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Il échoue dans ses tentatives de résistance quand il prend conscience des orientations réelles de la politique de Staline. Malgré son respect formel des règles de la discipline du Parti, il est une des victimes de la [[Grandes_Purges|grande purge stalinienne]] de la fin des [[Années_1930|années 1930]] : inculpé lors des ''« [[Procès_de_Moscou|procès de Moscou]] »'', il est contraint d’avouer ses « crimes » avant d’être exécuté.
 
Il échoue dans ses tentatives de résistance quand il prend conscience des orientations réelles de la politique de Staline. Malgré son respect formel des règles de la discipline du Parti, il est une des victimes de la [[Grandes_Purges|grande purge stalinienne]] de la fin des [[Années_1930|années 1930]] : inculpé lors des ''« [[Procès_de_Moscou|procès de Moscou]] »'', il est contraint d’avouer ses « crimes » avant d’être exécuté.
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== Avant la révolution de 1917 ==
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== Biographie politique ==
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=== Avant la révolution de 1917 ===
    
Boukharine est né à Moscou le 9 octobre 1888 dans une école primaire où enseignaient ses parents<ref name="test">On trouve un récit vivant de son enfance dans le roman inachevé ''Vremena'' (''Comment tout a commencé'', en anglais, ''How it All Began'') qu'il écrivait en prison peu avant son exécution.</ref>. Très bon élève, passionné d’histoire naturelle, de mathématiques, de littérature et de peinture, il est admis dans un des ''gimnaziya'' [lycées] de Moscou les plus réputés, comme le Premier lycée classique de Moscou. Sa vie politique commence à l’âge de seize ans (1904) dans des cercles de discussion proches des sociaux-démocrates. Il participe au [[Révolution_de_1905|mouvement révolutionnaire de 1905]] avec les étudiants de l’université de Moscou. En 1906, il adhère au [[POSDR|POSDR]]<ref>Parti ouvrier social-démocrate de Russie, le parti dont la fraction bolchevique se transformera en Parti communiste en 1917.</ref>. Il a presque dix-huit ans et il est déjà un révolutionnaire professionnel bolchevik. En 1907, avec [[Grigori_Sokolnikov|Grigori Sokolnikov]], il organise un congrès de la jeunesse et des étudiants sociaux-démocrates. Avec [[Ilya_Ehrenbourg|Ilya Ehrenbourg]], il anime une grève dans une fabrique de papiers muraux. À vingt ans, en 1908, il est membre du Comité du parti de Moscou. Très actif à l’université et dans la ville de Moscou, il est rapidement pisté par la police politique et ses indicateurs. Arrêté deux fois, en 1909 et en 1910, il passe six mois en prison avant d’être envoyé en exil à Onéga, dans la province d’Arkhangelsk. Il s’en échappe le 30 août 1911 et réapparaît à Hanovre, où il reste quelque temps avant de se rendre à Cracovie en 1912 pour une première rencontre avec [[Lénine|Lénine]]. Pendant son exil, il se marie avec une camarade de parti moscovite, Nadejda Mikhaïlovna Loukina, et poursuit ses études d’économiste à Vienne (il suit les cours de [[Eugen_von_Böhm-Bawerk|Böhm-Bawerk]] et [[Friedrich_von_Wieser|Wieser]]) et il y écrit ''L’Économie politique du rentier'', une critique logique et sociologique du marginalisme néo-classique. Au moment de la déclaration de guerre, en août 1914, il est expulsé vers la Suisse (il étudie [[Léon_Walras|Léon Walras]] à Lausanne). Il se rend ensuite en Suède et enfin aux États-Unis. Il participe ainsi pendant près de six ans aux débats et aux querelles des exilés russes.
 
Boukharine est né à Moscou le 9 octobre 1888 dans une école primaire où enseignaient ses parents<ref name="test">On trouve un récit vivant de son enfance dans le roman inachevé ''Vremena'' (''Comment tout a commencé'', en anglais, ''How it All Began'') qu'il écrivait en prison peu avant son exécution.</ref>. Très bon élève, passionné d’histoire naturelle, de mathématiques, de littérature et de peinture, il est admis dans un des ''gimnaziya'' [lycées] de Moscou les plus réputés, comme le Premier lycée classique de Moscou. Sa vie politique commence à l’âge de seize ans (1904) dans des cercles de discussion proches des sociaux-démocrates. Il participe au [[Révolution_de_1905|mouvement révolutionnaire de 1905]] avec les étudiants de l’université de Moscou. En 1906, il adhère au [[POSDR|POSDR]]<ref>Parti ouvrier social-démocrate de Russie, le parti dont la fraction bolchevique se transformera en Parti communiste en 1917.</ref>. Il a presque dix-huit ans et il est déjà un révolutionnaire professionnel bolchevik. En 1907, avec [[Grigori_Sokolnikov|Grigori Sokolnikov]], il organise un congrès de la jeunesse et des étudiants sociaux-démocrates. Avec [[Ilya_Ehrenbourg|Ilya Ehrenbourg]], il anime une grève dans une fabrique de papiers muraux. À vingt ans, en 1908, il est membre du Comité du parti de Moscou. Très actif à l’université et dans la ville de Moscou, il est rapidement pisté par la police politique et ses indicateurs. Arrêté deux fois, en 1909 et en 1910, il passe six mois en prison avant d’être envoyé en exil à Onéga, dans la province d’Arkhangelsk. Il s’en échappe le 30 août 1911 et réapparaît à Hanovre, où il reste quelque temps avant de se rendre à Cracovie en 1912 pour une première rencontre avec [[Lénine|Lénine]]. Pendant son exil, il se marie avec une camarade de parti moscovite, Nadejda Mikhaïlovna Loukina, et poursuit ses études d’économiste à Vienne (il suit les cours de [[Eugen_von_Böhm-Bawerk|Böhm-Bawerk]] et [[Friedrich_von_Wieser|Wieser]]) et il y écrit ''L’Économie politique du rentier'', une critique logique et sociologique du marginalisme néo-classique. Au moment de la déclaration de guerre, en août 1914, il est expulsé vers la Suisse (il étudie [[Léon_Walras|Léon Walras]] à Lausanne). Il se rend ensuite en Suède et enfin aux États-Unis. Il participe ainsi pendant près de six ans aux débats et aux querelles des exilés russes.
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À cette époque d’exil, d’errance et de difficultés incessantes, Boukharine est une figure typique de l’extrême-gauche européenne, internationaliste et anti-étatiste, très indépendant intellectuellement, ouvert aux idées nouvelles chez les marxistes (par exemple celles des austro-marxistes) ou chez les sociologues ([[Max_Weber|Max Weber]], [[Alexandre_Bogdanov|Alexandre Bogdanov]]) et toujours prêt à confronter ses opinions à celles de ses camarades exilés. Ses relations avec [[Trotsky|Trotsky]], qui est l’autre référence révolutionnaire de la gauche social-démocrate russe, ne sont pas plus faciles que celles qu’il a avec Lénine. Lorsqu’ils se rencontrent à New York en janvier 1917, Boukharine accueille chaleureusement Trotsky et sa famille. Il lui propose aussitôt de visiter une bibliothèque publique américaine qu’il trouve extraordinaire car elle reste ouverte tard le soir et ils éditent ensemble le journal ''[[Novy_Mir|Novy Mir]]''. Mais ils s’affrontent en même temps sur la question de la participation des sociaux-démocrates russes au parti socialiste américain<ref>[[Pierre Broué]], ''Trotsky'', Fayard, 1988, p.163.</ref>.
 
