Différences entre les versions de « L'Internationale (chanson) »

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''L'Internationale'' est l'un des principaux hymnes, sinon le principal hymne, du [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] international. Le chant a été composé en 1888 par [[Pierre Degeyter|Pierre Degeyter]], sur des paroles écrites par [[Eugène Pottier|Eugène Pottier]] en 1871.<br>
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''L'Internationale'' est l'un des principaux hymnes, sinon le principal hymne, du [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] international. Le chant a été composé en 1888 par [[Pierre_Degeyter|Pierre Degeyter]], sur des paroles écrites par [[Eugène_Pottier|Eugène Pottier]] en 1871.
  
== Diffusion de la chanson ==
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== Diffusion de la chanson ==
  
Dans un premier temps, le succès de la chanson s'est limité aux milieux ouvriers du Nord de la France. Mais en 1896, à l'occasion du congrès du [[Parti ouvrier français]] réuni à Lille, elle est chantée par tous les participants. En 1899, à l'occasion d'un congrès syndical, elle supplante [[La Marseillaise|''La Marseillaise'']] comme hymne du mouvement [[Syndicalisme|syndical]] français. En 1900, elle est adoptée par les délégués du Congrès socialiste international. Elle s'étend alors au mouvement ouvrier mondial, et est traduite en russe dès 1902.  
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Dans un premier temps, le succès de la chanson s'est limité aux milieux ouvriers du Nord de la France. Mais en 1896, à l'occasion du congrès du [[Parti_ouvrier_français|Parti ouvrier français]] réuni à Lille, elle est chantée par tous les participants. En 1899, à l'occasion d'un congrès syndical, elle supplante [[La_Marseillaise|''La Marseillaise'']] comme hymne du mouvement [[Syndicalisme|syndical]] français. En 1900, elle est adoptée par les délégués du Congrès socialiste international. Elle s'étend alors au mouvement ouvrier mondial, et est traduite en russe dès 1902.
  
Cette chanson a accompagné toutes les expériences révolutionnaires du XXe siècle. Une version russe a servi d'hymne national à l'[[URSS|URSS]] jusqu'en 1941.  
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[[Trotsky|Trotsky]] témoigne cependant, au sujet de la [[révolution_de_février_1917|révolution de février 1917]] : ''«&nbsp;A cette époque, on chantait encore la Marseillaise, et non l'Internationale. &nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr08.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>''
  
== Questions juridiques sur la paternité de la musique  ==
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Cette chanson a accompagné toutes les expériences révolutionnaires du XXe siècle. Une version russe a servi d'hymne national à l'[[URSS|URSS]] jusqu'en 1941.
  
Entre 1914 et 1916, un conflit opposa Pierre Degeyter à son frère Adolphe, qui revendiquait la paternité de la chanson. Adolphe aura d'abord gain de cause, mais, rongé par le remord, il se pendra en 1916 en reconnaissant avoir menti. Pierre est rétabli dans ses droits en 1922.
+
== Questions juridiques sur la paternité de la musique ==
  
== Paroles  ==
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Entre 1914 et 1916, un conflit opposa Pierre Degeyter à son frère Adolphe, qui revendiquait la paternité de la chanson. Adolphe aura d'abord gain de cause, mais, rongé par le remord, il se pendra en 1916 en reconnaissant avoir menti. Pierre est rétabli dans ses droits en 1922.
  
=== Version définitive  ===
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== Paroles ==
  
L'INTERNATIONALE
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=== Version définitive ===
  
Couplet 1&nbsp;: Debout&nbsp;! les damnés de la terre&nbsp;!
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L'INTERNATIONALE
  
Debout&nbsp;! les forçats de la faim&nbsp;!  
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Couplet 1&nbsp;: Debout&nbsp;! les damnés de la terre&nbsp;!
  
La raison tonne en son cratère,
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Debout&nbsp;! les forçats de la faim&nbsp;!
  
C’est l’éruption de la fin.
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La raison tonne en son cratère,
  
Du passé faisons table rase,
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C’est l’éruption de la fin.
  
Foule esclave, debout&nbsp;! debout&nbsp;!
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Du passé faisons table rase,
  
Le monde va changer de base&nbsp;:
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Foule esclave, debout&nbsp;! debout&nbsp;!
  
Nous ne sommes rien, soyons tout&nbsp;!
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Le monde va changer de base&nbsp;:
  
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Nous ne sommes rien, soyons tout&nbsp;!
  
