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== Définition brève ==
 
== Définition brève ==
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Né avec la [[Révolution_industrielle|Révolution industrielle]] au 18<sup>e</sup> siècle, le capitalisme est un [[Mode_de_production|mode de production]], un système économique et social concret, caractérisé par la séparation entre détenteurs de [[Capital|capital]] (et donc des [[Moyens_de_production|moyens de production]]) et ceux qui leur vendent leur [[Force_de_travail|force de travail]]. C'est sur cette séparation que repose la division entre [[classe_bourgeoise|classe bourgeoise]] et [[classe_travailleuse|classe travailleuse]].
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Né avec la [[Révolution_industrielle|Révolution industrielle]] au 18<sup>e</sup> siècle, le capitalisme est un [[Mode_de_production|mode de production]], un système économique et social concret, caractérisé par la séparation entre détenteurs de [[Capital|capital]] (et donc des [[Moyens_de_production|moyens de production]]) et ceux qui leur vendent leur [[Force_de_travail|force de travail]]. C'est sur cette séparation que repose la division entre [[Classe_bourgeoise|classe bourgeoise]] et [[Classe_travailleuse|classe travailleuse]].
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Le capitalisme se caractérise aussi par le marché, sur lequel règne la [[Concurrence|concurrence]] entre [[Capitalistes|capitalistes]] pour le [[Profit|profit]], et la concurrence entre travailleurs pour survivre ([[Salariat|salariat]]).
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L'économie capitaliste peut cohabiter avec tout type de régimes politiques ([[Monarchie|monarchies]], [[République|républiques]], [[Fascismes|fascismes]]...). Cependant, le développement du capitalisme dans un pays donné (niveau d'[[Industrialisation|industrialisation]], [[Croissance|croissance]] ou [[Crise_économique|crise]], rang dans le système [[Impérialiste|impérialiste]]) a une influence forte sur la composition sociale et sur la politique.
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Historiquement, le capitalisme a eu tendance à développer dans les pays industrialisés des formes de démocratie représentative, qui assurent par plusieurs mécanismes sociaux et politiques que le pouvoir reste aux mains de la bourgeoisie ([[Démocratie_bourgeoise|démocratie bourgeoise]]). Cependant ces mécanismes ne sont pas tout puissants, et les [[Luttes_de_classes|luttes de classes]] qui traversent la société conduisent régulièrement à des évolutions autoritaires ([[Bonapartisme|bonapartisme]], [[Fascisme|fascisme]]). Dans les [[Pays_dominés|pays dominés]] par l'impérialisme, moins industrialisés, souvent le capitalisme [[Développement_inégal_et_combiné|se développe en se combinant]] aux anciennes formes de pouvoir.
    
== Analyse économique du capitalisme ==
 
== Analyse économique du capitalisme ==
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=== La marchandise ===
 
