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On s'inquitétait alors particulièrement d'une prise de Petrograd par les Allemands, qui aurait porté un coup dur au coeur révolutionnaire, et que le gouvernement aurait pu mettre à profit. Ce danger-là s'est éloigné par la suite, mais Lénine en voyait bien d'autres, en cas d'inaction. Plus globalement, dans cette période, Lénine critiquait constamment sur la gauche le comité central, qui accorde trop d'attention au [[Comité_exécutif_central_panrusse|Comité exécutif conciliateur]], à la [[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence démocratique]], et aux bavardages parlementaires en général, et ne s'occupe pas assez activement de préparer les masses à l'insurrection.
 
On s'inquitétait alors particulièrement d'une prise de Petrograd par les Allemands, qui aurait porté un coup dur au coeur révolutionnaire, et que le gouvernement aurait pu mettre à profit. Ce danger-là s'est éloigné par la suite, mais Lénine en voyait bien d'autres, en cas d'inaction. Plus globalement, dans cette période, Lénine critiquait constamment sur la gauche le comité central, qui accorde trop d'attention au [[Comité_exécutif_central_panrusse|Comité exécutif conciliateur]], à la [[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence démocratique]], et aux bavardages parlementaires en général, et ne s'occupe pas assez activement de préparer les masses à l'insurrection.
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Pendant la [[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence démocratique]] (14-22 septembre), Lénine propose de cerner le bâtiment et prendre le pouvoir. Le [[Comité_central_bolchévik|Comité central]] repousse unanimement la proposition, pour des raisons différentes&nbsp;: certains sont contre l'insurrection en général, d'autres ([[Trotsky|Trotsky]]) considèrent que ce n'est pas le moment. Le comité central repousse même au début l'idée de [[Boycott|boycott]] du [[Pré-parlement_(Russie)|pré-parlement]] issu de la Conférence<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170922b.htm Notes d'un publiciste]'', 22-23-24 septembre 1917</ref>.
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Pendant la [[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence démocratique]] (14-22 septembre), Lénine propose de cerner le bâtiment et prendre le pouvoir. Le [[Comité_central_bolchévik|Comité central]] repousse unanimement la proposition, pour des raisons différentes&nbsp;: certains sont contre l'insurrection en général, d'autres ([[Sverdlov|Sverdlov]], [[Trotsky|Trotsky]], [[Boukharine|Boukharine]]) considèrent que ce n'est pas le moment. Le comité central repousse même au début l'idée de [[Boycott|boycott]] du [[Pré-parlement_(Russie)|pré-parlement]] issu de la Conférence<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170922b.htm Notes d'un publiciste]'', 22-23-24 septembre 1917</ref>.
    
=== ''«&nbsp;La crise est mûre&nbsp;»'' ===
 
=== ''«&nbsp;La crise est mûre&nbsp;»'' ===
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En août les conciliateurs prédominaient encore dans la garnison. Les calmonies contre les ''«&nbsp;bolchéviks agents de l'Allemagne&nbsp;»'' ont fait beaucoup de mal. Courant septembre, la méfiance laisse place à des sympathies ou a une neutralité expectative. Mais pas encore à une sympathie active. Et il restait une minorité à peu prés irréductible hostile aux bolcheviks, les&nbsp;éléments les plus qualifiés de l'armée (5000 [[Junkers|junkers]], 3 régiments de [[Cosaques|cosaques]], un bataillon d'automobilistes, une division d'autos blindées). L'issue du conflit n'était donc pas encore certaine, et il fallait être prudent.
 
En août les conciliateurs prédominaient encore dans la garnison. Les calmonies contre les ''«&nbsp;bolchéviks agents de l'Allemagne&nbsp;»'' ont fait beaucoup de mal. Courant septembre, la méfiance laisse place à des sympathies ou a une neutralité expectative. Mais pas encore à une sympathie active. Et il restait une minorité à peu prés irréductible hostile aux bolcheviks, les&nbsp;éléments les plus qualifiés de l'armée (5000 [[Junkers|junkers]], 3 régiments de [[Cosaques|cosaques]], un bataillon d'automobilistes, une division d'autos blindées). L'issue du conflit n'était donc pas encore certaine, et il fallait être prudent.
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Si les franges les plus radicales des ouvriers et soldats bolchéviks étaient impatientes, aux yeux de larges masses indécises, la légitimité dépendait largement de qui était responsable d'une agression. Par ailleurs le gouvernement et la presse réactionnaire tentait de monter le front contre ''«&nbsp;l'oisiveté&nbsp;»'' des soldats de Pétrograd qui refusaient d'y aller. Le [[Soviet_de_Pétrograd|Soviet de Pétrograd]] restait prudent, insistait sur l'attitude défensive des soviets face à la [[Contre-révolution|contre-révolution]], et affirmait qu'après [[Putsch_de_Kornilov|l'expérience de Kornilov]], il fallait que les soviets contrôlent eux-mêmes les besoins militaires. Ce fut une [[Revendication_transitoire|revendication transitoire]] extrêmement efficace vers le pouvoir des soviets.
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Si les franges les plus radicales des ouvriers et soldats bolchéviks étaient impatientes, aux yeux de larges masses indécises, la légitimité dépendait largement de qui était responsable d'une agression. Par ailleurs le gouvernement et la presse réactionnaire tentait de monter le front contre ''«&nbsp;l'oisiveté&nbsp;»'' des soldats de Pétrograd qui refusaient d'y aller. Le [[Soviet_de_Pétrograd|Soviet de Pétrograd]] restait prudent, insistait sur l'attitude défensive des soviets face à la [[Contre-révolution|contre-révolution]], et affirmait qu'après [[Putsch_de_Kornilov|l'expérience de Kornilov]], il fallait que les soviets contrôlent eux-mêmes les besoins militaires. Ce fut une [[Revendication_transitoire|revendication transitoire]] extrêmement efficace vers le pouvoir des soviets. Le 6 octobre, face à des rumeurs de fuite du gouvernement à Moscou devant les Allemands, [[Trotsky|Trotsky]] obtient un vote unanime de la section des soldats du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet]]&nbsp;: ''«&nbsp;Si le gouvernement provisoire est incapable de défendre Petrograd, il a l'obligation de signer la paix, ou bien de céder la place à un autre gouvernement.&nbsp;»''
    
