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[[File:Axelrod-Martov-Martynov.jpg|thumb|right|357x232px|Dirigeants mencheviks à Norra Bantorget à Stockholm en mai 1917 : Pavel Axelrod, Julius Martov et Alexandre Martynov.]]Les '''mencheviks''' étaient le principal courant du [[Parti_ouvrier_social-démocrate_de_Russie|Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR) opposé aux [[Bolchéviks|bolchéviks]].
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<div class="capturedImage showLegend floatright rfck_mw_frame" style="vertical-align: middle;  width: 357px">[[File:Axelrod-Martov-Martynov.jpg|frame|right|357x232px|Dirigeants mencheviks à Norra Bantorget à Stockholm en mai 1917&nbsp;: Pavel Axelrod, Julius Martov et Alexandre Martynov.]] </div>
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Les '''mencheviks''' étaient le principal courant du [[Parti_ouvrier_social-démocrate_de_Russie|Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR) opposé aux [[Bolchéviks|bolchéviks]].
    
La division eut lieu au 2<sup>e</sup> congrès à Londres en 1903 où les menchéviks sont minoritaires. Le mot ''menchevik'' (en russe меньшевик) vient de ''menchinstvo'' (меньшинство en russe) qui signifie «&nbsp;minorité&nbsp;», par opposition aux bolcheviks (большевик&nbsp;; de ''bolchinstvo'', большинство, «&nbsp;majorité&nbsp;»). Les deux courants resteront nommés ainsi malgré que les menchéviks soient par la suite restés minoritaires jusqu'à 1917.
 
La division eut lieu au 2<sup>e</sup> congrès à Londres en 1903 où les menchéviks sont minoritaires. Le mot ''menchevik'' (en russe меньшевик) vient de ''menchinstvo'' (меньшинство en russe) qui signifie «&nbsp;minorité&nbsp;», par opposition aux bolcheviks (большевик&nbsp;; de ''bolchinstvo'', большинство, «&nbsp;majorité&nbsp;»). Les deux courants resteront nommés ainsi malgré que les menchéviks soient par la suite restés minoritaires jusqu'à 1917.
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=== 1903 - Clivage au congrès de Londres ===
 
=== 1903 - Clivage au congrès de Londres ===
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C'est dans ce contexte que Lénine publie en février 1902 la brochure ''[[Que_faire_?|Que faire ?]]'', qui expose les positions communes de l'Iskra sur les économistes, mais aussi sur les [[Parti_révolutionnaire|questions organisationnelles]] qui se posent pour le parti naissant. Les partisans de l'Iskra sont en position de force à la veille du [[Second_congrès_du_POSDR|2<sup>e</sup> congrès]] qui a lieu en août 1903 à Londres.
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C'est dans ce contexte que Lénine publie en février 1902 la brochure ''[[Que_faire_?|Que faire ?]]'', qui expose les positions communes de l'[[Iskra|''Iskra'']] sur les économistes, mais aussi sur les [[Parti_révolutionnaire|questions organisationnelles]] qui se posent pour le parti naissant. Les partisans de l'Iskra sont en position de force à la veille du [[Second_congrès_du_POSDR|2<sup>e</sup> congrès]] qui a lieu en août 1903 à Londres.
    
Mais au cours des débats, un clivage autour de la condition d'adhésion d'un membre au parti cristallise une opposition en deux camps&nbsp;:
 
Mais au cours des débats, un clivage autour de la condition d'adhésion d'un membre au parti cristallise une opposition en deux camps&nbsp;:
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Les formules sont très proches, mais le débat se focalise sur les conceptions de l'organisation qui sont sous-entendues ou prêtées à ceux d'en face. Le débat a souvent été simplifié en ''«&nbsp;parti centralisé de révolutionnaires professionnels&nbsp;»'' (Lénine) contre ''«&nbsp;parti souple&nbsp;»'' (Martov). Dans un article de Trotski publié autour de 1907, celui-ci explique que dans ce genre de polémique, il s’agissait d’adopter la position de l’adversaire, d’en pousser la logique jusqu’à son dernier terme, et de tenter par là d’en révéler l’absurdité (argument de la pente glissante).<ref>[http://revueperiode.net/lire-lenine-entretien-avec-lars-lih/ ''Lire Lénine. Entretien avec Lars Lih''], 2013 </ref>
 
