Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
m
aucun résumé des modifications
Ligne 25 : Ligne 25 :  
=== Egalité juridique entre citoyens, et entre hommes et femmes ===
 
=== Egalité juridique entre citoyens, et entre hommes et femmes ===
   −
Le gouvernement soviétique prit toutes les mesures démocratiques radicales dans le domaine politique, assurant l’égalité formelle de tous les citoyens : les ordres ([[Noblesse|noblesse]], [[Clergé|clergé]], etc.) et les privilèges qui y étaient liés sont abolis, ainsi que tous les titres nobiliaires et qualifications ; les biens de ces privilégiés sont immédiatement confisqués.
+
Le gouvernement soviétique prit toutes les mesures démocratiques radicales dans le domaine politique, assurant l’égalité formelle de tous les citoyens : les ordres ([[Noblesse|noblesse]], [[Clergé|clergé]], etc.) et les privilèges qui y étaient liés sont abolis, ainsi que tous les titres nobiliaires et qualifications ; les biens de ces privilégiés sont immédiatement confisqués. Le décret du 23 janvier 1918 acte la séparation de l’[[Église|Église]] et de l’[[État|État]].
   −
La loi accorde exactement les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes, y compris le droit de vote (alors que, dans la plupart des pays capitalistes, cela ne viendra qu’après la révolution russe, voire après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], comme en France…) et égalité totale des droits dans le [[Mariage|mariage]] et le [[divorce|divorce]] (alors que, en France, par exemple, les inégalités de droits entre la femme et l’homme ne seront intégralement supprimées que dans les années 1960 !). Ainsi que l’expliquait un législateur le mariage « ''devait cesser d’être une cage dans laquelle mari et femme vivent comme des condamnés'' ». Il est mis fin à la discrimination des enfants illégitimes en décembre 1917, et l'[[Avortement|avortement]] est légalisé en 1920.
+
La loi accorde exactement les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes, y compris le droit de vote (alors que, dans la plupart des pays capitalistes, cela ne viendra qu’après la révolution russe, voire après la [[Seconde_Guerre_mondiale|Seconde Guerre mondiale]], comme en France…) et égalité totale des droits dans le [[Mariage|mariage]] et le [[Divorce|divorce]] (alors que, en France, par exemple, les inégalités de droits entre la femme et l’homme ne seront intégralement supprimées que dans les années 1960 !). Ainsi que l’expliquait un législateur le mariage « ''devait cesser d’être une cage dans laquelle mari et femme vivent comme des condamnés'' ». Il est mis fin à la discrimination des enfants illégitimes en décembre 1917, et l'[[Avortement|avortement]] est légalisé en 1920.
    
Par ailleurs l'[[Homosexualité|homosexualité]] est dépénalisée en 1922.
 
Par ailleurs l'[[Homosexualité|homosexualité]] est dépénalisée en 1922.
Ligne 34 : Ligne 34 :     
{{Voir|Condition des femmes en URSS}}
 
{{Voir|Condition des femmes en URSS}}
  −
=== Enseignement général obligatoire, laïque et gratuit ===
  −
  −
La Russie est un pays dans lequel, en 1917, l’écrasante majorité de la population ne sait ni lire, ni écrire. C’est évidemment un obstacle considérable à la mise en place d’une démocratie authentique et à tout développement économique moderne. C’est pourquoi le gouvernement décide dès le début 1918 la mise en place d’un enseignement général, obligatoire et gratuit. Il supprime toutes les barrières légales à l’accès des enfants d’ouvriers et de paysans à l’enseignement supérieur général et technique, et affaiblit les barrières sociales : abolition des frais universitaires, réduction drastique des examens et l’apprentissage basé sur la mémorisation pure... Des ''chtcharachkas'' (communautés) furent mises en place pour prendre en charge l'éducation des dizaines de milliers d'orphelins.
  −
  −
Sous la direction de [[Lounatcharski|Lounatcharski]], le commissariat du peuple à l'instruction publie un décret déclarant l'ouverture d'un « front contre l'analphabétisme » le 10 décembre 1919. Des alphabets furent créés pour les nationalités privées d'écriture. En un an le nombre d’école augmenta de plus de 50%, et le budget de l'éducation passe de 195 millions de roubles en 1916 à 2 914 millions en 1918. L’étude scolaire fut combinée au travail manuel, et des mesures de contrôle démocratique furent apportées, impliquant tous les travailleurs scolaires et les élèves âgés de plus de 12 ans. [[Lénine|Lénine]] attachait personnellement une grande attention à l’expansion des bibliothèques.
  −
  −
Dans le compte rendu critique qu'il donne alors de son voyage en Union soviétique, le maire de Boulogne André Morizet affirme qu'''«&nbsp;on peut penser tout ce qu'on voudra des chefs du bolchevisme. On peut critiquer leurs méthodes, condamner leurs actes en gros ou en détail [...]. Mais il y a un point sur lequel il me paraît impossible qu'on n'approuve pas unanimement leurs efforts, qu'on n'apprécie pas sans réserve les résultats déjà obtenus&nbsp;: c'est en matière d'instruction publique&nbsp;»''.<ref>André Morizet, ''Chez Lénine et Trotsky'', Édition La Renaissance du Livre, 1919. Voir aussi reproduction du témoignage dans Les Cahiers du CERMTRI, n° 92.</ref>
      
