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L’'''affaire géorgienne de 1922''' (en russe : Грузинское дело) est un conflit politique au sein du gouvernement de l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union des républiques socialistes soviétiques]] sur la façon de composer avec le sentiment national géorgien.{{#set:Date=1922}}
 
L’'''affaire géorgienne de 1922''' (en russe : Грузинское дело) est un conflit politique au sein du gouvernement de l'[[Union_des_républiques_socialistes_soviétiques|Union des républiques socialistes soviétiques]] sur la façon de composer avec le sentiment national géorgien.{{#set:Date=1922}}
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== Antécédents ==
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==Antécédents==
 
La Géorgie était un bastion des menchéviks, menés par [[Noé Jordania]]. Les menchéviks géorgiens (et en général les Géorgiens) ne revendiquaient pas l'indépendance (selon [[Trotski]], ils se voyaient comme la Gironde de la révolution russe).
 
La Géorgie était un bastion des menchéviks, menés par [[Noé Jordania]]. Les menchéviks géorgiens (et en général les Géorgiens) ne revendiquaient pas l'indépendance (selon [[Trotski]], ils se voyaient comme la Gironde de la révolution russe).
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==L'Affaire==
 
==L'Affaire==
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Une fois l'invasion achevée, des clivages sont apparus sur la façon de soviétiser la Géorgie. Lénine propose qu’on essaye d’arriver à un compromis avec Jordania, Staline, au contraire, lors d’un discours à Tiflis en juillet insiste sur la nécessité d’« écraser l’hydre du nationalisme » et de « détruire au fer incandescent » les survivances de cette idéologie. A la toute fin 1922, très affaibli, Lénine réaffirme la nécessité absolue de respecter les minorités nationales, passant devant les avantages du centralisme :<blockquote>« Le préjudice que peut causer à notre État l’absence d’appareils nationaux unifiés avec l’appareil russe est infiniment, incommensurablement moindre que celui qui en résultera pour nous, pour toute l’Internationale, pour les centaines de millions d’hommes des peuples d’Asie, qui apparaîtra après nous sur l’avant-scène historique dans un proche avenir. » Rien ne serait aussi dangereux pour la révolution mondiale que « de nous engager nous-mêmes, fût-ce pour les questions de détail, dans des rapports impérialistes à l’égard des nationalités opprimées, en éveillent ainsi la suspicion sur la sincérité de nos principes, sur notre justification de principe de la lutte contre l’impérialisme »<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1922/12/vil19221231.htm La question des nationalités ou de l' « autonomie »]'', 31 décembre 1922</ref></blockquote>Les Géorgiens [[Bolcheviks|bolcheviks]], menés par Philippe Makharadze et [[Mdivani|Boudou Mdivani]], souhaitaient préserver une autonomie au sein de l'URSS, donc un statut de république membre, mais également conserver une tolérance envers l'opposition menchevik, une plus grande démocratie au sein du parti ainsi qu'une approche modérée envers les réformes terriennes. Le principal point de discorde était avant tout l'intégration de la Géorgie, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan au sein d'une république unitaire fédérale, la [[République_socialiste_fédérative_soviétique_de_Transcaucasie|République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie]] qui sera finalement dissoute en 1936.
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Une fois l'invasion achevée, des clivages sont apparus sur la façon de soviétiser la Géorgie. Lénine propose qu’on essaye d’arriver à un compromis avec Jordania, Staline, au contraire, lors d’un discours à Tiflis en juillet insiste sur la nécessité d’« écraser l’hydre du nationalisme » et de « détruire au fer incandescent » les survivances de cette idéologie. A la toute fin 1922, très affaibli, Lénine réaffirme la nécessité absolue de respecter les minorités nationales, passant devant les avantages du centralisme :<blockquote>« Le préjudice que peut causer à notre État l’absence d’appareils nationaux unifiés avec l’appareil russe est infiniment, incommensurablement moindre que celui qui en résultera pour nous, pour toute l’Internationale, pour les centaines de millions d’hommes des peuples d’Asie, qui apparaîtra après nous sur l’avant-scène historique dans un proche avenir. » Rien ne serait aussi dangereux pour la révolution mondiale que « de nous engager nous-mêmes, fût-ce pour les questions de détail, dans des rapports impérialistes à l’égard des nationalités opprimées, en éveillent ainsi la suspicion sur la sincérité de nos principes, sur notre justification de principe de la lutte contre l’impérialisme »<ref name=":0">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1922/12/vil19221231.htm La question des nationalités ou de l' « autonomie »]'', 31 décembre 1922</ref></blockquote>Les Géorgiens [[Bolcheviks|bolcheviks]], menés par Philippe Makharadze et [[Mdivani|Boudou Mdivani]], souhaitaient préserver une autonomie au sein de l'URSS, donc un statut de république membre, mais également conserver une tolérance envers l'opposition menchevik, une plus grande démocratie au sein du parti ainsi qu'une approche modérée envers les réformes terriennes. Le principal point de discorde était avant tout l'intégration de la Géorgie, de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan au sein d'une république unitaire fédérale, la [[République_socialiste_fédérative_soviétique_de_Transcaucasie|République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie]] qui sera finalement dissoute en 1936.
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[[Joseph_Staline|Joseph Staline]] et [[Grigory_Ordjonikidze|Grigory Ordjonikidze]] firent pression sur [[Lénine|Lénine]] afin de forcer la soviétisation de la Géorgie, qualifiant les communistes géorgiens d'opposants «&nbsp;déviationnistes nationalistes&nbsp;». Mais Lénine, avec [[Trotski|Trotski]], condamne la brutalité de la russification voulue par Staline, et rompt avec lui le 5 mars 1923. Mais la santé de Lénine se dégrade vite. [[Dzerjinsky|Dzerjinsky]] prend le parti de Staline.
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[[Joseph_Staline|Joseph Staline]] et [[Grigory_Ordjonikidze|Grigory Ordjonikidze]] firent pression sur [[Lénine|Lénine]] afin de forcer la soviétisation de la Géorgie, qualifiant les communistes géorgiens d'opposants «&nbsp;déviationnistes nationalistes&nbsp;». Mais Lénine, avec [[Trotski|Trotski]], condamne la brutalité de la russification voulue par Staline. Soit implicitement :<blockquote>« Le Géorgien qui considère avec dédain ce côté de l'affaire, qui lance dédaigneusement des accusations de «social-nationalisme» (alors qu'il est lui-même non seulement un vrai, un authentique «social-national », mais encore un brutal argousin grand-russe), ce Géorgien-là porte en réalité atteinte à la solidarité prolétarienne de classe (...) »<ref name=":0" /></blockquote>Soit très explicitement : ''« Il va de soi que c'est Staline et Dzerjinski qui doivent être rendus politiquement responsables de cette campagne foncièrement nationaliste grand-russe. »''
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Lénine rompra explicitement avec Staline le 5 mars 1923. Mais la santé de Lénine se dégrade vite. [[Dzerjinsky|Dzerjinsky]] prend le parti de Staline.
    