=== La marchandise ===
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Avec l'essor capitaliste, la production de [[Marchandise|marchandises]] se développe de façon fulgurante, et tous les objets et services tendent à [[Marchandisation|devenir des marchandises]]. C'est le point de départ concret qu'utilise Marx pour débuter son étude dans [[Le_Capital|''Le Capital'']]. Une marchandise est un bien (matériel ou immatériel) standardisé pour lequel il existe une [[Valeur_d'usage|valeur d'usage]] (l'utilité concrète qu'en moyenne les consommateurs lui donnent) et une [[Valeur_d'échange|valeur d'échange]]. Marx a montré que la valeur d'échange d'une marchandise correspond au temps de travail socialement nécessaire à sa production ([[Loi_de_la_valeur|loi de la valeur]]).
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Avec l'essor capitaliste, la production de [[Marchandise|marchandises]] se développe de façon fulgurante, et tous les objets et services tendent à [[Marchandisation|devenir des marchandises]]. C'est le point de départ concret qu'utilise Marx pour débuter son étude dans [[Le_Capital|''Le Capital'']]. Une marchandise est un bien (matériel ou immatériel) standardisé pour lequel il existe une [[Valeur_d'usage|valeur d'usage]] (l'utilité concrète qu'en moyenne les consommateurs lui donnent) et une [[Valeur_d'échange|valeur d'échange]]. Marx a montré que la valeur d'échange d'une marchandise correspond au ''temps de travail socialement nécessaire'' à sa production ([[Loi_de_la_valeur|loi de la valeur]]).
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=== Le capital et la plus-value ===
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=== L'argent, le capital et la plus-value ===
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Le capitalisme est une économie [[Monnaie|monétaire]] et [[économie_marchande|marchande]]. Le capital se présente initialement sous forme d'[[argent|argent]]. Mais, par lui-même l'argent n'est pas du [[Capital|capital]] (une personne qui gagne au loto ou fait un énorme héritage et conserve cet argent ou bien le dépense pour sa consommation ne se comporte pas comme un capitaliste). L'argent ne devient du capital que lorsqu'il est utilisé de manière à créer une valeur supplémentaire, la [[Plus-value|plus-value]], pour augmenter encore le capital.
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Le capitalisme est une économie [[Monnaie|monétaire]] et [[Économie_marchande|marchande]]. Le capital se présente initialement sous forme d'[[Argent|argent]]. Mais, par lui-même l'argent n'est pas du [[Capital|capital]] (une personne qui gagne au loto ou fait un énorme héritage et conserve cet argent ou bien le dépense pour sa consommation ne se comporte pas comme un capitaliste). L'argent ne devient du capital que lorsqu'il est utilisé de manière à créer une valeur supplémentaire, la [[Plus-value|plus-value]], pour augmenter encore le capital.
    
=== L'exploitation et le profit ===
 
=== L'exploitation et le profit ===
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L'[[Exploitation|exploitation]] du travail est la source de plus-value et donc de [[Profit|profit]] des capitalistes. Elle provient du fait que les travailleurs produisent plus qu'ils ne coûtent à leurs employeurs. Le capitalisme "fonctionne" (pour la bourgeoisie) tant que l'accumulation de profit peut se faire. Par exemple, voici deux scénarios typiques&nbsp;:
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L'[[Exploitation|exploitation]] du travail est la source de plus-value et donc de [[Profit|profit]] des capitalistes. Elle provient du fait que les travailleurs produisent plus qu'ils ne coûtent à leurs employeurs. La [[force_de_travail|force de travail]] des salarié-e-s est une marchandise, et les biens qu'ils produisent en sont d'autres, et leur valeur ne coïncident pas. La [[valeur_d'usage|valeur d'usage]] de la force de travail est précisément de produire plus de richesses qu'elle n'en consomme. Comme toute marchandise, la valeur de la force de travail ([[salaire|salaire]]) est déterminée par le temps de travail nécessaire pour la produire : c'est-à-dire la somme des valeurs des biens de consommation nécessaires au travailleur pour manger, se reposer, et revenir le lendemain dans les mêmes conditions. Bien évidemment, la valeur de la force de travail connaît de nombreuses variations par rapport à cette valeur de marché, en fonction du rapport de force établi par les travailleurs (augmentations acquises par la lutte, mais aussi parfois salaire en dessous du minimum vital si le chômage est très fort et les salaires trop faibles).
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=== Les crises régulières ===
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{{Article détaillé|Crises économiques}}
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Les actions de chaque capitaliste pris isolément conduisent à un système qui a ses propres lois, mais que personne ne maîtrise. Globalement, leur [[Accumulation_du_capital|accumulation de capital]] engendre une tendance permanente à la [[Croissance|croissance]]. Mais le rythme de la croissance connaît des variations plus ou moins cycliques (phases de forte croissance, phases de ralentissement et de stagnation). Or quand la croissance est faible, les créations d'emploi sont insuffisantes et le [[chômage|chômage]] augmente, ainsi que la [[précarité|précarité]] de l'ensemble de la classe travailleuse (llicenciements en hausse, pression à la baisse sur les salaires...). Pourtant, sauf de rares épisodes de crise, le PIB par habitant continue de croître ou de stagner. C'est l'organisation capitaliste du travail qui n'est pas capable d'utiliser les moyens de production pour satisfaire les besoins de tous-tes.
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Le dynamisme de l'accumulation du capital dépend fondamentalement non pas de telle ou telle [[politique_économique|politique économique]], mais du niveau du [[taux_de_profit|taux de profit]]. Marx a montré que c'est l'accumulation du capital elle-même qui conduit à une situation de [[suraccumulation_de_capital|suraccumulation]] : le profit dégagé devient trop faible par rapport à la masse de capitaux engagé ([[loi_de_la_baisse_tendancielle_du_taux_de_profit|''loi de la baisse tendancielle du taux de profit'']]).
    
