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Le [[POSDR]] (bolchéviks comme menchéviks) était principalement implanté dans ce prolétariat non ukrainien, et coupé du sentiment national. Les bolchéviks n’employaient que le russe dans leur presse, et n'avaient pas de centre de direction sur place. Le [[Parti ouvrier social-démocrate ukrainien]] (USDRP), de nature plus petite-bourgeoise mais mieux implanté chez les Ukrainiens, oscillait entre lutte de classe et revendications nationales. [[Simon Petlioura]], futur leader nationaliste, était issu de l'USDRP.
 
Le [[POSDR]] (bolchéviks comme menchéviks) était principalement implanté dans ce prolétariat non ukrainien, et coupé du sentiment national. Les bolchéviks n’employaient que le russe dans leur presse, et n'avaient pas de centre de direction sur place. Le [[Parti ouvrier social-démocrate ukrainien]] (USDRP), de nature plus petite-bourgeoise mais mieux implanté chez les Ukrainiens, oscillait entre lutte de classe et revendications nationales. [[Simon Petlioura]], futur leader nationaliste, était issu de l'USDRP.
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Dans son programme, la majorité du POSDR soutenait le droit à l'indépendance de l'Ukraine, comme découlant du [[Droit à l'autodétermination des peuples|droit à l'autodétermination des peuples]] en général. En juin 1914, Lénine écrivait : ''« L’Ukraine par exemple est-elle appelée à constituer un Etat indépendant ? Cela dépend de mille facteurs imprévisibles. Et sans nous perdre en vaines conjectures, nous nous en tenons fermement à ce qui est incontestable : le droit de l’Ukraine à constituer un tel Etat. Nous respectons ce droit ; nous ne soutenons pas les privilèges du Grand-Russe par rapport aux Ukrainiens ; nous éduquons les masses dans l’esprit de la reconnaissance de ce droit, dans l’esprit de la répudiation des privilèges d’Etat de quelque nation que ce soit »''.<ref name=":0">Lénine, ''Du droit des nations à disposer d'elles-mêmes'', juin 1914</ref> Cependant il est clair que les social-démocrates russes étaient influencés par le chauvinisme grand-russe.
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Dans son programme, la majorité du POSDR soutenait le droit à l'indépendance de l'Ukraine, comme découlant du [[Droit à l'autodétermination des peuples|droit à l'autodétermination des peuples]] en général. En juin 1914, Lénine écrivait : ''« L’Ukraine par exemple est-elle appelée à constituer un Etat indépendant ? Cela dépend de mille facteurs imprévisibles. Et sans nous perdre en vaines conjectures, nous nous en tenons fermement à ce qui est incontestable : le droit de l’Ukraine à constituer un tel Etat. Nous respectons ce droit ; nous ne soutenons pas les privilèges du Grand-Russe par rapport aux Ukrainiens ; nous éduquons les masses dans l’esprit de la reconnaissance de ce droit, dans l’esprit de la répudiation des privilèges d’Etat de quelque nation que ce soit »''.<ref name=":0">Lénine, ''Du droit des nations à disposer d'elles-mêmes'', juin 1914</ref>  
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En octobre 1914, il avait même des accents séparatistes : ''« Ce que fut l’Irlande pour l’Angleterre, l’Ukraine l’est devenu pour la Russie : exploitée à l’extrême, sans rien recevoir en retour. Ainsi, autant les intérêts du prolétariat international en général que ceux du prolétariat russe en particulier, exigent que l’Ukraine reconquière son indépendance étatique qui seule lui permettra d’atteindre le développement culturel indispensable au prolétariat. Malheureusement, certains de nos camarades sont devenus des patriotes impériaux russes. Nous autres, moscovites, sommes esclaves non seulement parce nous nous laissons opprimer, mais nous aidons aussi par notre passivité à ce que d’autres soient opprimés, ce qui n’est nullement dans notre intérêt »''<ref>Ce discours ne se trouve pas dans les Œuvres complètes de Lénine. Il a été rapporté par la presse de l’époque. Voir R. Serbyn, « Lénine et la question ukrainienne en 1914 : le discours séparatiste » de Zurich », Pluriel-Débat n° 25, 1981.</ref>
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Cependant il est clair que les social-démocrates russes étaient influencés par le [[chauvinisme]] grand-russe.
    
Le populisme socialiste-révolutionnaire, en voie de se nationaliser et de s’autonomiser vis-à-vis de [[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|son équivalent russe]], représentait une autre force politique active au sein des masses ukrainiennes. Les différents groupes SR commencent à militer autour de 1905, principalement sous la direction de Mykola Kovalevsky. Ils avaient des relais dans la Société paysanne pan-ukrainienne (Spilka). Le [[Parti ukrainien des socialistes-révolutionnaires]] (UPSR) fut créé en avril 1917. L'une des figures les plus importantes fut Mykhaïlo Hrouchevsky qui y adhéra en 1917.
 