Les formules sont très proches, mais le débat se focalise sur les conceptions de l'organisation qui sont sous-entendues ou prêtées à ceux d'en face. Le débat a souvent été simplifié en ''«&nbsp;parti centralisé de révolutionnaires professionnels&nbsp;»'' (Lénine) contre ''«&nbsp;parti souple&nbsp;»'' (Martov). Dans un article de Trotski publié autour de 1907, celui-ci explique que dans ce genre de polémique, il s’agissait d’adopter la position de l’adversaire, d’en pousser la logique jusqu’à son dernier terme, et de tenter par là d’en révéler l’absurdité (argument de la pente glissante).<ref>[http://revueperiode.net/lire-lenine-entretien-avec-lars-lih/ ''Lire Lénine. Entretien avec Lars Lih''], 2013 </ref>
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Martov remporte d'abord le vote, mais après après le départ des 7 délégués du Bund et des 2 économistes, les partisans de Lénine se retrouvent en majorité. C'est suite à ce vote qu'ils seront nommés [[Bolcheviks|bolcheviks]] (de ''bolchinstvo'', «&nbsp;majorité&nbsp;»), par opposition aux mencheviks (de ''menchinstvo'', «&nbsp;minorité&nbsp;»). A ce moment-là, [[Plékhanov|Plékhanov]] est du côté de Lénine, tandis que [[Trotsky|Trotsky]] est menchévik.
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Martov remporte d'abord le vote, mais après après le départ des 7 délégués du Bund et des 2 économistes, les partisans de Lénine se retrouvent en majorité. C'est suite à ce vote qu'ils seront nommés [[Bolcheviks|bolcheviks]] (de ''bolchinstvo'', «&nbsp;majorité&nbsp;»), par opposition aux mencheviks (de ''menchinstvo'', «&nbsp;minorité&nbsp;»). Mais ces dénominations s'imposeront plus tard. Sur le moment, on parle d'un clivage ''«&nbsp;martovistes / léninistes&nbsp;»'', ou ''«&nbsp;doux / durs&nbsp;»''. Trotsky témoigne ainsi :
 
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Schématiquement, les bolcheviks rassemblent autour de Lénine un courant en apparence homogène, alors que les mencheviks regroupent différentes tendances&nbsp;: sociaux-démocrates traditionnels, tendance plus à gauche de [[Martov|Martov]] et tendance «&nbsp;gauchiste&nbsp;» de [[Léon_Trotski|Trotski]].
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''« Les collaborateurs de l'Iskra se divisèrent en "durs" et "doux". Ces appellations, comme on sait, eurent cours dans les premiers temps, prouvant que s'il n'existait pas encore de ligne de partage, il y avait pourtant une différence dans la façon d'aborder les questions, dans la décision, dans la persévérance vers le but. Pour ce qui est de Lénine et de Martov, on peut dire que même avant la scission et avant le congrès Lénine était déjà un "dur", tandis que Martov était un "doux".&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv14.htm Ma vie, 12. Le congrès du parti et la scission]'', 1930</ref>''
 
