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En septembre, les bolchéviks obtiennent la majorité parmi les ouvriers et les soldats (au [[Soviet_de_Petrograd|soviet de Petrograd]] le 31 août, au [[Soviet_de_Moscou|soviet de Moscou]] 5 septembre...). Dans les insitutions représentatives classiques, comme les [[Douma_municipale|Doumas municipales]] et les [[Zemstvos|zemstvos]], le poids des bolchéviks est plus réduit que dans les [[Soviets|soviets]]. La bourgeoisie et la petite-bourgeoisie y sont plus présentes directement et influencent plus les "[[Citoyens|citoyens]]" atomisés. Par ailleurs les élections ont eu lieu il y a longtemps et beaucoup de [[Zemstvos|zemstvos]] ont été élus au [[Suffrage_censitaire|suffrage censitaire]]. Mais néanmoins en Octobre les voix pour les bolchéviks progressent partout, au fur et à mesure des réélections<span>​</span><ref name="TK41">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr41.htm Histoire de la révolution russe - 41. Sortie du préparlement et lutte pour le congrès des soviets]'', 1930</ref>. En août-septembre, les garnisons se bolchévisent rapidement. Et dans les institutions plus prolétariennes que les soviets, comme les [[Syndicats_en_Russie|syndicats]] et les [[Comités_d'usine|comités d'usine]], l'hégémonie des bolchéviks était quasi-totale.
 
En septembre, les bolchéviks obtiennent la majorité parmi les ouvriers et les soldats (au [[Soviet_de_Petrograd|soviet de Petrograd]] le 31 août, au [[Soviet_de_Moscou|soviet de Moscou]] 5 septembre...). Dans les insitutions représentatives classiques, comme les [[Douma_municipale|Doumas municipales]] et les [[Zemstvos|zemstvos]], le poids des bolchéviks est plus réduit que dans les [[Soviets|soviets]]. La bourgeoisie et la petite-bourgeoisie y sont plus présentes directement et influencent plus les "[[Citoyens|citoyens]]" atomisés. Par ailleurs les élections ont eu lieu il y a longtemps et beaucoup de [[Zemstvos|zemstvos]] ont été élus au [[Suffrage_censitaire|suffrage censitaire]]. Mais néanmoins en Octobre les voix pour les bolchéviks progressent partout, au fur et à mesure des réélections<span>​</span><ref name="TK41">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr41.htm Histoire de la révolution russe - 41. Sortie du préparlement et lutte pour le congrès des soviets]'', 1930</ref>. En août-septembre, les garnisons se bolchévisent rapidement. Et dans les institutions plus prolétariennes que les soviets, comme les [[Syndicats_en_Russie|syndicats]] et les [[Comités_d'usine|comités d'usine]], l'hégémonie des bolchéviks était quasi-totale.
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[[Milioukov|Milioukov]] craignait à raison que cette force soit devenue invincible&nbsp;: ''«&nbsp;De soi-même se posait la question fatale&nbsp;: N'est-il pas trop tard&nbsp;? N'est-il pas trop tard pour déclarer la guerre aux bolcheviks&nbsp;?&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref>''
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[[Milioukov|Milioukov]] craignait à raison que cette force soit devenue invincible&nbsp;: ''«&nbsp;De soi-même se posait la question fatale&nbsp;: N'est-il pas trop tard&nbsp;? N'est-il pas trop tard pour déclarer la guerre aux bolcheviks&nbsp;?&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr38.htm Histoire de la révolution russe - 38. La dernière coalition]'', 1930</ref>'' Il diagnostiqua lui même que&nbsp;: ''«&nbsp; La république bourgeoise, défendue seulement par les socialistes de tendances modérées, qui ne trouvaient plus d'appui dans les masses, ne pouvait se maintenir.&nbsp;»''
    
=== Pays en ébullition ===
 
=== Pays en ébullition ===
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Lénine répondait qu'attendre officiellement le Congrès pour décider de la question du pouvoir revenait à annoncer publiquement la date de l'insurrection. ''«&nbsp;On réunira les cosaques pour le jour sottement «&nbsp;fixé&nbsp;» (...) On peut prendre le pouvoir aujourd'hui, mais du 20 au 29 octobre, on ne vous le laissera pas prendre&nbsp;»''.
 