=== Répression politique ===
 
=== Répression politique ===
Ligne 111 : Ligne 103 :  
Là encore, les mesures économiques et sociales prises par le gouvernement dirigé par les bolchéviks n’impliquent pas encore le socialisme&nbsp;: le prolétariat ayant pris le pouvoir dans un pays sous-développé, devait inévitablement commencer par accomplir jusqu’au bout les tâches démocratiques-bourgeoises de la révolution.&nbsp;Mais, à chaque fois, les mesures sont réalisées de façon à préparer l’avenir, c’est-à-dire précisément le passage du «&nbsp;capitalisme d’État&nbsp;» soviétique au socialisme&nbsp;: en ce sens, elles sont transitoires. Ce qui distingue donc fondamentalement la Russie soviétique des États capitalistes de l’époque qui en raison des nécessités de la guerre ont aussi procédé à une série de mesures de [[Nationalisations|nationalisations]], c’est la structure de l’État.
 
Là encore, les mesures économiques et sociales prises par le gouvernement dirigé par les bolchéviks n’impliquent pas encore le socialisme&nbsp;: le prolétariat ayant pris le pouvoir dans un pays sous-développé, devait inévitablement commencer par accomplir jusqu’au bout les tâches démocratiques-bourgeoises de la révolution.&nbsp;Mais, à chaque fois, les mesures sont réalisées de façon à préparer l’avenir, c’est-à-dire précisément le passage du «&nbsp;capitalisme d’État&nbsp;» soviétique au socialisme&nbsp;: en ce sens, elles sont transitoires. Ce qui distingue donc fondamentalement la Russie soviétique des États capitalistes de l’époque qui en raison des nécessités de la guerre ont aussi procédé à une série de mesures de [[Nationalisations|nationalisations]], c’est la structure de l’État.
    +
== Enseignement, science, art et culture ==
 +
 +
=== Enseignement général obligatoire, laïque et gratuit ===
 +
 +
La Russie est un pays dans lequel, en 1917, l’écrasante majorité de la population ne sait ni lire, ni écrire. C’est évidemment un obstacle considérable à la mise en place d’une démocratie authentique et à tout développement économique moderne. C’est pourquoi le gouvernement décide dès le début 1918 la mise en place d’un enseignement général, obligatoire et gratuit. Il supprime toutes les barrières légales à l’accès des enfants d’ouvriers et de paysans à l’enseignement supérieur général et technique, et affaiblit les barrières sociales&nbsp;: abolition des frais universitaires, réduction drastique des examens et l’apprentissage basé sur la mémorisation pure... Des ''chtcharachkas'' (communautés) furent mises en place pour prendre en charge l'éducation des dizaines de milliers d'orphelins.
 +
 +
Sous la direction de [[Lounatcharski|Lounatcharski]], le commissariat du peuple à l'instruction publie un décret déclarant l'ouverture d'un «&nbsp;front contre l'analphabétisme&nbsp;» le 10 décembre 1919, consistant en des campagnes massives d'alphabétisation, et sur des réformes :
 +
 +
*Introduction du système métrique, remplaçant les vieilles unités comme la verste <span class="reference-text">(Décret du 14 septembre 1918</span>)
 +
*Introduction du calendrier grégorien,&nbsp;remplaçant le calendrier julien (Décret du 8 février 1918)
 +
*Réforme de [[Langue#R.C3.A9forme_de_la_langue_russe_en_1917|simplification de l'alphabet russe]] (Décret de décembre 1917)
 +
*Des alphabets furent créés pour les nationalités privées d'écriture.
 +
 +
En un an le nombre d’école augmenta de plus de 50%, et le budget de l'éducation passe de 195 millions de roubles en 1916 à 2&nbsp;914 millions en 1918. L’étude scolaire fut combinée au travail manuel, et des mesures de contrôle démocratique furent apportées, impliquant tous les travailleurs scolaires et les élèves âgés de plus de 12 ans. [[Lénine|Lénine]] attachait personnellement une grande attention à l’expansion des bibliothèques.
 +
 +
