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Ligne 5 : + + + + + + − − Le stalinisme s'est construit en même temps que la jeune révolution bolchévique dégénérait. C'est la [[Bureaucratie|bureaucratie]] réactionnaire qui constituait la base sociale de cette régression, car elle confisquait le pouvoir des mains des [[Soviet|soviets]] et donc des [[Classe_ouvrière|ouvriers]]. C'est elle qui s'est reconnue dans [[Staline|Staline]] et a donné du poids à son "argumentation" et à sa propagande. Ligne 14 :
Ligne 18 : − + + + + + + + + + + + + + + + − === Stalinisme et Internationale Communiste ===+ − Née dans l'élan de la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]], l'[[Internationale_Communiste|Internationale Communiste]] s'est développée très rapidement, et face à la discréditée [[Deuxième_internationale|Deuxième internationale]], elle avait vocation à donner un nouveau souffle révolutionnaire au [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] et au [[Socialisme_scientifique|socialisme scientifique]].+ − Mais sa rapide [[Stalinisation|stalinisation]] a tragiquement eu l'effet inverse : l'IC a conduit à l'échec ou a directement étouffé des révolutions ouvrières prometteuses : [[Révolution_chinoise_(1925-1927)|Révolution chinoise]], [[Révolution_espagnole|Révolution espagnole]]...+ − Il est à noter que les textes de 1928 de l'Internationale communiste contiennent des passages évoquant les mesures contre la bureaucratisation en URSS, alors que celle-ci était déjà très avancée<ref>Internationale Communiste, [http://www.marxists.org/francais/inter_com/1928/ic6_prog.htm VI° Congrès, Programme], 1928</ref>.+ Ligne 36 :
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== La dégénérescence stalinienne ==
== La dégénérescence stalinienne ==
=== Les racines du stalinisme ===
Le stalinisme s'est construit en même temps que la jeune [[révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] dégénérait. C'est la [[Bureaucratisation_soviétique|bureaucratisation de l'appareil d'Etat soviétique et du parti bolchévik]] qui a constitué la base sociale de cette régression. Cette bureaucratisation a progressivement confisqué le pouvoir des mains des [[Soviet|soviets]] et donc des [[Classe_ouvrière|ouvriers]] et [[Mouvement_paysan_en_Russie|paysans]]., sous l'effet de plusieurs facteurs qui font largement débat : la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]] qui a aggravé la ruine du pays et tué de nombreux ouvriers bolchéviks conscientisés pendant la révolution, la démoralisation et le repli sur la survie individuelle qui a tué le dynamisme des soviets, l'entrée de nombreux [[arrivistes|arrivistes]] peu encombrés de principés dans les rangs du parti, les mesures extrêmes de [[terreur_rouge|terreur rouge]] prises par le [[parti_bolchévik|parti bolchévik]] et l'[[interdiction_des_fractions|interdiction des fractions]]...
La bureaucratie, qui détenait à présent des leviers du pouvoir dans un rapport descendant vers les masses, ne voulait plus être gênée par des considérations politiques : les débats pouvant remettre en cause le poste de tel ou tel apparatchik, les révolutionnaires sincères réclamaient des efforts pour l'extension de la [[révolution_mondiale|révolution mondiale]] que les cadres ne voulaient plus faire... Cette bureaucratie s'est reconnue dans [[Staline|Staline]], qui a su patiemment se constituer un réseau d'influence. C'est la raison de fond qui a fait que la fraction de Staline a pu progressivement s'imposer en écrasant les autres courants du parti.
=== Stalinisme et Opposition de gauche en URSS ===
=== Stalinisme et Opposition de gauche en URSS ===
C'est ce poids croissant qui a permis au stalinisme de se présenter de grès ou de force comme la continuateur de [[Lénine|Lénine]], en calomniant tout opposant comme [[Trotsky|Trotsky]] et l'[[Opposition_de_gauche_(URSS)|Opposition de gauche]].
C'est ce poids croissant qui a permis au stalinisme de se présenter de grès ou de force comme la continuateur de [[Lénine|Lénine]], en calomniant tout opposant comme [[Trotsky|Trotsky]] et l'[[Opposition_de_gauche_(URSS)|Opposition de gauche]].
Le stalinisme a cherché à théoriser ses politiques d'abandon de la révolution internationale, voire contre-révolutionnaires. L'exemple le plus frappant en est la théorie du "[[Socialisme_dans_un_seul_pays|socialisme dans un seul pays]]".
Le stalinisme a cherché à théoriser ses politiques d'abandon de la révolution internationale, voire contre-révolutionnaires. L'exemple le plus frappant en est la théorie du "[[Socialisme_dans_un_seul_pays|socialisme dans un seul pays]]".