À cette époque d’exil, d’errance et de difficultés incessantes, Boukharine est une figure typique de l’extrême-gauche européenne, internationaliste et anti-étatiste, très indépendant intellectuellement, ouvert aux idées nouvelles chez les marxistes (par exemple celles des austro-marxistes) ou chez les sociologues ([[Max_Weber|Max Weber]], [[Alexandre_Bogdanov|Alexandre Bogdanov]]) et toujours prêt à confronter ses opinions à celles de ses camarades exilés. Ses relations avec [[Trotsky|Trotsky]], qui est l’autre référence révolutionnaire de la gauche social-démocrate russe, ne sont pas plus faciles que celles qu’il a avec Lénine. Lorsqu’ils se rencontrent à New York en janvier 1917, Boukharine accueille chaleureusement Trotsky et sa famille. Il lui propose aussitôt de visiter une bibliothèque publique américaine qu’il trouve extraordinaire car elle reste ouverte tard le soir et ils éditent ensemble le journal ''[[Novy_Mir|Novy Mir]]''. Mais ils s’affrontent en même temps sur la question de la participation des sociaux-démocrates russes au parti socialiste américain<ref>[[Pierre Broué]], ''Trotsky'', Fayard, 1988, p.163.</ref>.
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== De la révolution de Février 1917 à 1923 ==
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=== De la révolution de Février 1917 à 1923 ===
    
Boukharine veut retourner en Russie dès que la nouvelle de la [[Révolution_de_Février|Révolution de Février]] (mars 1917) parvient en Amérique. Le chemin est long et périlleux, par le Japon et la Sibérie, et il ne parvient à Moscou qu’au début du mois de mai. Immédiatement d’accord avec le choix radical de Lénine d’aller vers une seconde révolution donnant le pouvoir aux [[Soviet|soviets]], il devient un dirigeant national du parti, élu au Comité central par le Congrès d’août 1917, et il est un des chefs du Comité du parti à Moscou. Il participe activement à tous les moments de la [[Révolution_d’Octobre|révolution d’Octobre]], notamment à l’insurrection moscovite qui conforte celle de Petrograd. C’est lui qui dirige la dispersion de l’Assemblée constituante en janvier 1918, et le parti lui confie la direction de son plus grand journal, la ''[[Pravda|Pravda]]''.
 
Boukharine veut retourner en Russie dès que la nouvelle de la [[Révolution_de_Février|Révolution de Février]] (mars 1917) parvient en Amérique. Le chemin est long et périlleux, par le Japon et la Sibérie, et il ne parvient à Moscou qu’au début du mois de mai. Immédiatement d’accord avec le choix radical de Lénine d’aller vers une seconde révolution donnant le pouvoir aux [[Soviet|soviets]], il devient un dirigeant national du parti, élu au Comité central par le Congrès d’août 1917, et il est un des chefs du Comité du parti à Moscou. Il participe activement à tous les moments de la [[Révolution_d’Octobre|révolution d’Octobre]], notamment à l’insurrection moscovite qui conforte celle de Petrograd. C’est lui qui dirige la dispersion de l’Assemblée constituante en janvier 1918, et le parti lui confie la direction de son plus grand journal, la ''[[Pravda|Pravda]]''.
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Il dirige l'[[École_internationale_Lénine|École internationale Lénine]].
 
Il dirige l'[[École_internationale_Lénine|École internationale Lénine]].
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== La lutte pour le pouvoir (1924-1927) ==
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=== La lutte pour le pouvoir (1924-1927) ===
    
Après la mort de Lénine, en janvier 1924, Boukharine devient membre titulaire du Bureau politique. Dans la lutte pour le pouvoir entre Trotsky, [[Grigori_Zinoviev|Zinoviev]], [[Lev_Kamenev|Kamenev]] et Staline, Boukharine se rallie à Staline qui se place au centre du Parti et soutient la poursuite de la NEP contre l’opposition trotskiste qui voudrait l’infléchir «&nbsp;à gauche&nbsp;» en accélérant l’industrialisation, en luttant plus énergiquement contre les paysans riches (les «&nbsp;koulaks&nbsp;») et en développant un mouvement d’agitation révolutionnaire mondial. Dans ce débat, c’est Boukharine qui met en forme les arguments de la thèse du «&nbsp;socialisme dans un seul pays&nbsp;» avancée par Staline en 1924. En fait Boukharine dit seulement que le processus de transition peut se poursuivre en l’absence d’une révolution dans les pays européens plus développés que l’URSS (à condition de maintenir le cap de la NEP et de préserver l’alliance avec la paysannerie), mais l’opposition se souvient que les bolcheviks ont toujours dit que la révolution ne réussirait qu’en devenant mondiale et elle pense que cette théorie nouvelle revient à dire que la révolution n’a plus besoin d’être encouragée dans les pays capitalistes puisque la Russie peut et va réaliser le socialisme avec ses seules forces. Complètement imperméable à ces critiques, Staline se glorifiera jusqu’au bout de sa «&nbsp;théorie&nbsp;» du «&nbsp;socialisme dans un seul pays&nbsp;», mais, après le tournant de la collectivisation, elle lui donnera un contenu complètement opposé aux idées de Boukharine.
 
Après la mort de Lénine, en janvier 1924, Boukharine devient membre titulaire du Bureau politique. Dans la lutte pour le pouvoir entre Trotsky, [[Grigori_Zinoviev|Zinoviev]], [[Lev_Kamenev|Kamenev]] et Staline, Boukharine se rallie à Staline qui se place au centre du Parti et soutient la poursuite de la NEP contre l’opposition trotskiste qui voudrait l’infléchir «&nbsp;à gauche&nbsp;» en accélérant l’industrialisation, en luttant plus énergiquement contre les paysans riches (les «&nbsp;koulaks&nbsp;») et en développant un mouvement d’agitation révolutionnaire mondial. Dans ce débat, c’est Boukharine qui met en forme les arguments de la thèse du «&nbsp;socialisme dans un seul pays&nbsp;» avancée par Staline en 1924. En fait Boukharine dit seulement que le processus de transition peut se poursuivre en l’absence d’une révolution dans les pays européens plus développés que l’URSS (à condition de maintenir le cap de la NEP et de préserver l’alliance avec la paysannerie), mais l’opposition se souvient que les bolcheviks ont toujours dit que la révolution ne réussirait qu’en devenant mondiale et elle pense que cette théorie nouvelle revient à dire que la révolution n’a plus besoin d’être encouragée dans les pays capitalistes puisque la Russie peut et va réaliser le socialisme avec ses seules forces. Complètement imperméable à ces critiques, Staline se glorifiera jusqu’au bout de sa «&nbsp;théorie&nbsp;» du «&nbsp;socialisme dans un seul pays&nbsp;», mais, après le tournant de la collectivisation, elle lui donnera un contenu complètement opposé aux idées de Boukharine.
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Dans la lutte pour le pouvoir, Staline est assez habile pour écarter ses rivaux les uns après les autres. Trotsky, la personnalité la plus forte de l’opposition de gauche, est défait le premier, avec l’aide de Zinoviev et Kamenev. Puis Staline utilise Boukharine pour éliminer Zinoviev et Kamenev de la direction du parti. Pendant presque deux ans (1926-1928) Boukharine semble ainsi accéder au plus haut niveau du pouvoir. Il est ''de facto'' le chef de file de l’aile droite du parti qui occupe de solides positions. La «&nbsp;droite&nbsp;» est à la tête du gouvernement ([[Alexei_Rykov|Alexei Rykov]]), des syndicats ([[Mikhaïl_Tomsky|Mikhaïl Tomsky]]), de la presse et de l’Internationale communiste (Nicolaï Boukharine). Les dirigeants de la droite sont populaires, et, après le 15<sup>ème</sup> congrès du Parti communiste, en décembre 1927, ils ont en apparence la majorité au Bureau politique, là où tout se décide. Après être allés jusqu’au bout des affrontements avec l’opposition en l’excluant du Parti et en exilant Trotsky et son groupe, les chefs de la droite découvrent alors que Staline a déjà décidé de renverser l’orientation de sa politique. Pour surmonter la pénurie de céréales, le Secrétaire Général du Parti demande des mesures de réquisition «&nbsp;extraordinaires&nbsp;» et amorce un tournant vers une politique d’industrialisation rapide et de collectivisation accélérée dans l’agriculture. Se serait-il soudain converti aux idées politiques de la gauche qu’il vient d’éliminer&nbsp;? Boukharine et ses amis ne refusent pas d’envisager une croissance plus rapide et plus planifiée des investissements (le premier plan quinquennal est en préparation), mais ils redoutent les «&nbsp;méthodes administratives&nbsp;» et ils préfèrent une approche plus modérée offrant aux paysans l’opportunité de s’enrichir et de consommer, donc respectant des proportions équilibrées entre les grands secteurs de l’économie. Boukharine dénonce depuis longtemps l’idée de prélever un «&nbsp;tribut&nbsp;» sur les paysans en faveur de l’industrie comme une forme d’«&nbsp;exploitation militaro-féodale&nbsp;» inadmissible. Boukharine pendant toute l’année 1928 tente d’organiser la résistance à Staline aux réunions du Bureau politique, aux sessions plénières du Comité central et au Congrès de l’Internationale. Sur ce terrain, il n’est pas de taille pour l’emporter.
 