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[[File:PacManVampirisation.gif|center|PacManVampirisation.gif]]Augmentation de la part des capitalistes'''au détriment de celle des travailleur-se-s, en particulier dans les périodes de [[Stagnation_économique|stagnation]].<br/> ''Exemple&nbsp;: début 19<sup>e</sup>, ''[[Période_1970-2010|''période 1970-2010'']]''...''
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[[File:PacManVampirisation.gif|center|PacManVampirisation.gif]]Augmentation de la part des capitalistes au détriment de celle des travailleur-se-s, en particulier dans les périodes de [[Stagnation_économique|stagnation]].<br/> ''Exemple&nbsp;: début 19<sup>e</sup>, [[Période_1970-2010|période 1970-2010]]...''
    
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[[File:PacManCroissance.gif|center|PacManCroissance.gif]]Situation de [[croissance|croissance]] de l'économie avec concession (toujours au prix de [[Lutte_de_classe|luttes]]) d'une part constante aux travailleur-se-s.<br/> ''Exemple&nbsp;: [[30_glorieuses|30 glorieuses]], [[Belle-Époque|Belle-Époque]]...''
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[[File:PacManCroissance.gif|center|PacManCroissance.gif]]Situation de [[Croissance|croissance]] de l'économie avec concession (toujours au prix de [[Lutte_de_classe|luttes]]) d'une part constante aux travailleur-se-s.<br/> ''Exemple&nbsp;: [[30_glorieuses|30 glorieuses]], [[Belle-Époque|Belle-Époque]]...''
    
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=== La concurrence ===
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La [[Concurrence|concurrence]] est une donnée du système et sa légitimation. Elle a deux axes principaux&nbsp;:
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*la concurrence (relative) entre capitalistes
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== Évolutions du capitalisme ==
*la concurrence entre travailleurs
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=== Impérialisme et mondialisation ===
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=== La naissance de la bourgeoisie ===
 
