Pour l’Opposition Russe - Contre l’opportunisme et la bureaucratie dans le Parti Ouvrier (Communiste)

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1 - Compte tenu de la nécessité de concentrer toute l'attention du parti sur la campagne électorale, nous nous sommes jusqu'à présent abstenus de toute déclaration ou mesure visant à ouvrir une discussion dans le parti sur les questions litigieuses, jusqu'à la fin de la campagne électorale et l'ouverture des discussions précédant le congrès.

2 - Nous avons des vues précises sur une série de questions fondamentales affectant de façon vitale tout l’avenir du Parti et de la Comintern, que nous avions l’intention de soumettre au parti pendant la période de discussion précédant le congrès.

3 - La « discussion » de ces questions, menée jusqu'à présent, a été une parodie de véritable discussion, puisque de nombreux documents – et à notre avis, certains des documents politiques les plus importants de notre temps - ont été supprimés et dissimulés aux partis de la Comintern, ou présentés à eux sous des formes déformées. L'occasion qui s'est présentée à nous au cours de la période récente de lire un certain nombre de ces documents, traitant de certains des problèmes les plus controversés de la Comintern au cours des cinq dernières années, ainsi que la confirmation rapide de leur exactitude par l'ensemble des événements, a trempé nos opinions et nos convictions. Nous considérons qu'il est de notre devoir révolutionnaire de défendre ces vues devant le parti.

4 - Nous avions l'intention d'entreprendre cette tâche à l'ouverture de la discussion dans le parti après la campagne électorale. Cependant, les actions arbitraires déjà prises contre nous (notre expulsion de toutes nos positions dans le parti le 16 octobre), les indications claires montrées lors de la présente audience de l'intention de prendre de nouvelles mesures organisationnelle, et le début d’une campagne publique contre nous dans la presse du parti nécessite de faire connaître nos positions sans plus tarder. Il doit être clair pour le parti que ces mesures sont prises contre nous uniquement en raison de nos opinions politiques. Ces opinions doivent être présentées au parti telles qu'elles sont réellement.

5 - Nous les présentons ici sous forme de plan, et nous les développerons plus en détail dans notre appel au Comité exécutif central contre les mesures prises par le Comité Politique.

6 - Nous restons sur la ligne du document intitulé « Le Danger de Droite dans le Parti Américain » (sauf certaines formules erronées concernant le rôle de l’impérialisme américain et sa position mondiale), présenté au sixième congrès mondial de la Comintern par une délégation de l’Opposition, à l’écriture duquel nous avons activement participé. Sur la base de ce document, nous pensons que la direction actuelle de notre parti, mécaniquement imposée au-dessus du parti par le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste contre la volonté de la majorité des membres, est une aile droite consciemment développée, dont la ligne et les actes sont tous dans l’objectif de saper la position actuelle du parti dans la lutte de classe. Ses activités depuis la présentation du document « Le Danger de Droite dans le Parti Américain » au congrès mondial, ont confirmé, et non réfuté, cette estimation. L’aventurisme irresponsable, la dégénération fractionnelle, et la corruption bureaucratique de la direction autour du groupe Lovestone sont partie intégrante de sa nature profondément opportuniste

7 - La dernière décision du secrétariat du CEIC, qui tente d’écarter toute une série de positions de principe soulevée dans nos critiques de la direction du parti avec une motion sur la forme, ne donne toutefois aucune réponse aux questions brûlantes concernant le parti sur tous les terrains de la lutte des classes, et sert seulement à renforcer l’étranglement mécanique qu’impose la direction droitière sur notre parti. Ces méthodes bureaucratiques de gestion des questions programmatiques polémiques doivent être unanimement rejetées par le parti, à la fois dans sa forme et dans son contenu, n’ayant en effet rien a voir avec les enseignements de Lénine concernant la direction idéologique de la Comintern sur tous les Partis Communistes et son combat incessant contre l’opportunisme sur tous les fronts.