Dans la lutte pour le pouvoir, Staline est assez habile pour écarter ses rivaux les uns après les autres. Trotsky, la personnalité la plus forte de l’opposition de gauche, est défait le premier, avec l’aide de Zinoviev et Kamenev. Puis Staline utilise Boukharine pour éliminer Zinoviev et Kamenev de la direction du parti. Pendant presque deux ans (1926-1928) Boukharine semble ainsi accéder au plus haut niveau du pouvoir. Il est ''de facto'' le chef de file de l’aile droite du parti qui occupe de solides positions. La «&nbsp;droite&nbsp;» est à la tête du gouvernement ([[Alexei_Rykov|Alexei Rykov]]), des syndicats ([[Mikhaïl_Tomsky|Mikhaïl Tomsky]]), de la presse et de l’Internationale communiste (Nicolaï Boukharine). Les dirigeants de la droite sont populaires, et, après le 15<sup>ème</sup> congrès du Parti communiste, en décembre 1927, ils ont en apparence la majorité au Bureau politique, là où tout se décide. Après être allés jusqu’au bout des affrontements avec l’opposition en l’excluant du Parti et en exilant Trotsky et son groupe, les chefs de la droite découvrent alors que Staline a déjà décidé de renverser l’orientation de sa politique. Pour surmonter la pénurie de céréales, le Secrétaire Général du Parti demande des mesures de réquisition «&nbsp;extraordinaires&nbsp;» et amorce un tournant vers une politique d’industrialisation rapide et de collectivisation accélérée dans l’agriculture. Se serait-il soudain converti aux idées politiques de la gauche qu’il vient d’éliminer&nbsp;? Boukharine et ses amis ne refusent pas d’envisager une croissance plus rapide et plus planifiée des investissements (le premier plan quinquennal est en préparation), mais ils redoutent les «&nbsp;méthodes administratives&nbsp;» et ils préfèrent une approche plus modérée offrant aux paysans l’opportunité de s’enrichir et de consommer, donc respectant des proportions équilibrées entre les grands secteurs de l’économie. Boukharine dénonce depuis longtemps l’idée de prélever un «&nbsp;tribut&nbsp;» sur les paysans en faveur de l’industrie comme une forme d’«&nbsp;exploitation militaro-féodale&nbsp;» inadmissible. Boukharine pendant toute l’année 1928 tente d’organiser la résistance à Staline aux réunions du Bureau politique, aux sessions plénières du Comité central et au Congrès de l’Internationale. Sur ce terrain, il n’est pas de taille pour l’emporter.
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== La chute du pouvoir (1928-1929) ==
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=== La chute du pouvoir (1928-1929) ===
    
Au début de 1928, Boukharine est populaire à la base du Parti (et peut-être dans la population soviétique, largement paysanne), mais il n’a pas le soutien de beaucoup de cadres supérieurs du Parti en dehors de quelques-uns des élèves de son école (l’Institut des professeurs rouges) qui sont tous des spécialistes des questions idéologiques et non des «&nbsp;organisateurs&nbsp;». Seul le comité du Parti de la ville de Moscou est dirigée par des boukhariniens sûrs. L’[[Internationale_communiste|Internationale communiste]], qui aurait pu devenir son bastion puisqu’il la dirige, n’apporte que des déceptions (la grève des mineurs anglais en 1926) ou des catastrophes (la déroute des communistes en Chine en 1927) qui le fragilisent. Le soutien de Boukharine à la poursuite de la NEP n’enthousiasme pas les cadres du Parti. Son slogan à l’intention des paysans, ''«&nbsp;Enrichissez-vous&nbsp;!&nbsp;»'' et l’idée que la construction du socialisme ira ''«&nbsp;à pas de tortue&nbsp;»'' sont mal accueillis et n’ont pas été défendus avec ardeur quand Zinoviev les a attaqués. Staline et ses partisans reprendront les mêmes attaques contre la «&nbsp;déviation droitière&nbsp;» en la présentant comme une menace pour la révolution à un moment où il faut accélérer l’industrialisation de la manière la plus énergique.
 
Au début de 1928, Boukharine est populaire à la base du Parti (et peut-être dans la population soviétique, largement paysanne), mais il n’a pas le soutien de beaucoup de cadres supérieurs du Parti en dehors de quelques-uns des élèves de son école (l’Institut des professeurs rouges) qui sont tous des spécialistes des questions idéologiques et non des «&nbsp;organisateurs&nbsp;». Seul le comité du Parti de la ville de Moscou est dirigée par des boukhariniens sûrs. L’[[Internationale_communiste|Internationale communiste]], qui aurait pu devenir son bastion puisqu’il la dirige, n’apporte que des déceptions (la grève des mineurs anglais en 1926) ou des catastrophes (la déroute des communistes en Chine en 1927) qui le fragilisent. Le soutien de Boukharine à la poursuite de la NEP n’enthousiasme pas les cadres du Parti. Son slogan à l’intention des paysans, ''«&nbsp;Enrichissez-vous&nbsp;!&nbsp;»'' et l’idée que la construction du socialisme ira ''«&nbsp;à pas de tortue&nbsp;»'' sont mal accueillis et n’ont pas été défendus avec ardeur quand Zinoviev les a attaqués. Staline et ses partisans reprendront les mêmes attaques contre la «&nbsp;déviation droitière&nbsp;» en la présentant comme une menace pour la révolution à un moment où il faut accélérer l’industrialisation de la manière la plus énergique.
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Boukharine, qui ne peut rien dire publiquement pour se défendre, est contraint de signer avec Rykov et Tomsky une déclaration de soumission datée du 25 novembre 1929. Un an plus tard il signera une nouvelle déclaration personnelle<ref>Robert Service, ''Stalin : A Biography'' rapporte que Staline faisait enregistrer les conversations privées de Boukharine et qu’il ne croyait pas à la sincérité de ses déclarations de repentir, ni à celle des lettres personnelles appelant au pardon et à la réhabilitation qu’il avait reçu de lui.</ref> . La «&nbsp;droite&nbsp;» est ainsi éliminée, aussi bien dans le Parti communiste d’Union Soviétique que dans l’Internationale. Les partisans de Boukharine (l’Américain Lovestone, les Allemands Brandler et Thalheimer, etc.) sont exclus ou quittent le Comintern. Ils tentent un moment de former une alliance internationale, une Opposition Communiste Internationale (les trotskistes de l’Opposition de Gauche la désigneront toujours comme l’Opposition de Droite).
 