Lénine répondait qu'attendre officiellement le Congrès pour décider de la question du pouvoir revenait à annoncer publiquement la date de l'insurrection. ''«&nbsp;On réunira les cosaques pour le jour sottement «&nbsp;fixé&nbsp;» (...) On peut prendre le pouvoir aujourd'hui, mais du 20 au 29 octobre, on ne vous le laissera pas prendre&nbsp;»''.
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Le 5 octobre, le Comité central décida de quitter le préparlement lors de son ouverture, le 9. [[Trotsky|Trotsky]] y fait une déclaration de sortie qui se termine par ''«&nbsp;Vive la lutte directe et ouverte pour le pouvoir révolutionnaire dans le pays !&nbsp;»'' Ce jour également est lancée la création du [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] (CMR) de Petrograd.
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Le 5 octobre, le Comité central décida de quitter le préparlement lors de son ouverture, le 9. [[Trotsky|Trotsky]] y fait une déclaration de sortie qui se termine par ''«&nbsp;Vive la lutte directe et ouverte pour le pouvoir révolutionnaire dans le pays&nbsp;!&nbsp;»'' Ce jour également est lancée la création du [[Comité_militaire_révolutionnaire|Comité militaire révolutionnaire]] (CMR) de Petrograd.
    
=== Le Comité central du 10 octobre ===
 
=== Le Comité central du 10 octobre ===
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Le lendemain même, le 10, le Comité central des bolcheviks tient une réunion secrète, avec Lénine (chez [[Soukhanov|Soukhanov]] et à son insu). La motion de Lénine, faisant de l'insurrection armée la tâche pratique des journées les plus prochaines, est adoptée à 10 voix contre 2 (Zinoviev et Kamenev). Il fut convenu oralement que l'insurrection devait avoir lieu avant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]] (alors prévu le 20 octobre) et si possible avant le 15. A noter que certains membres du Comité central auraient sûrement voté contre s'ils avaient présents, comme [[Rykov|Rykov]] et [[Noguine|Noguine]]. Un certain nombre d'autres cadres dans le parti étaient contre ou très sceptiques : [[Tchoudnovsky|Tchoudnovsky]], [[Tomsky|Tomsky]], [[Volodarsky|Volodarsky]], [[Mikhaïl_Vassilievitch_Frounze|Frounze]], [[Manouilsky|Manouilsky]]... Beaucoup de cadres de l'Organisation militaire du parti ([[Krylenko|Krylenko]], [[Lachevitch|Lachevitch]], [[Podvoïsky|Podvoïsky]]) avaient tendance à surestimer les difficultés techniques et à sous-estimer le soutien politique pour les bolchéviks.
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Le lendemain même, le 10, le Comité central des bolcheviks tient une réunion secrète, avec Lénine (chez [[Soukhanov|Soukhanov]] et à son insu). La motion de Lénine, faisant de l'insurrection armée la tâche pratique des journées les plus prochaines, est adoptée à 10 voix contre 2 (Zinoviev et Kamenev). Il fut convenu oralement que l'insurrection devait avoir lieu avant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]] (alors prévu le 20 octobre) et si possible avant le 15. A noter que certains membres du Comité central auraient sûrement voté contre s'ils avaient présents, comme [[Rykov|Rykov]] et [[Noguine|Noguine]]. Un certain nombre d'autres cadres dans le parti étaient contre ou très sceptiques&nbsp;: [[Tchoudnovsky|Tchoudnovsky]], [[Tomsky|Tomsky]], [[Volodarsky|Volodarsky]], [[Mikhaïl_Vassilievitch_Frounze|Frounze]], [[Manouilsky|Manouilsky]]... Beaucoup de cadres de l'Organisation militaire du parti ([[Krylenko|Krylenko]], [[Lachevitch|Lachevitch]], [[Podvoïsky|Podvoïsky]]) avaient tendance à surestimer les difficultés techniques et à sous-estimer le soutien politique pour les bolchéviks.
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Le vote du 10 mit en action toute une frange du parti. Mais elle déclencha aussi un sursaut des opposants. [[Zinoviev|Zinoviev]] et [[Kamenev|Kamenev]] diffusèrent le lendemain un appel aux membres du parti : ''«&nbsp;Devant l'Histoire, devant le prolétariat international, devant la révolution russe et la classe ouvrière de Russie nous n'avons pas le droit maintenant de jouer tout l'avenir sur la carte de l'insurrection armée.&nbsp;» ''Ils envisageaient la cohabitation pacifique des [[soviets|soviets]] bolchéviks et d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Constituante]] bourgeoise, et une montée [[Gradualisme|graduelle]] de l'influence bolchévique. Enfin, beaucoup de dirigeants étaient officiellement avec la majorité, mais ne faisaient rien de concret.
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Le vote du 10 mit en action toute une frange du parti. Mais elle déclencha aussi un sursaut des opposants. [[Zinoviev|Zinoviev]] et [[Kamenev|Kamenev]] diffusèrent le lendemain un appel aux membres du parti&nbsp;: ''«&nbsp;Devant l'Histoire, devant le prolétariat international, devant la révolution russe et la classe ouvrière de Russie nous n'avons pas le droit maintenant de jouer tout l'avenir sur la carte de l'insurrection armée.&nbsp;» ''Ils envisageaient la cohabitation pacifique des [[Soviets|soviets]] bolchéviks et d'une [[Assemblée_constituante_(Russie)|Constituante]] bourgeoise, et une montée [[Gradualisme|graduelle]] de l'influence bolchévique. Enfin, beaucoup de dirigeants étaient officiellement avec la majorité, mais ne faisaient rien de concret.
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La motion du 10 fixait une tâche au parti sans mention des soviets. Pour Lénine, il ne restait plus que les aspects techniques à résoudre. Mais ils étaient importants : outre le choix (arbitraire ?) d'une date, quel organe devait réaliser l'insurrection&nbsp;? Comment concilier la légitimité d'une émanation des soviets avec son pluralisme et les préparatifs nécessairement secrets&nbsp;? C'est dans ce sens que [[Ioffé|Ioffé]] (pro-insurrection), objectait à Lénine : ''«&nbsp;Il n'est pas exact qu'à présent la question soit purement technique ; même maintenant, la question du soulèvement doit être considérée du point de vue politique&nbsp;»''.