8 - L’actuelle tentative de plusieurs des dirigeants du groupe Foster-Bittelman, qui avaient signé le document sur le danger de droite, d’abandonner cette plate-forme commune, de modérer la lutte contre l’aile droite Lovestone-Pepper, et de lancer une fusion politique avec eux pour diriger les attaque contre ceux qui restent sur la ligne de cette plate-forme et développent ses implications internationale de façon logique et inévitable, n’altère en aucun cas la justesse fondamentale de ce document. Cela démontre simplement l’instabilité politique de ces dirigeants, qui tentent d’entraver le processus politique de formation d’une opposition à la ligne et à la direction du parti, toutes deux de droite, sur des positions de principe. Nous n’avons pas de doute que les membres de l’Opposition qui voyaient dans la lutte contre la direction droitière une question de principe continuent à adhérer à ces positions en dépit des vacillations et des manœuvres d’une partie de ses dirigeants.

9 – Les problèmes du parti américain sont organiquement liés avec les questions fondamentales concernant le Parti Communiste de l’Union Soviétique et la Comintern, et ne peuvent être résolus séparément. La gauche du parti américain, prenant forme dans la lutte contre l’aile droite formant la direction du parti (le groupe Lovestone-Pepper), ira de l‘avant tant qu’elle reconnaîtra la nécessité de la lutte contre le danger de la droite à l’échelle internationale et liera son combat dans le parti américain avec le combat bolchevik pour les conceptions fondamentales du léninisme dans le Parti Communiste de l’Union Soviétique et dans la Comintern.

10. L’Opposition du Parti Communiste de L’Union Soviétique menée par L. D. Trotski combat pour l’unité de la Comintern et de toutes ses sections sur les bases des victoires du Léninisme. La justesse des positions prises par l’Opposition Russe sur une période de cinq années de luttes a été totalement démontrée par les événements.

a. La lutte dirigée depuis 1923 par Trotski pour la démocratie dans le parti, et contre le bureaucratisme comme pression d’une autre classe sur le parti du prolétariat, a été absolument correcte, et l’est encore plus aujourd’hui. L’adoption de cette position en 1926 par Zinoviev, Kamenev et d’autres, et les tentatives aujourd’hui faites par Staline de les adopter à son tour, montre la pression considérable des forces de classe qui poussent le Parti Communiste de l’Union Soviétique vers cette plate-forme. Le combat pour la démocratie dans le parti, contre la bureaucratie, et pour un régime vraiment léniniste d’auto-critique, sont des questions brûlantes pour chaque parti et pour la Comintern dans son ensemble.

b. La nécessité d’une lutte sans merci contre le koulak et le nepman – pour une orientation exclusivement tournée vers les ouvriers et les locataires des terres, unis avec les pauvres et la petite paysannerie dans les villages, et en alliance avec la moyenne paysannerie – proclamée par l’Opposition, devient plus pressante chaque jour. L’avancée des événements et les pressions irrésistibles des forces de classe ont déjà produit de profondes failles dans la direction du PCUS, et forcent le groupe de Staline à combattre contre l’aile droite (Rykov, etc.) et d’autres éléments oscillant entre les deux (Boukharine).

La plate-forme de l’Opposition Russe, préparée pour le Quinzième Congrès du PCUS, montre la politique révolutionnaire adapté à la situation actuelle en Union Soviétique. La prédiction et l’avertissement contenu dans cette plate-forme contre l’inévitable croissance et agressivité d’un véritable groupe de droite dans le parti (Rykov, Tomsky, etc.) ont été précisément confirmée dans les derniers mois.

