Différences entre les versions de « Nationalisme »

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A partir des années 1870, le nationalisme est aussi une tendance et un ensemble de courants politiques qui exaltent une nation sous toutes ses formes ([[État|État]], [[Culture|culture]], [[Religion|religion]], traditions, préférence nationale pour l'emploi...), par opposition aux autres nations et populations. Chauvine et xénophobe, elle trouvait alors ses militants principalement dans la [[Petite_bourgeoisie|petite bourgeoisie]].
 
A partir des années 1870, le nationalisme est aussi une tendance et un ensemble de courants politiques qui exaltent une nation sous toutes ses formes ([[État|État]], [[Culture|culture]], [[Religion|religion]], traditions, préférence nationale pour l'emploi...), par opposition aux autres nations et populations. Chauvine et xénophobe, elle trouvait alors ses militants principalement dans la [[Petite_bourgeoisie|petite bourgeoisie]].
  
Les [[Fascisme|fascismes]], mais aussi les [[Racismes|racismes]] et les nombreuses épurations ethniques qu'a connu le 20<sup>ème</sup> siècle sont des formes de ce nationalisme [[Réactionnaire|réactionnaire]].
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=== La libération nationale ===
 
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Le sentiment national est puissamment mobilisateur, comme l'avaient compris dès le printemps des peuples de 1848 certains conseillers de dynasties européennes et ottomane<ref>Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales : Europe XVIIIe ‑ XIXe siècle, éditions du Seuil,‎ 1999</ref><ref>Benedict Anderson, L'imaginaire national : Réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme,1983</ref>.
 
Le sentiment national est puissamment mobilisateur, comme l'avaient compris dès le printemps des peuples de 1848 certains conseillers de dynasties européennes et ottomane<ref>Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales : Europe XVIIIe ‑ XIXe siècle, éditions du Seuil,‎ 1999</ref><ref>Benedict Anderson, L'imaginaire national : Réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme,1983</ref>.
Marx remarquait que les bourgeoisie nationales ont eu tendance à exalter le nationalisme comme étendard de leur solidarité face aux autres bourgeoisies, pour y rallier le peuple tout entier&nbsp;:<blockquote>«&nbsp;Pris individuellement, le bourgeois lutte contre les autres, mais en tant que classe, les bourgeois ont un intérêt commun, et cette solidarité, que l'on voit se tourner au-dedans contre le prolétariat, se tourne au-dehors contre les bourgeois des autres nations. C'est ce que le bourgeois appelle sa nationalité.&nbsp;»<ref>Karl Marx, [http://karlmarx.fr/documents/marx-1845-list-bourgeoisie.pdf A propos du Système national de l'économie politique de Friedrich List], 1845</ref><br/></blockquote>
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Marx remarquait que les bourgeoisie nationales ont eu tendance à exalter le nationalisme comme étendard de leur solidarité face aux autres bourgeoisies, pour y rallier le peuple tout entier&nbsp;:
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<blockquote>«&nbsp;Pris individuellement, le bourgeois lutte contre les autres, mais en tant que classe, les bourgeois ont un intérêt commun, et cette solidarité, que l'on voit se tourner au-dedans contre le prolétariat, se tourne au-dehors contre les bourgeois des autres nations. C'est ce que le bourgeois appelle sa nationalité.&nbsp;»<ref>Karl Marx, [http://karlmarx.fr/documents/marx-1845-list-bourgeoisie.pdf A propos du Système national de l'économie politique de Friedrich List], 1845</ref></blockquote>  
 
Etant donné que dans un peuple, il y a des classes en lutte, et que les socialistes prennent le parti du prolétariat, il y a une certaine méfiance parmi eux à utiliser le terme de "peuple" et à reprendre des revendications démocratiques.
 
Etant donné que dans un peuple, il y a des classes en lutte, et que les socialistes prennent le parti du prolétariat, il y a une certaine méfiance parmi eux à utiliser le terme de "peuple" et à reprendre des revendications démocratiques.
  
