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Ce n'est qu'après-coup que Trotsky revient sur l'expérience de la Révolution chinoise à la lumière de sa théorie sur la révolution permanente. En 1928, pendant son exil à Alma-Ata, Trotsky se convainc de la justesse de ses pronostics anciens, et en constate l'application à la Révolution chinoise. C'est cette théorie qu'il défend dans ''[[La Révolution permanente (Trotsky)|La Révolution permanente]]'' (1932)
 
Ce n'est qu'après-coup que Trotsky revient sur l'expérience de la Révolution chinoise à la lumière de sa théorie sur la révolution permanente. En 1928, pendant son exil à Alma-Ata, Trotsky se convainc de la justesse de ses pronostics anciens, et en constate l'application à la Révolution chinoise. C'est cette théorie qu'il défend dans ''[[La Révolution permanente (Trotsky)|La Révolution permanente]]'' (1932)
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== Trotsky généralise la théorie de la révolution permanente ==
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On voit donc comment, de [[Karl Marx|Marx]] à [[Léon Trotsky|Trotsky]], la notion de "révolution permanente" s'est enrichie et approfondie. Chez Marx, elle a d'abord désigne seulement le rapport de la [[Classe ouvrière|classe ouvrière]] à la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] lors d'une [[Révolution bourgeoise|révolution bourgeoise]], puis le rapport de la classe ouvrière à la [[Paysannerie|paysannerie]] dans la [[Révolution socialiste|révolution socialiste]] et la nature du pouvoir qui devait sortir de ces révolutions. <br>
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Il nous a semblé nécessaire de parcourir ce long chemin de l'histoire pour voir comment peu à peu la notion de révolution permanente s'est enrichie et approfondie. Née avant Marx à partir de pensées généreuses mais vagues, elle a concerné d'abord seulement le rapport de la classe ouvrière à la bourgeoisie dans la révolution bourgeoise, puis le rapport de la classe ouvrière à la paysannerie dans la révolution socialiste, non seulement sous une forme générale au niveau des classes mêmes, mais sur le plan politique des organisations qui prétendent représenter ces classes, elle concerne enfin la nature du pouvoir qui devait sortir de ces révolutions. On est bien loin de la conception mencheviste&nbsp;: tâches bourgeoises, d'où révolution démocratique bourgeoise, d'où direction de la bourgeoisie, d'où république démocratique bourgeoise. Enfin, Trotsky y ajoute l'aspect international montrant que l'instauration de la dictature du prolétariat ne signifie pas la construction indépendante du socialisme&nbsp;: «&nbsp;Tout ce qui a été dit plus haut signifie-t-il que tous les pays du monde sont actuellement plus ou moins mûs pour la révolution socialiste&nbsp;? Non, c'est là une manière fausse, mécanique et scolastique de poser la question... Indiscutablement, l'économie mondiale est, dans son ensemble, mûre pour le socialisme. Mais cela ne signifie nullement que chaque pays, pris isolément, se trouve dans cette situation. Comment instituer alors la dictature du prolétariat dans différents pays arriérés, comme la Chine, l'Inde, etc.&nbsp;? Nous répondons&nbsp;: l'histoire ne se fait pas sur commande. Tel pays peut être «&nbsp;mûr&nbsp;» pour la dictature du prolétariat sans l'être cependant ni pour la construction indépendante du socialisme, ni même pour de larges mesures de socialisation. Il ne faut jamais prendre, comme point de départ, l'harmonie préétablie de l'évolution sociale. La loi de l'inégalité du développement existe encore. Elle manifeste sa puissance aussi bien dans les rapports entre plusieurs pays que dans les rapports mutuels entre différentes séries de phénomènes à l'intérieur d'un seul pays. C'est seulement à l'échelle mondiale qu'on pourra réconcilier le développement inégal de l'économie et de la politique.Aucun pays du monde ne pourra construire le socialisme dans ses limites nationales: les forces productives hautement développées qui débordent les frontières nationales s'y opposent au même titre que les forces insuffisamment développées pour la nationalisation. La dictature du prolétariat en Angleterre, par exemple, se heurtera à des obstacles et à des difficultés différentes, mais peut-être aussi grandes, que celles qui se dresseront devant la dictature du prolétariat en Chine.