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Mais les ''« [[Conciliateurs|conciliateurs]] »'' ([[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] de droite et [[Menchevik|mencheviks]]) haussent le ton, font une série d'interventions hostiles, et quittent finalement la salle, laissant les forces majoritaires dans les soviets décider ([[Bolchéviks|bolchéviks]] et socialistes-révolutionnaires de gauche). L'annonce de la prise du Palais d'Hiver tombe finalement dans la nuit du 25 au 26, vers 2 heures.
 
Mais les ''« [[Conciliateurs|conciliateurs]] »'' ([[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]] de droite et [[Menchevik|mencheviks]]) haussent le ton, font une série d'interventions hostiles, et quittent finalement la salle, laissant les forces majoritaires dans les soviets décider ([[Bolchéviks|bolchéviks]] et socialistes-révolutionnaires de gauche). L'annonce de la prise du Palais d'Hiver tombe finalement dans la nuit du 25 au 26, vers 2 heures.
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Le congrès prend alors lui même les [[Premières_mesures_du_gouvernement_bolchevik|premiers décrets révolutionnaires]], et discute du nouveau pouvoir soviétique.
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=== Composition du gouvernement ===
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Parmi les SR de gauche, mais aussi parmi les bolchéviks, on craint beaucoup l'isolement.
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Dans la journée du 26, à Smolny, le Comité central bolchévik travaille à la proposition de nouveau gouvernement. Etant donné les refus des autres forces socialistes, il adopte la position de Lénine d'un gouvernement composé uniquement de bolchéviks. On décide de l'appeller le ''Soviet des commissaires du peuple'' (Sovnarkom). Selon [[Adolf_Joffé|Adolf Joffé]], c'est Trotsky qui a eu l'idée du nom ''«&nbsp;commissaires du peuple&nbsp;»''.<ref>Adolf Joffé, ''[https://www.marxists.org/francais/joffe/works/1919/10/premier.htm Le premier gouvernement prolétarien]'', 1919</ref>
 
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instaure le ''Soviet des commissaires du peuple'' (Sovnarkom). Selon [[Adolf_Joffé|Adolf Joffé]], c'est Trotsky qui a eu l'idée du nom ''«&nbsp;commissaires du peuple&nbsp;»''.<ref>Adolf Joffé, ''[https://www.marxists.org/francais/joffe/works/1919/10/premier.htm Le premier gouvernement prolétarien]'', 1919</ref>
   
<blockquote>''«&nbsp;Des ministres&nbsp;? Voilà un mot bien compromis&nbsp;! Cela sent la haute carrière bureaucratique ou bien le couronnement d'une ambition parlementaire. Il est décidé qu'on appellera le gouvernement&nbsp;: " Conseil des Commissaires du Peuple "; cela a tout de même l'air un peu plus neuf.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr48.htm Histoire de la révolution russe - 48. Le congrès de la dictature soviétique]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Des ministres&nbsp;? Voilà un mot bien compromis&nbsp;! Cela sent la haute carrière bureaucratique ou bien le couronnement d'une ambition parlementaire. Il est décidé qu'on appellera le gouvernement&nbsp;: " Conseil des Commissaires du Peuple "; cela a tout de même l'air un peu plus neuf.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr48.htm Histoire de la révolution russe - 48. Le congrès de la dictature soviétique]'', 1930</ref>''</blockquote>  
=== Composition du gouvernement ===
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La composition finalement convenue et actée par décret du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Second congrès des soviets]] fut&nbsp;:<ref>Deuxième congrès des Soviets, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/2-co-so/vil19171025-05.htm Décret sur la formation du gouvernement ouvrier et paysan ]'', 1917</ref>
 
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Dans la journée du 26, à Smolny, le Comité central bolchévik travaille à la proposition de nouveau gouvernement. Etant donné les refus des autres forces socialistes, il adopte la position de Lénine d'un gouvernement composé uniquement de bolchéviks. La composition finalement convenue et actée par décret du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Second congrès des soviets]] fut&nbsp;:<ref>Deuxième congrès des Soviets, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/2-co-so/vil19171025-05.htm Décret sur la formation du gouvernement ouvrier et paysan ]'', 1917</ref>
      
