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[[File:NousSommesLePouvoirOuvrier.jpg|right|279x193px|NousSommesLePouvoirOuvrier.jpg]]Le '''contrôle ouvrier sur la production''' peut consister à contrôler les moyens d’approvisionnement en matières premières, le coût de ces matières, le prix de revient, l’évaluation des frais généraux, le prix de vente, les bénéfices approximatifs, les formes de l’écoulement du produit fini, la valeur du [[Salaire|salaire]] qui peut être revendiqué, pénétrer les secrets de fabrication, etc...
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Le '''contrôle ouvrier sur la production''' peut consister à contrôler les moyens d’approvisionnement en matières premières, le coût de ces matières, le prix de revient, l’évaluation des frais généraux, le prix de vente, les bénéfices approximatifs, les formes de l’écoulement du produit fini, la valeur du [[Salaire|salaire]] qui peut être revendiqué, pénétrer les secrets de fabrication, etc...
    
Le contrôle ouvrier est une [[Revendication|revendication]] fréquente chez les [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]], pour qui il est une mesure [[Revendication_transitoire|transitoire]] permettant à la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] d'aiguiser sa [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] et de se radicaliser.
 
Le contrôle ouvrier est une [[Revendication|revendication]] fréquente chez les [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]], pour qui il est une mesure [[Revendication_transitoire|transitoire]] permettant à la [[Classe_ouvrière|classe ouvrière]] d'aiguiser sa [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] et de se radicaliser.
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=== Pendant la révolution russe ===
 
=== Pendant la révolution russe ===
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Le mot d’ordre du contrôle ouvrier surgit «&nbsp;spontanément&nbsp;» parmi les ouvriers de Petrograd au printemps 1917, sans référence explicite ni au [[Bolchévisme|bolchévisme]] (qui n'avait pas développé ce thème) ni aux [[Anarchistes_russes|anarchistes]]. La motivation première n'était pas idéologique mais pratique&nbsp;: résoudre les problèmes immédiats de l'[[Économie_russe|économie russe]] en crise, éviter le [[Chômage|chômage]] en maintenant la production coûte que coûte (et parfois plus en appui aux directeurs qu'en opposition). Ce fut ce qui poussa les ouvriers de Petrograd à organiser la première conférence <span class="reference-text">des [[Comités_d'usines|<span class="mw-redirect">comités d'usines</span>]] de Pétrograd</span> (mai 1917), où le&nbsp; [[Parti_SR|SR]] V.&nbsp;M.&nbsp;Lévine dit dans son discours d’ouverture&nbsp;:
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Le mot d’ordre du contrôle ouvrier surgit «&nbsp;spontanément&nbsp;» parmi les ouvriers de Petrograd au printemps 1917, sans référence explicite ni au [[Bolchévisme|bolchévisme]] (qui n'avait pas développé ce thème) ni aux [[Anarchistes_russes|anarchistes]]. Dans les [[Thèses_d'avril|''Thèses d'avril'']], [[Lénine|Lénine]] préconisait ''«&nbsp;le passage immédiat au contrôle de la production sociale et de la répartition des produits par le Soviet des députés ouvriers&nbsp;»'', mais ne parlait pas des [[comités_d'usine|comités d'usine]], et il ne s'agissait pas d'[[expropriation|exproprier]] immédiatement le patronat.
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La motivation première n'était pas idéologique mais pratique&nbsp;: résoudre les problèmes immédiats de l'[[Économie_russe|économie russe]] en crise, éviter le [[Chômage|chômage]] en maintenant la production coûte que coûte (et parfois plus en appui aux directeurs qu'en opposition). Ce fut ce qui poussa les ouvriers de Petrograd à organiser la première conférence <span class="reference-text">des [[Comités_d'usines|<span class="mw-redirect">comités d'usines</span>]] de Pétrograd</span> (mai 1917), où le&nbsp; [[Parti_SR|SR]] V.&nbsp;M.&nbsp;Lévine dit dans son discours d’ouverture&nbsp;:
 