Le populisme socialiste-révolutionnaire, en voie de se nationaliser et de s’autonomiser vis-à-vis de [[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|son équivalent russe]], représentait une autre force politique active au sein des masses ukrainiennes. Les différents groupes SR commencent à militer autour de 1905, principalement sous la direction de Mykola Kovalevsky. Ils avaient des relais dans la Société paysanne pan-ukrainienne (Spilka). Le [[Parti ukrainien des socialistes-révolutionnaires]] (UPSR) fut créé en avril 1917. L'une des figures les plus importantes fut Mykhaïlo Hrouchevsky qui y adhéra en 1917.
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===Tensions sur la questions de l'autonomie===
 
===Tensions sur la questions de l'autonomie===
 
[[Fichier:Simon-Petlioura.jpg|vignette|178x178px|Simon Petlioura]]
 
[[Fichier:Simon-Petlioura.jpg|vignette|178x178px|Simon Petlioura]]
La Rada confie dès 1917 au ''«&nbsp;socialiste&nbsp;»'' et nationaliste [[Simon_Petlioura|Petlioura]] la constitution d'une armée nationale. Celui-ci organise un congrès des troupes de l'Ukraine, que [[Kerenski]] (leader du [[Gouvernement provisoire russe|gouvernement provisoire]] de Petrograd) tente d'interdire en juin. Devant la détermination des Ukrainiens, Kérenski légalisa le congrès avec retard, en envoyant un télégramme pompeux que les congressistes écoutèrent avec des rires peu respectueux. On établit une convention le 3 juillet. Mais après l'écrasement des [[Journées de juillet 1917|journées de juillet]], Kerenski tente de revenir dessus. Le 5 août, la Rada, par une majorité écrasante, dénonce le gouvernement provisoire, ''«&nbsp;pénétré des tendances impérialistes de la bourgeoisie russe&nbsp;»''. Le ton monte entre le leader ukrainien Vinnitchenko et [[Kerenski]], pourtant très proches sur le plan politique.
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La Rada confie dès 1917 au ''«&nbsp;socialiste&nbsp;»'' et nationaliste [[Simon_Petlioura|Petlioura]] la constitution d'une armée nationale. Celui-ci organise un congrès des troupes de l'Ukraine, que [[Kerenski]] (leader du [[Gouvernement provisoire russe|gouvernement provisoire]] de Petrograd) tente d'interdire en juin. Devant la détermination des Ukrainiens, Kérenski légalisa le congrès avec retard, en envoyant un télégramme pompeux que les congressistes écoutèrent avec des rires peu respectueux. On établit une convention le 3 juillet. Mais après l'écrasement des [[Journées de juillet 1917|journées de juillet]], Kerenski tente de revenir dessus. Le 5 août, la Rada, par une majorité écrasante, dénonce le gouvernement provisoire, ''«&nbsp;pénétré des tendances impérialistes de la bourgeoisie russe&nbsp;»''. Le ton monte entre le leader ukrainien [[Volodymyr Vynnytchenko|Vynnytchenko]] et [[Kerenski]], pourtant très proches sur le plan politique.
    
C'est pourquoi l'influence bolchévique a peu à peu gagné du terrain, en mettant en avant le [[Partage des terres|partage des terres]] et le [[Droit à l'autodétermination des peuples|droit à l'autodétermination]]. Mais le [[Parti_bolchevik|parti bolchevik]] restait, en quantité comme en qualité, faible, se détachait lentement des [[Mencheviks|mencheviks]]. Même dans l’Ukraine orientale, industrielle, la conférence régionale des soviets, au milieu d’octobre, donnait encore une petite majorité aux <span class="mw-redirect">conciliateurs</span>. En ville, le propriétaire terrien, le capitaliste, l’avocat, le journaliste sont grand-russien, polonais, juif... à la campagne presque tout le monde est ukrainien. Les social-démocrates russes (dirigés par [[Piatakov|Piatakov]]) et juifs ([[Bund_juif|Bund]], [[Poale_Zion|Poale Zion]]) firent front pour lutter contre les revendications nationales.
 