Le stalinisme a aussi représenté un recul sur la [[Condition_des_femmes_en_URSS|condition des femmes]] et des LGBTI. Entre 1927 et 1930, les autorités amorçent une vague homophobe : ces sujets sont censurés, l'homosexualité est considérée comme une maladie mentale...<ref>https://en.wikipedia.org/wiki/LGBT_history_in_Russia</ref>
Le stalinisme a aussi représenté un recul sur la [[Condition_des_femmes_en_URSS|condition des femmes]] et des LGBTI. Entre 1927 et 1930, les autorités amorçent une vague homophobe : ces sujets sont censurés, l'homosexualité est considérée comme une maladie mentale...<ref>https://en.wikipedia.org/wiki/LGBT_history_in_Russia</ref>
== Stalinisme et Internationale Communiste ==
=== Les débuts ===
Née dans l'élan de la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]], l'[[Internationale_Communiste|Internationale Communiste]] s'est développée très rapidement, et face à la discréditée [[Deuxième_internationale|Deuxième internationale]], elle avait vocation à donner un nouveau souffle révolutionnaire au [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] et au [[Socialisme_scientifique|socialisme scientifique]]. Mais sa rapide [[Stalinisation|stalinisation]] a tragiquement eu l'effet inverse : l'IC a conduit à l'échec ou a directement étouffé des révolutions ouvrières prometteuses.
=== L'opportunisme croissant ===
Au cours des années 1920, la politique de l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]] devient progressivement de plus en plus [[Opportuniste|opportuniste]], au fur et à mesure de sa [[Bureaucratisation|bureaucratisation]]. Cela conduit à une alliance avec les dirigeants syndicaux anglais qui brise la [[Grève_générale_de_1926_au_Royaume-Uni|grève générale de 1926]], et surtout à l'écrasement de la [[Révolution_chinoise_(1925-1927)|révolution chinoise]] (1925-1927).
Des concessions verbales aux restes de communistes sont encore faites, comme par exemple les textes de 1928 de l'Internationale communiste qui contiennent des passages évoquant des mesures à prendre contre la bureaucratisation en URSS, alors que celle-ci était déjà très avancée<ref>Internationale Communiste, [http://www.marxists.org/francais/inter_com/1928/ic6_prog.htm VI° Congrès, Programme], 1928</ref>.
=== La « Troisième période » (1928-1935) ===
En 1928 l'Internationale opère un brusque revirement, qui sera nommé la politique ''« [[Classe_contre_classe|classe contre classe]] »'', ou ''« [[Troisième_période|troisième période]] »''. Toutes les sections de l'IC reçoivent la consigne de passer immédiatement à l'[[Agitation|agitation]] et action révolutionnaire. En Chine, les communistes repliés dans les campagnes proclament de petites républiques soviétiques (sans aucune auto-organisation des masses). En Europe, cela se traduit surtout par une attitude [[Sectaire|sectaire]] envers les partis [[Social-démocrates|social-démocrates]], que les PC vont désormais qualifier de ''« [[social-fascistes|social-fascistes]] »''. Ils refusent tout [[Front_unique|front unique]], et en particulier refusent d'organiser une riposte de classe face aux attaques des groupes [[Fascistes|fascistes]]. Cette politique désastreuse sera en grande partie responsable de la victoire des nazis en 1932. C'est cette échec menant à la destruction du mouvement ouvrier allemande qui convainc Trotski que l'Internationale ne peut plus être redressée et qu'une [[Quatrième_internationale|Quatrième internationale]] doit être fondée.
=== Les fronts populaires ===
[[Staline|Staline]] fait faire un nouveau zigzag à l'Internationale à partir de 1935 avec la ligne des [[fronts_populaires|fronts populaires]]. Craignant directement pour la survie de l'URSS, il promeut l'alliance des forces antifascistes (qu'elles soient communistes, social-démocrates, bourgeoises...), et sur le plan diplomatique il flatte ''« le camp des démocraties »'' contre les Etats fascistes. Pour s'allier à leur bourgeoisie nationale, les PC vont épouser son [[nationalisme|nationalisme]] : ainsi le [[PCF|PCF]] reprend la [[Marseillaise|''Marseillaise'']] et le [[drapeau_bleu_blanc_rouge|drapeau bleu blanc rouge]]... Cet alignement conduit également les PC de France et d'Angleterre à mettre en veilleuse la dénonciation de l'[[impérialisme_français|impérialisme français]] et [[impérialisme_anglais|anglais]]...