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Les 3 membres du Comité central élus (Lengnik, Noskov et Gleb Krzhizhanovsky) sont des partisans de Lénine. Le comité de rédaction de l'[[Iskra|Iskra]] est réduit de 6 à 3 membres ([[Lénine|Lénine]], [[Plekhanov|Plekhanov]] et [[Martov|Martov]]).
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Sur son propre positionnement, Trotski ajoute :
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''«&nbsp;Pourquoi me suis-je trouvé au congrès parmi les "doux"? De tous les membres de la rédaction, j'étais le plus lié avec Martov, Zassoulitch, et Axelrod. Leur influence sur moi fut indiscutable. (...) Lénine me traitait fort bien. Mais c'était justement lui, alors, qui, sous mes yeux, attaquait une rédaction formant à mon avis un ensemble unique et portant le nom prestigieux de l'Iskra. L'idée d'une scission dans le groupe me paraissait sacrilège. (...) Ainsi, ma rupture avec Lénine eut lieu en quelque sorte sur un terrain "moral", et même sur un terrain individuel. Mais ce n'était qu'en apparence. Pour le fond, nos divergences avaient un caractère politique qui ne se manifesta que dans le domaine de l'organisation. Je me considérais comme centraliste. Mais il est hors de doute qu'en cette période je ne voyais pas tout à fait à quel point un centralisme serré et impérieux serait nécessaire au parti révolutionnaire pour mener au combat contre la vieille société des millions d'hommes.&nbsp;»''
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Les 3 membres du Comité central élus (Lengnik, Noskov et Krjijanovsky) sont des partisans de Lénine. Le comité de rédaction de l'[[Iskra|Iskra]] est réduit de 6 à 3 membres ([[Lénine|Lénine]], [[Plekhanov|Plekhanov]] et [[Martov|Martov]]). Schématiquement, les bolcheviks rassemblent autour de Lénine un courant en apparence homogène, alors que les mencheviks regroupent différentes tendances&nbsp;: sociaux-démocrates traditionnels, tendance plus à gauche de [[Martov|Martov]] et tendance «&nbsp;gauchiste&nbsp;» de [[Léon_Trotski|Trotski]].
    
=== Le revirement de Plékhanov ===
 
=== Le revirement de Plékhanov ===
 
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<div class="capturedImage floatright" style="width: 189px">[[File:Georgi Plekhanov.jpg|right|189x228px|Georgi Plekhanov.jpg]]</div>
 
Le parti se scinde ensuite en deux fractions le 17 novembre. Se retrouvant en minorité, les menchevik scissionnent. Sous pression, Plekhanov fait volte-face et exige, au nom du maintien de «&nbsp;l’unité&nbsp;», que la majorité au comité de rédaction de l’''[[Iskra|Iskra]] ''soit rendue aux mencheviks. Lénine refuse. Il fait valoir que s'il avait été minoritaire il serait resté à la rédaction en tant que minorité, sans faire de chantage à l'unité. Lénine tente pourtant activement d'éviter la scission, assurant des pleins droits démocratiques aux menchéviks. Mais ceux-ci refusent tout compromis.
 
Le parti se scinde ensuite en deux fractions le 17 novembre. Se retrouvant en minorité, les menchevik scissionnent. Sous pression, Plekhanov fait volte-face et exige, au nom du maintien de «&nbsp;l’unité&nbsp;», que la majorité au comité de rédaction de l’''[[Iskra|Iskra]] ''soit rendue aux mencheviks. Lénine refuse. Il fait valoir que s'il avait été minoritaire il serait resté à la rédaction en tant que minorité, sans faire de chantage à l'unité. Lénine tente pourtant activement d'éviter la scission, assurant des pleins droits démocratiques aux menchéviks. Mais ceux-ci refusent tout compromis.
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=== Révolution de 1917 ===
 
=== Révolution de 1917 ===
 
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<div class="capturedImage showLegend floatright rfck_mw_frame" style="width: 172px">[[File:Nicolas Tchkhéidzé.jpg|frame|right|172px|Nicolas Tchkhéidzé]]  </div>
 
A nouveau, la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]] surprend tous les militants organisés du POSDR. Beaucoup de dirigeants social-démocrates, bolchéviks comme menchéviks, sont en exil&nbsp;: [[Lénine|Lénine]] et [[Martov|Martov]] sont à Zurich, [[Trotski|Trotski]] est à New York,&nbsp;[[Tsereteli|Tsereteli]], [[Fiodor_Dan|Dan]] et [[Staline|Staline]] en exil en Sibérie.
 