Boukharine, qui ne peut rien dire publiquement pour se défendre, est contraint de signer avec Rykov et Tomsky une déclaration de soumission datée du 25 novembre 1929. Un an plus tard il signera une nouvelle déclaration personnelle<ref>Robert Service, ''Stalin : A Biography'' rapporte que Staline faisait enregistrer les conversations privées de Boukharine et qu’il ne croyait pas à la sincérité de ses déclarations de repentir, ni à celle des lettres personnelles appelant au pardon et à la réhabilitation qu’il avait reçu de lui.</ref> . La «&nbsp;droite&nbsp;» est ainsi éliminée, aussi bien dans le Parti communiste d’Union Soviétique que dans l’Internationale. Les partisans de Boukharine (l’Américain Lovestone, les Allemands Brandler et Thalheimer, etc.) sont exclus ou quittent le Comintern. Ils tentent un moment de former une alliance internationale, une Opposition Communiste Internationale (les trotskistes de l’Opposition de Gauche la désigneront toujours comme l’Opposition de Droite).
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== De la collectivisation à la veille de la Grande Purge (1930-1935) ==
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=== De la collectivisation à la veille de la Grande Purge (1930-1935) ===
    
Staline dispose maintenant d’une autorité sans égal dans la direction du Parti (en novembre 1930, par exemple, [[Syrtsov|Syrtsov]] et [[Lominadzé|Lominadzé]] veulent corriger la politique de collectivisation et ils sont aussitôt punis). Cependant, vers 1932-1933, il y a des signes que des modérés parmi les partisans de Staline songent à mettre fin à la terreur officielle et à apporter un changement général de politique, maintenant que la collectivisation de masse est largement réalisée et que le pire est passé. Ils protègent Boukharine, directement, en lui offrant des emplois de directeur de recherche au Conseil économique suprême, puis au Commissariat à l’industrie lourde<ref>Il participe alors à la commission qui prépare le second plan quinquennal (''Cf''. [[Stephen Cohen]], ''op. cit''., p. 430).</ref>, et indirectement, lorsqu’un groupe de ses anciens partisans, autour de [[Martemyan_Rioutine|Martemyan Rioutine]], rédige et fait circuler clandestinement une plate-forme anti-stalinienne. Staline, «&nbsp;le mauvais génie de la révolution russe&nbsp;» selon Rioutine, réagit en voulant appliquer la peine de mort à tous ces comploteurs, malgré la recommandation de Lénine, suivie jusqu’ici<ref>À condition de ne pas tenir compte des suicides, comme ceux de Joffé ou de Lominadzé.</ref>, de ne pas faire couler le sang entre les membres du Parti. Les modérés de la direction du Parti refusent d’aller aussi loin et limitent à un minimum le nombre des victimes emprisonnées ou exclues. Plus important encore&nbsp;: [[Sergueï_Kirov|Sergueï Kirov]], le dirigeant du Parti à Leningrad, apparaît de plus en plus comme le chef populaire des modérés. Kirov lui-même est totalement loyal envers Staline, mais il est favorable à un relâchement général de la tension et à une réconciliation avec les anciens opposants. Au Congrès du Parti en 1934, Kirov est le candidat au Comité central le mieux élu avec seulement trois votes négatifs, alors que Staline en enregistre deux cent quatre-vingt-douze.
 
Staline dispose maintenant d’une autorité sans égal dans la direction du Parti (en novembre 1930, par exemple, [[Syrtsov|Syrtsov]] et [[Lominadzé|Lominadzé]] veulent corriger la politique de collectivisation et ils sont aussitôt punis). Cependant, vers 1932-1933, il y a des signes que des modérés parmi les partisans de Staline songent à mettre fin à la terreur officielle et à apporter un changement général de politique, maintenant que la collectivisation de masse est largement réalisée et que le pire est passé. Ils protègent Boukharine, directement, en lui offrant des emplois de directeur de recherche au Conseil économique suprême, puis au Commissariat à l’industrie lourde<ref>Il participe alors à la commission qui prépare le second plan quinquennal (''Cf''. [[Stephen Cohen]], ''op. cit''., p. 430).</ref>, et indirectement, lorsqu’un groupe de ses anciens partisans, autour de [[Martemyan_Rioutine|Martemyan Rioutine]], rédige et fait circuler clandestinement une plate-forme anti-stalinienne. Staline, «&nbsp;le mauvais génie de la révolution russe&nbsp;» selon Rioutine, réagit en voulant appliquer la peine de mort à tous ces comploteurs, malgré la recommandation de Lénine, suivie jusqu’ici<ref>À condition de ne pas tenir compte des suicides, comme ceux de Joffé ou de Lominadzé.</ref>, de ne pas faire couler le sang entre les membres du Parti. Les modérés de la direction du Parti refusent d’aller aussi loin et limitent à un minimum le nombre des victimes emprisonnées ou exclues. Plus important encore&nbsp;: [[Sergueï_Kirov|Sergueï Kirov]], le dirigeant du Parti à Leningrad, apparaît de plus en plus comme le chef populaire des modérés. Kirov lui-même est totalement loyal envers Staline, mais il est favorable à un relâchement général de la tension et à une réconciliation avec les anciens opposants. Au Congrès du Parti en 1934, Kirov est le candidat au Comité central le mieux élu avec seulement trois votes négatifs, alors que Staline en enregistre deux cent quatre-vingt-douze.
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Mais l’esprit de modération est bien menacé depuis que Kirov a été assassiné à Leningrad en décembre 1934. Ce crime, dont sont accusés les membres de l'Opposition Ouvrière, profite à Staline pour déclencher du processus de la «&nbsp;[[Grande_Purge|Grande Purge]]&nbsp;» par laquelle il fera éliminer toutes les oppositions à sa ligne politique, par le biais de milliers d’exécutions. Après le meurtre de Kirov, le NKVD travaille à la mise en accusation successive de groupes toujours plus nombreux d’anciens opposants, en commençant par le groupe de Zinoviev et Kamenev. Il leur impute rituellement une participation à l’assassinat de Kirov et y ajoute d’autres actes de trahison, de terrorisme, de sabotage et d’espionnage.
 
