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Le lendemain même, le 10, le Comité central des bolcheviks tient une réunion secrète, avec Lénine (chez [[Soukhanov|Soukhanov]] et à son insu). La motion de Lénine, faisant de l'insurrection armée la tâche pratique des journées les plus prochaines, est adoptée à 10 voix contre 2 (Zinoviev et Kamenev). Il fut convenu oralement que l'insurrection devait avoir lieu avant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]] (alors prévu le 20 octobre) et si possible avant le 15. A noter que certains membres du Comité central auraient sûrement voté contre s'ils avaient présents, comme [[Rykov|Rykov]] et [[Noguine|Noguine]]. Un certain nombre d'autres cadres dans le parti étaient contre ou très sceptiques : [[Tchoudnovsky|Tchoudnovsky]], [[Tomsky|Tomsky]], [[Volodarsky|Volodarsky]], [[Mikhaïl_Vassilievitch_Frounze|Frounze]], [[Manouilsky|Manouilsky]]... Beaucoup de cadres de l'Organisation militaire du parti ([[Krylenko|Krylenko]], [[Lachevitch|Lachevitch]], [[Podvoïsky|Podvoïsky]]) avaient tendance à surestimer les difficultés techniques et à sous-estimer le soutien politique pour les bolchéviks.
 
Le lendemain même, le 10, le Comité central des bolcheviks tient une réunion secrète, avec Lénine (chez [[Soukhanov|Soukhanov]] et à son insu). La motion de Lénine, faisant de l'insurrection armée la tâche pratique des journées les plus prochaines, est adoptée à 10 voix contre 2 (Zinoviev et Kamenev). Il fut convenu oralement que l'insurrection devait avoir lieu avant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]] (alors prévu le 20 octobre) et si possible avant le 15. A noter que certains membres du Comité central auraient sûrement voté contre s'ils avaient présents, comme [[Rykov|Rykov]] et [[Noguine|Noguine]]. Un certain nombre d'autres cadres dans le parti étaient contre ou très sceptiques : [[Tchoudnovsky|Tchoudnovsky]], [[Tomsky|Tomsky]], [[Volodarsky|Volodarsky]], [[Mikhaïl_Vassilievitch_Frounze|Frounze]], [[Manouilsky|Manouilsky]]... Beaucoup de cadres de l'Organisation militaire du parti ([[Krylenko|Krylenko]], [[Lachevitch|Lachevitch]], [[Podvoïsky|Podvoïsky]]) avaient tendance à surestimer les difficultés techniques et à sous-estimer le soutien politique pour les bolchéviks.
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Le vote du 10 met en action toute une frange du parti. Mais elle déclenche aussi un sursaut des opposants. [[Zinoviev|Zinoviev]] et [[Kamenev|Kamenev]] diffusent le lendemain un appel aux membres du parti : ''« Devant l'Histoire, devant le prolétariat international, devant la révolution russe et la classe ouvrière de Russie nous n'avons pas le droit maintenant de jouer tout l'avenir sur la carte de l'insurrection armée. » ''Ils envisageaient la cohabitation pacifique des [[Soviets|soviets]] bolchéviks et d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Constituante]] bourgeoise, et une montée [[Gradualisme|graduelle]] de l'influence bolchévique. Enfin, beaucoup de dirigeants étaient officiellement avec la majorité, mais ne faisaient rien de concret.
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Le vote du 10 met en action toute une frange du parti. Mais elle déclenche aussi un sursaut des opposants. [[Zinoviev|Zinoviev]] et [[Kamenev|Kamenev]] diffusent le lendemain un appel aux principales organisations du parti<ref>Zinoviev et Kamenev, ''Sur le moment présent'', 11 octobre 1917</ref>, qui condamne l'insurrection, et envisage la cohabitation pacifique des [[Soviets|soviets]] bolchéviks et d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Constituante]] bourgeoise, et une montée [[Gradualisme|graduelle]] de l'influence bolchévique. Enfin, beaucoup de dirigeants étaient officiellement avec la majorité, mais ne faisaient rien de concret.
    
La motion du 10 fixait une tâche au parti sans mention des soviets. Pour Lénine, il ne restait plus que les aspects techniques à résoudre. Mais ils étaient importants&nbsp;: outre le choix (arbitraire&nbsp;?) d'une date, quel organe devait réaliser l'insurrection&nbsp;? Comment concilier la légitimité d'une émanation des soviets avec son pluralisme et les préparatifs nécessairement secrets&nbsp;? C'est dans ce sens que [[Ioffé|Ioffé]] (pro-insurrection), objectait à Lénine&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'est pas exact qu'à présent la question soit purement technique&nbsp;; même maintenant, la question du soulèvement doit être considérée du point de vue politique&nbsp;»''.
 
