusionnèrent dans l'<span class="new">''Internationale des Jeunes Socialistes''</span> en 1923 à Hambourg.
 
Deux organisations fondées en 1921, le ''Groupe de travail international des jeunes socialistes'' et l'''<span class="new">I</span>nternationale de la jeunesse ouvrière'' de tendance [[Sociale-démocrate|sociale-démocrate]] fusionnèrent dans l'<span class="new">''Internationale des Jeunes Socialistes''</span> en 1923 à Hambourg.
Ligne 76 : Ligne 77 :  
Après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], elle prend le nom d'Union internationale de la jeunesse socialiste lors du congrès du 30 septembre 1946 à Paris.
 
Après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], elle prend le nom d'Union internationale de la jeunesse socialiste lors du congrès du 30 septembre 1946 à Paris.
   −
=== Quatrième internationale ===
+
===Quatrième internationale===
    
Les organisations issues du [[Trotskisme|trotskisme]] tentent de mettre sur pied à leur échelle des organisations de jeunesse. Par exemple avec les Rencontres internationales de jeunes de la [[Quatrième_internationale_(Secrétariat-Unifié)|Quatrième internationale (Secrétariat-Unifié)]].
 
Les organisations issues du [[Trotskisme|trotskisme]] tentent de mettre sur pied à leur échelle des organisations de jeunesse. Par exemple avec les Rencontres internationales de jeunes de la [[Quatrième_internationale_(Secrétariat-Unifié)|Quatrième internationale (Secrétariat-Unifié)]].
   −
== Autres organisations ==
+
==Autres organisations==
   −
=== Jeunesse ouvrière chrétienne ===
+
===Jeunesse ouvrière chrétienne===
 
[[File:AfficheJOC.jpg|right|185px|AfficheJOC.jpg]]  
 
[[File:AfficheJOC.jpg|right|185px|AfficheJOC.jpg]]  
 
En 1925, un abbé belgé créé la [[Jeunesse_ouvrière_chrétienne|Jeunesse ouvrière chrétienne]], qui deviendra rapidement une organisation de masse, bien implantée des les usines et les quartiers populaires. Elle se prétendait apolitique et était active pour défendre des revendications spécifiques pour les jeunes travailleur-se-s.
 
En 1925, un abbé belgé créé la [[Jeunesse_ouvrière_chrétienne|Jeunesse ouvrière chrétienne]], qui deviendra rapidement une organisation de masse, bien implantée des les usines et les quartiers populaires. Elle se prétendait apolitique et était active pour défendre des revendications spécifiques pour les jeunes travailleur-se-s.
Ligne 94 : Ligne 95 :  
Le mouvement se déconfessionnalisme peu à peu après 1945. Aujourd'hui en France, la JOC regroupe 10&nbsp;000 jeunes de 15 à 30 ans.
 
Le mouvement se déconfessionnalisme peu à peu après 1945. Aujourd'hui en France, la JOC regroupe 10&nbsp;000 jeunes de 15 à 30 ans.
   −
=== L'Organisation juive de combat ===
+
===L'Organisation juive de combat===
    
L'Organisation juive de combat (OJC) est le groupe qui mena l'[[Soulèvement_du_ghetto_de_Varsovie|insurrection du ghetto de Varsovie]] en 1941. C'était une lutte héroïque, 200 combattants armés en tout et pour tout, au milieu d’une population affamée, tenant tête à 2000 SS et supplétifs, avec tanks et aviation. L’OJC était un [[front_unique|front unique]] des organisations de jeunesse socialistes juives. Presque tous les combattants sont des très jeunes, le commandement&nbsp;: «&nbsp;110 ans à nous cinq&nbsp;». L’OJC organise des exécutions de policiers et de collabos, réquisitionne la fortune des riches, et résiste aux assauts nazis pendant plusieurs semaines.
 