Mais l’esprit de modération est bien menacé depuis que Kirov a été assassiné à Leningrad en décembre 1934. Ce crime, dont sont accusés les membres de l'Opposition Ouvrière, profite à Staline pour déclencher du processus de la «&nbsp;[[Grande_Purge|Grande Purge]]&nbsp;» par laquelle il fera éliminer toutes les oppositions à sa ligne politique, par le biais de milliers d’exécutions. Après le meurtre de Kirov, le NKVD travaille à la mise en accusation successive de groupes toujours plus nombreux d’anciens opposants, en commençant par le groupe de Zinoviev et Kamenev. Il leur impute rituellement une participation à l’assassinat de Kirov et y ajoute d’autres actes de trahison, de terrorisme, de sabotage et d’espionnage.
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== Les nœuds se resserrent (1936) ==
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=== Les nœuds se resserrent (1936) ===
    
Peu avant que la purge ne s’accélère, Staline envoie Boukharine à Paris pour y négocier l’achat d’archives de Marx et Engels appartenant au Parti social-démocrate allemand (SPD), qui a pu les faire sortir d’Allemagne après l’arrivée au pouvoir des nazis. Après un périple européen (Prague, Vienne, Copenhague, Amsterdam), Boukharine est à Paris pendant six semaines (mars-avril 1936). En marge de ses rencontres avec [[Boris_Nicolaevski|Boris Nicolaevski]], un vieux menchevik qui représente le SPD, il fait une conférence à la salle de la Mutualité sur ''Les Problèmes fondamentaux de la culture contemporaine'' (3 avril) et sa jeune épouse<ref>C’est le troisième mariage de Boukharine, qui avait eu, en 1924, une fille, Svetlana, avec une économiste membre du Parti, Esfir Issaevna Gourvitch. Boukharine a conservé toute sa vie des relations avec sa cousine et première compagne, Nadejda Mikhailovna Loukina, qui était gravement handicapée par une maladie l’obligeant à porter un corset médical, et il la logeait dans son appartement du Kremlin. Arrêtée le {{date|1|mai|1938}}, elle a été fusillée le {{date|8|mars|1940}}.</ref>, Anna Mikhaïlovna Larina, vingt deux ans, enceinte de huit mois, le rejoint le 6 avril.
 
Peu avant que la purge ne s’accélère, Staline envoie Boukharine à Paris pour y négocier l’achat d’archives de Marx et Engels appartenant au Parti social-démocrate allemand (SPD), qui a pu les faire sortir d’Allemagne après l’arrivée au pouvoir des nazis. Après un périple européen (Prague, Vienne, Copenhague, Amsterdam), Boukharine est à Paris pendant six semaines (mars-avril 1936). En marge de ses rencontres avec [[Boris_Nicolaevski|Boris Nicolaevski]], un vieux menchevik qui représente le SPD, il fait une conférence à la salle de la Mutualité sur ''Les Problèmes fondamentaux de la culture contemporaine'' (3 avril) et sa jeune épouse<ref>C’est le troisième mariage de Boukharine, qui avait eu, en 1924, une fille, Svetlana, avec une économiste membre du Parti, Esfir Issaevna Gourvitch. Boukharine a conservé toute sa vie des relations avec sa cousine et première compagne, Nadejda Mikhailovna Loukina, qui était gravement handicapée par une maladie l’obligeant à porter un corset médical, et il la logeait dans son appartement du Kremlin. Arrêtée le {{date|1|mai|1938}}, elle a été fusillée le {{date|8|mars|1940}}.</ref>, Anna Mikhaïlovna Larina, vingt deux ans, enceinte de huit mois, le rejoint le 6 avril.
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Boukharine, même lorsque sa femme le rejoint à Paris, n’envisage pas d’émigrer parce qu’il ne «&nbsp;prévoit pas sa perte<ref>A. Larina, ''op. cit.'', p. 288.</ref>&nbsp;» et parce qu’il n’est plus un «&nbsp;opposant&nbsp;». Quand il parle devant sa femme, il reconnaît invariablement que Staline a gagné, il vante les réalisations de l’industrie lourde soviétique<ref>''Idem'', p. 271.</ref>, etc. Il se surveille lui-même et il sait bien qu’on le surveille. Mais Boukharine a toujours le souci de protéger les siens. On ne peut pas exclure complètement qu’il se cache aussi de sa femme, pour ne pas la compromettre. Les critiques et les doutes d’Anna Larina mettent en lumière les reconstructions laborieuses des témoignages de Nicolaevski ou de Dan.
 
Boukharine, même lorsque sa femme le rejoint à Paris, n’envisage pas d’émigrer parce qu’il ne «&nbsp;prévoit pas sa perte<ref>A. Larina, ''op. cit.'', p. 288.</ref>&nbsp;» et parce qu’il n’est plus un «&nbsp;opposant&nbsp;». Quand il parle devant sa femme, il reconnaît invariablement que Staline a gagné, il vante les réalisations de l’industrie lourde soviétique<ref>''Idem'', p. 271.</ref>, etc. Il se surveille lui-même et il sait bien qu’on le surveille. Mais Boukharine a toujours le souci de protéger les siens. On ne peut pas exclure complètement qu’il se cache aussi de sa femme, pour ne pas la compromettre. Les critiques et les doutes d’Anna Larina mettent en lumière les reconstructions laborieuses des témoignages de Nicolaevski ou de Dan.
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== L’arrestation et le procès (1937-1938) ==
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=== L’arrestation et le procès (1937-1938) ===
    
Boukharine est en voyage dans le Pamir quand s’ouvre le procès de Zinoviev et Kamenev, entourés de quelques vieux bolcheviks de l’ancienne Opposition de gauche. D’août 1936 jusqu’au 27 février 1937, Boukharine est soumis à une première arrestation avec l’ouverture d’une instruction par la Procurature de l’URSS&nbsp;: il est coupé de presque toutes ses relations, toutes ses activités sont suspendues, il est confronté à une série de faux témoins et il comparait devant Staline ou [[Lazare_Kaganovitch|Kaganovitch]] qui font alterner le chaud et le froid. Boukharine veut «&nbsp;tenir bon&nbsp;»<ref>C’est ce que lui recommande son ami [[Grigory Ordjonikidze|Ordjonikidzé]], par l’intermédiaire d’Anna Mikhaïlovna. Mais Sergo se suicide (ou est « suicidé », on ne sait pas) le 18 février 1937.</ref> , mais il est désespéré. Il décide finalement d’engager une grève de la faim, et il interpelle ses tourmenteurs du Comité Central&nbsp;: «&nbsp;Je ne peux pas me tuer d’une balle de revolver, parce qu’on dira que je me suis suicidé pour nuire au Parti&nbsp;; par contre si je meurs pour ainsi dire de maladie, que perdez-vous&nbsp;?… Mais dites-moi ce que vous perdez. Si je suis un saboteur, un fils de chienne, etc., à quoi bon me plaindre&nbsp;?&nbsp;». Comme il se heurte à un mur de haine et de ricanements, il s’écrie&nbsp;: «&nbsp;Mais comprenez qu’il m’est difficile de vivre&nbsp;!&nbsp;»<ref>Staline répond spontanément : « Et pour nous c’est facile ? ».</ref> . Il ne défend pas une politique comme en 1929, mais sa dignité d’homme qui n’a pas trahi, qui ne veut rien faire qui puisse nuire politiquement à son Parti et pour qui il est maintenant «&nbsp;impossible de vivre&nbsp;». «&nbsp;Certes, si je ne suis pas un homme, alors il n’y a rien à comprendre&nbsp;»<ref>Extraits du compte rendu du ''Plenum'' du CC du PC(b)US du 23 février 1937, cité par Mikhaïl Guefter, dans la post-face, ''Le dit de la dignité'', du livre d’Anna Larina, ''op. cit.'', p. 388-389. Staline fait une fausse promesse (« personne n’a l’intention de t’exclure », affirme-t-il) pour obtenir l’arrêt la grève de la faim.</ref> Boukharine fait ses adieux à sa famille. Il cherche pendant les treize mois suivants, enfermé à la Loubianka, comment répondre comme un homme aux questions qu’il inscrit, dès le début de son emprisonnement, sur un morceau de papier&nbsp;: «&nbsp;(c) Si tu meurs, qu’emportes-tu avec toi&nbsp;? Au nom de quoi&nbsp;? Spécialement à l’étape actuelle (d) Si tu vis – comment vivre et pourquoi&nbsp;? (e) Tout ce qui est personnel est en train d’être écarté (f) Dans les deux cas il n’y a qu’une seule conclusion&nbsp;»<ref>Note citée par Svetlana Gourvitch-Boukharina dans l’adresse ''Au lecteur'' qui introduit le premier manuscrit écrit par Boukharine dans sa prison, ''Le socialisme et sa culture''. La note est conservée dans les Archives du Président de la Fédération de Russie, collection 3, liste d’inventaire 24, article 431, feuille 12.</ref> . Il redit ces questions dans sa dernière déclaration du procès et dit quelle est cette conclusion. Les «&nbsp;faits positifs qui resplendissent en Union Soviétique&nbsp;» l’ont «&nbsp;désarmé définitivement&nbsp;», il peut mourir au nom de l’URSS, comme il pourrait vivre pour elle.
 