<blockquote>''«&nbsp;Tous les ateliers et les usines de Pétrograd sont en crise, mais les directions ne font pas assez d’efforts pour fournir leurs établissements en quantités suffisantes de matières premières et de combustibles. De sorte que les travailleurs se retrouvent au chômage, à la merci du tsar Famine. En conséquence, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui doivent y remédier, puisque les employeurs ne font rien. Seule l’organisation unifiée des comités d’usine à travers toute la Russie, et pas seulement à Pétrograd, pourra le faire. Il est clair que pour cela il doit y avoir partout des organisations de travailleurs qui agiront de concert pour intervenir dans la vie industrielle d’une manière organisée. &nbsp;»''<ref>Stephen A. Smith, [http://www.contretemps.eu/petrograd-rouge/ ''Pétrograd Rouge. La Révolution dans les usines (1917-1918)''], éd. les Nuits Rouges, 2017</ref></blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Tous les ateliers et les usines de Pétrograd sont en crise, mais les directions ne font pas assez d’efforts pour fournir leurs établissements en quantités suffisantes de matières premières et de combustibles. De sorte que les travailleurs se retrouvent au chômage, à la merci du tsar Famine. En conséquence, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui doivent y remédier, puisque les employeurs ne font rien. Seule l’organisation unifiée des comités d’usine à travers toute la Russie, et pas seulement à Pétrograd, pourra le faire. Il est clair que pour cela il doit y avoir partout des organisations de travailleurs qui agiront de concert pour intervenir dans la vie industrielle d’une manière organisée. &nbsp;»''<ref>Stephen A. Smith, [http://www.contretemps.eu/petrograd-rouge/ ''Pétrograd Rouge. La Révolution dans les usines (1917-1918)''], éd. les Nuits Rouges, 2017</ref></blockquote>  
 
Un des problèmes principaux était la difficulté à trouver de l'approvisionnement en combustible. Dès mars et avril, les [[Comités_d'usine|comités d'usine]] de Vulcain et de Poutilov en cherchent. A partir de l'été, les comités de l’Usine de tubes, de l’Arsenal, de Rosenkrantz et d’autres sites commencèrent à envoyer des «&nbsp;prospecteurs&nbsp;» ([[Tolkatchi|''tolkatchi'']]) dans le Donbass et dans d’autres régions du Sud en quête de combustible. En octobre, le Conseil central des comités d’usine annonça qu’il réquisitionnerait le carburant de toute usine qui détiendrait plus de trois mois de réserves afin de le donner aux centrales électriques, aux stations d’alimentation en eau potable et aux moulins, là où il était le plus nécessaire.
 
Un des problèmes principaux était la difficulté à trouver de l'approvisionnement en combustible. Dès mars et avril, les [[Comités_d'usine|comités d'usine]] de Vulcain et de Poutilov en cherchent. A partir de l'été, les comités de l’Usine de tubes, de l’Arsenal, de Rosenkrantz et d’autres sites commencèrent à envoyer des «&nbsp;prospecteurs&nbsp;» ([[Tolkatchi|''tolkatchi'']]) dans le Donbass et dans d’autres régions du Sud en quête de combustible. En octobre, le Conseil central des comités d’usine annonça qu’il réquisitionnerait le carburant de toute usine qui détiendrait plus de trois mois de réserves afin de le donner aux centrales électriques, aux stations d’alimentation en eau potable et aux moulins, là où il était le plus nécessaire.
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Cette politique déclenchera de nombreuses oppositions dans le parti bolchévik ([[Kommunist|Kommunist]], [[Opposition_ouvrière|Opposition ouvrière]]...) et des contestations ouvrières, même au coeur révolutionnaire de Petrograd. Une lutte s'engage entre les comités d'usine et les organes de planification qui se mettent vraiment en place en juin 1918. Mais la guerre civile a un effet désagrégateur sur les comités, ne serait-ce que parce que de janvier à juin 1918, à Petrograd, le nombre de salariés au travail est passé de 340 000 à 145 000. L'obéissance va assez rapidement prendre le dessus, même des grèves ont lieu dans les grands centres entre 1919 et 1921.
 