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Les classes dominantes des pays industrialisés ont trouvé un grand avantage à posséder de vastes colonies&nbsp;: pouvoir y écouler leur production et y réaliser une part de plus-value pour laquelle le marché national est trop étroit.
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Contrairement à une idée largement entendue aujourd'hui, la [[Mondialisation|mondialisation]] au sens d'une intégration croissante du monde entier dans un marché commun n'a rien de nouveau. Au contraire elle est une tendance majeure du capitalisme, qui s'accélère en temps d'expansion économique et peut être freinée par des tendances [[Protectionnisme|protectionnistes]] en temps de crise.
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Des embryons de bourgeoisie existaient au sein du [[Mode_de_production_antique|mode de production antique]], mais disparurent dans la période [[Féodalité|féodale]]. C'est aux 9<sup>e</sup> et 11<sup>e</sup> siècles que commencera à émerger une [[Bourgeoisie_commerçante|bourgeoisie commerçante]] en Europe, qui s'enrichira d'abord lentement.
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Marx remarquait déjà dans le Manifeste communiste, en 1847&nbsp;:
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A partir de la fin du 14<sup>e</sup> siècle, le sud de l'Europe, qui a plus de contacts avec le reste du monde, connaît un développement technique et culturel&nbsp;: redécouverte de la culture de l'Antiquité (via les Arabes), développement de l'imprimerie en 1440 (venue de Chine), manufactures de textile, innovations militaires (poudre), cartographie et caravelles... Les "grandes découvertes" et la progression du commerce européen vont alors s'auto-alimenter et s'accélérer&nbsp;: exploration et comptoirs en Afrique aux 14<sup>e</sup>-15<sup>e</sup>, découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, commerce triangulaire massif au 18<sup>e</sup> siècle...
<blockquote>«&nbsp;la découverte de l’Amérique, la circumnavigation de l’Afrique offrirent à la bourgeoisie naissante un nouveau champ d’action […] La grande industrie a fait naître la marché mondial, que la découverte de l’Amérique avait préparé. […] En exploitant le marché mondial, la bourgeoisie a donné une forme cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand regret des réactionnaires, elle a dérobé le sol national sous les pieds de l’industrie&nbsp;».</blockquote>  
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=== Les crises ===
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Les révolutionnaires marxistes sont d'accord pour dire que le capitalisme est tiraillé par des contradictions internes qui le mènent régulièrement dans des [[Crises_économiques|crises]] aigues. Les crises sont des moments particuliers de l'histoire où, en dégradant brusquement les conditions de vie de la majeure partie de la population, le capitalisme créé les conditions objectives d'une [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]], mais aussi de grands risques de montée du [[Fascisme|fascisme]].
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Ce processus va conduire à une accentuation des luttes de classes entre bourgeoisie et noblesse, et déboucher sur des victoires politiques de plus en plus nombreuses et notamment de grandes [[Révolutions_bourgeoises|révolutions bourgeoises]] comme [[Première_révolution_anglaise|en Angleterre au 16<sup>e</sup> siècle]], ou [[Révolution_française_(1789)|en France en 1789]]. La [[Bourgeoisie_industrielle|bourgeoisie industrielle]] ne naît vraiment qu'au début du 19<sup>e</sup> siècle, mais c'est elle qui transforme radicalement le [[Mode_de_production|mode de production]], donnant naissance au capitalisme.
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== Capitalisme et régimes politiques ==
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=== Accumulation primitive du capital et reproduction sociale ===
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L'économie capitaliste peut cohabiter avec tout type de régimes politiques ([[monarchie|monarchies]], [[république|républiques]], [[fascismes|fascismes]]...). Cependant, le développement du capitalisme dans un pays donné (niveau d'[[industrialisation|industrialisation]], [[croissance|croissance]] ou [[Crise_économique|crise]], rang dans le système [[impérialiste|impérialiste]]) a une influence forte sur la composition sociale et sur la politique.
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{{Article détaillé|Accumulation primitive du capital|Reproduction sociale}}
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Historiquement, le capitalisme a eu tendance à développer dans les pays industrialisés des formes de démocratie représentative, qui assurent par plusieurs mécanismes sociaux et politiques que le pouvoir reste aux mains de la bourgeoisie ([[démocratie_bourgeoise|démocratie bourgeoise]]). Cependant ces mécanismes ne sont pas tout puissants, et les [[luttes_de_classes|luttes de classes]] qui traversent la société conduisent régulièrement à des évolutions autoritaires ([[bonapartisme|bonapartisme]], [[fascisme|fascisme]]). Dans les [[pays_dominés|pays dominés]] par l'impérialisme, moins industrialisés, souvent le capitalisme [[Développement_inégal_et_combiné|se développe en se combinant]] aux anciennes formes de pouvoir.
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Avec l'essor du capitalisme, de grandes familles bourgeoises se sont constituées, avec des fortunes colossales. Même si les grands groupes sont en général durables, des entreprises vivent et meurent, et il arrive que des entrepreneurs parviennent à s'enrichir à partir d'une [[Innovation|innovation]]. Cependant les principaux investisseurs de capitaux (et donc les principaux actionnaires qui en tirent profit) restent majoritairement les mêmes [[Capitalistes|capitalistes]] ayant hérité d'une fortune accumulée. Par ailleurs les entrepreneurs innovants sont eux-mêmes très rarement issus du prolétariat, et même s'ils n'ont pas eux-même hérités de [[Moyens_de_production|moyens de production]], ils héritent de nombreux avantages matériels et immatériels ([[Capital_culturel|capital culturel]]).
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== L'histoire du capitalisme ==
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Les [[Idéologie_dominante|idéologies dominantes]] ([[Idéologie_bourgeoise|bourgeoises]]) cherchent à décrire le système comme juste et notamment "[[Méritocratie|méritocratique]]", en passant sous silence tous les mécanismes sociologiques qui assurent qu'en général, les descendants de bourgeois restent bourgeois, et les descendants de prolétaires des prolétaires ([[Reproduction_sociale|reproduction sociale]]).
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=== La naissance de la bourgeoisie ===
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Par ailleurs, Marx consacre tout une partie du Capital à étudier les procédés qui ont permis aux premiers capitalistes de constituer leurs fortunes, bien au delà de ce qui est aujourd'hui accepté ([[Enclosures|enclosures]], expulsion des paysans et [[Prolétarisation|prolétarisation]] souvent brutale des vagabonds, [[Traite_négrière|traite négrière]], commerce inégal...). C'est ce que Marx appelait l'[[Accumulation_primitive_du_capital|accumulation primitive du capital]].
 
