Saint Lundi
La Saint Lundi est le nom d'une coutume populaire consistant à chômer volontairement le lundi.
La Saint-Lundi était une vieille tradition égalitaire, héritée des artisans de l'Ancien Régime. C'était une contestation à la fois de l'autorité de l'Église, qui imposait que seul le dimanche soit chômé, mais aussi du patron, car cela remettait directement en cause le nombre d'heures de travail qu'il exigeait. Cette habitude était certes plus répandue chez les ouvriers de la petite industrie, et chez les ouvriers les plus qualifiés, donc les mieux payés, mais on la retrouve partout, et durant tout le 19e siècle.
C'était aussi une remise en cause de l'ordre social ! Car ces journées de liberté permettaient les rassemblements et les réunions politiques, impossibles les autres jours, quand la journée de travail durait douze heures, et plus. Et il n'était pas rare que des grèves éclatent le lendemain d'un dimanche ou d'un lundi.
Après l'écrasement dans le sang de la Commune de Paris, la bourgeoisie voulut déraciner cette tradition du Saint-Lundi, trop liée à la contestation et à la révolte. Certains filateurs accordèrent une prime de 10 % à ceux qui travaillaient le lundi, mais la plupart des industriels préféraient imposer des amendes, ou renvoyer systématiquement les ouvriers absents le lundi, comme dans les mines d'Anzin, où les responsables empêchaient les chômeurs du lundi de descendre dans les fosses le reste de la semaine.
Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- Cercle Léon Trotski : Cercle Léon Trotski : Temps de travail, salaires et lutte des classes
- Robert Beck, Apogée et déclin de la Saint Lundi dans la France du XIXe siècle, Revue d'histoire du XIXe siècle, no 29, 2004
- Jean-Pierre Navailles, À la Saint-Lundi tout est permis !, L'Histoire, no 343, juin 2009