La discussion dans le Parti « a été ouverte »

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Après un court délai, occasionné par les échanges de câbles habituels dans les deux sens, par des appels de protestation câblés du groupe Foster qui ont été rejetés par les mêmes câbles, la déclaration du Comité Central Exécutif mené Lovestone-Pepper sur notre propre déclaration et notre expulsion a été publiée dans le Daily Worker le 16 novembre.

La déclaration de la majorité du parti couvre beaucoup de papier, mais elle ne trouve pas de place pour répondre aux critiques de l'opposition sur un seul point. Notre déclaration a soulevé des questions de principe. Ils ont répondu par une instruction administrative au parti d'expulser tous ceux qui partagent nos opinions. Nous avons dit ce que tout le monde sait, que les questions n'ont jamais été discutées, et nous avons demandé une discussion. Ils ont répondu : « La discussion est close. » Nous avons dit que la position de l'opposition russe était correcte sur toutes les questions importantes ; nous avons motivé notre déclaration et demandé le droit de défendre ces vues dans la discussion précédant le congrès. Ils ont disposé de cette proposition politique avec des références légalistes aux décisions de l'Internationale Communiste.

Tel est, en bref, le contenu politique de la déclaration, longtemps retardée et laborieuse, de la faction Lovestone-Pepper, qui, par grâce de Boukharine, constitue la majorité de notre Comité exécutif central. Nous pourrions ajouter que, concession extraordinaire de leur part (et compte tenu du fait que les membres du parti l'avaient déjà lu dans The Militant), ils ont imprimé notre déclaration au Comité Politique, y compris même un paragraphe que nous, pour des raisons de fidélité au parti, avions éliminer de la publication.

Ils répètent simplement ce que l’IC a décidé contre la plate-forme de Trotski - un fait que tout le monde connaissait auparavant - et font passer ces actions pour une réponse aux arguments de principe de l'opposition. Le bien-fondé de la décision de l’IC, dont tous les communistes ont le droit et le devoir de discuter, et qui est le véritable point de contestation, n'est pas défendu par un seul mot de la déclaration. Ainsi, les gardiens de la doctrine montrent leur mépris à l'égard des membres du parti. Ils estiment qu'il n'est pas nécessaire que les camarades du parti connaissent par eux-mêmes les problèmes en cause. Les camarades du parti sont simplement informés des décisions - la discussion n'est pas autorisée.

Les bureaucrates qui gouvernent par décret ont établi une conception de la Comintern que Lénine n'a jamais voulu. Au lieu d'un corps vivant de révolutionnaires généralisant à partir de l'expérience mondiale, comme Lénine a conçu la Comintern, ils veulent la présenter comme une institution décisionnaire, mais dont les membres de base n’ont qu’un seul droit, celui d’être informé des décisions. Les enseignements de Marx et de Lénine sur l'organisation internationale centralisée des travailleurs communistes sont complètement perdus dans une telle conception.

Dans cette caricature du léninisme, le communiste qui pense par lui-même et défend sa position parce qu'il sait, est mis de côté en faveur de celui qui ne sait pas et ne pose pas de questions. Dans un tel schéma, il n'y a pas de reconnaissance des possibilités d'erreurs, et aucune disposition pour leur correction. Demain, ils iront encore plus loin - en fait, ils se sont déjà engagés sur cette voie - et tenteront d'établir la même relation entre les membres du parti et le CCE du parti. Ensuite, le groupe Foster, qui contribue maintenant à établir ces principes, qui nient notre droit à critiquer les décisions de la Comintern, recevra son salaire pour son « service fidèle » sous la forme d'une instruction de cesser de critiquer les décisions du CCE, indépendamment des erreurs qu'elles contiennent - plus l'erreur sera grande, moins le droit à critiquer sera possible. Quant au travailleur ordinaire dans les rangs du parti, qui n'a pas de faction derrière lui, son droit d'ouvrir la bouche a cessé depuis longtemps.