Refrain&nbsp;: (2 fois sur deux airs différents)
 
  
C’est la lutte finale
 
  
Groupons-nous, et demain,
+
Refrain&nbsp;: (2 fois sur deux airs différents)
  
L’Internationale,
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C’est la lutte finale
  
Sera le genre humain.
+
Groupons-nous, et demain,
  
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L’Internationale,
  
Couplet 2&nbsp;:
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Sera le genre humain.
  
Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
 
  
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
 
  
Producteurs sauvons-nous nous-mêmes&nbsp;!
+
Couplet 2&nbsp;:
  
Décrétons le salut commun&nbsp;!
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Il n’est pas de sauveurs suprêmes,
  
Pour que le voleur rende gorge,  
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Ni Dieu, ni César, ni tribun,
  
Pour tirer l’esprit du cachot,
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Producteurs sauvons-nous nous-mêmes&nbsp;!
  
Soufflons nous-mêmes notre forge,
+
Décrétons le salut commun&nbsp;!
  
Battons le fer tant qu'il est chaud&nbsp;!
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Pour que le voleur rende gorge,
  
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Pour tirer l’esprit du cachot,
  
Refrain
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Soufflons nous-mêmes notre forge,
  
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Battons le fer tant qu'il est chaud&nbsp;!
  
Couplet 3&nbsp;:
 
  
L’État comprime et la loi triche,
 
  
L’impôt saigne le malheureux&nbsp;;  
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Refrain
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Couplet 3&nbsp;:
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L’État comprime et la loi triche,
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L’impôt saigne le malheureux&nbsp;;
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Nul devoir ne s’impose au riche,
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Le droit du pauvre est un mot creux.
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C’est assez languir en tutelle,
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L’égalité veut d’autres lois&nbsp;:
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«&nbsp;Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
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Égaux, pas de devoirs sans droits&nbsp;!&nbsp;»
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Couplet 4&nbsp;:
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Hideux dans leur apothéose,
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Les rois de la mine et du rail,
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Ont-ils jamais fait autre chose,
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Que dévaliser le travail&nbsp;?
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Dans les coffres-forts de la bande,
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Ce qu’il a créé s’est fondu.
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En décrétant qu’on le lui rende,
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Le peuple ne veut que son dû.
  
Nul devoir ne s’impose au riche,
 
  
Le droit du pauvre est un mot creux.
 
  
C’est assez languir en tutelle,
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L’égalité veut d’autres lois&nbsp;:
 
  
«&nbsp;Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
 
  
Égaux, pas de devoirs sans droits&nbsp;!&nbsp;»
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Couplet 5&nbsp;:
  
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Les Rois nous saoulaient de fumées,
  
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Paix entre nous, guerre aux tyrans&nbsp;!
  
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Appliquons la grève aux armées,
  
Couplet 4&nbsp;:
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Crosse en l’air et rompons les rangs&nbsp;!
  
Hideux dans leur apothéose,  
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S’ils s’obstinent, ces cannibales,
  
Les rois de la mine et du rail,  
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A faire de nous des héros,
  
Ont-ils jamais fait autre chose,
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Ils sauront bientôt que nos balles
  
Que dévaliser le travail&nbsp;?
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Sont pour nos propres généraux.
  
Dans les coffres-forts de la bande,
 
  
Ce qu’il a créé s’est fondu.
 
  
En décrétant qu’on le lui rende,
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Le peuple ne veut que son dû.
 
  
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Couplet 6&nbsp;:
  
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Ouvriers, Paysans, nous sommes
  
Couplet 5&nbsp;:
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Le grand parti des travailleurs&nbsp;;
  
Les Rois nous saoulaient de fumées,  
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La terre n’appartient qu’aux hommes,
  
Paix entre nous, guerre aux tyrans&nbsp;!
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L'oisif ira loger ailleurs.
  
Appliquons la grève aux armées,
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Combien de nos chairs se repaissent&nbsp;!
  
Crosse en l’air et rompons les rangs&nbsp;!
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Mais si les corbeaux, les vautours,
  
S’ils s’obstinent, ces cannibales,  
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Un de ces matins disparaissent,
  
A faire de nous des héros,
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Le soleil brillera toujours&nbsp;!
  
Ils sauront bientôt que nos balles
 
  
Sont pour nos propres généraux.
 
  
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Refrain
  
Refrain
 
  
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Couplet 6&nbsp;:
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=== Première version manuscrite du poème ===
  
Ouvriers, Paysans, nous sommes
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L'INTERNATIONALE
  
Le grand parti des travailleurs&nbsp;;
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Couplet 1&nbsp;:
  
La terre n’appartient qu’aux hommes,
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Debout&nbsp;! l'âme du prolétaire
  
L'oisif ira loger ailleurs.  
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Travailleurs, groupons nous enfin.
  