Boukharine est en voyage dans le Pamir quand s’ouvre le procès de Zinoviev et Kamenev, entourés de quelques vieux bolcheviks de l’ancienne Opposition de gauche. D’août 1936 jusqu’au 27 février 1937, Boukharine est soumis à une première arrestation avec l’ouverture d’une instruction par la Procurature de l’URSS&nbsp;: il est coupé de presque toutes ses relations, toutes ses activités sont suspendues, il est confronté à une série de faux témoins et il comparait devant Staline ou [[Lazare_Kaganovitch|Kaganovitch]] qui font alterner le chaud et le froid. Boukharine veut «&nbsp;tenir bon&nbsp;»<ref>C’est ce que lui recommande son ami [[Grigory Ordjonikidze|Ordjonikidzé]], par l’intermédiaire d’Anna Mikhaïlovna. Mais Sergo se suicide (ou est « suicidé », on ne sait pas) le 18 février 1937.</ref> , mais il est désespéré. Il décide finalement d’engager une grève de la faim, et il interpelle ses tourmenteurs du Comité Central&nbsp;: «&nbsp;Je ne peux pas me tuer d’une balle de revolver, parce qu’on dira que je me suis suicidé pour nuire au Parti&nbsp;; par contre si je meurs pour ainsi dire de maladie, que perdez-vous&nbsp;?… Mais dites-moi ce que vous perdez. Si je suis un saboteur, un fils de chienne, etc., à quoi bon me plaindre&nbsp;?&nbsp;». Comme il se heurte à un mur de haine et de ricanements, il s’écrie&nbsp;: «&nbsp;Mais comprenez qu’il m’est difficile de vivre&nbsp;!&nbsp;»<ref>Staline répond spontanément : « Et pour nous c’est facile ? ».</ref> . Il ne défend pas une politique comme en 1929, mais sa dignité d’homme qui n’a pas trahi, qui ne veut rien faire qui puisse nuire politiquement à son Parti et pour qui il est maintenant «&nbsp;impossible de vivre&nbsp;». «&nbsp;Certes, si je ne suis pas un homme, alors il n’y a rien à comprendre&nbsp;»<ref>Extraits du compte rendu du ''Plenum'' du CC du PC(b)US du 23 février 1937, cité par Mikhaïl Guefter, dans la post-face, ''Le dit de la dignité'', du livre d’Anna Larina, ''op. cit.'', p. 388-389. Staline fait une fausse promesse (« personne n’a l’intention de t’exclure », affirme-t-il) pour obtenir l’arrêt la grève de la faim.</ref> Boukharine fait ses adieux à sa famille. Il cherche pendant les treize mois suivants, enfermé à la Loubianka, comment répondre comme un homme aux questions qu’il inscrit, dès le début de son emprisonnement, sur un morceau de papier&nbsp;: «&nbsp;(c) Si tu meurs, qu’emportes-tu avec toi&nbsp;? Au nom de quoi&nbsp;? Spécialement à l’étape actuelle (d) Si tu vis – comment vivre et pourquoi&nbsp;? (e) Tout ce qui est personnel est en train d’être écarté (f) Dans les deux cas il n’y a qu’une seule conclusion&nbsp;»<ref>Note citée par Svetlana Gourvitch-Boukharina dans l’adresse ''Au lecteur'' qui introduit le premier manuscrit écrit par Boukharine dans sa prison, ''Le socialisme et sa culture''. La note est conservée dans les Archives du Président de la Fédération de Russie, collection 3, liste d’inventaire 24, article 431, feuille 12.</ref> . Il redit ces questions dans sa dernière déclaration du procès et dit quelle est cette conclusion. Les «&nbsp;faits positifs qui resplendissent en Union Soviétique&nbsp;» l’ont «&nbsp;désarmé définitivement&nbsp;», il peut mourir au nom de l’URSS, comme il pourrait vivre pour elle.
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L’étude des documents qui ont petit à petit revu le jour (message verbal transmis par sa femme, manuscrits, lettres, bouts de papier, etc.) ne réduit pas l’impression d’ambivalence que donne le comportement de Boukharine. Elle dessine les traits d’un homme qui a peur et qui souffre (moins pour lui-même que pour ses proches). Il a un sentiment de culpabilité qui affleure toujours et qui ne s’atténue que lorsqu’il exprime sa foi dans l’idéal du socialisme. Pendant les trois premiers mois à la Loubianka, il résiste aux enquêteurs en même temps qu’il écrit ''recto verso'', sans aucune rature, seize ''folios'' constituant les douze chapitres d’un livre, ''Le Socialisme et sa culture''. Ce livre, qui n’a été lu que par Staline jusqu’en 1992, semble être une tentative pour influencer le développement du socialisme soviétique (par le truchement de son chef) en direction d’une utopie où se réaliseraient quelques-unes des espérances des socialistes. Boukharine écrira ensuite quarante chapitres d’''Arabesques philosophiques'', où il fait le tour de la philosophie pour prouver enfin à Lénine qu’il a étudié la dialectique. Boukharine s’apaise plus lorsqu’il écrit des poèmes (il y en a 173) et un roman autobiographique, ''Vremena'' (''Comment tout a commencé'') qui restera inachevé. Il envoie une lettre à Staline le 10 décembre 1937. Cette lettre contient des idées incohérentes sur ce qu’il ferait s’il vivait et des aveux sur ce qu’il regrette vraiment (la rencontre avec Kamenev en 1928) ou sur sa préférence pour une exécution par une injection de morphine. Le message qu’il a fait apprendre par cœur à Anna, en février 1937, est une adresse ''A la génération future des dirigeants du parti''. Il y dit avec beaucoup de lucidité ce qu’est «&nbsp;la machine infernale&nbsp;» qui le tue et il rejette toutes les accusations dont on l’accable, mais le message, destiné à une génération qui devra «&nbsp;dénouer l’incroyable écheveau de crimes&nbsp;» qui «&nbsp;étouffe le Parti&nbsp;», ne donne aucune indication politique particulière &nbsp;: son auteur, «&nbsp;depuis sept ans&nbsp;», n’avait «&nbsp;plus l’ombre d’un désaccord avec le Parti&nbsp;» et il ne présente qu’une seule requête &nbsp;: la réhabilitation de sa mémoire et sa réintégration posthume dans le Parti. «&nbsp;Ne me jugez pas plus sévèrement que Vladimir Ilitch ne l’a fait&nbsp;», voilà une phrase qui exprime de quelle manière Boukharine reste jusqu’au bout en quelque sorte enfermé dans l’expérience humaine de la révolution qu’il a faite «&nbsp;avec&nbsp;» et «&nbsp;contre&nbsp;» Lénine.
 