L'Organisation juive de combat (OJC) est le groupe qui mena l'[[Soulèvement_du_ghetto_de_Varsovie|insurrection du ghetto de Varsovie]] en 1941. C'était une lutte héroïque, 200 combattants armés en tout et pour tout, au milieu d’une population affamée, tenant tête à 2000 SS et supplétifs, avec tanks et aviation. L’OJC était un [[front_unique|front unique]] des organisations de jeunesse socialistes juives. Presque tous les combattants sont des très jeunes, le commandement&nbsp;: «&nbsp;110 ans à nous cinq&nbsp;». L’OJC organise des exécutions de policiers et de collabos, réquisitionne la fortune des riches, et résiste aux assauts nazis pendant plusieurs semaines.
   −
=== Extrême droite ===
+
===Extrême droite===
    
La révolte de la jeunesse ne se dirige pas automatiquement sur les bonnes cibles. Dans les années 1930, une partie non négligeable de la jeunesse était radicalisée vers l'[[extrême_droite|extrême droite]]. La première étape de la construction du [[nazisme|mouvement nazi]] en Allemagne a été de gagner la majorité chez les étudiants, ce qui a été fait bien avant que le parti nazi ne gagne des millions d’électeurs (même chose en Espagne et en Italie). Et une fois les fascismes au pouvoir, l'embrigadement de la jeunesse constitue une consolidation du régime (''ballilas'' de Mussolini, jeunesses hitlériennes...).
 
La révolte de la jeunesse ne se dirige pas automatiquement sur les bonnes cibles. Dans les années 1930, une partie non négligeable de la jeunesse était radicalisée vers l'[[extrême_droite|extrême droite]]. La première étape de la construction du [[nazisme|mouvement nazi]] en Allemagne a été de gagner la majorité chez les étudiants, ce qui a été fait bien avant que le parti nazi ne gagne des millions d’électeurs (même chose en Espagne et en Italie). Et une fois les fascismes au pouvoir, l'embrigadement de la jeunesse constitue une consolidation du régime (''ballilas'' de Mussolini, jeunesses hitlériennes...).
Ligne 104 : Ligne 105 :  
En France aussi, l'extrême droite était extrêmement implantée dans la jeunesse, surtout étudiante :
 
En France aussi, l'extrême droite était extrêmement implantée dans la jeunesse, surtout étudiante :
   −
*les Camelots du Roi, jeunes de l'Action française  
+
*les Camelots du Roi, jeunes de l'Action française
*les Jeunesses patriotes  
+
*les Jeunesses patriotes
*les Fils et Filles de Croix-de-Feu  
+
*les Fils et Filles de Croix-de-Feu
*les Volontaires nationaux, fondés par le colonel de La Rocque en juillet 1933  
+
*les Volontaires nationaux, fondés par le colonel de La Rocque en juillet 1933
    
Les JC sont en perpétuel affrontement avec ces mouvements, en particulier lors de la vente de ''L’Avant Garde''. Au congrès de l’Internationale communiste des jeunes le 9 août 1935, Raymond Guyot, secrétaire général de la JC, déclare que&nbsp;:
 
Les JC sont en perpétuel affrontement avec ces mouvements, en particulier lors de la vente de ''L’Avant Garde''. Au congrès de l’Internationale communiste des jeunes le 9 août 1935, Raymond Guyot, secrétaire général de la JC, déclare que&nbsp;:
Ligne 113 : Ligne 114 :  
Toutefois, après le tournant "unitaire" de 1934, les JC se retrouveront à tendre la main aux "fascistes" d'hier. Ainsi, le 18 juillet 1936 en «&nbsp;une&nbsp;» de ''L’Avant Garde,'' peut-on lire&nbsp;: «&nbsp;''Nous te tendons la main, jeunes volontaires nationaux.''&nbsp;». Même pendant la [[Juin_1936_en_France|grève générale de juin 1936]], c'est l'Action française qui domine au Quartier latin.
 