« Le Parti communiste n'est pas une société de débat. » Derrière cette affirmation, assez vraie en soi, tous les bureaucrates qui craignent la discussion cherchent à cacher leur incompétence. Nous, communistes, ne sommes pas un groupe de débatteurs interminables. Nous ne sommes pas non plus une armée de robots votants. Lever sa main automatiquement sur commande n'est pas plus communiste que discuter sans fin sans discipline. L'une de ces conceptions est tout aussi éloignée du léninisme que l'autre. Nous maintenons le principe du centralisme démocratique aussi fermement que nous rejetons la suppression de la discussion et la substitution d’ordres bureaucratiques officiels à la direction idéologique et politique.

Les grandes questions de principe soulevées par l'opposition russe - des questions d'une importance décisive pour l'avenir de la révolution prolétarienne mondiale - n'ont jamais été discutées de manière juste et approfondie dans aucun parti de la Comintern, y compris notre propre parti, et par conséquent, ont été tranchées de façon fausses. C'est l'essence de la question, que la déclaration de la majorité Lovestone ignore entièrement, car elle est fatale pour l'ensemble de leur groupe. Les camarades du parti ne connaissent pas ces problèmes, et ne peuvent pas les connaître, car le matériel de l'Opposition n'a pas été publié - il a été censuré. Il n'y a pas eu de discussion réelle et sérieuse au sein du parti - c'était interdit. Les militants communistes qui ont eu l'occasion de lire les documents et d'apprendre la vérité ne sont pas autorisés à parler au sein du parti - ils sont expulsés.

Le groupe Foster, qui a eu l'honneur de porter les « informations » contre nous à Lovestone et Pepper, a reçu sa récompense dans le communiqué : une tape condescendante sur le dos, qui a sans doute été appréciée, même si elle était accompagnée d'un tirage d’oreille rugueux, sans parler d'un certain nombre de coup de bottes dissimulés.

Les difficultés du groupe Foster découlent des contradictions de sa position. On dit que le Christ a fait des miracles, mais nous pensons que même lui n’a jamais réussi à monter sur deux chevaux allant dans des directions opposées en même temps. Le groupe de Foster a fait un pas en avant lorsqu'il s'est uni à nous dans la lutte contre l'aile droite (lutte commune contre la manœuvre de Panken, plate-forme commune lors des réunions plénières de février et mai du Comité central exécutif, plate-forme commune sur « Le danger de droite dans le Parti américain », etc.).

Son incapacité à développer les implications internationales de notre position commune d'opposition, son incapacité à voir que les problèmes de notre parti et la lutte contre ses dirigeants de droite sont indissolublement liés à la lutte de l'opposition bolchevique russe, ont arrêté le développement du groupe Foster et préparé le terrain pour sa désintégration. Sa pitoyable, quoique éphémère, tentative de dépasser la direction opportuniste dans la démagogie contre l'opposition russe et contre nous, n'a fait qu'aggraver ses contradictions et a rendu sa position politiquement impossible. Ceux qui n'adhèrent pas clairement aux principes, prévoient leurs implications et comprennent leur logique sont tenus de jouer un rôle désolant lorsque des questions de principe sont inscrites à l'ordre du jour.

La résolution du Comité Exécutif du District de New York, sous l'inspiration directe de la majorité du Comité Central Exécutif, exige logiquement que l'opposition Foster répudie la déclaration « Le danger de droite dans le parti américain » si elle veut vraiment combattre le « trotskysme ». Le groupe d'opportunistes Lovestone-Pepper représente à l'échelle américaine ce que les opposants et calomniateurs opportunistes de l'opposition russe représentent à l'échelle russe et internationale. Les chefs de la faction Lovestone ne sont que les représentants américains de la faction anti-Trotski dans l'Internationale communiste, et ont été imposés au parti par elle. Ils ne sont pas, et ne peuvent jamais être à la tête de notre parti. D'un autre côté, le cours de l'opposition américaine, dans la mesure où il se développe de manière cohérente, se confond avec la ligne de l'opposition russe. Telle est la logique de toute la situation. Entre ces deux tabourets, il n'y a pas de place pour s'asseoir.