La motion du 10 fixait une tâche au parti sans mention des soviets. Pour Lénine, il ne restait plus que les aspects techniques à résoudre. Mais ils étaient importants&nbsp;: outre le choix (arbitraire&nbsp;?) d'une date, quel organe devait réaliser l'insurrection&nbsp;? Comment concilier la légitimité d'une émanation des soviets avec son pluralisme et les préparatifs nécessairement secrets&nbsp;? C'est dans ce sens que [[Ioffé|Ioffé]] (pro-insurrection), objectait à Lénine&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'est pas exact qu'à présent la question soit purement technique&nbsp;; même maintenant, la question du soulèvement doit être considérée du point de vue politique&nbsp;»''.
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Des religieux réactionnaires et des [[Cosaques|cosaques]] fixèrent le même jour une procession dans les rues, certains espérant sans doute créer une provocation. [[John_Reed|J. Reed]] témoigne du renforcement de la sécurité&nbsp;: ''«&nbsp;Il devint dès lors peu facile d'entrer à l'Institut Smolny, le système des laissez-passer était modifié à des intervalles de quelques heures, car des espions pénétraient constamment à l'intérieur&nbsp;»''.
 
Des religieux réactionnaires et des [[Cosaques|cosaques]] fixèrent le même jour une procession dans les rues, certains espérant sans doute créer une provocation. [[John_Reed|J. Reed]] témoigne du renforcement de la sécurité&nbsp;: ''«&nbsp;Il devint dès lors peu facile d'entrer à l'Institut Smolny, le système des laissez-passer était modifié à des intervalles de quelques heures, car des espions pénétraient constamment à l'intérieur&nbsp;»''.
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La Conférence de la garnison du 21 discuta de la préparation du 22 et confirma l'hégémonie des révolutionnaires. Dans la journée on apprit que la procession était annulée sur pression des autorités.
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[[File:Octoberrevolution 198.jpg|right|304x369px]] La Conférence de la garnison du 21 discuta de la préparation du 22 et confirma l'hégémonie des révolutionnaires. Dans la journée on apprit que la procession était annulée sur pression des autorités.
    
Le chef de l'Etat-major de l'arrondissement de Petrograd refuse de voir ses ordres validés par le CMR. Celui-ci déclare alors publiquement&nbsp;: ''«&nbsp; Ayant rompu avec la garnison organisée de la capitale, l'Etat-major devient l'instrument direct des forces contre-révolutionnaires&nbsp;»''. Le CMR annonce qu'il a désormais le contrôle de la garnison pour protéger la ville de la contre-révolution.
 
Le chef de l'Etat-major de l'arrondissement de Petrograd refuse de voir ses ordres validés par le CMR. Celui-ci déclare alors publiquement&nbsp;: ''«&nbsp; Ayant rompu avec la garnison organisée de la capitale, l'Etat-major devient l'instrument direct des forces contre-révolutionnaires&nbsp;»''. Le CMR annonce qu'il a désormais le contrôle de la garnison pour protéger la ville de la contre-révolution.
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Plus tard, des [[Junkers|junkers]] commencent à tirer vers la place, que personne n'occupe encore. Cela renforce l'attentisme des assaillants, qui attendent les matelots de Cronstadt. Ce délai permit à quelques renforts cosaques d'arriver (malgré de fortes frictions parmi eux), puis 40 chevaliers de Saint-Georges, et enfin un [[Bataillons_de_femmes|bataillon de choc féminin]].
 