Toutefois, après le tournant "unitaire" de 1934, les JC se retrouveront à tendre la main aux "fascistes" d'hier. Ainsi, le 18 juillet 1936 en «&nbsp;une&nbsp;» de ''L’Avant Garde,'' peut-on lire&nbsp;: «&nbsp;''Nous te tendons la main, jeunes volontaires nationaux.''&nbsp;». Même pendant la [[Juin_1936_en_France|grève générale de juin 1936]], c'est l'Action française qui domine au Quartier latin.
   −
== Autonomie de la jeunesse ==
+
==Autonomie de la jeunesse==
    
{{...}}
 
{{...}}
Ligne 119 : Ligne 120 :  
Il y eut et il y a beaucoup de débats au sein du mouvement ouvrier et socialiste sur la question de savoir si les jeunes doivent être organisés séparément, et si oui, si cette organisation doit être autonome / indépendante de l'organisation "soeur".
 
Il y eut et il y a beaucoup de débats au sein du mouvement ouvrier et socialiste sur la question de savoir si les jeunes doivent être organisés séparément, et si oui, si cette organisation doit être autonome / indépendante de l'organisation "soeur".
   −
=== Lénine ===
+
===Lénine===
    
Lénine a beaucoup réfléchi au rôle des jeunes dans l’activité révolutionnaire et à leur place comme catégorie à part entière dans l’organisation communiste.
 
Lénine a beaucoup réfléchi au rôle des jeunes dans l’activité révolutionnaire et à leur place comme catégorie à part entière dans l’organisation communiste.
<blockquote>«&nbsp;le groupement de jeunes n’est pas une copie du Parti mais un collaborateur qui a sa propre direction&nbsp;»<ref>Lénine, Textes sur la jeunesse, Moscou, Éditions du Progrès, 1970.</ref><br/> <br/> «&nbsp;Nous devons être, ''sans réserve partisans de l’indépendance de l’union de la jeunesse sur le plan de l’organisation non seulement parce que les opportunistes craignent cette indépendance, mais quant au fond. Car, sans une complète indépendance, la jeunesse ne pourra pas faire son éducation de bons socialistes, ni se préparer à faire progresser le socialisme. Donc, pour l’indépendance la plus complète de l’union de la jeunesse, mais aussi pour une complète liberté de la critiquer en toute camaraderie pour ses erreurs''&nbsp;!&nbsp;»<ref name="LenineInter" /></blockquote>  
+
<blockquote>«&nbsp;le groupement de jeunes n’est pas une copie du Parti mais un collaborateur qui a sa propre direction&nbsp;»<ref>Lénine, Textes sur la jeunesse, Moscou, Éditions du Progrès, 1970.</ref><br /> <br /> «&nbsp;Nous devons être, ''sans réserve partisans de l’indépendance de l’union de la jeunesse sur le plan de l’organisation non seulement parce que les opportunistes craignent cette indépendance, mais quant au fond. Car, sans une complète indépendance, la jeunesse ne pourra pas faire son éducation de bons socialistes, ni se préparer à faire progresser le socialisme. Donc, pour l’indépendance la plus complète de l’union de la jeunesse, mais aussi pour une complète liberté de la critiquer en toute camaraderie pour ses erreurs''&nbsp;!&nbsp;»<ref name="LenineInter" /></blockquote>  
=== Trotsky ===
+
===Trotsky===
    
Fin 1923, lorsqu'il défend un [[Cours_nouveau|''Cours nouveau'']] plus démocratique, dans le [[Parti_bolchévik|parti bolchévik]], et notamment le fait que le parti se subordonne réellement son appareil, [[Trotsky|Trotsky]] est accusé de vouloir monter la jeunesse contre la vieille garde.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/coursnouveau/cn13.html Cours Nouveau]'', 1923</ref>
 
Fin 1923, lorsqu'il défend un [[Cours_nouveau|''Cours nouveau'']] plus démocratique, dans le [[Parti_bolchévik|parti bolchévik]], et notamment le fait que le parti se subordonne réellement son appareil, [[Trotsky|Trotsky]] est accusé de vouloir monter la jeunesse contre la vieille garde.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/coursnouveau/cn13.html Cours Nouveau]'', 1923</ref>
   −
=== L'Internationale communiste ===
+
===L'Internationale communiste===
    
Les premières années de l’IJC sont marquées par la question des relations entre les mouvements de jeunesse et les partis communistes qui apparaissent dans chaque pays.
 