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La motion du 10 fixait une tâche au parti sans mention des soviets. Pour Lénine, il ne restait plus que les aspects techniques à résoudre. Mais ils étaient importants&nbsp;: outre le choix (arbitraire&nbsp;?) d'une date, quel organe devait réaliser l'insurrection&nbsp;? Comment concilier la légitimité d'une émanation des soviets avec son pluralisme et les préparatifs nécessairement secrets&nbsp;? C'est dans ce sens que [[Ioffé|Ioffé]] (pro-insurrection), objectait à Lénine&nbsp;: ''«&nbsp;Il n'est pas exact qu'à présent la question soit purement technique&nbsp;; même maintenant, la question du soulèvement doit être considérée du point de vue politique&nbsp;»''.
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Ayant l'impression d'une inaction (impression exagérée par son isolement selon Trotsky), Lénine demande une conférence du parti le 16. Contre les opposants voulant l'annuler ([[Zinoviev|Zinoviev]], [[Kamenev|Kamenev]]) ou les pessimistes ([[Milioutine|Milioutine]], [[Schotmann|Schotmann]]), Lénine réaffirme l'insurrection. Il rappelle : ''«''&nbsp;''ll ne s'agit pas d'une lutte contre l'armée, mais d'une lutte d'une partie de l'armée contre l'autre... Les faits prouvent que nous avons la prépondérance sur l'ennemi&nbsp;»''. Au même moment [[Trotsky|Trotsky]] et [[Krylenko|Krylenko]] faisaient adopter au [[Soviet_de_Petrograd|soviet]] le [[Comité_militaire_révolutionnaire|CMR]], l'instrument concret de l'insurrection.sur une ligne officiellement défensive. Krylenko était maintenant convaincu qu'on ne pouvait plus reculer, mais il estimait qu'on ne pouvait assumer d'attaquer en premier. ''«&nbsp;La question de l'évacuation des troupes est justement le motif qui provoquera la bataille... Le fait d'une offensive contre nous existe ainsi et l'on peut l'utiliser... Il n'est pas utile de s'inquiéter de savoir qui commencera, car c'est déjà commencé.&nbsp;»''
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Ayant l'impression d'une inaction (impression exagérée par son isolement selon Trotsky), Lénine demande une conférence du parti le 16. Contre les opposants voulant l'annuler ([[Zinoviev|Zinoviev]], [[Kamenev|Kamenev]]) ou les pessimistes ([[Milioutine|Milioutine]], [[Schotmann|Schotmann]]), Lénine réaffirme l'insurrection. Il rappelle&nbsp;: ''«''&nbsp;''ll ne s'agit pas d'une lutte contre l'armée, mais d'une lutte d'une partie de l'armée contre l'autre... Les faits prouvent que nous avons la prépondérance sur l'ennemi&nbsp;»''. Au même moment [[Trotsky|Trotsky]] et [[Krylenko|Krylenko]] faisaient adopter au [[Soviet_de_Petrograd|soviet]] le [[Comité_militaire_révolutionnaire|CMR]], l'instrument concret de l'insurrection.sur une ligne officiellement défensive. Krylenko était maintenant convaincu qu'on ne pouvait plus reculer, mais il estimait qu'on ne pouvait assumer d'attaquer en premier. ''«&nbsp;La question de l'évacuation des troupes est justement le motif qui provoquera la bataille... Le fait d'une offensive contre nous existe ainsi et l'on peut l'utiliser... Il n'est pas utile de s'inquiéter de savoir qui commencera, car c'est déjà commencé.&nbsp;»''
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Le 17 octobre, une déclaration de [[Kamenev|Kamenev]] paraît dans le journal [[centriste|centriste]] de [[Gorki|Gorki]] :
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Le 17 octobre, une déclaration de [[Kamenev|Kamenev]] paraît dans le journal [[Centriste|centriste]] de [[Gorki|Gorki]]&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Non seulement moi et Zinoviev, mais un certain nombre de camarades-praticiens trouvons que prendre sur nous l'initiative d'une insurrection armée au moment présent, étant donné les rapports des forces sociales, indépendamment et quelques jours avant le Congrès des soviets, ce serait une démarche inadmissible, périlleuse pour le prolétariat et la révolution... Jouer tout sur la carte du soulèvement en ces prochaines journées, ce serait un acte de désespoir. Or, notre parti est trop fort, il a devant lui un trop grand avenir pour faire de tels pas.&nbsp;»''</blockquote>  
''«&nbsp;Non seulement moi et Zinoviev, mais un certain nombre de camarades-praticiens trouvons que prendre sur nous l'initiative d'une insurrection armée au moment présent, étant donné les rapports des forces sociales, indépendamment et quelques jours avant le Congrès des soviets, ce serait une démarche inadmissible, périlleuse pour le prolétariat et la révolution... Jouer tout sur la carte du soulèvement en ces prochaines journées, ce serait un acte de désespoir. Or, notre parti est trop fort, il a devant lui un trop grand avenir pour faire de tels pas.&nbsp;»''
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Cette rupture publique du [[Centralisme_démocratique|centralisme]] en cette circonstance fit l'effet d'une bombe. [[Lénine|Lénine]] les traite de [[Jaunes|jaunes]] et réclame leur exclusion du parti (ce qui ne sera pas fait). La rédaction du journal bolchévik, dirigée par [[Staline|Staline]], publie alors des déclarations de Zinoviev et Lounatcharski sur la ligne de l'opposition, avec une note minimisant les désaccords&nbsp;:&nbsp;''«&nbsp;La violence de ton dans l'article de Lenine ne change rien à ceci que dans l'essentiel, nous restons de la même opinion&nbsp;»''. Staline propose de démissionner quand le Comité central condamne les publications de la rédaction, mais le comité refuse.
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Cette rupture publique du [[Centralisme_démocratique|centralisme]] en cette circonstance fit l'effet d'une bombe. [[Lénine|Lénine]] les traite de [[jaunes|jaunes]] et réclame leur exclusion du parti. La rédaction du journal bolchévik, dirigée par [[Staline|Staline]], publie alors des déclarations de Zinoviev et Lounatcharski sur la ligne de l'opposition, avec une note minimisant les désaccords :&nbsp;''«&nbsp;La violence de ton dans l'article de Lenine ne change rien à ceci que dans l'essentiel, nous restons de la même opinion&nbsp;»''. Staline propose de démissionner quand le Comité central condamne ses actes, mais le comité refuse.
      
