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Le programme du [[Parti_ouvrier_français|Parti ouvrier]] (1880) revendique la suppression ''«&nbsp;de tous les articles du Code [civil] établissant l'infériorité de la femme vis-à-vis de l'homme&nbsp;»''.<ref>[https://www.marxists.org/francais/inter_soc/pof/18800700.htm Programme du Parti ouvrier français], 1880</ref> Au sein du parti, [[Léonie_Rouzade|Léonie Rouzade]] créé l’Union des femmes, un groupe de femmes à Paris qui poussera pour une prise en compte des revendications féministes. Quand les revendications féministes auront finalement été intégrées au programme du parti, en 1885, l’Union des femmes aura périclité.
 
Le programme du [[Parti_ouvrier_français|Parti ouvrier]] (1880) revendique la suppression ''«&nbsp;de tous les articles du Code [civil] établissant l'infériorité de la femme vis-à-vis de l'homme&nbsp;»''.<ref>[https://www.marxists.org/francais/inter_soc/pof/18800700.htm Programme du Parti ouvrier français], 1880</ref> Au sein du parti, [[Léonie_Rouzade|Léonie Rouzade]] créé l’Union des femmes, un groupe de femmes à Paris qui poussera pour une prise en compte des revendications féministes. Quand les revendications féministes auront finalement été intégrées au programme du parti, en 1885, l’Union des femmes aura périclité.
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[[File:MadeleinePelletier.jpg|frame|right|160px|Madeleine Pelletier]]   
 
[[File:MadeleinePelletier.jpg|frame|right|160px|Madeleine Pelletier]]   
 
Les grandes associations féministes qui naissent alors sont de fait des organisations bourgeoises, dont les rapports réciproques avec le mouvement ouvrier seront tendus. Les quelques militantes désireuses d’associer [[Féminisme|féminisme]] et mouvement ouvrier – [[Marie_Guillot|Marie Guillot]], [[Marie_Bonnevial|Marie Bonnevial]], [[Maria_Vérone|Maria Vérone]], [[Marianne_Rauze|Marianne Rauze]], [[Madeleine_Pelletier|Madeleine Pelletier]], [[Hélène_Brion|Hélène Brion]] ou encore [[Élisabeth_Renaud|Élisabeth Renaud]] – se retrouveront généralement isolées.
 
Les grandes associations féministes qui naissent alors sont de fait des organisations bourgeoises, dont les rapports réciproques avec le mouvement ouvrier seront tendus. Les quelques militantes désireuses d’associer [[Féminisme|féminisme]] et mouvement ouvrier – [[Marie_Guillot|Marie Guillot]], [[Marie_Bonnevial|Marie Bonnevial]], [[Maria_Vérone|Maria Vérone]], [[Marianne_Rauze|Marianne Rauze]], [[Madeleine_Pelletier|Madeleine Pelletier]], [[Hélène_Brion|Hélène Brion]] ou encore [[Élisabeth_Renaud|Élisabeth Renaud]] – se retrouveront généralement isolées.
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===Deuxième Internationale (1889-1914)===
 
===Deuxième Internationale (1889-1914)===
[[File:Zetkin Luxemburg 1910.jpg|frame|right|250x337px|Zetkin et Luxemburg en 1910]]   
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[[File:Zetkin Luxemburg 1910.jpg|right|359x359px|Zetkin et Luxemburg en 1910|vignette]]   
 
La plupart des socialistes parlent encore de «&nbsp;double tâche sociale de la femme&nbsp;»&nbsp;: production et reproduction (celle-ci reposant sur une spécificité biologique des femmes). Cela les conduit à stigmatiser les revendications égalitaristes de certaines féministes.
 
La plupart des socialistes parlent encore de «&nbsp;double tâche sociale de la femme&nbsp;»&nbsp;: production et reproduction (celle-ci reposant sur une spécificité biologique des femmes). Cela les conduit à stigmatiser les revendications égalitaristes de certaines féministes.
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===Législation spécifique pour les ouvrières&nbsp;?===
 