Les premières années de l’IJC sont marquées par la question des relations entre les mouvements de jeunesse et les partis communistes qui apparaissent dans chaque pays.
Ligne 141 : Ligne 142 :  
Le 16 novembre 1935, Raymond Guyot déclare dans ''l’Humanité''&nbsp;: «&nbsp;''la JC doit cesser d’être un petit parti, elle doit être une organisation de masse, sans parti de jeunes''.&nbsp;» Après le Front populaire, La JC, qui est désormais une organisation de jeunes ouverte à tous, devient officiellement «&nbsp;indépendante&nbsp;» de son parti. Alors qu’en 1933-1935, ''l’Humanité'' avait consacré attention et propagande à la JC, celle-ci disparaît progressivement de ses colonnes.
 
Le 16 novembre 1935, Raymond Guyot déclare dans ''l’Humanité''&nbsp;: «&nbsp;''la JC doit cesser d’être un petit parti, elle doit être une organisation de masse, sans parti de jeunes''.&nbsp;» Après le Front populaire, La JC, qui est désormais une organisation de jeunes ouverte à tous, devient officiellement «&nbsp;indépendante&nbsp;» de son parti. Alors qu’en 1933-1935, ''l’Humanité'' avait consacré attention et propagande à la JC, celle-ci disparaît progressivement de ses colonnes.
   −
== Exemples de radicalité ==
+
==Exemples de radicalité==
   −
=== Dans les grèves ===
+
===Dans les grèves===
    
Dans les entreprises, si les jeunes sont souvent moins [[Syndiqués|syndiqués]] que les «&nbsp;anciens&nbsp;», ils sont néanmoins souvent plus contestataires et ont recours à des formes plus spectaculaires de lutte&nbsp;: non seulement l’absentéisme et le dénigrement carnavelesque du patronat, mais parfois le sabotage ou la séquestration de petits chefs ou de patrons… «&nbsp;''Dans toutes les grèves du second Empire —&nbsp;surtout quand elles concernent les grandes entreprises modernes (mines, textile)&nbsp;— les jeunes ouvriers sont au premier rang''&nbsp;». L’historienne Michelle Perrot l’a elle aussi montré pour les grèves de la période 1871-1890&nbsp;: parmi les meneurs des grèves, la catégorie des 20-25 ans se détache nettement&nbsp;; plus de 70&nbsp;% des grévistes ont entre 15 et 34 ans&nbsp;; plus précisément, 42&nbsp;% ont entre 20 et 29&nbsp;ans&nbsp;; «&nbsp;35 ans marque une chute sensible&nbsp;». Au cours des grèves les plus puissantes —&nbsp;celles des mineurs et des métallos à Rives-de-Gier (1894), au Creusot (1899), à Longwy (1905), celles du Front populaire puis de Mai&nbsp;68&nbsp;—, ils se sont distingués par leur forte présence parmi les grévistes, l’absence de responsabilités familiales jouant en faveur d’un plein engagement dans la grève. Chaque fois, ces grèves furent caractérisées par leur spontanéité, leur caractère souvent violent, mais aussi leur ténacité.<ref>Tendance Claire du NPA, [http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=95 Les jeunes : victimes particulières du système capitaliste... et particulièrement enclins à la révolte], 2007</ref>
 
