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Suite à la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]], les soviets se forment spontanément, d'abord à Petrograd et au cours du mois de mars dans les grandes villes dès que parvient la nouvelle de l'insurrection. Des soviets sont formés dans les campagnes à partir d'avril-mai. [[Lénine|Lénine]] reconnaît alors que les soviets peuvent et doivent être l'instrument central de la révolution. Dans ses [[Thèses_d’avril|''Thèses d’avril'']], il défend le mot d’ordre&nbsp;: ''«&nbsp;Tout le pouvoir aux soviets&nbsp;!&nbsp;»'', qu'il parvient à faire accepter au parti lors de la conférence du 24-29 avril. Lénine considère que la [[Dictature_démocratique_des_ouvriers_et_des_paysans|ligne bolchévique]] a été confirmée, mais qu''’«&nbsp;il faut savoir compléter et corriger les vieilles formules&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/04/vil19170409.htm Sur la dualité du pouvoir]'', ''Pravda'' n° 28, 9 avril 1917</ref>, car ''«&nbsp;personne autrefois ne songeait, ni ne pouvait songer, à une dualité du pouvoir&nbsp;»''. Il fait l'analyse que la ''dictature des ouvriers est paysans'' est non pas le gouvernement provisoire, mais ce pouvoir des soviets, ''«&nbsp;du même type que la Commune de Paris de 1871&nbsp;»''. L'objectif principal est alors de revendiquer que la situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]] bascule du côté des soviets, même si les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] y sont majoritaires.
 
Suite à la [[Révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]], les soviets se forment spontanément, d'abord à Petrograd et au cours du mois de mars dans les grandes villes dès que parvient la nouvelle de l'insurrection. Des soviets sont formés dans les campagnes à partir d'avril-mai. [[Lénine|Lénine]] reconnaît alors que les soviets peuvent et doivent être l'instrument central de la révolution. Dans ses [[Thèses_d’avril|''Thèses d’avril'']], il défend le mot d’ordre&nbsp;: ''«&nbsp;Tout le pouvoir aux soviets&nbsp;!&nbsp;»'', qu'il parvient à faire accepter au parti lors de la conférence du 24-29 avril. Lénine considère que la [[Dictature_démocratique_des_ouvriers_et_des_paysans|ligne bolchévique]] a été confirmée, mais qu''’«&nbsp;il faut savoir compléter et corriger les vieilles formules&nbsp;»''<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/04/vil19170409.htm Sur la dualité du pouvoir]'', ''Pravda'' n° 28, 9 avril 1917</ref>, car ''«&nbsp;personne autrefois ne songeait, ni ne pouvait songer, à une dualité du pouvoir&nbsp;»''. Il fait l'analyse que la ''dictature des ouvriers est paysans'' est non pas le gouvernement provisoire, mais ce pouvoir des soviets, ''«&nbsp;du même type que la Commune de Paris de 1871&nbsp;»''. L'objectif principal est alors de revendiquer que la situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]] bascule du côté des soviets, même si les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Socialistes-révolutionnaires|SR]] y sont majoritaires.
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En juillet 1917, dans une phase de reflux, il critique néanmoins ceux qui veulent continuer comme si de rien n'était à faire de l'agitation sur le mot d'ordre ''«&nbsp;Tout le pouvoir aux soviets&nbsp;!&nbsp;»'', alors que les réformistes cautionnent le gouvernement bourgeois qui réprime la révolution. Comme les réformistes sont majoritaires dans les soviets, Lénine soutient que la priorité est de dénoncer l'obstacle qu'ils représentent.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/07/vil19170728b.htm A propos des mots d'ordre]'', 1917</ref>
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En juillet 1917, dans une phase de reflux, il critique néanmoins ceux qui veulent continuer comme si de rien n'était à faire de l'agitation sur le mot d'ordre ''«&nbsp;Tout le pouvoir aux soviets&nbsp;!&nbsp;»'', alors que les réformistes cautionnent le gouvernement bourgeois qui réprime la révolution. Comme les réformistes sont majoritaires dans les soviets, qu'ils contribuent à vider de leurs forces, Lénine soutient que la priorité est de dénoncer l'obstacle qu'ils représentent, et de préparer une insurrection sans les soviets.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/07/vil19170728b.htm A propos des mots d'ordre]'', 1917</ref> Mais finalement, au moent de la [[Putsch_de_Kornilov|débâcle de Kornilov]], les soviets retrouveront tout leur dynamisme révolutionnaire, et en septembre les bolchéviks y obtiennent la majorité. L'insurrection d'Octobre sera réalisée par le [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]], organe du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]].
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[[Kautsky|Kautsky]] dénigrait les soviets comme une forme ''«&nbsp;primitive&nbsp;»'', un ''«&nbsp;succédané&nbsp;»'' du parti, car dans sa logique la classe ouvrière progresse linéaire jusqu'à être majoritairement organisée dans le [[Parti_ouvrier|parti ouvrier]].<ref>Karl Kautsky, Terrorismus und Kommunismus - Ein Beitrag zur Naturgeschichte der Revolution, Berlin, 1919</ref> [[Hilferding|Hilferding]] défendait une sorte de combinaison des soviets et des institutions parlementaires (position [[centriste|centriste]]).
    