C'est pourquoi l'influence bolchévique a peu à peu gagné du terrain, en mettant en avant le [[Partage des terres|partage des terres]] et le [[Droit à l'autodétermination des peuples|droit à l'autodétermination]]. Mais le [[Parti_bolchevik|parti bolchevik]] restait, en quantité comme en qualité, faible, se détachait lentement des [[Mencheviks|mencheviks]]. Même dans l’Ukraine orientale, industrielle, la conférence régionale des soviets, au milieu d’octobre, donnait encore une petite majorité aux <span class="mw-redirect">conciliateurs</span>. En ville, le propriétaire terrien, le capitaliste, l’avocat, le journaliste sont grand-russien, polonais, juif... à la campagne presque tout le monde est ukrainien. Les social-démocrates russes (dirigés par [[Piatakov|Piatakov]]) et juifs ([[Bund_juif|Bund]], [[Poale_Zion|Poale Zion]]) firent front pour lutter contre les revendications nationales.
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Au cours de cet affrontement généralisé, les Français et les Britanniques, qui soutiennent les [[Armées blanches|Blancs]] occupent Odessa, Sébastopol et d’autres ports, mais l’intervention tourne court à cause du manque de moyens engagés, des [[Mutineries de la mer Noire|mutineries de la mer Noire]] et de l’hostilité de la population exaspérée par les réquisitions (mars-avril 1919).
 
Au cours de cet affrontement généralisé, les Français et les Britanniques, qui soutiennent les [[Armées blanches|Blancs]] occupent Odessa, Sébastopol et d’autres ports, mais l’intervention tourne court à cause du manque de moyens engagés, des [[Mutineries de la mer Noire|mutineries de la mer Noire]] et de l’hostilité de la population exaspérée par les réquisitions (mars-avril 1919).
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Maintenant que la [[Révolution allemande|révolution allemande]] a rendu caduque la [[Paix de Brest-Litovsk|paix de Brest-Litovsk]], et jugeant que la colère des masses paysannes les aidera, l'Armée rouge lance l'offensive vers Kiev.  
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Maintenant que la [[Révolution allemande|révolution allemande]] a rendu caduque la [[Paix de Brest-Litovsk|paix de Brest-Litovsk]], et jugeant que la colère des masses paysannes les aidera, l'Armée rouge lance l'offensive vers Kiev. Par ailleurs, une des motivations forte des bolchéviks, c'est de faire la jonction avec la [[Révolution hongroise (1919)|révolution hongroise]], et à travers elle se rapprocher de l'Europe occidentale, l'extension de la révolution aux pays capitalistes avancés étant l'espoir principal.  
    
Vers la fin de 1919 et la première moitié de 1920, les Bolcheviks finissent par l’emporter, et chassent le Directoire. La république socialiste soviétique d’Ukraine est proclamée le 10 mars 1919 comme gouvernement autonome, au <abbr class="abbr" title="Troisième">3<sup>e</sup></abbr> congrès des soviets d’Ukraine réuni du 6 au 10 mars à Kharkov. Kiev ne sera prise par les bolchéviks qu'en août 1920, et Kharkov (en zone davantage russifiée) restera capitale jusqu'en 1934.
 
Vers la fin de 1919 et la première moitié de 1920, les Bolcheviks finissent par l’emporter, et chassent le Directoire. La république socialiste soviétique d’Ukraine est proclamée le 10 mars 1919 comme gouvernement autonome, au <abbr class="abbr" title="Troisième">3<sup>e</sup></abbr> congrès des soviets d’Ukraine réuni du 6 au 10 mars à Kharkov. Kiev ne sera prise par les bolchéviks qu'en août 1920, et Kharkov (en zone davantage russifiée) restera capitale jusqu'en 1934.
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La démocratie soviétique semble également avoir été très limitée, alors que le mot d'ordre « [[Tout le pouvoir aux soviets|tout le pouvoir aux soviets]] » était extrêmement populaire. ''« L’existence des soviets n’est autorisée que dans quelques grandes villes, mais même là leur rôle n’est que strictement consultatif. »''<ref name=":1" />  
 