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Des embryons de bourgeoisie existaient au sein du [[Mode_de_production_antique|mode de production antique]], mais disparurent dans la période de réaction [[Féodalité|féodale]]. C'est aux 9<sup>e</sup> et 11<sup>e</sup> siècles que commencera à émerger une [[Bourgeoisie_commerçante|bourgeoisie commerçante]] en Europe, qui s'enrichira d'abord lentement.
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A partir de la fin du 14<sup>e</sup> siècle, le sud de l'Europe, qui a plus de contacts avec le reste du monde, connaît un développement technique et culturel&nbsp;: redécouverte de la culture de l'Antiquité (via les Arabes), développement de l'imprimerie en 1440 (venue de Chine), manufactures de textile, innovations militaires (poudre), cartographie et caravelles... Les "grandes découvertes" et la progression du commerce européen vont alors s'auto-alimenter et s'accélérer&nbsp;: exploration et comptoirs en Afrique aux 14<sup>e</sup>-15<sup>e</sup>, découverte de l'Amérique par les Européensen 1492, commerce triangulaire massif au 18<sup>e</sup> siècle...
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Ce processus va conduire à une accentuation des luttes de classes entre bourgeoisie et noblesse, et déboucher sur des victoires politiques de plus en plus nombreuses ([[Révolutions_bourgeoises|révolutions bourgeoises]]). D'abord en Angleterre au 16<sup>e</sup> siècle, puis plus brusquement après la [[Révolution_française|Révolution française de 1789]]. La [[Bourgeoisie_industrielle|bourgeoisie industrielle]] ne naît vraiment qu'au début du 19<sup>e</sup> siècle, mais c'est elle qui transforme radicalement le [[Mode_de_production|mode de production]] pour instaurer le capitalisme.
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=== L'accumulation primitive du capital ===
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Les [[Idéologie_dominante|idéologies dominantes]] ([[Idéologie_bourgeoise|bourgeoises]]) qui cherchent à décrire le système comme juste et notamment "méritocratique" omettent souvent de parler d'un point majeur&nbsp;: les conditions initiales qui ont permis à certain de "démarrer la partie" avec un fort capital tandis que les autres n'avaient rien. Ce fait incontestable, issu bien évidemment de l'histoire, a été appelé par Marx l'[[Accumulation_primitive_du_capital|accumulation primitive du capital]].
      
=== L'accroissement de la productivité ===
 
=== L'accroissement de la productivité ===
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C'est ce que confirme, entre autres, l'étude de l'industrie dite «&nbsp;artisanale&nbsp;» en Russie, laquelle fournit une documentation très abondante illustrant les deux premiers de ces trois stades. Quant à l'action révolutionnaire de la grande industrie mécanique décrite par Marx en 1867, elle s'est manifestée, au cours du demi-siècle écoulé depuis cette date, dans plusieurs pays«&nbsp;neufs&nbsp;» (Russie, japon, etc.).
 
C'est ce que confirme, entre autres, l'étude de l'industrie dite «&nbsp;artisanale&nbsp;» en Russie, laquelle fournit une documentation très abondante illustrant les deux premiers de ces trois stades. Quant à l'action révolutionnaire de la grande industrie mécanique décrite par Marx en 1867, elle s'est manifestée, au cours du demi-siècle écoulé depuis cette date, dans plusieurs pays«&nbsp;neufs&nbsp;» (Russie, japon, etc.).
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=== L'ère de la "concurrence libre" ===
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=== Le libre échange et la mondialisation ===
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Au cours du 19<sup>ème</sup> siècle une transformation relativement rapide de l'ensemble des sociétés touchées par l'économie capitaliste commence à être observée. Les héritages des sociétés antérieures sont encore omniprésents, et le capitalisme peut fonctionner avec eux, mais il les transforme inexorablement.
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Au cours du 19<sup>e</sup> siècle une transformation relativement rapide de l'ensemble des sociétés touchées par l'économie capitaliste commence à être observée. Les héritages des sociétés antérieures sont encore omniprésents, et le capitalisme peut fonctionner avec eux, mais il les transforme inexorablement.
 