== Préparatifs de l'insurrection ==
 
== Préparatifs de l'insurrection ==
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Le 19 matin, le [[Comité_exécutif_central_pan-russe|Comité exécutif central]] tente une opération&nbsp;: il convoque une assemblée "légale" de la garnison, y appelant même les comités arriérés, non renouvelés par élection depuis longtemps, qui n'ont pas été présents la veille. Mais la majorité bolchévique est confirmée. En revanche cela permet de constater que la forteresse Pierre-et-Paul et la division des autos blindées n'étaient pas prêtes à l'insurrection.
 
Le 19 matin, le [[Comité_exécutif_central_pan-russe|Comité exécutif central]] tente une opération&nbsp;: il convoque une assemblée "légale" de la garnison, y appelant même les comités arriérés, non renouvelés par élection depuis longtemps, qui n'ont pas été présents la veille. Mais la majorité bolchévique est confirmée. En revanche cela permet de constater que la forteresse Pierre-et-Paul et la division des autos blindées n'étaient pas prêtes à l'insurrection.
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Etant donné que le Congrès des soviets était initialement prévu le 20, le gouvernement prend des mesures préventives&nbsp;: des patrouilles de Cosaques parcourent les quartiers ouvriers toute la nuit, la milice et des réserves de cavalerie se tiennent prêtes, et devant le palais d'Hiver sont disposées des autos blindées, de l'artillerie légère, des mitrailleuses... Le lendemain, n'ayant rien vu, certains se croient sauvés comme [[Fiodor_Dan|Dan]] qui écrit dans les [[Izvestia|''Izvestia'']]&nbsp;: ''«&nbsp; Leur aventure au sujet d'une manifestation armée dans Petrograd est une affaire finie. (...) Ils se rendent déjà.&nbsp;» ''Toute une partie des cadres bolchéviks avait réellement peur de l'issue finale. Peu de temps avant l'insurrection, se balladant au centre de Moscou, devant ses magasins luxueux et ses bâtisses imposantes, [[Rykov|Rykov]] confiait : ''«&nbsp;Ici, au centre même de Moscou bourgeoise, nous nous sentions effectivement comme des pygmées qui auraient médité de renverser une montagne.&nbsp;»''
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Etant donné que le Congrès des soviets était initialement prévu le 20, le gouvernement prend des mesures préventives&nbsp;: des patrouilles de Cosaques parcourent les quartiers ouvriers toute la nuit, la milice et des réserves de cavalerie se tiennent prêtes, et devant le palais d'Hiver sont disposées des autos blindées, de l'artillerie légère, des mitrailleuses... Le lendemain, n'ayant rien vu, certains se croient sauvés comme [[Fiodor_Dan|Dan]] qui écrit dans les [[Izvestia|''Izvestia'']]&nbsp;: ''«&nbsp; Leur aventure au sujet d'une manifestation armée dans Petrograd est une affaire finie. (...) Ils se rendent déjà.&nbsp;» ''Toute une partie des cadres bolchéviks avait réellement peur de l'issue finale. Peu de temps avant l'insurrection, se balladant au centre de Moscou, devant ses magasins luxueux et ses bâtisses imposantes, [[Rykov|Rykov]] confiait&nbsp;: ''«&nbsp;Ici, au centre même de Moscou bourgeoise, nous nous sentions effectivement comme des pygmées qui auraient médité de renverser une montagne.&nbsp;»''
    