===Législation spécifique pour les ouvrières&nbsp;?===
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La plupart des socialistes du 19<sup>ème</sup> siècle et de la première moitié du 20<sup>ème</sup> siècle revendiquaient un encradement spécifique du travail des femmes, au nom de leur protection, en particulier des mères. Très souvent, ces aménagements étaient défendus de concert avec la lutte contre le [[Travail_des_enfants|travail des enfants]]. Cela s'appuyait sur une réalité du contexte de l'exploitation capitaliste, qui est que la mortalité des femmes et des enfants qu'elles portaient était nettement aggravée par le travail en usine. Néanmoins on peut dire que le mouvement ouvrier a longtemps été imprégné d'un "féminisme maternaliste".
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La plupart des socialistes du 19<sup>e</sup> siècle et de la première moitié du 20<sup>e</sup> siècle revendiquaient un encadrement spécifique du travail des femmes, au nom de leur protection, en particulier des mères. Très souvent, ces aménagements étaient défendus de concert avec la lutte contre le [[Travail_des_enfants|travail des enfants]]. Cela s'appuyait sur une réalité du contexte de la [[révolution industrielle]] anglaise, avec une forte mortalité des femmes et des enfants qu'elles portaient. Néanmoins on peut dire que le mouvement ouvrier a longtemps été imprégné d'un "féminisme maternaliste".
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Les ouvriers hommes étaient souvent réticents à voir des femmes travailler, surtout dans des métiers réputés très durs (donc « masculins »). Par exemple le travail des femmes au fond des mines fut interdit en 1842, mais celles-ci travaillaient encore en surface. Marx cite des mineurs qui estiment que ce travail reste ''« humiliant et dégradant pour le sexe faible. Les femmes portent des vêtements d'hommes. Il y en a qui fument. Dans beaucoup de cas, toute pudeur est mise de côté. Le travail est aussi sale que dans les mines. Dans le nombre se trouvent beaucoup de femmes mariées oui ne peuvent remplir leurs devoirs domestiques. »''<ref>Karl Marx, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-15-9.htm ''Le Capital'', Livre I, Chapitre XV - IX. - Législation de fabrique, 1867]</ref> Marx relève aussi le cas d'ouvrières s'opposant à une limitation légale de leur travail, celles-ci ayant besoin de leurs maigres revenus<ref>Cf. Le Capital, ou la lettre à Kugelmann du 17 mars 1868</ref>.
    
Marx défendait l'intégration des femmes au marché du travail, mais il était aussi en faveur d'une limitation spécifique de leur [[Temps_de_travail|temps de travail]]. Un de ses arguments est que cela entraînerait ensuite aussi une diminution du temps de travail des hommes<ref>Cf. par exemple K. Marx, Misère de la philosophie, 1847</ref>. A l'été 1868, au conseil général de l'[[AIT|AIT]], Marx et [[Harriet_Law|Harriet Law]] eurent un débat sur l'appréciation de la situation des femmes travailleuses. Marx mettait l'accent sur les conditions "abominables", tandis qu'Harriet Law soulignait plutôt l'indépendance accrue des femmes.
 
Marx défendait l'intégration des femmes au marché du travail, mais il était aussi en faveur d'une limitation spécifique de leur [[Temps_de_travail|temps de travail]]. Un de ses arguments est que cela entraînerait ensuite aussi une diminution du temps de travail des hommes<ref>Cf. par exemple K. Marx, Misère de la philosophie, 1847</ref>. A l'été 1868, au conseil général de l'[[AIT|AIT]], Marx et [[Harriet_Law|Harriet Law]] eurent un débat sur l'appréciation de la situation des femmes travailleuses. Marx mettait l'accent sur les conditions "abominables", tandis qu'Harriet Law soulignait plutôt l'indépendance accrue des femmes.
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Marx relève le cas d'ouvrières s'opposant à une limitation légale de leur travail, celles-ci ayant besoin de leurs maigres revenus<ref>Cf. Le Capital, ou la lettre à Kugelmann du 17 mars 1868</ref>. Le programme de Gotha (1875) du parti ouvrier allemand préconisait une limitation du travail des femmes, que Marx a critiqué car il n'était pas explicité que les femmes devaient être intégrées à la production.<ref>[https://www.marxists.org/francais/inter_soc/spd/18750500.htm Programme de Gotha du parti social-démocrate allemand], 1875</ref>
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Le programme de Gotha (1875) du parti ouvrier allemand préconisait une limitation du travail des femmes, que Marx a critiqué car il n'était pas explicité que les femmes devaient être intégrées à la production.<ref>[https://www.marxists.org/francais/inter_soc/spd/18750500.htm Programme de Gotha du parti social-démocrate allemand], 1875</ref>
    
De nombreuses féministes, la plupart issues du [[Féminisme_bourgeois|féminisme bourgeois]], se sont opposé à ces législations au nom de l'égalité juridique, et parfois au nom du fait que cela limitait l'indépendance financière des femmes par rapport aux hommes. La plupart des socialistes disqualifiaient leurs critiques au nom du fait qu'elles ne sont pas vivent pas le travail d'usine, voire qu'elles en profitent. Engels faisait la réponse suivante en 1885 à une féministe qui s'opposait à une législation spécifique&nbsp;:
 
De nombreuses féministes, la plupart issues du [[Féminisme_bourgeois|féminisme bourgeois]], se sont opposé à ces législations au nom de l'égalité juridique, et parfois au nom du fait que cela limitait l'indépendance financière des femmes par rapport aux hommes. La plupart des socialistes disqualifiaient leurs critiques au nom du fait qu'elles ne sont pas vivent pas le travail d'usine, voire qu'elles en profitent. Engels faisait la réponse suivante en 1885 à une féministe qui s'opposait à une législation spécifique&nbsp;:

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