Combien de nos chairs se repaissent&nbsp;!  
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Debout&nbsp;! les damnés de la terre&nbsp;!
  
Mais si les corbeaux, les vautours,
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Debout&nbsp;! les forçats de la faim&nbsp;!
  
Un de ces matins disparaissent,
+
Pour vaincre la misère et l'ombre
  
Le soleil brillera toujours&nbsp;!  
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Foule esclave, debout&nbsp;! debout&nbsp;!
  
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C'est nous le droit, c'est nous le nombre&nbsp;:
  
Refrain
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Nous qui n'étions rien, soyons tout&nbsp;!
  
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=== Première version manuscrite du poème  ===
 
  
L'INTERNATIONALE
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Refrain&nbsp;:
  
Couplet 1&nbsp;:
 
  
Debout&nbsp;! l'âme du prolétaire
 
  
Travailleurs, groupons nous enfin.
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C’est la lutte finale
  
Debout&nbsp;! les damnés de la terre&nbsp;!
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Groupons-nous et demain
  
Debout&nbsp;! les forçats de la faim&nbsp;!
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L’Internationale
  
Pour vaincre la misère et l'ombre
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Sera le genre humain&nbsp;!
  
Foule esclave, debout&nbsp;! debout&nbsp;!
 
  
C'est nous le droit, c'est nous le nombre&nbsp;:
 
  
Nous qui n'étions rien, soyons tout&nbsp;!
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Couplet 2&nbsp;:
  
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Il n’est pas de sauveurs suprêmes&nbsp;:
  
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Ni dieu, ni césar, ni tribun.
  
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Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes&nbsp;;
  
C’est la lutte finale
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Travaillons au salut commun.
  
Groupons-nous et demain
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Pour que les voleurs rendent gorge,
  
L’Internationale
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Pour tirer l’esprit du cachot,
  
Sera le genre humain&nbsp;!  
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Allumons notre grande forge&nbsp;!
  
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Battons le fer quand il est chaud&nbsp;!
  
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Il n’est pas de sauveurs suprêmes&nbsp;:
 
  
Ni dieu, ni césar, ni tribun.
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Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes&nbsp;;
 
  
Travaillons au salut commun.
 
  
Pour que les voleurs rendent gorge,
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Pour tirer l’esprit du cachot,
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Les Rois nous saoulaient de fumées
  
Allumons notre grande forge&nbsp;!  
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Paix entre nous&nbsp;! guerre aux Tyrans&nbsp;!
  
Battons le fer quand il est chaud&nbsp;!
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Appliquons la grève aux armées
  
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Crosse en l’air&nbsp;! et rompons les rangs&nbsp;!
  
Refrain
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Bandit, prince, exploiteur ou prêtre
  
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Qui vit de l'homme est criminel&nbsp;;
  
Couplet 3&nbsp;:  
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Notre ennemi, c'est notre maître&nbsp;:
  
Les Rois nous saoulaient de fumées
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Voilà le mot d'ordre éternel.
  
Paix entre nous&nbsp;! guerre aux Tyrans&nbsp;!
 
  
Appliquons la grève aux armées
 
  
Crosse en l’air&nbsp;! et rompons les rangs&nbsp;!
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Refrain
  
Bandit, prince, exploiteur ou prêtre
 
  
Qui vit de l'homme est criminel&nbsp;;
 
  
Notre ennemi, c'est notre maître&nbsp;:  
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Couplet 4&nbsp;:
  
Voilà le mot d'ordre éternel.
+
L'engrenage encor va nous tordre&nbsp;:
  
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+
Le capital est triomphant&nbsp;;
  
Refrain
+
La mitrailleuse fait de l'ordre
  
<br>
+
En hachant la femme et l'enfant.
  
Couplet 4&nbsp;:
+
L'Usure folle en ses colères
  
L'engrenage encor va nous tordre&nbsp;:
+
Sur nos cadavres calcinés
  
Le capital est triomphant&nbsp;;
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Soude à la grève des Salaires
  
La mitrailleuse fait de l'ordre
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La grève des assassinés.
  
En hachant la femme et l'enfant.
 
  
L'Usure folle en ses colères
 
  
Sur nos cadavres calcinés
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Refrain
  
Soude à la grève des Salaires
 
  
La grève des assassinés.
 