Dans les entreprises, si les jeunes sont souvent moins [[Syndiqués|syndiqués]] que les «&nbsp;anciens&nbsp;», ils sont néanmoins souvent plus contestataires et ont recours à des formes plus spectaculaires de lutte&nbsp;: non seulement l’absentéisme et le dénigrement carnavelesque du patronat, mais parfois le sabotage ou la séquestration de petits chefs ou de patrons… «&nbsp;''Dans toutes les grèves du second Empire —&nbsp;surtout quand elles concernent les grandes entreprises modernes (mines, textile)&nbsp;— les jeunes ouvriers sont au premier rang''&nbsp;». L’historienne Michelle Perrot l’a elle aussi montré pour les grèves de la période 1871-1890&nbsp;: parmi les meneurs des grèves, la catégorie des 20-25 ans se détache nettement&nbsp;; plus de 70&nbsp;% des grévistes ont entre 15 et 34 ans&nbsp;; plus précisément, 42&nbsp;% ont entre 20 et 29&nbsp;ans&nbsp;; «&nbsp;35 ans marque une chute sensible&nbsp;». Au cours des grèves les plus puissantes —&nbsp;celles des mineurs et des métallos à Rives-de-Gier (1894), au Creusot (1899), à Longwy (1905), celles du Front populaire puis de Mai&nbsp;68&nbsp;—, ils se sont distingués par leur forte présence parmi les grévistes, l’absence de responsabilités familiales jouant en faveur d’un plein engagement dans la grève. Chaque fois, ces grèves furent caractérisées par leur spontanéité, leur caractère souvent violent, mais aussi leur ténacité.<ref>Tendance Claire du NPA, [http://tendanceclaire.npa.free.fr/article.php?id=95 Les jeunes : victimes particulières du système capitaliste... et particulièrement enclins à la révolte], 2007</ref>
   −
=== Étudiants ===
+
===Étudiants===
    
Au 19<sup>e</sup> siècle et durant une bonne partie du 20<sup>e</sup> siècle, jusqu’aux années 1960 environ, les étudiants n’étaient, quant à eux, pas socialement liés à la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]]. Ils étaient au contraire une très faible minorité des classes d’âge concernées, issus très généralement de la moyenne et de la grande [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. Mais la prolongation même de leurs études contribuait à aiguiser leur esprit critique. Dès lors, ils se trouvèrent fréquemment à l’initiative de mouvements insurrectionnels, liés non à des revendications économiques, mais à des objectifs politiques et démocratiques, lorsqu’il s’agissait de lutter contre un régime autocratique, pour la conquête et la défense de certaines libertés. Les étudiants participèrent ainsi aux grandes révolutions européennes du 19<sup>e</sup> siècle. En France, lors des journées de juillet 1830 qui mirent à bas la monarchie restaurée, celle de Charles&nbsp;X, les étudiants participèrent au pillage d’armureries, donnèrent les premiers coups de feu contre l’armée du roi et aidèrent à dresser les premières barricades&nbsp;; dans les quartiers populaires de l’Est parisien, étudiants républicains et ouvriers participèrent ensemble à la résistance armée, puis à l’offensive finalement victorieuse. En février 1848, ils furent aussi très présents parmi les insurgés qui renversèrent le régime de Louis-Philippe et proclamèrent la République, mais aussi parmi les révolutionnaires du «&nbsp;[[Printemps_des_peuples|printemps des peuples]]&nbsp;» un peu partout en Europe. Dans chacun de ces moments révolutionnaires, le rôle de la classe ouvrière a été moteur et véritablement déterminant&nbsp;; mais les étudiants ont souvent concouru à déclencher les mouvements.
 