Lénine poussa à la suppression du paragraphe relatif à l’adhésion à la fédération de Russie, et à la reconnaissance de l’égalité entre républiques.<ref>OCML-VP, [http://www.vp-partisan.org/article496.html Les derniers combats de Lénine], 1994</ref> Le gouvernement de Russie ne pouvait pas être celui de l’[[URSS|Union]]. Lénine souhaitait une union de républiques libres. II pensait que l’[[Internationalisme|internationalisme]] ne devait pas être sacrifié au [[Centralisme|centralisme]]. Apprenant par la suite les brutalités commises par Ordjonokidzé à l’encontre de communistes géorgiens, Lénine fut indigné. Le 6 mars 1923, il fait porter à [[Trotski|Trotski]] ses notes sur le dossier géorgien, et le charge d'aborder cette question en son nom devant le Comité central&nbsp;; il envoie également aux Géorgiens une note dans laquelle il leur annonce son soutien.
 
Lénine poussa à la suppression du paragraphe relatif à l’adhésion à la fédération de Russie, et à la reconnaissance de l’égalité entre républiques.<ref>OCML-VP, [http://www.vp-partisan.org/article496.html Les derniers combats de Lénine], 1994</ref> Le gouvernement de Russie ne pouvait pas être celui de l’[[URSS|Union]]. Lénine souhaitait une union de républiques libres. II pensait que l’[[Internationalisme|internationalisme]] ne devait pas être sacrifié au [[Centralisme|centralisme]]. Apprenant par la suite les brutalités commises par Ordjonokidzé à l’encontre de communistes géorgiens, Lénine fut indigné. Le 6 mars 1923, il fait porter à [[Trotski|Trotski]] ses notes sur le dossier géorgien, et le charge d'aborder cette question en son nom devant le Comité central&nbsp;; il envoie également aux Géorgiens une note dans laquelle il leur annonce son soutien.

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