<blockquote>«&nbsp;Aussi longtemps que le capital est faible, il s'appuie simplement sur des béquilles prises dans les modes de production passés ou en voie de disparition à la suite de son développement. Sitôt qu'il se sent fort, il rejette ces béquilles et se meut conformément a ses propres lois.&nbsp;» Marx, Grundrisse</blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;Aussi longtemps que le capital est faible, il s'appuie simplement sur des béquilles prises dans les modes de production passés ou en voie de disparition à la suite de son développement. Sitôt qu'il se sent fort, il rejette ces béquilles et se meut conformément a ses propres lois.&nbsp;» Marx, Grundrisse</blockquote>  
=== Expansion et impérialisme ===
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Dès les années 1840, [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] relevaient que le capital avait une tendance à se [[Mondialisation|mondialiser]]. Ils écrivaient dans le [[Manifeste_communiste|''Manifeste communiste'']], en 1847&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;la découverte de l’Amérique, la circumnavigation de l’Afrique offrirent à la bourgeoisie naissante un nouveau champ d’action […] La grande industrie a fait naître la marché mondial, que la découverte de l’Amérique avait préparé. […] En exploitant le marché mondial, la bourgeoisie a donné une forme cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand regret des réactionnaires, elle a dérobé le sol national sous les pieds de l’industrie&nbsp;».</blockquote>
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=== Le stade impérialiste ===
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{{Article détaillé|Stade impérialiste}}
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Dès les années 1840, [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] relevaient que le capital avait une tendance intrinsèque à transformer le monde entier. Progressivement, le capitalisme s'est étendu au monde entier, mais les bourgeoisies des [[Pays_riches|pays riches]] se sont érigées en puissances dominantes, capables d'extorquer des richesses en se soumettant des peuples entiers. Parallèlement, de la multitude d'entreprises en concurrence sur le marché ont émergé des grands groupes, puis des multinationales, et le crédit (capital bancaire) a été mis toujours plus au service du capital industriel, pour former un seul capital dominant, le [[Capital_financier|capital financier]]. Les grandes puissances se sont partagées le monde, par exemple en 1884-85 à la Conférence de Berlin (13 États européens + États-Unis). C'est ce qui a conduit aux théories marxistes classiques sur l'[[Impérialisme|impérialisme]] au début du 20<sup>ème</sup> siècle.
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Progressivement, le capitalisme s'est étendu au monde entier, mais les bourgeoisies des [[Pays_riches|pays riches]] se sont érigées en puissances dominantes, capables d'extorquer des richesses en se soumettant des peuples entiers. Parallèlement, de la multitude d'entreprises en concurrence sur le marché ont émergé des [[Grands_groupes|grands groupes]], puis des [[Multinationales|multinationales]], et le crédit (capital bancaire) a été mis toujours plus au service du capital industriel, pour former un seul capital dominant, le [[Capital_financier|capital financier]]. Les grandes puissances se sont partagées le monde, par exemple en 1884-85 à la Conférence de Berlin (13 États européens + États-Unis). C'est ce qui a conduit aux théories marxistes classiques sur l'[[Impérialisme|impérialisme]] au début du 20<sup>e</sup> siècle.
    
Les importantes marges des capitalistes leur permettent littéralement d'acheter une partie des représentants des travailleurs, formant une "[[Aristocratie_ouvrière|aristocratie ouvrière]]", et nourrissant dans le l'[[Opportunisme|opportunisme]] et le [[Réformisme|réformisme]] dans les [[Partis_ouvriers|partis ouvriers]].
 