 
Cependant, [[Lénine|Lénine]] ne réduisait pas le programme du [[Parti_ouvrier|parti ouvrier]] à un programme ne concernant que les ouvriers&nbsp;:
 
Cependant, [[Lénine|Lénine]] ne réduisait pas le programme du [[Parti_ouvrier|parti ouvrier]] à un programme ne concernant que les ouvriers&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Seuls les "économistes" de triste mémoire pensaient que les "mots d’ordre d’un parti ouvrier" étaient proclamés ''exclusivement'' à l’intention des ouvriers. Non, ces mots d’ordre sont proclamés pour l’ensemble de la population laborieuse, pour le peuple tout entier. Dans la partie démocratique de notre programme [...] nous nous adressons spécialement au peuple tout entier, et c’est pourquoi nous y parlons du "peuple".»<ref>Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916</ref></blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;Seuls les "économistes" de triste mémoire pensaient que les "mots d’ordre d’un parti ouvrier" étaient proclamés ''exclusivement'' à l’intention des ouvriers. Non, ces mots d’ordre sont proclamés pour l’ensemble de la population laborieuse, pour le peuple tout entier. Dans la partie démocratique de notre programme [...] nous nous adressons spécialement au peuple tout entier, et c’est pourquoi nous y parlons du "peuple".»<ref>Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916</ref></blockquote>  
 
=== Internationalisme prolétarien et anti-impérialisme ===
 
=== Internationalisme prolétarien et anti-impérialisme ===
  
 
[[Marx|Marx]] pensait que la condition du [[Prolétariat|prolétariat]] s'uniformisait et rendait cette classe mondiale, lui donnant partout les mêmes intérêts. En 1845, il écrivait déjà&nbsp;:
 
[[Marx|Marx]] pensait que la condition du [[Prolétariat|prolétariat]] s'uniformisait et rendait cette classe mondiale, lui donnant partout les mêmes intérêts. En 1845, il écrivait déjà&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;La nationalité du travailleur n'est pas française, anglaise, allemande, elle est le travail, le libre esclavage, le trafic de soi-même. Son gouvernement n'est pas français, anglais, allemand, c'est le capital. L'air qu'il respire chez lui n'est pas l'air français, anglais, allemand, c'est l'air des usines.&nbsp;»<br/></blockquote>
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<blockquote>«&nbsp;La nationalité du travailleur n'est pas française, anglaise, allemande, elle est le travail, le libre esclavage, le trafic de soi-même. Son gouvernement n'est pas français, anglais, allemand, c'est le capital. L'air qu'il respire chez lui n'est pas l'air français, anglais, allemand, c'est l'air des usines.&nbsp;»</blockquote>  
 
Ou encore dans l'Idéologie allemande&nbsp;: ''«&nbsp;Tandis que la bourgeoisie de chaque nation conserve encore des intérêts nationaux particuliers, la grande industrie créa une classe dont les intérêts sont les mêmes dans toutes les nations et pour laquelle la nationalité est déjà abolie&nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450000d.htm L'idéologie allemande]'', 1845</ref>''
 
Ou encore dans l'Idéologie allemande&nbsp;: ''«&nbsp;Tandis que la bourgeoisie de chaque nation conserve encore des intérêts nationaux particuliers, la grande industrie créa une classe dont les intérêts sont les mêmes dans toutes les nations et pour laquelle la nationalité est déjà abolie&nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450000d.htm L'idéologie allemande]'', 1845</ref>''
  
 
Le ''[[Manifeste_communiste|Manifeste communiste]]'' de 1848 se concluait par la célèbre formule&nbsp;: ''«&nbsp;Prolétaires de tous les pays, unissez-vous&nbsp;!&nbsp;»''
 
Le ''[[Manifeste_communiste|Manifeste communiste]]'' de 1848 se concluait par la célèbre formule&nbsp;: ''«&nbsp;Prolétaires de tous les pays, unissez-vous&nbsp;!&nbsp;»''
  