La démocratie soviétique semble également avoir été très limitée, alors que le mot d'ordre « [[Tout le pouvoir aux soviets|tout le pouvoir aux soviets]] » était extrêmement populaire. ''« L’existence des soviets n’est autorisée que dans quelques grandes villes, mais même là leur rôle n’est que strictement consultatif. »''<ref name=":1" />  
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Les bolchéviks ont procédé à une russification linguistique et réprimé comme nationalistes ceux qui mettaient en avant la langue et la culture ukrainienne. Après coup, [[Skrypnyk]] établira une liste d’environ 200 ordonnances interdisant l’utilisation de la langue ukrainienne émises sous le gouvernement Rakovski par ''« divers pseudo spécialistes, bureaucrates soviétiques, pseudo communistes »''<ref>M. Skrypnyk, « Statti i promovy z natsionalnoho pytannia », Soutchasnist’, München 1974, p.17.</ref>. Dans une lettre à Lénine, les communistes-borotbistes caractériseront la politique de ce gouvernement comme celle ''« d’expansion d’un impérialisme rouge (nationalisme russe) »'' donnant l’impression que ''« le pouvoir soviétique en Ukraine était tombé dans les mains des [[Cent-Noirs]] expérimentés en train de préparer une contre-révolution »''<ref group="Borotbistes">F. Silycky, « Lenin i borot’bisty », Novyi Journal n°118, 1975, pp. 230-231.</ref>.
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Les bolchéviks ont procédé à une russification linguistique et réprimé comme nationalistes ceux qui mettaient en avant la langue et la culture ukrainienne. Après coup, [[Skrypnyk]] établira une liste d’environ 200 ordonnances interdisant l’utilisation de la langue ukrainienne émises sous le gouvernement Rakovski par ''« divers pseudo spécialistes, bureaucrates soviétiques, pseudo communistes »''<ref name=":2">M. Skrypnyk, « Statti i promovy z natsionalnoho pytannia », Soutchasnist’, München 1974</ref>. Dans une lettre à Lénine, les communistes-borotbistes caractériseront la politique de ce gouvernement comme celle ''« d’expansion d’un impérialisme rouge (nationalisme russe) »'' donnant l’impression que ''« le pouvoir soviétique en Ukraine était tombé dans les mains des [[Cent-Noirs]] expérimentés en train de préparer une contre-révolution »''<ref group="Borotbistes">F. Silycky, « Lenin i borot’bisty », Novyi Journal n°118, 1975, pp. 230-231.</ref>.
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===Réactions anti-russes===
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En mai 1919, sentant le vent tourner, et par ailleurs sur le point d'être arrêté par la Tchéka pour ses pogroms antisémites, [[Nikifor Grigoriev|Grigoriev]] lance un appel à la révolte contre le pouvoir « de la Commune, de la Tchéka et des commissaires » envoyés de Moscou, « cette terre où on a crucifié Jésus Christ ». Malgré l'absence de tout principe de Grigoriev, ce sera le signal d’une vague insurrectionnelle contre le gouvernement Rakovski. Conscient de l’état d’esprit des masses, il les exhorte à établir partout et par en bas le pouvoir des soviets, de réunir les délégués en congrès national afin d’élire un nouveau gouvernement (quelques mois plus tard, pour ses pogroms antisémites, Grigoriev sera abattu par la [[makhnovchtchina]]). Même l’extrême gauche social-démocrate, procommuniste, prend les armes contre le « gouvernement russe d’occupation ». Des pans entiers de l’[[Armée rouge]] désertent pour se joindre à l’insurrection. Les troupes d’élite des « Cosaques rouges » se décomposent politiquement, tentées par le banditisme, les pillages et les pogroms.<ref>A.E. Adams, Bolsheviks in the Ukraine : The Second Campaign, 1918-1919, Yale University Press, New Haven-London, 1963, ainsi que J.M. Bojcun, op. cit. p. 438-472.</ref>
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=== Réactions anti-russes ===
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Ces soulèvements favorisent l'avancée de l’armée blanche de Dénikine tout en isolant la [[Révolution hongroise (1919)|révolution hongroise]]. De Budapest, [[Bela Kun]], désespéré, réclame un changement radical de la politique bolchevique en Ukraine. Du front ukrainien de l’Armée rouge, son commandant, Antonov-Ovseenko, fait de même. Parmi les bolcheviques ukrainiens, le courant « fédéraliste », proche de fait des thèses de Chakhraï et du [[borotbisme]], passe à une activité fractionnelle. Les borotbistes, toujours alliés aux bolcheviques mais méfiants et jaloux de leur autonomie se constituent en [[Parti communiste ukrainien]] pour réclamer leur reconnaissance en tant que section nationale du Komintern. Largement influent parmi la paysannerie pauvre et le prolétariat de nationalité ukrainienne dans les campagnes et les villes, ce parti aspire à l’indépendance de l’Ukraine soviétique. Il envisage même la possibilité d’engager, à ce sujet, un affrontement armé avec le parti frère bolchevique, mais pas avant la victoire de la révolution sur Dénikine et sur l’ensemble des fronts de la guerre civile et de l’intervention impérialiste.