&nbsp;» (16) Notons toutefois que Trotsky se garde de procéder à une généralisation qui engloberait des pays où le prolétariat est très minoritaire pour ne pas dire quasiment inexistant: «&nbsp;Cela signifie-t-il du moins que tout pays, même un pays colonial arriéré, est mûr pour la dictature du prolétariat s'il ne l'est pas pour le socialisme? Non, cela ne le signifie pas. Et alors, comment faire la révolution démocratique en général et dans les colonies en particulier&nbsp;? Et où avez-vous appris - je répondrai à cette question par une autre - que chaque pays colonial est mûr pour l'accomplissement immédiat et intégral de ses tâches nationales démocratiques&nbsp;? Il faut renverser le problème. Dans les conditions de l'époque impérialiste, la révolution démocratique nationale ne peut être victorieuse que si les rapports sociaux et politiques d'un pays sont mûrs pour porter au pouvoir le prolétariat en qualité de chef des masses populaires. Et si les choses n'en sont pas encore arrivées à ce point&nbsp;? Alors la lutte pour la libération nationale n'arrivera qu'à des résultats incomplets, dirigés contre les masses travailleuses.» (17) Il pourrait sembler que, dans ces lignes, Trotsky ait péché par excès de prudence quand on voit que, indépendamment de tout ce qu'il y a à dire sur les régimes bureaucratiques qui y sévissent, le pouvoir capitaliste a été éliminé dans des pays comme la Mongolie extérieure, l'Albanie, le Tibet, le Laos, le Kampuchéa. On ne pouvait certainement pas affirmer à priori qu'ils étaient mûrs pour la dictature du prolétariat - sans parler de socialisme - étant donné que la classe ouvrière y était particulièrement faible ou même pratiquement inexistante. Mais ce sont là des cas de toute évidence exceptionnels, car les développements qui s'y sont produits ne sont pas dûs principalement aux conditions intérieures mais, avant tout, au fait que des révolutions et des interventions contre- révolutionnaires étrangères se sont produites à leurs frontières et ont eu une extension chez eux, que le processus révolutionnaire les a ainsi impliqués et les a entraînés bien au-delà de ce qui pouvait se produire en fonction de leurs strictes données nationales. Aussi, pensons-nous que la restriction de Trotsky mentionnée plus haut reste aujourd'hui encore tout à fait valable.
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Cette théorie s'oppose au schéma [[Menchévisme|menchéviste]], qui considère que les tâches bourgeoises ne peuvent être accompliques que sous la direction de la bourgeoisie, lors d'une [[Révolution bourgeoise|révolution démocratique bourgeoise]]. Trotsky ajoute aussi à cette conception l'idée que l'instauration de la [[Dictature du prolétariat|dictature du prolétariat]] ne signifie pas la construction autonome du [[Socialisme dans un seul pays|socialisme dans un pays]], mais qu'au contraire "Aucun pays du monde ne pourra construire le socialisme dans ses limites nationales&nbsp;: les [[Forces productives|forces productives]] hautement développées qui débordent les frontières nationales s'y opposent au même titre que les forces insuffisamment développées pour la nationalisation." (16)<br>
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Trotsky exclut cependant de sa théorie des pays où le [[Prolétariat|prolétariat]] est quasiment inexistant, et donc incapable d'arriver au pouvoir "en qualité de chef des masses populaires." (17) [[Pierre Frank|Pierre Frank]] ajoute que cette restriction n'est pas infirmée par le fait que des Etats comme la [[République populaire mongole|Mongolie]] ou le [[République démocratique populaire du Laos|Laos]], au prolétariat quasiment inexistant, aient pu sortir du [[Capitalisme|capitalisme]]&nbsp;: en effet, ce changement est lié à l'extension dans les frontières de ces pays de révolutions survenues dans des pays voisins. Une telle situation est donc exceptionnelle. <br>
    
== Les vérifications à l'échelle mondiale de la théorie de la révolution permanente ==
 
== Les vérifications à l'échelle mondiale de la théorie de la révolution permanente ==
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