| En 1919, le 2<sup>e</sup> Congrès de l’Économie nationale opère une redéfinition du contrôle ouvrier, décrit au passé, comme une « arme puissante entre les mains des organisations ouvrières » nécessaire avant Octobre, mais que maintenant que l'industrie est étatisée, les représentants des ouvriers dirigent l'économie à travers les [[Syndicats_en_Russie|syndicats]] (les [[Comités_d'usine|comités d'usine]] ne sont plus mentionnés), et le contrôle ouvrier ''« doit suivre plutôt que précéder le travail de l’administration »''. | | En 1919, le 2<sup>e</sup> Congrès de l’Économie nationale opère une redéfinition du contrôle ouvrier, décrit au passé, comme une « arme puissante entre les mains des organisations ouvrières » nécessaire avant Octobre, mais que maintenant que l'industrie est étatisée, les représentants des ouvriers dirigent l'économie à travers les [[Syndicats_en_Russie|syndicats]] (les [[Comités_d'usine|comités d'usine]] ne sont plus mentionnés), et le contrôle ouvrier ''« doit suivre plutôt que précéder le travail de l’administration »''. |
− | En 1923 la dirigeante bolchévique [[Pankratova]] exprimera la ligne suivie par la majorité de la direction bolchévique :<blockquote>« À l'époque transitoire il fallait accepter les côtés négatifs du contrôle ouvrier, simple moyen de lutte contre la résistance du Capital. Mais lorsque le pouvoir passa entre les mains du prolétariat, la « politique de propriétaire » des Comités d'usine isolés devint antiprolétarienne (...) Il fallait ici disposer d'une forme d'organisation plus efficace que le Comité d'usine et d'une méthode plus large que le contrôle ouvrier. Il fallait lier la gestion de la nouvelle usine au principe d'un plan économique unique en fonction des perspectives socialistes générales du jeune État prolétarien (...). Les Comités d'usine manquaient de pratique et de connaissances techniques (...). [L]es tâches économiques immenses de la période de transition vers le socialisme exigeaient la création d'un centre universel normalisant toute l'économie nationale à l'échelle de l'État. Le prolétariat comprit cette nécessité et, libérant de leurs mandats les comités d'usine qui ne répondaient plus aux nouvelles exigences économiques, délégua ses pouvoirs aux organes nouvellement créés, aux Soviets de l'Économie Nationale ».<sup id="cite_ref-11" class="reference">[[Bureaucratisation soviétique#cite%20note-11|[11]]]</sup></blockquote>Une des questions sensibles fut également la question du rôle des « spécialistes » (souvent des [[Bourgeois|bourgeois]] ou [[Petit-bourgeois|petit-bourgeois]]). La grande majorité des bolchéviks étaient d'accord pour chercher à les rallier au nouveau régime, et estimaient leurs compétences nécessaires, notamment dans l'[[Industrie|industrie]]. Mais leur rôle de spécialiste (même « technique ») sous le capitalisme correspondait aussi souvent à une position sociale hiérarchique par rapport aux ouvriers. Ainsi reproduire la [[Division_du_travail|division du travail]] risquait d'aller de pair avec la reproduction de la subordination dans les usines. C'est ce danger que dénonçaient des bolchéviks oppositionnels comme l'[[Opposition_ouvrière|Opposition ouvrière]]. La majorité réaffirme sa position au 9<sup>e</sup> congrès (1920) : | + | En 1923 la dirigeante bolchévique [[Pankratova]] exprimera la ligne suivie par la majorité de la direction bolchévique :<blockquote>« À l'époque transitoire il fallait accepter les côtés négatifs du contrôle ouvrier, simple moyen de lutte contre la résistance du Capital. Mais lorsque le pouvoir passa entre les mains du prolétariat, la « politique de propriétaire » des Comités d'usine isolés devint antiprolétarienne (...) Il fallait ici disposer d'une forme d'organisation plus efficace que le Comité d'usine et d'une méthode plus large que le contrôle ouvrier. Il fallait lier la gestion de la nouvelle usine au principe d'un plan économique unique en fonction des perspectives socialistes générales du jeune État prolétarien (...). Les Comités d'usine manquaient de pratique et de connaissances techniques (...). [L]es tâches économiques immenses de la période de transition vers le socialisme exigeaient la création d'un centre universel normalisant toute l'économie nationale à l'échelle de l'État. Le prolétariat comprit cette nécessité et, libérant de leurs mandats les comités d'usine qui ne répondaient plus aux nouvelles exigences économiques, délégua ses pouvoirs aux organes nouvellement créés, aux Soviets de l'Économie Nationale »<ref>A.M. Pankratova, ''Fabzavkomy Rossii v borbe za sotsialisticheskuyu fabriku'' (''Les Comités d'usine russes dans la lutte pour l'usine socialiste''), Moscou, 1923</ref></blockquote>Une des questions sensibles fut également la question du rôle des « spécialistes » (souvent des [[Bourgeois|bourgeois]] ou [[Petit-bourgeois|petit-bourgeois]]). La grande majorité des bolchéviks étaient d'accord pour chercher à les rallier au nouveau régime, et estimaient leurs compétences nécessaires, notamment dans l'[[Industrie|industrie]]. Mais leur rôle de spécialiste (même « technique ») sous le capitalisme correspondait aussi souvent à une position sociale hiérarchique par rapport aux ouvriers. Ainsi reproduire la [[Division_du_travail|division du travail]] risquait d'aller de pair avec la reproduction de la subordination dans les usines. C'est ce danger que dénonçaient des bolchéviks oppositionnels comme l'[[Opposition_ouvrière|Opposition ouvrière]]. La majorité réaffirme sa position au 9<sup>e</sup> congrès (1920) : |
| « Le Congrès oblige tous les membres du Parti à combattre sans merci cette conception erronée selon laquelle la classe ouvrière serait capable de résoudre tous les problèmes sans l’assistance, dans les cas les plus importants, de spécialistes de l’école bourgeoise. Les éléments démagogiques qui spéculent sur des préjugés de cette sorte le plus répandus chez les plus arriérés de nos travailleurs ne peuvent avoir de place dans les rangs du parti du socialisme scientifique. » | | « Le Congrès oblige tous les membres du Parti à combattre sans merci cette conception erronée selon laquelle la classe ouvrière serait capable de résoudre tous les problèmes sans l’assistance, dans les cas les plus importants, de spécialistes de l’école bourgeoise. Les éléments démagogiques qui spéculent sur des préjugés de cette sorte le plus répandus chez les plus arriérés de nos travailleurs ne peuvent avoir de place dans les rangs du parti du socialisme scientifique. » |