L’étude des documents qui ont petit à petit revu le jour (message verbal transmis par sa femme, manuscrits, lettres, bouts de papier, etc.) ne réduit pas l’impression d’ambivalence que donne le comportement de Boukharine. Elle dessine les traits d’un homme qui a peur et qui souffre (moins pour lui-même que pour ses proches). Il a un sentiment de culpabilité qui affleure toujours et qui ne s’atténue que lorsqu’il exprime sa foi dans l’idéal du socialisme. Pendant les trois premiers mois à la Loubianka, il résiste aux enquêteurs en même temps qu’il écrit ''recto verso'', sans aucune rature, seize ''folios'' constituant les douze chapitres d’un livre, ''Le Socialisme et sa culture''. Ce livre, qui n’a été lu que par Staline jusqu’en 1992, semble être une tentative pour influencer le développement du socialisme soviétique (par le truchement de son chef) en direction d’une utopie où se réaliseraient quelques-unes des espérances des socialistes. Boukharine écrira ensuite quarante chapitres d’''Arabesques philosophiques'', où il fait le tour de la philosophie pour prouver enfin à Lénine qu’il a étudié la dialectique. Boukharine s’apaise plus lorsqu’il écrit des poèmes (il y en a 173) et un roman autobiographique, ''Vremena'' (''Comment tout a commencé'') qui restera inachevé. Il envoie une lettre à Staline le 10 décembre 1937. Cette lettre contient des idées incohérentes sur ce qu’il ferait s’il vivait et des aveux sur ce qu’il regrette vraiment (la rencontre avec Kamenev en 1928) ou sur sa préférence pour une exécution par une injection de morphine. Le message qu’il a fait apprendre par cœur à Anna, en février 1937, est une adresse ''A la génération future des dirigeants du parti''. Il y dit avec beaucoup de lucidité ce qu’est «&nbsp;la machine infernale&nbsp;» qui le tue et il rejette toutes les accusations dont on l’accable, mais le message, destiné à une génération qui devra «&nbsp;dénouer l’incroyable écheveau de crimes&nbsp;» qui «&nbsp;étouffe le Parti&nbsp;», ne donne aucune indication politique particulière &nbsp;: son auteur, «&nbsp;depuis sept ans&nbsp;», n’avait «&nbsp;plus l’ombre d’un désaccord avec le Parti&nbsp;» et il ne présente qu’une seule requête &nbsp;: la réhabilitation de sa mémoire et sa réintégration posthume dans le Parti. «&nbsp;Ne me jugez pas plus sévèrement que Vladimir Ilitch ne l’a fait&nbsp;», voilà une phrase qui exprime de quelle manière Boukharine reste jusqu’au bout en quelque sorte enfermé dans l’expérience humaine de la révolution qu’il a faite «&nbsp;avec&nbsp;» et «&nbsp;contre&nbsp;» Lénine.
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== L’exécution (1938) ==
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=== L’exécution (1938) ===
    
[[Romain_Rolland|Romain Rolland]], juste après l’arrestation de Boukharine, écrit à Staline un appel à la clémence&nbsp;: «&nbsp;Une intelligence de l’ordre de celle de Boukharine est une richesse pour son pays&nbsp;; … Depuis un siècle et demi que le Tribunal révolutionnaire de Paris condamna à mort le génial chimiste Lavoisier, nous avons toujours en France, nous les plus ardents Révolutionnaires, les plus fidèles au souvenir de Robespierre et du grand Comité du salut public, un amer regret et un remords de cette exécution.&nbsp;» Et il ajoute&nbsp;: «&nbsp;Au nom de Gorki, je vous demande sa grâce. Quelque coupable qu’il ait pu être, un tel homme n’est pas de l’espèce de ceux du procès précédent&nbsp;»<ref>''Cf.'' Lettre de Romain Rolland à Staline du 18 mars 1937, ''Nouvelles Fondations'', revue de la Fondation Gabriel Péri, n° 3-4, 2006, p. 273. Romain Rolland, on le voit, n’imagine pas ce que seront les accusations et il concède la possibilité d’une culpabilité. Il était difficile d’être totalement lucide quand on voulait influencer Staline.</ref> . Staline lit la lettre et griffonne&nbsp;: «&nbsp;On ne doit pas répondre.&nbsp;» L’exécution de Boukharine est annoncée le 15 mars 1938, mais la nouvelle de sa mort est éclipsée par l’entrée des nazis en Autriche (l’[[Anschluss|Anschluss]]), qui a lieu le même jour.
 
[[Romain_Rolland|Romain Rolland]], juste après l’arrestation de Boukharine, écrit à Staline un appel à la clémence&nbsp;: «&nbsp;Une intelligence de l’ordre de celle de Boukharine est une richesse pour son pays&nbsp;; … Depuis un siècle et demi que le Tribunal révolutionnaire de Paris condamna à mort le génial chimiste Lavoisier, nous avons toujours en France, nous les plus ardents Révolutionnaires, les plus fidèles au souvenir de Robespierre et du grand Comité du salut public, un amer regret et un remords de cette exécution.&nbsp;» Et il ajoute&nbsp;: «&nbsp;Au nom de Gorki, je vous demande sa grâce. Quelque coupable qu’il ait pu être, un tel homme n’est pas de l’espèce de ceux du procès précédent&nbsp;»<ref>''Cf.'' Lettre de Romain Rolland à Staline du 18 mars 1937, ''Nouvelles Fondations'', revue de la Fondation Gabriel Péri, n° 3-4, 2006, p. 273. Romain Rolland, on le voit, n’imagine pas ce que seront les accusations et il concède la possibilité d’une culpabilité. Il était difficile d’être totalement lucide quand on voulait influencer Staline.</ref> . Staline lit la lettre et griffonne&nbsp;: «&nbsp;On ne doit pas répondre.&nbsp;» L’exécution de Boukharine est annoncée le 15 mars 1938, mais la nouvelle de sa mort est éclipsée par l’entrée des nazis en Autriche (l’[[Anschluss|Anschluss]]), qui a lieu le même jour.
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1914/00/conciliationnisme.htm Le conciliationnisme théorique (La théorie de la valeur de Tougan-Baranovsky)]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1915/08/theses.htm A propos du slogan du droit des nations à l’autodétermination] (avec I.L. Piatokov et E. Bosch)
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1915/08/theses.htm A propos du slogan du droit des nations à l’autodétermination] (avec I.L. Piatokov et E. Bosch)''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1917/boukharine_19170000.htm L´économie mondiale et l´impérialisme (extrait) (édité seulement en 1917)]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1916/00/etat.htm Contribution à une théorie de l'Etat impérialiste]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1917/05/guerre.htm La guerre et le socialisme révolutionnaire]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1919/00/theorie.htm La théorie de la dictature du prolétariat]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1921/04/offensive.htm De la tactique offensive]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1921/00/nouvelle.htm La nouvelle orientation de la politique économique]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1921/07/orientation.htm La nouvelle orientation économique de la Russie des Soviets]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1921/12/base.htm La base économique de la révolution prolétarienne]
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| 1922
 