Dans le compte rendu critique qu'il donne alors de son voyage en Union soviétique, le maire de Boulogne André Morizet affirme qu'''«&nbsp;on peut penser tout ce qu'on voudra des chefs du bolchevisme. On peut critiquer leurs méthodes, condamner leurs actes en gros ou en détail [...]. Mais il y a un point sur lequel il me paraît impossible qu'on n'approuve pas unanimement leurs efforts, qu'on n'apprécie pas sans réserve les résultats déjà obtenus&nbsp;: c'est en matière d'instruction publique&nbsp;»''.<ref>André Morizet, ''Chez Lénine et Trotsky'', Édition La Renaissance du Livre, 1919. Voir aussi reproduction du témoignage dans Les Cahiers du CERMTRI, n° 92.</ref>
 +
 +
 +
=== Libération et diffusion des arts ===
 +
 +
La Russie révolutionnaire connut une effervescence d’innovations et d’expérimentations dans les domaines de la [[Littérature|littérature]], de la peinture et du [[Cinéma|cinéma]].<ref>« La culture et l'art au lendemain de la révolution d'octobre 1917 », in Les Cahiers du mouvement ouvrier, n° 37, premier trimestre 2008.</ref><ref>Tendance CLAIRE du NPA, [http://tendanceclaire.org/article.php?id=58 ''L’art et la révolution selon Léon Trotsky''], 2009</ref> La position de l’artiste dans la société était transformée. Les règles académiques dans l'art sont supprimées. Comme le dit le poète [[Maïakovski|Maïakovski]]&nbsp;: «&nbsp;''Les rues plutôt que des pinceaux nous utiliserons /Nos palettes, les places et leurs espaces grand ouverts''&nbsp;» (Ordre à l’armée des arts, 1918). Les conditions sont très difficiles dans ces premières années, mais les initiatives fleurissent et sont encouragées, quel que soit le style artistique. Selon l'historien de l'art Jean-Michel Palmier :
 +
<blockquote>
 +
<span class="citation">«&nbsp;Il y a peu de pays qui ont consacré autant d'argent aux Beaux-Arts, au théâtre, à la littérature, à la peinture que l'URSS dans la période la plus difficile qu'elle a connue. Alors que la famine régnait, que la contre-révolution levait la tête sur tous les fronts — intérieur et extérieur — la jeune république des soviets dépensait des sommes énormes pour développer l'art — et pas seulement comme instrument de propagande.&nbsp;»<ref>Jean-Michel Palmier, « Histoire de l'art et marxisme », in Esthétique et marxisme, UGE-10/18, 1974.</ref></span>
 +
</blockquote>
 +
Dès les premiers jours qui suivent la révolution d'Octobre, le gouvernement bolchevique met en œuvre une série de mesures visant à assurer la préservation, l'inventaire et la nationalisation du patrimoine culturel national. La collection privée du commerçant et mécène Sergueï Chtchoukine est réquisitionnée pour ouvrir le «&nbsp;premier musée de l'art occidental&nbsp;». Vassily Kandinsky est nommé directeur du Musée de la culture artistique, créé en 1919, et ouvre une vingtaine de musées en province. Ici encore, la pénurie limite les ambitions du régime. Par manque de crédits pour la reconstruction, la plupart des projets d'architectures novateurs ne peuvent être achevés.<ref>Jean-Michel Palmier in ''Sur l'art et la littérature, recueil de textes de Lénine'', UGE-10/18</ref>
 +
 +
Au même titre que la presse contre-révolutionnaire, les bolcheviques interdisent les œuvres ouvertement hostiles au régime. Mais le nouveau pouvoir ne donne pas de directives en matière d'[[art|art]]. Certains, les partisans du [[Proletkult|''Proletkult'']], pensaient qu'il fallait développer un art intrinsèquement nouveau, un ''«&nbsp;art prolétarien&nbsp;»''. Pour [[Lénine|Lénine]] au contraire, la classe ouvrière devait s'approprier l'ensemble de l'art passé, [[art_bourgeois|bourgeois]] ou non. [[Trotsky|Trotsky]] déclarait :
 +
<blockquote>
 +
<span class="reference-text"><span class="citation">«&nbsp;L'art n'est pas un domaine où le Parti est appelé à commander. Il protège, stimule, ne dirige qu'indirectement. Il accorde sa confiance aux groupes qui aspirent sincèrement à se rapprocher de la Révolution et encourage ainsi leur production artistique. Il ne peut pas se placer sur les positions d'un cercle littéraire. Il ne le peut pas, et il ne le doit pas.&nbsp;»</span></span> <ref>Léon Trostky, [http://www.marxistsfr.org/francais/trotsky/livres/litterature/litteraturecp7.htm ''La politique du parti en art''], 1924.</ref>
 +
</blockquote>
 