A nouveau, la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]] surprend tous les militants organisés du POSDR. Beaucoup de dirigeants social-démocrates, bolchéviks comme menchéviks, sont en exil&nbsp;: [[Lénine|Lénine]] et [[Martov|Martov]] sont à Zurich, [[Trotski|Trotski]] est à New York,&nbsp;[[Tsereteli|Tsereteli]], [[Fiodor_Dan|Dan]] et [[Staline|Staline]] en exil en Sibérie.
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Sous la direction de [[Lev_Kamenev|Kamenev]] et [[Staline|Staline]], les bolchéviks glissent vers une ligne de soutien au gouvernement provisoire et envisagent même de fusionner avec les menchéviks. Le retour d'exil de [[Lénine|Lénine]] et ses [[Thèses_d'avril|''Thèses d'avril'']] radicales vont réaffirmer un clivage net avec les menchéviks.
 
Sous la direction de [[Lev_Kamenev|Kamenev]] et [[Staline|Staline]], les bolchéviks glissent vers une ligne de soutien au gouvernement provisoire et envisagent même de fusionner avec les menchéviks. Le retour d'exil de [[Lénine|Lénine]] et ses [[Thèses_d'avril|''Thèses d'avril'']] radicales vont réaffirmer un clivage net avec les menchéviks.
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Les menchéviks restent au début sur leur position depuis 1905, celle de ne pas [[Ministérialisme|participer au gouvernement]], puisque c'est une révolution bourgeoise. [[Nicolas_Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]] en particulier refuse la proposition qui lui est faite. Mais le gouvernement est affaibli après les [[Journées_d'Avril|premières contestations populaires sérieuses]], et [[Irakli_Tsereteli|Tsérétéli]]<ref>[http://www.colisee.org/old/public//article/fiche/2087 Biographie d'Irakli Tsérétéli, consultée le 11 mars 2014].</ref> fait passer une ligne de participation au nom de la ''«&nbsp;sauvegarde de la révolution&nbsp;»''. Le 18 avril il devient ministre des Postes et Télégraphes, et [[Skobelev|Skobelev]] devient ministre du travail. Dans les [[comités_d'usines|comités d'usines]], les menchéviks défendent le contrôle par l'Etat contre le [[contrôle_ouvrier|contrôle ouvrier]], mais ils sont minoritaires par rapport aux bolchéviks.
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Les menchéviks restent au début sur leur position depuis 1905, celle de ne pas [[Ministérialisme|participer au gouvernement]], puisque c'est une révolution bourgeoise. [[Nicolas_Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]] en particulier refuse la proposition qui lui est faite. Mais le gouvernement est affaibli après les [[Journées_d'Avril|premières contestations populaires sérieuses]], et [[Irakli_Tsereteli|Tsérétéli]]<ref>[http://www.colisee.org/old/public//article/fiche/2087 Biographie d'Irakli Tsérétéli, consultée le 11 mars 2014].</ref> fait passer une ligne de participation au nom de la ''«&nbsp;sauvegarde de la révolution&nbsp;»''. Le 18 avril il devient ministre des Postes et Télégraphes, et [[Skobelev|Skobelev]] devient ministre du travail. Dans les [[Comités_d'usines|comités d'usines]], les menchéviks défendent le contrôle par l'Etat contre le [[Contrôle_ouvrier|contrôle ouvrier]], mais ils sont minoritaires par rapport aux bolchéviks.
    
A son retour d'exil début mai, [[Martov|Martov]] organise la gauche menchévique contre la politique de Tsereteli, mais il est battu à la conférence du parti menchévik du 9 mai (44 voix contre 11).
 
A son retour d'exil début mai, [[Martov|Martov]] organise la gauche menchévique contre la politique de Tsereteli, mais il est battu à la conférence du parti menchévik du 9 mai (44 voix contre 11).

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