En fait, le CMR n'est mis sur pied que le 20. Mais il dispose d'emblée d'une forte influence et efficacité. Il place des commissaires auprès des régiments, et rapidement son contrôle s'étend à toujours plus de dépôts d'armes, même à des magasins privés d'armuriers. Il suffisait de s'adresser au comité de soldats, d'ouvriers ou d'employés pour briser la résistance de l'administration ou du patron.
 
En fait, le CMR n'est mis sur pied que le 20. Mais il dispose d'emblée d'une forte influence et efficacité. Il place des commissaires auprès des régiments, et rapidement son contrôle s'étend à toujours plus de dépôts d'armes, même à des magasins privés d'armuriers. Il suffisait de s'adresser au comité de soldats, d'ouvriers ou d'employés pour briser la résistance de l'administration ou du patron.
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Le lendemain, 23 octobre, l'Etat-major de l'arrondissement était en telle position de faiblesse qu'il proposa d'accepter les commissaires du CMR, à condition qu'il annule sa déclaration dénonçant l'Etat-major comme contre-révolutionnaire. Il ne fut donné aucune réponse. [[Soukhanov|Soukhanov]] se demande&nbsp;: ''«&nbsp;Smolny fait-il des bêtises, ou bien joue-t-il avec le palais d'Hiver comme le chat avec la souris, provoquant une attaque&nbsp;?&nbsp;»''
 
Le lendemain, 23 octobre, l'Etat-major de l'arrondissement était en telle position de faiblesse qu'il proposa d'accepter les commissaires du CMR, à condition qu'il annule sa déclaration dénonçant l'Etat-major comme contre-révolutionnaire. Il ne fut donné aucune réponse. [[Soukhanov|Soukhanov]] se demande&nbsp;: ''«&nbsp;Smolny fait-il des bêtises, ou bien joue-t-il avec le palais d'Hiver comme le chat avec la souris, provoquant une attaque&nbsp;?&nbsp;»''
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Le CMR s'efforçait de convaincre les derniers régiments. On se demandait notamment comment neutraliser la forteresse Pierre-et-Paul, et on envisagea de la prendre de force. Mais finalement, le 23, [[Trotsky|Trotsky]] s'y rend et parvient dans un discours à faire basculer les soldats, ou plutôt à les faire désavouer leurs délégués plus à droite qu'eux. La séance du soir du Soviet est particulièrement nombreuse et confiante. Les informations sur les troupes appelées par le gouvernement sont bonnes&nbsp;: elles refusent d'être appelées en "renfort".
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Le CMR s'efforçait de convaincre le maximum de régiments. On se demandait notamment comment neutraliser la forteresse Pierre-et-Paul, et on envisagea de la prendre de force. Mais finalement, le 23, [[Trotsky|Trotsky]] s'y rend et parvient dans un discours à faire basculer les soldats, ou plutôt à les faire désavouer leurs délégués plus à droite qu'eux. La séance du soir du Soviet est particulièrement remplie et confiante. Les informations sur les troupes appelées par le gouvernement sont bonnes&nbsp;: elles refusent d'être appelées en "renfort".
    
En ces jours-là, Kerensky est complètement illusionné sur ses forces, persuadé d'être capable de réprimer si nécessaire, sans réaliser à quel point sa chaîne de commandement était brisée et n'était plus reliée aux soldats. Mais la plupart des KD sont également dans cet état d'esprit. Ils espèrent même une offensive des bolchéviks qui permettrait de les éliminer une bonne fois pour toute. Leur journal écrit&nbsp;: ''«&nbsp; Il y a de l'orage dans l'air, mais peut-être purifiera-t-il l'atmosphère&nbsp;»''.
 
