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L'entrisme est une stratégie politique révolutionnaire qui consiste à faire entrer de manière concertée des membres d'une organisation militante dans une autre organisation ouvrière (syndicat, parti ouvrier réformiste, etc...). L'objectif est variable : cela peut aller du recrutement de nouveaux membres se radicalisant, à des tentatives d'influer sur l'orientation de l'organisation ciblée pour parvenir à infléchir la stratégie de l'ensemble de l'organisation. Il existe deux types d'entrisme : officiel (que Léon Trotsky appelle « à drapeaux déployés ») et clandestin.
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L''''entrisme''' est une stratégie politique révolutionnaire qui consiste à faire entrer de manière concertée des membres d'une organisation militante dans une autre organisation ouvrière ([[syndicat]], [[parti ouvrier]] [[réformiste]], etc...). L'objectif est variable : cela peut aller du recrutement de nouveaux membres se radicalisant, à des tentatives d'influer sur l'orientation de l'organisation ciblée pour parvenir à infléchir la stratégie de l'ensemble de l'organisation. Il existe deux types d'entrisme : officiel (que [[Léon Trotsky]] appelle « à drapeaux déployés ») et clandestin.
    
==Histoire==
 
==Histoire==
    
===1921 : Une question de survie pour le Parti Communiste de Grande-Bretagne===
 
===1921 : Une question de survie pour le Parti Communiste de Grande-Bretagne===
En 1921, la situation en Angleterre apparaît contradictoire. Dans le contexte de la crise européenne après la fin de la guerre mondiale, les ouvriers se radicalisent. La structuration du mouvement ouvrier britannique, autour du syndicat-parti qu'est le Labour (Parti Travailliste), permet néanmoins aux réformistes de garder la main, et même de soutenir l'intervention coloniale britannique en Irlande sans remous. Au second congrès de l'Internationale Communiste en 1921, celle-ci voit dans cette situation un danger pouvant compromettre les liens du Parti Communiste de Grande-Bretagne avec la classe ouvrière. Le congrès vote dans ces circonstances la décision de demander l'affiliation du Parti Communiste au Parti Travailliste afin de ne pas se couper des masses, et en cas de refus d'exposer les errements de la direction du Parti Travailliste. Celui-ci refuse cette demande d'affiliation, tout comme celle qui vont suivre, ce qui va forcer le CPGB à une existence indépendante.
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En 1921, la situation en Angleterre apparaît contradictoire. Dans le contexte de la [[Vague révolutionnaire de 1917-1923|crise européenne]] après la fin de la [[Première guerre mondiale|guerre mondiale]], les ouvriers se radicalisent. La structuration du mouvement ouvrier britannique, autour du syndicat-parti qu'est le Labour ([[Parti travailliste (Royaume-Uni)|Parti Travailliste]]), permet néanmoins aux réformistes de garder la main, et même de soutenir l'intervention coloniale britannique en Irlande sans remous. Au second congrès de l'[[Internationale Communiste]] en 1921, celle-ci voit dans cette situation un danger pouvant compromettre les liens du Parti Communiste de Grande-Bretagne avec la classe ouvrière. Le congrès vote dans ces circonstances la décision de demander l'affiliation du Parti Communiste au Parti Travailliste afin de ne pas se couper des masses, et en cas de refus d'exposer les errements de la direction du Parti Travailliste. Celui-ci refuse cette demande d'affiliation, tout comme celle qui vont suivre, ce qui va forcer le [[Parti communiste de Grande-Bretagne|Parti communiste]] (CPGB) à une existence indépendante.
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=== 1924-1927 : Entrisme des communistes chinois dans le Kuomintang ===
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Après une dure répression du mouvement ouvrier et du jeune [[Parti communiste chinois]] en 1923, les dirigeants du parti et de l’[[Internationale Communiste|Internationale]] décident  un virage stratégique, sous la forme d’une alliance avec le [[Kuomintang]]. L’idée est de s’appuyer sur ce parti bourgeois nationaliste progressiste pour développer le parti communiste à la fois en soutenant la cause de la révolution nationale et démocratique chinoise, en bénéficiant d’une certaine « couverture » pour protéger les militants communistes et pour nouer des liens avec les membres les plus progressistes du Kuomintang. De leur côté, les dirigeants de ce parti sont en train d’essayer de conquérir par les armes le pays, dont la plus grande partie leur échappe et est en proie aux exactions des « seigneurs de la guerre » ; ils ont donc un besoin impérieux d’argent et d’armes pour lancer leurs offensives militaires ; dès lors, ils voient dans l’alliance avec les communistes une opportunité pour se développer dans les villes grâce à des militants qu’ils savent dévoués et efficaces, et surtout pour bénéficier d’un appui politique, financier et militaire de la part de l’État soviétique.
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Les dirigeants du Kuomintang ne sont pas sots : ils soumettent l’alliance envisagée à une condition impérative ; les communistes ne pourront entrer qu’à titre individuel dans le parti nationaliste, et n’auront pas le droit d’y faire de la propagande communiste. Les dirigeants de l’Internationale communiste, dont le président est Zinoviev (alors allié à Staline dans la lutte contre Trotsky, qui vient de commencer), et qui tend déjà à fonctionner de plus en plus comme un instrument au service de l’État soviétique, demandent au PCC d’accepter la condition imposée par le Kuomintang. L’alliance est donc scellée en janvier 1924, et des accords entre Sun-Yat-Sen et l’État soviétique sont signés (les « accords Sun-Joffé »).
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Dès lors, la plupart des militants communistes seront investis à temps plein dans la construction loyale du Kuomintang. Le PCC comme tel, dont les organismes sont formellement maintenus, perd rapidement toute visibilité. Une pareille stratégie ne peut conduire qu’à la décomposition. Et à la catastrophe.
    
===1934 : l’entrisme comme tactique de court terme===
 
===1934 : l’entrisme comme tactique de court terme===

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