*[[Vladimir_Ilitch_Lénine|Vladimir Ilitch Lénine]], président du Sovnarkom&nbsp;;  
 
*[[Vladimir_Ilitch_Lénine|Vladimir Ilitch Lénine]], président du Sovnarkom&nbsp;;  
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*Commissaire du peuple aux Postes et Télégraphe&nbsp;: [[Nikolai_Gliébov|Nikolai Avilov (Gliébov]]),  
 
*Commissaire du peuple aux Postes et Télégraphe&nbsp;: [[Nikolai_Gliébov|Nikolai Avilov (Gliébov]]),  
 
*Président pour les nationalités&nbsp;: [[Joseph_Staline|Joseph Staline]],  
 
*Président pour les nationalités&nbsp;: [[Joseph_Staline|Joseph Staline]],  
*Le poste de commissaire du peuple pour les chemins de fer reste temporairement à pourvoir.  
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*Le poste de commissaire du peuple pour les chemins de fer reste temporairement à pourvoir. On espère une entente avec le [[Vikhjel|Vikhjel]].
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Ces 15 candidats, 4 ouvriers et 11 intellectuels, avaient dans leur passé des années d'emprisonnement, de déportation et d'émigration.
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=== La vote au congrès des soviets ===
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Le congrès s'ouvre à nouveau le 26 à 21 heures. Il prend alors lui même les [[Premières_mesures_du_gouvernement_bolchevik|premiers décrets révolutionnaires]], et discute de la proposition de nouveau pouvoir soviétique. [[Kamenev|Kamenev]], qui préside, lit le projet élaboré par le Comité Central bolchevik. L'administration des divers domaines de la vie étatique est confiée à des commissions qui doivent travailler à réaliser le programme annoncé par le congrès - ''«&nbsp;en étroite union avec les organisations de masse des ouvriers, des ouvrières, des matelots, des soldats, des paysans et des employés&nbsp;»''. Le pouvoir gouvernemental est concentré entre les mains d'un collège formé des présidents de ces commissions, sous le nom de ''«&nbsp;Soviet des Commissaires du Peuple&nbsp;»''. Le contrôle sur l'activité du gouvernement appartient au congrès des soviets et à son comité exécutif central.
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[[John_Reed|Reed]] témoigne : ''«&nbsp;Lorsque Kamenev [qui préside] lut la liste des Commissaires du Peuple des applaudissements éclatèrent coup sur coup, après chaque nom, et particulièrement après ceux de Lenine et de Trotsky&nbsp;»''. [[Soukhanov|Soukhanov]] ajoute à ces noms celui de [[Lounatcharsky|Lounatcharsky]]. [[Kamenev|Kamenev]] et [[Zinoviev|Zinoviev]] n'entrèrent pas dans le Conseil : le premier était désigné comme président du nouveau [[Comité_exécutif_central_pan-russe|Comité exécutif central]], le second comme rédacteur des [[Izvestia|''Izvestia'']].
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Le représentant des [[Internationalistes_unifiés|internationalistes unifiés]], [[Nikolai_Glebov-Avilov|Avilov]], fait un long discours pour expliquer les difficultés de la situation et la nécessité d'un gouvernement de coalition de tous les démocrates, donc avec ceux qui constituaient en ce moment même un Comité de Salut Public à la Douma municipale. Il soutenait notamment que vu la pénurie de pain, il fallait un gouvernement qui ait la confiance non seulement des paysans pauvres, mais aussi des paysans riches.
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Pour les [[SR_de_gauche|SR de gauche]], [[Kareline|Kareline]] intervient dans le même sens, pour une coalition avec ceux qui ont quitté le congrès. Mais il prend soin d'affirmer que ''«&nbsp;les bolchéviks ne sont pas responsables de leur sortie&nbsp;»''. Il précise même&nbsp;: ''«&nbsp;Nous ne voulons pas marcher dans la voie d'un isolement des bolcheviks, car nous comprenons qu'au sort de derniers se rattache celui de toute la révolution&nbsp;: leur perte est celle de la révolution même.&nbsp;»'' En conclusion, il annonce que les SR de gauche vont voter contre la composition du nouveau gouvernement, mais seulement pour mieux pouvoir faire la médiation avec les autres socialistes et les appeler à rejoindre le gouvernement.