En ces jours-là, Kerensky est complètement illusionné sur ses forces, persuadé d'être capable de réprimer si nécessaire, sans réaliser à quel point sa chaîne de commandement était brisée et n'était plus reliée aux soldats. Mais la plupart des KD sont également dans cet état d'esprit. Ils espèrent même une offensive des bolchéviks qui permettrait de les éliminer une bonne fois pour toute. Leur journal écrit&nbsp;: ''«&nbsp; Il y a de l'orage dans l'air, mais peut-être purifiera-t-il l'atmosphère&nbsp;»''.
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== L'insurrection ==
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Peu avant l'insurrection, Kerensky contacta le général Krasnov (qui avait soutenu Kornilov) pour lui demander de venir vite avec ses troupes à Petrograd. A une séance du Comité exécutif panrusse des soviets, le [[Menchévik|menchévik]] [[Tsereteli|Tsereteli]], alors ministre, disait en privé à [[Adolf_Joffé|Joffé]]&nbsp;: «&nbsp;''Vous aurez la victoire&nbsp;; maintenant, cela ne saurait faire aucun doute. Mais cela n'empêche pas que, bien ou mal, nous avons tenu tout de même six mois. Si vous tenez seulement six semaines, je reconnaîtrai que vous avez raison.''&nbsp;»
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=== Prise de la capitale ===
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== L'insurrection d'Octobre ==
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=== Prise du palais d'Hiver ===
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=== Prise de la capitale (24-25) ===
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Le plan initial de l'insurrection la prévoyait la nuit du 24-25. Les [[Flotte_de_la_Baltique|matelots de la Baltique]] devaient arriver en gare de Finlande, près de [[Vyborg|Vyborg]], et de ce bastion on avancerait. Mais vu la faiblesse du gouvernement, il n'y eut besoin d'aucune guerre de position pour prendre les points clés de la ville.
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Dans la nuit du 23 au 24, le gouvernement décide de réagir&nbsp;: interdire les journaux bolcheviks qui appellent à l'insurrection, poursuivre en justice le [[Comité_militaire_révolutionnaire|CMR]], appeler des contingents sûrs de la banlieue et du front. Le bruit des décisions prises par le gouvernement se répandit immédiatement dans la ville. Cela déclenchera l'insurrection avec une légère avance.
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[[Smolny|Smolny]] devient aussitôt un véritable quartier général fourmillant d'activité. Le [[VTsIK|VTsIK]] quitte Smolny pour le local de l'Etat-major. Le matin, l'Etat-major s'active et annonce que tous les commissaires du CMR sont congédiés, que les régiments doivent rester dans leurs casernes et que toute manifestation sera gravement punie. Le ministre de la justice [[Maliantovitch|Maliantovitch]] donna l'ordre d'arrêter [[Trotsky|Trotsky]] (ironie&nbsp;: il avait aussi été inculpé en 1905 pour son rôle dans le soviet, et Maliantovitch était alors son avocat). Des contingents sont demandés au front nord et d'autres appelés de la banlieue&nbsp;: un bataillon de choc de Tsarskoïe, des ''junkers'' d'Oranienbaum, de l'artillerie de Pavlovsk.
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A 5 h 30 du matin, un détachement de [[Junkers|junkers]] saisit l'imprimerie bolchévique et neutralise la publication du [[Rabotchi_Pout|''Rabotchi'']] et du ''Soldat''. Le CMR envoie aussitôt deux bataillons réouvrir l'imprimerie. Il est ordonné au croiseur Aurore, stationné sur la Neva, de sortir en mer. L'équipage, bolchévik, interroge le CMR qui annule l'ordre. Un téléphonogramme à tous les quartiers et régiments annonce&nbsp;: ''«&nbsp;Les ennemis du peuple ont pris l'offensive pendant la nuit... Le Comité militaire révolutionnaire dirige la résistance contre l'attaque des conspirateurs.'' ''»'' Trotsky demande à l'emetteur radio de l'Aurore de retransmettre, et d'appeler à arrêter les bataillons lancés sur Petrograd.
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Le Comité central se réunit à 11 à Smolny et se répartit les principales tâches. [[Zinoviev|Zinoviev]] se tient à l'écart, par contre [[Kamenev|Kamenev]] participe au travail d'organisation, il est affecté en particulier au lien avec les [[SR_de_gauche|SR de gauche]]. [[Sverdlov|Sverdlov]] eut un rôle majeur de coordination. Il accueillait notamment les bolchéviks arrivant des régions pour le congrès des soviets. Ils étaient déjà près de 300 le 24, et la plupart, d'une façon ou d'une autre, s'inséra dans le mécanisme de l'insurrection. Face à eux, Trotsky s'efforce encore de présenter ce qui est en train de se passer comme de la défensive, pour éviter de troubler les plus modérés et limiter les risques de fuite. ''«&nbsp;Et quoi faire alors du gouvernement provisoire&nbsp;?&nbsp;»'' lui demande-t-on. ''«&nbsp;Si Kerensky essayait de ne pas se soumettre au Congrès des soviets la résistance du gouvernement créerait une question de police et non de politique&nbsp;»''. Des représentants de la [[Douma_de_Petrograd|Douma de Petrograd]] viennent demander à [[Trotsky|Trotsky]] les intentions des bolchéviks. Ils sont renvoyés à la décision du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]].
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Les bataillons motocyclistes, moins révolutionnaires, basculent à partir du 24. Certains désertent leur poste de garde du Palais d'Hiver. La petite minorité (non gagnable politiquement) restant du côté du gouvernement se composait des éléments les plus qualifiés de l'armée&nbsp;: le corps des officiers, les ''junkers'', les bataillons de choc, peut-être aussi les cosaques. Et encore la&nbsp;plupart n'osa pas s'engager dans la lutte au moment décisif. La majorité des soldats, tout en votant pour les bolchéviks, n'étaient pas réellement en état de se battre. Ils étaient réservistes depuis longtemps, et ils voulaient plus que tout rentrer dans leur campagne et procéder au [[Partage_des_terres|partage des terres]]. Mais il y avait suffisamment de soldats et de [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] fiables pour vaincre.
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Pendant ce temps au [[Pré-parlement_(Russie)|pré-parlement]], [[Kerensky|Kerensky]] stigmatise la ''«&nbsp;populace&nbsp;»'' et annonce que désormais les bolchéviks ''«&nbsp;sont sujets à une liquidation immédiate, résolue et définitive&nbsp;»''. Il demande alors le soutien de l'assemblée, mais les divers socialistes sont frileux de se solidariser du gouvernement et débattent de formules tout l'après-midi. Finalement ils reprennent hypocritement une formule de Martov qui désigne le gouvernement comme co-responsable de la situation et lui demande de remettre la terre aux comités agraires et d'engager des pourparlers de paix immédiatement. Au moment des votes, les soutiens inconditionnels du gouvernement ([[Parti_KD|KD]], leaders [[Cosaques|cosaques]], [[Coopératives|coopérateurs]]) sont en minorité, ce qui décrédibilise encore plus [[Kerensky|Kerensky]].
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Le soir à la réunion du Soviet, Trotsky dément encore une insurrection offensive&nbsp;:''«&nbsp;Le Comité ne permit pas à Kerensky de faire sortir de Petrograd les troupes révolutionnaires et prit la défense de la presse ouvrière. Est-ce là une insurrection&nbsp;? L'Aurore est aujourd'hui là où elle se trouvait la nuit dernière. Est-ce là une insurrection&nbsp;?&nbsp;»'' Il réaffirme que le [[Deuxième_congrès_des_soviets|Congrès des soviets]] disposera de ''«&nbsp;ce demi-pouvoir [qui] attend un coup de balai historique&nbsp;»'', mais prépare toutefois les esprits à ce qui en réalité était déjà prévu pour la nuit&nbsp;: ''«&nbsp;Si, cependant, le gouvernement, dans les 24 ou 48 heures dont il dispose encore, essayait d'en profiter pour planter un poignard dans le dos de la révolution, nous le déclarons une fois de plus&nbsp;: l'avant-garde de la révolution répondra coup pour coup et au fer par de l'acier&nbsp;»''.
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=== Prise du palais d'Hiver (25-26) ===
    