Dans la [[Révolution_espagnole|Révolution espagnole]] (1936-1939), les staliniens (qui sont au départ faiblement implantés mais qui bénéficient de l'appui de l'Etat soviétique) font un bloc acritique avec les bourgeois démocrates contre les franquistes, allant pour leur plaire jusqu'à désamorcer l'élan socialiste révolutionnaire et à assassiner des leaders anarchistes et [[POUM|poumistes]]. Or l'élan révolutionnaire était le seul qui pouvait donner aux masses la combativité suffisante pour vaincre le fascisme.
Jusqu'au milieu des années 1930, les militants communistes de certains pays ont parfois des réflexes démocratiques élémentaires pour défendre Trotsky. Ainsi en août 1936, lorsque des fascistes s'introduisent dans la maison où est hébergé Trotsky en Norvège, le PC norvégien convoque immédiatement un meeting de condamnation des fascistes. Mais Moscou opère aussi un recadrage : l'agence Tass affirme que les fascistes rendaient visite à Trotsky, l'Humanité reprend cette diffamation, et le PC norvégien revendique alors l'expulsion de Trotsky.<ref>Alfred Rosmer, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/rosnor.htm Appendice à Ma vie, de Trotsky]'', 1954</ref>
Jusqu'au milieu des années 1930, les militants communistes de certains pays ont parfois des réflexes démocratiques élémentaires pour défendre Trotsky. Ainsi en août 1936, lorsque des fascistes s'introduisent dans la maison où est hébergé Trotsky en Norvège, le PC norvégien convoque immédiatement un meeting de condamnation des fascistes. Mais Moscou opère aussi un recadrage : l'agence Tass affirme que les fascistes rendaient visite à Trotsky, l'Humanité reprend cette diffamation, et le PC norvégien revendique alors l'expulsion de Trotsky.<ref>Alfred Rosmer, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/rosnor.htm Appendice à Ma vie, de Trotsky]'', 1954</ref>
La période stalinienne entraînera dans les domaines artistiques, scientifiques et culturels une véritable chape de plomb. Toute production intellectuelle (comme manuelle) est mise au pas au service du régime. Ceux qui étaient reconnus dans leur domaine sont souvent mis à l'écart, même ceux qui avaient percé dans la période de la fin des années 1920 déjà bureaucratisée. Staline se méfie d'eux parce que leur poste et leur influence n'est pas totalement subordonnée à lui, ou parce que les créations ou recherches qu'ils ont développées ne sont pas parfaitement adaptées à la propagande de l'Etat. Ainsi les recherches novatrices sur l'écologie sont mises de côté, les thèses de l'historien [[Pokrovsky|Pokrovsky]] sont rejetées... Le symbole le plus caricatural de la ''« science »'' manipulée (et donc non scientifique) est la doctrine de [[Affaire_Lyssenko|Lyssenko]], qui conduira au rejet pendant plusieurs années de la [[Génétique|génétique]], considérée comme ''« bourgeoise »''.
La période stalinienne entraînera dans les domaines artistiques, scientifiques et culturels une véritable chape de plomb. Toute production intellectuelle (comme manuelle) est mise au pas au service du régime. Ceux qui étaient reconnus dans leur domaine sont souvent mis à l'écart, même ceux qui avaient percé dans la période de la fin des années 1920 déjà bureaucratisée. Staline se méfie d'eux parce que leur poste et leur influence n'est pas totalement subordonnée à lui, ou parce que les créations ou recherches qu'ils ont développées ne sont pas parfaitement adaptées à la propagande de l'Etat. Ainsi les recherches novatrices sur l'écologie sont mises de côté, les thèses de l'historien [[Pokrovsky|Pokrovsky]] sont rejetées... Le symbole le plus caricatural de la ''« science »'' manipulée (et donc non scientifique) est la doctrine de [[Affaire_Lyssenko|Lyssenko]], qui conduira au rejet pendant plusieurs années de la [[Génétique|génétique]], considérée comme ''« bourgeoise »''.
Le 7 mars 1934, l'interdiction de l'homosexualité masculine est ajoutée au code criminel (article 121), et attaquée comme ''« signe de fascisme »'' (dans un contexte de lutte contre l'Allemagne [[nazi|nazie]]). Autre signe de la profonde réaction de cette époque, l'avortement est interdit par un décret du 27 juillet 1936.
Le 7 mars 1934, l'interdiction de l'homosexualité masculine est ajoutée au code criminel (article 121), et attaquée comme ''« signe de fascisme »'' (dans un contexte de lutte contre l'Allemagne [[Nazi|nazie]]). Autre signe de la profonde réaction de cette époque, l'avortement est interdit par un décret du 27 juillet 1936.
== Le stalinisme après Staline ==
== Le stalinisme après Staline ==