Sentant le vent tourner, et par ailleurs sur le point d'être arrêté par la Tchéka pour ses pogroms antisémites, [[Nikifor Grigoriev|Grigoriev]] lance un appel à la révolte contre le pouvoir « de la Commune, de la Tchéka et des commissaires » envoyés de Moscou, « cette terre où on a crucifié Jésus Christ ». Malgré l'absence de tout principe de Grigoriev, ce sera le signal d’une vague insurrectionnelle contre le gouvernement Rakovski. Conscient de l’état d’esprit des masses, il les exhorte à établir partout et par en bas le pouvoir des soviets, de réunir les délégués en congrès national afin d’élire un nouveau gouvernement (quelques mois plus tard, pour ses pogroms antisémites, Grigoriev sera abattu par la [[makhnovchtchina]]). Même l’extrême gauche social-démocrate, procommuniste, prend les armes contre le « gouvernement russe d’occupation ». Des pans entiers de l’[[Armée rouge]] désertent pour se joindre à l’insurrection. Les troupes d’élite des « Cosaques rouges » se décomposent politiquement, tentées par le banditisme, les pillages et les pogroms.<ref>A.E. Adams, Bolsheviks in the Ukraine : The Second Campaign, 1918-1919, Yale University Press, New Haven-London, 1963, ainsi que J.M. Bojcun, op. cit. p. 438-472.</ref>
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=== Rectification de la ligne bolchévique ===
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La direction bolchévique reprend alors en main la situation, en opérant un tournant. [[Trotsky]], chef de l'[[Armée rouge]], prend alors une initiative politique importante. Le 30 novembre 1919, dans son ordre aux troupes rouges qui entrent en Ukraine, il proclame :<blockquote>''« L’Ukraine est la terre des ouvriers et des paysans travailleurs ukrainiens. Ce sont seulement eux qui ont le droit de gouverner et de diriger en Ukraine et y édifier une vie nouvelle (...). Soyez bien conscients que votre tâche n’est pas de soumettre l’Ukraine mais de la libérer. Une fois les bandes de Dénikine battues jusqu’à la dernière, le peuple travailleur de l’Ukraine libérée décidera lui-même de ses rapports avec la Russie soviétique. Nous sommes convaincus que le peuple travailleur ukrainien se prononcera pour l’union fraternelle la plus étroite avec nous (...). Vive l’Ukraine soviétique libre et indépendante ! »'' </blockquote>Après deux ans de guerre civile en Ukraine, c’est la première initiative du pouvoir bolchevique destinée à appeler, dans les rangs de la révolution prolétarienne, les forces sociales et politiques, ouvrières et paysannes, de la révolution nationale ukrainienne. L’objectif est aussi de contrecarrer la dynamique de plus en plus centrifuge du communisme ukrainien.
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Lénine demande au comité central du PC(b) russe le vote d’une résolution qui ''« fait un devoir à tous les membres du parti de contribuer par tous les moyens à lever tous les obstacles qui s’opposent au libre développement de la langue et de la culture ukrainiennes (...) opprimées durant des siècles par le tsarisme russe et les classes exploiteuses »''.
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Des mesures seront prises, annonce la résolution, pour qu’à l’avenir tous les employés des institutions soviétiques en Ukraine sachent s’exprimer dans la langue nationale. Dans une lettre manifeste aux ouvriers et paysans d’Ukraine, il reconnaît :<blockquote>''« Nous, les communistes grand-russes, (...) avons des divergences avec les communistes bolcheviques ukrainiens et les borotbistes qui portent sur l’indépendance de l’Ukraine, les formes de son alliance avec la Russie et, d’une façon plus générale, sur la question nationale (...). Il est inadmissible que la division se fasse pour de telles questions. Elles seront réglées au congrès des soviets d’Ukraine. »''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/01/vil19200104.htm Lettre aux ouvriers et aux paysans d'Ukraine à l'occasion des victoires remportées sur Dénikine]'', 4 janvier 1920</ref></blockquote>Il déclare qu’on peut être militant du parti bolchevique et partisan de l’indépendance complète de l’Ukraine. C’est une réponse à une des questions clés posées un an plus tôt par [[Vassyl Chakhraï|Chakhraï]], exclu entretemps du parti avant son assassinat par les troupes blanches. Par ailleurs, Lénine affirme : ''« Les borotbistes se distinguent entre autres des bolcheviques en ce qu’ils sont pour l’indépendance absolue de l’Ukraine. Les bolcheviques ne voient là (...) aucun obstacle à une collaboration prolétarienne bien comprise »''