Au 19<sup>e</sup> siècle et durant une bonne partie du 20<sup>e</sup> siècle, jusqu’aux années 1960 environ, les étudiants n’étaient, quant à eux, pas socialement liés à la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]]. Ils étaient au contraire une très faible minorité des classes d’âge concernées, issus très généralement de la moyenne et de la grande [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. Mais la prolongation même de leurs études contribuait à aiguiser leur esprit critique. Dès lors, ils se trouvèrent fréquemment à l’initiative de mouvements insurrectionnels, liés non à des revendications économiques, mais à des objectifs politiques et démocratiques, lorsqu’il s’agissait de lutter contre un régime autocratique, pour la conquête et la défense de certaines libertés. Les étudiants participèrent ainsi aux grandes révolutions européennes du 19<sup>e</sup> siècle. En France, lors des journées de juillet 1830 qui mirent à bas la monarchie restaurée, celle de Charles&nbsp;X, les étudiants participèrent au pillage d’armureries, donnèrent les premiers coups de feu contre l’armée du roi et aidèrent à dresser les premières barricades&nbsp;; dans les quartiers populaires de l’Est parisien, étudiants républicains et ouvriers participèrent ensemble à la résistance armée, puis à l’offensive finalement victorieuse. En février 1848, ils furent aussi très présents parmi les insurgés qui renversèrent le régime de Louis-Philippe et proclamèrent la République, mais aussi parmi les révolutionnaires du «&nbsp;[[Printemps_des_peuples|printemps des peuples]]&nbsp;» un peu partout en Europe. Dans chacun de ces moments révolutionnaires, le rôle de la classe ouvrière a été moteur et véritablement déterminant&nbsp;; mais les étudiants ont souvent concouru à déclencher les mouvements.
Ligne 159 : Ligne 160 :  
En France ce qui était au départ une manif de 30 000 étudiants pour la libération de militants arrêtés par la police se transforme en affrontements avec la police qui débouchent sur une grève générale de 10 millions de travailleurs. Mais 68, c’est aussi le mouvement étudiant au Pakistan qui déclenche une crise sociale telle que le régime dictatorial chute, le mouvement massif qui déclenche également des crises sociales importantes en Egypte ou au Mexique, et c’est encore l’occupation de l’université de Belgrade en juin 68 qui déclenche le mouvement révolutionnaire contre la dictature bureaucratique.
 
En France ce qui était au départ une manif de 30 000 étudiants pour la libération de militants arrêtés par la police se transforme en affrontements avec la police qui débouchent sur une grève générale de 10 millions de travailleurs. Mais 68, c’est aussi le mouvement étudiant au Pakistan qui déclenche une crise sociale telle que le régime dictatorial chute, le mouvement massif qui déclenche également des crises sociales importantes en Egypte ou au Mexique, et c’est encore l’occupation de l’université de Belgrade en juin 68 qui déclenche le mouvement révolutionnaire contre la dictature bureaucratique.
   −
=== Au sein des partis ouvriers ===
+
===Au sein des partis ouvriers===
    
La [[Deuxième_internationale|Deuxième internationale]] était sous la surface [[Marxiste|marxiste]] gangrenée par l'[[Opportunisme|opportunisme]], surtout dans les sphères des dirigeants des syndicats et des partis (de fait dominés par des membres plus agés). La jeunesse était plus radicale, et elle était notamment influencée par les positions de [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]]. Après l'éclatement de la guerre, dès avril 1915, de nombreux jeunes social-démocrates participent à une conférence internationale antimilitariste à Berne.
 
La [[Deuxième_internationale|Deuxième internationale]] était sous la surface [[Marxiste|marxiste]] gangrenée par l'[[Opportunisme|opportunisme]], surtout dans les sphères des dirigeants des syndicats et des partis (de fait dominés par des membres plus agés). La jeunesse était plus radicale, et elle était notamment influencée par les positions de [[Karl_Liebknecht|Karl Liebknecht]]. Après l'éclatement de la guerre, dès avril 1915, de nombreux jeunes social-démocrates participent à une conférence internationale antimilitariste à Berne.
Ligne 175 : Ligne 176 :  
C’est bien souvent des jeunes qu’est venue la contestation contre les [[bureaucraties|bureaucraties]] dans le mouvement ouvrier. Ce fut le cas par exemple au sein du [[PCF|PCF]] lors de la crise de 1931, dite du groupe «&nbsp;Barbé-Célor&nbsp;», dirigeants des Jeunesses communistes accusés par l’appareil [[Stalinien|stalinien]] de tenir des réunions fractionnelles clandestines au sein du parti et taxés de «&nbsp;[[Gauchisme|gauchisme]]&nbsp;»&nbsp;; ce fut encore le cas pendant la guerre d’Algérie lors de la crise dite «&nbsp;Servin-Canova&nbsp;», et ses rebondissements en 1965 quand, à l’issue d’un travail d’opposition puis de fraction à l’intérieur de l’[[Union_des_étudiants_communistes|Union des étudiants communistes]] (UEC), une centaine de jeunes militants (parmi lesquels [[Alain_Krivine|Alain Krivine]]) furent exclus et fondèrent la [[Jeunesse_communiste_révolutionnaire|Jeunesse communiste révolutionnaire]] (JCR).
 