Les importantes marges des capitalistes leur permettent littéralement d'acheter une partie des représentants des travailleurs, formant une "[[Aristocratie_ouvrière|aristocratie ouvrière]]", et nourrissant dans le l'[[Opportunisme|opportunisme]] et le [[Réformisme|réformisme]] dans les [[Partis_ouvriers|partis ouvriers]].
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[[File:InégalitésPaysClasses.png|center|InégalitésPaysClasses.png]]
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Les classes dominantes des pays industrialisés ont trouvé un grand avantage à posséder de vastes colonies&nbsp;: pouvoir y écouler leur production et y réaliser une part de plus-value pour laquelle le marché national est trop étroit.
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Contrairement à une idée largement entendue aujourd'hui, la [[Mondialisation|mondialisation]] au sens d'une intégration croissante du monde entier dans un marché commun n'a rien de nouveau. Au contraire elle est une tendance majeure du capitalisme, qui s'accélère en temps d'expansion économique et peut être freinée par des tendances [[Protectionnisme|protectionnistes]] en temps de crise.
    
== Les idéologies ==
 
== Les idéologies ==
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Pour que le marché ait le maximum de «&nbsp;liquidité&nbsp;», il faut prendre toutes les mesures pour que «&nbsp;l’épargne&nbsp;» s’y dirige. Il faut surtout que des sommes très élevées qui échappent aux marchés financiers, à commencer par les flux financiers du système des retraites et de l’assurance maladie, cessent de leur échapper. Il faut donc créer des fonds de pension et puisqu’il y a résistance, il faut multiplier dans l’immédiat, les systèmes d’épargne salariale pour les couches les plus stables de salariés. En outre, les méthodes employées permettent d’augmenter l’exploitation.<br/> Notre salaire est composé de deux parties&nbsp;: notre salaire net et un salaire différé composé des cotisations salariées et cotisation patronales (indûment appelées «&nbsp;charges&nbsp;»). Lorsque le [[Patronat|patronat]] veut réduire ses charges, cela réduit d’autant notre salaire global. Avec la réforme Fillon, globalement, nous allons travailler plus pour gagner moins.
 
Pour que le marché ait le maximum de «&nbsp;liquidité&nbsp;», il faut prendre toutes les mesures pour que «&nbsp;l’épargne&nbsp;» s’y dirige. Il faut surtout que des sommes très élevées qui échappent aux marchés financiers, à commencer par les flux financiers du système des retraites et de l’assurance maladie, cessent de leur échapper. Il faut donc créer des fonds de pension et puisqu’il y a résistance, il faut multiplier dans l’immédiat, les systèmes d’épargne salariale pour les couches les plus stables de salariés. En outre, les méthodes employées permettent d’augmenter l’exploitation.<br/> Notre salaire est composé de deux parties&nbsp;: notre salaire net et un salaire différé composé des cotisations salariées et cotisation patronales (indûment appelées «&nbsp;charges&nbsp;»). Lorsque le [[Patronat|patronat]] veut réduire ses charges, cela réduit d’autant notre salaire global. Avec la réforme Fillon, globalement, nous allons travailler plus pour gagner moins.
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== Conséquences ==
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== Contradictions du capitalisme ==
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S'opposant frontalement aux [[Libéraux|libéraux]] qui présentaient la nouvelle société en train de naître comme la meilleure possible et entrevoyaient la fin de l'histoire, les [[Socialistes|socialistes]] comme [[Marx|Marx]] ont analysé les [[Contradictions_du_capitalisme|contradictions qui minent le capitalisme]].
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=== Contradictions sociales ===
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=== Organisation sociale ===
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Le capitalisme n'a pas renversé la [[Société_de_classes|société de classes]], il en a subsistué d'autres, dont les deux principales sont le [[Prolétariat|prolétariat]] et la bourgeoisie. C'est ce qui a amené [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] à déclarer dans leur célèbre [[Manifeste_communiste|''Manifeste communiste'']]&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;L'histoire de toute société jusqu'à nos jours, n'a été que l'histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte... La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois. Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées&nbsp;: la bourgeoisie et le prolétariat.&nbsp;»''</blockquote>
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[[File:InégalitésPaysClasses.png|right|InégalitésPaysClasses.png]] Le capitalisme a permis un fort développement des [[Forces_productives|forces productives]] de par le monde et a entamé un processus de [[Mondialisation|mondialisation]], mais il a crée du coup de très fortes inégalités à tous les niveaux&nbsp;: [[Développement_inégal_et_combiné|développement inégal et combiné]], accroissement des [[Inégalités_sociales|inégalités]] entre classes et entre pays...
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Le capitalisme n'a pas renversé la [[société_de_classes|société de classes]], il en a subsistué d'autres, dont les deux principales sont le [[Prolétariat|prolétariat]] et la bourgeoisie. C'est ce qui a amené [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] à déclarer dans leur célèbre [[Manifeste_communiste|''Manifeste communiste'']] :
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La contradiction entre les classes, qui n'est pas un trait nouveau, est la première des contradictions que Marx met en lumière. Mais il insiste aussi sur la contradiction entre la socialisation de la production et l'appropriation des richesses qui reste privée. C'est-à-dire que la production devenue industrielle rend tous les travailleurs (d'une région, d'un pays, du monde...) toujours plus interdépendants, les fait travailler ensemble dans de grandes structures (multinationales, usines ou plateformes...), mais elle est toujours dominée par la concurrence au lieu d'être administrée par la collectivité.
<blockquote>''«&nbsp;L'histoire de toute société jusqu'à nos jours, n'a été que l'histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte... La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois. Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat.&nbsp;»''</blockquote>
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Le capitalisme a permis un fort développement des [[forces_productives|forces productives]] de par le monde et a entamé un processus de [[Mondialisation|mondialisation]], mais il a crée du coup de très fortes inégalités à tous les niveaux&nbsp;: [[Développement_inégal_et_combiné|développement inégal et combiné]], accroissement des [[Inégalités_sociales|inégalités sociales]]...
      