== Suites immédiates ==
 
== Suites immédiates ==
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=== Répercussions ailleurs ===
 
=== Répercussions ailleurs ===
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La victoire même de l'insurrection à Petrograd ne suffit pas immédiatement à dissiper l'inertie des hésitants dans le parti. Presque partout, il fallait très souvent une impulsion simultanée et d'en haut et d'en bas pour briser les dernières hésitations du Comité local, l'obliger à rompre avec les conciliateurs et à prendre la tète du mouvement. [[Chliapnikov|Chliapnikov]] témoigne :''«&nbsp;La fin d'octobre et le commencement de novembre furent véritablement des journées "de trouble profond" dans les milieux de notre parti. Nombreux étaient ceux qui se laissaient rapidement gagner par l'ambiance&nbsp;»''.
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La victoire même de l'insurrection à Petrograd ne suffit pas immédiatement à dissiper l'inertie des hésitants dans le parti. Presque partout, il fallait très souvent une impulsion simultanée et d'en haut et d'en bas pour briser les dernières hésitations du Comité local, l'obliger à rompre avec les conciliateurs et à prendre la tète du mouvement. [[Chliapnikov|Chliapnikov]] témoigne&nbsp;:''«&nbsp;La fin d'octobre et le commencement de novembre furent véritablement des journées "de trouble profond" dans les milieux de notre parti. Nombreux étaient ceux qui se laissaient rapidement gagner par l'ambiance&nbsp;»''.
    