  
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+
Couplet 5&nbsp;:
  
Refrain
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Ouvriers, Paysans, nous sommes
  
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Le grand parti des travailleurs.
  
Couplet 5&nbsp;:
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La terre n’appartient qu’aux hommes.
  
Ouvriers, Paysans, nous sommes
+
L'oisif ira loger ailleurs.
  
Le grand parti des travailleurs.
+
C'est de nos chairs qu'ils se repaissent&nbsp;!
  
La terre n’appartient qu’aux hommes.
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Si les corbeaux si les vautours
  
L'oisif ira loger ailleurs.  
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Un de ces matins disparaissent...
  
C'est de nos chairs qu'ils se repaissent&nbsp;!
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La terre tournera toujours.
  
Si les corbeaux si les vautours
 
  
Un de ces matins disparaissent...
 
  
La terre tournera toujours.
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Refrain
  
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Refrain
 
  
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Couplet 6&nbsp;:
  
Couplet 6&nbsp;:
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Qu'enfin le passé s'engloutisse&nbsp;!
  
Qu'enfin le passé s'engloutisse&nbsp;!
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Qu'un genre humain transfiguré
  
Qu'un genre humain transfiguré
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Sous le ciel clair de la Justice
  
Sous le ciel clair de la Justice
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Murisse avec l'épi doré&nbsp;!
  
Murisse avec l'épi doré&nbsp;!
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Ne crains plus les nids de chenilles
  
Ne crains plus les nids de chenilles
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Qui gâtaient l'arbre et ses produits
  
Qui gâtaient l'arbre et ses produits
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Travail, étends sur nos familles
  
Travail, étends sur nos familles
+
Tes rameaux tout rouges de fruits
  
Tes rameaux tout rouges de fruits
 
  
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Refrain
 
Refrain
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== Notes ==
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<references />
  
 
== Sources ==
 
== Sources ==
  
 
*Marc Robine, ''Anthologie de la chanson française'', Paris, Albin Michel, 1994.  
 
*Marc Robine, ''Anthologie de la chanson française'', Paris, Albin Michel, 1994.  
*Isidoro Cruz-Bernal, "Novembre 1888&nbsp;: Naissance de L'Internationale, hymne sans frontière du mouvement ouvrier", [http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?view=article&id=1183:novembre-1888-naissance-de-llinternationaler-hymne-sans-frontiere-du-mouvement-ouvrier&option=com_content&Itemid=53 [1]].
+
*Isidoro Cruz-Bernal, [http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?view=article&id=1183:novembre-1888-naissance-de-llinternationaler-hymne-sans-frontiere-du-mouvement-ouvrier&option=com_content&Itemid=53 ''Novembre 1888&nbsp;: Naissance de L'Internationale, hymne sans frontière du mouvement ouvrier'']  
  
 
[[Category:Art]] [[Category:Mouvement ouvrier]]
 
[[Category:Art]] [[Category:Mouvement ouvrier]]

Version du 24 février 2017 à 23:46

L'Internationale est l'un des principaux hymnes, sinon le principal hymne, du mouvement ouvrier international. Le chant a été composé en 1888 par Pierre Degeyter, sur des paroles écrites par Eugène Pottier en 1871.

1 Diffusion de la chanson

Dans un premier temps, le succès de la chanson s'est limité aux milieux ouvriers du Nord de la France. Mais en 1896, à l'occasion du congrès du Parti ouvrier français réuni à Lille, elle est chantée par tous les participants. En 1899, à l'occasion d'un congrès syndical, elle supplante La Marseillaise comme hymne du mouvement syndical français. En 1900, elle est adoptée par les délégués du Congrès socialiste international. Elle s'étend alors au mouvement ouvrier mondial, et est traduite en russe dès 1902.

Trotsky témoigne cependant, au sujet de la révolution de février 1917 : « A cette époque, on chantait encore la Marseillaise, et non l'Internationale.  »[1]

Cette chanson a accompagné toutes les expériences révolutionnaires du XXe siècle. Une version russe a servi d'hymne national à l'URSS jusqu'en 1941.

2 Questions juridiques sur la paternité de la musique

Entre 1914 et 1916, un conflit opposa Pierre Degeyter à son frère Adolphe, qui revendiquait la paternité de la chanson. Adolphe aura d'abord gain de cause, mais, rongé par le remord, il se pendra en 1916 en reconnaissant avoir menti. Pierre est rétabli dans ses droits en 1922.

3 Paroles

3.1 Version définitive

L'INTERNATIONALE

Couplet 1 : Debout ! les damnés de la terre !

Debout ! les forçats de la faim !