Plus tard, des [[Junkers|junkers]] commencent à tirer vers la place, que personne n'occupe encore. Cela renforce l'attentisme des assaillants, qui attendent les matelots de Cronstadt. Ce délai permit à quelques renforts cosaques d'arriver (malgré de fortes frictions parmi eux), puis 40 chevaliers de Saint-Georges, et enfin un [[Bataillons_de_femmes|bataillon de choc féminin]].
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Finalement, les matelots de [[Cronstadt|Cronstadt]] arrivent, puis 5 vaisseaux de guerre de la [[Flotte_de_la_Baltique|flotte de la Baltique]]. A présent le palais est encerclé avec plus de forces qu'il n'en faut. Après 18h, le siège du Palais est vraiment étanche. [[Vladimir_Antonov-Ovseïenko|Antonov]] fit transmettre au Palais un ultimatum&nbsp;: ''«&nbsp;Rendez-vous et désarmez la garnison du palais d'Hiver&nbsp;; dans le cas contraire, la forteresse et les vaisseaux de guerre ouvriront le feu&nbsp;; vingt minutes pour réfléchir&nbsp;»''. Les ministres décident de ne pas répondre, et de demander l'aide de la [[Douma_de_Petrograd|Douma municipale]].
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[[File:Octoberrevolution 28.jpg|right|375x408px]]Finalement, les matelots de [[Cronstadt|Cronstadt]] arrivent, puis 5 vaisseaux de guerre de la [[Flotte_de_la_Baltique|flotte de la Baltique]]. A présent le palais est encerclé avec plus de forces qu'il n'en faut. Après 18h, le siège du Palais est vraiment étanche. [[Vladimir_Antonov-Ovseïenko|Antonov]] fit transmettre au Palais un ultimatum&nbsp;: ''«&nbsp;Rendez-vous et désarmez la garnison du palais d'Hiver&nbsp;; dans le cas contraire, la forteresse et les vaisseaux de guerre ouvriront le feu&nbsp;; vingt minutes pour réfléchir&nbsp;»''. Les ministres décident de ne pas répondre, et de demander l'aide de la [[Douma_de_Petrograd|Douma municipale]].
    
Une demi-heure plus tard, un détachement soviétique investit sans rencontrer de résistance l’Etat-major, accolé au Palais d'Hiver. Le remplaçant de Polkovnikov, qui avait été déchu un peu plus tôt, démissionne. On éteignit les lumières dans le Palais. Une fusillade fit les premiers morts de l'insurrection. L'electricien du Palais sabote la défense en allumant les lumières, ce qui expose les junkers.
 
Une demi-heure plus tard, un détachement soviétique investit sans rencontrer de résistance l’Etat-major, accolé au Palais d'Hiver. Le remplaçant de Polkovnikov, qui avait été déchu un peu plus tôt, démissionne. On éteignit les lumières dans le Palais. Une fusillade fit les premiers morts de l'insurrection. L'electricien du Palais sabote la défense en allumant les lumières, ce qui expose les junkers.
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=== L'insurrection évitable&nbsp;? ===
 
=== L'insurrection évitable&nbsp;? ===
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Après la débâcle de Kornilov et jusqu'à la [[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence]], [[Lénine|Lénine]] [[interpellation|interpelle]] les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]]&nbsp;: qu'ils prennent le pouvoir, et qu'on s'en remette ensuite au [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]]. Pendant ce cours laps de temps, il soutient qu'il y a une possibilité de développement pacifique de la révolution. Mais les conciliateurs s'obstinent dans la coalition avec la bourgeoisie, ce qui referme cette possilité. Lénine presse alors le comité central bolchévik de se fixer comme tâche l'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection]] avant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]], pour lui remettre tout le pouvoir.
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Après la débâcle de Kornilov et jusqu'à la [[Conférence_démocratique_(Russie)|Conférence]], [[Lénine|Lénine]] [[Interpellation|interpelle]] les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]]&nbsp;: qu'ils prennent le pouvoir, et qu'on s'en remette ensuite au [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]]. Pendant ce cours laps de temps, il soutient qu'il y a une possibilité de développement pacifique de la révolution. Mais les conciliateurs s'obstinent dans la coalition avec la bourgeoisie, ce qui referme cette possilité. Lénine presse alors le comité central bolchévik de se fixer comme tâche l'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection]] avant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]], pour lui remettre tout le pouvoir.
    
[[Kamenev|Kamenev]] et [[Zinoviev|Zinoviev]], contre Lénine, soutenaient que l'insurrection n'était pas nécessaire, et qu'on pourrait conquérir graduellement et pacifiquement la majorité, en laissant cohabiter soviets et institutions bourgeoises. Selon Trotsky&nbsp;: ''«&nbsp;Si les bolcheviks n'avaient pas pris le pouvoir en octobre-novembre, ils ne l’auraient vraisemblablement jamais pris. &nbsp;»''
 
[[Kamenev|Kamenev]] et [[Zinoviev|Zinoviev]], contre Lénine, soutenaient que l'insurrection n'était pas nécessaire, et qu'on pourrait conquérir graduellement et pacifiquement la majorité, en laissant cohabiter soviets et institutions bourgeoises. Selon Trotsky&nbsp;: ''«&nbsp;Si les bolcheviks n'avaient pas pris le pouvoir en octobre-novembre, ils ne l’auraient vraisemblablement jamais pris. &nbsp;»''

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