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C'est [[Trotsky|<span class="mw-redirect">Trotsky</span>]] qui est chargé de la réponse à [[Nikolai_Glebov-Avilov|Avilov]] et [[Kareline|Kareline]] au nom des bolchéviks. Il répond que les bolchéviks ne pas isolés, malgré l'hostilité de nombreux petits groupes qui eux se sont vidés et coupés des masses. Il montre en prenant chaque sujet comment la coalition avec ceux qui ne voulaient pas aller de l'avant était seulement source de faiblesse, et comment ce sont les actes des conciliateurs qui rendent impossibles la coalition&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;On dit que la scission de la démocratie provient d'un malentendu. Lorsque Kerensky envoie contre nous des bataillons de choc, lorsque, avec l'assentiment du comité exécutif central, nous avons nos communications téléphoniques coupées au moment le plus grave de notre lutte contre la bourgeoisie, lorsque l'on nous assène coups sur coups - peut-on encore parler d'un malentendu&nbsp;? &nbsp;»''</blockquote>
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Un représentant de la puissante centrale syndicale des cheminots ([[Vikhjel|''Vikhjel'']]) réclame ensuite la parole. Il se plaint de ne pas avoir été invité au congrès. On proteste alors de tous côtés&nbsp;: c'est le [[Comité_exécutif_central_pan-russe|comité exécutif]] sortant qui ne les a pas invités. L'orateur lit un ultimatum qui a déjà été expédié par télégrammes dans tout le pays&nbsp;: le ''Vikjel'' condamne la prise du pouvoir par un seul parti; en attendant la création d'un pouvoir démocratique, le ''Vikjel'' seul reste maître du réseau ferroviaire. L'orateur ajoute qu'il ne reconnait que le [[Comité_exécutif_central_panrusse|comité exécutif central]] tel qu'il était précédemment composé. En cas de répression à l'égard des cheminots, le ''Vikjel'' arrêterait le ravitaillement de Petrograd&nbsp;! Beaucoup sont choqués par ce chantage d'un secteur qui s'appuie sur son importance stratégique, mais pas forcément sur sa représentativité numérique. [[Kamenev|Kamenev]] déclare fermement&nbsp;: ''«&nbsp;Il ne peut être nullement question de dire que le congrès ne serait pas régulier. Le quorum du congrès a été établi non par nous, mais par l'ancien Comité exécutif central... Le congrès est l'organe suprême des masses d'ouvriers et de soldats&nbsp;»''.
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Le Soviet des Commissaires du Peuple est validé à une écrasante majorité. Environ 150 voix (essentiellement des SR de gauche) se portent sur la résolution d'Avilov.
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Par la suite les réorganisations suivantes ont lieu&nbsp;:
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*[[Vladimir_Antonov-Ovseïenko|Vladimir Antonov-Ovseïenko]] et [[Nikolai_Krylenko|Nikolai Krylenko]], commissaires du peuple aux affaires militaires&nbsp;;
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=== La pression pour une coalition large ===
*[[Pavel_Dybenko|Pavel Dybenko]]&nbsp;: commissaire du peuple aux Affaires navales&nbsp;;
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*[[Alexandra_Kollontaï|Alexandra Kollontaï]]&nbsp;: commissaire du peuple à l'Assistance publique (novembre 1917-mars 1918&nbsp;; première femme membre d'un gouvernement).
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*Staline devient commissaire du peuple aux Nationalités&nbsp;;
      