Les activités de ce groupe de droite ont déjà nécessité des mesures organisationnelle à Moscou et dans d’autres organisations du parti – une preuve de l’éveil des masses prolétariennes dans le parti à ce danger. Le cours « de gauche » du groupe de Staline, sur la ligne d’une lutte contre le danger de droite, pour la démocratie dans le parti et l’autocritique, contre les bureaucrates, nep-mens et les koulaks, peut devenir une ligne véritablement de gauche si seulement ce groupe arrête ses zigzags politiques, adopte dans sa totalité la plate-forme de l’Opposition dont il a déjà appliqué une partie, et réintègre les combattants du bolchevisme qui ont été expulsés de la place auxquels ils ont droit dans le parti.

c. Les tentatives de réviser les bases du marxisme-léninisme avec la théorie fumeuse du socialisme dans un seul pays ont été correctement combattues par l’Opposition menée par Trotski. Un certain nombre d’erreurs révisionnistes et opportunistes dans divers champs de l’activité de la Comintern et sa vie idéologique en général ont maturées dans cette théorie. On peut lui attribuer, entre autres, la ligne fausse dans la révolution Chinoise, la débâcle du comité anglo-russe, la croissance alarmante et sans-précédent du bureaucratisme dans la Comintern, l’attitude et la politique incorrecte de l’URSS, etc. Cette nouvelle « théorie » est liée à l’accent mis sur le pouvoir et la durée de la stabilisation temporaire du capitalisme. Ici réside la véritable source du pessimisme sur le développement de la révolution prolétarienne mondiale. Un des devoirs principaux de chaque communiste de chaque pays est de combattre au côté de l’Opposition pour les enseignements de Marx, Engels et Lénine sur ces questions de principe.

d. L’opposition avait raison quand elle demandait la rupture immédiate du Comité Anglo-Russe et la concentration de toutes les critiques de la Comintern et du Parti Britannique sur les dirigeants du British Trade Union General Council (Purcell, Hicks, et Company) immédiatement après que ceux-ci n’aient trahis la grève générale. Le maintien du Comité Anglo-Russe après ces événements n’a pas seulement servi de digue pour les masses britanniques, mais également de bouclier pour les directions traites contre le feu des communistes.

e. Il n’y a pas de précédent dans l’histoire d’analyse et d’appréciation marxiste-léniniste qui ont été si complètement et si rapidement confirmé que les thèses et propositions de l’Opposition portées par Trotski et Zinoviev sur les problèmes et les tâches de la Révolution Chinoise.

La ligne du CEIC, formulée par Staline, Boukharine, Martynov, etc., et le rejet des propositions de l’Opposition, qui ont été dissimulé aux partis de la Comintern, a apporté des résultats catastrophiques et arrêté le développement normal du Parti Communiste de Chine et de la dictature démocratique des ouvriers et des paysans. Avec son importance historique mondiale, une discussion réelle sur les problèmes de la révolution chinoise, avec tous les documents la concernant rendus disponible, est impérative pour tous les partis de la Comintern. L’interdiction de cette discussion doit être brisée, la vérité doit être discuté, et les racines de ces énormes erreurs exposées. Par cette voie seulement les grandes leçons de la révolution Chinoise pourront être assimilées par les partis de la Comintern.

Nous demandons la publication de tous les documents de l’Opposition Russe, sans lesquelles les membres du parti ne peuvent pas connaître les problèmes essentiels de la lutte et ne peuvent former d’opinions éclairées sur celle-ci. La discussion de ces problèmes jusqu’à maintenant ont été conduite dans une atmosphère empoisonnée, de mensonges, de dissimulation, de présentation malhonnêtes, de terrorisme, de clandestinité de toutes pensées et enquêtes, de substitution des rumeurs lancées par la direction à l’étude de document et des faits sur les questions importantes. Tout cela a été des jalons dans la campagne de calomnie sans-précédent lancée contre Trotski – qui, après Lénine, a été l’un des dirigeants de premier plan de la Révolution Russe et de la Comintern – et a été accompagnée par la falsification de l’histoire de la Révolution elle-même.

12. Nous allons, au plenum du Comité Central Exécutif qui arrive, proposer que notre parti demande le retour d’exil et la réintégration avec tous ses droits, de Trotski et des autres membres de l’Opposition Russe emprisonnés et exilés. La violence et les persécutions contre des contre-révolutionnaires sont un devoir révolutionnaire ; La violence et les persécutions contre des Bolcheviks loyaux et éprouvés sont des crimes.