A Voronèje l'insurrection fut accomplie non par le Comité du parti, mais par son active minorité à la tête de laquelle était Moïsseev. A Kiev, le Comité dirigé par [[Piatakov|Piatakov]], qui menait une politique purement défensive, transmit, en fin de compte, l'initiative et, ensuite, le pouvoir même à la Rada. Dans bon nombre de chefs-lieux de province, les bolcheviks firent bloc en octobre avec les conciliateurs.
 
A Voronèje l'insurrection fut accomplie non par le Comité du parti, mais par son active minorité à la tête de laquelle était Moïsseev. A Kiev, le Comité dirigé par [[Piatakov|Piatakov]], qui menait une politique purement défensive, transmit, en fin de compte, l'initiative et, ensuite, le pouvoir même à la Rada. Dans bon nombre de chefs-lieux de province, les bolcheviks firent bloc en octobre avec les conciliateurs.
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== Débats sur l'insurrection ==
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== Autour de l'insurrection ==
    
=== L'insurrection évitable&nbsp;? ===
 
=== L'insurrection évitable&nbsp;? ===
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Après la débâcle de Kornilov, [[Lénine|Lénine]] interpelle les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]]&nbsp;: qu'ils prennent le pouvoir, et qu'on s'en remette ensuite au [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]]. Mais les conciliateurs s'obstinent dans la coalition avec la bourgeoisie, ce qui ferme cette possilité de développement pacifique de la révolution. Lénine presse alors le comité central bolchévik de se fixer comme tâche l'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection]] avant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]], pour lui remettre tout le pouvoir.
 
Après la débâcle de Kornilov, [[Lénine|Lénine]] interpelle les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]]&nbsp;: qu'ils prennent le pouvoir, et qu'on s'en remette ensuite au [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]]. Mais les conciliateurs s'obstinent dans la coalition avec la bourgeoisie, ce qui ferme cette possilité de développement pacifique de la révolution. Lénine presse alors le comité central bolchévik de se fixer comme tâche l'[[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection]] avant le [[Deuxième_congrès_des_soviets|congrès des soviets]], pour lui remettre tout le pouvoir.
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Kamenev et Zinoviev, contre Lénine, soutenaient que l'insurrection n'était pas nécessaire, et qu'on pourrait conquérir graduellement et pacifiquement la majorité, en laissant cohabiter soviets et institutions bourgeoises. Selon Trotsky :
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Kamenev et Zinoviev, contre Lénine, soutenaient que l'insurrection n'était pas nécessaire, et qu'on pourrait conquérir graduellement et pacifiquement la majorité, en laissant cohabiter soviets et institutions bourgeoises. Selon Trotsky&nbsp;: ''«&nbsp;Si les bolcheviks n'avaient pas pris le pouvoir en octobre-novembre, ils ne l’auraient vraisemblablement jamais pris. &nbsp;»''
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''«&nbsp;Si les bolcheviks n'avaient pas pris le pouvoir en octobre-novembre, ils ne l’auraient vraisemblablement jamais pris. &nbsp;»''
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=== La clémence des révolutionnaires ===
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Le 24, des ouvriers bolchéviks, notamment de Poutilov, proposaient au CMR de se lancer dans le désarmement des ''junkers''. [[Trotsky|Trotsky]] expliqua plus tard que cela aurait dû être fait&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Si cette mesure, convenablement préparée, d'accord avec les équipes non combattantes des écoles, avait été appliquée dans la nuit du 24 au 25, la prise du palais d'Hiver n'aurait présenté aucune difficulté. Si les junkers avaient été désarmés, même dans la nuit du 25 au 26, après la prise du palais d'Hiver, il n'y aurait pas eu tentative de contre-insurrection le 29 novembre. Mais les dirigeants manifestaient encore en bien des points "de la magnanimité", en réalité un excès d'assurance optimiste, et ne prêtaient pas toujours assez d'attention à la voix raisonnable de la base&nbsp;: l'absence de Lenine fut sensible aussi en ce point. Les conséquences des omissions commises durent être corrigées par les masses, il y eut inutilement des victimes des deux côtés. Dans une lutte sérieuse, il n'y a pire cruauté qu'une "magnanimité " inopportune .&nbsp;»''</blockquote>
 
=== Marxisme et blanquisme ===
 
=== Marxisme et blanquisme ===
  

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