=== Le mot d'ordre des communistes ===
 
=== Le mot d'ordre des communistes ===
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Les soviets sont alors présentés par les communistes comme l'instrument de la révolution, et les organes du pouvoir après la révolution. Il devrait même y avoir continuité de la forme des soviets à travers l'[[Extinction_de_l'État|extinction de l'Etat ouvrier]]&nbsp;: ''«&nbsp;Lorsque la révolution sociale aura définitivement triomphé, le système soviétique s'étendra à toute la population, pour perdre du même coup son caractère étatique et se dissoudre en un puissant système coopératif de production et de consommation.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_9.htm Terrorisme et communisme - 8. La classe ouvrière et sa politique soviétique]'', 1920</ref>
 
Les soviets sont alors présentés par les communistes comme l'instrument de la révolution, et les organes du pouvoir après la révolution. Il devrait même y avoir continuité de la forme des soviets à travers l'[[Extinction_de_l'État|extinction de l'Etat ouvrier]]&nbsp;: ''«&nbsp;Lorsque la révolution sociale aura définitivement triomphé, le système soviétique s'étendra à toute la population, pour perdre du même coup son caractère étatique et se dissoudre en un puissant système coopératif de production et de consommation.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_9.htm Terrorisme et communisme - 8. La classe ouvrière et sa politique soviétique]'', 1920</ref>
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[[Kautsky|Kautsky]] dénigrait les soviets comme une forme ''«&nbsp;primitive&nbsp;»'', un ''«&nbsp;succédané&nbsp;»'' du parti, car dans sa logique la classe ouvrière progresse linéaire jusqu'à être majoritairement organisée dans le [[Parti_ouvrier|parti ouvrier]].<ref>Karl Kautsky, Terrorismus und Kommunismus - Ein Beitrag zur Naturgeschichte der Revolution, Berlin, 1919</ref> [[Hilferding|Hilferding]] défendait une sorte de combinaison des soviets et des institutions parlementaires.
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Néanmoins ''«&nbsp;malgré l'im­mense avantage que présentent les soviets comme organisation de lutte pour le pouvoir, il est parfaitement possible que l'insur­rection se développe sur la base d'autre forme d'organisation ([[comités_d'usines|comités d'usines]], [[syndicats|syndicats]]) et que les soviets ne surgissent comme organe du pouvoir qu'au moment de l'insurrection ou même après sa victoire.&nbsp;»<ref name="TK24">Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/09/19240915h.htm Les leçons d'Octobre]'', 1924</ref>''
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Dans la [[Révolution_allemande|révolution allemande]] (1918-1923), les organes qui ont été spontanément créés par les ouvriers ont été les [[comités_d'usine|comités d'usine]]. Il n'y a pas eu de création de soviets, mais les comités d'usine regroupaient de larges masses, et étaient tout à fait capables de déployer une énergie révolutionnaire et une organisation suffisante pour une révolution socialiste. Pourtant certains dirigeants de l'[[Internationale_communiste|Internationale]], par schématisme, voulaient fixer au [[KPD|PC allemand]] la tâche de créer des soviets à partir de rien :
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''«&nbsp;En août et en septembre [1923], quelques camarades proposèrent de procéder immédiatement en Allemagne à la création de soviets. Après de longs et ardents débats leur proposition fut repoussée, et avec raison. Comme les comités d'usines étaient déjà devenus effectivement les points de concentration des masses révolutionnaires, les soviets auraient, dans la période préparatoire, joué un rôle parallèle à ces comités d'usines et n'auraient été qu'une forme sans contenu.&nbsp;»<ref name="TK24" />''
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=== La question des pays sous-développés ===
 
=== La question des pays sous-développés ===
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Comme avec les syndicats, les soviets permettent aux idées défendues par les partis de toucher bien plus largement que les seuls membres ou sympathisans du/des partis.
 