Cette politique déclenchera de nombreuses oppositions dans le parti bolchévik ([[Kommunist|Kommunist]], [[Opposition_ouvrière|Opposition ouvrière]]...) et des contestations ouvrières, même au coeur révolutionnaire de Petrograd. Une lutte s'engage entre les comités d'usine et les organes de planification qui se mettent vraiment en place en juin 1918. Mais la guerre civile a un effet désagrégateur sur les comités, ne serait-ce que parce que de janvier à juin 1918, à Petrograd, le nombre de salariés au travail est passé de 340 000 à 145 000. L'obéissance va assez rapidement prendre le dessus, même des grèves ont lieu dans les grands centres entre 1919 et 1921.
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Une des questions sensibles fut également la question du rôle des «&nbsp;spécialistes&nbsp;» (souvent des [[bourgeois|bourgeois]] ou [[petit-bourgeois|petit-bourgeois]]). La grande majorité des bolchéviks étaient d'accord pour chercher à les rallier au nouveau régime, et estimaient leurs compétences nécessaires, notamment dans l'[[industrie|industrie]]. Mais leur rôle de spécialiste (même «&nbsp;technique&nbsp;») sous le capitalisme correspondait aussi souvent à une position sociale hiérarchique par rapport aux ouvriers. Ainsi reproduire la [[division_du_travail|division du travail]] risquait d'aller de pair avec la reproduction de la subordination dans les usines. C'est ce danger que dénonçaient des bolchéviks oppositionnels comme l'[[Opposition_ouvrière|Opposition ouvrière]]. La majorité réaffirme sa position au 9<sup>e</sup> congrès (1920) :
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Une des questions sensibles fut également la question du rôle des «&nbsp;spécialistes&nbsp;» (souvent des [[Bourgeois|bourgeois]] ou [[Petit-bourgeois|petit-bourgeois]]). La grande majorité des bolchéviks étaient d'accord pour chercher à les rallier au nouveau régime, et estimaient leurs compétences nécessaires, notamment dans l'[[Industrie|industrie]]. Mais leur rôle de spécialiste (même «&nbsp;technique&nbsp;») sous le capitalisme correspondait aussi souvent à une position sociale hiérarchique par rapport aux ouvriers. Ainsi reproduire la [[Division_du_travail|division du travail]] risquait d'aller de pair avec la reproduction de la subordination dans les usines. C'est ce danger que dénonçaient des bolchéviks oppositionnels comme l'[[Opposition_ouvrière|Opposition ouvrière]]. La majorité réaffirme sa position au 9<sup>e</sup> congrès (1920)&nbsp;:
 
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« Le Congrès oblige tous les membres du Parti à combattre sans merci cette conception erronée selon laquelle la classe ouvrière serait capable de résoudre tous les problèmes sans l’assistance, dans les cas les plus importants, de spécialistes de l’école bourgeoise. Les éléments démagogiques qui spéculent sur des préjugés de cette sorte le plus répandus chez les plus arriérés de nos travailleurs ne peuvent avoir de place dans les rangs du parti du socialisme scientifique. »
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«&nbsp;Le Congrès oblige tous les membres du Parti à combattre sans merci cette conception erronée selon laquelle la classe ouvrière serait capable de résoudre tous les problèmes sans l’assistance, dans les cas les plus importants, de spécialistes de l’école bourgeoise. Les éléments démagogiques qui spéculent sur des préjugés de cette sorte le plus répandus chez les plus arriérés de nos travailleurs ne peuvent avoir de place dans les rangs du parti du socialisme scientifique.&nbsp;»
 
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Des courants [[Libertaires|libertaires]]<ref>Maurice Brinton, [http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/les_bolcheviks_et_le_contrle_ouvrier_-_1917-1921_-_maurice_brinton_2_.pdf ''Les bolcheviks et le contrôle ouvrier 1917-1921''], Revue ''Autogestion et socialisme'' n°24-25, septembre-décembre 1973</ref> ou de la [[Gauche_communiste|gauche communiste]] ont critiqué le pouvoir bolchévik pour n'avoir pas réellement instauré la gestion ouvrière, mais seulement un contrôle ouvrier devenu concrètement la gestion par l'[[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]], dans une logique [[Substitutiste|substitutiste]].
 
Des courants [[Libertaires|libertaires]]<ref>Maurice Brinton, [http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/les_bolcheviks_et_le_contrle_ouvrier_-_1917-1921_-_maurice_brinton_2_.pdf ''Les bolcheviks et le contrôle ouvrier 1917-1921''], Revue ''Autogestion et socialisme'' n°24-25, septembre-décembre 1973</ref> ou de la [[Gauche_communiste|gauche communiste]] ont critiqué le pouvoir bolchévik pour n'avoir pas réellement instauré la gestion ouvrière, mais seulement un contrôle ouvrier devenu concrètement la gestion par l'[[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]], dans une logique [[Substitutiste|substitutiste]].

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