Le groupe Foster, par sa politique actuelle, s'affaiblit, renforce la direction de droite, et met le parti dans la confusion. Il participe, honteux et méprisable, à la campagne de lynchage obscène contre nous, affirmant que nous n'avons pas le droit de nous opposer aux décisions de l'Internationale Communiste sur les questions russes. Les dirigeants de droite répliquent : « Très bien. Nous apprécions votre aide pour lyncher et expulser les communistes, mais la même ligne que vous soutenez aujourd’hui s'appliquera également à vous. Vous n'avez pas le droit de vous opposer aux décision de l'Internationale communiste sur la question américaine. Votre propre expulsion est bientôt à l'ordre du jour. »

Et pourquoi ne parleraient-ils pas ainsi ? Y a-t-il un paragraphe secret des statuts de l'Internationale communiste qui dit que la décision sur la question russe est sacrée et ne peut même pas être discutée sous peine d'expulsion, alors qu’on peut s’opposer aux décisions sur la question américaine en toute impunité ? Ces décisions sont dans une large mesure liées entre elles. Pour notre part, nous sommes contre les deux et le disons ouvertement.

Nous ne doutons pas que l'écrasante majorité des partisans du groupe Foster - surtout ses sections prolétarienne et non bureaucratisée - trouveront bientôt la bonne voie pour sortir du dilemme actuel. Dans l'intérêt du parti, le plus tôt sera le mieux. La première étape sur cette voie sera de rompre avec la tactique de suivisme de la politique d'expulsion de la droite et de reprendre la lutte contre elle.

La déclaration de la majorité du CCE dit : « Sur la base de nos expériences lors de l'attaque du gouvernement en 1919-1920, lorsque le parti a été poussé dans la clandestinité, nous sommes confiant - que le noyau du parti et sa direction sont sains. »

Cette phrase ne peut être dite qu'avec certaines réserves, qui, dans l'intérêt de la vérité historique, doivent être mentionnées. Il est vrai que le noyau des membres du parti, avec parmi eux les communistes expulsés, ont tenu bon en ces jours de procès. Nous, avec eux, avons gardés nos positions et avons été confrontés aux raids, arrestations et inculpations, comme le montre nos dossier. Cela vaut également pour une partie de la direction actuelle. Mais d'autres membres de la direction actuelle - et non des moindres - ont joué le rôle de lâches, pour qui le bilan de cette période de chasse aux communistes est un récit non pas de gloire mais de honte. Ceux pour qui l'histoire n'a pas d'honneur ne devraient pas l'écrire.

La déclaration de Lovestone et Pepper balaye entièrement la discussion des questions de principe soulevées par notre prise de position pour l'Opposition Russe. Elle maintient la fausse vision de la Comintern comme machine bureaucratique. Elle refait de façon malheureuse l'histoire du parti, où le silence aurait été roi. Mais c'est la section de la déclaration traitant de la question du « danger de droite » qui expose le plus clairement le document dans son ensemble comme une œuvre de charlatans cyniques - de personnes qui s'imaginent que les faits peuvent être renversés, que le noir peut être apparaître blanc, et que toute fraude peut être commise si seulement quelques dirigeants possèdent le contrôle monopolistique de la presse du parti, et si la mémoire d’un être humain ne remonte à pas plus d'un mois ou deux. Avec un sourire ironique, les opportunistes déclarent la guerre à l’opportunisme ; les bureaucrates exigent l'extermination du bureaucratisme.

Notre document « Le Danger de Droite dans le Parti Américain », qui résume une longue lutte contre les politiques opportunistes de l'actuelle direction de notre parti, traite de façon assez complète et approfondie de cette question, comme le montrera son étude. Il explique la base économique et politique du danger de droite dans la période actuelle, et expose la ligne opportuniste du groupe Lovestone dans ses conceptions théoriques, et concrètement dans tous les domaines de travail du parti.

Notre document ne repose pas sur des affirmations faites dans le vide. Des faits et des documents des registres du parti sont cités dans chaque cas - procès-verbaux, résolutions, articles, discours, etc. Il suffit de se référer au soutien du truqueur socialiste Panken lors des élections de l'automne dernier; la motion d'envoyer des camarades dans le Parti socialiste pour « noyauter de l'intérieur »; le refus de soutenir une conférence nationale de la gauche au sein du syndicat des mineurs jusqu'à ce que la grève ait duré un an et ait épuisé ses forces; l'opposition à la politique d'organisation des non-organisés en nouveaux syndicats - pour ne citer que quelques exemples d’opportunisme systématique de la direction du parti, cité dans notre document, pour montrer que la lutte au sein du parti, qui prend maintenant une forme plus aiguë, n'a pas été menée sur des bagatelles.