Mais [[Lénine|Lénine]], soutenu par [[Trotsky|Trotsky]], est hostile aux autres socialistes en qui il n'a aucune confiance. Cette question divise énormément et mène le parti bolchevique au bord de la scission, de nombreux dirigeants protestent ([[Zinoviev|Zinoviev]], [[Kamenev|Kamenev]], [[Rykov|Rykov]], [[Noguine|Noguine]], [[Chliapnikov|Chliapnikov]], [[Riazanov|Riazanov]]...). Finalement une délégation, conduite par Kamenev, rencontre les représentants [[Mencheviks|mencheviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|SR]], qui exigent le désarmement des [[Gardes_rouges|gardes rouges]] et un gouvernement sans [[Lénine|Lénine]] ni [[Trotsky|Trotsky]], mais incluant des [[SR_de_droite|SR de droite]] et des [[Troudoviks|troudoviks]] (le parti de Kerensky...). Le Comité exécutif du syndicat des cheminots (''Vikhjel''), dirigé par les mencheviks, menace de bloquer le ravitaillement de la capitale si le gouvernement soviétique ne cède pas.
 
Mais [[Lénine|Lénine]], soutenu par [[Trotsky|Trotsky]], est hostile aux autres socialistes en qui il n'a aucune confiance. Cette question divise énormément et mène le parti bolchevique au bord de la scission, de nombreux dirigeants protestent ([[Zinoviev|Zinoviev]], [[Kamenev|Kamenev]], [[Rykov|Rykov]], [[Noguine|Noguine]], [[Chliapnikov|Chliapnikov]], [[Riazanov|Riazanov]]...). Finalement une délégation, conduite par Kamenev, rencontre les représentants [[Mencheviks|mencheviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|SR]], qui exigent le désarmement des [[Gardes_rouges|gardes rouges]] et un gouvernement sans [[Lénine|Lénine]] ni [[Trotsky|Trotsky]], mais incluant des [[SR_de_droite|SR de droite]] et des [[Troudoviks|troudoviks]] (le parti de Kerensky...). Le Comité exécutif du syndicat des cheminots (''Vikhjel''), dirigé par les mencheviks, menace de bloquer le ravitaillement de la capitale si le gouvernement soviétique ne cède pas.
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Le congrès paysan réuni du 10 au 16 novembre, avec une large majorité SR, reprend et vote la revendication de l'élargissement du Sovnarkom à tous les ''«&nbsp;partis socialistes&nbsp;»'' (y compris le [[Troudoviks|parti troudovik]] de [[Kerensky|Kerensky]]...). Mais sur le fond, le congrès paysan approuve le décret sur la terre et demande à ce qu'il soit appliqué, ce qui est en contradiction avec la politique des [[Troudoviks|troudoviks]] et [[SR_de_droite|SR de droite]].
 
Le congrès paysan réuni du 10 au 16 novembre, avec une large majorité SR, reprend et vote la revendication de l'élargissement du Sovnarkom à tous les ''«&nbsp;partis socialistes&nbsp;»'' (y compris le [[Troudoviks|parti troudovik]] de [[Kerensky|Kerensky]]...). Mais sur le fond, le congrès paysan approuve le décret sur la terre et demande à ce qu'il soit appliqué, ce qui est en contradiction avec la politique des [[Troudoviks|troudoviks]] et [[SR_de_droite|SR de droite]].
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=== La coalition avec les SR de gauche ===
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Par la suite les réorganisations suivantes ont lieu&nbsp;:
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*[[Vladimir_Antonov-Ovseïenko|Vladimir Antonov-Ovseïenko]] et [[Nikolai_Krylenko|Nikolai Krylenko]], commissaires du peuple aux affaires militaires&nbsp;;
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*[[Pavel_Dybenko|Pavel Dybenko]]&nbsp;: commissaire du peuple aux Affaires navales&nbsp;;
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*[[Alexandra_Kollontaï|Alexandra Kollontaï]]&nbsp;: commissaire du peuple à l'Assistance publique (novembre 1917-mars 1918&nbsp;; première femme membre d'un gouvernement).
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*Staline devient commissaire du peuple aux Nationalités.
    
Certains SR de gauche entreront ainsi au gouvernement en décembre 1917. Après leurs attentats de juillet 1918, les SR de gauche seront interdits.
 
Certains SR de gauche entreront ainsi au gouvernement en décembre 1917. Après leurs attentats de juillet 1918, les SR de gauche seront interdits.

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