C’est bien souvent des jeunes qu’est venue la contestation contre les [[bureaucraties|bureaucraties]] dans le mouvement ouvrier. Ce fut le cas par exemple au sein du [[PCF|PCF]] lors de la crise de 1931, dite du groupe «&nbsp;Barbé-Célor&nbsp;», dirigeants des Jeunesses communistes accusés par l’appareil [[Stalinien|stalinien]] de tenir des réunions fractionnelles clandestines au sein du parti et taxés de «&nbsp;[[Gauchisme|gauchisme]]&nbsp;»&nbsp;; ce fut encore le cas pendant la guerre d’Algérie lors de la crise dite «&nbsp;Servin-Canova&nbsp;», et ses rebondissements en 1965 quand, à l’issue d’un travail d’opposition puis de fraction à l’intérieur de l’[[Union_des_étudiants_communistes|Union des étudiants communistes]] (UEC), une centaine de jeunes militants (parmi lesquels [[Alain_Krivine|Alain Krivine]]) furent exclus et fondèrent la [[Jeunesse_communiste_révolutionnaire|Jeunesse communiste révolutionnaire]] (JCR).
   −
=== Plus récemment ===
+
===Plus récemment===
    
La jeunesse a joué un rôle majeur dans les [[révolutions_arabes|révolutions arabes de 2011]] qui ont renversé les dictateurs Moubarak (Egypte) et Ben Ali (Tunisie). Les jeunes en armes étaient en première ligne pour défendre les bastions révolutionnaires (place Tahrir, quartiers insurgés de Tunis...). Les martyrs morts avant (comme Mohamed Bouazizi) ou pendant le soulèvement sont en grande majorité des jeunes. Des lycéens et collégiens ont obtenu que les programmes scolaires soient purgés de toutes références aux soi-disant réalisations positives de Moubarak et ont aboli les châtiments corporels. Les clubs de supporters ultra, très jeunes, ont été à l'avant garde des affrontements avec la police. Les mobilisations ont eu lieu dans une grande solidarité avec les grèves ouvrières (souvent elles-mêmes menées par des jeunes travailleurs), et par ailleurs la conscience de l'importance de la classe ouvrière était présente, comme le montre ce texte du bloggeur et militant révolutionnaire Hossam El-Hamalawy&nbsp;:
 
La jeunesse a joué un rôle majeur dans les [[révolutions_arabes|révolutions arabes de 2011]] qui ont renversé les dictateurs Moubarak (Egypte) et Ben Ali (Tunisie). Les jeunes en armes étaient en première ligne pour défendre les bastions révolutionnaires (place Tahrir, quartiers insurgés de Tunis...). Les martyrs morts avant (comme Mohamed Bouazizi) ou pendant le soulèvement sont en grande majorité des jeunes. Des lycéens et collégiens ont obtenu que les programmes scolaires soient purgés de toutes références aux soi-disant réalisations positives de Moubarak et ont aboli les châtiments corporels. Les clubs de supporters ultra, très jeunes, ont été à l'avant garde des affrontements avec la police. Les mobilisations ont eu lieu dans une grande solidarité avec les grèves ouvrières (souvent elles-mêmes menées par des jeunes travailleurs), et par ailleurs la conscience de l'importance de la classe ouvrière était présente, comme le montre ce texte du bloggeur et militant révolutionnaire Hossam El-Hamalawy&nbsp;:
Ligne 181 : Ligne 182 :  
«&nbsp;Tout le temps où nous étions place Tahrir, nous pouvions contrôler la place Tahrir, mais nous ne contrôlions pas le reste du pays. Hosni Mubarak et son entourage étaient toujours en place et tenaient le bâton du pouvoir entre les mains. (…) Mais les grèves généralisées de mercredi et jeudi ont changé la situation. Les étudiants pouvaient manifester et occuper leurs universités pendant toute une année. Le gouvernement peut les fermer. Les juges pouvaient organiser des manifs héroïques. Le gouvernement peut fermer les tribunaux-il a des cours militaires. Si les journalistes manifestent, le gouvernement peut fermer les journaux. Mais les travailleurs, s’ils font grève, c’est «&nbsp;game over&nbsp;». La partie est terminée parce que la machine ne marchera pas. Il n’y a pas d’argent qui circule, il n’y a plus de trains plus de bus, les usines ne tournent plus. C’est «&nbsp;game over&nbsp;». <ref>http://www.jadaliyya.com/pages/index/1387/english-translation-of-interview-with-hossam-el-ha</ref>
 
