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− | {{InfoCalendrierJulien}}Le '''deuxième congrès pan-russe des soviets''' est l'organe représentatif qui a voté les [[Premières_mesures_du_gouvernement_soviétique|premières mesures révolutionnaires]] de la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]]. Il s'est réuni les 25-26 octobre (7-8 novembre n.s.) à l'[[Institut_Smolny|Institut Smolny]], au lendemain de l'[[Insurrection_d'Octobre|insurrection]]. | + | {{InfoCalendrierJulien}}Le '''deuxième réunion du [[congrès_pan-russe_des_soviets|congrès pan-russe des soviets]]''' est celle qui a voté les [[Premières_mesures_du_gouvernement_soviétique|premières mesures révolutionnaires]] de la [[Révolution_d'Octobre|Révolution d'Octobre]]. Elle s'est tenue les 25-26 octobre (7-8 novembre n.s.) à l'[[Institut_Smolny|Institut Smolny]], au lendemain de l'[[Insurrection_d'Octobre|insurrection]]. |
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| == Contexte == | | == Contexte == |
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− | La première réunion du Congrès des Soviets a eu lieu du 3 au 30 juin 1917. A ce moment-là les bolchéviks n’avaient que 13 % des délégués. Face aux socialistes conciliateurs ([[SR_de_droite|SR de droite]] et [[Menchéviks|menchéviks]]) qui refusent le pouvoir aux soviets et veulent continuer à collaborer avec la bourgeoisie, [[Lénine|Lénine]] proclame que les bolchéviks, eux, sont prêts à gouverner. Les dirigeants socialistes ne prennent pas Lénine au sérieux et éclatent de rire. | + | La première réunion du Congrès des Soviets des députés ouvriers et soldats a eu lieu du 3 au 30 juin 1917. A ce moment-là les bolchéviks n’avaient que 13 % des délégués. Face aux socialistes conciliateurs ([[SR_de_droite|SR de droite]] et [[Menchéviks|menchéviks]]) qui refusent le pouvoir aux soviets et veulent continuer à collaborer avec la bourgeoisie, [[Lénine|Lénine]] proclame que les bolchéviks, eux, sont prêts à gouverner. Les dirigeants socialistes ne prennent pas Lénine au sérieux et éclatent de rire. |
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| Le congrès élit un [[Comité_exécutif_central_panrusse|Comité exécutif central panrusse (VTsIK)]] qui assure le pouvoir jusqu'au prochain congrès, même si le rôle des organes soviétiques n'est pas clairement définit au milieu de la [[Situation_révolutionnaire|situation révolutionnaire]] russe et de sa [[Dualité_de_pouvoir|dualité de pouvoir]] avec le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]]. | | Le congrès élit un [[Comité_exécutif_central_panrusse|Comité exécutif central panrusse (VTsIK)]] qui assure le pouvoir jusqu'au prochain congrès, même si le rôle des organes soviétiques n'est pas clairement définit au milieu de la [[Situation_révolutionnaire|situation révolutionnaire]] russe et de sa [[Dualité_de_pouvoir|dualité de pouvoir]] avec le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]]. |
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| Le bureau voulait acter la révolution par une résolution, mais une longue série de motions d'ordre se succédaient, ainsi que des nouvelles qui amplifiaient le sentiment de victoire, comme celle que [[Nikolaï_Krylenko|Krylenko]] apporte à 5h17, les bataillons déclarent l'un après l'autre qu'ils refusent les ordres de Kerensky de marcher sur Petrograd et reconnaissent le Comité militaire révolutionnaire. [[John_Reed|John Reed]] témoigne : ''« Il arriva quelque chose d'inimaginable : les gens pleuraient en s'embrassant. »'' | | Le bureau voulait acter la révolution par une résolution, mais une longue série de motions d'ordre se succédaient, ainsi que des nouvelles qui amplifiaient le sentiment de victoire, comme celle que [[Nikolaï_Krylenko|Krylenko]] apporte à 5h17, les bataillons déclarent l'un après l'autre qu'ils refusent les ordres de Kerensky de marcher sur Petrograd et reconnaissent le Comité militaire révolutionnaire. [[John_Reed|John Reed]] témoigne : ''« Il arriva quelque chose d'inimaginable : les gens pleuraient en s'embrassant. »'' |
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| + | === L'appel révolutionnaire aux ouvriers, soldats et paysans === |
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| + | Finalement, [[Lounatcharsky|Lounatcharsky]] peut lire à haute voix un appel aux ouvriers, aux soldats, aux paysans, qui proclame entre autre : |