== L'édification du nouvel État ==
 
== L'édification du nouvel État ==
   Ligne 136 : Ligne 158 :     
Mais les résultats ne donnèrent qu'une minorité aux bolcheviks et SR de gauche. Malgré la nette majorité bolchévique dans les villes et parmi les soldats, les campagnes votent pour des notables SR.&nbsp;La rupture des [[SR_de_gauche|SR de gauche]] ne s'était pas encore clairement matérialisée dans bien des endroits. Lors de la réunion de la Constituante le 5 janvier (n.s. 18), ces notables SR font voter avec les menchéviks l'abolition des mesures depuis Octobre... Pourtant le 3<sup>e</sup> [[Congrès_des_soviets|congrès des soviets]] qui se réunit aussi en janvier 1918 prouve que la paysannerie soutient les mesures (le [[Partage_des_terres|partage des terres]] avant tout)&nbsp;: les SR de droite n'ont même pas 1% des délégués. Refusant la légitimité de cette Constituante réactionnaire, les bolchéviks et les SR de gauche décident alors de la dissoudre, et de faire du [[Congrès_des_Soviets|Congrès des Soviets]] l'organe dirigeant du pays.
 
Mais les résultats ne donnèrent qu'une minorité aux bolcheviks et SR de gauche. Malgré la nette majorité bolchévique dans les villes et parmi les soldats, les campagnes votent pour des notables SR.&nbsp;La rupture des [[SR_de_gauche|SR de gauche]] ne s'était pas encore clairement matérialisée dans bien des endroits. Lors de la réunion de la Constituante le 5 janvier (n.s. 18), ces notables SR font voter avec les menchéviks l'abolition des mesures depuis Octobre... Pourtant le 3<sup>e</sup> [[Congrès_des_soviets|congrès des soviets]] qui se réunit aussi en janvier 1918 prouve que la paysannerie soutient les mesures (le [[Partage_des_terres|partage des terres]] avant tout)&nbsp;: les SR de droite n'ont même pas 1% des délégués. Refusant la légitimité de cette Constituante réactionnaire, les bolchéviks et les SR de gauche décident alors de la dissoudre, et de faire du [[Congrès_des_Soviets|Congrès des Soviets]] l'organe dirigeant du pays.
  −
== Autres réformes ==
  −
  −
*Introduction du système métrique, remplaçant les vieilles unités comme la verste <span class="reference-text">(Décret du 14 septembre 1918</span>)
  −
*Introduction du calendrier grégorien,&nbsp;remplaçant le calendrier julien (Décret du 8 février 1918)
  −
*La séparation de l’[[Église|Église]] et de l’[[État|État]] (Décret du 23 janvier 1918)
  −
*Réforme de [[Langue#R.C3.A9forme_de_la_langue_russe_en_1917|simplification de l'alphabet russe]] (Décret de décembre 1917)
  −
  −
La Russie révolutionnaire connut une effervescence d’innovations et d’expérimentations dans les domaines de la [[littérature]], de la peinture et du [[cinéma|cinéma]]. La position de l’artiste dans la société était transformée. Les règles académiques dans l'art sont supprimées. Comme le dit le poète [[Maïakovski|Maïakovski]]&nbsp;: «&nbsp;''Les rues plutôt que des pinceaux nous utiliserons /Nos palettes, les places et leurs espaces grand ouverts''&nbsp;» (Ordre à l’armée des arts, 1918).
      
== Postérité ==
 
== Postérité ==

Menu de navigation