Plus tard, [[Lénine|Lénine]] insistera sur la nécessité de ''«&nbsp;revendiquer la liberté de séparation politique pour les colonies et les nations opprimées par "sa" nation. Sinon, l'internationalisme du prolétariat demeure vide de sens et verbal&nbsp;; ni la confiance, ni la solidarité de classe entre les ouvriers de la nation opprimée et de celle qui opprime ne sont possibles&nbsp;»''<ref name="LénineDroitNations">_</ref>
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Plus tard, [[Lénine|Lénine]] insistera sur la nécessité de ''«&nbsp;revendiquer la liberté de séparation politique pour les colonies et les nations opprimées par "sa" nation. Sinon, l'internationalisme du prolétariat demeure vide de sens et verbal&nbsp;; ni la confiance, ni la solidarité de classe entre les ouvriers de la nation opprimée et de celle qui opprime ne sont possibles&nbsp;»''<ref name="LénineDroitNations" />
  
 
Lors de la guerre sino-japonaise (1937), Trotsky plaidait pour la lutte militaire interclassiste contre l'envahisseur japonais. Il disait&nbsp;: ''«Les organisations ouvrieres du Japon n'ont pas le droit d'être patriotes, mais celles de Chine l'ont.&nbsp;»''<ref>Trotsky/Li Furen, Discussion sur la question chinoise, 11 août 1937</ref>
 
Lors de la guerre sino-japonaise (1937), Trotsky plaidait pour la lutte militaire interclassiste contre l'envahisseur japonais. Il disait&nbsp;: ''«Les organisations ouvrieres du Japon n'ont pas le droit d'être patriotes, mais celles de Chine l'ont.&nbsp;»''<ref>Trotsky/Li Furen, Discussion sur la question chinoise, 11 août 1937</ref>
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Version du 4 décembre 2016 à 23:30

Nationalisme.png

Le nationalisme est un ensemble d'idéologies et de mouvements politiques qui peuvent être très diverses.

Le patriotisme a un sens très proche.

1 Les différents types de nationalisme

1.1 La naissance des États-nations

Le nationalisme a d'abord été la revendication d'un État-nation pour chaque peuple. Cette revendication née à la fin du 18ème siècle s'est répandue en Europe au cours du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Portée par les élites bourgeoises qui s'imposaient tour à tour dans les différents pays, elle était avant tout dirigée contre les monarchies absolutistes, et particulièrement contre les empires multi-nationaux comme l'Autriche-Hongrie ou la Russie. Ce principe politique  Depuis, le droit à un État-nation est resté un principe officiellement admis par le libéralisme bourgeois, notamment sous la forme du droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes, inscrit dans la Charte des Nations-Unis de 1945.

1.2 Le chauvinisme

A partir des années 1870, le nationalisme est aussi une tendance et un ensemble de courants politiques qui exaltent une nation sous toutes ses formes (État, culture, religion, traditions, préférence nationale pour l'emploi...), par opposition aux autres nations et populations. Chauvine et xénophobe, elle trouvait alors ses militants principalement dans la petite bourgeoisie.

Les fascismes, mais aussi les racismes et les nombreuses épurations ethniques qu'a connu le XXème siècle sont des formes de ce nationalisme réactionnaire.

1.3 La libération nationale

Lorsqu'un peuple lutte contre la domination par un ou plusieurs autres peuples, son "nationalisme" est souvent une lutte progressiste de libération. C'est une forme d'anti-impérialisme.

En 1916, Lénine estime que dans « les pays avancés de l’Europe de l’Ouest (et de l’Amérique) » le mouvement national appartient au passé, en Europe de l’Est il appartient au présent, pour les semi-colonies et les colonies il appartient dans une large mesure à l’avenir.[1]

2 Nationalité et classe

2.1 Mouvement du peuple ou des classes dirigeantes ?

Le sentiment national est puissamment mobilisateur, comme l'avaient compris dès le printemps des peuples de 1848 certains conseillers de dynasties européennes et ottomane[2][3].