| + | <blockquote>Le congrès prend en mains le pouvoir. Le Gouvernement provisoire est renversé. Le pouvoir des Soviets proposera une paix immédiate et démocratique à tous les peuples et un armistice immédiat sur tous les fronts. Il assurera la remise sans indemnité des terres des propriétaires fonciers (...) à la disposition des comités paysans ; il défendra les droits du soldat en procédant à la démocratisation totale de l'armée ; il établira le contrôle ouvrier de la production ; il assurera en temps voulu la convocation de l'Assemblée constituante ; (...) il assurera à toutes les nations qui peuplent la Russie le droit véritable de disposer d'elles-mêmes. Le congrès décrète : tout le pouvoir sur le plan local passe aux Soviets des députés ouvriers, soldats et paysans, qui doivent assurer un ordre authentiquement révolutionnaire.<ref>Deuxième congrès pan-russe des Soviets, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/2-co-so/vil19171025-01.htm Aux ouvriers, aux soldats et aux paysans !]'', 1917</ref></blockquote> |
| + | Le congrès ne représentait officiellement que les soviets d'ouvriers et de soldats, mais des délégués de différents soviets paysans étaient invités en observateurs. Face à l'énorme enjeu devant eux, les délégués paysans interviennent et demandent à être intégrés. Le congrès leur accorde immédiatement le droit de suffrage délibératif. |
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| + | Le représentant du soviet paysan de Petrograd signe l'appel ''« des pieds et des mains »''. Un membre du comité exécutif d'[[Avksentiev|Avksentiev]], [[Mikhail_Berezine|Berezine]], qui s'est tu jusqu'alors, communique que, sur 68 soviets paysans qui ont répondu à l'enquête télégraphique, la moitié s'est prononcée pour le pouvoir des soviets, l'autre moitié pour la transmission du pouvoir à l'Assemblée constituante. Ces soviets de province sont pourtant encore à moitié trustés par des notables, ce qui montre alors clairement que le futur congrès paysan soutiendra le pouvoir soviétique. |
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| + | L'appel effraie certains des compagnons de route par son caractère inéluctable. De nouveau défilent à la tribune de petites fractions. Un tout petit groupe de menchéviks quittent à leur tour le congrès, disant vouloir garder la possibilité de sauver les bolcheviks : ''« Autrement vous vous perdrez vous-mêmes, vous nous perdrez aussi, vous perdrez la révolution. »'' Le représentant du [[Parti_socialiste_polonais|Parti socialiste polonais]], Lapinsky, tout en restant pour ''« défendre son point de vue jusqu'au bout »'' avertit sur le même ton : ''« Les bolcheviks ne pourront tirer parti du pouvoir qu'ils prennent sur eux. »'' Le [[parti_ouvrier_socialiste_juif_unifié|parti ouvrier juif unifié]] et les [[Social-démocrates_internationalistes_unifiés|internationalistes unifiés]] s'abstiennent. Mais ces groupes représentaient extrêmement peu : l'appel est adopté par toutes les voix contre 2, avec 12 abstentions. |
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| === ''« Edifier l'ordre socialiste »'' === | | === ''« Edifier l'ordre socialiste »'' === |
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− | Finalement,''[[Lounatcharsky|Lounatcharsky]] peut lire à haute voix un appel aux ouvriers, aux soldats, aux paysans, qui proclame entre autre :''
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− | <blockquote>Le congrès prend en mains le pouvoir. Le Gouvernement provisoire est renversé. Le pouvoir des Soviets proposera une paix immédiate et démocratique à tous les peuples et un armistice immédiat sur tous les fronts. Il assurera la remise sans indemnité des terres des propriétaires fonciers (...) à la disposition des comités paysans ; il défendra les droits du soldat en procédant à la démocratisation totale de l'armée ; il établira le contrôle ouvrier de la production ; il assurera en temps voulu la convocation de l'Assemblée constituante ; (...) il assurera à toutes les nations qui peuplent la Russie le droit véritable de disposer d'elles-mêmes. Le congrès décrète : tout le pouvoir sur le plan local passe aux Soviets des députés ouvriers, soldats et paysans, qui doivent assurer un ordre authentiquement révolutionnaire.<ref>Deuxième congrès pan-russe des Soviets, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/2-co-so/vil19171025-01.htm Aux ouvriers, aux soldats et aux paysans !]'', 1917</ref></blockquote>
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| [[Lénine|Lénine]], qui apparaît publiquement, est ovationné lorsqu'il proclame à la tribune qu'il s’agit ''« d’édifier l’ordre socialiste »''. | | [[Lénine|Lénine]], qui apparaît publiquement, est ovationné lorsqu'il proclame à la tribune qu'il s’agit ''« d’édifier l’ordre socialiste »''. |
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