=== Le Comité militaire révolutionnaire ===
 
=== Le Comité militaire révolutionnaire ===
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=== Prise de Moscou ===
 
=== Prise de Moscou ===
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La prise de Moscou fut plus violente, et dura du 28 octobre au 2 novembre. Les bolchéviks occupent le Kremlin puis la direction locale hésite et signe une trêve avec les autorités [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] locales avant d’évacuer le bâtiment. Les troupes gouvernementales en profitent alors pour abattre à la mitrailleuse 300 [[Gardes_rouges|gardes rouges]] désarmés, sous les ordres du maire [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] [[Vadim_Roudnev|Roudnev]]. Les SR s'associent à des monarchistes pour mener une sanglante répression. Il faudra une semaine de combats acharnés avant que les bolcheviks, conduits par [[Boukharine|Boukharine]], ne s’emparent finalement de la ville.
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Lénine avait envisagé de commencer l'insurrection par Moscou<ref name="CriseMure" /><ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171001b.htm Lettre au comité central, au comité de Moscou, au comité de Pétrograd, aux membres bolchéviks des Soviets de Pétrograd et de Moscou]'', écrit le 1er  octobre 1917</ref><ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171007.htm Lettre à la conférence de la ville de Pétrograd]'', écrit le 7 octobre 1917</ref> (moins défendue), pour porter un coup imprévu. Mais il s'agissait de l'avis de beaucoup d'une mauvaise idée.
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La prise de Moscou fut plus violente, et dura du 28 octobre au 2 novembre. Les bolchéviks occupent le Kremlin puis la direction locale hésite et signe une trêve avec les autorités [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] locales avant d’évacuer le bâtiment. Les troupes gouvernementales en profitent alors pour abattre à la mitrailleuse 300 [[Gardes_rouges|gardes rouges]] désarmés, sous les ordres du maire [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] [[Vadim_Roudnev|Roudnev]]. Les SR s'associent à des monarchistes pour mener une sanglante répression. Il faudra une semaine de combats acharnés avant que les bolcheviks, conduits par [[Boukharine|Boukharine]], ne s’emparent finalement de la ville. Cela était en partie dû à des différences sociologiques et politiques objectives entre Petrograd et Moscou, mais aussi au manque de résolution de la direction locale. Ce ne fut que le 25 octobre qu'un Comité militaire révolutionnaire fut établi par le [[Soviet_de_Moscou|Soviet de Moscou]].
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Les causes sont en partie objectives. La garnison de Moscou n'avait pas subi une préparation révolutionnaire comme la garnison de Petrograd (envoi des bataillons sur le front...). Les ouvriers du vieux Moscou, du textile et de la peausserie, étaient moins politisés que ceux de Petrograd. En février, Moscou n'avait pas eu à se soulever, le renversement de la monarchie avait été entièrement l'affaire de Petrograd. En juillet, Moscou avait de nouveau gardé son calme. On s'en ressentit en octobre : les ouvriers et les soldats n'avaient pas l'expérience des combats. Mais il y avait aussi une certaine irrésolution de la part de la direction. A plusieurs reprises, on passa des opérations militaires aux pourparlers pour revenir ensuite à la lutte armée. Le [[bolchévik|bolchévik]] [[Nikolaï_Mouralov|Mouralov]] témoigne :
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''«&nbsp;Dans l'ardeur de ce travail nous n'étions pas toujours fermes et résolus en tous points. Disposant d'une supériorité numérique écrasante - dix fois le chiffre de l'adversaire - nous fîmes traîner les combats toute une semaine, par suite de notre peu d'habileté à diriger les masses combattantes, par suite du manque de discipline de ces dernières et de l'ignorance complète de la tactique des combats de rues, tant du côté des chefs que du côté des soldats.&nbsp;»''
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=== Répercussions ailleurs ===
 
=== Répercussions ailleurs ===
  

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