13. La consolidation de l’Opposition dans le Parti Américain, qui inévitablement suit le chemin de l’Opposition du PCUS menée par Trotski, ne peut se développer que sur la voie de la lutte contre le danger de droite. L’argument pitoyable de caractériser l’Opposition comme une tendance « de droite », venant d’éléments non-communiste comme Lore, combattant le parti depuis sa droite, et d’éléments anti-communistes comme Salutsky, qui s’est complètement rangé du côté des valets ouvriers du capitalisme, ne correspondent en rien avec la réalité politique, et ne sont souvent établis que pour voiler le virage progressif de la direction du parti vers la droite.

La tentative de nous exclure du travail de responsable du parti, et du parti lui-même, avec les communistes prolétariens qui nous soutiennent, alors que dans le même temps le contrôle de l’appareil du parti dans des syndicats comme celui des métiers de l’aiguille se consolide entre les mains d’opportunistes qui combattent les critiques des ouvriers communistes avec des expulsions et des violences physiques, démontre le contraire – cela ne peut qu’accélérer le rapprochement entre l’aile droite et les éléments petits-bourgeois aujourd’hui hors du parti.

14. La direction du groupe Lovestone, par ses agissements opportunistes, ses origines petites-bourgeoises, son factionnalisme corrompu, son carriérisme et son aventurisme dans la lutte de classe, est la plus grande menace actuelle contre notre parti. Son contrôle mécanique sur l’appareil du parti devient de plus en plus étroit et étrangle sa vie interne. Des camarades capables, expérimentés et dignes de confiance sont évincés un par un des postes de responsabilité par des agents factionnel, incompétents et arrogants, inconnus et inexpérimentés sur tous les fronts de la lutte de classe. Le parti lui-même, le travail de masse, et les organisations de masse sous l’influence et la direction du parti sont dangereusement sapées de l’intérieur.

15. —missing—

16. Par sa nature, la direction Lovestone est la porte-bannière logique de la campagne internationale démagogique et sans scrupule contre les dirigeants de l’Opposition Russe. Les aspirations d’anciens membres dirigeants de l’Opposition dans le Parti Américain d’arborer cette bannière à leur tour est futile et pathétique. Les espoirs du groupe de Foster d’en finir avec les persécutions factionnelles de la direction Lovestone et de sécuriser leurs positions organisationnelles dans le parti en menant eux aussi cette campagne est vouée à l‘échec s’ils n’abandonnent pas l’ensemble des positions de l’Opposition qu’ils défendaient auparavant. Toute l’évolution du groupe Lovestone, qui n’a pas de racine dans le mouvement ouvrier, va vers un monopole absolu de l’appareil du parti.

17. Nous déclarons notre intention d‘en appeler au plénum du Comité Central Exécutif pour annuler l’action contre nous du Comité Politique, qui n’est motivé ni par un élément de principe ni par l’intérêt du parti, et n’est que le résultat de considérations factionnelles et de la peur que les bureaucrates éprouvent devant les discussions et des critiques.

18. Les décisions arbitraires faites contre nous ne peuvent pas changer nos positions comme communistes, et le parti que nous avons aidé à fonder est notre parti. Nous nous réservons le droit d’exprimer notre point de vue et nos opinions sur ces questions polémiques, et nous continuerons à adhérer à la discipline et aux décisions du parti comme à l’accoutumé. Nous continuerons, sous quelques circonstances que ce soit, à vivre avec le parti et à travailler pour son futur.

19 - Nous exigeons que, simultanément à l'annonce de la décision du Comité Politique sur l'issue de cette audition, notre déclaration soit remise au Parti de la même manière.

James P. Cannon (Membre du Comité Politique et du CCE)

Martin Abern (Membre du CCE)

Max Shachtman (Suppléant au CCE)