La raison tonne en son cratère,

C’est l’éruption de la fin.

Du passé faisons table rase,

Foule esclave, debout ! debout !

Le monde va changer de base :

Nous ne sommes rien, soyons tout !


Refrain : (2 fois sur deux airs différents)

C’est la lutte finale

Groupons-nous, et demain,

L’Internationale,

Sera le genre humain.


Couplet 2 :

Il n’est pas de sauveurs suprêmes,

Ni Dieu, ni César, ni tribun,

Producteurs sauvons-nous nous-mêmes !

Décrétons le salut commun !

Pour que le voleur rende gorge,

Pour tirer l’esprit du cachot,

Soufflons nous-mêmes notre forge,

Battons le fer tant qu'il est chaud !


Refrain


Couplet 3 :

L’État comprime et la loi triche,

L’impôt saigne le malheureux ;

Nul devoir ne s’impose au riche,

Le droit du pauvre est un mot creux.

C’est assez languir en tutelle,

L’égalité veut d’autres lois :

« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,

Égaux, pas de devoirs sans droits ! »


Refrain


Couplet 4 :

Hideux dans leur apothéose,

Les rois de la mine et du rail,

Ont-ils jamais fait autre chose,

Que dévaliser le travail ?

Dans les coffres-forts de la bande,

Ce qu’il a créé s’est fondu.

En décrétant qu’on le lui rende,

Le peuple ne veut que son dû.


Refrain


Couplet 5 :

Les Rois nous saoulaient de fumées,

Paix entre nous, guerre aux tyrans !

Appliquons la grève aux armées,

Crosse en l’air et rompons les rangs !

S’ils s’obstinent, ces cannibales,

A faire de nous des héros,

Ils sauront bientôt que nos balles

Sont pour nos propres généraux.


Refrain


Couplet 6 :

Ouvriers, Paysans, nous sommes

Le grand parti des travailleurs ;

La terre n’appartient qu’aux hommes,

L'oisif ira loger ailleurs.

Combien de nos chairs se repaissent !

Mais si les corbeaux, les vautours,

Un de ces matins disparaissent,

Le soleil brillera toujours !


Refrain


3.2 Première version manuscrite du poème

L'INTERNATIONALE

Couplet 1 :

Debout ! l'âme du prolétaire

Travailleurs, groupons nous enfin.

Debout ! les damnés de la terre !

Debout ! les forçats de la faim !

Pour vaincre la misère et l'ombre

Foule esclave, debout ! debout !

C'est nous le droit, c'est nous le nombre :

Nous qui n'étions rien, soyons tout !


Refrain :


C’est la lutte finale

Groupons-nous et demain

L’Internationale

Sera le genre humain !


Couplet 2 :

Il n’est pas de sauveurs suprêmes :

Ni dieu, ni césar, ni tribun.

Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes ;

Travaillons au salut commun.

Pour que les voleurs rendent gorge,

Pour tirer l’esprit du cachot,

Allumons notre grande forge !

Battons le fer quand il est chaud !


Refrain


Couplet 3 :

Les Rois nous saoulaient de fumées

Paix entre nous ! guerre aux Tyrans !

Appliquons la grève aux armées

Crosse en l’air ! et rompons les rangs !

Bandit, prince, exploiteur ou prêtre

Qui vit de l'homme est criminel ;

Notre ennemi, c'est notre maître :

Voilà le mot d'ordre éternel.


Refrain


Couplet 4 :

L'engrenage encor va nous tordre :

Le capital est triomphant ;

La mitrailleuse fait de l'ordre

En hachant la femme et l'enfant.

L'Usure folle en ses colères

Sur nos cadavres calcinés

Soude à la grève des Salaires

La grève des assassinés.


Refrain


Couplet 5 :

Ouvriers, Paysans, nous sommes

Le grand parti des travailleurs.

La terre n’appartient qu’aux hommes.

L'oisif ira loger ailleurs.

C'est de nos chairs qu'ils se repaissent !

Si les corbeaux si les vautours

Un de ces matins disparaissent...

La terre tournera toujours.


Refrain


Couplet 6 :

Qu'enfin le passé s'engloutisse !

Qu'un genre humain transfiguré

Sous le ciel clair de la Justice

Murisse avec l'épi doré !

Ne crains plus les nids de chenilles

Qui gâtaient l'arbre et ses produits

Travail, étends sur nos familles

Tes rameaux tout rouges de fruits


Refrain

4 Notes

  1. Léon Trotsky, Histoire de la révolution russe, 1930

5 Sources