Notre « factionnalisme » a consisté en une lutte quotidienne tenace contre le cours opportuniste de la majorité dans tout ce qui précède. Dans ce que nous mentionnons et dans tous les autres cas. En commission politique, lors du plénum de février, du plénum de mai et du sixième Congrès mondial, l'Opposition a combattu dans ce sens et a prouvé à outrance ses accusations contre les dirigeants de la droite.

La présente déclaration de la majorité du CCE sur la question du danger de droite doit être observée en rapport à son attitude antérieure. Avant le sixième congrès, et au sixième congrès, ils ont nié l'existence d'un tel danger. Ils ont mené une politique d’union étroite avec tous les éléments d'extrême droite du parti, et ont défendu toutes leurs propres erreurs opportunistes. Ils ont affirmé que l'Amérique était « exemptée » de la situation internationale.

Sous la pression de notre martèlement, de notre analyse, de nos propositions de résolution des problèmes, le fait du danger de droite a été incontestablement établi, et a été officiellement reconnu par le sixième Congrès. On pourrait supposer qu'un tel résultat créerait une situation impossible pour les « dirigeants », dont les calculs étaient tous directement opposés, qui suivaient une ligne de droite et ne tiraient que contre la gauche. Mais nos adeptes de l'art du mépris politique n’ont même pas été gênés. Ils ont résolu tous les problèmes par eux-mêmes, en effectuant des tournants, et en commençant immédiatement à retirer leurs propres lapins de droite de notre chapeau.

Ils ont oublié, et s'attendent à ce que le parti oublie tout ce qu'ils ont fait, dit et écrit pendant plus d'un an. Toutes les bévues opportunistes (et les choses pires que des bévues) qu'ils ont commises ou tolérées, que nous avons critiquées et qu'ils ont défendues ou niées, sont maintenant admises, et nous sont attribuées, qualifiées de « trotskysme », et « d’opportunisme pur et simple ».

Que le membre du parti qui revendique le droit de lire et de penser par lui-même se tourne vers notre document « Le Danger de Droite dans le Parti Américain », soumis au sixième congrès de l'Internationale communiste, à une époque où les dirigeants opportunistes niaient toujours l'existence d’un tel problème. Il y trouvera un catalogue de toutes les caractéristiques de l'opportunisme de notre parti qui sont citées dans la déclaration du CCE (et bien d'autres qu'elle tente encore de dissimuler), avec une preuve documentaire, dans chaque cas, de la responsabilité des auteurs de la déclaration du CCE pour ces crimes et erreurs opportunistes systématiques.

Le groupe dirigeant Lovestone-Pepper, comme leurs homologues des autres partis du Komintern, comme tous les opportunistes et les bureaucrates, comptent sur la suppression des discussions et l'expulsion pour se maintenir au pouvoir. Ils veulent un parti sans aucun droit démocratique des membres. Ils veulent un parti avec une vie intérieure stérile. Ils veulent un parti où la voix du communiste prolétarien sera réduite au silence. Ils veulent un parti de leveurs de mains passifs à la base, et une clique petite-bourgeoise de bureaucrates insolents au sommet.

Tel est le véritable sens de notre expulsion, de l'expulsion massive de communistes ordinaires, de la vile calomnie qui pèse sur tous ceux qui osent se lever et les défier.

La lutte contre un tel régime au sein du parti et de l'Internationale Communiste est une tâche révolutionnaire urgente. Les masses prolétariennes dans le parti doivent se réveiller et reprendre ce combat. Ils doivent briser la croûte bureaucratique qui s’est formée au sommet du parti et rétablir une vie de parti normale, conforme à l’enseignement de Lénine. Pour aider à susciter ce réveil, nous avons adressé notre déclaration à la commission politique, pleinement conscients des conséquences. Avec l'aide des travailleurs communistes dans les rangs du parti, nous continuerons à lutter dans cette direction jusqu'à ce que nos objectifs soient atteints.