Marx remarquait que les bourgeoisie nationales ont eu tendance à exalter le nationalisme comme étendard de leur solidarité face aux autres bourgeoisies, pour y rallier le peuple tout entier :

« Pris individuellement, le bourgeois lutte contre les autres, mais en tant que classe, les bourgeois ont un intérêt commun, et cette solidarité, que l'on voit se tourner au-dedans contre le prolétariat, se tourne au-dehors contre les bourgeois des autres nations. C'est ce que le bourgeois appelle sa nationalité. »[4]

Etant donné que dans un peuple, il y a des classes en lutte, et que les socialistes prennent le parti du prolétariat, il y a une certaine méfiance parmi eux à utiliser le terme de "peuple" et à reprendre des revendications démocratiques.

Cependant, Lénine ne réduisait pas le programme du parti ouvrier à un programme ne concernant que les ouvriers :

« Seuls les "économistes" de triste mémoire pensaient que les "mots d’ordre d’un parti ouvrier" étaient proclamés exclusivement à l’intention des ouvriers. Non, ces mots d’ordre sont proclamés pour l’ensemble de la population laborieuse, pour le peuple tout entier. Dans la partie démocratique de notre programme [...] nous nous adressons spécialement au peuple tout entier, et c’est pourquoi nous y parlons du "peuple".»[5]

2.2 Internationalisme prolétarien et anti-impérialisme

Marx pensait que la condition du prolétariat s'uniformisait et rendait cette classe mondiale, lui donnant partout les mêmes intérêts. En 1845, il écrivait déjà :

« La nationalité du travailleur n'est pas française, anglaise, allemande, elle est le travail, le libre esclavage, le trafic de soi-même. Son gouvernement n'est pas français, anglais, allemand, c'est le capital. L'air qu'il respire chez lui n'est pas l'air français, anglais, allemand, c'est l'air des usines. »

Ou encore dans l'Idéologie allemande : « Tandis que la bourgeoisie de chaque nation conserve encore des intérêts nationaux particuliers, la grande industrie créa une classe dont les intérêts sont les mêmes dans toutes les nations et pour laquelle la nationalité est déjà abolie »[6]

Le Manifeste communiste de 1848 se concluait par la célèbre formule : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

Plus tard, Lénine insistera sur la nécessité de « revendiquer la liberté de séparation politique pour les colonies et les nations opprimées par "sa" nation. Sinon, l'internationalisme du prolétariat demeure vide de sens et verbal ; ni la confiance, ni la solidarité de classe entre les ouvriers de la nation opprimée et de celle qui opprime ne sont possibles »[1]

Lors de la guerre sino-japonaise (1937), Trotsky plaidait pour la lutte militaire interclassiste contre l'envahisseur japonais. Il disait : «Les organisations ouvrieres du Japon n'ont pas le droit d'être patriotes, mais celles de Chine l'ont. »[7]

3 Nationalisme en France

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En France, au 19ème siècle, ce mouvement politique s'est vite répandu dans certaines couches de la population ouvrière (les ouvriers de la génération de l'artisanat, en bref, pas tellement celle de la grande industrie qui s'en est démarqué explicitement en 1888 au 3e Congrès des syndicats ouvriers de France), sous l'impulsion de partis de gauche : le patriotisme/nationalisme est alors opposé au capitalisme.[8]

4 La "question nationale"

Lénine, La question nationale dans notre programme, 1903

Lénine, Notes critiques sur la question nationale, 1913

Lénine, Thèses sur la question nationale, 1913

5 Notes et sources

  1. 1,0 et 1,1 Lénine, La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, 1916
  2. Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales : Europe XVIIIe ‑ XIXe siècle, éditions du Seuil,‎ 1999
  3. Benedict Anderson, L'imaginaire national : Réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme,1983
  4. Karl Marx, A propos du Système national de l'économie politique de Friedrich List, 1845
  5. Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916
  6. K. Marx - F. Engels, L'idéologie allemande, 1845
  7. Trotsky/Li Furen, Discussion sur la question chinoise, 11 août 1937
  8. Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France : (XIXe ‑ XXe siècle) Discours publics, humiliations privées, éditions Hachette,‎ 2009