=== Déséquilibres écologiques ===
 
=== Déséquilibres écologiques ===
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{{voir|Capitalisme et écologie}}
 
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On assiste également à des [[crises_écologiques|déséquilibres écologiques]] de plus en plus graves, qui menacent l'humanité et les autres espèces : [[Réchauffement_climatique|changement climatique]], [[Pollution_de_l'eau|pollution des eaux]], [[Pollution_de_l'air|de l'air]] et [[Pollution_des_sols|des sols]], [[déforestation|déforestation]]...
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On assiste également à des [[Crises_écologiques|déséquilibres écologiques]] de plus en plus graves, qui menacent l'humanité et les autres espèces&nbsp;: [[Réchauffement_climatique|changement climatique]], [[Pollution_de_l'eau|pollution des eaux]], [[Pollution_de_l'air|de l'air]] et [[Pollution_des_sols|des sols]], [[Déforestation|déforestation]]... Pour les marxistes, ce n'est pas la "modernité" en soi qui en est la cause première, mais la modernité capitaliste. En effet même si des limitations de certaines pollutions sont possibles par des réformes, le fonctionnement intrinsèque du capitalisme (concurrence pour le profit) accentue les dégâts environnementaux et empêche la [[Planification|planification]] rationnelle qui serait nécessaire.
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=== Un système périmé ===
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== Un système périmé ==
    
Le capitalisme est donc un système qui a fait son "temps"&nbsp;: il a permis un fort développement des capacités productives et en conséquent du niveau de vie de la classe laborieuse, mais au prix d'un accroissement des inégalités sans commune mesure et de choix déraisonnés qui ont aboutit à d'énormes catastrophes (aussi bien humaines que naturelles). Au capitalisme, Marx et Engels, suivi par tous les autres [[Marxistes|marxistes]] proposaient de lui subsistuer le [[Communisme|communisme]], un système fondé sur la répartition équitable des ressources dans le respect des impératifs écologiques.
 
Le capitalisme est donc un système qui a fait son "temps"&nbsp;: il a permis un fort développement des capacités productives et en conséquent du niveau de vie de la classe laborieuse, mais au prix d'un accroissement des inégalités sans commune mesure et de choix déraisonnés qui ont aboutit à d'énormes catastrophes (aussi bien humaines que naturelles). Au capitalisme, Marx et Engels, suivi par tous les autres [[Marxistes|marxistes]] proposaient de lui subsistuer le [[Communisme|communisme]], un système fondé sur la répartition équitable des ressources dans le respect des impératifs écologiques.
    
[[Category:Capitalisme]] [[Category:Mode de production]]
 
[[Category:Capitalisme]] [[Category:Mode de production]]

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