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L’effet est spectaculaire et d’une portée stratégique. Les forces insurrectionnelles des masses ukrainiennes contribuent à l’écrasement de Dénikine. En mars 1920, le congrès du PC borotbiste décide la dissolution du parti et l’adhésion de ses militants au parti bolchevique. La position de la direction borotbiste est la suivante : unissons-nous organiquement avec les bolcheviques pour contribuer à l’extension internationale de la révolution prolétarienne ; c’est dans le cadre de la révolution mondiale que les conditions pour l’indépendance de l’Ukraine soviétique seront beaucoup plus favorables que dans celui d’une révolution panrusse. Avec un grand soulagement, Lénine déclare : <blockquote>''« Grâce à la juste politique du comité central, admirablement appliquée par le camarade Rakovski, nous avons vu, au lieu d’un soulèvement des borotbistes devenu à peu près inévitable, les meilleurs éléments borotbistes adhérer à notre parti, sous notre contrôle. (...) Cette victoire vaut une paire de bonnes batailles »''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/04/d9c/vil19200400-04c9.htm Discours au 9e congrès du PC(b)R]'', 30 mars 1920</ref></blockquote>Mais le PC d'Ukraine reste une organisation régionale du PC(b) russe, sans droit d’être une section du [[Komintern]].
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=== Guerre avec la Pologne et élan de chauvinisme russe ===
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Un événement majeur survient juste après, en avril 1920 : l’invasion de l’Ukraine par l’armée bourgeoise polonaise accompagnée par les troupes ukrainiennes sous le commandement de Petlioura et, en conséquence, l’éclatement de la [[Guerre soviéto-polonaise|guerre soviéto-polonaise]]. Cette fois, le chauvinisme grand-russe des masses se déchaîne avec une ampleur et une agressivité échappant à tout contrôle bolchevique. <blockquote>''« Pour les éléments conservateurs de la Russie, c’était une guerre contre l’ennemi héréditaire, dont on ne pouvait supporter qu’il réapparût sous la forme de nation indépendante, une guerre authentiquement russe, même si elle était menée par des internationalistes bolcheviques. Pour les orthodoxes du rite grec, c’était une lutte contre un peuple dont la fidélité au catholicisme romain était incorrigible, une croisade chrétienne, même si elle était menée par des communistes athées. »''<ref>I. Deutscher, Trotsky : Le prophète armé, vol. 2, UGE, Paris 1979, p. 336</ref></blockquote>Ce qui animait les larges masses, c’était la défense de la Russie « une et indivisible », ouvertement encouragée. Les ''[[Izvestia]]'' publiaient un poème [[réactionnaire]] à la gloire de « l’État moscovite » : <blockquote>''« Comme jadis le Tsar Ivan Kalita rassemblait les pays russes l’un après l’autre (...) tous les patois et tous les pays, toute la terre multinationale, se réuniront dans une foi nouvelle »'' afin de ''« rendre leur puissance et leur richesse au palace du Kremlin »''<ref>M. Kozyrev, « Bylina o derzhavnoï Moskve », Izvestiia n°185, 1920</ref></blockquote>Au même moment l’ancien commandant en chef de l’armée tsariste lance un appel à « Défendre la Mère Patrie Russe », et beaucoup d’officiers blancs se ralliaient à l’armée rouge. Cela provoque un raidissement à l'égard des Ukrainiens, sommés de se comporter en Russes. [[Volodymyr Vynnytchenko|Vynnytchenko]], qui avait rejoint les communistes et qui se trouvait à Moscou, note amèrement dans son journal :<blockquote>''« L’orientation vers le patriotisme d’une Russie une et indivisible exclut toute concession aux Ukrainiens (...). Dans une situation où on va à Canossa devant les Gardes blancs (...) il ne peut y avoir, évidement, d’orientation vers la fédération, l’autodétermination et d’autres choix semblables désagréables pour la Russie une et indivisible »''.</blockquote>[[Tchitchérine]], commissaire aux affaires étrangères, suggérait à nouveau la possibilité d’annexion directe à la Russie de la région ukrainienne de Donbass. Dans les campagnes ukrainiennes, des fonctionnaires soviétiques demandaient aux paysans : ''« Quelle langue, russe ou petliouriste, voulez-vous qu’on enseigne dans les écoles ? Quels internationalistes êtes-vous, si vous ne parlez pas russe ! »''.
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[[Skrypnyk]] écrivait en juillet 1920 : ''« Notre tragédie en Ukraine consiste justement dans le fait que pour gagner la paysannerie et le prolétariat rural, une population de nationalité ukrainienne, nous devrions faire appel au soutien et aux forces d’une classe ouvrière russe ou russifiée réagissant avec répugnance même à la plus petite expression de la langue et de la culture ukrainienne. »''<ref name=":2" />
