Remarques d’un lecteur II

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79 Rue de Grenelle

Dans le courant de la dernière campagne dirigée contre l’émigration russe, le monarchiste bien connu Léon Daudet insiste sur le genre de documents que doivent posséder les émigrés russes. « Le seul document valable est celui délivré par le Consul de Russie, 79 rue de Grenelle, frappé de l’aigle impérial, indiquant la classe du porteur de ce document et s’il est mobilisable. » Daudet annonce qu’il est renseigné « de source autorisée » et en conclut : « Le pouvoir est prévenu ! » C’est un plaisir de voir Léon Daudet connaître de façon aussi sûre l’adresse du Consulat Russe ! Il faut donc supposer que s’y trouve la carte de visite dudit Daudet, que l’on y connaît l’adresse du rédacteur de L’Action Française responsable de la cause monarchique dans l’actuelle République française.

Narodnaia Mysl

A Pétrograd paraît depuis novembre un « petit journal » aux intentions nationales et populistes. Parmi les « proches collaborateurs » nous retrouvons : Alekxentiev, Bounakov, Voronov, le député Dzoubinsky, etc. La rédaction se présente comme « un groupe harmonieux de personnalités » qui ne jure que par Herzen, Tchernitchevsky, Lavrov et Mikhaïlovsky Ensuite elle nous déclare que « la démocratie russe a le devoir de prendre part à la défense de la nation ». Tout cela en un style de séminariste mal dégrossi ! Voici pour compléter le tableau une phrase commise ensemble par Tiapkine-Liakine et Mokievitch : « Nous penchant à notre tour sur les problèmes en relation avec les moments politiques actuels, notre journal estime indispensable de définir sa position dans la lutte pour la défense de la patrie. » Tout le reste est dans le même esprit et le même style, si bien que la défense de la patrie devrait céder le pas à celle de la syntaxe !

Pour conclure, la rédaction envoie un vibrant appel aux sociaux-patriotes de Naché Diélo. Mais il nous faut reproduire textuellement cet appel : « Publiant ce journal en un moment critique de notre vie (?), la rédaction se sent le devoir impérieux de transmettre son salut à la rédaction de Naché Diélo, son confrère, avec ses souhaits sincères pour la réalisation des « idéaux finals ? » Vraiment analphabète, mais le cœur y est !

Évidemment, Bourtsev se devait d’être là. « Chers camarades ! Je me réjouis de la parution de votre journal ! Désormais il est indispensable ! » La lettre de Bourtsev se termine par « l’espoir que nous pourrons ensemble mener à bien de façon retentissante (!) la solution des problèmes que la Russie a devant elle ! » Rien à ajouter sinon une vingtaine de lignes de galimatias théorique. Les succès en syntaxe sont restés dans l’ombre.

🔍 Voir aussi : Remarques d’un lecteur III.