«&nbsp;Tout le temps où nous étions place Tahrir, nous pouvions contrôler la place Tahrir, mais nous ne contrôlions pas le reste du pays. Hosni Mubarak et son entourage étaient toujours en place et tenaient le bâton du pouvoir entre les mains. (…) Mais les grèves généralisées de mercredi et jeudi ont changé la situation. Les étudiants pouvaient manifester et occuper leurs universités pendant toute une année. Le gouvernement peut les fermer. Les juges pouvaient organiser des manifs héroïques. Le gouvernement peut fermer les tribunaux-il a des cours militaires. Si les journalistes manifestent, le gouvernement peut fermer les journaux. Mais les travailleurs, s’ils font grève, c’est «&nbsp;game over&nbsp;». La partie est terminée parce que la machine ne marchera pas. Il n’y a pas d’argent qui circule, il n’y a plus de trains plus de bus, les usines ne tournent plus. C’est «&nbsp;game over&nbsp;». <ref>http://www.jadaliyya.com/pages/index/1387/english-translation-of-interview-with-hossam-el-ha</ref>
 
</blockquote>  
 
</blockquote>  
== Notes et sources ==
+
==Notes et sources==
   −
*Field Brohm, ''Jeunesse et Révolution'', Maspéro, 1975  
+
*Field Brohm, ''Jeunesse et Révolution'', Maspéro, 1975
*Ernest Mandel, [http://www.ernestmandel.org/new/ecrits/article/les-etudiants-les-intellectuels-et ''Les étudiants, les intellectuels et la lutte des classes''], Éditions La Brèche, 1979, Paris  
+
*Ernest Mandel, [http://www.ernestmandel.org/new/ecrits/article/les-etudiants-les-intellectuels-et ''Les étudiants, les intellectuels et la lutte des classes''], Éditions La Brèche, 1979, Paris
*<span class="notice-heada" draggable="yes" dragtype="notice" id="drag_noti_656"><span class="header_title" notice="656">Le miroir de l'Internationale Communiste de la Jeunesse 1914-1924</span> / Philippe ANDRÉA ''in Quatrième Internationale, 42e année / 3e série, n°14 (1er juillet 1984)''</span>  
+
*<span class="notice-heada" id="drag_noti_656" draggable="yes" dragtype="notice"><span class="header_title" notice="656">Le miroir de l'Internationale Communiste de la Jeunesse 1914-1924</span> / Philippe ANDRÉA ''in Quatrième Internationale, 42e année / 3e série, n°14 (1er juillet 1984)''</span>
*Revue du Centre d'histoire de Science Po, [http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=04&rub=dossier Les jeunes, sujets et enjeux politiques (France, XXe siècle)]  
+
*Revue du Centre d'histoire de Science Po, [http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=04&rub=dossier Les jeunes, sujets et enjeux politiques (France, XXe siècle)]
*[http://www.internationalcamp.org/spip.php?article279 Le rôle de la jeunesse et de la classe ouvrière dans la révolution – à la lumière des révolutions au Sud de la Méditerranée], 2011  
+
*[http://www.internationalcamp.org/spip.php?article279 Le rôle de la jeunesse et de la classe ouvrière dans la révolution – à la lumière des révolutions au Sud de la Méditerranée], 2011
   −
<references /><br/> <br/> &nbsp;
+
<references /><br /> <br /> &nbsp;
   −
[[Category:Théorie]] [[Category:Politique révolutionnaire]]
+
[[Category:Théorie]]  
 +
[[Category:Politique révolutionnaire]]

Menu de navigation