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Les communistes [[borotbistes]], devenus bolcheviques, poursuivaient leur combat. Un de leurs dirigeants centraux, Vassyl Ellan-Blakytny écrivit alors : <blockquote>''« En se fondant sur les liens ethniques de la majorité du prolétariat urbain d’Ukraine avec le prolétariat, le semi-prolétariat et la petite-bourgeoisie de Russie et en tirant argument de la faiblesse du prolétariat industriel en Ukraine, une tendance que nous appelons colonisatrice revendique la construction du système économique dans le cadre intégré de la République russe, celui de l’ancien empire restauré auquel appartient l’Ukraine. Cette tendance poursuit la subordination totale du PC(b) d’Ukraine au parti russe et vise plus généralement à la dilution de toutes les jeunes forces prolétariennes des nations sans histoire dans la section nationale russe du Komintern. (...) En Ukraine, la force dirigeante naturelle de cette tendance est un secteur du prolétariat urbain et industriel qui n’a pas assimilé la réalité ukrainienne. Mais, au-delà et avant tout, ce qui constitue sa force, c’est la masse de la petite bourgeoisie urbaine russifiée qui a toujours été le soutien principal de la domination de la bourgeoisie russe en Ukraine. (...) La politique colonisatrice de grande puissance qui domine aujourd’hui en Ukraine est profondément préjudiciable à la révolution communiste. En ignorant les aspirations nationales, naturelles et légitimes, des masses laborieuses ukrainiennes hier opprimées, elle est entièrement réactionnaire et contre-révolutionnaire en tant qu’expression d’un vieux, mais toujours vivant, chauvinisme impérialiste grand-russe »''<ref>Cité par Popov, 1929</ref></blockquote>Entre-temps, l’extrême gauche social-démocrate formait un nouveau [[Parti communiste ukrainien (oukapiste)|Parti communiste ukrainien]] (dit « oukapiste »), pour continuer à revendiquer l’indépendance nationale et pour accueillir en son sein les éléments du borotbisme qui refusaient l’adhésion au bolchevisme. Issu de la tradition théorique de la social-démocratie allemande, ce nouveau parti était sur ce terrain beaucoup plus fort que le borotbisme, d’origine populiste, où on maîtrisait mieux l’art de la poésie que la science de l’économie politique. Mais il était moins lié aux masses<ref group="Borotbistes">J. E. Mace, Communism and the Dilemmas of National Liberation : National Communism in Soviet Ukraine, 1918-1933, Harvard University Press, Cambridge, 1983.</ref>. Masses qui, par ailleurs, étaient de plus en plus épuisées par cette révolution. Les [[oukapistes]] analysaient ainsi la situation, du point de vue de la nation et de la classe :<blockquote>''« Le fait que des dirigeants de la révolution prolétarienne en Ukraine s’appuient sur les couches supérieures, russes et russifiées, du prolétariat du pays et ignorent la dynamique de la révolution ukrainienne, ne leur permet pas de se défaire du préjugé de la Russie une et indivisible qui inonde toute la Russie soviétique. Une telle attitude conduit à la crise de la révolution ukrainienne, coupe le pouvoir soviétique des masses, aggrave la lutte nationale, pousse une masse considérable de travailleurs dans les bras de la petite bourgeoisie nationaliste ukrainienne et freine la différenciation entre le prolétariat et la petite bourgeoisie. »''<ref group="Borotbistes">Le mémorandum du PC ukrainien adressé au 2<sup>e</sup> congrès de l’Internationale communiste (été 1920), in Oukraiins’ka souspilno-politychna doumka v 20 stolitti : Dokumenty i materialy, vol. 1, Soutchasnist’, New York 1938, p. 456.</ref></blockquote>Ils reprenaient même ouvertement la notion de [[Révolution permanente|révolution permanente]] :<blockquote>''« Le prolétariat international a pour tâche d’attirer à la révolution communiste et à la construction d’une nouvelle société non seulement les pays capitalistes avancés mais aussi les peuples retardés des pays coloniaux en profitant des révolutions nationales de ces derniers. Pour accomplir cette tâche, il faut qu’il y participe et joue le rôle dirigeant dans la perspective de la révolution permanente. Il faut qu’il empêche la bourgeoisie d’arrêter les révolutions nationales au niveau de la réalisation du mot d’ordre de libération nationale ; qu’il poursuive la lutte jusqu’à la prise du pouvoir et à l’instauration de la dictature du prolétariat ; et qu’il conduise jusqu’au bout la révolution démocratique bourgeoise en constituant des États nationaux destinés à rejoindre le réseau international de l’union émergente des Républiques soviétiques. »'' Ceux-ci doivent s’appuyer ''« sur les forces du prolétariat national et sur les masses laborieuses du pays ainsi que sur l’aide mutuelle de tous les détachements de la révolution mondiale »''</blockquote>Après avoir réussi à repousser les troupes polonaises hors d'Ukraine, l'Armée rouge tente de poursuivre jusqu'à Varsovie, suite à la décision de la direction bolchévique, dont Lénine. Or, cela se termine en échec, les Polonais repoussant les Russes et se radicalisant dans l'antibolchévisme. Résultat, les bolchéviks doivent céder plus d’un cinquième du territoire ukrainien à la Pologne.
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La promesse faite par la direction bolchevique lors de l’offensive contre Dénikine, de convoquer un congrès constituant des soviets d’Ukraine censé se prononcer sur l'indépendance ou non, n’a jamais été réalisée.
    