| 1922
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/05/prisonniers.htm Les « prisonniers politiques »]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/05/prisonniers.htm Les «&nbsp;prisonniers politiques&nbsp;»]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/inter_com/1922/06/programme.htm#boukharine Discussion sur le programme de l'IC]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/inter_com/1922/06/programme.htm#boukharine Discussion sur le programme de l'IC]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/projet.htm Projet de programme de l'Internationale Communiste]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/projet.htm Projet de programme de l'Internationale Communiste]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/ic.htm Intervention sur le rapport de Zinoviev (IV<sup>e</sup> congrès de l'Internationale Communiste)]
+
| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/ic.htm Intervention sur le rapport de Zinoviev (IV<sup>e</sup> congrès de l'Internationale Communiste)]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/programme.htm Rapport sur la question du programme][https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/programme.htm (IV<sup>e</sup> congrès de l'Internationale Communiste)]
+
| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/programme.htm Rapport sur la question du programme][https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1922/11/programme.htm (IV<sup>e</sup> congrès de l'Internationale Communiste)]''
 
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| 1923&nbsp;
 
| 1923&nbsp;
| style="font-weight: bold" | [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1921/index.htm#remarques Brèves remarques sur le problème de la théorie du matérialisme historique]
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| style="font-weight: bold" | ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1921/index.htm#remarques Brèves remarques sur le problème de la théorie du matérialisme historique]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1923/03/parti_marxiste.htm Un grand parti marxiste]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1923/03/parti_marxiste.htm Un grand parti marxiste]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1923/02/culture.htm Révolution prolétarienne et culture]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1923/02/culture.htm Révolution prolétarienne et culture]''
 
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| 1924
 
| 1924
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/01/camarade.htm Le camarade]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/01/camarade.htm Le camarade]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/02/lenine.htm Lénine en tant que marxiste]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/02/lenine.htm Lénine en tant que marxiste]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/06/boukharine_ic19240627.htm Interventions au V<sup>e</sup> congrès de l'Internationale Communiste]
+
| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/06/boukharine_ic19240627.htm Interventions au V<sup>e</sup> congrès de l'Internationale Communiste]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/06/projet.htm Projet de programme de l’Internationale Communiste]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/06/projet.htm Projet de programme de l’Internationale Communiste]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/07/stabilisation.htm La stabilisation du capitalisme, la II<sup>e</sup> internationale et nous]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/07/stabilisation.htm La stabilisation du capitalisme, la II<sup>e</sup> internationale et nous]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/11/permanente.htm Sur la théorie de la « révolution permanente »]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/11/permanente.htm Sur la théorie de la «&nbsp;révolution permanente&nbsp;»]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/12/revelation.htm Une nouvelle révélation sur l’économie soviétiste]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/12/revelation.htm Une nouvelle révélation sur l’économie soviétiste]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/12/boukharine_19241224.htm Lettre à F.E. Dzerjinski]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/12/boukharine_19241224.htm Lettre à F.E. Dzerjinski]''
 
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| 1925
 
| 1925
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/00/voie.htm La voie du socialisme et l'alliance ouvriers-paysans]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/01/critique.htm Critique de la plate-forme économique de l’opposition]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/01/instituteurs.htm Les instituteurs et les Jeunesses Communistes]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/01/memoire.htm À la mémoire d'Ilitch]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/03/formaliste.htm De la méthode formaliste en art]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/03/questionpaysanne.htm Rapport sur la question paysanne au 5<sup>e</sup> Exécutif élargi de l'Internationale Communiste]
+
| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/03/questionpaysanne.htm Rapport sur la question paysanne au 5<sup>e</sup> Exécutif élargi de l'Internationale Communiste]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/04/resolutionpaysanne.htm Résolution sur la question paysanne adoptée par le 5<sup>e</sup> Exécutif élargi de l'Internationale Communiste]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/04/resolutionpaysanne.htm Résolution sur la question paysanne adoptée par le 5<sup>e</sup> Exécutif élargi de l'Internationale Communiste]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/04/nep.htm La nouvelle politique économique et nos tâches]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1925/08/index.htm La bourgeoisie internationale et son apôtre Kautsky]
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| ''L'économie politique du rentier''''''— critique de l'économie marginaliste'' (réédition en français avec un avant-propos de Michel Husson, Éditions Syllepse, 2010)
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| ''L'économie politique du rentier'''''— critique de l'économie marginaliste''(réédition en français avec un avant-propos de Michel Husson, Éditions Syllepse, 2010)''
 
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| 1926
 
| 1926
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1926/00/caractere.htm Sur le caractère de notre révolution et sur les possibilités de construction victorieuse du socialisme en URSS]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1926/00/boukharine_19260000.htm Le problème des lois de la période de transition]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1926/02/rapport.htm Rapport à la XXIII<sup>e</sup> conférence extraordinaire du PC(b)US de la province de Leningrad]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1926/02/rapport.htm Rapport à la XXIII<sup>e</sup> conférence extraordinaire du PC(b)US de la province de Leningrad]''
 
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1926/07/remarques.htm Remarques critiques sur le livre du camarade Préobrajenski : La Nouvelle Economique]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1926/07/remarques.htm Remarques critiques sur le livre du camarade Préobrajenski&nbsp;: La Nouvelle Economique]''
 
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| 1927
 
| 1927
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1927/11/sd.htm La révolution russe et la social-démocratie]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1927/11/caractere.htm Le caractère menchéviste de l’idéologie et de la tactique de l’opposition]
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| 1928
 
| 1928
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1928/00/autobiographie.htm Autobiographie]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1928/07/ic.htm Rapport sur l’activité du C.E. de l’I.C.]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1928/07/conclusion.htm Discours de clôture du débat sur la situation internationale et les tâches de l'I.C.]
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| 1929
 
| 1929
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1929/01/testament.htm Le testament politique de Lénine]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1929/06/gachis.htm La théorie de la « gabegie organisée »]
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| 1930
 
| 1930
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1930/03/papal.htm Le capital financier drapé dans le manteau papal]
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| 1931
 
| 1931
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1931/07/theorie.htm Théorie et pratique du point de vue du matérialisme dialectique]
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| 1934
 
| 1934
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1934/05/pourquoi.htm Pourquoi nous vaincrons]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1934/05/pourquoi.htm Pourquoi nous vaincrons]''
 
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| 1936
 
| 1936
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1936/04/problemes.htm Les problèmes fondamentaux de la culture contemporaine]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1936/04/problemes.htm Les problèmes fondamentaux de la culture contemporaine]''
 
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| 1937&nbsp;
 
| 1937&nbsp;
| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1937/02/nibouk_19370200.htm Lettre à la génération future des dirigeants du parti]
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| [https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1937/12/nibouk_19371210.htm Lettre à J. Staline]
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| ''[https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1937/12/nibouk_19371210.htm Lettre à J. Staline]''
 
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Recueils :
+
Recueils&nbsp;:
    
*''Le Socialisme dans un seul pays'', recueil de publications 1925-1927, Paris, U.G.E, coll. 10-18, 1974.  
 
*''Le Socialisme dans un seul pays'', recueil de publications 1925-1927, Paris, U.G.E, coll. 10-18, 1974.  

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