Comme avec les syndicats, les soviets permettent aux idées défendues par les partis de toucher bien plus largement que les seuls membres ou sympathisans du/des partis.
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Par exemple, alors qu'en septembre le [[parti_bolchévik|parti bolchévik]] obtient une claire majorité parmi les ouvriers, soldats et paysans, il tente au maximum de réaliser l'[[insurrection_d'Octobre|insurrection d'Octobre]] à travers le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]]. [[Trotsky|Trotsky]] explique :
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Par exemple, alors qu'en septembre le [[Parti_bolchévik|parti bolchévik]] obtient une claire majorité parmi les ouvriers, soldats et paysans, il tente au maximum de réaliser l'[[Insurrection_d'Octobre|insurrection d'Octobre]] à travers le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]]. [[Trotsky|Trotsky]] explique&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Dans les millions d'hommes sur lesquels le parti comptait s'appuyer fort justement, il est nécessaire de distinguer trois couches&nbsp;: une qui marchait déjà avec les bolcheviks dans toutes les conditions; une autre, la plus nombreuse, qui soutenait les bolcheviks là où ceux-ci agissaient par les soviets; la troisième qui suivait les soviets, bien que, dans ceux-ci, les bolcheviks fussent en majorité.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr47.htm Histoire de la révolution russe - 47. L'insurrection d'octobre]'', 1930</ref>''</blockquote>  
''«&nbsp;Dans les millions d'hommes sur lesquels le parti comptait s'appuyer fort justement, il est nécessaire de distinguer trois couches : une qui marchait déjà avec les bolcheviks dans toutes les conditions; une autre, la plus nombreuse, qui soutenait les bolcheviks là où ceux-ci agissaient par les soviets; la troisième qui suivait les soviets, bien que, dans ceux-ci, les bolcheviks fussent en majorité.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr47.htm Histoire de la révolution russe - 47. L'insurrection d'octobre]'', 1930</ref>''
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Les plus convaincus étaient les ouvriers de Petrograd. Les moins convaincus ou plus récemment entrés dans l'orbite des bolchéviks étaient des paysans, des [[Cosaques|cosaques]]...
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Les plus convaincus étaient les ouvriers de Petrograd. Les moins convaincus ou plus récemment entrés dans l'orbite des bolchéviks étaient des paysans, des [[cosaques|cosaques]]...
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D'après le récit du sous-lieutenant Berzine, à la Conférence militaire des bolcheviks, en octobre, à Moscou, des délégués déclaraient : ''«&nbsp;Il est difficile de dire si les troupes marcheront à l'appel du Comité moscovite des bolcheviks. A l'appel du Soviet, il est probable que tous marcheront. »'' Pour les plus indécis, l'autorité du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]] était encore supérieure : Le chauffeur [[Anton_Mitrevitch|Mitrevitch]] raconte comment, dans une équipe d'auto-camions, où l'on ne réussissait pas à obtenir une résolution en faveur de l'insurrection, les bolcheviks firent adopter une proposition de compromis : ''«&nbsp;Nous ne marcherons ni pour les bolcheviks ni pour les mencheviks, mais sans aucun retard, nous exécuterons tous les ordres du II° Congrès des soviets&nbsp;»''.
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D'après le récit du sous-lieutenant Berzine, à la Conférence militaire des bolcheviks, en octobre, à Moscou, des délégués déclaraient&nbsp;: ''«&nbsp;Il est difficile de dire si les troupes marcheront à l'appel du Comité moscovite des bolcheviks. A l'appel du Soviet, il est probable que tous marcheront.&nbsp;»'' Pour les plus indécis, l'autorité du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]] était encore supérieure&nbsp;: Le chauffeur [[Anton_Mitrevitch|Mitrevitch]] raconte comment, dans une équipe d'auto-camions, où l'on ne réussissait pas à obtenir une résolution en faveur de l'insurrection, les bolcheviks firent adopter une proposition de compromis&nbsp;: ''«&nbsp;Nous ne marcherons ni pour les bolcheviks ni pour les mencheviks, mais sans aucun retard, nous exécuterons tous les ordres du II° Congrès des soviets&nbsp;»''.
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<blockquote>''«&nbsp;Le parti mettait en mouvement le Soviet. Le Soviet mettait en mouvement les ouvriers; les soldats, partiellement, les paysans. Ce que l'on gagnait dans la masse, on le perdait pour la vitesse. Si l'on se représente cet appareil de transmission comme un système de roues dentées (...) l'on peut dire qu'une tentative impatiente pour ajuster la roue du parti directement à la roue géante des masses, comportait le danger de briser les dents de la roue du parti et pourtant de ne pas mettre en mouvement des masses suffisantes. &nbsp;»''</blockquote>  
''«&nbsp;Le parti mettait en mouvement le Soviet. Le Soviet mettait en mouvement les ouvriers; les soldats, partiellement, les paysans. Ce que l'on gagnait dans la masse, on le perdait pour la vitesse. Si l'on se représente cet appareil de transmission comme un système de roues dentées (...) l'on peut dire qu'une tentative impatiente pour ajuster la roue du parti directement à la roue géante des masses, comportait le danger de briser les dents de la roue du parti et pourtant de ne pas mettre en mouvement des masses suffisantes. &nbsp;»''
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=== Soviets ruraux ===
 
=== Soviets ruraux ===
  

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