==L'Ukraine soviétique==
 
==L'Ukraine soviétique==
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Devant la Conférence du PC ukrainien en 1923, [[Trotsky|Trotsky]] (qui par ailleurs était né dans une famille juive d'Ukraine) reconnaissait que la question n'avait pas été résolue, mais il disait&nbsp;:<blockquote>''«&nbsp;Mais si le paysan ukrainien se voit et sent que le Parti Communiste et le pouvoir des Soviets l'abordent avec bonne volonté, le comprennent et lui disent&nbsp;: «Nous te donnons tout ce que nous pouvons te donner, nous voulons t'aider à monter, nous voulons t'aider à accéder dans ta propre langue maternelle aux bienfaits de la culture. Toutes les administrations de l'Etat, la Poste et les Chemins de Fer doivent parler la langue, parce tu es chez toi, dans ton Etat» — le paysan comprendra. &nbsp;»<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1923/04/lt19230420.htm Discours prononcé devant la Conférence du PC ukrainien]'', 5 avril 1923</ref>''</blockquote>Bien plus tard, en 1939, [[Trotsky]] défend le droit à l'autodétermination de l'Ukraine en 1939 contre l'[[URSS|URSS]], bien qu'il considère cette dernière comme un [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]].<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/07/lt19390730.htm L’indépendance de l’Ukraine et les brouillons sectaires]'', 30 juillet 1939</ref>&nbsp;
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C’est après des combats acharnés menés à la fin de sa vie par Lénine ainsi que par des bolcheviques comme [[Skrypnyk]] et [[Christian Rakovski|Rakovski]], par d’anciens borotbistes comme Blakytny et Oleksandr Choumsky et par beaucoup de dirigeants communistes des diverses nationalités opprimées par l’ancien empire russe, que le 12<sup>e</sup> congrès du PC(b)R, en 1923, reconnaîtra formellement l’existence, dans ce parti et dans le pouvoir soviétique, d’une ''« tendance vers le chauvinisme impérialiste russe »'' extrêmement dangereuse. Cette victoire, même si elle sera très partielle et fragile, ouvrira devant les masses ukrainiennes la possibilité d’accomplir certaines tâches de la révolution nationale et de connaître, pendant les années 1920, une renaissance nationale sans précédent.
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Devant la Conférence du PC ukrainien en 1923, [[Trotsky|Trotsky]] (qui par ailleurs était né dans une famille juive d'Ukraine) reconnaissait que la question n'avait pas été résolue, mais il disait&nbsp;:<blockquote>''«&nbsp;Mais si le paysan ukrainien se voit et sent que le Parti Communiste et le pouvoir des Soviets l'abordent avec bonne volonté, le comprennent et lui disent&nbsp;: «Nous te donnons tout ce que nous pouvons te donner, nous voulons t'aider à monter, nous voulons t'aider à accéder dans ta propre langue maternelle aux bienfaits de la culture. Toutes les administrations de l'Etat, la Poste et les Chemins de Fer doivent parler la langue, parce tu es chez toi, dans ton Etat» — le paysan comprendra. &nbsp;»<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1923/04/lt19230420.htm Discours prononcé devant la Conférence du PC ukrainien]'', 5 avril 1923</ref>''</blockquote>Mais cette victoire n’empêchera la [[Dégénérescence de la révolution russe|dégénérescence de la révolution russe]] et une contre-révolution bureaucratique et chauvine qui, pendant les années 1930, s’accompagnera en Ukraine d’un véritable holocauste national : la mort de millions de paysans à la suite d’une famine provoquée par la politique stalinienne de pillage du pays, l’extermination physique de la quasi-totalité de l’intelligentsia nationale et la destruction par la terreur policière des appareils du parti bolchevique et de l’État de la République soviétique d’Ukraine. Le suicide, en 1933, de [[Mykola Skrypnyk|Skrypnyk]], qui tentait de concilier la poursuite de la révolution nationale avec l’allégeance au [[stalinisme]], sonnera le glas de cette révolution pour toute une période historique.
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Bien plus tard, en 1939, [[Trotsky]] met en avant le mot d'ordre d'indépendance de l'Ukraine en 1939 contre l'[[URSS|URSS]], bien qu'il considère cette dernière comme un [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]].<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/07/lt19390730.htm L’indépendance de l’Ukraine et les brouillons sectaires]'', 30 juillet 1939</ref>&nbsp;
    
==Bibliographie==
 
==Bibliographie==
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===Sur les borotbistes===
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===Sur les borotbistes et les oukapistes===
 
<references group="Borotbistes" />
 
<references group="Borotbistes" />
  

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